Astana
*Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand.
[Rien n'arrive sans une cause. Et les desseins les plus inattendus naissent des profonds sillons de l'âme...] Roger Racette
C'est une Nuit comme les Autres.
En apparences, du moins. Car bien des surprises sont voilées dans les recoins de la Cour des Miracles.
Les ténèbres sont présentes partout. La Noirceur environnante cache de bien pires desseins. Que l'on oserait imaginer. Parce que trop réalistes, trop humains ?
Nul n'est à l'abri.
Ici, le Danger rôde. Constamment. Et peut-être viendra-t-il vous cueillir et faire couler le sang avant même que vous ne puissiez l'éviter. Car l'on échappe pas à sa Destinée, aussi sombre et cruelle soit-elle. Rien n'arrive sans cause préalable. Et c'est très certainement ce danger permanent, à l'affût de la moindre inattention, du moindre relâchement, qui fait que deux Furies se retrouvent là, dans les rues de la Cour des Fous, passablement éméchées, et ô combien euphoriques. Elles défient la Mort, en quelque sorte. La Mort, ou autre chose Toute excuse est bonne à prendre. L'idée est présomptueuse, mais que pourrait-il leur arriver ? A deux, l'on est toujours plus fort. La présence de l'autre, d'un semblable qui plus est, se fait rassurante. La confiance prend toute la place, le doute ne peut guère se frayer un chemin au travers de liens aussi forts, aussi robustes et alors ? C'est à ce moment-là, à cette minute M que se situe le relâchement.
Joyeuses poupées de cire, que l'on retrouve martelant les pavés parisiens de leurs bottes, leurs jupons s'accordant gracieusement pour un ballet des plus étranges, virevoltants au gré de leur démarche. Les nuages noirs sont bas, tellement bas dans le ciel que l'on pourrait presque s'imaginer pouvoir les toucher ; ils recouvrent la capitale de leur voile lugubre, et déversent une bruine finissant d'achever les quelques âmes téméraires s'étant aventurées sans prendre la peine de se couvrir. L'air est glacial, gelant jusqu'aux os les plus hardis mais l'alcool est un bon remède pour cela. Chacune armée d'une bouteille de chouchen, les deux femmes déambulent de rues en rues, de ruelles en ruelles, s'enfonçant de plus en plus dans les bas fonds de la Cour des Miracles ; la bouteille ne quittant leurs lèvres charnues que pour échanger quelque sourire ou parole de circonstance.
Un tout nouveau terrain de jeu s'offre à Elles.
Un peu comme
Ah ! Toutes mes excuses.
Une oeillade est jetée sur Sa Colombe, qui s'écarte alors afin de laisser l'homme - ou du moins ce qu'il en reste - passer. Les mots sont inutiles. Un regard suffit.
Nous ne vous avions pas vu. J'vous en prie
La tête s'incline, d'un air faussement respectueux, afin de se relever et d'offrir un sourire aguicheur au semi homme sous leurs yeux. Le pauvre avait dû passer de bien tristes moments, pour avoir une figure pareille. A la place de l'oeil gauche se trouvait désormais une cavité, la bouche n'avait de bouche que le nom, une entaille la barrant de toutes parts, dévoilant dans le coin supérieur droit une partie de ses dents. Beau portrait, en somme. Hideuse Créature venue se perdre ici, comme toutes les âmes en peine de ce pays. Et tandis que les regards s'échangent et s'accrochent, faussement doublés de compassion, la Colombe vient décrocher d'une main habile la bourse accrochée au mantel de leur victime. Il ne semble s'apercevoir de rien. C'est tellement facile que c'en est presque obscène. Ou peut-être sent-il cette main venant voler cette précieuse richesse, mais il ne dit rien, subjugué par la beauté de ces voleuses. Toujours est-il que tous reprennent la route, tout sourires.
Quelques pas suffisent avant que la Joie n'éclate. L'Euphorie, douce Euphorie se propageant en leurs veines, réchauffant un corps meurtri par le froid.
J'dirais jamais assez qu'il n'y a pas de petit profit. Ça devrait nous payer une prochaine cargaison de champignons, ça. Faute de pouvoir en cueillir dans l'immédiat
Un mince sourire se loge au coin des lèvres de la Blondeur, dévoilant alors des dents soignées - un outil de travail comme un autre - alors que les azurées de la Danoise se posent sur les environs. Scrutant les passages, en quête d'une proie plus à même de satisfaire les pulsions qui les habitent. Une main blanchâtre vient faire tomber son capuchon sur ses frêles épaules, dévoilant dès lors l'étendue de sa chevelure aux yeux de tous. Elle s'adosse au premier mur venu et entraîne la Colombe à faire de même. Tapies dans l'Ombre.
Un doigt se pointe sur deux hommes, un peu plus loin dans la ruelle. Se distinguant de par leur attitude, sûrement. La démarche est assurée, la discussion bruyante. S'élevant au dessus du brouhaha régnant.
Lueur incandescente s'allumant dans les yeux d'une Blondeur d'humeur frondeuse.
De la concurrence dans l'air ?
