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Le Borde de la Miséricorde

Ilmarin
Le temps de poser la question et son regard est à nouveau vitreux, ses muscles se relâchent brutalement, comme une poupée dont on aurait vidé le corps.

Le chemin apparait à nouveau. La main sur le collier. Deux éboulis de pierres qui se lèvent en pente douce, encadrant un trou béant. De la vapeur et une odeur indéfinissables s'exhalent de cette issue. Souffre du volcan, pourriture des corps, poison des supplices des âmes tourmentées. Elle respire violemment ce parfum, marqué dans son esprit.

Le choc de l'image de ce parfum la bascule à nouveau dans son corps. Elle prend une grande inspiration, comme une nouvelle naissance à chaque retour de son esprit. Elle manque de s'effondrer, sa main droite refuse de bouger pour la retenir. Seul un mur assez proche offre son réconfort pour éviter une chute. Chaque plongée dans ce cauchemar la fait aller plus loin. Elle ne sait si elle doit guetter, espérer ou repousser la prochaine. La prochaine... L'entrée des Enfers... Les âmes errantes. Devenir l'une d'elles pour ne plus jamais sentir la douleur du départ de ceux qui comptent.


Pardon... Je dois... *Quoi faire déjà? Me laisser aller? Quitter ce* lieu, j'ai besoin de prendre des forces... Je vais *aller errer sans but, aller trouver cette porte, la* franchir...

Elle continue de divaguer doucement, se soulevant dans un effort plus que pénible pour ses muscles encore tétanisés.

La Porte. Massive. Scupltée avec soin et grâce par le Forgeron des dieux. Les légendes les plus marquantes de la mythologie romaine. Les yeux se perdent dans les lacis du bronze massif. Aucune lumière ne vient jamais jouer dans ce réseau finement ouvragé et pourtant chaque dessin fourmille de détails, emprisonnant définitivement les replis du cerveau dans une contemplation stérile. Luttant pour détacher son regard, la panthère l'attirant vers le seuil, elle revient vers le gouffre béant. La porte se met à grincer sur ses gonds, comme pour se refermer et claque violemment.

Un sursaut. Nouveau retour violent. Le bruit qui lui a vrillé les tympans est celui d'un tonneau brisé dont l'eau vient inonder ses bottes. Une forme indistinct s'éloigne. Sa vision se trouble un peu plus à chaque départ. Brisée. Perdue. Sans lui. A peine ensemble et séparés. La lutte s'annonce difficile.

Sans la voir, elle suit les pas de la jeune Tythia. Celle-ci tourne vers le Palazzo de Libertad.
Où veut-elle... Non... peut-elle... Non plus... Où ses pas endoloris et meurtris pourraient-ils la mener?
Son corps se dégourdit à peine, les muscles hurlent aux nerfs leur douleur. Elle s'appuie contre un mur à quelques pas de la porte. Son souffle s'affaiblit à nouveau. Ses yeux se vitrifient. Perdue.

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Kalian
Elle se releva. Que dire, que faire? Elle ne savait. Elle laissa son regard glisser sur l'assemblée. En dehors de sa soeur et de Polgara, elle ne connaissait personne.

Des cris... Non, un cri provint d'une batisse, près d'eux. Un cri de souffrance. Son corps se raidit. Souffrance présente sur tous les visages ici. Sur un visage en particulier. Pourquoi...? Qu'est ce que cet endroit avait il de si particulier pour apporter une telle douleur? Devrait elle aussi en payer le prix? Elle secoua négligemment la tête pour chasser cette idée de son esprit. Elle ne voulait pas penser à tout ça, concentrer son esprit sur une seule personne.

Elle s'approcha d'Ilmarin, appuyé contre un mur. Elle déposa sa main dans la sienne, et la serra bien fort.


Ne part pas, reste là, avec moi. Reprends toi. Ne te laisse pas aller.

Des mots vides. Mais tout mots ne l'étaient ils pas? Son regard remplit de tendresse se posa sur elle. Lui montrer qu'elle a du monde autour d'elle. Lui montrer qu'elle n'est pas seule. Qu'elle peut compter sur sa petite soeur. A son tour, elle lui caresse doucement la joue. Ne pas la laisser tomber dans ses moments.
Anonymous
Elle le regarda partir. Elle ne comprenait pas la cause de son départ, surtout quand elle vit la réaction de son amie. Elle balaya la scène d'un simple regard. Scène qu'on préférerait ne jamais voir. Puis des bruits de pas. Une femme arrive. Un regard, et elle comprend. Elles se sont déjà croisées une fois, ou deux. La soeur d'Ilmarin. La jeune femme s'approche de sa grande soeur. Polgara s'empresse de tout lui expliquer, avec de simples mots, rapidement. Un murumure, pour ne pas qu'Ilmarin n'entende. A quoi bon remuer le couteau dans la plaie?

Il commence à y avoir un peu de remus au Borde. Des gens partent. Danilo se réveille. D'autres se contentent de passer. Danilo... La cause de tout ça... Pourquoi n'est il pas mort!? Elle se résonne, se calme. Ne pas déranger le calme de ses lieux. Kalian est là, Ilmarin n'a plus besoin d'elle. Elle s'approche de la nouvelle arrivante et lui murmure à l'oreille


Je dois m'absenter. Combien de temps? Je ne sais. Prends soin de ta soeur, elle a besoin de soutient. Fais attention à toi, ce lieu est dangereux. Je reviendrais. Si tu as besoin, si elle a besoin, je ne serais jamais loin.

