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[RP] Un arrière goût de sang bleu

Grayne
Devant la porte arrière de la maison de Gautier de Vaisneau.



Fichtrecul d'Marie-Claire en Goguette !

Je regarde mon frère jurer tout en s'acharnant sur la serrure de la haute maison devant nous en me frottant les bras. Je suis gelée et le temps commence à se faire long. J’observe avec attention la danse du crochet de métal luttant tant bien que mal contre le mécanisme.

Cette serrure est aussi gelée que mes pieds ! rajoute mon malandrin de frère concentré sur sa tâche.

Je regarde un peu la bâtisse toute en hauteur. Après avoir passé la journée dehors à surveiller les allez et venues des occupants, j’ai l’impression que mes oreilles vont tomber. Nous n’avons plus qu'à réussir à entrer. Il y a des moments comme ça où il faut prendre les choses en main. Je me retourne alors vers son frère et le pousse légèrement, les sourcils crispés par le froid et l’impatience.

BAM !

Un lourd coup de pied bien senti sur le mécanisme récalcitrant et la porte s'ouvre violemment. Des fois, la finesse est de trop. Je lance un sourire radieux à mon frère et entre sans attendre. Nous entrons dans la pièce, une petite cuisine, mais plutôt cossue pour une maison de ville. Décidément, on n’est pas entré chez le dernier des pécores ! Le frangin attrape un morceau de pain sur la table et mord avidement dedans. Si tout se passe bien, nous sommes seuls. Mais il n’y à qu’une façon d’en être sûr. Je prends une grand inspiration et crie de ma voix la plus forte…

Héé Oooh ! Y’a quelqu’un là-dedans ?

Mon frère me colle alors un coup dans les côtes. Me crispant légèrement sous le coup, nous restons quelques secondes, sur le qui-vive, à attendre la réponse hypothétique. Si le claquement de la porte et mon appel n’avaient alerté personne, c’est certains, on allait être tranquille. Comme prévu, aucune réponse. Je lance à mon frère un regard entendu, et il me répond avec le sourire d’un gamin qui se serai rendu compte qu’il avait le champ libre loin de l’autorité parentale. Nous quittons alors rapidement la cuisine, car dans une maison pareille, il doit y avoir bien d’autres choses qu’une miche de pain à se mettre dans les poches, bien que je ne sois pas contre un jambon bien fait à glisser dans ma besace.

Nous débarquons dans une pièce à vivre plutôt chaleureuse. Dans un style chic sans en avoir l’air. Mais les tapisseries au mur trahissent l’aisance financière du propriétaire.
J’inspire un grand coup. Ça sent la gentille richesse, ça sent le bourgeois qui ne met pas souvent les pieds dans la crasse. Ça sent la vie tranquille et les mains douces qui n’ont jamais connues les cales du travail manuel. Ça sent le butin à se fourrer dans les poches. Ca sent l’nobliau qui s’veut près du peuple, en s’imaginant qu’le peuple, c’est des gentils paysans qui aiment leur bétail.

Il y a à ce moment-là comme un frisson qui me parcoure le corps. Un truc étrange qui gratouille les doigts et réchauffe le ventre. Comme une envie pressante, comme une urgence. Je regarde mon frère et dans son regard, je peux voir ce drôle de feu apparaitre. Cette lueur que je reconnaîtrais entre mille. Je sais à cette seconde qu’il à la même chose que moi en tête. Enfin, non, pas la même chose, il pense sûrement à pire, plus grand, plus créatif où plus fou. Mais l’important que là, il y a autre chose qui rentre en jeu. On a une leçon de vie à donner !


Hey, frangin… J’sens qu’on est comme qui dirait chez l’genre de client qu’t’apprécie particulièrement…

Je balaye la pièce du regard. J’ai besoin d’une amorce, de quelque chose. Ca m’démange et je serais bonne à rien si je n’me libère pas tout de suite de ça. J’attrape une belle cruche, émaillée comme il faut. Pas de la vaisselle de bouseux ça.

Je la lance violement contre le mur de pierre, et me délecte du bruit de céramique qui explose. Les morceaux retombent comme une pluie tout autour. Je met les poings sur les hanches et soupire, soulagée. Bien ! On va pouvoir travailler maintenant !
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Bossuet
La Céramique s'écrase contre le mur avec un cliquetis presque délicat. C'est dire si elle est était de bonne facture.

