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[RP fermé - Dec] Intérieur, jour. Déboires du quotidien.

Desiree.
Soupir.
La langueur l’étreint encore. C’est presque à tâtons qu’elle prend l’enfant contre elle, et ses yeux se sont déjà refermés quand elle s’adosse aux oreillers.
C’est le matin. Leur matin, du moins, bien après la midi. L’enfant l’a déjà réveillée plusieurs fois depuis la fin de sa nuit de travail, aussi a-t-elle besoin de tout le temps de la tétée pour s’éveiller.

C’est son estomac qui la convainquit finalement de se lever. Il faisait un froid glacial dans sa chambre. Le feu ne s’était pas éteint, mais presque. Comme souvent. Il n’y a pas de petites économies. S’il n’y avait eu l’enfant, elle aurait cessé de l’alimenter dès le dernier client parti. Mais elle craignait que le froid ne tue le bébé, aussi rajoutait-elle du bois au moment de dormir.

Elle s’enroula dans une chaude fourrure, glissa ses pieds dans des poulaines fourrées, et entreprit de raviver les flammes. Quand la flambée eut repris, elle saisit l’enfant, recouché après son repas, et le calla contre sa hanche. Deux corps, même quand l’un est minuscule, se tiennent toujours plus chaud.
Dans le couloir, le froid la saisit un peu plus, et elle frissonna, jusqu’à la cuisine. Il devait bien s’y trouver un quignon de pain qu’elle pourrait tremper dans un fond de vin coupé d’eau pour calmer sa faim. Du moins l’espérait-elle.

Le bordel fonctionnait assez bien, du moins c’était un bon début. Mais il n’y avait que quelques petites semaines qu’il était ouvert, et leurs dettes étaient loin d’être remboursées.

A la cuisine, ayant déposé son fils au creux de la fourrure, sur la table, elle fourragea dans la huche à bois, la trouva bien vide, et nota mentalement qu’il faudrait demander à l’un des hommes d’aller en quérir au marché. Là aussi, elle souffla sur les braises, et patienta que les flammes reprennent le petit bois avant de leur donner une buche à dévorer.
Elle se tint debout un moment devant la cheminée pour se réchauffer, l’enfant de nouveau contre elle et emmitouflée à nouveau dans la lourde couverture, puis entreprit de mettre de l’eau à chauffer, cherchant d’une main les ustensiles et peut être – qui sait ! – un morceau de pain.
Elle avait oublié combien avoir faim pouvait être pénible.

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© Victoria Frances et Andy Fairhurst, création Atelier des doigts d'Or.
--Marceau


Le félin s'étire, il grogne, se gratte, il aurait presque pu se lécher la fourrure si celui ci n'avait pas été un être humain. Le Marceau au réveil c'est pas le marceau au travail il est nu sous les grosses couvertures, ses vêtements sont au pied du lit, au chaud sous les draps. Puis bon s'il devait sortir nu de l'alcôve il pourrait gêner, bien que lui ça ne le dérange guère, sans compter que le salon ne doit pas être chaud pour le moment, ils n'allaient rallumer le feu qu'au dernier moment soit pour que les clients n'aient pas froid. D'ailleurs il fait meilleur dans l'alcôve que dans le salon, en effet celle ci a profité de la chaleur résiduelle de la cheminée et lui celle des draps. Jusqu'à ce qu'Emilla les change, ce qu'elle ferait sans doute après s'être levée.

Donc notre félin s'habille, il ferait sa toilette plus tard, il enfile ses collants de laine, ses braies, sa chemise épaisse et une surchemise, pas beau pour deux sous mais tout en laine et cuir, ça tiens chaud. Ses vêtements sont froissés mais il s'en moque, ce n'est pas ses compagnons de galère qui iraient se plaindre. Bref il ouvre les panneaux en bois et va chercher ses bottes cachées derrière le bar, il ne peut pas les mettre dans l'alcôve car il n'y a pas de place, il n'a pas de chambre, car ils n'ont pas encore assez d'argent pour s'agrandir et se permettre d'avoir chacun leur chambre, et il faut les cacher des clientes car enlever ses bottes devant une femmes est une choses les moins glamours qu'il soit.

Le voilà prêt, à la différence des autres son seul bien était sa garde robe, acheté par sa maquerelle de province et dont il avait la pleine jouissance. Il prend la direction de la cuisine entendant un son connu d'eau qui chauffe, s'arrête un instant pour évacuer le trop plein d'air de son corps et arrive allégé dans la pièce. Il se sent mieux.


S'lut.

Le blond s'approche de la femme pour faire un signe au bébé, car malgré tout il aime les enfants. Il est même frustré qu'on ne lui permette pas de s'occuper du nourrisson. Enfin peut être qu'un jour, la mère aura suffisamment confiance en lui pour le lui confier. En attendant un autre bruits que dans le salon se faisait entendre, c'était celui de son estomac.

On a de quoi déjeuner dans le coin ?


