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Le Borde de la Miséricorde

---fromFRgeorgio
Un bras offert. Denrée rare à la Cour, surtout quand elle se fait délicate, subtile, un brin charmeuse aussi. Georgio se laisse mener. Une fois n'est pas coutûme. Quelques moments de repos et de galanterie dans ce monde de brutes.

Le palazzo?

Pas cadencé qui perd un instant la cadence. Main plus fermement appuyée sur le bras du lieutenant.

Ca sonne comme un lieu où il fait bon vivre, où la chaleur rêgne en maitre. Mais passée la première impression, ce sont les tours qui surplombent la Cour qui surgissent dans l'esprit de la jeune cavalière.
Enfant, elle ne les approchait guère. Les gargouilles y ont un air austère et froid, glacial quelque soit le temps. Plus tard, elle essaya un soir d'escalader les murs de ce palais clos. Mains écorchées, genoux en sang, elle avait tout juste aperçu quelques malles dans une pièce, des tentures rouges sombres recouvrant l'ensemble des murs. Elle en avait été quitte pour une belle engueulade de la Madelon, une fille d'la rue qui l'avait prise sous son aile.

Aujourd'hui, c'est donc au bras d'un lieutenant, un de ces soldats qu'elle haissait tant d'habitude, qu'elle allait approcher de ce lieu de tous les fantasmes. Mieux que l'approcher même.

Reprise de pas cadencé. Regard droit vers le fond de la ruelle.


S'il est là, l'échange se fera rapidement. A n'en guère douter.
Une arme contre une vie. C'est juste ce qu'il a coûté.


Un bref coup d'oeil vers le Borde et son étalon. Il l'attendra. Et gare à celui ou celle qui essayerait de voler ce que contient sa sacoche. Une poupée de chiffon peut receler bien des trésors.
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An amzer a dro
An Ankou a sko
---fromFRLeurs dernières heures
Un doigt se lève, à nouveau. Un signe de la main. Oui ça doit être pour moi. Ces derniers jours, il en avait vu des vertes…Et des moins vertes. D’ailleurs….plus de trop mûres. L’odeur de la putréfaction flotte dans l’air. Il doit y en avoir certains qui sont morts sans rien dire. Je m’installe, non loin. Etonnant. La femme s’y croit. Elle pose sa main contre son front. Ferme les yeux et fini par me regarder du coin de l’œil… Une comédienne.

Bonsoir…

Elle s’interrompt. Pas sûre apparemment que j’était la pour elle. Comme souvent. Etait ce l’heure ? De nouveau la pose change. Comme désolée. Mais tout sonne faux. Elle n’a pas l’air vraie.

Je peux…Euh…non pas que je veuille me justifié savez vous. Juste que… Vous savez ce qu’on dit sur la conscience tranquille… Ah oui….C’est pas mon cas.

Je secoue ma tête. C’est toujours pareil. Les derniers moments, on s’interroge…Ais je été bon, vais-je aller au Paradis ? En Enfer ? Ca existe vraiment ? Je ne cherche à nouveau pas à démystifier. Cela m’intéresse. Certain ne connaisse pas leurs buts en ce monde. Moi…Moi non plus.

Je ne sais par où commencer. Je suis arrivée toute jeune en ce lieu. J’était plutôt jolie et je cherchait la gloire. J’avais la beauté…Oui…(pause dans le discour, elle semble attendre un compliment). Mais oui. Mon père m’avait prévenue pourtant. Mais … Diable ! Pardon je blasphème…je sais ce n’est pas bien…Enfin bref …Diantre !…Je ne l’ai pas écouté. J’ai fuit la campagne et le chemin tout tracé qui m’aurait conduit à une vie sans surprise, de labeur probablement, d’ennui sûrement… Je me demanderai toujours si mes parents ont survécu au déshonneur. J’allais me mariés… Un brave type. Mais je voulais connaître LE frisson.

