Judas
J'ai battu ta monture. Oui, mais. Elle a failli t'arracher à moi, sottement. J'ai cru bien faire, j'ai fait ce qu'il y avait à faire.
J'ai été aux abonnés absents quand tu as perdu l'enfant. Oui, mais. Tu m'es apparue grosse d'un autre, j'ai cru mourir de colère, pourtant je n'ai rien dit. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
J'ai laissé ta lettre sans réponse. Oui, mais. Elle était un si dur affront, j'ai cru qu'elle me brulait les doigts. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
Je t'ai remplacée par mille fois quand tu es partie. Oui, mais. Tu as embrassé de trop ta cher liberté, celle que jamais je ne te volerai, j'ai cru t'avoir perdue. J'ai essayé en vain de faire ce qu'il y avait à faire.
J'ai vandalisé celle à laquelle tu t'es attachée. Oui, mais. Elle t'inspirait affection, et moi défection. J'ai cru la tuer de jalousie. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
Est venu un jour, tu m'as laissé sans voix, sans toi, sans rien. Là sur le bas côté. Tellement lointain que je ne sais quand tout a commencé, quand tout s'est terminé. Sans voix, sans rien que du sable entre mes mains, que des marées d'écume.
Je crois qu'un jour, là comme un vieux seigneur saignant tu me laisseras en croix éclaté de lumière. Avant que tu m'enterres, laisse moi prendre les devant! Ne sois pas si cruelle. Quand l'eau n'est plus fraîche; trop de sang dans l'écume. Dans tes marées d'écume.
Son geste lui arrache un grognement de colère, L'Anaon souffle sur les braises. Impulsivement il se retourne, laissant la cape s'enrouler autour de lui, encore froissée dans la paume serrée de la Roide. Elle l'aurait touché d'un tison brûlant que l'effet n'en serait pas moins douloureux. Contact supplice, contact redouté. Il est étrange de voir comment l'on fuit ce dont on a tant manqué, par crainte de ne plus pouvoir s'en passer. Crainte de s'y retrouver. Les yeux se rencontrent, il y a des couteaux dans les regards.
Tu crois pouvoir disparaitre et revenir un beau jour en faisant justice, chez moi?!
Judas attrape cette bouche qui blesse, pince entre ses doigts les joues stigmatisées avec rage. Trop tard, Anaon a foutu un coup de talon dans la digue, tout fout le camps. Le sang froid s'est fait la malle, la rancune lui suinte des tempes, l'égo a mal. Sa voix cassée fait silencieuse certaines de ses notes tant elle s'éprouve de seulement s'adresser à Elle, elle déraille. Lui aussi.
Dis, c'est ce que tu crois?
Il la repousse par ce visage qu'il a trop refait dans sa tête, lorsqu'il la perdait les nuits sans elle. Ce visage qu'il tient si près du sien qu'il voudrait le mordre pour en arracher l'essence. L'haleine de feue l'amante ravive des images dont il voudrait se passer, si seulement il le pouvait. Putain de toi, Anaon. Favorite, tant de douleur que je ne t'ai jamais dite! Trop tard, elle l'a touché, ça lui a claqué dans le sang comme un bon coup de badine. Le corps d'homme se heurte à celui soudain si fragile de l'adversaire, la main tremble tout son or contre cette tête qu'il se verrait bien éclater entre ses doigts. La fragilité d'une carrure de femme ne sera jamais mieux révélée qu'entre les mains d'un homme blessé. Il lui fait mal, peut-être, qu'importe rien ne sera plus cuisant que l'affront qu'elle lui fait en revenant pour une esclave.
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" Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles "
J'ai été aux abonnés absents quand tu as perdu l'enfant. Oui, mais. Tu m'es apparue grosse d'un autre, j'ai cru mourir de colère, pourtant je n'ai rien dit. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
J'ai laissé ta lettre sans réponse. Oui, mais. Elle était un si dur affront, j'ai cru qu'elle me brulait les doigts. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
Je t'ai remplacée par mille fois quand tu es partie. Oui, mais. Tu as embrassé de trop ta cher liberté, celle que jamais je ne te volerai, j'ai cru t'avoir perdue. J'ai essayé en vain de faire ce qu'il y avait à faire.
J'ai vandalisé celle à laquelle tu t'es attachée. Oui, mais. Elle t'inspirait affection, et moi défection. J'ai cru la tuer de jalousie. J'ai fait ce qu'il y avait à faire.
- Mais les plaies de l'animal se sont refermées, la sale beste est toujours aussi farouche!
L'engeance s'en est allée, et tout ce qui te retenait avec, j'suis resté sur la touche.
A défaut de ta présence, tes mots m'ont réchauffé un peu lorsque je les ai jetés au feu.
Moi et mes passagères, plus que toi en trouverais-je un jour une qui m'émeut?
La Frêle vit encore, elle me pardonnera; sur son corps le bleu de ses yeux.
Est venu un jour, tu m'as laissé sans voix, sans toi, sans rien. Là sur le bas côté. Tellement lointain que je ne sais quand tout a commencé, quand tout s'est terminé. Sans voix, sans rien que du sable entre mes mains, que des marées d'écume.
Je crois qu'un jour, là comme un vieux seigneur saignant tu me laisseras en croix éclaté de lumière. Avant que tu m'enterres, laisse moi prendre les devant! Ne sois pas si cruelle. Quand l'eau n'est plus fraîche; trop de sang dans l'écume. Dans tes marées d'écume.
Son geste lui arrache un grognement de colère, L'Anaon souffle sur les braises. Impulsivement il se retourne, laissant la cape s'enrouler autour de lui, encore froissée dans la paume serrée de la Roide. Elle l'aurait touché d'un tison brûlant que l'effet n'en serait pas moins douloureux. Contact supplice, contact redouté. Il est étrange de voir comment l'on fuit ce dont on a tant manqué, par crainte de ne plus pouvoir s'en passer. Crainte de s'y retrouver. Les yeux se rencontrent, il y a des couteaux dans les regards.
Tu crois pouvoir disparaitre et revenir un beau jour en faisant justice, chez moi?!
Judas attrape cette bouche qui blesse, pince entre ses doigts les joues stigmatisées avec rage. Trop tard, Anaon a foutu un coup de talon dans la digue, tout fout le camps. Le sang froid s'est fait la malle, la rancune lui suinte des tempes, l'égo a mal. Sa voix cassée fait silencieuse certaines de ses notes tant elle s'éprouve de seulement s'adresser à Elle, elle déraille. Lui aussi.
Dis, c'est ce que tu crois?
Il la repousse par ce visage qu'il a trop refait dans sa tête, lorsqu'il la perdait les nuits sans elle. Ce visage qu'il tient si près du sien qu'il voudrait le mordre pour en arracher l'essence. L'haleine de feue l'amante ravive des images dont il voudrait se passer, si seulement il le pouvait. Putain de toi, Anaon. Favorite, tant de douleur que je ne t'ai jamais dite! Trop tard, elle l'a touché, ça lui a claqué dans le sang comme un bon coup de badine. Le corps d'homme se heurte à celui soudain si fragile de l'adversaire, la main tremble tout son or contre cette tête qu'il se verrait bien éclater entre ses doigts. La fragilité d'une carrure de femme ne sera jamais mieux révélée qu'entre les mains d'un homme blessé. Il lui fait mal, peut-être, qu'importe rien ne sera plus cuisant que l'affront qu'elle lui fait en revenant pour une esclave.
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" Nous sommes les folles plumes des inspirations sans règles "