Elle s'incline légèrement, pause une main sur l'épaule d'Ilmarin puis prned le chemin du retour. Le chemin de la sortie. Elle s'engouffre dans les rues. Cherche par où elle peut quitter la Cour. Reviendra t elle? Si besoin est, oui. Sinon... Elle ne sait.
Selene2rr
Errance fantomatique....La brume matinale de l'automne naissant enveloppait Sélène de son mantel féérique...Sa jument avançait au pas, épuisée par un long cheminement, une retraite, un recul vis à vis des siens...Le Borde...l'odeur des rues de la Cour, si longtemps délaissée par elle s'insinuait lentement en ses poumons...Sélène avait maigri, le visage émacié et fatigué elle avait le regard fixe, délavé, semblait rongée par un mal intérieur...

Parcourant nonchalement les rues, croisant nombreux rats à quatre ou deux pattes, croisant une nouvelle taverne, croisant un énième duel courien, croisant, croisant sans s'arrêter, continuant son chemin la menant en un lieu plus calme, plus retiré, le vieux monastère, le Borde...Là elle avait un travail à accomplir, un présent pour son Ange dont il aurait bien besoin...Son Ange...Son coeur se crispa, comment allez t'il réagir...son départ précipité sans explication..son retour sans nouvelles pendant son absence...

Elle secoua la tête chassant ses idées noires et emprunta le passage menant à Gunther...Elle esquissa un pâle sourire, l'homme était toujours là, à la même place, accoudé à un éternel tonneau de son cru préféré, ronflant bruyamment...Il ouvrit un oeil ensommeillé, puis deux, surpris par la présence de Sélène, seule et peu avenante...Il ouvrit la bouche sans prononcer un son, exhibant ses chicots et répondant d'un signe de tête au salut silencieux de Sélène...

Elle sauta de sa monture la laissant libre, puis parcouru le cloître comme elle l'avait fait nombreux mois auparavant, se dirigeant d'un pas décidé vers son antre, sa forge...Des mouvements d'ombres sinuaient autour d'elle, des regards posés à la dérobée la dévisageait...Elle n'en eu cure, trop axée sur son but, sourcils froncés, devant elle s'ouvrait l'endroit connu d'elle seule....

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---fromFRLoraline
10 étés. C'est ce qu'elle a vu passer lui disent les autres. Autant que de doigts aux 2 mains. Enfin... Ceux qui les ont encore... Ou 10 orteils. Enfin... Ceux qui les ont encore... Ca ne la choque pas ou plus ou jamais choquer de voir des ombres en morceaux errées dans le Borde. D'aussi loin que remonte sa mémoire elle a vécu ici. Sa mère est morte ici, entre ses murs protecteurs. Quand déjà? Si proche et pourtant si lointain.
Le temps s'écoule comme un fleuve ici, les couleurs changeantes des plantations du cloitre sont les jours, la couleur du ciel les mois. Ne lui reste que sa soeur, agonisante, la protection des grandes ombres dissimulées. Elle cherche une compagnie mais ils sont peu ici à n'avoir que peu de morsures de la lèpre. Les anciens semblent flotter dans les lieux. Les nouveaux, désespérés de leurs conditions, s'enferment dans les pièces les plus profondes de l'ancien monastère.

Regard émerveillé: une belle jeune femme au regard désarmant entre dans les lieux. Elle ne se rappelait pas d'elle, fuyant souvent la proximité de l'entrée. Mais là, depuis un moment, le Borde était déserté, seul Gunther était toujours là et elle voulait explorer cette portion. La lèpre lui prenait le bras à présent. Ses heures étaient comptées et en même temps que sur son âge, elle ouvrait ses grands yeux noirs sur cette évidence.
Et sur elle... Qu'elle était belle!! Malgré la tristesse de son regard! Malgré la douleur de ses pas dans ce monde! Pourquoi était-elle si triste? Vite, Loraline se cache derrière une colonnade et suivit des yeux la belle dame au visage d'ange. Elle se sentait si minable, son petit corps tout frêle, amaigri par la maladie, ses cheveux blonds comme de la filasse lui tombant sur les reins, mangeant son visage.


Une main sur son épaule la fait sursauter, manquant de la faire s'évanouir de terreur.
Gunther. Il lui montre un sac, énoooooooooorme et lui montre Sélène. Puis repart sur sa barrique. Devait-elle lui amener? Elle, Loraline, si petite et si fragile? Elle se sentit importante d'un coup. Une mission pour la belle Dame.
Empoignant le sac de sa main valide, respirant rapidement, suant à grosses gouttes, mais bombant son torse malingre et bandant ses muscles atrophiés, elle le traine dans un long raclement vers les profondeurs du Borde.

La forge.
Les rumeurs parmi les lépreux lui étaient venues. Belle et forgeronne. Elle devait faire des armes magnifiques, comme elle, aussi froides et tranchantes mais aussi attirantes. Rendant la mort douce entre ses doigts.
Elle se glisse dans les ombres de la forge alors que Sélène active les fourneaux. Le bruit du feu naissant couvrit le bruit de ses pieds nus sur le sol. Elle dépose le sac le plus près possible de l'enclume et s'accroupit en face de la forgeronne. Plongeant son regard dans ses gestes. Dans les flammes. Dans les lingots d'acier, de fer posés près des godets de fonte.
Quand elle sera grande, elle sera forgeronne. Elle créera elle aussi.
Selene2rr
Sélène promenait un regard rêveur et à la fois fatigué sur le foyer ouvert de la forge, réfléchissant intérieurement à tout ce qu'elle devait prévoir pour mener à bien son souhait...Du bois était déjà disponible, elle s'avança vers le foyer et récupéra le bois consummé et transformé en charbon de bois, noircissant ainsi ses mains d'albâtre...D'un coup d'oeil elle avisa les outils qu'il lui fallait et organisa le tout comme si elle se trouvait dans sa propre forge...

