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[RP] tais-toi.

Judas
J'ai battu ta monture. Oui, mais. Elle a failli t'arracher à moi, sottement. J'ai cru bien faire, j'ai fait ce qu'il y avait à faire.
J'ai été aux abonnés absents quand tu as perdu l'enfant. Oui, mais. Tu m'es apparue grosse d'un autre, j'ai cru mourir de colère, pourtant je n'ai rien dit. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
J'ai laissé ta lettre sans réponse. Oui, mais. Elle était un si dur affront, j'ai cru qu'elle me brulait les doigts. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
Je t'ai remplacée par mille fois quand tu es partie. Oui, mais. Tu as embrassé de trop ta cher liberté, celle que jamais je ne te volerai, j'ai cru t'avoir perdue. J'ai essayé en vain de faire ce qu'il y avait à faire.
J'ai vandalisé celle à laquelle tu t'es attachée. Oui, mais. Elle t'inspirait affection, et moi défection. J'ai cru la tuer de jalousie. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.

    Mais les plaies de l'animal se sont refermées, la sale beste est toujours aussi farouche!
    L'engeance s'en est allée, et tout ce qui te retenait avec, j'suis resté sur la touche.
    A défaut de ta présence, tes mots m'ont réchauffé un peu lorsque je les ai jetés au feu.
    Moi et mes passagères, plus que toi en trouverais-je un jour une qui m'émeut?
    La Frêle vit encore, elle me pardonnera; sur son corps le bleu de ses yeux.


Est venu un jour, tu m'as laissé sans voix, sans toi, sans rien. Là sur le bas côté. Tellement lointain que je ne sais quand tout a commencé, quand tout s'est terminé. Sans voix, sans rien que du sable entre mes mains, que des marées d'écume.
Je crois qu'un jour, là comme un vieux seigneur saignant tu me laisseras en croix éclaté de lumière. Avant que tu m'enterres, laisse moi prendre les devant! Ne sois pas si cruelle. Quand l'eau n'est plus fraîche; trop de sang dans l'écume. Dans tes marées d'écume.

Son geste lui arrache un grognement de colère, L'Anaon souffle sur les braises. Impulsivement il se retourne, laissant la cape s'enrouler autour de lui, encore froissée dans la paume serrée de la Roide. Elle l'aurait touché d'un tison brûlant que l'effet n'en serait pas moins douloureux. Contact supplice, contact redouté. Il est étrange de voir comment l'on fuit ce dont on a tant manqué, par crainte de ne plus pouvoir s'en passer. Crainte de s'y retrouver. Les yeux se rencontrent, il y a des couteaux dans les regards.

Tu crois pouvoir disparaitre et revenir un beau jour en faisant justice, chez moi?!

Judas attrape cette bouche qui blesse, pince entre ses doigts les joues stigmatisées avec rage. Trop tard, Anaon a foutu un coup de talon dans la digue, tout fout le camps. Le sang froid s'est fait la malle, la rancune lui suinte des tempes, l'égo a mal. Sa voix cassée fait silencieuse certaines de ses notes tant elle s'éprouve de seulement s'adresser à Elle, elle déraille. Lui aussi.


Dis, c'est ce que tu crois?


Il la repousse par ce visage qu'il a trop refait dans sa tête, lorsqu'il la perdait les nuits sans elle. Ce visage qu'il tient si près du sien qu'il voudrait le mordre pour en arracher l'essence. L'haleine de feue l'amante ravive des images dont il voudrait se passer, si seulement il le pouvait. Putain de toi, Anaon. Favorite, tant de douleur que je ne t'ai jamais dite! Trop tard, elle l'a touché, ça lui a claqué dans le sang comme un bon coup de badine. Le corps d'homme se heurte à celui soudain si fragile de l'adversaire, la main tremble tout son or contre cette tête qu'il se verrait bien éclater entre ses doigts. La fragilité d'une carrure de femme ne sera jamais mieux révélée qu'entre les mains d'un homme blessé. Il lui fait mal, peut-être, qu'importe rien ne sera plus cuisant que l'affront qu'elle lui fait en revenant pour une esclave.
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" Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles "
Anaon
    On ne récolte bien que ce que l'on sème. La joue est tendue puis exaucée. Il l'attrape brutalement, plus que ce jour de Janvier ou leurs corps se sont fracassés sur une crête découpée sur un ciel de cobalt. Déjà elle l'avait piqué, déjà il lui avait fait mal, mais l'histoire s'était finit en étreinte sur la pierre froide. Aujourd'hui, elle doute fortement qu'il en sera de même.

    En réponse à la main furieuse, une crispation fugace. Enfin il lui accorde le regard qu'il lui refusait et elle s'y accroche, l'Anaon. Les azurites se parent d'inquiétude, le regard d'ordinaire si froid s'est brisé sur la dureté des onyx. Sa rancœur lui coupe les jambes, parce que pour elle s'est une surprise.

    Ce que tu ne m'as jamais dis, ta réputation la fait pour toi. Sybarite, on te disais friand de femme. Je l'ai accepté, je m'en suis persuadée. Je me souviendrais toujours de ces jours ou tu es venu faire tes ravages en Bretagne. On avait encore rien écrit, seul quelque jours en ta demeure que je craignais sans suite. Tu es arrivé dans mon pays, chez les Bretonnes, dans leurs tête et dans leur cœur. Ce jour-là j'en suis rester pantoise. Moi, je ne t'avais pas encore vu qu'en taverne on ne parlait que de toi. Les femmes t'avaient aux lèvres, les hommes l'avaient acerbe. Blâme-moi de t'avoir cru hypocrite! Hallucinée, j'ai cru que tu te foutais de moi quand tu me disais vouloir de mes mains ce que tu allais chercher chez d'autre. Je n'ai rien dis. Après tout je t'avais choisi ainsi.

    J'ai eu le malheur de me fier aux dires des badauds plutôt qu'aux tiens. Plus simple de partir en me persuadant que tu irais trouver la chaleur dans d'autre couche. Sans grand remord. Quoi que je fasse. J'ai mis en sourdine mon égo de femme. Répudiant toute jalousie, fermant mes écoutilles à tout ce que j'appelais mièvreries, je me suis braquée derrière mes propres limite. Celles qui m'empêchaient de me cramponner à toi. Quelle ironie! Moi qui ne souhaitais de toi qu'un jeux dans lequel je ne voulais verser aucun sentiment, de peur de trop en pâtir quand viendrait le premier orage. J'étais sûre! Dieux que j'étais sûre que la première à saigner, se serait moi. Et de peur d'un jour souffrir, j'ai préféré te détruire-toi, malgré moi. Si j'avais su qu'il y avait un cœur sous ton armure...

    Elle voudrait hocher de la tête, lui dire que non, mais ses doigts sont un étau sévère qui ne lui accord aucun mouvement. Non, faire justice chez lui, elle n'oserait pas, mais elle ne veut pas savoir la Frêle morte... par sa faute. Elle qui avait payé de nombreuse fois pour les crimes des autres se voyait aujourd'hui être la coupable. L'unique, la seule qui attise l'envie de vengeance et de rancœur. Et Judas a souffert, Judas s'est vengé.

    Tu as briser mon cheval. Je n'ai rien dit. Lui, la prunelle de mes yeux, le seul qui me reste encore de cette époque ou j'étais une femme que tu n'aurais jamais connu. Je n'ai rien dit. Tu as briser Nyam. Je ne dirais rien. Je ne te le pardonnerais pas, mais je n'ai pas le droit de t'en vouloir. Je veux seulement l'aimer un peu, juste un peu, sans craindre qu'à jamais tu ne me tourne le dos.