Oh ma frangine, quel beau geste! Quel doux bruit! Quelle symphonie! Les cloches d'un paradis crasseux où le malandrin est Roy !


Je visite la maison, en me baladant comme ces nobliaux qui entrent dans ces boutiques luxueuse, de celles qui ont un videur à l'entrée ne sachant dire que "Si Messire veut bien se donner la peine d'entrée" au bon bourgeois et "dégages de là le grouillaux!" à ce qui n'ont pas de quoi s'offrir une paire de chausses neuves chaque mois.
Je tâte les étoffes, des nappes et des rideaux, je tripote les bibelots, vaisselles de table ou décoratives puis les jettes négligemment. Certains éclatent au sol, rependant leurs éclats luisant sur le sol, d'autre métallique rebondissent dans un tintement sonore.
C'est accompagné du chant d'un vase brisé que je me retourne vers ma frangine.


Dis donc, c'est vrai que c'est frichtrement douilleux ce nid de pie là! Trouvons donc où sont planqués les bas de laines...


Je parcours les pièces en fouillant les armoires, les tiroirs, leurs faisant cracher leurs contenu sur le sol maculé d'éclat de verre et de vin. Je m’arrête devant un petit bureau, ou sont soigneusement rangés divers lettres et registres.
Tous finissent au sol alors que j'arrache les tiroirs et les vide sans soins.

Quelques bouteille fracassées ou prestement goutées plus loin, j'ai déjà quelques piécettes trainante en poche, une bague qui ne doit malheureusement n'être qu'en laiton, un gobelet en cuivre martelé et joliment armorié, ainsi qu'un magnifique chapeau orné d'une plume de faisan.

J'ouvre une armoire et y découvre une tripotée de manteaux fourré, de velours de laine ou de soie écarlate.

Fichtre-cul d'pied bot de la grosse Berthe! Frangine! Viens voir ce qui se trame au placard!

J'attrape un lourd manteau de velours lie de vin, fourré et colleté de martre brune, l'enfile par dessus mes frusques débraillées et trottine comme un bel âne vers la frangine affairée à fouiller le moindre recoin de la cuisine tout en grignotant un jambon sec à pleines dents.

Je m’arrête devant elle, en posant comme un gigolo à bourgeoise, torse bombé et narines pincées. Le manteau me va comme une couronne de pierreries à un mendiant, et le chapeau trop grand masque presque l'intégralité du vieux foulard noué sur ma tète. J'ai une bouteille de vin couteux dans la main et l'autre, bras écarté, s'ouvre comme une invitation à danser.


Gentes Damoiselle, Je me présente, Archi-Comte Hyacinthe de Perrin-Caunue, Baron d'Outrancier sur Goguette, chevalier de l'ordre amicale des bouilleurs de Bouillon, et Seigneur des fosses d'aisance.

Sur ce, une révérence particulièrement acrobatique, qui en fait choir mon si beau galure. Je me redresse en m gaussant comme un marmot après une bonne blague et lui demande:

Alors Frangine? Pas encore trouvé de quoi manger des langues de loire au caramel dans des bolinettes en or massif?
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Grayne
Je laisse échapper un rire sonore à voir mon frère attifé de son nouveau costume.

Msieur l'baron des latrines, dans cette cuisine, à part l'jambon, y'a qu'de la poudre à rendre les choses immangeable !

Je jette au sol quelques pots d'épices rares qui se brisent en répandant leur contenu odorant sur le sol. Je glisse le jambon entamé dans ma besace et sautille jusqu'au salon.

Je donne négligemment un coup de pied dans les débris de bouteilles et de cruches au sol, finissant d'éclabousser les fines tapisseries au mur. Viens le tour d'un coussin de bonne facture qui fini sa course sans la cheminée, sur les braises encore chaude du feu qui meurt doucement.
Il règne dans la pièce une ambiance de fin du monde, une tornade n'aurait pas fait plus de dégât dans le salon. Je me dirige alors vers l'escalier.


Hé, j'monte voir si les piécettes de notre hôte seraient pas cachées sous sa paillasse !

Je saute prestement les marches, enjouée. J'entre dans la première des chambres, et regarde rapidement autour de moi. Fouillant avidement, j'envoie joyeusement valser bougeoirs et draps fins. Je retourne les moindres boîtes ouvragées. Je prélève quelques babioles : un petit écritoire finement travaillé et quelques bijoux sans grande valeur. Je jette nonchalamment une lampe en terre qui viens se briser en une gerbe d'huile sur les choses déjà rependues sur le sol. J'entreprends alors de fouiller dans le coffre posé contre le mur. Il est rempli de robes et d'autres accessoires.

