Terwagne_mericourt
I. Introduction et contexte :
[7 janvier 1460, Bureau privé du Président de la Cour d'Appel Royale :]
Dernier petit coup de rangement sur le tableau des accès fait, dernière prise de parole à l'ensemble de ses confrères pour leur annoncer le nom de son successeur faite également...
Dans quelques secondes, minutes, elle rendrait définitivement son trousseau de clés, les épaules quelques peu voutées par le poids des souvenirs et l'émotion, mais avant cela elle avait encore une dernière chose à faire... Emballer ces quelques effets personnels, et dire "au revoir" au bureau qui avait abrité toutes ses nuits de réflexion sur diverses audiences ou verdicts.
Ce ne fut pas une vague de souvenirs qui l'assaillit quand elle poussa la porte, ce fut pire! Une déferlante! Un ras de marée!
Elle s'adossa au mur, ferma un instant les paupières, et se laissa submerger, couler pour mieux remonter à la fin. Chez elle, on dit que lorsque l'on touche le fond, on ne peut qu'y rebondir, et c'est sans doute vrai.
Elle se laissa donc engloutir, jusqu'au bout, et lentement remonta à la surface, quelques goutes salées posées sur la barrière de ses cils.
Hugoruth... Forcément, il était là, encore et toujours!
Hugo... Hugo... Hugo...
Elle avait beau avoir écrit de nombreuses pages avec d'autres, avant lui, après lui, il était derrière chacun de ses pas en cet office.
Dans la vie de tous les jours, il n'avait plus aucune importance, depuis longtemps, d'autres l'ayant aimée bien plus, blessée bien plus aussi, et elle-même avait sans doute aimé bien plus que durant ces jeunes années à ses côtés, mais ici, à la CA, elle ne parvenait jamais à le chasser totalement.
Comme si chacune de ses victoires à elle lui était dédiée, dans une sorte de pied de nez. A chaque défi relevé, elle s'était dit "Tu vois? Tu avais tord! Je valais bien mieux que cette petite troubadour que tu voulais exhiber à ton bras en l'obligeant à rester idiote pour être certain qu'elle continue à t'admirer sans rien comprendre à ton monde".
Parfois, elle s'en voulait... Elle s'arrêtait en se disant "M'enfin, Terry! Même après tout le mal qu'il t'a fait il continue à te dicter tes choix! Fais-tu tout cela pour toi, ou juste pour lui donner tord?"
Dans ces cas-là, elle prenait quelque recul, quelques heures ou jours de repos, remettait tout et surtout elle en question, puis revenait, certaine que là n'était pas sa seule raison de vouloir avancer, construire, prouver, oeuvrer pour la justice surtout et avant tout.
Non, ça n'était pas uniquement motivé par sa revanche sur lui!
C'était avant tout motivé par la foi et l'amour en la justice!
Quittant le mur, elle décrocha les quelques portraits suspendus ça et là dans la pièce, et les glissa dans une caisse : Pl@$m... Adrienne... Lafred... et puis Kernos... Kernos qui n'avait jamais vu ces locaux, ne les verrait sans doute jamais, qu'elle ne reverrai sans doute plus jamais non plus, qu'elle avait abandonné en Lyonnais-Dauphiné mais près duquel elle avait laissé une grande partie d'elle-même... Kernos, son "Ut", son "Tout",...
Elle caressa un instant son image du bout des doigts, se demandant si il était au courant de sa nomination à la Chancellerie, si quelques fois il pensait encore à elle, si un jour il lui pardonnerait d'avoir choisi pour lui entre l'amour de ses enfants et leur amour à tous deux.
Elle fini par glisser la toile avec les autres, puis décrocha le dernier tableau, celui de Hugoruth, et s'approcha de l'âtre où elle avait fait allumer un feu.
Lorsque quelques instants plus tard elle se retrouva dans le couloir en train de tourner la clé dans la serrure, ce n'était pas ses doigts qui caressaient les traits du portrait, mais bien les flammes. Puissent-elles être celles de l'oubli...
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[7 janvier 1460 toujours, Salle de travail de la Chancellerie :]
Après avoir passé de nombreuses heures à débarrasser le plancher des choses "en ordre", déplacé les choses plus confidentielles, trié les dossiers attendant un avis de ceux ayant déjà reçu un avis,... Bref, après avoir mis de l'ordre et rendu la salle un peu moins propice aux éternuements, la nouvelle occupante des lieux avait décidé de les rendre un rien moins austère.