Emilla
Le froid l'a réveillée. Tôt mais elle a l'habitude. Elle s'est installée dans un des divans qu'elle a rapproché de la cheminée qui s'est éteinte peu à peu dans la nuit et malgré toutes les étoles du salon déposées en couche d'oignon sur elle, le froid a vaincu son sommeil. Alors elle s'est levée et en a profité pour ranger en silence le salon pour le soir, déposer les étoles avec soin et vérifier la vaisselle du comptoir. Le rythme est immuable : à la fin de la soirée, elle laisse les autres aller se reposer et fait la vaisselle qui ne peut attendre pour éviter les dépôts sur les verres délicats. Elle fait ensuite l'inventaire de ce qui lui manque en boisson pour aller réapprovisionner le lendemain.

Et voici le matin et ses tâches immuables depuis déjà un mois, mettre le salon en état, ranger la vaisselle mise à sécher la veille, et laver le linge de la veille. Emilla enfile une veste épaisse en laine, prend le panier de linge, une petite bourse de pièces et sort en silence. Le soleil est levé depuis peu, le marché va ouvrir. Alors elle se hate au lavoir. Elle casse la glace du dessus, et relève ses manches pour frotter avec vigueur draps et vêtements. La tache est rude et le froid cuisant, mais elle pourra se réchauffer plus tard. Elle pense au soir et au salon bien chaud, ça l'aide à tenir.


Une fois tout le linge lavé, elle l’essore et le replie dans le panier : il sèchera dans la cuisine. Puis, routine journalière, elle se dirige vers le marché, allant directement vers ses fournisseurs : vins, mets délicats, elle négocie âprement chaque produit car chaque denier économisé et la chance d'acheter un peu à manger pour tous. Le vendeur de pates de fruits, toujours aussi libidineux, laisse ses mains trainer sur sa hanche durant les négociations, mais Emilla serre les dents car elle sait que plus il se concentre sur ses courbes, plus il sera bienveillant sur la note. Alors elle sourit et songe à la miche de pain que ces caresses déplacées lui permettront de ramener aux autres.

Enfin, le retour. Emilla entre dans la cuisine avec son sac de denrées précieuses et son panier à linge rempli. Elle pose le tout sur la table et lache un soupir de soulagement sous le poids libéré.


Bonjour. Les courses sont faites. j'ai réussi à avoir une belle miche de pain, deux pommes et un peu de lait. Le gros Jacquot était de "bonne composition" ce matin.

Emilla n'a pas besoin de préciser que ce don s'est assorti de propos graveleux et de caresses sur ses reins. Désirée connait le personnage et pour Marceau, elle préfère qu'il l'ignore, il pourrait en parler à Jules. Emilla s'étire, gardant sa veste pour le moment puis va se réchauffer ses doigts bleuis à la cheminée, les yeux cernés. Le linge peut bien attendre quelques minutes.

Vous êtes levés tôt, j'espère que je ne vous ai pas réveillés en partant.
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Desiree.
Jour…

Elle haussa les épaules à la question du blond. Visiblement, il aimait dire des idioties. Le ventre de la catin grondait, et elle fouillait toujours.
Elle finit par mettre la main sur quelques feuilles sèches, au fond d’un pot. De la menthe. Elle en jeta quelques unes dans l’eau bouillante, avec parcimonie. Assez pour donner un léger arrière goût à l’eau, probablement trop peu pour rafraichir l’haleine lourde des petits matins.

Elle sourit à Emilla qui entrait avec du pain.


Bénie sois tu ! Je meurs de faim !

Parce qu’en plus, si elle s’alimentait moins, elle perdrait la capacité de nourrir son enfant. Et leur fuite à tous aurait été vaine. Il lui aurait fallu de la viande, elle le savait, et des légumes. Elle ne refusait plus dorénavant les verres de jus de fruits rares et chers qu’Emilla concoctait lorsqu’un client désirait lui offrir à boire. Parce que le client payait.
Avec un soupir, elle s’assit à table, l’enfant toujours serré contre elle.


J’ai relancé le feu dans ma chambre, Emilla, on pourra y mettre du linge à sécher et y préparer un bain.

« On » est très égale à « tu », dans ce cas de figure. La Princesse des bordiaux s’habitue à la vie en communauté, elle sait faire bouillir de l’eau pour la tisane du matin, et elle a appris à faire confiance à ceux qui l’entourent. Mais étendre du linge, ça… C’est une autre affaire. Elle ne se rend pas toujours bien compte du travail que cela représente, même si elle voit bien qu’elle s’endort quand Emilla compte ses bouteilles, et que la jeune fille est déjà sortie au moment où elle se lève.
Mais elle est si fatiguée elle-même par ses nuits de travail, et les multiples réveils pour allaiter l’enfant – qui, lui, dort la nuit – que les tâches abattues par Emilla sont à peine remarquées.

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© Victoria Frances et Andy Fairhurst, création Atelier des doigts d'Or.
Rouquine
La place à côté d'elle est froide lorsque la rouquine se réveille, et elle fronce les sourcils. Ce n'est pas la première fois. Emilla l'a-t-elle même rejointe, cette nuit ? Est-elle allée se réchauffer dans les bras de Jules...? La jeune fille l'espère, mais à observer le manège mal à l'aise de ces deux là, elle en doute.

La réponse bien plus plausible, serait que celle qui n'est pas sa soeur quoiqu'elles le prétendent depuis longtemps et le ressentent comme tel, s'est encore levée bien trop tôt ce matin, après avoir passé la nuit à veiller sur leurs besoins... Ou pire encore, ne s'est pas couchée du tout.