Raah ! Mais y'à que des fripes dans s'bouge !

J'enfile alors une robe assez proprette par dessus la mienne, dont le vert jure horriblement avec le rouge de mes vêtements.

Oh ! J'crois que moi aussi j'ai trouvé un beau couvre-chef !

Je me saisit d'une coiffe assez chic, garnie de voiles fins. je clopine dans la chambre, remuant la tête pour faire voleter les pans de mon nouveau trophée.

Frangin ! J'ai l'air d'une princesse !

Je saute sur le lit écrasant la paillasse de mon poids et regarde mon frère qui débarque dans la chambrette, époussetant son manteau des poussières et débris. Je lève alors mes jupons bariolés et me pavane en pinçant la bouche.

J’suis une grande dame ! Je n’dit jamais de gros mots ! Oh non jamais !

Je minaude, fait un petit pas de danse et plisse ma bouche en cul-de-poule.

J’me nourrit de miel et d’amour et je n’chie pas, oh non monseigneur, mais je pète ! chuis une princesse, ça se voit !
Je fait un tour sur moi-même, commence à loucher exagérément et à baver.

J’suis la fille de mon frère, la sœur de mon père, la ptite fille de mon cousin et la mère de mon oncle ! J’suis une princesse, la famille c’t’important ! Ouais !

Je commence à danser en canard, le menton en avant, donne un coup de pied sur la petite table posée près du lit. Je saute du lit, et donne un grand coup de coude dans la vitre d’une petite fenêtre qui vole en éclats bruyants.

Mais j’suis une bonne dame, j’fait même mon ménage !

Pour imager ma phrase, je commence à jeter par la fenêtre les autres vêtements posés au sol. Ils tombent alors en pluie dehors, gerbes de tissus colorés allant se poser lourdement dans la boue neigeuse de l’extérieur.

Hé ouais, j’suis une princesse, une grande dame, chuis chic !

Je danse de plus belle, d’une façon gauche, continuant mes grimaces. La coiffe penche sur la tête et les voiles virevoltent autour de moi.

J’attend qu’mon prince vienne me battr’ le velours ! Mais ptet que c’est l’berger qui m’fotera en cul dans l’foin !

Je me retourne alors vers mon frère, reprenant ma grimace d’attardée, non sans prendre la peine de garder une stature digne, imprégnée de mon rôle jusqu’aux ongles, et lance un rôt sonore qui résonne dans la petite chambre. Je me tourne, lève les bras au ciel, digne comme à la fin d’une représentation, et de dos, je me penche vivement, relevant d’un geste théâtral mes jupons, exposant mon séant en guise de salut.
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Bossuet
Croque-lardons, t'es la reyne de séans, ton trône est une enclume pour y mettre autant d'barbaque!

Je pars d'un grand rire gras, tel qu'il sied pour ce genre de vigoureuses taquineries. Bien une heure Que le fol Taille-lard que je suis, et sa Croque-lardon de frangine, nous nous habillons et nous nous déshabillons sans grand soin pour les riches parures. Des courbettes acrobatiquement sarcastiques, et des langues faussement tournées en accent de nobliaud. On s'envoie des titres alambiqués, des compliments tranchant comme des couteaux de boucherie, et des verroteries plus ouvragées les unes que les autres.

C'est un grand bal, une mascarade. Une fine parodie de cette noblesse tout juste bonne à être écorchées, bouillie au plomb et grignoter par les perce-oreilles. On s'y sert du vin couteux dans des gobelet de cuivre déformés, vautrés dans les imposants fauteuils des nobles frustrés, pauvres de tout sinon de cet or qu'ils chérissent.
On entache de nos poulaines crasseuses les tentures, les velours ou les soies, et de nos présences affligeante de sains révoltés, les murs eux même semblent souffrir.

Ces gros murs, épais et chauds, comme le carcan douillé d'une cage chaque jours un peu plus douce, toujours plus petite en fin de compte. On jette au feu les draperie, les livres d'heures ou de cantiques, arrosés d'alcool de fruit. Si le savoir n'est plus bon qu'en faire valoir, autant qu'il soit réduit en cendre!

Nos révérences s'épanchent jusqu'au sol juché des débris d'une maison par trop luxueuse à notre gout. Nos rires et nos vilaines palabres rebondissent de murs en murs, de meubles vidés en fauteuils éventrés et de l'âtre bien garnie désormais incandescent jusqu'au fenêtres vitrées.