Sélène rassembla pinces, marteaux, quelques creusets de terre cuite, un pour les lingots de fer bruts, un pour mouler la garde, l'autre le pommeau...Les gestes étaient francs et précis malgré la fatigue imprégnant son être, marquant son visage et brûlant légèrement ses yeux..Sélène alluma le foyer en battant du briquet, les yeux brillants au-dessus des flammes, un faible sourire s'esquivant, elle le bourra de bois afin d'obtenir un lit épais de braises incandescantes qui lui permettront de travailler le minerai de fer qu'elle avait ramené, ce minerai de fer spécial qui ferait que l'épée qu'elle allait forger serait d'une rare solidité...

Sélène ragea contre elle-même, s'apercevant de ce fait qu'elle avait omit de prendre le dit sac sur sa jument...Elle se redressa vivement pour se figer aussitôt, le regard posé sur une enfant, d'aspect miséreux mais au visage angélique empreint de tristesse...Le bras de la fillette était enveloppé de bandelettes crasseuses, le coeur de Sélène se crispa, une enfant lépreuse... Décidement, ni les dieux ni la maladie n'épargnait les anges...Elle lui sourit, voyant son regard émerveillé, désireuse de ne point l'apeurer, se demandant depuis combien de temps elle pouvait être là, à l'observer en silence...

Sélène s'approcha doucement, avisant le sac de minerai de fer près de l'enclume et lui sourit largement en inclinant la tête en remerciement, tout en le ramassant et lui souffla doucement..

B'jour petite...Merci de ton aide...tu veux me regarder travailler ? Approche n'aie pas peur, je m'appelle Sélène je vais fabriquer un cadeau pour mon Ange...Tu le connais s'pas ? Celui de la cabane..qui se maquille...Et bien vois-tu je vais devoir encore partir...et je veux lui donner une part de moi et ce sera une épée...Ca te dis de m'aider ? Pi si tu veux dans ma besace sur ma jument j'ai des pommes et du pain, nous pourrons manger après le travail..enfin j'dis ça...que si toi tu le désire hein...

Tout en lui parlant et lui jetant des clins d'oeil complices, Sélène sortit le minerai de fer et l'entassa dans le creuset en forme de lingot, s'essuyant machinalement son visage du revers de la main sous la chaleur se faisant ressentir, marquant ainsi son visage blême de longues trainées noires...
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---fromFRLoraline
Un sursaut secoua son petit corps, la panique envahissant ses traits. "Jamais tu ne dois approcher les vivants, sous peine de leur transmettre ton mal. Jamais tu ne dois parler aux vivants, sous peine qu'ils te chassent avec des pierres. Nous sommes maudits Loraline."
Que faire? Des larmes de peur lui montent aux yeux quand la belle Dame lui parle, son coeur bat à en rompre ses os alors qu'elle esquisse un mouvement de recul.
Que faire? Les anciens sont clairs dans leur message, le répétant inlassablement aux nouveaux et aux enfants, leur décrivant ce que les jets de pierre rageurs font sur leurs corps décatis.
Que faire? Sa voix est si douce pourtant, ses gestes si tendres, comme ceux de... Maman. Ses yeux... Un ancien qui avait beaucoup voyagé lui avait parlé de longues heures de la mer avant lui aussi de devoir s'allonger. Le dernier mouvement des lépreux. Qui s'allonge ne se relève pas, gagnant sa place au sein de l'éternité. La mer... Elle ne savait pas à quoi ça ressemblait mais ce ne pouvait être aussi beau que les yeux de la forgeronne la regardant comme si... Comme si... Comme si elle, Loraline, enfant lépreuse du Borde, était normale, jolie.
Que faire...? L'hésitation montait en elle. La Dame s'approchait pas, elle avait juste pris le lourd sac qui avait marqué sa paume pour retourner vers la forge. Elle ne sortait pas de pierres pour lui jeter, mais quelque chose d'étrange, qui ressemblait à ce qui était dans les lingots mais de plus belle qualité. Elle lui souriait même...
Que faire... Rester. Les clins d'oeil complices de Sélène lui soufflaient à l'oreille qu'elle ne risquait rien finalement. Oui, elle ne risquait mais la belle Dame pouvait attraper son mal! Et en mourir! Comme Maman! Comme sa soeur!
Une dernière hésitation qui flancha à l'évocation des pommes et du pain. Et puis, elle prendrait ses précautions, resterait au loin, ne la toucherait pas. Cette Dame n'est pas maudite, non elle est trop jolie, trop douce, trop protectrice, trop sûre d'elle dans ses gestes. Elle est parfaite. Un ange. Un ange parlant d'un ange.


Voui...

Un seul mot put sortir de sa bouche pour le moment. Une petite voix faible, rocailleuse car peu utilisée. A qui parler ici? On écoute, on regarde, on apprend mais quand on est caché, et petit, et quasiment orphelin, on ne parle pas.
Timidement, elle s'approche du foyer, sans quitter la forgeronne des yeux. Pourquoi se cachait-elle sous la noirceur du charbon? Pourquoi se cachait-elle dans cet endroit? Pourquoi devait-elle fuir au lieu de rayonner au monde? Pourquoi son Ange n'était-il pas près d'elle? Les yeux de Sélène brillaient quand elle parlait de lui. Qu'il en avait de la chance d'être ainsi aimé et chéri. Et pourtant la douleur surgissait comme un démon des entrailles de la Terre. Que pouvait-il bien se passer dehors pour séparer ces amants heureux? Seule une catastrophe avait pu les séparer! Une vengeance divine? La maladie? La guerre? Loraline réfléchit rapidement, au milieu de toutes ces questions que la curiosité soulevait; aaaaaaaaaaaaah ouiiiiiiiiiiii le beau Monsieur, qui se cache le visage lui aussi! Elle ne devait pas approcher de l'entrée normalement, ni regarder les gens sains, encore moins leur parler. Mais lui habitait parmi eux, leur parlait, comme s'ils vivaient dehors, au-delà des murs, les aidait, les nourrissaient; elle, timide, impressionnée par sa stature, sa gentillesse, se cachait pour l'observer, l'écouter et le suivait en douce. Elle franchissait trop d'interdits, de plus en plus régulièrement, enviant l'homme tout blanc. Toute façon, elle n'avait plus rien à perdre... Elle regarda furtivement et rapidement son bras bandé. Rien à craindre des sermons des anciens...
Serait-ce de la colère qu'elle ressentait, qui montait en elle? De la détermination plutôt. Elle serait forgeronne, elle se ferait une épée magique, digne des contes de fées de maman, et elle tuerait les méchants qui séparent le prince et la princesse. Na. Plus jamais elle ne voulait voir la tristesse des yeux de la Dame quand elle parle de son amoureux. Elle les défendrait et ils seraient heureux.

