Sebilia
Sous le mouchoir immaculé, une moue de dégout s'affiche lorsque la petite chose crache son mépris au visage du bourru.
Parmi les différents aléas de son métier, se faire cracher dessus est certes plus enviable que se faire poignarder ou empoisonner, ou bien avoir les traits déformés par de vilaines bosses et plaies, mais la précieuse a du mal à se faire à cette idée. Et puis, les gens bien éduqués, ça ne crache pas. Est-ce qu'elle crache, elle ?
Non, on ne crache...
...pas.
La voix est lointaine, la précieuse distraite. Les noisettes suivent chaque geste du bourru et s'élargissent d'étonnement en le voyant souffler sur le corps du contrat. Il y a quelque chose de comique à regarder la bête humaine souffler sur la petite chose délicate qui pend au plafond. Seb ne sait pas pourquoi il le fait, elle s'en moque comme de ses premières bottes. Elle se contente de sourire, fascinée par le spectacle.
Elle trésaille légèrement quand le bourru se tourne vers elle pour l'inviter à prendre la relève. Le temps que les mots se fassent un chemin dans son esprit, elle reste la bouche en coeur, puis sourit à pleines dents. La main tenant toujours fermement le carré de tissus vient se poser sur sa poitrine menue en un geste d'émotion non feint. C'est son tour ? Son tour à elle ? Déjà ? Enfin ?
Elle tourne la tête à gauche, à droite, finit par se retourner... Sur l'établi derrière elle trône la chandelle qu'elle a abandonnée plus tôt et quelques outils rongés de rouille. Dans un mouvement souple, elle pose le bout de son pied sur l'établi et relève sa robe, dévoilant sans pudeur aucune la cuisse fluette où se trouve sanglé son stylet fétiche. Elle pourrait utiliser main-gauche ou rapière, à portée de mains, mais ce sont ses armes de travail, pas celles de jeu. Le stylet, lui, est dédié à son amusement.
Lame au clair, la précieuse recouvre sagement sa jambe et repose pied à terre avant de s'avancer lentement vers le contrat, ses noisettes l'observant sans vergogne. Négligemment, dans un geste trahissant l'habitude, le mouchoir immaculé vient astiquer le fin stylet alors que Seb s'arrête à une distance raisonnable de son jouet pour mieux faire durer l'instant.
T'veux dire que'que chose avant qu'on commence, p'tite chose ?
Ils disent tous la même chose, finissons-en !
Shhhhhh... Elle se tourne vers le bourru, un doigt devant la bouche, pensant qu'il est celui qui vient de parler, puis se retourne vers le contrat tout en reprenant le lustrage de sa lame. Dis moi tout, p'tite chose.
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Parmi les différents aléas de son métier, se faire cracher dessus est certes plus enviable que se faire poignarder ou empoisonner, ou bien avoir les traits déformés par de vilaines bosses et plaies, mais la précieuse a du mal à se faire à cette idée. Et puis, les gens bien éduqués, ça ne crache pas. Est-ce qu'elle crache, elle ?
Non, on ne crache...
...pas.
La voix est lointaine, la précieuse distraite. Les noisettes suivent chaque geste du bourru et s'élargissent d'étonnement en le voyant souffler sur le corps du contrat. Il y a quelque chose de comique à regarder la bête humaine souffler sur la petite chose délicate qui pend au plafond. Seb ne sait pas pourquoi il le fait, elle s'en moque comme de ses premières bottes. Elle se contente de sourire, fascinée par le spectacle.
Elle trésaille légèrement quand le bourru se tourne vers elle pour l'inviter à prendre la relève. Le temps que les mots se fassent un chemin dans son esprit, elle reste la bouche en coeur, puis sourit à pleines dents. La main tenant toujours fermement le carré de tissus vient se poser sur sa poitrine menue en un geste d'émotion non feint. C'est son tour ? Son tour à elle ? Déjà ? Enfin ?
Elle tourne la tête à gauche, à droite, finit par se retourner... Sur l'établi derrière elle trône la chandelle qu'elle a abandonnée plus tôt et quelques outils rongés de rouille. Dans un mouvement souple, elle pose le bout de son pied sur l'établi et relève sa robe, dévoilant sans pudeur aucune la cuisse fluette où se trouve sanglé son stylet fétiche. Elle pourrait utiliser main-gauche ou rapière, à portée de mains, mais ce sont ses armes de travail, pas celles de jeu. Le stylet, lui, est dédié à son amusement.
Lame au clair, la précieuse recouvre sagement sa jambe et repose pied à terre avant de s'avancer lentement vers le contrat, ses noisettes l'observant sans vergogne. Négligemment, dans un geste trahissant l'habitude, le mouchoir immaculé vient astiquer le fin stylet alors que Seb s'arrête à une distance raisonnable de son jouet pour mieux faire durer l'instant.
T'veux dire que'que chose avant qu'on commence, p'tite chose ?
Ils disent tous la même chose, finissons-en !
Shhhhhh... Elle se tourne vers le bourru, un doigt devant la bouche, pensant qu'il est celui qui vient de parler, puis se retourne vers le contrat tout en reprenant le lustrage de sa lame. Dis moi tout, p'tite chose.
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