Elle s’arrête. Apparemment ce « frisson » lui a causé pas mal de déboire. Je note. Mot à mots. Les pauses dans l’histoire sont aussi pour moi, une manière de mieux comprendre. Etrange. J’apprends plus dans les silences. Enfin…Le silence aussi je le note. Comédie la aussi…Un peu sur joué.

Donc je suis remontée sur Paris avec pour seul bagage mon envie d’aventure. Je voulais faire du théatre, et j’avais appris qu’une troupe itinérante, de la Commedia DEL ARTE faisait fureur à la cour. Je décidais de tenter ma chance. J’y suis admise. Aujourd’hui je sais pour quoi. L’ont ne m’a jamais laisser jouer. Pour cause, je n’avais pas le talent. C’était un peu comme si je faisais partie du décor. Je n’avais pas de don pour la prose…Juste pour la pose. Je me voyais. Comme hors de mon corps. Gravure parmi les acteurs. Inutile. Le frisson vient alors. Evidence.

Nouvel arrêt. Les yeux dans le flou, effet réussi…si l’ont oublie le lieu.Elle prend une pose tragique. Non elle n’avait pas de talent. C’était vrai. D’autant que sa pose est suivie de près par un grattage du cuir chevelu, qui laissait imaginé la colonie qui y siégeait.

Comment dire. Cette femme avait tout. Oui. Tout. Alors que je regardais sa vie, elle vivait la mienne. Celle que j’avais rêvée. Jour après jour. Elle l’a même eu. Lui. Magnifique amant. Ce soir là…Ce soir là ils avaient tout deux monter les marches de Notre Dame. Ils se sont juré ces mots vains qu’on les amants. Ceux que j’aurai aimés dire…Et entendre. Ils vivaient tous ensemble dans ce qui semblait être une bonne intelligence. Je ne m’étais jamais sentie si loin. Le soleil tomba sous les rires et les délires… avant l’aube qui reviendrais …comme chaque jour posé sa clarté sur mon inutilité. Quand tous s’endormirent… J’ai renversé une lampe. Le feu a vite pris. Et j’ai bloqué la porte derrière moi


Elle s’arrête à nouveau. Bien évidement je ne jugerai pas. Elle le fait bien elle-même. De toute manière… Je me sens un peu blasé. Elle avait accentué le « derrière moi »…levant les yeux et les bras au ciel comme une madone.

J’ai regardé le feu prendre…Entendu les cris couvrir les crépitements des flammes. J’ai regardé mon âme s’envoler avec eux. Bien sur un tel acte ne peu pas rester sans châtiment. Le destin avait mis quelqu’un derrière moi. Quelqu’un qui me le ferait payé. Même si sont but n’était pas celui la. Bien sur. Il m’a juré de ne rien dire. Mais il y avait des conditions. Cet homme travaillait dans un bordel et moi avec mon « innocence », je valais cher. Mais… Plus rien n’avait d’importance. Ce n’est pas une si vieille histoire… J’ai commencé à mourir avec eux. Heureusement, je ne laisse personne derrière moi. J’ai vu plusieurs fois Raziël. Aucun bâtard n’a vu le jour… Près d’un an que je suis ici. Quand le pourrissement à commencer a m’étreindre. N’étant déjà plus très fraîche. Il m’a jetée dehors. Mais il y a toujours de la place même pour les gens comme moi ici. Gunther y veille.

Je hoche la tête. Je regarde quelques instant le vieil homme sur son tonneau. Quasiment une gravure. Peut être un jour, me demandera t’il de venir. Je connaîtrai alors son histoire. Je perds un peu le fil de ce qu’elle me raconte alors. Je me lève. Faudrait pas me prendre pour un imbécile non plus. Elle a raconté sa parabole. Elle s’attend à mourir dans la minute alors. Mais rien ne se passe. Elle a l’air effroyablement déçue. Bon je lève ma faux.