Sur la pointe des pieds, elle se glisse près de l'âtre, concentrée, déterminée, étudiant chaque geste pour le retenir. Début de l'apprentissage, inconscient.


Loraline, Dame Sélène...

Elle lève ses yeux vers cet astre. Même charbonnée, qu'elle est belle...
Selene2rr
La petite fille aux cheveux blonds filasses semblait dubitative, hésitante....Sélène ne voulait point l'effrayer et continua à s'affairer, jouant avec la curiosité de l'enfant..Elle se demanda pourquoi surgissait en elle le désire de l'avoir à ses côtés, lui montrer qu'elle n'était pas le néant, qu'elle était vivante malgré a maladie, qu'elle était un être humain et non un déchet au milieu de la Cour...Sélène sentit son regard la dévorer et elle lui sourit en retour quand soudain, un mot, timide, étranglé et à la fois déterminé....*voui...*...L'enfant s'approcha tel un animal sauvage, craintif et intrigué par les gestes de Sélène...La voix à nouveau, plus douce, rassurée...*Loraline..* Sélène sursauta à ce nom si peu commun, elle tourna son visage vers l'enfant tout en lui souriant...

Enchantée Loraline...Appelle-moi Sélène, je ne suis pas une Dame, juste Sélène...Tu sais, j'ai connu une Loraline, mais elle n'était point une enfant, ni une femme d'ailleurs...C'était une louve, mais elle est partie maintenant, au pays des âmes des loups...Tu comprends ?

Sélène excitait les braises obtenues à l'aide d'un tisonnier, la chaleur se faisait de plus en plus sentir, elle laissa glisser son mantel et le jeta sur un vieux billot plus loin...Elle vérifia la chaleur du four à pierre et y incorpora le minerai de fer, elle recula doucement, s'essuyant le front perlant de sueur, se retourna vers l'enfant en lui faisant signe de s'approcher..

Viens..Je vais te montrer quelque chose.......Sélène désigna à la petite fille un écrit gravé à même dans la pierre de taille du foyer et lui lu à haute voix, se doutant que l'enfant ne sache pas lire... "Le Feu préexiste en toute chose, simplement, à quel moment le frottement sera-t-il suffisant pour que jaillisse l'étincelle ?"

Sélène marqua une courte pause avant de reprendre...


L'Art du Feu, petite fille...C'est comme l'amour, une alchimie de sentiments et gestes...un don de soi, un échange en une caresse...L'amour est partout, autour de nous, en nous...il faut juste le réveiller et le travailler...Le Feu est aussi ainsi, qu'il soit sacré ou non, si l'étincelle n'est pas, le feu ne sera pas et la vie serait froide et monotone...L'amour ou le feu, juste un savant mélange, dosage, avec des gestes précis que nous trouvons au fond de nous....

Un crépitement reconnu, un coup d’œil avisé en direction du four à pierre...Le minerai de fer s'était amolli, Sélène agrippa une longue pince et attrapa la masse spongieuse et incandescente...De sa main droite elle happa un gros marteau et commença à marteler l'éponge de fer afin d'éliminer les impuretés et donner ainsi du fer brut...Elle se tourna vers l'enfant sans arrêter ses gestes et lui demanda avec douceur...

Lora...tu permets que je t'appelle Lora ?..Pourrais.tu m'apporter des feuilles mortes s'il te plaît..une pleine brassée je vais te montrer de la magie...
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---fromFRLoraline
Il lui fallait détourner son regard de celui de Sélène pour pouvoir apprendre mais Loraline, entourée des difformités des Lépreux, était fascinée par sa beauté, sa voix posée et calme, la maîtrise de ses gestes. Ses yeux vagabondaient du feu et de l'acier vers sa chaleur et son métal irisant.
Avide de connaissances et de partage, elle écoutait attentivement les paroles de la forgeronne. Partie. Oui elle comprenait. Elle savait ce qu'était la mort, entourée chaque jour, jamais un matin sans un cri désespéré, en mémoire d'un compagnon mort dans son sommeil, dévoré par la maladie insidieuse. Partie, la laissant seule, dans le vide de la vie, perdant protection, amour, présence réconfortante. Une tristesse fugace chasse sa détermination de ses traits, les tirant comme lorsqu'elle a croisé la Dame pour la première fois; tristesse vite envolée, comment pouvait-on broyer des idées noires en sa compagnie?


D... Sélène...

Elle hoche la tête pour marquer son approbation à cette phrase. Ce sera dur pour elle de dire que Sélène. Même ici, sa mère lui avait inculqué les bonnes manières! Faut pas croire! "Les belles femmes sont des Dames Loraline et les beaux gentilhommes des Messires, n'oublie jamais. Toujours respecter leurs rangs." La forgeronne céleste avait le don de raviver les souvenirs de maman. Elle avait craint la douleur à cette évocation mais c'était agréable de se la rappeler, même fugacement, même fugitivement...

