[Nimes / Comté Languedoc]
15 janvier 1460
Le repos du guerrier en taverne!!
La chaleur. Un peu comme lorsqu'on est dans un état d'extase ou de plénitude et que chaque mouvement nous semblent ralentie, constant et intense. Lorsque même la caresse des couvertures sur notre peau prend un sens et un frisson particulier. Un frissons... DES
FRISSONS. Pourquoi autant d'ailleurs et sans cesse.
Définitivement de la soirée à la nuit, du feu à la chandelle, de la peau aux draps, tout avait été parfait.
La jeune femme assise dans le divan faisant face à l'âtre, recevait encore une fois toute la chaleur irradiant des flammes. Ses mains rejoignirent sa gorge puis glissèrent vers sa nuque; tout doucement. La peau de ses doigts était froide et pourtant elle était assise là depuis une bonne heure au moins. Le feu brûlait si ardemment que même l'air semblait avoir prit une épaisseur, une consistance particulière. La lumière des flammes venaient danser sur son visage et ses vêtements, mais le seul contraste de la fraicheur de ses mains l'importait à l'instant.
Les images de la soirée refusaient de la quitter. Telles imprimées comme si on les lui avaient gravées sur la peau, dans la peau, sur le cur peut-être bien même.
Elle soupira en silence alors qu'elle faisait remonter ses mains sur sa nuque. Sa tête s'inclina comme poussée par la main d'un ange, elle se sentait légère et lourde à la fois. L'air quittant son corps était presqu'une libération alors que la pression fraiche dans son cou la faisait à nouveau frisonner lorsqu'elle rattrapait son souffle. Ses doigts entrèrent en contact avec la naissance de sa soyeuse chevelure bleutée et une myriades de petits frissons lui parcoururent l'échine. Comme c'était agréable. Elle remonta encore ses mains dans ses cheveux et savoura la relaxation du jeu de ses doigts, rafraichissant contact, tortillant entre ses mèches et massant son crâne caché sous sa tignasse.
Elle revit encore l'image de son visage. Était-il possible qu'elle ait perdu une part de son contrôle? Voir, plus encore! À aucun moment hier elle n'avait pensée à autre chose, ni à quelqu'un d'autre.
Ses doigts reprirent leurs passages sur sa nuque, lui procurant une autre horde de frissons et elle n'arrivait certes pas à retrouver ceux vécus dernièrement. Étrangement, elle ne tentait pas, cette fois, de trouver un exutoire dans le combat. Au contraire, elle aurait voulu revivre certains moments encore et encore, ou les répéter car elle s'était senti si bien, tellement libre d'être vraie.
Les images et les sensations du matin semblaient encore imprimées sur son épiderme et en caressant sa nuque c'était un peu comme revivre une très mince part de ce réveil au chaud, bercée, enlacés, lovés au fond d'un matelas, d'un lit d'hôtel et non pas couché sur la pierre ou le sol frais du voyage. Combien de temps s'était écoulé depuis le dernier lit où elle s'était permise de s'abandonner en toute confiance pour dormir sans craintes. Pas de réactions vives et défensives comme en taverne sur le divan. Pas de demi-sommeil comme en campement. Juste l'occasion d'être elle-même sans masque. Sans avoir besoin de camoufler ses pensées, ses envies, ses jeux et ses émois. Pouvant profiter de la chaleur du feu, des draps, de ses bras. Du calme paisible de l'endroit.
Et ce réveil....
Plaçant ses mains, de derrière ses oreilles jusque tout autour de l'arrière de sa nuque elle sentie les muscles de son cou se relâcher agréablement sous son massage. Il y avait franchement longtemps qu'elle n'avait pas prit la peine de se relaxer vraiment et cette journée de repos à Nimes était tellement un moment agréable et ressourçant. L'isolement tout à la fois dans un sens, mais qui en avait valu son pesant d'or.
Alors qu'elle repoussait sa longue tignasse colorée derrière le dossier du divan, elle entendit la porte de la taverne s'ouvrir et les bottes à lourdes semelles taper le mur d'entrée pour en retirer la neige. Elle sourit. Un petit tintement d'épée, un bruit métallique contre le sol, tel un bouclier elle se retourna et sourit en apercevant la silhouette aux larges épaules léchées par une chevelure sombre. Toujours silencieux, le loup s'avança vers elle le sourire aux lèvres l'abordant doucement. Retirant son séant de son lieux dappuis elle alla accueillir d'un large câlin, Loup qui s'approchait d'elle. Lui qui tentait de ne pas venir trop souvent en taverne, c'était un réel plaisir de l'y voir, surtout en cette heure. Ils prirent place autour de ce feu, avachi sur le divan au tissu usé.
- Comment ca va? Je ne t'ai pas vu hier....
- Comment à été ta journée de repos?
- Prêt à partir?
Bref, un mélange de questions et de mots qui sommes toutes trouvaient la plupart de leur réponses dans les sourires et les regards échangés face à l'appréciation mutuelle de ce "congé" devant les brûlantes flammes occupant l'âtre de la taverne.
Sarcelle s'appuya confortablement dans le divan et se dit qu'il ne leur manquait plus qu'un joueur et c'était presque de l'utopie d'espérer de voir Loup et Arthur et elle en même temps en ce lieu. Ils discutaient, laissant parfois quelques silences intensifier le moment de bien être actuel lorsque le bois de la porte craqua lourdement à nouveau. La brise du vent souffla et des pas aux bottes enneigées encore firent leur entrés. Le bois de la porte se refermant et craquant dans son encadrement. Un mantel rompit le bref calme de l'air et alla atterrir sur une chaise non loin d'eux au moment où les pas s'approchaient d'eux. Les gestes étaient rapides et surs. Loup souriait beaucoup et regardait Sarcelle. Ce qui éveilla un doute en elle et retournant la tête, prise de stupéfaction elle vie le grand brun passé près d'elle le sourire aux lèvres et s'approcher de Loup.