AAAAAAAAAARGHHH

Voila. Elle est morte de peur. Ca au moins ca avait l'air vrai. Un lépreux à côté en perd son nez. L’étonnement est dans touts les visages. Je fais un geste ample du bras. Un autre ? semblait je dire dans le silence. Un nouvelle main se lève. Quel boulot ingrat.
---fromFRGunther Gourdelangue
La fin d'après midi étend ses ombres froides sur le dallage brisé du borde, Gunther tire une dernière bouffée de sa pipe tiède, il trifouille sa moustache d'un air ennuyé, commence à y avoir autant de passage dans le coin que dans un souk de Constantinople. Avec moult craquements secs, il redresse sa haute silhouette, regardant partir le lieutenant et la donzelle.

Ach, crèfecoeur, chais bu plus de bière, pisser plus de sang qu't'as trousser de chupons mon gars. D'ailleurs...

Il donne un coup de botte un peu triste contre le tonnelet, l'Enchanteur a la descente raide, accrochant son estramaçon entre ses épaules, le teutonique s'éloigne d'un pas traînant, laissant le vieil homme le regard dans les flammes du petit foyer. La forgeronne s'arrangera pour la mise à bas de sa jument, ne jamais interrompre une ligne d'approvisionnement, principe premier d'une armée en campagne.
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"Si tu ne meures pas avant de mourir, tu mourras en mourant"
---fromFRLeurs dernières heures
Siouplaiiiiiit vous qu’en avez tant vu !

Toutes les histoires idiotes commencent comme ça. On ne peut pas faucher tranquille, il faut toujours qu’on m’interrompe. Mais pour ce coup là ça tombe plutôt bien, j’ai mal au dos et m’asseoir quelques minutes ne me fera pas de mal. Je regarde la joyeuse bande de gosse qui soupire aux heures ennuyeuses. Pas tout ça faut que je réfléchisse maintenant.

Wais m’sieur, affreuse hein, avec des têtes qui tombent ! Siouplaiiiiiiiit…

Bon j’pose mon postérieur aigu sur une pierre. La nature humaine… On pourrait croire qu’une bande de gosse qui côtoie l’horreur au quotidien voudraient entendre des contes de fée, ou tout finiraient bien pour une fois, ici les princesses perdent leurs nez, et les preux chevaliers pue. Mais non… Ils préfèrent être bien sur que ça peut être pire ailleurs. Déjà jeune.

Alors je prends ma voix la plus effrayante pour dire :


Dans une bourgade non loin d’ici, vivait la plus vieille et la plus méchante sor…

Nan pas celle la ! tu l’as déjà racontée !

Bon, bientôt on va me dire que je perd la boule, je fais mine de me lever contrarié, et les enfants me hurles de me rasseoir que j’ai raison, bien sur, que jamais je ne leurs ai conté cette histoire là. Ouf. J’voyais un gars à l’air malade, qui soudain avait repris des couleurs, et franchement, j’préfère encore raconter des sottises à ses gosses que de devoir me payer sa réalité à lui.

D’abord avant de commencer les enfants, je veux vous dire que cette histoire est vraie… Bon ne me croyez pas si vous voulez… Mais quand son souffle putride frémira so… Non ce n’est pas moi ! Bigre laissez moi poursuivre !... Bon ? Bien…
C’est l’histoire d’un type qui avait sa place ici. Oui, parmi vous. Un type tellement moche, tellement hideux qu’il ne sortait que la nuit. Le jour il dormait dans les sous terrains… Oui ceux sous nos pieds à tous… Certain racontaient qu’il était déjà mort une fois, et qu’il retournait dans sa tombe le jour… mais cela, vous le savez bien que ce n’est pas vrai.


La je me permet un petit effet je remonte mon capuchon, tiens bien ma faux… Bref, je fais mon malin. La nuit est noire et le feu jette ses reflets sur l’assemblée…

Surtout si c’est moi qui vous le dit…

Bien sur s’était le moment pour moi de pousser un guttural HAHAHA qui leurs feraient à coup sur dresser les cheveux sur la tête…. Hé bien non. Pas grave… je les aurai plus tard.