S'approcher? Sélène était-elle folle? Ou suicidaire? Encore que ce mot était bien long pour l'esprit de la fillette. Encore cette panique en elle, et si elle lui donnait sa maladie? Hein? Que deviendrait son ange? Mais la poésie de ce qu'elle lui lit l'envoûte. Elle essaie de raccrocher les mots aux lettres. Elle savait son alphabet mais le professeur était mort peu de temps après et ils n'avaient pas de parchemins ici...
La bouche de Loraline s'ouvre de plus en plus en écoutant les métaphores de Sélène. L'amour lui semblait encore plus merveilleux ainsi décrit. Elle se surprend à rêver de connaître un jour ce sentiment si brûlant, de partager sa vie avec une lumière si radieuse, se laisser guider par elle et l'entretenir avec soin, jour après jour. Tout disparaissait: ses angoisses, les souvenirs de la mort de ses proches, la maladie, son bras rongé millimètre par millimètre, son absence d'avenir. Elle ne voyait plus qu'un hypothétique futur radieux au bras d'un homme merveilleux à qui elle forgerait une épée magique...

Plongée dans ses rêves, elle entend à peine la voix s'élever à nouveau au milieu du ronflement de la forge, dont elle s'était encore rapprochée, la sueur perlant doucement sur son front aussi. Inconsciemment, elle reproduit le même geste pour s'essuyer, un sourire radieux se dessinant. A nouveau, elle bombe fièrement son torse, se hissant sur la pointe des pieds pour se montrer à la hauteur de la tâche.


Voui... Des feuilles...

A nouveau un grand sourire, elle se détourne en trottinant pour aller chercher l'objet de sa mission. Retrouver les murs du Borde lui font presque un choc. Où était-elle? Elle avait déjà tout oublié, maintenant que sa vie avait un but. Le soleil lui paraissait bien fade après le feu de la cheminée, et le ciel délavé après sa compagne.
Des feuilles. Le cloître, le potager, le jardin en regorgeaient, elles étaient ramassées par les Lépreux pour ne pas laisser les lieux envahis chaque automne. Les premières feuilles commençaient à tomber d'ailleurs, les tas monteraient à nouveau rapidement. Elles étaient utilisées pour faire de l'engrais, et des protections contre le gel l'hiver.
Ses pas rapides, sa voûte plantaire claquant contre les pierres, résonnaient dans les couloirs, sous les arcades. Un petit rire commencait de s'égréner, bondissant sur les murs comme elle sur les dallages. Elle déboula dans le potager, parcourut les allées cheveux au vent.


Et bien Loraline, t'avions pas vu aussi gaie depuis un moment!

Je suis en mission!! Vite, vite!!

Elle zigzaguait entre les miséreux, sans leur laisser le temps de poser d'autres questions, écrasant l'herbe des allées, ne prétant pas attention à ce décor si familier où elle aimait venir rêver. Les arbres aux branches biscornues, laissés à l'abandon, la clématite et le lierre se mêlant à eux, tapis de verdure sur les troncs maladifs, comme les habitants. Mais l'art de ses voûtes la plongait dans des rêves éveillés. La nature, le vent, la recherche de lumière les sculptaient, leur donnant une vie propre. Ses préférés? Un cerisier et un pêcher, plantés à l'écart l'un de l'autre. Et pourtant, malgré la distance, leurs branches se cherchent. Depuis deux étés, elles se touchent et se mêlent, se croisent. Il semble même à Loraline que leurs écorces se scellent, fusionnant à jamais. Après les phrases de Sélène et du haut du faible nombre de ses printemps, elle voyait ces arbres sous un autre jour. Plus tendre, plus complice, plus rêveur.

Enfin, elle arrive aux tas, au fond des allées. Le poids sera léger, son bras tiendra le paquet. Elle plonge dans les feuilles, battant des pieds et des mains, éparpillant le travail en quelques secondes.
Un ancien trainant sa carcasse la regarde faire, un sourire tirant le bandage dissimulant son visage. Les ressources de la jeunesse sont fascinantes non? Cette enfant est condamnée et pourtant, elle rit, vit, s'amuse de rien, rêve. Quel bonheur. Il tend un moignon pour arrêter un frère qui allait vers elle. Murmure rauque signifiant de laisser. Ils avaient le temps pour réparer les dégâts et elle n'avait pas le temps de vivre.


Elle se redresse, les joues rosies par son jeu et embrasse une pleine poignée de feuilles. Elle repart en courant quittant le jardin en semant des brassées de son butin à chaque pas; vu de loin, on aurait dit que les végétaux mort avaient repris vie, avec juste deux jambes pour courir, racines d'un arbre-gardien de la forêt.

Passant devant la porte, elle entend Gunther ronfler. Elle ralentit ses pas, puis recule. Jetant son paquet, avec soin, un grand sourire facétieux aux lèvres, elle se glisse, plus légère que le vent, près de la jument de Sélène. Elle se demande, un instant, si l'animal n'a pas le ventre plus gonflé que la normale. Et puis, comment le saurait-elle? Elle ne voit pas souvent de chevaux par ici...
Se concentrant sur son but, elle attrape un bout de corde à moitié mitée tombant du tonneau. Sans doute était-il arrimé à quelque chose avant de finir sa vie sous les fesses de Gunther. Hop!! Elle prend appui sur un étrier (je dois dire à cet instant de l'histoire que la jument de Sélène est remarquablement douce et patiente, pas comme sa propriétaire...) et se hisse sur la selle. Hop!! Elle noue le bout de ficelle sur le pommeau et vole une pomme dans la sacoche en redescendant. Hop!! Elle lance la pomme sur l'arrière-train de la monture, qui (là par contre, son caractère montre bien son ambivalence) avance au trot vers le mur ombragé du Borde.
Craaaaaaaaaaaaaaaac!!! Le tonneau roule, son auguste occupant dessus!
Avant d'entendre les imprécations en allemand, son rire cristallin résonnant à nouveau, elle empoigne son tas de feuilles et reprend sa route vers la forge.