Vitrées! Qui peut offrir à son orgueil le prestige du verre, si couteux et ostentatoire, devant même ceux qui n'ont même plus qu'une seule main pour mendier leur croute et leur eau souillée! Eux aussi partent en éclats d'un grand geste de bougeoir d'étain d'une grâce forcée.

Et avec tout ça, j'en oublierais presque notre futur butin trop bien caché.


Alors Gente dame du foutoir? Reyne d'entre les Reynes, surtout les mortes et délabrés? Pas de trace d'un coffret bien garni?

Une réponse négative, mais sans grogne. Après tout, qu'est ce que nous cherchons? devenir riches? A quoi bon ! Si tôt qu'un écus nous tombe en poche, il se mute en bière et en gueule de bois!
Nous y sommes pour le jeu, la grande marrade cynique d'un ballet nauséabond d'ironie.

Nos rires grincent encore tandis que je crève les paillasses et les oreillers à la recherche des piécettes. Les coups de dagues maniérés éventrent tout ces colifichets trop peu usés pour avoir été utilisés ne serait ce qu'une seule fois.


Fichtre-cul! C'est à croire que la richesse de ce cuissot de Crésus est plus pauvre que nous! Ou alors il sait caché son content! Berdol ! comme elle dirait l'oiselle!

De farfouilles en vandalismes gratuits, un bruit vient interrompre nos éclats, et par la même coupe le fil de mes pensés. Je me fige, un œil tourné vers la frangine qui fait de même, et concentre toute mon ouie vers ce qui se passe à l'étage d'en dessous.

Je lance à La Grayne dans un souffle étouffé:


Frangine, le gras cochon est de retour, on va pas rire encore longtemps...On tartuffe comme à la belle époque, ou on compose un sonnet dans le genre choquant et assommant?

Ou on improvise le grand air de la diva, façon renard pris au poulailler?


Faut croire que j'aime ça, j'ai un sourire sur le visage qui brule d'excitation.

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Gautier.de.vaisneau
Tout guilleret, tout tranquille. Revenant de la mairie, précisément. Il faisait froid mais le soleil était vif. Bientôt, la chaleur reviendrait et les oiseaux chanteraient. Enfin bref, Gautier était heureux. Avant de voir l'état de sa maison. Il vivait aisemment. Avant de devoir faire réparer tous les dégats. Il pensait vivre en sécurité. Avant de voir deux garnements chez lui.

Le jeune homme, lui, entrait pas l'entrée principale. Entrée qui menait sur une courette. D'ici, rien n'avertissait de la tempête qui venait de ravager la maison du brun. Gautier n'était pas particulièrement matérialiste mais... perdre tout ce qui lui appartenait risquait de ne pas beaucoup lui plaire.
La porte s'ouvre et... yeux qui s'écarquille, bouchée béante, aucun bruit n'en sort. Le jeune homme approche doucement jusqu'au salon, marchant sur quelques bouts de verre. Plus rien n'était reconnaissable. Tapisseries déchirées, fauteuils déchiquetés, vaiselle cassée (--> c'est la fessée), rideaux morcelés. Un éléphant n'aurait pas réussi à mieux saccager la pièce.

Pas le temps d'aller voir l'état de la cuisine : il entendait du bruit à l'étage. Sans même prendre le temps de se prémunir d'une arme (qui n'aurait servi à rien, ne sachant pas s'en servir), Gautier monta les marches de l'escalier quatre par quatre pour débouler dans une des chambres. Celle où il gardait quelques affaires de Maureen. Saccagée. Et il entendait du bruit dans la chambre d'à côté. La scène prenait l'allure d'une chasse au trésor. Gautier cherchait les malfrats et se vangerait. Attrapant un vase qui avait, par miracle, survécu à la tornade, le jeune homme se hata vers sa chambre et y pénétra, tenant le vase à deux mains au dessus de sa tête, telle une boulangère menaçant un filou de son rouleau à pain.

Et ils se trouvaient là, les pignoufs ! Gautier s'élança sur le plus garçon des deux.


Ahhhhhh !!!