Pas de décoration rococo, elle détestait cela, pas d'objets luxueux non plus, elle aimait la simplicité, mais malgré tout une petite touche personnelle. Elle avait donc commencé par accrocher au mur une toile, immense, représentant une mer en furie et un ciel orageux.
Si quelqu'un lui avait demandé pourquoi cette toile, elle serait sans doute partie dans un long monologue, expliquant qu'à ses yeux la mer n'était jamais aussi belle que lorsqu'elle débordait de vie. Qu'une mer plate, c'était comme un être parfait fait de porcelaine, cela n'avait pas d'intérêt. C'était lisse, morne, endormi, et qu'un caillou n'était jamais aussi beau que lorsqu'il était rempli d'imperfections dues aux chocs reçus, aux pentes dévalées, aux distances traversées.
Si d'aventure elle avait été d'humeur poétique au moment de parler de cette toile, elle aurait également comparé la mer à une maîtresse en colère, et le ciel à son amant. La femme grondant, alternant les moments où elle se déchainait et les moments où elle ondulait, caressante... L'amant élevant la voix pour tenter de la calmer, ou encore de la faire se surpasser... Et puis, l'accalmie! Ce moment où enfin elle baisse les armes et le laisse se poser sur elle, où leurs souffles se mélangent, où leurs corps ne semblent plus faire qu'un, et où l'horizon s'unissant à la mer donne cette sensation d'infini, d'éternité.
La tempête, c'était le titre de cette toile. Et pour elle, c'était tout un symbole.
Ensuite? Ensuite elle avait pris les portraits décrochés le jour même de son bureau de Présidente de la Cour d'Appel, juste avant de rendre ses clés au nouveau Président, et les avait suspendus sur le mur faisant face au tableau. Il y avait là les visages de gens qu'elle avait admirés, pour diverses raisons, à différents niveaux, à commencer par celui qui le premier lui avait accordé sa confiance : Pl@$m. Deux des trois autres portraits représentaient deux femmes, deux amies avec qui elle avait longtemps composé le trio surnommé "Les trois drôles de Dames de la CA".
Le dernier portrait emporté irait dans son bureau, non dans cette salle de travail. Il s'agissait de celui de l'homme qu'elle avait quitté pour le protéger, pour lui permettre de retrouver l'amour de ses enfants, mais qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer, sauf les soirs où elle lui en voulait de ne même pas avoir cherché à la retrouver.
Quatre portraits apportés en ces lieux, cinq décrochés de son bureau à la Cour d'Appel pourtant. Celui qui n'avait pas fait la route jusqu'ici terminait sans doute de consumer dans l'âtre dudit bureau. Hugo... De leur amour fou ne resterait que des cendres (clin d'oeil à Birkin^^).
Quoi qu'il en soit, une fois cette décoration fort sommaire mais très importante pour elle mise en place, elle alla donner consigne pour qu'on laisse pénétrer dans cette salle de travail ceux qu'elle y avait invités : le Procureur Général, le nouveau Président de la Cour d'Appel, et la Grande Audiencière.
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[14 janvier 1460, sur la route la ramenant en Champagne :]
Si le sentiment d'angoisse et de peur de ne pas être à la hauteur qui l'avait assaillie dans les heures qui avaient suivi sa nomination commençait à présent à s'estomper, lentement mais sûrement, un tout autre sentiment qui était né en même temps ne faisait, lui en revanche, que s'accentuer.
La solitude! Cette solitude sans nom qui était sienne, sans famille, sans compagnon, avec trop de doigts sur la main pour compter ses amis... Personne avec qui fêter l'annonce de sa nomination, mais surtout personne à qui s'ouvrir de son ressenti, si ce n'était Alienor et ses missives.
Alienor... Celle que la vie aurait pu la faire détester, et réciproquement... Celle devant qui elle s'était effacée par amitié, par respect, et par amour d'un même homme. Cet amour qui au lieu de les faire se détester, les avait fait s'apprécier, se respecter, et plus encore s'admirer l'une l'autre. Le mot amitié prenait entre elles deux tout son sens.
Aimelin, Alienor, Terwagne... Triangle quelconque, au fond, dont la base devenait malgré tout bien plus stable au fil du temps.
Jamais son amitié et son respect pour la jeune femme n'avaient été aussi forts, et elle était réellement et profondément heureuse pour les tourtereaux de les voir écrire ensemble de nouvelles pages à leur histoire, mais il fallait bien avouer que certaines nuits elle se surprenait à repenser à certaines phrases qu'il lui avait dites lors de son séjour à Etampes, des regrets dont il lui avait fait part... Alors une fois de plus elle le fuyait, évitait les têtes-à-têtes, les courriers personnels, et se contentait de banalités dans leurs rares échanges, qui il faut bien l'admettre se faisaient de plus en plus rares, de plus en plus brefs.