Il tua des dizaines de femme et d’homme dans ses ruelles coupe gorges de la cour des miracles… La légende raconte qu’il embrasse ses victimes, déchirant leurs lèvres et leurs âmes dans un baiser mortel… Avant il était comme tout le monde, surtout ici, particulièrement salaud, vendant des gens et déchirant des bourses, kidnappant a qui mieux mieux… Il avait sa réputation de crapule… C’était il y a longtemps, avant Hébus, avant Danilo le grand… Avant votre naissance même. Il avait passé sa vie à faire des horreurs, et bien sur un jour il le regretta amèrement. Car oui, comme pour pas mal de crapule, quoi qu’il vous en disent ensuite, il était tombé amoureux. Personne ne le savait, la crapule la battait pour rien, ils eurent un enfant qu’il menait dans des combats de chien, il continua sa vie de truand atroce jusqu’à sa mort…

Les gosses me disent que je viens de dire qu’il n’est pas mort. Alors je souris et je laisse planer le mystère. Ils me regardent avec des yeux de merlan frit. HUHUHU.

Bien sur, sa femme était son jouet, et quiconque aurait espéré mettre la main dessus se ferait désosser sur la place publique… Ses ennemis, nombreux bien sur, l’avaient tout de même percé à jour… A force de voir les jeunes loups aux dents aiguisées se faire mortellement frappé pour un regard mal placé… Tous, tous les humains dans se monde finissent par comprendre que l’union fait la force. Ils enlevèrent la femme et la torturèrent jusqu’à ce que mort s’en suive, les embrochant tout deux sur la même épée… L’ont m’a même raconter que se monstre s’était mis par delà la lame… Embrassant sa femme alors que la vie quittait son corps… Mais rien ne se fini comme l’on voudrait, et lui n’a pas eu la chance de mourir là dans le souffle de sa belle… Pas de conte de fées pour les ordures…
Ils l’ont traîner son corps attaché à un chariot des kilomètres durant, pour le lâcher dans un fossé, sans oublié d’uriner sur se qu’il pensait être son cadavre… Mais…

J’ménage mon effet évidemment… Ah ça on ne veut pas de ma sorcière… HUHUHU

Mais…comme vous ils avaient oublié son fils… Il avait suivit… Comment savoir ce qui pousse un enfant à aimer son parent… Surtout quand celui là vous a fait vivre l’enfer ? Qu’est ce qui l’a poussé alors, à le forcer à vivre, loque parmi les loques ? Son cœur n’avait pas cesser de battre, et son corps fini par repartir… Dans un pourrissement inimaginable… Les chair à vif, purulent littéralement… Les dents la bouche de moitié arrachée… Une horreur sur pieds…Qui toujours, cherchait la mort qu’il avait vue dans les yeux de sa femme. On raconte que le gamin court derrière lui relatant dans un journal ses abominations sans nom…
Peut être… Peut être est il plus près de vous que vous ne le croyez… Peut être cherche t’il toujours la proie à embrasser…

MOUHAHAHAHAHAHAHAHA

Je ne leurs dirait pas tout de suite que cet ignioble chacal est mort, bide ouvert, manger par les rats de suite non… J’vais les laisser mariner un peu…
---fromFRLady Sweet
Ça pue fortement. Mais à la saison chaude, c’est bien pire.
L’odeur tellement douceâtre des chairs en putréfaction, à nulle autre pareille, signe l’approche du Borde. Un endroit à éviter. Un refuge pour les maudits marqués du signe noir.
La lèpre ici prospère sans que rien ne l’arrête, rongeant et amputant les êtres, sans distinction de race ni d’âge, de confession, de sexe ; La lèpre place tout le monde à égalité. Ni Or ni prières elle n’écoute.