Enfilant sa cape sur sa chemise de nuit pour lutter contre le froid de décembre, la jeune fille sort de la chambrine et se hâte aux cuisines, en quête de sa cadette, et bien determinée à lui demander combien de temps, et où, elle a dormi. Avant même qu'elle ait poussé la porte, la voix de Désirée confirme ce qu'elle a deviné. Emilla est sortie bien avant leur réveil.


Bonjour, tous...

Un coup d'oeil alentour, et le panier de linge est vite repéré également. Délaissant le pain odorant malgré la faim qui la tenaille elle aussi, elle s'approche de la cheminée et prend les mains de sa soeur dans les siennes.

Tu es glacée. Et tu as une mine à faire peur. As-tu mangé un peu ? As-tu dormi, au moins ?

Les yeux bleus scrutent le visage cerné de sa cadette, inquiets. Elle s'est un peu remplumé à la Rose, ses formes s'affirment, et depuis quelques semaines, la rouquine prend peur que les clients n'y prennent assez goûts pour réclamer qu'elle....Et quand un client réclame, comment lui dit-on "non", dans un bordel qui se vante de ne rien refuser à ses clients ? Se mordillant la lèvre, elle n'en dit rien pourtant. Une seule chose la rassure, un petit peu. C'est qu'elle a déjà entendu les hommes parler d'Emilla comme étant une rouquine. Si elle se débrouille bien, si elle se jette sur leur genoux avant qu'ils n'aient le temps de trop regarder sa soeur... Alors une rouquine ou une autre... Oui, plus Emilla lui ressemble, et plus elle peut la protéger. C'est pour cela qu'il faut qu'elle mange. Sa finesse lui confère une différence physique qui pourrait plaire à ceux qui aiment les rousses, mais pas les rondes... Logique ridicule, mais on pense un peu n'importe comment, quand on s'inquiète. Et avoir fui la Rose pour qu'au final Emilla soit forcée de se vendre... ce serait avoir faim pour rien !
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Rouquine sévit au Boudoir des Sens.
--Marceau


Les feuilles étaient de plus en plus rare, dommage cela était agréable d'avoir un gout en bouche autre que celui du réveil. Puis il se souvint de ce que faisait sa mère. Elle avait mis un pied de menthe sous la fenêtre de la cuisine, ils devraient essayer d'en trouver un pour le replanter ou sinon son idée devrait attendre le printemps prochain. D'ailleurs ils pourraient faire un carré de terre et y mettre des légumes, on sait jamais ça pourrait marcher. C'est sur ses pensées qu'Emilla arriva. Lui qui la pensait encore au lit. Il faut dire qu'il était un peu le maillon faible de la bande, arrivé là plus pour sauver Jules que réellement accepté. Il faudrait du temps pour que ça aille tout seul. Il sourit à la demoiselle, elle était le sauveur du jour.

Tu n'as pas fait le moindre bruit, je pensais être le premier levé.
Tu veux ma veste ? Il doit geler dehors.


Bien sur il ne se jetterais pas sur le pain, et pourtant il mourrait de faim, il faudrait trouver de quoi faire pour se soir, histoire qu'ils aient tous le ventre plein pour la soirée, c'était ça le plus important. Il ne prendrait donc qu'un petit morceau histoire d'en économiser le plus possible. La Rouquine arrivait à ce moment là, il la salua.

Je vais aller à Vincennes aujourd'hui. J'y ai vu du gibier et les Chasses Royales y vont, c'est que cela doit regorger d'un lapin ou deux. Je vais tenter d'en attraper. Il faudrait aussi aller couper du bois, on ne peut pas se permettre d'en acheter et il ne faut pas en manquer. Peut être que nous pourrions trouver des racines pour mettre dans un potage.

Après tout c'est ce que faisait sa mère non, pauvre comme ils étaient. C'est aussi pour cela qu'il était devenu ce qu'il était, parce que sa famille ne pouvait pas le nourrir et qu'il avait été remarqué. Il savait donc une chose ou deux sur la forêt et la chasse. Faut dire qu'en cette saison il y avait surement pas grand chose à manger même en forêt seulement n'importe quoi pour aromatiser de l'eau ça serait bien.

Si on trouve un pied de menthe, il faudra le déterrer et le ramener ici. On le plantera. Les filles ça vous tente une ballade en forêt ?

Oui le Marceau était optimiste, car sur toutes ses belles paroles et promesse de nourriture il y avait une donnée importante à prendre en ligne de compte : la chance. Et oui, ils n'étaient absolument pas sur de trouver quoi que ce soit, mise à part le bois.


Le.jules
D'humeur féroce, et pas qu'à cause de la faim, Jules approchait des cuisines. Il avait cru, bêtement, qu'Emilla partagerait encore sa couche, quand bien même ce ne serait que pour dormir. Mais la jouvencelle ne le rejoignait jamais, et il n'osait insister. Du coup, il dormait mal. Etonnant, rageant, même, combien il s'était habitué à sa compagnie discrète. Mais avant même qu'il pousse la porte....

