Karyaan
Le devoir nous tient lieu d'épouse
L'honneur de maitresse
[S'effacer...]
C'était une belle journée
De celle qu'on aime à partager. De ces rayons de soleil qui bercent au lieu de bruler. Emprunte de ce silence solennel parce qu'on savoure les heures qui défilent. La vie reprend ses droits, après un hiver où tout sommeillait. L'été écrasant n'est pas encore là. C'est dans ces journées, bien trop rares, qu'on se rend compte que le bonheur est simple, tellement simple.
C'était une belle journée...*
---
[Le Mans - presque un an plus tard]
Ça c'est acquis, y'a pas de souci avec ce fief
Et le temps se figea, alors qu'un poids énorme glissait de ses épaules.
Elle avait réussi. Elle avait réussi...
Voilà les seuls mots qui traversèrent son esprit à ce moment là. Ces mots et ce visage, ce cri abominable en ce matin de printemps il y a quelques mois de ça. Le cri d'un deuil, le cri d'un désespoir, parce qu'encore une fois la mort frappait cette femme qu'elle respectait plus que tout.
Le couperet était tombé juste après. Parce que perdre un être cher ne suffisait pas, il fallait en prime être dépossédé de tout jusqu'à ses racines.
Alors, la petite chose qu'elle était encore à cette époque là, resta spectatrice d'une famille qui s'étiolait encore, d'une famille qui perdait son bastion, ses terres, son histoire. Elle même n'avait rien, plus de parents, aucune terre, et pourtant, cette douleur qui n'était pas sienne, elle la prenait en plein cur. Ce cri résonnant inexorablement dans son âme. Le cri d'une femme qu'elle servait depuis des années et qu'elle considérait un peu comme sa mère.
Elle restait en retrait, les regardant plier bagage, vendre ce qui pouvait être vendu.
Elle n'avait croisé ses yeux sinoples qu'une seule fois et le vide qui s'y trouvait en devenait abyssal. Cet être si fort, si puissant, si déterminé, cet être pliait sous les coups de butoir d'une vie assassine.
C'est à cet instant là, où ses yeux couleur de brume croisèrent les émeraudes de celle qui était à présent résignée, c'est à cet instant là, que la Sorcière lui fit une promesse silencieuse.
Elle ne les croisa plus ces yeux là. Plus durant des mois. Parce qu'elle était partie sans dire où ni jusqu'à quand. Mais la Brindille grimpa sur cette colline, fixant ce domaine à présent endormi. Tous les jours que ses Dieux faisaient, elle était là, se rappelant pourquoi elle avançait. Pourquoi elle avait fait fit de ses préceptes, de ses interdits.
Pour une promesse. Pour elle.
Et les jours devinrent des semaines, les semaines des mois.
Une décision avait été prise, au début de l'été. Parce que ça n'était pas possible. Parce qu'elle ne pouvait pas abandonner. Faire face pour elle, porter ces blessures et se battre à sa place. Elle qui a tant donné, elle qui a tant sacrifié. Il est grand temps que quelqu'un le fasse pour elle, pour une fois.
Elle lui a déjà donne sa vie. Elle lui donnera aussi plus que ça...
Parce qu'il y a des noms qui ne doivent pas tomber dans l'oublie.
Une décision a été prise, et fin aout la première étape était franchis.
Il fallait tenir, il fallait réussir. Pour elle...
Une décision a été prise et la seconde était passée, dans la douleur des âmes qui se déchirent, parce que si elle n'avait pu poursuivre, elle aurait perdu bien plus que certains pouvaient l'imaginer.
Et elle a tenu la Brindille. Elle a tenu grâce à eux, grâce à lui.
A tel point qu'on lui demanda de continuer. Alors elle continua...
Une décision avait été prise, et elle était devenue Comtesse.
La Sorcière qui rarement sourit.
Ça c'est acquis, y'a pas de souci avec ce fief
Ces mots résonnaient encore dans sa tête en ce matin de fin février.
Comme à chaque fois qu'elle avait un peu de temps, elle allait à son appartement du Mans, voir comment elle allait. Celle qu'elle servait était revenue dans un triste état.