Elle ?
C’est une femme sans âge avec un drôle de nom. Sans histoire. Sans rien qu’un enfant mort dans un berceau de bois décoloré qu’elle balance en silence, parfois chantonnant une comptine fait pour les petits vivants d’une voix aussi douce que désenchantée. Son odeur à lui, car c’était un fils, s’ajoute à la puanteur ambiante et ne la blesse pas plus que cela. L’habitude de la vie est perdue. La peine aussi.

Le Borde de la Miséricorde ?
Non. Pas de miséricorde ici, pas d’absolution ni de rémission, aucune clémence, jamais de pardon. Juste la mort qui rôde, affûtant son terrible outil en racontant des fadaises.

Dors petit, dors encore un peu
L’aube à naître est bien loin,
Et le sommeil d’ici à demain
Garde fermés tes jolis yeux.


Un brin d'humanité, infime, qui se débat dans les ombres sous la fraicheur des pierres.
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---fromFRLépreux de la Miséricorde
Les ruines s'étendent aux franges de la Cour, ceintes d'une enceinte de pierres ajustées aux fondations profondes, refuge à lézards, nids d'oiseaux construits en brindilles dans les crevasses de la roche, vestige des temps où la cité était bourgade recroquevillée sur le fleuve, où la protection des prières n'épargnait guère les serviteurs de Christos des menaces temporelles. Les moines alors recueillaient la solitude dans la coupe de leurs mains jointes, cultivant les plantes de soins, en étudiant les effets, observations attentives notées d'enluminures aux parchemins du scriptorium, loin des agitations humaines ils mortifiaient la chair pour libérer l'âme des tourments de l'esprit.

Les siècles passèrent, la ville étendit ses faubourgs, repoussa ses murailles, enchâssant le monastère dans ses venelles, le dépouillant de sa retraite, rendu au monde il agonisa, oublié, sa voix de bronze s'éteignit, les cloches, rythmant sa vie, de matines à complies, tombèrent en fragments de rouilles, les herbes folles envahirent le jardin de simples, les cellules désertées servant d'abris aux démunis, possession abandonnée de l'église, s'étiolant dans l'indifférence.

Alentour, les gueux, adeptes de la grande et petite truande établirent leurs quartiers, déchets de Paris prenant possession d'un royaume d'étroites ruelles, places sombres, habitations délabrées, délaissant pourtant craintivement cet endroit, source de superstitions contées aux veillées des mendiants, frayeurs diffuses issues de la solennité régnant encore entre ces vieux murs.

Rejetés parmi les réprouvés, les lépreux s'en emparèrent, établissant une société en marge, sous la conduite d'un ladre instruit, jouissant du respect de ceux ne possédant nulle place, hors l'errance et l'hospice en mouroir. Ici, un soupçon de dignité fut rendu, les crécelles d'infamies remisées en sautoir, ici, au Borde de la Miséricorde.

Le vieux ladre s'en fut, cendres et poussières, et son héritier humé avec méfiance, y compris par ceux ne possédant plus de nez, ce bretteur maquillé de blanc, attirant dans son sillage foule de gens bizarres, porteurs d'épées, surgissant de nulle part pour s'en aller sans façons. Mais bourses de bons écus étaient portées régulièrement, puis il les considérait en égaux, sans craintes de la maladie, il était des leurs, à son étrange manière.

C'est pourquoi son dernier message fut lu avec attention, et le Borde connu une activité nouvelle. Avec les moyens du bord, l'enceinte retrouva haute figure, le foyer de la forge, remise en état par cette si belle femme, se ralluma, et la lourde porte, consolidée, rajustée à ses gonds.

Les lépreux, ombres fugitives niées par les vivants, se répandirent dans les rues des Miracles, de la capitale. Observant, fouinant, attentifs aux humeurs, aux rumeurs, obéissant aux ordres du livide.