Non! Ce n'était pas possible??? Tous les trois en taverne en même temps. Quelle pure joie. Celà ne s'était jamais produit encore. C'était une première. Sarcelle se redressa de la zone du fauteuil ayant presque adapté la forme de son corps. Au même moment, Arthur tendait une bonne poignée de mains à Loup qui la lui rendit amicalement, échangeant quelques formules daccueils et questions brèves. Sarcelle se leva donc et posa ses lèvres sur la joue d'Arthur, laissant le parfum d'une bonne bise sur sa joue, et respirant le sien par la même occasion. Elle sourit. Ils avaient chacun une odeur de peau qui leur était propre. Des sourires furent échangés, et voilà que les trois acolytes étaient assis tous ensemble, dans cette taverne inattendu à profiter du repos du guerrier.
Quel moment savoureux, quelle chance, quels plaisirs!
Arthur avait été distant tout l'après-midi dans les aléas de leurs tâches et moments de repos. Visiblement troublé ou pensif sur un sujet qu'il gardait secret. Loup était allé chassé avec Moon le jour d'avant et avaient dîné du lapin. Il était revenu un jour après eux et Sarc' s'était un peu inquiété tout de même. Les retrouvailles étaient bonnes, à propos et les trois voyageurs réalisait la chance du moment, d'être là, tous ensemble.
Quelques choppes plus tard, un itinéraire construit et des mises à jours sur les courriers reçu, maintenant ils avaient discutés de bien des choses et les nouvelles des Smala étaient bonnes. Sans compter que dernièrement ils avaient revu plusieurs amis/es en voyage... Canhouston, Isaline Ardais, Nane, Kachina, Théa. Et même croisé l'ainé de frangin Saintjust!!
Skippy ne donnait pas de nouvelle, probablement occupé dans une croisade par Richenou.
Ari était toujours à SBC et leur souhaitait bon voyage, attendant des nouvelles de " cette corde" prêtée en "assurance"
Wellan était à Murat et espérait les revoir tous et rencontrer Arthur également.
Ange allait se déplacer dans quelques temps pour les rejoindre à la ville d'origine.
Sam espérait les croiser dans une semaine en taverne, ils devaient échanger quelques lettres encore.
Et excellente nouvelle, la meilleure amie de Sarcelle, une proche des Smala, demoiselle Kalena allait bientôt les rejoindre pour grandir les rangs du groupe. Et d'ailleurs c'était peu dire car elle avait avec elle ses trois enfants. Mais où était son fou de mari Hireo!! Le Geronimo restait toujours sans mots et perdu dans la brousse du royaume à lécher des cheville fort probablement. D'ailleurs hier ils avaient rencontré des gens d'Auch étant amis avec Hire et Saintjust . Comme le monde était petit.
Après un moment de détente bien mérité, les deux grands gaillards confirmèrent que c'était l'heure de filer, la tâche dormir les attendait tous et c'est là que la demoiselle d'un mètre 75 , grande pour son époque, réalisa l'hardiesse de ce moment qui allait compléter le jour.
Une dernière choppe pour la route et, agrippant les bras des deux hommes Sarcelle les guida vers la porte pour marcher au campement. Loup leur dit qu'il avait une course à faire rapidement et les devança d'un pas rapide.
Sarcelle interrompit Arthur en chemin, l'attrapant par le collet, le sondant du regard. Quelque chose clochait malgré ce relaxant moment tous ensemble, elle le savait. Il tentait de le cacher, et elle pouvait s'en rendre compte. Ses yeux couleur démeraude le regardèrent honnêtement et sincèrement. Il savait bien qu'elle se doutait, elle savait qu'il savait, et il savait qu'elle savait qu'il savait et ses pensées semblaient se bousculer tout autant que celles de la jeune femme qui observait tout à coup la lueur des flammes dansant sur le visage d'Arthur, changeant ses interrogations pour des images. Elle avait l'impression que c'était plus fort qu'elle....
Elle accula le jeune homme contre le mur près de la porte tentant de reprendre ses esprits elle ne cessait pas de le regarder. Les flammes, leurs danses sur le mur et son visage, les images revenaient, il la regardait aussi. Cherchant chacun leur échappatoire car l'interruption ne se faisait pas. Les mots n'étaient pas échangées non plus et c'est après quelques minutes qui semblèrent intenses, particulièrement vives mais ralenties que le craquement de la porte se fit à nouveau entendre, bousculant presque la jeune demoiselle.
Une dame entra et fût surprise de trouvé deux jeunes gens si près de la porte.
- Je dérange peut-être ? Lanca la dame entrant.
-Non // - Non non à l'unisson
- Bonsoir!!
Discussion, évènement, doutes, envies, moments ???? Sauvés??? En effet
La dame les regardait, un peu hésitante, voyant les gens armés, les deux semblant attendre une réponse de l'autre et qui tout à coup la regardait elle, complètement détachés. Ils avaient saisi l'occasion, léchappatoire, l'obligation.
C'était nettement l'heure d'aller rejiondre Loup au campement. La nuit s'annonçait difficile. La question non résolue.
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Son regard d'émeraude cacherait-il quelques magie que ce soit? Le mystère reste à découvrir.