Vlà D... Sélène...

A nouveau sage et intimidée mais l'espièglerie retrouvée toujours sur son visage, elle lâche les feuilles assez loin du feu et, coincant ses cheveux derrière son oreille, reprend son poste d'observation, un peu plus proche cette fois, parvenant même à humer le doux parfum de jasmin de Sélène au milieu des effluves dantesques de l'âtre.
Selene2rr
Tandis que la petite fille était partie, fière de sa mission, Sélène arrêta de marteler le fer brunissant, s’oxydant en refroidissant. Elle posa le marteau et la pince, s’essuya à nouveau le front, puis mit d’autre minerai de fer dans le creuset et l’installa dans le four à pierre. Elle souffla un instant, le cernes creusées, ses pensées divaguant un moment….Puis elle reprit ses esprits et s’enquit d’aller au puit, prenant deux seaux vides dans un coin. Elle revint un seau dans chaque main, clapotant au rythme de ses pas…Elle les déposa non loin de l’enclume et s’assit sur le billot où trônait son mantel de cuir, sa rêverie reprit…Elle se revoyait enfant, regardant son père avec les même yeux émerveillés que Loraline qui la regardait aujourd’hui répéter les gestes ancestraux…

Son père, cet homme à l’immense carrure, à la barbe châtain, aux longs cheveux bouclés…Celui qui imposait le respect et dont elle buvait les paroles quand il lui parlait de légendes ancestrales…Légendes étouffées par l’église, enfouies au fond d’elle-même. Mais où était la liberté en cela…Son père était Normand, descendant de Vikings et alors…Elle entrouvrit légèrement sa chemise, la sueur perlait doucement de sa gorge à l’échancrure de ses seins…Là une perle de sueur s’arrêta sur une cicatrice circulaire, on pouvait découvrir l’empreinte du marteau de Thor…Elle l’effleura du bout du doigt, se remémorant ce moment au bord de la plage, quand son père après un long récit en regardant l’océan les yeux voilés de tristesse, lui avait demandé d’ôter son corsage…Elle devait avoir l’âge de Loraline…Elle s’était exécutée en regardant son père préparer un petit feu, elle savait que le moment était venu…Il avait enlevé son médaillon du tour de son cou, et l’avait posé sur les braises…Sélène avait regardé avec étonnement le bijou changer de couleur…Elle devinait que cela lui ferait mal, mais elle en avait eu cure…Elle ne pleurerait pas, pour lui son père, elle trouverait le courage…Son père lui avait demandé de s’étendre sur le sable, elle le fit, tournant ses yeux vers le ciel…

Soudain une brûlure l’avait saisie, elle avait enfoncé ses ongles dans le sable, et avait serré des dents, refoulant le cri qui gonflait sa gorge…Elle avait regardé son père, les yeux rougis de larmes retenues, il avait appuyé sur le médaillon avec le manche de sa dague afin que le dessin se grave profondément dans la chair…Puis, il avait arraché le bijou d’un coup sec à l’aide la lame et déposé un emplâtre là où le dessin du marteau avait imprimé son contour boursouflé… »pour que les légendes survivent »…lui avait-il simplement dit…Deux jours plus tard, l’inquisition l’amenait au bûché….Et depuis, Sélène exécrait toute religion quelles qu’elles soient….

Sélène se leva aux crépitements attendus et recommença les mêmes gestes que tantôt, en prenant soin de ne pas laisser refroidir l’éponge incandescente…Après l’avoir martelée, elle la coupa en deux et déposa chaque morceau dans leur creuset destiné...l’un à mouler la garde, l’autre le pommeau…Elle sursauta n’ayant point vu ni entendu Loraline revenir près d’elle, elle lui sourit tristement puis déposa le fer brut dans le creuset d’origine, y déposa une brassée de feuilles mortes et quelques morceaux de charbons de bois…Puis elle mit le creuset d’argile dans le four à pierre et sortit les deux autres, les laissa refroidir lentement…

Elle s’assit à nouveau sur le billot, se pencha pour happer de l’eau avec ses mains dans le seau, s’aspergea le visage…Elle regarda la fillette longuement…


La vie est cruelle Loraline, nous avons souvent des choix à faire et nous ne faisons pas toujours les bons…Parfois même, elle ne nous laisse aucun choix…

Ses yeux embués se posèrent sur le bras bandé de la fillette…Tant d’injustice et tant d’impuissance face à cela…
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---fromFRLoraline
Les gouttes ruissèlent délicatement sur son visage, soulignant chaque arête, s'arrêtant dans chaque creux, fine pellicule éphémère sur sa peau s'abreuvant, assoifée par la chaleur du foyer. Apparemment, la peau n'est pas la seule à contenir de l'eau. Loraline voit les yeux de sa nouvelle amie devenir flous, briller plus qu'avant. Pourquoi ce chagrin? Comment le dissiper alors qu'elle la connait à peine?
L'envie de se laisser aller reprend l'enfant blonde, grandie trop vite par la maladie et la mort, l'environnement et le manque d'avenir. Sans le savoir, Sélène lui a redonné le goût du rêve, de la vie, le goût de se battre pour accomplir ses exploits. Il fait chaud quand on prépare le métal? Très bien, elle aussi avait chaud! Elle suivit le regard de Sélène sur son bandage. Bah, se dit-elle en haussant les épaules, il séchera au coin du feu! Elle s'approche légèrement du seau et, comme la forgeronne céleste, plonge ses mains pour asperger son visage.