De fil en aiguille, elle avait fini par trouver un certain équilibre dans ce triangle qui un jour ou l'autre se résumerait à une paire, puisqu'elle-même, lentement mais sûrement, s'en éloignait, sereine, sans même en avoir vraiment conscience. La flamme dévorante et le vertige avaient finalement fait place au doux crépitement agréable et rassurant mais aussi à la stabilité de l'amitié.
Aimelin en avait-il conscience? En était-il heureux ou au contraire déçu? Elle n'en avait aucune idée et ne se posait même pas la question. Les choses changeaient, c'était ainsi, et si il n'y avait plus de fièvre ni de passion, il n'y avait plus non plus de larmes, plus de culpabilité, plus de sensation de danger, plus de hauts et de bas, juste un mouvement régulier comme celui d'un métronome.
Tellement régulier qu'il avait laissé plus d'espace qu'il n'en fallait au deuil de son histoire avec Kernos pour se frayer à nouveau un chemin jusqu'à sa conscience, puisque son inconscience il ne l'avait jamais quitté.
Si Aimelin et le sentiment de vertige qu'il avait provoqué en elle à de si nombreuses reprises lui avaient jadis fait occulter cette partie d'elle-même qu'elle avait abandonnée en Lyonnais-Dauphiné, la distance qu'elle prenait de plus en plus vis-à-vis de lui - auprès de qui elle était venue chercher une épaule mais l'avait trouvée occupée par une autre - remettait en pleine lumière cette souffrance et ce déchirement qu'elle avait provoqués par amour.
Pourquoi n'avait-il même pas cherché à la joindre, à comprendre, à la retrouver?
C'est débordante de ces questions auxquelles elle ne trouvait pas de réponse qu'elle décida d'aller chercher conseil auprès de celui qui quoi qu'il advienne resterait son plus cher ami malgré tout : le connétable champenois.
Demain, une fois reposée et un peu moins larmoyante, elle irait frapper à la porte de son bureau...
[Cheffe modo Aldraien
Merci de baliser votre RP, et bon jeu.]
[LJD Terwagne : Désolée, un oubli.]
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Je voudrais que la terre s'arrête pour descendre.(Gainsbourg)
[7 janvier 1460, Bureau privé du Président de la Cour d'Appel Royale :]
Dernier petit coup de rangement sur le tableau des accès fait, dernière prise de parole à l'ensemble de ses confrères pour leur annoncer le nom de son successeur faite également...
Dans quelques secondes, minutes, elle rendrait définitivement son trousseau de clés, les épaules quelques peu voutées par le poids des souvenirs et l'émotion, mais avant cela elle avait encore une dernière chose à faire... Emballer ces quelques effets personnels, et dire "au revoir" au bureau qui avait abrité toutes ses nuits de réflexion sur diverses audiences ou verdicts.
Ce ne fut pas une vague de souvenirs qui l'assaillit quand elle poussa la porte, ce fut pire! Une déferlante! Un ras de marée!
Elle s'adossa au mur, ferma un instant les paupières, et se laissa submerger, couler pour mieux remonter à la fin. Chez elle, on dit que lorsque l'on touche le fond, on ne peut qu'y rebondir, et c'est sans doute vrai.
Elle se laissa donc engloutir, jusqu'au bout, et lentement remonta à la surface, quelques goutes salées posées sur la barrière de ses cils.
Hugoruth... Forcément, il était là, encore et toujours!
Hugo... Hugo... Hugo...
Elle avait beau avoir écrit de nombreuses pages avec d'autres, avant lui, après lui, il était derrière chacun de ses pas en cet office.
Dans la vie de tous les jours, il n'avait plus aucune importance, depuis longtemps, d'autres l'ayant aimée bien plus, blessée bien plus aussi, et elle-même avait sans doute aimé bien plus que durant ces jeunes années à ses côtés, mais ici, à la CA, elle ne parvenait jamais à le chasser totalement.
Comme si chacune de ses victoires à elle lui était dédiée, dans une sorte de pied de nez. A chaque défi relevé, elle s'était dit "Tu vois? Tu avais tord! Je valais bien mieux que cette petite troubadour que tu voulais exhiber à ton bras en l'obligeant à rester idiote pour être certain qu'elle continue à t'admirer sans rien comprendre à ton monde".
Parfois, elle s'en voulait... Elle s'arrêtait en se disant "M'enfin, Terry! Même après tout le mal qu'il t'a fait il continue à te dicter tes choix! Fais-tu tout cela pour toi, ou juste pour lui donner tord?"