Tu es glacée. Et tu as une mine à faire peur. As-tu mangé un peu ? As-tu dormi, au moins ?

Entrant dans la cuisine, les yeux noirs se posèrent immédiatement sur l'origine de la voix. La petite rouquine était là, les mains d'Emilla dans les siennes. Un rapide tour d'horizon lui apprit que tous étaient déjà là. Désirée semblait épuisée, mais ravie à la vue du pain posé sur la table. Il approcha des deux soeurs, écoutant Marceau d'une oreille distraite, parler de Vincennes, de gibier et de racines. Plein de ressources, le jeune gars.

Les filles ça vous tente une ballade en forêt ?

Les yeux rivés sur le visage épuisé d'Emilla, Jules sentit la bile lui monter à la gorge. Encore une fois, la faim n'y était pas pour grand chose. Elle avait en effet l'air mal en point. Comment, tout à sa propre fatigue et à ses regrets d'avoir perdu leur complicité, avait il pu ignorer à ce point les signes... ? Oh, il avait bien vu qu'elle semblait fatiguée, mais à force d'éviter de la dévisager, il n'avait pas vu à quel point. A présent que Rouquine mettait le doigt dessus, il ne pouvait plus rester coit. A quoi bon les risques qu'il avait pris pour la protéger, s'il ne pouvait la protéger d'elle même ? Avait-elle décidé de se tuer à la tâche ?

Emilla n'ira nullepart aujourd'hui.

Ni la colère qui perçait dans sa voix, ni l'ordre - car s'en était bien un- qu'il venait de donner, ni le regard sévère, n'était dirigé contre Marceau. Fixant la jouvencelle, tremblant de colère contenue, il ajouta à voix basse.

Tu restes te reposer, Emilla. Et je reste pour m'en assurer.

Placant un bras rassurant autour des épaules de l'aînée, il posa sa main libre sur celles des deux soeurs, l'une encore chaude du lit n'arrivant nullement à masquer le froid glacial qui émanait de l'autre. Il la rechaufferait lui même, qu'elle le veuille ou non. Il lui frictionnerait les pieds et les mains, et il... Secouant la tête pour chasser les souvenirs de leurs corps enlacés, il s'adressa à la rousse.

Rouquine, veux-tu bien préparer une bouillote, elle va en avoir besoin.

Les yeux rivés sur le si joli visage d'Emilla, ravagé de fatigue, il attendit une réaction. Si elle n'acquiescait pas... il était bien tenté de l'embarquer comme un sac sur son épaule et d'aller la mettre lui même au lit. Elle serait capable de resister, de s'écrier qu'il y avait encore trop à faire, foutue tête de mule. Mais têtu, il pouvait l'être aussi. Et ce visage défait, il ne pouvait le regarder une matinée de plus sans rien dire, surtout si sa grande soeur s'inquiétait elle aussi.
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Retrouvez Jules au Boudoir des Sens.
Emilla
Emilla rougit à l'arrivée de Rouquine. Elle a son regard de ne pas s'en laisser dire, et ça sent mauvais pour son grade. Les mains chaudes de celle qui est comme sa soeur viennent prendre les siennes, glacées par l'eau froide du lavoir et la sentence est sans appel.

Tu es glacée. Et tu as une mine à faire peur. As-tu mangé un peu ? As-tu dormi, au moins ?

Aïe, il faut bien qu'elle mette les pieds dans le plat et appuie là où ça fait mal. Mais après tout, elle fait simplement sa part pour rembourser à la même hauteur que chacun. Les autres prennent soin des clients et elle se charge de l'intendance. Elle allait dire qu'elle a dormi avec Jules mais hélas ce dernier entre à son tour et en rajoute une couche.

Emilla n'ira nulle part aujourd'hui.

Prise entre deux feux, elle ne peut profiter de non dits pour éluder la question comme à son habitude, alors elle soupire et se justifie comme elle peut.

Mais j'ai dormi voyons, je me charge juste de mes tâches journalières. Il faut bien laver le linge et faire les courses. Promis, après avoir étendu le linge j'irai me reposer un moment.

Parce que bon, il y avait encore la couture à faire, et passer un coup de ménage dans le salon avant que les prochains clients n'arrivent. Les chambres du haut à remettre à plat, la bougie d'extérieur à changer... Hum, éviter de dire tout ça, le regard de Jules lui promettait une belle fessée si elle l'ouvrait trop... Mais en attendant, ils étaient tous bien gentil, mais il fallait bien que quelqu'un assure ces taches pour que la maison soit prête au soir, tout ne se faisait pas comme par magie.

Et pour ce qui est de manger, j'ai trouvé du pain et quelques fruits...

La voix diminue peu à peu en intensité et assurance, sentant venir la question fatidique de ce qu'elle a bien pu faire pour avoir tout ça sans payer.

Mais déjà la voix de Jules raisonne et l'allure et le ton ne la rassurent guère.

Tu restes te reposer, Emilla. Et je reste pour m'en assurer.

Re aïe, il venait de poser sa main sur la sienne, ses yeux dans les siens et Emilla sentit toutes ses barricades s'ériger pour ne pas craquer et rester aussi froide, résolue et opiniâtre que ces dernières semaines. Cet homme était sa seule faiblesse, sa plus grande déchirure et elle ne voulait plus souffrir comme elle l'avait fait il y a deux mois.