    Sursaut. Frémissement d'effroi quand il se fait plus violent encore. Elle n'y tient plus, les doigts font trop mal sur les joues aux stigmates bien trop sensible. La droite lâche la cape, tremblante, hésite un instant. Si elle ne le retient pas, il lui brisera les dents. Les doigts graciles viennent alors chercher le contact cuisant. Ils se nouent autour du poignet qu'elle n'aurait pas cru si vigoureux et la senestre, avec sa clef incrustée dans la chair, se pose sur la main virulente. Les doigts tremblant cherchent à se mêler aux siens dans l'envie de les dégager, mais aussi de s'en saisir.

    La respiration s'emballe alors qu'il lui fait mal. Les azurites ne se décrochent pas du regard de l'amant, appréhendant la claque à venir qui viendra punir ce toucher qu'elle lui impose. Ou les derniers mots qui signeront la fin de tout.

    Par tous les Dieux! Laisse- moi encore de toi, Judas!
    Par tous les Dieux, Judas, pardonne-moi.

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - Montage LJD ANAON----[Clik]
Judas
Voir rouge. L'expression prend tout son sens sur le moment. Ce rouge pour l'interdit. Le sensuel. Le sang. Rouge comme le carmin des cœurs qui saignent de trop aimer ou qui aimeraient savoir aimer, parfois. L'Anaon sait bien de quoi elle parle. Il lui fait mal, il le voit dans ses yeux et le sent dans ses doigts. Pourtant il a du mal à lâcher prise, comme le chien qui reste canine plantée dans la chair dès lors qu'il y a gouté. Il y a des crocs dans les rétines. Le visage de Judas paraitrait émacié, il est juste crispé d'avoir trop attendu ce moment. Ce moment où évacuer tout ce qui a été intériorisé toutes ces nuits, toutes ces journées, devient pressant, inévitable.

Alors dis-moi maintenant, est-ce que tu me laisse le choix lorsque tu réapparais avec colère? Tu comptais me donner une leçon c'est ça? C'est ça que tu voulais? Hé bien vas-y, Anaon, frappe-moi, venge-la. Mais un conseil, frappe fort et met moi à terre que jamais je ne me relève, car si j'y parviens...


L'aveu pèse son poids, il est persifflé sans détour, Judas a perdu la tête.

    Je te tue.


L'absence de la Roide lui a fait réaliser à quel point il n'est rien entre les mains puissantes qui broient le plus fort des hommes, celles de la passion. Tout ce qu'elle a de destructeur s'est matérialisé en un geste: une main gauche qui dévore le faciès d'une femme. Et ça lui brûle les doigts, la mercenaire est lâchée comme on fuit la peste, pourtant le contact n'est pas rompu. Impossible, Judas n'est plus maistre de lui, c'est la passion qui tient les rênes. Le geste se roule à son cou et se coule sur sa nuque, la poigne se referme sur l'échine soudain bien frêle. Le regard se vide et la parole se fait soudain douce et chevrotante. Celle qui fût l'amante puis la silencieuse cathédrale devint confessionnal. Judas s'y est agenouillé le soir où il partagea son hanap, déja vaincu. Si le Von Frayner ne pleure pas, ses chuchotis le font à sa place, et ses prunelles courent sur les lèvres qu'il ne sait plus baiser, les cicatrices qu'il avait presque effacées.


Tu es libre quand tu es dans ma maison. Tu es libre même quand tu es dans mon lit, Anaon. Tu vas tu viens, tu fais comme bon te semble, je ne dis rien. Mais partir tant de temps, ce n'est pas un détour à Paris. Ce n'est pas une ballade pour tuer l'ennui, tu m'as menti...

Oui, il vient un temps où même le fer tord, où la glace se consume. Le satrape sait qu'il préfèrera la tuer de ses mains plutôt que de la laisser se perdre dans les bras d'un autre. La force de ses sentiments a pris soudain une toute autre dimension. Trop tard pour nier qu'il n'y a qu'elle. Elle roture, elle torture.


Je t'ai attendue.
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" Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles "
Anaon
Chacun de nous nous tue ce qu'il aime
Ou trop tard ou trop tôt
Avec un baiser un poème, sans un mot
C'est toujours du pareil au même
Avec des larmes sans un soupir
Chacun de nous nous tue ce qu'il aime
Pour n'avoir plus à en souffrir


    Tout autre s'y serrait brisé les doigts à chercher à la broyer comme cela. En taverne on la savait imprévisible. Insensible au verbe, elle punissait sévèrement le geste. Malheur à celui qui l'aurait touchée! Résignée aujourd'hui, consciente d'être fautive, ses mains ne se font pas ordre, mais supplique sur celle du Von Frayner. Douceur tremblante. Sous les doigts en étau les joues se font violines. Elle accepte son courroux, sa pénitence, c'est ce qui la retient de se débattre et de frapper ce visage qu'elle ne reconnaît plus. La pulpe qu'elle a connue dominante mais délicate lui broie les dents et lui perce les joues. En flash, elle revoit l'image de sa monture quelque jours après qu'elle ai été rossée par le seigneur. Ses stigmates et sa terreur. Elle s'imagine alors ce qu'à put subir Nyam sous le courroux du Von Frayner. Dans quel état va-t-elle la retrouver?

    Les mots sont durs dans la bouche de l'homme comme autant de roche qu'il lui jette au visage. J'ai perdu depuis longtemps le sens de la mesure. Ne jouons pas à çà Judas, pas à çà. Frappe-moi si tu veux, mais ne me provoque pas. Ça finira mal, trop mal. L'échine se tend subitement quand il lui persifle l'ultime menace. Tout se fige chez la mercenaire, mains et regard. Trois mots. Trois petit mot qui la glace d'effroi. Quand sommes-nous arriver là? Dans l'esprit de la mercenaire tout s'embrouille.

    Il la délaisse avec la même violence et les mains de la mercenaire reste en suspend dans l'air. Ils ont la passion destructrice. Celle qui les consume et qui les brise. En arriveront-ils réellement un jour à cette extrémité... Se tueront-ils un jour de trop s'aimer? Bien vite la main revient, la balafrée s'apprête à accuser la seconde salve. Mais la paume embrasse sa peau, épouse son dos. Elle en reste tout aussi pantoise alors que son regard ne se défait de ses yeux. Il n'y a plus de violence dans ces prunelles. Il ne reste qu'une douleur qu'elle ne lui connaissait pas.

    Murmure pareil à un sanglot. La mercenaire se décrispe sous les doigts de l'amant. La main hyaline se tend, hésite un instant avant d'aller frôler du bout des doigts la mâchoire blanche. Il l'a attendu. Les yeux se ferment. Judas, si tu savais tout, peut être souffrirais-tu moins... Mais tu m'en voudrais alors d'accorder plus d'importance qu'à tes yeux un passé que je m'obstine à courser dans les ruelles parisiennes.

    _ Je ne veux pas te fuir Judas... Plus... Je ne veux pas te mentir, mais je n'ai pas réussit rester. Pardonne-moi.

    Oh Iris! Viens chercher la clef, je crois que je ne pourrais pas me défaire. La main vient recouvrir la joue et le visage balafré s'approche pour aller se nicher dans le cou de l'aimé. Une odeur.

    _ Je suis là Judas. Laisse-moi seulement aller la voir... puis je prendrais soin de toi.