Un rire cristallin, frais, rafraîchissant comme l'eau du seau résonne dans la forge. Elle garde les yeux plissés car l'eau les lui pique un peu alors que les gouttes, glissant dans son cou, la chatouillent de plus belle. Les ouvrant à peine pour tenter malgré tout de la regarder, souriant de toutes ses dents, et un peu facétieuse en repensant à Gunther, elle plonge à nouveau ses mains dans le baquet, mains rapprochées pour faire un récipient et... Envoie une giclée d'eau sur son amie! Riant encore plus.
Un observateur extérieur vous aurait dit qu'un ange était venu dans le Borde pour apaiser les tourments de ses habitants en jouant la musique des nuages. Les lépreux relevèrent la tête à ce son si peu habituel, se demandant ce que la forge est en train d'accomplir.
Rire malgré le visage tourmenté, rire pour ce visage tourmenté, rire pour la rassurer.


Juste le choix de jouer et rêver...

Des mots bien sérieux dans la bouche de cette enfant si jeune. Comment reste-t-elle optimiste vous diriez-vous? La magie de l'enfance peut-être... Savoir s'échapper des réalités pour mieux les affronter.

Joue avec moi... Sélène, s'il te plait...

Voix timide mais si gaie, elle veut revoir les gouttes découvrir son visage, noyer ses larmes, noyer son chagrin dans la pluie du rire. L'heure était sérieuse certes mais le travail n'en serait que plus léger avec un sourire aux lèvres, des rêves plein la tête...
---fromFRnimroden
Réveil pâteux et étrange, goût âcre et nauséeux au fond de la bouche. La gorge desséchée réagit à peine à une première plainte, et puis l'homme se fige, contemplant la pièce. Et soudain, réalisant, il explose, le cri sort dans toute son horreur, partant plus profond que la gorge, ses poumons y expulsant tout l'air qu'ils peuvent contenir, son ventre se tassant un peu plus, il halète, crie et hurle encore, hurle. Redressé sur l'oreiller qui le maintenait, ses coudes s'y enfonçant, il se relève un peu plus, penchant son torse dénudé en avant, s'essoufle et enfonce sa tête entre ses genoux. Ses mains blanches, crispées, deviennent blanches tellement il les sert fort, les jointures saillantes, veines semblant prêtes à éclater. Relevant sa tête vers le plafond, une larme coule et s'égare au milieu de ses yeux, aussitôt masquée par un reflet sombre, apparu derrière. Reflet figé et froid, couleur bleu acier, remplaçant jusqu'à leur habituelle teinte grise.

Si près, si près.. il partait enfin, délivré de tout, de cette dernière limite, sa vie. L'homme s'échappe. Enlève un bras d'appui et roule dessus, tombant à terre. Il s'y reçoit lourdement, ses muscles engourdis ne réagissant pas assez vite. Son torse heurte le sol de pierre. Il va pour repartir mais s'interrompt, se recollant aussitôt à la pierre glacée, s'y sentant bien. Ses doigts s'y attachent et se plongent dans les rainures, se crispant sur les moindres aspérités, s'y répandant tel de l'eau. La joue collée dessus, le visage parsemé de ses mèches brunes attentives, il ferme un instant les yeux, exhalant un souffle. Et allonge le moment, s'y éternisant. Il n'halète plus, son buste se soulève à intervalles réguliers, envoyant résonner dans la pièce silencieuse son souffle vibrant de colère et se calmant. Encore un instant, et puis... Les yeux s'ouvrent, brillants d'un éclair fugace entre les cheveux complices. Les mèches, parties explorer le nez et les lèvres de leur propriétaire semblent réagir à un souffle de vent incertain, leurs pointes se soulèvent, commençant à danser, les boucles brunes se déplaçant imperceptiblement.

Une secousse, brusque et irréfléchie, réflexe, relève le pitre à genou puis le dresse sur ses maigres jambes environnées d'un pantalon de lin. Une fenêtre lui renvoit un éclat blafard, issu d'un jour indistinct. Le carré de soleil qui se promène dans la pièce et qui était venu le chatouiller se voile et disparaît, sans doute emporté par un nuage. Un pas sautillant, deux, et le pitre encore vacillant rejoint la fenêtre, l'ouvre et s'y perche, accroché d'une main au montant central, le corps perché au-dessus de la rue. La Cour. Contemplant la rue sous lui, il hoche la tête, comprenant où il se trouve. Le Borde. N'ayant jamais que rapidement passé par ici, sa tête dodeline à ces quelques souvenirs. Libertad.

Arlequin amoureux de la vie et des pitreries refait surface et leur envoit mil baisers enjoués, remerciement bien maigre prenant forme d'un sourire fendant son visage d'une oreille à l'autre. Le général amaigri se saisit d'un rebord de pierre au-dessus de sa fenêtre, s'y accroche et tire sur ses bras. Une acrobatie incertaine et hésitante envoit le jeune homme se balancer dans le vide, et Pierrot craignant une chute ressurgit, lui commandant en deux mouvements précis son sauvetage qui l'amène à l'étage du dessus, bien au-dessus, sur le toit. Face à lui, ardoises sombres et glissantes, mais à proximité étroit passage escarpé amenant au faîte. Le pitre, jouant des bras et embarqué par des rafales de vent s'y dirige, silhouette étrange et blafarde où le vent s'accroche dans les rebords intérieurs, faisant battre le pantalon sur les pieds nus, bientôt trempés de pluie attardée. Il atteint enfin le haut, s'arrête un instant puis repart, ses orteils s'agrippant aux solins mal finis.

Sous lui, la vie grouillante et infinie de la Cour s'étend. Il l'oublie, se le permet et en prend le droit, se dégageant cet instant rien que pour lui. Lentement, plaçant ses bras en avant il s'appuie dessus et s'allonge sur le le faîte, retournant son visage vers le ciel nuageux.

