Theobaldus
Mais voilà qu'un visage s'ouvre petit à petit, accordant au vagabond un sourire qui le réchauffa, dans la solitude de sa pauvreté.
Si ce jeune homme aux traits gracieux avait l'audace du verbe, celle de l'action était encore bien trop soumises à quelques peurs d'une enfance encore trop proche.
Aussi ne put-il réponde que par un sourire, d'une parfaite éloquence qui dénonçait autant sa gêne qu'il louait la grâce que représentait ce sourire. Il ne put que murmurer ce vers, tout bas :
- Au printemps cupidon fait flèche de tout bois...
Et laissa passer cette grâce dont la charité se limiterait à un sourire, et à quelques fantasmes qui illumineraient ses nuits de froid et de solitudes.
Theobaldus
Mais voilà que la belle insiste, ne semblant plus si pressée de passer son chemin. Theo se frotte les mains nerveusement, le sourire jadis invitant qui se fige en une crispation palpable. Puis de prendre son courage à deux mains pour réponde à celle dont l'âge est incertains :
-" Vos louages me touchent je vous assure,
et qu'un sourire j'ai fait naître à vos devantures,
demeure pour moi le plus magnifique des dons,
sur lequel je vous rendrais grâce de pouvoir mettre un nom.
Et si l'envie vous prends de me faire savoir,
pour que ce pain tant attendu tombe enfin des cieux,
touts les rouages et toutes les subtilité des arts,
qu'il faut connaitre pour finir ses jours heureux.
Madame je vous en serai toujours reconnaissant,
Tant ma vie est à ce jours sans avenir,
Moi l'oisillon de Gascogne tout juste devenu grand
Qui serait prêt à damné le Seigneur pour vous servir."
Il rougit, légèrement, cachant légèrement son visage sous son immense cape pour qu'elle ne le voit pas.
Theobaldus
-" Vous qui n'étiez presque plus qu'un souvenir
Voilà que vous m'offrez un aussi bon morceau,
Dont les notes peuvent se vanter de jouir,
D'autant de douceur que n'en a votre peau.
Et si la lourde tâche de me rendre savant,
A votre courage peur ne fait point,
Peut être pouvez vous en plus des évènements,
Me faire savoir quelque mots de latin ?"
Il afficha un sourire sincère, un peu malicieux qui montrait qu'il commençait de se détendre.
"Je laisserai alors où bon vous semblera,
Dieu diables ange et autres fantaisies,
Mais de grâce de ce vide délivrez moi,
Devisons où vous voulez pourvu que ce ne soit ici."
Puis sortant ses mains de sous sa cape et lui montrant le bout de ses doigts gelée.
"Bientôt il faudra qu'on me les amputassent,
Si je passe une nuit dans cette venelle encore,
Le destin dit que c'est les desseins réservés à ma classe,
J'aimerais lui prouver aujourd'hui qu'il à tord..."
L'exercice devenait plaisant, il était rare qu'on lui réponde en rime. Déjà il redoutait que le conversation ne cesse, que l'inconnue s'en retourne aux affaires de sa vie.
Theobaldus
- Je m'en voudrait d'avoir laisser,
par mes vers trop long ternir l'éclat,
que devait jadis avoir de si jolis doigts,
Vous m'en verriez bien attristé!.
Il baisse légèrement la tête, le regard fuyant. Il ressentit une légère honte de mendier ainsi à celle à qui il aurait préféré paraître plutôt prince que vagabond, afin que ses yeux altruiste et doux ait pour lui d'autres sentiments que la pitié, aussi douce fut-elle.
- Je suis tout disposé à vous suivre,
Même une piquette me serai festin,
vous avez déjà rendu mon coeur ivre,
L'esprit lui se contentera de vin.
Il ramassa les quelques piécettes qui traînaient dans sa bourse, au sol. Puis resserrant la ceinture en corde autour de sa taille, afin que sa trop longue toge tienne, il jeta un dernier regard à l'inconnue, sans rougir cette fois, un regard d'une gratitude extrême.
Theobaldus
Alors qu'il se baissait pour ramasser trois écus une grande ombre vint noircir ce tableau pourtant si blanc. Le bruit des bottes sur la glace ne présageait rien de bon aux garçons qui avait déjà été victime de la vindicte de quelque milice communal trop zélée. Le cheval lui était un signe de malheur.
Ne souhaitant point se trahir par ses vers, il laissa l'inconnue à l'intimidante prestance dire les quelques mots qui avaient motivés qu'il trouble son chemin.
Le vagabond n'osa pas même prendre la bougette qu'on lui avait jeté, avec le mépris qui était du à son rang.
Cette mise en garde bien théâtral n'eut point pour effet d'effrayer Théo de Cerdanne, bien au contraire, voilà qu'à la reconnaissance se mêlait l'intrigue, la curiosité de connaitre un nom, une histoire, d'enfin n'être plus cet enfant perdu parmi les clan de loup, mais de rejoindre lui aussi une tribu.
Lorsque le cavalier fut parti, il se jeta sur la bourse, une expression de joie sur le visage, puis loua tout bas le Seigneur de la charité dont avait fait preuve son oiseau de mauvaise augure.
Et enfin se tournant a nouveau vers l'inconnue, qui semblait rester coi devant la verve de l'incongru :
- Bien que pour vous ce drôle de sire,
N'a point usez d'un douce description,
Nous ne pouvons qu'en coeur applaudir,
La charité qu'il à joint à son accusation.
Car voilà que les rôles s'échangent,
si ma pauvreté d'alors vous à touchez,
Permettez que je jouisse de ma chance,
Et que je vous invite à dîner.
Il rougit, encore et encore.
Un léger sourire, il attache la bourse à sa ceinture en corde. Puis se tournant vers Satinea :
Dame vos obscures apocalypses me font peur,
pourquoi louez Dieu chaque jours si son éternité,
des même souffrance que la vie se voit être affublée ?
[b]Peut être pourriez vous venir avec nous,
Faire oraison de vin autant que de vers ?
Et m'en dire un peu plus sur ce dispensaire,
Où vous me dites être le bienvenu ?
Theobaldus
- Merci à vous brave messagère,
Gagez que je vienne en ce lieu saint,
et ô combien utile qu'est le dispensaire.
J'en retiens dont le chemin en mon sein, Il désigna sa tête du doigt.
Et compte y prendre bien tôt une litière.
Puis, lorsque la messagère, de bonne augure cette fois, s'en retourna à ces occupations, il posa à nouveau un regard indolent sur celle dont le nom lui était encore inconnu.
-Où dépenser ces écus fringuant ? jetant et rattrapant la bourse dans sa main.
Sanglier chevreuil, et cerf,
Et pourquoi pas un peu de faisans,
Agrémenté de quelques bières ?
Si d'une taverne vous avez vent,
Ou tels met de roi l'ont sert,
Faisons route dés maintenant
Quittons ce glacial enfer,
Qui de paradis office fit un instants,
et dont vous fûtes lofficière.
Un sourire aux lèvres, l'eau qui monte à la bouche.