--Dazibaan
Eh voilà! Encore! Il s'était encroûté en cherchant la facilité dans les patelins qu'il traversait. Fallait croire qu'il avait trop pris l'habitude des gens nullement méfiants des villages où tout le monde se connaissait. Vrai que sur le coup, il avait oublié où il se trouvait. Pas faute d'être resté sur ses gardes tout le long de son escapade dans les venelles... En même temps qui aurait cru qu'une donzelle chercherait à s'en prendre à un homme...
Si la lame vint jouer contre son torse, au travers du tissu qui le recouvrait, de la main il ne manqua pas saisir le poignet qui le menaçait et dévisagea l'inconnue. S'il fut surpris, cela se vit! Il avait toujours eu du mal à cacher ce qu'il pouvait ressentir. Pour le coup, trouver une fleur pareille dans ce dédale d'immondices, c'était... Il ne savait qu'en penser à vrai dire. Surpris oui. Et l'accent du Sud du Royaume pour couronner le tout, pour sûr, elle devait être aussi paumée que lui, ou à la recherche de quelque chose de pas clair. Ce parfum, cette odeur... Les sourcils se froncèrent l'espace d'un instant, mais il n'oubliait nullement cette lame contre son cur. Fallait bien dire qu'il y tenait, même s'il s'était dévoué pour accompagner une jeune femme chez les tarés masqués.
Et toi qui t'es? Tu sembles pas ribaude et pourtant y a bien qu'elles pour se trimballer dehors à pareille heure, dans c't'endroit.
Les billes sombres se promenaient sans gêne aucune sur la jeune femme, détaillant, scrutant, et sur son visage, un sourire en coin s'étira doucement. Alalala toutes inconscientes ces donzelles. Heureusement qu'elle était tombée sur lui, à qui il restait quelques valeurs et notions de savoir vivre... Tout voleur qu'il était... Oh il ne la lâchait pas pour autant. Très tactile, il appréciait le contact, et celui d'une jeune femme pareille, il n'allait pas bouder son plaisir. Puis finalement, pourquoi le cacher?
Dazibaan.
La main tenant le poignet menaçant se resserra doucement, étreinte doucereuse mais qui ne manquait pas de force. Le jeune homme, nullement craintif -un homme avoir peur d'une nenette, z'avez déjà vu ça franchement? Au pire, méfiant- se pencha sur la brune, tous proches qu'ils étaient. Son souffle chaud à l'oreille, il allait lui murmurer quelque chose au sujet de lame, de sang, de mort, de sacrifice ou autre, paroles toutes plus dramatiques les unes que les autres, pour lui qui en faisait toujours trop, mais on ne lui en laissa pas le temps. Surpris, le châtain au catogan fit un mauvais geste qui le fit se piquer à la pointe qui le menaçait toujours.
Rhaa mais bordel!
Grimaçant Daz chercha les dégâts avant de relever la tête vers celui qui venait de beugler et celui qui l'accompagnait. Ces deux zouaves avait rompu le... charme? Lil avisé, il ne rata pas les armes portées, les chevaux, forcément et les cuirasses. Là encore, il fut surpris, mais pas dans le bon sens. La garde? Dans ces venelles? Qui? Son regard passait de l'un à l'autre pendant qu'il cherchait rapidement quelque chose.
Qui est étranger ici? Les pécores paumés dans les rues? Ou ceux qu'ont le cul bien posé sur leurs canassons? On n'a pas b'soin de vous ici.
De sa main libre, il vint appuyer doucement sur les chairs entaillées par la faute de ces deux gus. Pas vraiment douloureux, mais un picotement désagréable... Et un geste du menton leur signifia qu'ils n'étaient pas les bienvenus dans la rue. Dire qu'il voulait juste trouver son chemin. Un geste du menton pour leur signifier qu'il ne ferait rien de leurs ordres et il revint à la brune, tout en guettant tout de même les gardes.
Tu crains rien d'moi. Avec eux, c'est d'jà moins sûr.