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Ancien Général, Capitaine mercenaire


Mort, presque.
---fromFRL'enchanteur
Toc. Fichu temps, fichue saison. Toc ! Brrr... fait froid. Un froid d'canard, ça oui. M'faudrait un feu pour m'réchauffer, ça oui, un bon feu, bien.
Il marche, lentement, leeeeentement... Il marche, encore, son bâton heurte le sol, marquant une cadence régulière, si lente. Ses mots sans queue ni têtes s'enchaînent et se répondent sans qu'il n'aie besoin d'interlocuteur.
Brrr... Ces peaux suffisent plus, ça non. Et pour trouver des peaux ici, hein, a, non, y'a que des rats, mauvais ça, mauvais. Toc !
Un des innombrables muridés lui passe justment entre les pieds, il grogne et continue à marche,toujours à son rythme si exaspérant de lenteur.
Toc ! Et cette boue, sale, hein, sale, mauvais, mauvais, les dieux n'aiment pas ça non. Toc !
Invectivant la boue, il approche d'un vieux monastère effondré qu'il ne note même pas. Par contre, le vieux en armure, devant, acoudé un un tonneau... il l'a bien vu. D'autant qu'il fumait la pipe et qu'un petit feu de camp crépitait joyeusement à son côté.
Dis, l'ami ! Toc. Entre anciens, on s'doit bien l'soutient, non ?
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- There he is !
- Where ? Behind the rabbit ?
- No ! It IS the rabbit !

"Toc" est une onomatopée déposée de Vertugadin.corp.
---fromFRGunther Gourdelangue
Son lourd estramaçon sur l'épaule, Gunther clopine dans les couloirs en ruines du Borde de la miséricorde. Saluant d'un raclement de gorge les ladres croisés, ils s'activent de part tout le monastére abandonné, préparant la saison froide.

Ach, l'hiber sera rude, che le sens dans mes os. Chais bien vait de libérer le betit, serait mort dans sa cellule.

Plus d'un mois maintenant que Danilo s'est vue ouvert les portes de sa geoles, hâve et pâle, mais un brasier sans pareil brillant au fond des yeux. Le teutonique a vu maint guerriers dans sa longue existence, aucun d'une telle violence, d'une telle volonté. La privation d'opium, à son degré d'intoxication, aurait occis moult hommes fait, dans la force de l'age. L'adolescent, lui, passa l'épreuve, dans la douleur et les cris, sans faillir.

Gunther l'assista de son mieux, changeant pailles, nettoyant vomissures et saignements, veillant les nuits de furies à la lucarne, lui parlant dans sa langue gutturale, chantant des comptines des forêts profondes de Germanie. Suivant à la lettre les instructions du Livide, purgeant la moindre parcelle du corps de l'ancien Rey du poison.

Puis le relachant, avec quelques écus en viatique, et l'interdiction de remettre les pieds à la Cour. Danilo l'a alors regardé, toisé serait plus juste, avant de se détourner, maigre silhouette disparaissant dans les ruelles.


Wonderbar, enfin un peu de baix. La forge ne mardéle blus, les betits cobains du Livide ne bointe blus leur museau. Ach, dommache pour la betite damoiselle, bouffarder avec elle, gutt...

Revenu à son poste, à l'entrée de la barricade du Borde, Guther Gourdelangue, raviva son feu, se servit une chopine mousseuse de son tonnelet, bourra sa pipe, et pétuna paisiblement.

Le temps passa. Immobile. Comme seul les vieux au-delà de leur vie savent le ressentir.

Le temps se rompit. Bruit de cannes. Gunther leva la tête, cilla de ses yeux recouvert d'une fine pellicule blanche, il branla doucement du chef. Pas la pire des visites, il n'esquissa même pas un geste vers son arme, racla longuement sa gorge.


Wonderbarr. Te revoilà avec le gifre, oubliant chaque jour la veille. Prends place, Gunther n'a jamais refusé un foyer aux vieux os...

Et, chose étonnante, il tira de son tonneau une nouvelle chope de brûne épaisse, goûteuse et nourrissante pour l'enchanteur.
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"Si tu ne meures pas avant de mourir, tu mourras en mourant"
---fromFRgeorgio
Une main sur la bride de son cheval, Georgio refait le même parcours qu'il y a quelques temps. Mais elle n'est pas aussi trempée que la première fois qu'elle a posé les pieds ici, seulement mouillée par la pluie qui l'a accompagnée depuis Béziers.

Un passage par la Seine, comme pour s'assurer qu'aucun corps n'y flotte, et se rapeller qu'elle possède une arme qui n'est pas la sienne, mais qui a fièrement servi pour une juste cause.

La brume a prit possession des alentours du Borde. Georgio ressert sa cape autour de ses épaules et de son cou, se rapprochant imperceptiblement de son étalon qui dégage une douce chaleur. Peu importe l'odeur de l'animal. Elle est même rassurante. Signe de vie.

L'entrée du bâtiment. Ou du moins ce qu'il en reste. La première vue du Borde est toujours surprenante: amoncellement de ruines et de cabanes de fortune pour abriter les plus démunis. Comme si on pouvait être démuni à la Cour...

Et le feu dans le tonneau. Phare d'entrée de l'austère demeure. Gardé farouchement par le vieux soldat.

Mais il n'est pas seul pour une fois et Georgio fait ralentir les pas de son cheval, marquant presqu'un arrêt. Sa main gauche se sert sur le pommeau de l'épée qui longe son flanc. Non. Il lui faut la rendre à qui de droit et s'assurer que le Noyé a refait surface. Il a une dette. Viendra peut-être un temps où il devra s'en acquitter. Georgio sourit à cette idée. Elle a désormais deux débiteurs envers elle. Son avenir est, pour un temps du moins, sereinement assuré.

Elle s'approche donc des deux hommes et les salue de la tête, plongeant ses yeux anthracite dans les flammes.


Bonjour messieurs. Puis-je partager quelques temps la chaleur de votre feu et de votre présence? J'ai besoin de reprendre quelques forces avant de rendre un bien...
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An amzer a dro
An Ankou a sko
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