Ca ira, vous pouvez aller en forêt, je ferai un somme après mes tâches avant que les clients n'arrivent.
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Le.jules
Mais j'ai dormi voyons, je me charge juste de mes tâches journalières. Il faut bien laver le linge et faire les courses. Promis, après avoir étendu le linge j'irai me reposer un moment.

Si Jules n'était pas homme à fesser une femme sans demande express de sa part, il était bel et bien homme à se faire obéir. La jeune fille tentait de résister, mais cela il l'avait prévu, et il ne comptait pas la laisser finir ces tâches aujourd'hui. Les autres le feraient, cette fois. Lâchant la rouquine pour qu'elle prépare ladite bouillote, il serra les dents, refermant sa main sur celle d'Emilla.

Et pour ce qui est de manger, j'ai trouvé du pain et quelques fruits...

Jules se contenta de hausser les épaules. La façon dont elle dépensait le peu qui restait après avoir payé leurs créanciers lui était bien égal, si c'etait pour qu'elle s'épuise....

Ca ira, vous pouvez aller en forêt, je ferai un somme après mes tâches avant que les clients n'arrivent.

Non. Tout de suite.

Les maigres excuses d'Emilla ne lui faisaient ni chaud ni froid. Si elle croyait qu'elle allait se débarasser de lui comme ça... Si elle croyait qu'il avait pris tous ces risques pour la suivre, et qu'en plus de déserter sa couche elle pouvait s'affamer et s'epuiser sans qu'il réagisse ! Le petit corps avait pris quelques formes à la Rose Noire, à grand renfort de tartines beurrées et de confitures, mais il voyait bien que déjà, elle commencait à les reperdre. Et ces cernes, tudieu, même la nouvelle mère qui devait travailler et nourrir l'enfançon en même temps n'en avait pas de si marquées.

Ni une ni deux, il se pencha, jucha Emilla sur son épaule comme un sac de patates, tête en bas, la maintenant fermement par les cuisses, et se dirigea vers la porte sans se soucier si elle protesterait ou non, en lançant derrière lui à une Rouquine clairement médusée....


Laisse la bouilotte, Rouquine. Je la réchaufferai moi même.

[Alcôve de gauche, fraichement quittée par Jules]

La salon fut vite traversé, et après une seconde d'hésitation, il choisit l'alcôve dans laquelle il venait de passer la nuit. Plus petite qu'une chambre, elle retenait mieux la chaleur, et bénéficiait de la proximité de la grosse cheminée qui brulait toute la nuit durant. La jeune fille fut déposée sans ménagement sur la couche qu'il venait de quitter, sans doute encore chaude de son corps.

Le regard de Jules était clair. Quoiqu'elle dise ou fasse, il la réchaufferait et la forcerait à se reposer. Grimpant sur le lit, à genoux aux pieds d'Emilla, il referma les tentures d'un geste sec, avant de la dechausser pour lui frictionner les pieds.


T'es gelée. Pour quoi tu ne viens pas dormir contre moi, enfin !?
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Retrouvez Jules au Boudoir des Sens.
Desiree.
Ca va un peu trop vite pour elle, ce matin. Elle est encore ensommeillée, et elle voudrait bien un bout de pain pour tremper dans sa tisane. Même sans beurre, et encore moins sans confiture. Il faut bien qu’elle évite de maigrir, sans quoi ils perdront vite de l’argent !

De sa main libre, elle frotte ses yeux, puis cache son bâillement.


Il fait trop froid, Marceau, pour Artur. Je resterai ici.

Surtout si elle pouvait gagner quelques heures, voire même minutes ou secondes de sommeil en plus. Elle ne l’avouerait pour rien au monde, mais s’occuper d’un enfant était épuisant. Bien plus plaisant que son métier, mais tout aussi fatigant. Son fils (sa bataille, toussa) était un bébé éveillé et heureux qui, n’ayons pas peur des mots, n’avait aucune conscience du temps qui passe et du nombre d’heures qu’avait dormi sa mère avant de brailler pour avoir son petit déjeuner. Parfois, lorsqu’elle luttait contre les larmes, l’enfant contre son sein, elle envisageait d’envoyer chercher son père. Mais toujours, une fois l’angoisse passée, elle se reprenait. Trop risqué. Trop dangereux. Pour vivre heureux, vivons cachés.

Mais voilà que Jules se lève, qu’Emilla s’embourbe dans des explications vaseuses. Vrai qu’elle a l’air fatiguée, la petite. Epuisée, même.
Sidérée, la Dez assiste à l’enlèvement de la gamine par le soldat, puis tourne deux yeux ronds vers la Rouquine et Marceau. Médusée.


Qu’est-ce qu’il leur prend à eux ?

Mais un gargouillis tire de ses questionnements. Et puis surtout, on pouvait parler en mangeant ! Elle rompit un morceau de pain et le trempa dans sa tisane, suçotant ensuite bruyamment l’eau chaude de la mie spongieuse. L’avantage d’être l’égale de ses comparse, c’est qu’au moins la journée, on pouvait être nature !

Elle a l’air crevée la ptite.