    Les lèvres viennent baiser la gorge, chastes. Nul envie de l'amadouer, non. Elle l'embrasse seulement comme pour sceller une promesse, sincère. Nyam l'a aidé, elle veut la sauver à son tour. L'affront perçut par Judas, elle le comprend. Il est légitime. Elle ne se pardonnera jamais son absence car c'est la Frêle qui en a payé le prix, mais si elle venait à en mourir...

    _ Je resterais Judas... le temps que tu voudras.

    Qu'importe le Louvre et la bâtarde! Qu'importera ses démons l'espace d'un temps. Elle restera pour Nyam. Elle restera pour elle-même. Elle restera pour lui, pour revoir son sourire.


Chacun de nous tue ce qu'il aime
Mais tous n'ont pas à en mourir
      - Michèle Arnaud -

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - Montage LJD ANAON----[Clik]
Judas
Ainsi coule à l'esgourde tout ce qu'il avait souhaité entendre. Judas fait mal, l'Anaon demande pardon. Lorsqu'elle ferme les yeux, lui les garde ouverts et figés sur ce visage qu'il ne se lassera pas de contempler.

Va la voir, la chercher, fais ce qu'il te plait. Ce soir tu dormiras avec elle...

Car dans mon lit, il y a quelqu'un. Quelqu'un a qui je n'ai pas parlé de toi, de ton absence et de ma peine. Depuis le jour ou il avait séduit Suzanne, Judas avait procrastiné les ennuis. Partagé en l'espoir et la désillusion d'un d'éventuel retour de la Roide, il avait tout mis en oeuvre pour que personne ne le questionne sur l'absence de la favorite, la remplaçant par une autre. Sujet tabou, la seule qui avait osé le soulever s'était pris une gifle magistrale, pour l'exemple. Ainsi L'Iris avait du chaque soir frotter les épaules douces de la jeune femme comme s'il eut s'agit d'Anaon, Judas s'était voilé la face, et avec application. Tant et si bien que finalement, Petit Bolchen avait fermé les yeux sur l'imposture.

Et que faire désormais, chasser celle qui l'avait accompagné tous ces jours? L'idée était déplaisante, la seule responsable de cette situation se tenait devant lui, se roulait contre son cou. Il ne l'embrassa pas, la défaisant lentement de ses bras. Un pli soucieux naquit sur son front, ce n'était pas l'état de la Frêle qui le préoccupait, ce n'était pas non plus la démesure de son châtiment. C'était la véracité des propos de son amante. Chat échaudé craint l'eau froide.


Trouve Iris, fait-la venir dans ma chambre.


Il se para d'un visage égal, comme pour la rassurer. D'une voix monocorde Judas rassura le sourire de l'ange.

Je ne lui ferai pas de mal.

Même si elle m'a trahit. Le vendeur d'âme était certain de sa culpabilité dans la venue surprise de la mercenaire. Qui d'autre qu'elle aurait pu la prévenir? Bien sûr, ce retour l'avait apaisé, mais l'esclave ne pouvait s'en tirer à si bon compte. L'issue des retrouvailles restait bienheureuse , pourtant elle aurait pu être toute autre si l'Anaon ne s'était pas couchée. Il est étrange de voir combien Judas avait retourné la situation à son avantage. Lui qui avait fait tant de mal à Nyam, se voyait presque acculé d'un titre de victime, et les yeux bleus de son amante avaient retrouvés dans les siens soudain toutes leur couleur d'antan. Rien n'est moins aberrant que les manipulations de l'amour.

Il prit une grande inspiration, et s'éloigna malgré l'envie de parachever ce retour, de la posséder. Il était temps d'avoir une petite conversation avec Suzanne... C'est lorsqu'il la retrouva dans sa chambre qu'il vint s'asseoir sur le bord de ce qui était devenu lentement mais sûrement leur couche, rassemblant les mots, triés entre ceux qu'il pouvait prononcer et ceux qu'il devait définitivement bannir.

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" Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles "
Anaon
    Elle n'attend rien de plus de ses mots que cette garantie d'avoir encore une chance d'avoir un peu de lui. Il la repousse doucement, elle ne bronche pas. Le temps n'est plus à suspendre, il n'est plus l'heure de le retenir, désormais il presse. Judas, Anaon, encore des choses à dire, à reprocher peut être, à excuser sûrement, mais plus tard. A ses dires, un frêle hochement de tête, rien de plus rien de moins. Judas, Roy des inconstances. De la colère aux larmes. Des larmes à l'égal. Mais aujourd'hui Anaon ne mettra plus rien en doute. Elle le regarde s'éloigner alors, l'esprit moins lourd, mais bien loin d'être apaiser. Plus tard, il faudra renouer les liens, plus tard.

    Secondes de latence, le visage bifurque brusquement. Nyam. D'un bond la balafrée s'embarque dans une course folle pour aller rejoindre la petit chambre. Elle avale les escaliers quatre par quatre, détalle dans les couloirs avec un empressent rare. Arrivée à la porte elle ne prend même pas la peine de ralentir, évitant Iris de justesse pour aller percuter le bois violemment, accrochant la poignée dans le même geste et enfonçant la clef dans la serrure de l'autre main. Enfin le "cric". Elle pousse la porte comme une furie sans même avoir penser que Nyam était censé être derrière.

    _ Nyam...

    La voix se brise. Quelques lentes enjambées la mènent auprès du petit corps qui la voit s'agenouiller près de lui. Les mains survolent les chairs percluses sans oser les toucher. Puis les doigts, tendres, viennent frôler la joue de la martyrs en une caresse presque vaporeuse tant elle en est délicate. Avec une précaution des plus infimes, les bras passent sous le corps de la Frêle pour la poser avec tout autant de douceur sur la paillasse. Une grimace vient animer la bouche tailladée. Je sais Nyam comme çà peut faire mal un dos martyrisé...

    Douce, la voix s'adresse à la Soumise alors que les azurites s'appliquent à évaluer les dégâts qui meurtrissent le corps de l'adolescente.

    _ Fais-moi porter de quoi changer draps et vêtements. De l'eau propre, des linges blancs. De quoi la nourrir et la soigner...Argile verte, miel, vinaigre, huile, élixir de saule si tu as... et de chêne aussi.

    La dague sort de son fourreau et vient déchirer avec minutie la chemise de lin, mettant à nue sans pudeur les féminités naissantes de la frêle. L'image des bleus et zébrures vermeilles lui font crisper les machoirs. Elle se revoir alors, longtemps en arrière, sur sa couche de supplicié, dos brûlé et éventré, à hurler son mal de ne plus rien supporter sur sa peau déchirée. Un drap est remonté sur le petit corps, dans l'attente qu'il lui soit apporté ce qu'elle à mander. Un regard lourd de sens se porte alors sur le visage d'Iris.

    _ Judas veut te voir... Dans sa chambre. Il m'a dit qu'il ne te ferais pas de mal. Rappelle-le lui s'il vient à l'oublier...

    Le visage se fait soucieux, mais il se reporte bien vite sur celui de la frêle. Et elle vient la couvrir d'un regard plein de tendresse. Les doigts viennent de nouveau jouer avec douceur sur la peau pâle et la bouche se penche calmement à l'oreille de la frêle.

    _ Je suis là Nyam. Ça va aller maintenant. Je suis là, ma aelig*.