Aucune explication, aucune question n'était posée.
Ne croisant jamais son regard, celle qui était devenue Comtesse, prenait sur le peu de temps qu'elle avait de libre pour soigner ce corps meurtri par des années de sacrifices.
S'échangeant des banalités, l'essentiel était dit. Rien de plus.
Aucune question, aucun sourire.
Deux fantômes qui se croisent, poursuivant une vie en parallèle.
En apparence...
Car jamais elle ne lui a dit.
Jamais elle ne lui a expliqué pourquoi.
Quel était son unique but.
Sait-on jamais qu'elle n'y arrive pas...
Pourquoi donner de faux espoirs à quelqu'un qui a tout perdu ?
Alors elle portera seule le poids de ce choix, de cette décision. Elle avancera seule pour arriver à lui rendre ses racines, ses terres.
En ce matin donc, elle passa comme tous les jours.
En silence, en errance.
Mais ce matin, elle déposa une lettre qui sera découverte bien après son départ.
Une simple lettre sur papier tissé...
L'honneur de maitresse
[S'effacer...]
C'était une belle journée
De celle qu'on aime à partager. De ces rayons de soleil qui bercent au lieu de bruler. Emprunte de ce silence solennel parce qu'on savoure les heures qui défilent. La vie reprend ses droits, après un hiver où tout sommeillait. L'été écrasant n'est pas encore là. C'est dans ces journées, bien trop rares, qu'on se rend compte que le bonheur est simple, tellement simple.
C'était une belle journée...*
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[Le Mans - presque un an plus tard]
Ça c'est acquis, y'a pas de souci avec ce fief
Et le temps se figea, alors qu'un poids énorme glissait de ses épaules.
Elle avait réussi. Elle avait réussi...
Voilà les seuls mots qui traversèrent son esprit à ce moment là. Ces mots et ce visage, ce cri abominable en ce matin de printemps il y a quelques mois de ça. Le cri d'un deuil, le cri d'un désespoir, parce qu'encore une fois la mort frappait cette femme qu'elle respectait plus que tout.
Le couperet était tombé juste après. Parce que perdre un être cher ne suffisait pas, il fallait en prime être dépossédé de tout jusqu'à ses racines.
Alors, la petite chose qu'elle était encore à cette époque là, resta spectatrice d'une famille qui s'étiolait encore, d'une famille qui perdait son bastion, ses terres, son histoire. Elle même n'avait rien, plus de parents, aucune terre, et pourtant, cette douleur qui n'était pas sienne, elle la prenait en plein cur. Ce cri résonnant inexorablement dans son âme. Le cri d'une femme qu'elle servait depuis des années et qu'elle considérait un peu comme sa mère.
Elle restait en retrait, les regardant plier bagage, vendre ce qui pouvait être vendu.
Elle n'avait croisé ses yeux sinoples qu'une seule fois et le vide qui s'y trouvait en devenait abyssal. Cet être si fort, si puissant, si déterminé, cet être pliait sous les coups de butoir d'une vie assassine.
C'est à cet instant là, où ses yeux couleur de brume croisèrent les émeraudes de celle qui était à présent résignée, c'est à cet instant là, que la Sorcière lui fit une promesse silencieuse.
Elle ne les croisa plus ces yeux là. Plus durant des mois. Parce qu'elle était partie sans dire où ni jusqu'à quand. Mais la Brindille grimpa sur cette colline, fixant ce domaine à présent endormi. Tous les jours que ses Dieux faisaient, elle était là, se rappelant pourquoi elle avançait. Pourquoi elle avait fait fit de ses préceptes, de ses interdits.
Pour une promesse. Pour elle.
Et les jours devinrent des semaines, les semaines des mois.
Une décision avait été prise, au début de l'été. Parce que ça n'était pas possible. Parce qu'elle ne pouvait pas abandonner. Faire face pour elle, porter ces blessures et se battre à sa place. Elle qui a tant donné, elle qui a tant sacrifié. Il est grand temps que quelqu'un le fasse pour elle, pour une fois.