Merci, Dez, on avait remarqué.
Mais il fallait bien commencer à en parler, maintenant.

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© Victoria Frances et Andy Fairhurst, création Atelier des doigts d'Or.
Emilla
[Cuisines : kidnapping]

Non. Tout de suite.

Toudiou! Et voilà! Il faut qu'il recommence à vouloir s'occuper d'elle et son univers valdingue de nouveau sans dessus dessous! Pas le temps de comprendre, la faim et la fatigue lui coupant les jambes, la roussette se retrouve cul par dessus tête sur l'épaule de son soldat, à batailler d'indignation tapant du poing dans le dos, tricotant des gambettes dans ses jupons, sans aucun résultat probant que d'être transbahutée sans pitié sous le regard hébété du public.

Jules, par tous tes Saints, pose moi au sol! Non mais arrête! ... Puis attention à la port... ouille! Mais bougre de bougre, je veux descendre, je veux desc....


[Alcôve de gauche, fraichement quittée par Jules]

Oh! Ben elle vient de descendre d'un coup... Trop occupée à se débattre, elle n'a pas vu le chemin parcouru et la voilà qui rebondit sur le draps du lit d'une des alcôves. Non mais ça va pas! Elle est peut être discrète et effacée mais elle n'est pas un objet! Et voilà que monsieur lui tripote les pieds. Non mais il ne peut pas la laisser tranquille? Elle a du travail à revendre d'ici ce soir et c'est pas Désirée qui va aller étendre le li...

T'es gelée. Pour quoi tu ne viens pas dormir contre moi, enfin !?

A ben gagné, il vient de lui couper sa chique mentale le Julot : pourquoi ELLE ne vient pas dormir contre lui? Pourquoi? POURQUOI? Deux mois qu'elle accumule le chagrin la petiote, alors, inévitable, avec la fatigue, ça sort.

Pourquoi? Parce que dormir dans le froid du salon ou laver le linge au lavoir en cassant la glace c'est toujours une douleur moins grande que de devoir passer la nuit auprès de toi sans plus jamais pouvoir te toucher et t'aimer. Tu as voulu que je sois une honnête femme? Ben tu as gagné je le suis : je fais tout pour ça, sagement, sans me plaindre, sans faire de vagues. Mais faudrait pas non plus pousser à me demander de me torturer chaque nuit allongée contre ton corps. Je n'arriverais jamais à dormir. Au moins dans les divans du salon, j'ai un peu de chaleur le temps que le feu s'éteigne. Et après de toute façon, il y a tant à faire pour que vous puissiez travailler sereinement le soir.

Pour une petite qui ne parle jamais, la tirade est sortie d'un coup, visiblement coincée en travers de la gorge depuis un moment.
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Le.jules
[alcôve de gauche : puisqu'on vide son sac...]

Les mâchoires serrées, il l'écoute, surpris d'abord....

Pourquoi? Parce que dormir dans le froid du salon ou laver le linge au lavoir en cassant la glace c'est toujours une douleur moins grande que de devoir passer la nuit auprès de toi sans plus jamais pouvoir te toucher et t'aimer.

Enervé, ensuite... Ah parce qu'elle pensait qu'il lui avait fait mal de gaité de coeur, peut-être ?

Tu as voulu que je sois une honnête femme? Ben tu as gagné je le suis : je fais tout pour ça, sagement, sans me plaindre, sans faire de vagues.

Furieux... Alors elle ne voulait pas l'être, honnête ? Préférait-elle être catin, peut etre ? Et puis c'était pas se tuer à la tâche, d'être une honnête femme !

Mais faudrait pas non plus pousser à me demander de me torturer chaque nuit allongée contre ton corps. Je n'arriverais jamais à dormir.

Vaincu, un instant. Lui il avait du mal à dormir sans elle, mais il ne l'aimait pas comme ça... Blessé, un peu aussi.. Alors quoi, alors sa tendresse, son amitié, son respect, les risques qu'il a pris pour elle ne valaient rien ? Le reste du discours de la jeunette fut perdu pour l'ancien soldat. Les tâches à faire, il fallait les partager. Ce qui résonnait encore dans sa tête, c'etait les phrases précédentes, une, surtout..."Tu as voulu que je sois une honnête femme..."

Si ses yeux n'avaient pas déjà été noirs, ils se seraient encore obscurcis. Se penchant en avant, il posa les deux mains sur ses hanches et d'une voix basse, grave, sourde, il laissa les vannes s'ouvrir, lui aussi.


MOI ? Moi, j'ai voulu que tu sois une honnête femme, Emilla...? Quoi, pas toi ? Tu veux être fille mère ? Tu veux quoi de moi à la fin ? Je fais tout pour te respecter, je tiens à toi plus qu'à quiconque, j'ai risqué pour toi plus que pour quiconque. Qu'est ce que tu veux de plus, bordel ? Que je te mente ? Que je me serve de toi ?

S'il avait pu voir son regard de bête blessée, il aurait fui bien loin de cette jeune fille qui tirait un peu trop sur les ficelles de son coeur si bien gardé. Au lieu de cela, il approcha encore, les mains de chaque coté de ses épaules à présent, penché sur elle, le visage au dessus du sien.