    Il aura fallut un homme et une gamine ressemblant de trop près à un souvenir pour percer la carapace d'une femme qui fut prête à tuer pour quelque pièce d'argent. Que la vie est mal faite. Bien heureux les insensibles, les sans attaches! L'affection est le début de la souffrance. L'Anaon y a trop de fois plonger les lèvres. Calice empoisonné. Il suffit d'y gouter une fois pour ne plus s'en défaire. Ce jour là, quand Il a brisé sa vie, profanant son visage, quand il lui a prit sa seule raison de vivre, c'est son cœur qu'il aurait dû lui arracher. Bien heureux les insensibles.

    Les doigts continuent de caresser la peau diaphane, les lèvres de lui murmurer quelque douceurs, attendant cœur serré que les siennes se délient.

* Breton: Mon ange
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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - Montage LJD ANAON----[Clik]
Judas
[Dans sa chambrée]

Il prend place sur le bord de la couche défaite, tournant une bague autour de l'un de ses doigts, faussement fasciné par son spectacle

- Suzanne, il y a quelque chose dont j'aurai du vous parler.

Elle était à la fenêtre, a vu. A vu le rapprochement. Elle tourne la tête vers lui, le coeur qui s'accélère sensiblement.

- Je vous écoute


Il tourne la bague, un instant silencieux, un autre prenant une respiration inutile et improductive. Les mots, trouver les mots.

- Lorsque je vous ai connue, j'essuyais l'abandon d'une femme. Une femme qui comptait beaucoup. Une femme qui comptait... Plus que les autres.

Il se laisse glisser en arrière, bras en croix, regardant le plafond et son lustre de chandelles a demi assoupies. Son dos trouve la couche, pourtant il ne s'y détend pas. Elle se mord la lèvre avec force, fermant les yeux.

- Celle là même qui est revenue... Celle que j'ai vue dehors ?

Il tourne son visage vers elle, surpris

- dehors?

Il se redresse sur les coudes.

Qu'avez vous vu dehors?

Il connait déja la réponse, la question ressemble à un moyen de gagner du temps. Elle tourne la tête vers lui pour ancrer ses yeux dans les siens.

- Vous. Elle... si proches ...

Il se laisse de nouveau tomber sur le lit, comme une loque, les yeux dans le vague.

- Je ne m'attendais pas à ce retour... Elle est revenue pour la Frêle plus que pour moi.

- Mais revenue quand même . Voulez-vous que je parte ?

Il se remet a triturer sa bague.

- Non. Je n'ai pas envie que vous partiez. Je tenais à vous mettre au courant, vous serez amenée à la voir autrement que d'un étage... S'il ne lui reprend pas la lubie de repartir. Elle s'appelle Anaon.

Elle acquiesce doucement. Il ne se rend même pas compte qu'il parle d'elle comme si elle vivait à Petit Bolchen, comme si... Elle en avait formulé le souhait. Comme si elle n'était pas si libre.

- Elle ne connait pas votre existence...
- Le contraire m'aurait étonné. C'est le prénom que j'ai entendu... Lorsque vous avez demandé à Nyam de faire porter mes affaires dans votre chambre...

Il hoche la tête, se remémorant l'instant où Catherine lui avait fait l'affront de lui mettre la situation sous le nez . L'irrévérencieuse méritait bien les coups qu'il lui donna.


- Exact.

Elle triture sa jupe nerveusement


- Anaon était avant son départ, une pierre du château. Froide... Et belle. On la remarquait quand elle daignait bien se montrer, on tentait de l'oublier quand elle voulait la paix.

Il regarde chaque pierre qui fait les murs de la chambre. Ses mots sonnent comme une éternité, peut-être parce que c'est ainsi que le temps lui parût toute la fin de l'hiver.

- Entre nous ça n'a jamais été une histoire de paix, d'ailleurs.

Judas lui pose la vérité sans détour, ayant toujours dansé sur un pied de franchise avec elle. Suzanne n'est pas sotte, et il le sait.

- Anaon a toujours partagé mon lit.

Elle accuse le coup.

- Sa perte m'a affecté. amenuit. J'ai trainé, jusque sur le comptoir des tavernes
et je vous ai rencontrée. Pour autant, je n'en ai pas retrouvé le sommeil, il fallut que je vous possède, que je vous affectionne et que je vous gâte.


Les mots ressemble à des reproches qu'il s'adresse à lui même. Il fallut qu'il comble le vide qu'elle avait laissé. Elle inspire de nouveau, déglutit.


- Je n'ai été que.. Une autre en somme.. Je ne vous en veux pas pour autant.. Etrangement
-Vous avez été la suite logique qu'une personne telle que moi sait donner aux choses. Je ne vous ai pas caché être entouré, je ne vous ai cependant pas dit que l'objet de mes tourment s'en était allé... Ne plus en parler, c'était tourner une page.
- Oui.. Vous auriez pu... Auriez dû.
- La page s'est réouverte, il a suffit d'un coup de vent et je me sens si vide. Vide et soulagé à la fois.

Il se tourne vers elle, se positionnant sur le ventre, elle le regarde, comme elle l'a toujours fait..

- Je ne veux pas de votre départ. Je déteste les départs. Et je vous affectionne, ça n'a pas changé.

Elle avance une main sur les mèches longues, pour contrer le trouble, joue avec .

- Qu'adviendra t-il .. Si je ne pars pas ?

- Elle reprendra sa place... Et vous m'accuserez de ne plus trouver la votre.

Elle se lève doucement, pour cacher ses yeux brillants, mais de passion cette fois.

- Vous accuser... Oui, de vouloir me garder au cas où elle repartirait.

Il se pince l'arête du nez.

- Assurément pas.

Blessé dans son orgueil il se redresse, s'éloignant du joug de ses mains .

- Je n'ai rien a prouver, mais s'il advenait qu'elle reparte, encore...

Il arbore un visage contrarié.

- Je ne vous toucherai plus. Vous aurez là la plus belle preuve de mon entière bonne foy.

Elle se retourne vers lui, blessée .

- Je serai donc... Une ombre, comment dites vous... Ah oui, les oreilles de Petit Bolchen.

Il se lève, faisant quelques pas dans la chambre, nerveux.

- Alors quoi? Je n'aurais donc aucun argument qui puisse vous aller,
peut-être avez vous des réponses, vous? Des solutions?

- Je n'en ai pas non.. Pas là, pas maintenant.. Mais comprenez moi .. Je me suis attachée, bêtement..Je n'ai rien vu venir et je m'en suis toujours cachée parce que je sais que vous n'aimez pas ce genre d'effusions. Et la savoir là.. A quelques pas de cette chambre...

Elle soupire et regarde autour d'elle.


- J'enlèverai mes affaires...


Il lève un peu le menton.

- Ne me detestez pas.
- Je ne le peux pas ! Je ne peux pas vous détester...

Elle avance à la fenêtre, essuyant ses yeux d'un revers de main.

- Tout comme je ne peux pas lutter... Contre Elle.

Il se garde de répondre, ne sachant pas quoi lui servir qui ne soit ni un affront ni du boniment. Il se contente de suivre sa silhouette du regard, impuissant à trouver de quoi calmer son trouble.

- Pourquoi.. Devrais- je rester maintenant ? Puis... Pour qui ?
- Parce que vous trouvez à cette vie un autre attrait que Judas Von Frayner... Parce que je n'ai pas envie de vous voir vous en aller. parce que vous en avez envie...?

Il vint poser ses deux mains sur ses épaules, sont front contre sa nuque. Pour la première fois depuis longtemps, il se sent prétentieux. Elle trésaille.. Et il n'en faut guère plus pour que les larmes roulent sur ses joues blêmes.