Dans ces cas-là, elle prenait quelque recul, quelques heures ou jours de repos, remettait tout et surtout elle en question, puis revenait, certaine que là n'était pas sa seule raison de vouloir avancer, construire, prouver, oeuvrer pour la justice surtout et avant tout.
Non, ça n'était pas uniquement motivé par sa revanche sur lui!
C'était avant tout motivé par la foi et l'amour en la justice!
Quittant le mur, elle décrocha les quelques portraits suspendus ça et là dans la pièce, et les glissa dans une caisse : Pl@$m... Adrienne... Lafred... et puis Kernos... Kernos qui n'avait jamais vu ces locaux, ne les verrait sans doute jamais, qu'elle ne reverrai sans doute plus jamais non plus, qu'elle avait abandonné en Lyonnais-Dauphiné mais près duquel elle avait laissé une grande partie d'elle-même... Kernos, son "Ut", son "Tout",...
Elle caressa un instant son image du bout des doigts, se demandant si il était au courant de sa nomination à la Chancellerie, si quelques fois il pensait encore à elle, si un jour il lui pardonnerait d'avoir choisi pour lui entre l'amour de ses enfants et leur amour à tous deux.
Elle fini par glisser la toile avec les autres, puis décrocha le dernier tableau, celui de Hugoruth, et s'approcha de l'âtre où elle avait fait allumer un feu.
Lorsque quelques instants plus tard elle se retrouva dans le couloir en train de tourner la clé dans la serrure, ce n'était pas ses doigts qui caressaient les traits du portrait, mais bien les flammes. Puissent-elles être celles de l'oubli...
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[7 janvier 1460 toujours, Salle de travail de la Chancellerie :]
Après avoir passé de nombreuses heures à débarrasser le plancher des choses "en ordre", déplacé les choses plus confidentielles, trié les dossiers attendant un avis de ceux ayant déjà reçu un avis,... Bref, après avoir mis de l'ordre et rendu la salle un peu moins propice aux éternuements, la nouvelle occupante des lieux avait décidé de les rendre un rien moins austère.
Pas de décoration rococo, elle détestait cela, pas d'objets luxueux non plus, elle aimait la simplicité, mais malgré tout une petite touche personnelle. Elle avait donc commencé par accrocher au mur une toile, immense, représentant une mer en furie et un ciel orageux.
Si quelqu'un lui avait demandé pourquoi cette toile, elle serait sans doute partie dans un long monologue, expliquant qu'à ses yeux la mer n'était jamais aussi belle que lorsqu'elle débordait de vie. Qu'une mer plate, c'était comme un être parfait fait de porcelaine, cela n'avait pas d'intérêt. C'était lisse, morne, endormi, et qu'un caillou n'était jamais aussi beau que lorsqu'il était rempli d'imperfections dues aux chocs reçus, aux pentes dévalées, aux distances traversées.
Si d'aventure elle avait été d'humeur poétique au moment de parler de cette toile, elle aurait également comparé la mer à une maîtresse en colère, et le ciel à son amant. La femme grondant, alternant les moments où elle se déchainait et les moments où elle ondulait, caressante... L'amant élevant la voix pour tenter de la calmer, ou encore de la faire se surpasser... Et puis, l'accalmie! Ce moment où enfin elle baisse les armes et le laisse se poser sur elle, où leurs souffles se mélangent, où leurs corps ne semblent plus faire qu'un, et où l'horizon s'unissant à la mer donne cette sensation d'infini, d'éternité.
La tempête, c'était le titre de cette toile. Et pour elle, c'était tout un symbole.
Ensuite? Ensuite elle avait pris les portraits décrochés le jour même de son bureau de Présidente de la Cour d'Appel, juste avant de rendre ses clés au nouveau Président, et les avait suspendus sur le mur faisant face au tableau. Il y avait là les visages de gens qu'elle avait admirés, pour diverses raisons, à différents niveaux, à commencer par celui qui le premier lui avait accordé sa confiance : Pl@$m. Deux des trois autres portraits représentaient deux femmes, deux amies avec qui elle avait longtemps composé le trio surnommé "Les trois drôles de Dames de la CA".
Le dernier portrait emporté irait dans son bureau, non dans cette salle de travail. Il s'agissait de celui de l'homme qu'elle avait quitté pour le protéger, pour lui permettre de retrouver l'amour de ses enfants, mais qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer, sauf les soirs où elle lui en voulait de ne même pas avoir cherché à la retrouver.