Elle lui a déjà donne sa vie. Elle lui donnera aussi plus que ça...
Parce qu'il y a des noms qui ne doivent pas tomber dans l'oublie.
Une décision a été prise, et fin aout la première étape était franchis.
Il fallait tenir, il fallait réussir. Pour elle...
Une décision a été prise et la seconde était passée, dans la douleur des âmes qui se déchirent, parce que si elle n'avait pu poursuivre, elle aurait perdu bien plus que certains pouvaient l'imaginer.
Et elle a tenu la Brindille. Elle a tenu grâce à eux, grâce à lui.
A tel point qu'on lui demanda de continuer. Alors elle continua...
Une décision avait été prise, et elle était devenue Comtesse.
La Sorcière qui rarement sourit.
Ça c'est acquis, y'a pas de souci avec ce fief
Ces mots résonnaient encore dans sa tête en ce matin de fin février.
Comme à chaque fois qu'elle avait un peu de temps, elle allait à son appartement du Mans, voir comment elle allait. Celle qu'elle servait était revenue dans un triste état.
Aucune explication, aucune question n'était posée.
Ne croisant jamais son regard, celle qui était devenue Comtesse, prenait sur le peu de temps qu'elle avait de libre pour soigner ce corps meurtri par des années de sacrifices.
S'échangeant des banalités, l'essentiel était dit. Rien de plus.
Aucune question, aucun sourire.
Deux fantômes qui se croisent, poursuivant une vie en parallèle.
En apparence...
Car jamais elle ne lui a dit.
Jamais elle ne lui a expliqué pourquoi.
Quel était son unique but.
Sait-on jamais qu'elle n'y arrive pas...
Pourquoi donner de faux espoirs à quelqu'un qui a tout perdu ?
Alors elle portera seule le poids de ce choix, de cette décision. Elle avancera seule pour arriver à lui rendre ses racines, ses terres.
En ce matin donc, elle passa comme tous les jours.
En silence, en errance.
Mais ce matin, elle déposa une lettre qui sera découverte bien après son départ.
Une simple lettre sur papier tissé...
Citation:
Rejoignez moi en haut de la colline
S'il vous plait...
S'il vous plait...
Elle savait que ça sera dur pour elle de revenir là. Sur cette colline qui surplombe tout le domaine qu'elle a perdu. Ces terres où reposent bon nombre de sa famille.
Laissant le message, elle était sortie en silence, comme à l'accoutumé.
La Comtesse, ce jour, n'était plus régnante et la veille on lui avait assuré que le fief auquel elle prétendait lui était acquis.
Même si elle le savait, rien était jamais sur en hérauderie.
Depuis son second mandat, elle avait récupéré les clés du domaine.
Elle l'avait ré-ouvert, elle avait recontacté tous les employés qui n'attendaient qu'une chose... revenir un jour.
Ensemble, ils avaient tout remis en état. Ils n'attendaient que deux choses, le retour du beau temps pour retourner aux champs, mais surtout, le retour de celle qu'ils considéraient comme l'unique maitresse des lieux.
Elle se rendit aux cuisines, réinvesties par l'intendante qui n'était plus si bougon que ça. La prévenant, l'angoisse d'un jour J envahie tout le domaine. Allait-elle venir ? Allait-elle revenir ?
Elle leur sourit tour à tour et se rendit en haut de la colline.
C'était une belle journée.
Elle commençait tout juste, la brume glaciale de la nuit se dissipait lentement.
Celle qui n'était plus Régnante du Maine se tenait à présent debout, en haut de cette colline, enveloppée dans sa lourde cape noire, capuche sur le visage, ses yeux rivés sur ce domaine qui à présent lui appartenait.
C'était une belle journée.
Elle avait réussi, la petite chose qu'on surnomme la Brindille.
Elle avait réussi, à présent elle allait devenir Comtesse de Beaumont sur Sarthe.
Elle avait réussi à tenir sa promesse, cette promesse... Rendre le domaine de Léard à la Pivoine, coute que coute !
* Once again...
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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."