- Non

Il passe un bras autour de son cou, craignant par dessus tout de la voir pleurer. La dextre vient essuyer la joue humide, judas se tient toujours dans son dos, raide.


- Si.

Elle vient saisir doucement le poignet de sa main gauche, l'enserrant de ses doigts.

- Je n'ai pas envie de vous quitter.. Mais l'envie se confronte à la raison... Encore.


Il se défait de son emprise, une fois de plus, l'abandonnant d'un léger baiser sur l'épaule. La scène devenait trop sérieuse à son gout.

- Vous êtes libre. Mais si vous décidez de nous quitter, pensez à moi... Prévenez-moi.
- Bien entendu
- J'aimerai rester seul désormais.

Elle sait bien qu'elle n'est pas de taille à lutter, se dirige vers la porte, sans un mot.. Juste un regard .Il se rassoit sur le lit, retrouvant mutisme et idées noires. Elle sort de la chambre, ébranlée.

Post écrit à quatre mains.
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" Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles "
Nyam
Longue, longue fut l'attente et l'espoir s'éteignait avec les secondes qui s'écoulaient... Même si, au final, seulement quelques minutes fileront, pour la Frêle, ce fut une éternité qui s'écoula. La douleur était partout, et elle n'avait plus la force de la repousser... Elle se laissait peu à peu engloutir et bientôt, son esprit volerait en éclat, elle le sentait.

Un violent coup contre la porte la fit sursauter, le monde bougeait encore autour d'elle apparemment... Mais quelle importance puisqu'elle allait mourir ? Car elle se sentait tellement faible, privée de nourriture depuis des jours... Car elle se savait tellement meurtrie de par la douleur de son corps... Meurtie au point de ne plus pouvoir guérir selon elle... Détruitr par un monstre qui s'habille en homme.

Son monde se résumait à son corps de martyr et à son esprit isolé de ce qui l'entourait, impatiente que les deux se séparent afin d'être libre enfin... Nyam... Un murmure dans son délire, un de plus... Ou un de moins peut-être car une main fraiche effleura avec douceur la peau sacrifiée sous les coups. Pas un son ne sortit de la gorhmge de l'adolescente, pas même un gemissement... Car si c'était Lui qui revenait, il lui ferait encore plus de mal pour la faire taire... Ou hurler... Selon son envie. Des phrases sans aucun sens pour elle se succédèrent tandis que les mains douces lui otaient les tissus qui étaient une tel torture pour elle, dévoilant le corps nu massacré par la vengeancr d'un homme.

Quand l'Anaon la prit dans ses bras, la Peur, primitive et incontrolable prit le dessus... Non... Je ne veux pas... Pas encore... Non ! Pas ce lit ! Pas Lui ! Je ne veux pas ! Mais des lèvres livides ne sortit qu'un seul son, un gémissement de terreur et de douleur au contact de ses plaies avec le corps de son sauveur puis les draps. Elle sombra même un cours instant dans l'inconscience avant d'être reveillée par le drap avec laquelle on la recouvrit et qui lui fit si mal. Les yeux d'azur s'ouvrirent et se posèren sur le responsable de cette nouvelle torture, l'un des yeux tuméfié ne pouvant guere s'ouvrir. Sa vision était flou mais elle reconnut une femme...


Maman...

Un murmure, prononcé dans un souffle, et un poid qui se levait de la poitrine de la jeune fille. Elle n'était plus seule... Son ange maternel était de retour... Ce ne pouvait être qu'elle et Nyam dans son délire s'y accrochait avec la force du desespoire. Si ce n'était pas elle, alors elle avait lutté pour rien car seule une mere aime sans condition e protege sans faillir. Les larmes roulèrent librement sur les joues meurtries, irritant la peau sensible.

Une agitation dans la piece mais le regard resta fixé sur son ange à elle. Elle avait une prise, enfin, à laquelle s'accrocher pour se laisser porter... Porter vers la mort puiqu'il n'y a pas d'autre issus... A savoir si ce sera long et douloureux, ou rapide et sans domages.

C'est alors que le premier linge humide passa sur sa peau por nettoyer les plaies.

Ne pouvant plus bouger tant elle était faible, elle n'en poussa pas moins un cri de douleur perçant alors que se rouvrait une de ses stries de son dos. Les prunelles se voilèrent derrière les paupieres qu'elle ferma avec force. C'était insupportable. Jamais elle n'y survivrait... Qu'on la tue et qu'on en parle plus... Plus de souffrance, plus de peur, plus d'esclavage... Juste le soulagement et la douceur.

Les yeux d'azur se posèrent de nouveau vers la Roide, alofs que la main fine et si fragile de la Frêle se tend et se saisit d'un pan de vetement de la mercenaire. Et un autre murmure, terrible.. Comme celui prononcer dans une chambre d'auberge il y a de cela quelques mois... Ou etait-ce siècles ?


Tue-moi maman... Tue-moi... J'ai si mal... Fais moi mourir... Toute seule je n'y arrive pas...
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*Frédéric Régent, Historien
Iris.
Longue fut l'attente. Les minutes passent, mais semblent être des heures. Depuis que l'Anaon est partie, la Soumise reste à la porte, s'assoit, se redresse, fait les cents pas et tente de parler à la Frêle qui se complet dans un silence fatal. Douloureuse est l'attente. Que fait-elle donc, la Roide ? Faut-il autant de temps, pour une mercenaire, de prendre une clef à un homme, quand bien même il s'agissait de Judas ? La curiosité la tiraillait, l'inquiétude également. En ces quelques minutes, l'Iris prend le temps de se faire les pires scénarios du monde... Peut être le Déchu l'avait-il faite taire ? Qu'adviendrait-il de Nyam, et d'elle, alors ? L'Iris pâlit.

Mais, enfin, comme une libération, elle aperçoit la Roide arriver en courant. Soupirant de soulagement, la Soumise s'écarte et la laisse entrer la première. Mais il fallait qu'elle voit, qu'elle se rassure. Elle prie pour que la Frêle soit encore en vie... et sa prière fut entendue.


Oh ! Merci Aristote...

Pas le temps d'en dire plus ; les ordres furent donner. Et l'Iris accoure, comme à son habitude, et prend dans la cuisine toute ce que la Roide lui a demandé. Vite, vite. Il ne faut pas faire attendre, il ne faut pas prendre le risque de perdre Nyam. Les allers-retours sont fait, tout est à la portée d'Anaon. L'Iris s'arrête enfin et regarde Nyam. Si seulement elle avait été plus forte. Si seulement elle savait être comme la Roide, droite et courageuse. Et la douleur s'installe à nouveau, comme la honte. Jamais elle ne sera comme cela. Jamais...

"_ Judas veut te voir... Dans sa chambre. Il m'a dit qu'il ne te ferais pas de mal. Rappelle-le lui s'il vient à l'oublier... "

Retour à la réalité. La Soumise pâlit. Il sait, elle lui a dit. Il n'est pas bête, le Déchu. Son regard pour Anaon se fait alors suppliant. Ne me laisse pas y aller seule, je n'ai pas ta force, je n'ai pas ton courage. Pitié. Je ne le crois pas. Mais la Roide est de nouveau tournée vers Nyam ; c'est l'heure de partir. Dernier regard pour la Frêle à qui l'Iris dépose un baiser sur le front. L'heure était venue...