Quatre portraits apportés en ces lieux, cinq décrochés de son bureau à la Cour d'Appel pourtant. Celui qui n'avait pas fait la route jusqu'ici terminait sans doute de consumer dans l'âtre dudit bureau. Hugo... De leur amour fou ne resterait que des cendres (clin d'oeil à Birkin^^).
Quoi qu'il en soit, une fois cette décoration fort sommaire mais très importante pour elle mise en place, elle alla donner consigne pour qu'on laisse pénétrer dans cette salle de travail ceux qu'elle y avait invités : le Procureur Général, le nouveau Président de la Cour d'Appel, et la Grande Audiencière.
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[14 janvier 1460, sur la route la ramenant en Champagne :]
Si le sentiment d'angoisse et de peur de ne pas être à la hauteur qui l'avait assaillie dans les heures qui avaient suivi sa nomination commençait à présent à s'estomper, lentement mais sûrement, un tout autre sentiment qui était né en même temps ne faisait, lui en revanche, que s'accentuer.
La solitude! Cette solitude sans nom qui était sienne, sans famille, sans compagnon, avec trop de doigts sur la main pour compter ses amis... Personne avec qui fêter l'annonce de sa nomination, mais surtout personne à qui s'ouvrir de son ressenti, si ce n'était Alienor et ses missives.
Alienor... Celle que la vie aurait pu la faire détester, et réciproquement... Celle devant qui elle s'était effacée par amitié, par respect, et par amour d'un même homme. Cet amour qui au lieu de les faire se détester, les avait fait s'apprécier, se respecter, et plus encore s'admirer l'une l'autre. Le mot amitié prenait entre elles deux tout son sens.
Aimelin, Alienor, Terwagne... Triangle quelconque, au fond, dont la base devenait malgré tout bien plus stable au fil du temps.
Jamais son amitié et son respect pour la jeune femme n'avaient été aussi forts, et elle était réellement et profondément heureuse pour les tourtereaux de les voir écrire ensemble de nouvelles pages à leur histoire, mais il fallait bien avouer que certaines nuits elle se surprenait à repenser à certaines phrases qu'il lui avait dites lors de son séjour à Etampes, des regrets dont il lui avait fait part... Alors une fois de plus elle le fuyait, évitait les têtes-à-têtes, les courriers personnels, et se contentait de banalités dans leurs rares échanges, qui il faut bien l'admettre se faisaient de plus en plus rares, de plus en plus brefs.
De fil en aiguille, elle avait fini par trouver un certain équilibre dans ce triangle qui un jour ou l'autre se résumerait à une paire, puisqu'elle-même, lentement mais sûrement, s'en éloignait, sereine, sans même en avoir vraiment conscience. La flamme dévorante et le vertige avaient finalement fait place au doux crépitement agréable et rassurant mais aussi à la stabilité de l'amitié.
Aimelin en avait-il conscience? En était-il heureux ou au contraire déçu? Elle n'en avait aucune idée et ne se posait même pas la question. Les choses changeaient, c'était ainsi, et si il n'y avait plus de fièvre ni de passion, il n'y avait plus non plus de larmes, plus de culpabilité, plus de sensation de danger, plus de hauts et de bas, juste un mouvement régulier comme celui d'un métronome.
Tellement régulier qu'il avait laissé plus d'espace qu'il n'en fallait au deuil de son histoire avec Kernos pour se frayer à nouveau un chemin jusqu'à sa conscience, puisque son inconscience il ne l'avait jamais quitté.
Si Aimelin et le sentiment de vertige qu'il avait provoqué en elle à de si nombreuses reprises lui avaient jadis fait occulter cette partie d'elle-même qu'elle avait abandonnée en Lyonnais-Dauphiné, la distance qu'elle prenait de plus en plus vis-à-vis de lui - auprès de qui elle était venue chercher une épaule mais l'avait trouvée occupée par une autre - remettait en pleine lumière cette souffrance et ce déchirement qu'elle avait provoqués par amour.
Pourquoi n'avait-il même pas cherché à la joindre, à comprendre, à la retrouver?
C'est débordante de ces questions auxquelles elle ne trouvait pas de réponse qu'elle décida d'aller chercher conseil auprès de celui qui quoi qu'il advienne resterait son plus cher ami malgré tout : le connétable champenois.
Demain, une fois reposée et un peu moins larmoyante, elle irait frapper à la porte de son bureau...
[Cheffe modo Aldraien
Merci de baliser votre RP, et bon jeu.]
[LJD Terwagne : Désolée, un oubli.]
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Je voudrais que la terre s'arrête pour descendre.(Gainsbourg)