Tu crois que je le savais pas, le mal que je te ferais en te dépucelant alors que tu étais éprise de moi ? Tu crois que j'avais le choix ? J'aurais pu mentir, te séduire comme elle l'avait demandé, sans te dire le but réel...

Le "elle" fut dit avec dédain, et s'ils n'avaient été sur un lit, il aurait craché parterre en signe de dégoût.

J'ai pas pu ! Et ensuite, quand j'ai su que tu pouvais y échapper.... Quoi, j'ai eu tord de vouloir te laisser UNE chance d'etre heureuse, plus tard ? Mariée à un homme qui t'aime, plutot que fille mère d'un courtisan ? Et tu le nourirrais comment, l'enfançon, sinon en vendant ton corps ?

A quoi bon, leur fuite, si elle finissait au même point à cause de lui ? Il savait qu'il la choquerait, mais ses pensées se bousculaient pour sortir maintenant qu'en lui faisant reproche elle avait ouvert les vannes. Ouvrir les vannes est dangereux. Et elles étaient bien ouvertes, cette fois. Avant qu'il ne puisse se retenir, la suite sortait, grondée à voix basse.

Eh merdre, tu crois que je dors bien, moi ? Tu crois que tu ne me manques pas ?

Les larges mains vinrent attraper celles d'Emilla, les plaquant de part et d'autre se sa tête, alors qu'il s'allongeait de plus en plus sur elle.

Si je protège un honneur dont tu te fiches éperdument... Si je fais tout ça pour rien, dis le de suite, ça peut s'arranger...

Les yeux sombres dans les siens, pleins de douleur et de rage trop longtemps contenus, il la couvrait à présent totalement de son corps, un genou comme seul appui pour ne pas l'écraser. A quoi bon ce manque, à quoi bon cette retenue, ce respect, si elle n'en avait rien à faire, elle... Toute sa bonne volonté, sa conscience, son honneur, tout cela ne tenait à présent plus qu'à un fil. A un mot d'elle.
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Retrouvez Jules au Boudoir des Sens.
Emilla
[Alcôve de gauche : miettes de coeur éparpillées aux quatres vents]

Emilla voit la colère et les mâchoires qui se serrent chez le soldat au fur et à mesure qu'elle vide son sac, et soudain elle a peur, peur comme elle n'a jamais eu avec Jules. Ce dernier lui répond en la capturant sous son poids, lui reprochant de se protéger de lui et de ne pas le remercier de vouloir la protéger. Ses pupilles se dilatent et ses lèvres tremblent quand il la domine finalement de tout son corps. Le soldat prend ses mains pour les immobiliser et son corps se colle au sien. Emilla gémit sourdement à ce contact. Mais si les lèvres tremblantes pourraient passer pour du désir, ses yeux perdus dans le regard d'orage de Jules sont un cri de terreur silencieux. La réponse à sa diatribe sort avec difficulté de ses lèvres sèches.

Je... je me fiche pas de mon honneur, trop de monde subit cette vie difficile ici pour le protéger et pour tout le monde ici je m'investis autant que je le peux pour vous remercier... Mais dormir auprès de toi et le protéger, ça je ne peux pas. Tu as réveillé en moi un feu à mes dépends, et ce feu, je ne peux plus l'assouvir, je ne dois plus : tu me l'as assez fait comprendre. Passer mes nuits contre ton corps, rêver de tes mains sur moi, de l'ouragan qu'elles seules savent faire naitre au creux de mes reins... J'ai essayé de m'apaiser seule, mais ce n'est que frustration. Chaque soir, je dois te regarder monter offrir à ces femmes ce que je n'aurai plus jamais. Je suis comme dans ce livre que j'essaye de lire qui parle des Dieux du passé, ce Tantale qui a à sa portée tout ce dont il rêve mais qu'il ne pourra plus jamais avoir... Tu es peut être mon épreuve ou ma damnation que m'a envoyé ce Dieu dont tu parles... J'ai du commettre une horreur.

Les mots sont égrainés avec difficulté et la peur de la violence qu'elle lit dans les yeux de Jules ne s'apaise pas. Pourtant son corps, au contact de celui qui lui manque à en vriller sa peau, ne peut s'empêcher inconsciemment de s'arquer pour se lover dans sa chaleur, comme un drogué en manque de cette dose qui l'apaisera un instant.
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Rouquine
[Cuisines : une rousse en pleine reflexion.]

Qu’est-ce qu’il leur prend à eux ?

Je croyais qu'elle dormait avec lui, moi... visiblement non...

Tout aussi médusée que sa collègue, Rouquine abandonne l'eau qu'elle faisait chauffer pour les pieds d'Emilla et s'assied à la table.

Elle a l’air crevée la ptite.

Oui. Je vais étendre son linge, et je viendrai avec toi en forêt ensuite, Marceau, si tu veux bien m'attendre... ?

Rompant un morceau de pain à deux mains, elle mord dedans à belles dents, le plaisir devenu rare du pain blanc et frais légèrement gaché par ses par diverses inquiétudes et questions... qui ne tardent pas à sortir à peine la premiere bouchée avalée.

Elle va pas pouvoir tenir longtemps encore, à faire les nuits avec nous et les journées en plus...

Nouvelle bouchée, nouvelle reflexion.