Dans quel but ? Le tuer, bien entendu. Non, pas plus triste que cela sur la perte de tout ce qui composait sa maison mais surtout en rage par l'acte. La symbolique de l'acte. On venait chez lui pour tout détruire et le voler.
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Grayne
Il fait bien de parler de renard pris dans le poulailler le frangin, car c'est vraiment l'impression que me donne la situation. Le joyeux carnage prend fin brutalement car nous voilà, dans cette chambrette au fond du couloir, avec le propriétaire qui déboule, et qui n'a pas l'air content. Je regarde mon frère, un sourire au lèvre face à la situation.

J'crois qu'il va falloir se carapater rapide...

En moins de deux, le voilà, il semble jeune le bougre. Le visage perdu et baigné de rage. Je crois que c'est cet air, notre butin. L'incompréhension de ce jeune homme à qui la vie à toujours du sembler douillette. Un sentiment d'injustice, face à cette violence jubilatoire, il en aura fait les frais pour tout les autres. Il ne semble pas prêt à rire le jeunot. Il déboule là, un gros vase à la main. Tiens, je ne l'avais pas vu ce vase là... m'est avis qu'il aurait fait un beau bruit jeté du haut de la fenêtre. Je m'échappe à ces pensées parasites en voyant le propriétaire supposé des lieux se jeter en hurlant sur mon frangin, le vase menaçant au dessus de la tête.

Rah ! Par les couilles du pape !

Je ne peux m’empêcher de jurer en tendant mon pied sur la trajectoire du jeunot. Il trébuche légèrement et le vase lui échappe des mains. Mais il faut croire que je ne suis pas si chanceuse que ça car l'imposant vase me retombe de tout son poids sur le pied.

Roh putain d'chiure !

La douleur est vive et ce foutu vase n'a même pas souffert de la chute. Pas besoin de réfléchir, nous sautons hors de la chambre tout les deux. Je dévale le couloir jonché de débris, non sans me prendre les pieds dans les fanfreluches colorées dont je suis encore vêtue.

On s'casse ! J'espère seulement que ce nobliau sera pas trop vif !

Lançais-en jetant un œil derrière moi.
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Gautier.de.vaisneau
Gné ? Ils s'en vont ? Gautier n'y comprend rien. Il est étalé par terre et vient apparemment de faire tomber le beau vase sur le pied de la friponne. Lui qui s'attendait à une longue bagarre, voilà que les deux canailles détalent comme des lapins. La joue rougie par le dur contact du sol contre son visage, Gautier se relève, l'air victorieux. Alors ils ont eu peur ! La rage laisse place à la stupéfaction et le jeune homme rit, fier de lui. Tout ce qu'il avait est détruit mais il a mit en fuite les voleurs.

Une drôle d'idée, dans sa victoire, vint malgré tout à l'esprit du brun. Idée vraiment particulière, dans un contexte particulier. Le de Vaisneau attrapa le vase encore au sol, se précipita à la fenêtre, l'ouvrit et tendit les mains tenant le vase dehors. Que voulait il faire ? Laisser tomber le vase sur la tête du premier qui sortirait. Quelques secondes d'attente, que voulait il faire ? Tuer un homme ?! Gautier n'avait jamais tué. Quelques secondes d'attente et l'idée lui paraissait plus sotte que jamais. Il laissa tomber le vase et se précipita à la suite des voleurs dans l'escalier.


Vous ! Vous n'avez pas le droit ! Attendez ! Je vous ferai arrêter ! Attendez !

Comme si le fait de vouloir les arrêter allait les faire attendre.. Il pestait, où étaient ils passés ? Il fallait les faire arrêter, les juger et les punir. La justice primerait !
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Grayne
Je continue à dévaler les escaliers, mon frère me suis de près et nous courrons tout ce que nous pouvons, envoyant valser sous nos pas les restes du carnage.

Je déboule dans le salon en trombe. Je m'arrêterai presque pour admirer le chaos ambiant. Le feu, nourri de tout ce que nous avons pu trouver qui brûle ou attise les brasiers, projette de grandes flambées qui lèchent dangereusement le tapisseries. Le peu de meubles entiers ont subit maintes outrages. Coups, brisures et tâches leurs donnent l'air d'avoir du traverser une tempête. J'aurais pu rester encore longtemps à admirer, un sourire satisfait au coin des lèvres notre œuvre, mais le nobliau resté à l'étage et l'urgence de se sauver m'en empêchent.

Je me tourne, cherchant une issue du regard et m'aperçois que la porte d'entrée est restée ouverte. C'est l'occasion.


Par là ! Me crie mon frangin qui s'y engage déjà.