La chambre du Déchu est atteinte. Dans le couloir, Iris avait croisé sa nouvelle conquête, mais ne l'avait pas saluée pour autant. Celle-ci était encore plus considérée comme une menace que toutes les autres. Et puis, elle avait autre chose à penser. Toc toc toc. La porte est entrouverte, la tête est passée. Il est là. Assis sur le lit, l'air abattu.


Judas ?

Son regard la transperce comme une lame en plein cœur. Elle le connait, ce regard, celui de la colère, de la rancœur... Du dégout. La Soumise entre donc sous son ordre et s'approche, comme un chien battu. Elle ne lui résiste pas, elle ne se révoltera pas. Elle ne peut pas. Et comme s'il savait, le Déchu s'était levé et s'était approché d'elle, la surplombant. Elle connaissait déjà ses paroles...

" Tu as écris à la Roide.Tu lui as mandé de venir défaire ce que j'avais fais. Pour ton audace, tu vas payer. Demain à l'aube, tu iras à l'orée du bois. Ayoub te fouettera dix fois. Si tu cries , je te fouetterai dix fois de plus. Et si tu te plains à l'Anaon, ou si tu révèles encore le moindre détail que je voudrais voir rester secret, je ne serai pas aussi clément qu'avec Nyam."

L'Iris releva la tête, son regard l'implorant. Alors il avait menti ? La Roide s'était faite berner, elle aussi ? Mais quelle femme serait capable de lui résister ? Aucune. Surtout pas elle...

Mais... Judas...

"Maintenant, sors d'ici."

L'ordre est donné, comme un premier coup de fouet. Et à la Soumise de baisser la tête, murmurant un "bien Judas" aussi minable que sa propre vie. Il ne la regardera plus, c'était indéniable. A cet instant précis, elle savait que plus jamais elle ne revivrait leur début, lorsqu'il n'y avait qu'eux. Jamais. Elle tourne alors les pas et sort, laissant de nouvelles larmes couler sur son visage... Qu'allait-elle pouvoir dire à l'Anaon ? Elle ne ferait plus la même erreur, au risque de perdre le Déchu à tout jamais. Elle a compris la leçon. De retour dans la chambre de la Frêle, l'Iris se rapproche du lit.

Veux-tu que je la soigne ? Ou que je t'aide ?

Une demande en cachant une autre... Elle voulait rester, elle avait besoin d'être avec elles deux. Anaon était devenue, grâce à cette aide, comme une bouée de sauvetage. Et même si elles n'étaient pas amies, ou complices, au moins l'Iris se sentira moins seule. Car elle devait l'avouer, la Solitude l'avait gagné depuis longtemps ; aujourd'hui il fallait qu'elles se soutiennent.


Écrit avec l'accord de Judas.
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Anaon
    Dans le silence seulement cadencé par les murmures incessant de la Roide, la voix éclot, fragile et tremblotante sur un mot. Sur un seule petit mot. Le sang se prend une claque tandis que le cœur se resserre. Un nœud dans la gorge. Un mot. Un simple mot pour résumer la Roide. Ce qu'elle a été. Ce qui l'a brisé. Ce qui la tuera. Soulagement qui s'exprime dans un soupir et le visage se détache alors doucement de l'oreille attentive.

    _ Je suis là...

    Délicats, les doigts viennent chasser les larmes qui emperlent les joues blanches. L'attention se porte alors vivement sur tout ce que lui a apporté Iris. L'Anaon ne traine plus. Le manteau est ôté et abandonné dans un coin. Les manches de sa chemise sont remontées sur ses coudes puis elle vient ramasser sur son crâne ces cheveux dans un chignon rapide, les coinçant avec les deux longues tresses qui pendent contre son oreille. Ses mains sont lavées puis elle attrape un linge qu'elle vient mouiller.

    Grimace. Ce n'est pas une partie de plaisir qui attend la Frêle, mais la Roide fera de son mieux pour se faire la plus douce. Le drap est repoussé et un bref regard parcoure la silhouette avant de la faire rouler avec précaution sur le côté. Le dos est dégagé. C'est pleine de compassion qu'elle observe les stries qui barrent les chairs de celle qui fut innocente. Un air de déjà vu. De déjà vécu surtout. Les dents se serrent, les yeux se ferment un instant alors qu'elle épanche un soupir crispé. Oh Judas... Mais qui est-elle, la Roide, pour blâmer ceux qui frappent? Elle qui loue ses armes et ses talents macabres pour quelque sous. Se serait bien là l'hospice qui se foutrait de la charité. Ainsi elle ne laisse mûrir dans sa tête aucun reproche, aucune rancœur. L'esprit bloque toute image, jusqu'au visage même de Judas pour rester pleinement concentré sur la tâche à venir.

    Elle commence alors doucement à nettoyer les plaies de la frêle. La main se retire vivement quand un cri vient déchirer l'air. Sursaut. Nouvelle crispation. Je sais Nyam, je sais.... La Roide reprend pourtant avec tout le doigté qui lui est possible d'avoir, cherchant à tamponner plus qu'à frotter pour épargner la blonde le plus possible. A chaque nouveau passage du linge qui se teinte de carmin, la voix rassure, murmure. Première tâche accomplie, l'ainée vient recoucher doucement Nyam, craignant qu'elle hurle encore au premier contact des stigmates sur le drap. Désolé, mais je suis obligé....

    Le linge est rincé, puis l'Anaon revient sur le corps de la Frêle. Doucement, elle s'affaire à lui laver le visage. C'est alors que les doigts s'agrippent à sa chemise et que l'impensable franchit les lèvres pâles, suspendant le geste de la mercenaire. L'immobilité est éphémère. Bien vite elle reprend, naturellement, un sourire des plus doux venant courber ses lèvres. Maternelle, elle s'adresse à la blonde... comme s'il en s'agissait d'une autre.

    _ Tu sais bien que je ne peux pas, ma c'hariadez*... Tu sais bien que si tu meurs, je mourrais aussi. Maintenant tu n'es plus toute seule. Tu dois vivre pour moi... Comme je l'ai fais pour toi.

    Les doigts de la balafrée viennent doucement se mêler à ceux serrés sur sa chemise. Lentement, elle les défait comme un "arrête donc de dire des bêtises" puis elle les embrasse doucement. De l'autre main elle continue d'épongée le visage stigmatisé.

    C'est alors que la porte s'ouvre de nouveau sur la Soumise, accrochant dans son entrée le regard de la Roide nimbé d'appréhension. Un "Alors?" muet auquel la jeune femme semble ne pas vouloir donner de réponse. Les azurites ne la lâchent pas pour autant quand elle la questionne s'approchant de la couche. Elle cherche la moindre trace, un bleu, le signe d'une claque, mais elle ne voit que le sillage brillant de larmes qui ont marqués ses joues. Le regard se fait plus insistant encore. L'égoïste professionnelle prend aujourd'hui des airs de bonne samaritaine. Belle ironie.

    Abandonnant l'affaire - pour l'heure -, l'Anaon lui tend le linge.

    _ Je vais préparer l'onguent. Nettoie ses plaies, j'ai fais le dos. Donne lui une toilette sommaire aussi. Et prie ton Dieu, moi j'en suis incapable

    Païenne un jour, Païenne toujours. Ces tortures qu'on lui a infligé pour cause d'hérésie ont renforcé ses croyances au lieu de les détruire. On embrasse jamais la main qui frappe en même temps. Du moins, normalement... Ses doigts quittent ceux de Nyam, la laissant au bon soin de la Soumise.