Venez, venez jouez avec nous
_________________
[Rien n'arrive sans une cause. Et les desseins les plus inattendus naissent des profonds sillons de l'âme...] Roger Racette
C'est une Nuit comme les Autres.
En apparences, du moins. Car bien des surprises sont voilées dans les recoins de la Cour des Miracles.
Les ténèbres sont présentes partout. La Noirceur environnante cache de bien pires desseins. Que l'on oserait imaginer. Parce que trop réalistes, trop humains ?
Nul n'est à l'abri.
Ici, le Danger rôde. Constamment. Et peut-être viendra-t-il vous cueillir et faire couler le sang avant même que vous ne puissiez l'éviter. Car l'on échappe pas à sa Destinée, aussi sombre et cruelle soit-elle. Rien n'arrive sans cause préalable. Et c'est très certainement ce danger permanent, à l'affût de la moindre inattention, du moindre relâchement, qui fait que deux Furies se retrouvent là, dans les rues de la Cour des Fous, passablement éméchées, et ô combien euphoriques. Elles défient la Mort, en quelque sorte. La Mort, ou autre chose Toute excuse est bonne à prendre. L'idée est présomptueuse, mais que pourrait-il leur arriver ? A deux, l'on est toujours plus fort. La présence de l'autre, d'un semblable qui plus est, se fait rassurante. La confiance prend toute la place, le doute ne peut guère se frayer un chemin au travers de liens aussi forts, aussi robustes et alors ? C'est à ce moment-là, à cette minute M que se situe le relâchement.
Joyeuses poupées de cire, que l'on retrouve martelant les pavés parisiens de leurs bottes, leurs jupons s'accordant gracieusement pour un ballet des plus étranges, virevoltants au gré de leur démarche. Les nuages noirs sont bas, tellement bas dans le ciel que l'on pourrait presque s'imaginer pouvoir les toucher ; ils recouvrent la capitale de leur voile lugubre, et déversent une bruine finissant d'achever les quelques âmes téméraires s'étant aventurées sans prendre la peine de se couvrir. L'air est glacial, gelant jusqu'aux os les plus hardis mais l'alcool est un bon remède pour cela. Chacune armée d'une bouteille de chouchen, les deux femmes déambulent de rues en rues, de ruelles en ruelles, s'enfonçant de plus en plus dans les bas fonds de la Cour des Miracles ; la bouteille ne quittant leurs lèvres charnues que pour échanger quelque sourire ou parole de circonstance.
Un tout nouveau terrain de jeu s'offre à Elles.
Un peu comme
Ah ! Toutes mes excuses.
Une oeillade est jetée sur Sa Colombe, qui s'écarte alors afin de laisser l'homme - ou du moins ce qu'il en reste - passer. Les mots sont inutiles. Un regard suffit.
Nous ne vous avions pas vu. J'vous en prie
La tête s'incline, d'un air faussement respectueux, afin de se relever et d'offrir un sourire aguicheur au semi homme sous leurs yeux. Le pauvre avait dû passer de bien tristes moments, pour avoir une figure pareille. A la place de l'oeil gauche se trouvait désormais une cavité, la bouche n'avait de bouche que le nom, une entaille la barrant de toutes parts, dévoilant dans le coin supérieur droit une partie de ses dents. Beau portrait, en somme. Hideuse Créature venue se perdre ici, comme toutes les âmes en peine de ce pays. Et tandis que les regards s'échangent et s'accrochent, faussement doublés de compassion, la Colombe vient décrocher d'une main habile la bourse accrochée au mantel de leur victime. Il ne semble s'apercevoir de rien. C'est tellement facile que c'en est presque obscène. Ou peut-être sent-il cette main venant voler cette précieuse richesse, mais il ne dit rien, subjugué par la beauté de ces voleuses. Toujours est-il que tous reprennent la route, tout sourires.
Quelques pas suffisent avant que la Joie n'éclate. L'Euphorie, douce Euphorie se propageant en leurs veines, réchauffant un corps meurtri par le froid.
J'dirais jamais assez qu'il n'y a pas de petit profit. Ça devrait nous payer une prochaine cargaison de champignons, ça. Faute de pouvoir en cueillir dans l'immédiat
Un mince sourire se loge au coin des lèvres de la Blondeur, dévoilant alors des dents soignées - un outil de travail comme un autre - alors que les azurées de la Danoise se posent sur les environs. Scrutant les passages, en quête d'une proie plus à même de satisfaire les pulsions qui les habitent. Une main blanchâtre vient faire tomber son capuchon sur ses frêles épaules, dévoilant dès lors l'étendue de sa chevelure aux yeux de tous. Elle s'adosse au premier mur venu et entraîne la Colombe à faire de même. Tapies dans l'Ombre.
Un doigt se pointe sur deux hommes, un peu plus loin dans la ruelle. Se distinguant de par leur attitude, sûrement. La démarche est assurée, la discussion bruyante. S'élevant au dessus du brouhaha régnant.
Lueur incandescente s'allumant dans les yeux d'une Blondeur d'humeur frondeuse.
De la concurrence dans l'air ?
Venez, venez jouez avec nous
_________________