Nous débarquons dans la petite cours que nous avions soigneusement évité pour notre entrée dans la demeure. L'air frais me parait presque agressif en emplissant mes bronches, chargées de l'odeur âcre mais grisante des choses qui brûlent.

Mon frère se tourne vers moi, et je vois sur son visage un drôle de sourire. Pas de panique, encore moins de remords. C'est un sourire qui dit que la partie n'est pas terminée, et que ce sagouin a une idée derrière la tête. Il se tourne légèrement et j'aperçois l'objet du délit.

Un cheval grisâtre broute son foin tranquillement dans une petite écurie.
Je hoche la tête. Dans ces moments là, je suis l'intuition de mon poète de frère sans réfléchir. J'ai beau l'avoir perdu de vue pendant presque dix ans, ce regard, je le connais. C'est la même étincelle que je pouvais lire à Calais sur sa trombine, de nos bêtises d'enfants à nos premiers coups de ce genre. C'est le regard de la fin en apothéose, les yeux qui me disent en "hé, frangine, tu va voir, t'aura l'coeur qui va décoller sous l'coup du sang aux oreilles". Il pourraient me dire aussi ces yeux "tu sais que tu peux me faire confiance !". C'est assez amusant qu'avec un seul regard de ce genre, je le suis sans réfléchir, alors que je suis bien placée pour le savoir, avec ce foutu frangin, la notion de confiance est quelque chose d'assez relatif...

Je laisse échapper un rire à ces pensées. Je me ressaisit vite, car on doit encore ce tirer de là !


On va s'payer une sortie théâtrale, la Reyne elle même en s'rais jalouse ! Dit-je en sautillant sur place.

Les cordes qui retenaient la bêtes tombent aussi vite que la porte de l'écurie fût ouverte.
Bossuet grimpe sur le dos de l'animal. Il me tend la main, et je me hisse derrière lui tant bien que mal avec toutes les fanfreluches que je porte encore sur le dos.
Bossuet tire comme il peut sur la crinière du cheval qui n'est pas harnaché, essayant de le diriger. Il donne de la jambe dans les flans. La bête souffle, se tourne, se cogne et finit par sortir. Quelques mètres nous sépare du portail et ce foutu animal n'a pas l'air d'être coopératif.


Fichtre-cul d'vieille mûle à colique ! Peste le frangin en donnant un coup de pieds supplémentaire à l'animal.

Mais le cheval à ses raisons que notre raison ignore. La bestiole fait demi tour et se met enfin à avancer, mais dans le mauvais sens.

Pas par là foutue carne ! Je me met à hurler en tapant du poing sur la croupe.

Et voilà qu'un vase, tombant de nulle part, explose aux pieds de la bête dans une gerbe de céramique brisée. Il n'en fallait pas moins pour décider enfin le cheval à se bouger. Pris de panique, l'animal se met alors à galoper en direction de la porte. Bossuet crie, et j'en fait de même, en voyant le chambranle se rapprocher dangereusement de nos têtes.

Et le cheval traverse le seuil pendant que nous nous baissons le plus possible pour éviter le drame. Ma tête frôle la pierre arrachant de mon crâne le couvre-chef qui y était encore vissé.

Il n'y à rien de plus bête qu'un cheval qui a peur. Il se cabre presque, donnant des coups tout autour de lui. Ses sabots retombent lourdement sur la table qui se brise sous le poids. Bossuet tente de reprendre le contrôle de la bête, encore moins rassuré par des flammes et des débris rependus partout.


Allez vieille bourrique ! Continue il de crier.

Le cheval donne encore quelques coups de pattes et semble finalement presque se calmer, et mon frangin, arrive enfin à reprendre le contrôle. Le cheval se stoppe en plein milieu du salon. J'aperçois le maître des lieux, nous hurlant de nous arrêter.

Pleins de confiance, maintenant que la bête est relativement calmée, la vue de ce nobliau empli de ce beau sentiment d'injustice me décroche un large sourire. Mon frangin rit aux éclats, se dressant de toute sa fierté sur son destrier nerveux. Il lève un bras, théatral, et je me met à crier d'une voix forte...


Souviens toi des frangins de Calais !

Je rit et crache au sol, pendant que mon frère donne des claques sur l'encolure du canasson en hurlant...

YOUHOUUU !

Le cheval, fait demi-tour et repart, piétinant de ses lourds sabots ce qu'il restait encore au sol. Dans un fracas incroyable, hélant et riant aux éclats, nous partons, au son du galop claquant sur le sol humide de l’hiver.

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