    A l'Anaon de mettre les mains dans la pâte. L'argile est mélangée au miel et s'y rajoute un peu de vinaigre. Les doigts s'affaire à en faire une pâte épaisse puis l'huile est rajouter. Le visage de la balafrée se fait sérieux alors qu'elle exécute ces geste maintes et maintes fois répétés. Le regard se détache de son bol un instant pour aller trouver l'Iris et surveille du coin de l'oeil ce qui se passe dans son dos.

    _ Il faudra l'assoir, quand tu auras finis que je puisse soigner son dos.

    Les azurites retournent à sa pâte quand elle la trouve suffisamment onctueuse puis goutte à goutte, la mercenaire vient lui mêler l'élixir de Saule. Dans l'esprit de la païenne, une prière fuse. Diancecht* cela va faire bien longtemps que je ne t'ai plus imploré....


*Breton: Ma chérie
Dieux de la médecine dans la mythologie celtique irlandaise.

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Iris.
Le regard de la Roide la déstabilise. L'humiliation est encore plus douloureuse, encore, lorsqu'il faut cacher les pires supplices à ceux qui veulent seulement nous aider. Mais, pourtant, la Soumise se tait, joue le rôle que lui a confié le Déchu avec une perfection étonnante. Elle sourit à l'Anaon, tant bien que mal, pour qu'elle n'insiste pas, pour qu'elle ne questionne pas. Crois-moi tant que tu peux, Anaon, même si derrière je souffre et si je ne dis pas que, moi aussi, j'ai besoin de ton aide.

Les demandes sont entendues, le linge est récupéré. La Roide devient alors un phare vers lequel se tourner ; parce qu'elle sait, elle, ce qu'il faut faire. Et puis, elle voit bien la façon dont elle regarde la Frêle, avec tendresse, ce qui fait d'elle une femme encore plus forte encore. Elle inspirait confiance, la Roide, simplement. Alors l'Iris la regarde, soulagée, presque souriante.


Merci, Anaon.

Simple mot, mais qui signifiait tant pour la Soumise. Merci d'être venue, merci de tenir tête à Judas alors que moi-même je ne le peux, merci de l'aider, merci de nous aider. Puis, enfin, l'Iris se retourne vers Nyam pour lui nettoyer les plaies encore saignantes avec toute la délicatesse dont elle était capable. La douceur, au moins, elle savait donner l'Iris, car elle ne connaissait que ça. Douceur, tendresse, amour... Elle ne connaissait pas d'autres sentiments. Alors la peau est soignée avec légèreté alors que les lèvres viennent une nouvelle fois déposer un baiser sur le front de la Frêle.

Tu vas voir, ma toute belle, tout va aller mieux, maintenant. Tout va rentrer dans l'ordre.

Du moins, elle le croyait sincèrement. L'Iris prit alors un nouveau linge et fit la toilette de la jeune frêle en priant silencieusement, pour Nyam. Prier pour qu'elle aille mieux, pour qu'elle s'en sorte. Prier pour une vie meilleure. Elle en avait presque oublié les sanctions du lendemain matin, ce n'était qu'un détail insignifiant pour l'instant. La toilette terminée, l'Iris redressa Nyam, toujours avec la même délicatesse avant de se tourner vers Anaon.

Voilà.
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Anaon
    Signal d'Iris. L'Anaon se retourne et ses mains viennent s'essuyer sur un linge blanc avant de saisir bol et bandages. La mercenaire va prendre place derrière le dos de la frêle et d'une grimace, elle avise les longs cheveux blonds. L'idée fugace de les lui couper pour plus de pratique lui vient. Fugace seulement. Elle se souvient de sa propre convalescence et de ce jour ou elle a affronté de nouveau le miroir. L'image de la balafre surtout, mais aussi celle de ses cheveux qui avant chutaient sur ses reins. Ce jour-là ils lui frôlaient à peine le cou. Futile peut être, mais pour une femme pas tellement. Il n'y a bien qu'au sorcière que l'on inflige pareille dommage. Au "soit distante" sorcière surtout. L'idée s'oublie bien vite. Rapidement, elle tresse les filins platines avant de les tendre à Iris. Le dos martyrisé est alors pleinement dégagé.

    Des stries se sont réouvertes épanchant leur sève vermeille. L'azur s'accroche dans le carmin. La senestre vient alors s'y appuyer, linge blanc sous la paume. De l'autre, elle cherche l'onguent qu'elle applique avec soin sur la peau malmenée. D'une délicatesse sans faille, la femme guète pourtant le moindre sursaut, le moindre frisson sous ses doigts. Le toucher se fait plus appuyé, parfois plus volage sur les chairs qu'elle essaie d'épargner le plus possible. Aucune plaie ne semble nécessité qu'on la recouse, à son grand soulagement. Il y a pourtant cher à parier que Nyam en garde des traces toute sa vie.

    C'est avec application que le dos est recouvert de l'emplâtre verdâtre. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il tienne ses promesses de cicatrisation. Et peu à peu, le torse de l'adolescente disparaît sous les bandages. Les bras trouvent grâce sous les doigts guérisseurs puis sa tâche achevée, la mercenaire s'écarte d'Iris et Nyam. Un regard circulaire et elle avise une malle dans laquelle elle va fouiller pour extraire une chainse propre. Enjambées rapides et elle se rapproche du lit.

    _ Aide-moi à lui passer, Iris.

    Et c'est à quatre mains que le corps aux féminités naissantes disparaît sous le lin blanc. Un bras passe alors sous les genoux de la Frêle alors que l'autre enlace son dos avec précaution.

    _ Je vais la prendre. Change son lit s'il te plait, coussins, couverture tout.... je ne veux pas qu'elle dorme dans ces draps-là...

    Pas là où s'est joué l'infâme. Le corps est soulevée de la couche et l'Anaon croit tenir dans ses mains une poupée de cristal. Prête à se briser au moindre mouvement brusque. Le séant va trouver le siège d'un tabouret et les jambes supportent le poids plume de la Frêle. La joue de la balafrée vient s'appuyer contre la tête blonde qu'elle a niché dans son cou.

    _ Courage, ma c'hariardez*... C'est bientôt terminé...

    Elle attendra que la Soumise est terminée pour recoucher Nyam. Une main s'aventure sur la joue juvénile en une tendre caresse. Frisson dans le cœur. Instant de douceur qui la trouble une fois encore. A la fois gênante et rassurante. Tout se mélange de nouveau dans l'esprit de l'Anaon...

    N'est-elle rien d'autre qu'une main de velours dans un gant de fer?


*Breton: Ma chérie
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Nyam
Battre la campagne... L'esprit de la Frêle remplissait cette métaphore à merveille. Encore que c'était préferable, ainsi elle ne garderait que peu de souvenir de la douleur qu'elle ressentit lors des soins... Enfin soins... Pour elle, c'était pire que la douleur ephémèrement accentuée par le passage du Déchu pour la ravager un peu plus.. Car c'était une douleur qui persistait, qui durait... Et qui surtout, allait se répéter.

La toilette fut une torture, le linge passant sur ses plaies à vifs et sur ses chaires meurtris lui arrachait des gemissements, car elle n'avait plus la force de faire autre chose. Elle était si fine avant, maintenant elle était devenue maigre, retournant à un état de malnutrition pire que celui dans lequel elle était avant son arrivée à Petit Bolchen. Sa peau si blanche était de toutes les couleurs, les hématomes n'ayant pas épargnés un seul endroit. Et quand il fallut la laver en bas, lui oter toute trace de sang ou de fluide séchés laissés apres les passage de Judas e qu'elle n'avait pu enleve elle-même, elle poussa un cri de supplice et de terreur. Mais rien d'autre... Là encore, elle se laissa faire...

