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[RP Fermé] Beau comme un enfant, fort comme un homme

Gabrielle_blackney
[Deux, trois mots d'une prière?
Ou plutôt rien et se taire
Comme un cadeau qu'on savoure
Qu'a-t-elle fait?
(…)
Qu'est-ce qu'on peut bien faire
Après ça?*]


Redescendre. Cette chute toujours vertigineuse quand l’esprit rejoint le corps encore tremblant. Un dernier soupir, un dernier soubresaut et c’est fini. Il ne reste plus rien déjà. Plus rien ? Il reste ton corps contre le mien, ta main dans mes cheveux, tes lèvres sur mon cou. Toi et moi nous savons que c’est fini. Nous n’avons pas eu de passé, nous n’aurons pas d’avenir et notre présent se dissoud avec nos derniers soupirs de plaisir. Nous n’aurons pas eu le temps de nous connaître que déjà la morale nous sépare, que la bienséance de notre société et de notre époque nous entraine loin l’un de l’autre. Une histoire déjà condamnée avant même d’avoir commencée.
Rien, nous n’aurons rien, mais reste un peu comme ça contre moi. Toi qui est si violent dans l’étreinte, je te découvre doux et presque tendre dans l’après. Ta main glisse sur moi, je ne dis rien et je te regarde; quand le temps est trop court, on profite de l’infime, du rien. Je tressaillis légèrement quand ta main se perd dans mes cheveux, geste intime que tu devrais réserver à une autre mais que tu m’offres à moi, comme un merci silencieux.
Ta main, ton souffle, toi contre moi, quelques minutes de mensonge, une apparence de normalité, je pourrais presque y croire. Mais nous savons toi et moi que ce n’est qu’illusion. Et pourtant tu restes. Ta main sur ma hanche. Je la saisis, pour une minute seulement - nous ne sommes pas de ceux qui se donnent la main - je la garde un peu dans la mienne, lien ténu qui nous relie encore.

Je sens que ton esprit est agité mais je ne sais pas bien ce qui le trouble à ce point. Ca n’est pas moi, tu ne me connais pas, et tu me détestes, tu me l’as dit. Moi aussi, je te déteste, enfin, non, pas vraiment mais je t’en veux, un peu. Ma vie était belle et simple avant, je crois, et soudain un bloc d’abîme**. Toi.
Et toi, à quoi tu penses, qu’est-ce qui te hante derrière tes yeux clôts ? Tu regrettes peut-être ? Ou alors tu penses à ta fiancée ? Tu m’en veux certainement. Ou tu m’en voudras bientôt.
Quelle importance, nous n’aurons pas de futur, alors tu peux bien me détester ou m’en vouloir, pour ce que ça m’importe. Je garde ta main sous la mienne tant que je le peux, mon autre main passe dans tes cheveux, sur ta nuque, ton épaule. Tu es beau, Enzo. Mais ça non plus, ça n’a plus d’importance.
Je pourrais presque être triste de ce que nous ne connaitrons pas, de ce qui ne sera jamais à nous, j’aurais aimé te parler, te connaître. Vraiment. Mais je ne suis pas triste, pas vraiment. Un peu de vague à l’âme peut-être. La fatigue, la retombée des sens, je ne sais pas.
Je te délie. Mes mains te quittent et vont se plaquer sur le mur.

Et tu me regardes. J’aimerais comprendre ce que tu caches derrière ton regard vert. Ou pas. Je préfère ne rien savoir que d’imaginer que ça n’a eu aucune importance pour toi, ne rien savoir plutôt que tu me dises que je ne suis qu’une parmi tant d’autres, qu’une catin gratuite, qu’une fille facile. Non, je préfère ne rien savoir. Tu me regardes et je te souris. Tu remontes tes braies et tu m’embrasses, un baiser léger et doux. Nos corps se sont connus bien plus intimement, mais c’est de ce baiser dont j’ai envie de me souvenir, j’ose croire qu’il n’est que pour moi, qu’il est ton vrai don de toi, qu’il vient de l’âme. Baiser léger mais troublant.
Tu es là, à me regarder, je ne suis pas encore vraiment rassasiée de toi, si tu étais un autre, je t’emmènerais sur ma couche et nous danserions de nouveau notre valse décadente. Mais on ne peut pas. C’est fini. Il ne reste plus rien déjà.
Mes mains voudraient te toucher, t’agripper, te retenir mais il ne faut pas. Alors, sagement, elles s’occupent en relaçant tes braies, comme elles les ont délacées un peu plus tôt.
Pars Enzo.
Pars, laisse-moi. Je vais rester seule, il ne me restera rien de toi que ce qui coule entre mes jambes, symbole de vie qui amènera notre déchéance.

Qu'est-ce qu'on peut bien faire après ça?
La cigarette n'existe pas encore, sinon je crois bien que j'en aurais grillé une.
Un verre. Voilà, c'est ça, j'ai besoin d'un verre. Un alcool fort, n'importe lequel. What else?***


Enzo...

Si tu savais comme j’aurais eu envie que tu restes.


*Jean-Jacques Goldman (oui, oui, un jour je reviendrai à la citation qui claque, en attendant, le Top 50 est mon ami)
**Inspirée du titre "Soudain, un bloc d'abîme, Sade" d'Annie le Brun
*** Quoi d'autre? Georges Clooney (nan je déconne)

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IN NOMINE PATER

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