Je sais qu'on veut rembourser au plus vite mais... on aurait pas de quoi payer quelqu'un pour les corvées de jour...Ca nous ralentira un peu mais... J'ai peur qu'Emilla prenne mal.
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Rouquine sévit au Boudoir des Sens.
Le.jules
[alcôve : quand tous les principes s'écroulent]

Si Jules avait pu lire dans ses pensées, s'il avait su qu'elle entendait sa détresse de ne pas savoir quoi faire pour rester honorable sans la blesser comme des reproches sur un merci qu'il n'attendait en rien... Il aurait amèrement regretté sa décision de tout dire à Rouquine au lieu de faire son travail sans se soucier une seconde des émotions d'Emilla.

Au lieu de cela, il ne vit que la terreur dans ses yeux. Qu'elle puisse avoir une peu peur de ses réactions, il aurait pu le concevoir, mais de la terreur ? Pour lui ? Lui qui faisait tout pour la protéger de son destin, sans être ni son père, ni son frère...? Le corps raidi sous le choc, il ne put que rester là, à tenter de comprendre ce qu'elle disait.

Au début, il baissa les yeux, un peu penaud de n'avoir pas songé que dormir dans ses bras puisse être trop douloureux... Mais plus elle parlait, plus la notion qui se dégageait était celle de tentation, de frustration... Nul mention de douleur, d'amour, de manque... Clignant des yeux, il tenta desespérement de comprendre pourquoi elle ne relevait rien, rien du tout, de ce qu'il venait de dire. N'avait elle pas entendu qu'elle lui manquait ? Qu'il tenait à elle assez profondément pour penser à elle avant lui ? Non, juste un corps qui réclamait ce qu'il donnait aux autres....

Une douleur sourde envahit sa poitrine. Toutes ces nuits à la Rose Noire, il avait cru qu'elle avait besoin de lui. De sa tendresse, de son soutien, de sa protection. C'etait cela qui avait approfondi son attachement pour elle au point de risquer gros pour la suivre dans sa fuite. Mais non... Emilla jalousait les clientes. Le reste, elle n'en parlait même pas.... Alors.. Rien ne comptait pour elle que le feu dévorant entre ses cuisses ? Et comment pouvait-il encore bruler après deux mois loin de lui ? Et comment pouvait elle dire que lui seul savait l'attiser, quand aucun autre homme ne l'avait approchée ?

Et puis elle parla d'un livre, et Jules écarquilla les yeux, sans même entendre de quoi le livre parlait, tant son cerveau restait bloqué sur le fait même qu'elle possède un livre sans compter qu'elle avait le temps de le lire....Comment, alors qu'ils crevaient de faim, avait elle pu s'offrir un objet si cher, si rare, recopié à la main par des moines ? Mais elle poursuivait, et il se forca à remettre à plus tard ses questions pour tenter de suivre.


.... qui a à sa portée tout ce dont il rêve mais qu'il ne pourra plus jamais avoir...

Tout ce dont elle rêvait, c'était donc bien son corps ! Parce que son affection, son respect, sa présence, elle les avait, mais c'était elle qui se tenait à l'écart... Elle n'était pas si différente des clientes qui ne voyaient en lui qu'un fantasme, pire même, puisque les nobliotes venaient se donner dans ses bras l'illusion d'un soldat protecteur.. Chose qu'Emilla avait, elle ! Le poignard qu'il sentait dans ses tripes parut faire un quart de tour, lui vrillant le ventre.

Tu es peut être mon épreuve ou ma damnation...

Sa damnation... sa damnation !!! Le sang glacé jusqu'aux os, ébranlé jusque dans ses principes les plus sacrés, Jules blêmit et eut un mouvement de recul tangible. Il s'était voulu son sauveur, avec les pauvres moyens dont il disposait. Et elle le regardait avec de la peur dans les yeux. Elle le voyait comme sa perte !!! Comme celui qui lui avait mis le diable au corps !

A cet instant, comme pour confirmer ses craintes, le corps souple de celle qu'il avait cru si pure, si douce et si tendre s'arqua contre le sien en un appel animal qu'il ne connaissait que trop bien. En un bond il fut loin d'elle, lui tournant le dos, assis au bord du lit, ses pieds s'emmêlant dans les tentures qu'il écarta d'un geste brusque. De l'air. Il lui fallait de l'air, vite.


N'aie crainte, je ne t'approcherai jamais plus. Que Dieu me foudroie ici et maintenant si je dois être responsable de ta damnation.

La voix était brisée, haletante, alors qu'il cherchait son air, les poings aggripant les tentures avec force comme pour l'empêcher de s'écrouler.

T'inquiète pas, ton "feu" s'éteindra bien un jour, je ne l'attise plus depuis deux mois. En attendant dors et mange, au lieu de gaspiller notre argent en produits de luxe. Je vais chasser.

Il se leva, les jambes en coton, et se dirigea comme un automate vers les cuisines.

[cuisines, fantôme de soldat]

Le teint livide, il poussa la porte et lança d'une voix blanche.

Marceau, allons chasser. Emilla se réchauffera très bien toute seule, et elle a un livre pour lui tenir compagnie.
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Retrouvez Jules au Boudoir des Sens.
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