La toilette terminée, l'Iris la fit assoire, la soutenant tant les forces de Nyam était inexistante. Si elle avait pu, l'adolescente aurait supplier qu'on la laissa en paix... Quelqu'un lui tressa les cheveux, épargnant ses longues mèches d'or blanc. Anaon vint avec son emplatre, et le contact avec cette argile medicinale la mit au supplice, épuisée, elle ne pouvait même plus gémir, se contentant de respirer par sacade. Elle perdit même connaissance un instant quand le premier tour du bandage enferma sa poitrine, tant le contact en était insupportable. Mais bientôt, l'emplatre commença à faire effet et une douce fraicheur se répendit dans son dos meurtris. L'absence de douleur la surprit, la faisant emerger de ses limbes.

Nyam écouta la Roide donner ses ordres, alors même que la fièvre l'empechait de reflechir et la maintenait dans son délire. Elle comprit néanmoins pour le lit et se mit à trembler. Non... Elle ne voulait pas retourner sur sa table de torture... Mais pas le temps d'exprimer sa peur... L'Anaon la prit dans ses bras, la blotissant contre elle comme onnle fait d'un enfant malade. S'apaisant, Nyam se reposa complètement contre elle, laissant son esprit divaguer sans logique entre souvenir et imaginaire, réalité et délire. Le regard d'azur se leva vers le visage de son sauveur, sa mère encore à ses yeux. Et d'une voix murmurante, à peine plus qu'un souffle...


Il va revenir si tu me laisses ici... Il va revenir et me faire du mal encore Maman... Ne le laisse pas faire... Emporte-moi plutôt chez les Anges... J'y serai avec le petit Frère... Le bébé d'Anaon... Il m'attend tu sais.. Il sera heureux que je joue ave lui... Ne me laisse pas ici...

Et les paupières se refermer d'épuisement, voilant les premieres larmes qui roulèrent sur les joues livides.
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*Frédéric Régent, Historien
Iris.
La Nyam est soignée avec une délicatesse maternelle. L'Iris, elle, garde la Frêle dans ses bras en attendant que ses plaies soient bandées. La douceur de la Roie la surprend ; jamais elle ne l'a vu aussi tendre. Elle avait eu vent du "lien" qui l'unissait avec la Poupée mais ne pensait pas qu'elles étaient si proches. A en être légèrement envieuse. Sa mère, à elle, n'avait jamais eu ces gestes-là, avec elle, ne lui avait jamais donné d'amour. Alors, pendant quelques secondes -pendant lesquelles elle aida la sauveuse à passer le linge à la Frêle- la Soumise s'imagina aussi proche avec l'Anaon et Nyam, avant de se demander si cela allait être possible un jour...

"_ Je vais la prendre. Change son lit s'il te plait, coussins, couverture tout.... je ne veux pas qu'elle dorme dans ces draps-là... "

Retour à la réalité. La Frêle est levée et posée sur les genoux d'Anaon, assise. Le temps pour elle d'agir. Les draps sont retirés, mis en boule et lancés dans un coin pour être brulés. Comme un feu de joie pour bruler les horreurs commises pas le Déchu.

Le Déchu... Elle n'en revenait toujours pas. Jamais Iris n'aurait pu l'imaginer faire de telles choses, même si elle lui en pardonnait déjà beaucoup. Alors que faire à présent ? Lui pardonner à nouveau ? Fermer les yeux ? Ou lui en vouloir à tout jamais... Devenir une ombre sans âme et sans amour pour l'Homme qui l'avait sauvé. Mais le pouvait-elle, simplement ?

Des draps propres sont récupérés dans le placard et posés dans le lit à présent comme neuf. Tous les malheurs avaient été effacés en quelques minutes. Du moins, en apparence. L'Iris se tourna vers Anaon et Nyam, puis fut touchée par ce qu'elle vit... Non, Nyam n'oubliera jamais. Mais, au moins, elle avait quelqu'un pour la protéger à présent. Une mère.


Voilà. Je... Je te laisse t'en occuper...

Puis elle s'éloigna, se posta près de la porte et se tourna à nouveau pour regarder ces moments d'amour entre les deux jeunes femmes. Au moins, elle pouvait le vivre de loin.
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Anaon
    Chacune prise dans leur folie. L'une divague sous la fièvre, l'autre débloque yeux grands ouvert. Une mère et une enfant. Chacune essuie une perte passée qu'elles comblent dans un instant de tendresse deraisonnée. Souffle d'une voix dans son cou. Les murmures la poignardent en plein cœur. Encore. La femme doit se faire violence pour ne pas se crisper sur la frêle silhouette qu'elle tient en ses bras. Si les premiers mots la troublent de plus bel, les suivant la ramènent brutalement à un semblant de réalité. Le bébé d'Anaon. Le regard se ferme, la salive passe mal. Un petit frère? Nyam avait tout vu ce jour. Oui, c'est un fils qu'Anaon a perdu sur les routes du Berry. Une révélation... mais où commence la folie, où prend fin la raison? Si l'Anaon a été brassé par cet avortement, Nyam semble en avoir été tout aussi traumatisée.

    Les dents sont serrées, les mains tremblent et rien n'arrive à passer la barrières de ses nacres. J'ai tué mon fils, Nyam, de l'avoir trop méprisé avant même qu'il vive. Toi, je ne te laisserais jamais partir. La voix d'Iris la tire subitement de son mutisme et c'est un regard surpris qui se pose sur la Soumise. Déjà? Elle l'abandonne si tôt? Les lèvres s'entrouvrent, mais bien vite elle se ravise. La balafrée est là depuis une heure tout au plus. Iris, elle, subit tout çà depuis des jours surement, des semaines. Deux mois peut être. Ses nuits n'ont pas dû être des plus reposantes. Les lèvres de la balafrée se courbent en un sourire des plus doux.

    _ Reposes-toi Iris.... Je vais essayer de la faire manger puis je la veillerais. Si tu as besoin de moi, n'hésite pas... Tu sais où me trouver.

    Si l'Anaon vouait aux gens de Petit Bolchen une indifférence sans faille, elle risque de porter sur Iris un regard tout autre dans les jours à venir. Pour l'heure, elle la laisse au repos qu'elle mérite. Avec précaution la mercenaire se relève pour aller poser Nyam sur son lit. Les oreillers sont placés de façon la plus confortable pour sa protégée. Le drap est remonté sur les jambes de la Frêle puis l'attention de la mercenaire se porte sur la plateau de nourriture. Elle remplit un verre d'eau dans lequel elle mêle quelque goutte d'élixir de Chêne apporté par Iris. Son dévolu se porte ensuite sur un bout de viande tendre qu'elle vient déchiqueter entre ses doigts. Un bras droit se coule derrière les épaules de Nyam pour la soutenir, l'autre s'approche doucement de ses lèvres.

    _ Un jour Nyam, nous irons voir les Anges... Ensemble. Un jour, ma chérie, mais pas aujourd'hui. Il faut que tu manges et que tu boive... Ensuite tu dormiras. Je resterais tout près de toi, ma c'halonig*. Je resterais là et Il ne reviendra pas. Plus... Jamais.

*Breton: Mon petit coeur
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