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Sois mort au monde et revis en Dieu... Déjà trépassée, nostre chair ne craint l'acier.
---fromFRGwilwileth
"obéissant aux ordres du livide."

Ce n'est pas exactement ce que je faisait, à cet endroit. Mais je ne désobéissait pas non plus. Comment désobéir à des ordres qui n'étaient pas données? J'explorais. J'explorais Paris, la capitale d'un royaume que je ne connaissais que trop peu.
Je connaissais le Dauphiné, quelques autres endroits, j'y avais été menée, accompagnée. Je ne connaissais rien, en faite.
Je mesurais environ 1 mètre 35, et déjà j'avais des folies de grandeur. Mais ce n'étais pas la grandeur habituelle d'une fillette, ce n'était pas le rêve de découvrir que mon père était Prince. Je n'avais pas de père. J'avais un parrain, une marraine, une vie, une liberté. Car même les deux premiers, je les avait laissés, je m'étais enfuie, comme je le ferait sans doute encore. Je n'étais pas pourtant malheureuse. Au contraire, j'aimais ces gens, mais j'avais besoin de courir, de fuir, d'être moi et de ne pas être moi.

J'avais envie d'être un Papillon, de voler en toute liberté, où que j'aurais voulut voler, de ne pas avoir besoin d'être retenue par quelqu'un, par quelque chose. Je voulais faire ma vie, une vie pleine, je voulais tout essayer, je n'avais aucune envie de devenir comme toutes ces femmes qui se contentaient d'être des femmes, de ne servir que pour avoir des enfants.
J'avais envie d'être un homme. D'être un garçon. Car je savais ce que voulaient les femmes, je savais quel était la grâce d'un baisemain, je m'imaginais les mots que j'aurai pu murmurer à leurs oreilles. Je voulais me battre, je voulais protéger une femme que j'aurai aimé. Je voulais avoir des amis, je voulais avoir le droit de devenir ivre mort. De dire des gros mots, de m'habiller en pantalon, de monter à cheval, d'apprendre tout ce qu'un homme avait le droit d'apprendre, et qu'une femme devait se contenter d'ignorer.

J'étais habillée en pantalon, et mes cheveux ne m'arrivaient pas plus bas que les oreilles, ils étaient coupés en désordre et ils étaient en bataille.
Je voulais être un homme.
J'étais une femme.
Alors, j'étais un Papillon.
Je me contentais d'être tout ce que je voulait être.
J'étais femme, j'étais homme, j'étais Papillon.

J'avais 9 ans.
Je contais les jours. je n'avais jamais oublié quand j'étais née. Peut-être ce n'étais pas la date exacte, je n'avais pas de mère qui puisse me le dire. Mais on m'avait dit cela, alors je contais les jours, les mois, je ne voulais pas m'oublier. Je voulais savoir qui j'étais.
J'avais 9 ans. Je connaissais mon prénom, je n'avais pas de nom, j'avais un surnom.
J'étais Gwilwileth.
J'étais une histoire qu'un vieil homme m'avais raconté, j'étais elle, j'étais lui, ce Papillon qu'après des mois de travail, vivait, pour un jour, en toute liberté.
Je n'étais plus chenille, je n'étais pas encore papillon.
Mais j'étais moi, j'étais Gwilwileth, j'étais elle, j'étais lui, je le serait toujours.

Mon visage, celui de Gwilwileth, était recouvert d'une très légère couche de blanc éparpillé - maquillage subtilement dérobé.

J'avais des yeux bleus, des grands yeux bleus qui pouvaient être reconnus partout, m'avait dit Amil.
Elle m'avait dit que le jour ou je croiserait mon père, il me reconnaitra grâce à ça, et Atar avait eu un sourire triste.
Ma mère, ils n'en parlaient jamais. Elle n'existait pas. Et mon père... il semblait avoir été de leurs amis.

Et moi j'avais alors vécu avec eux, cette douce femme et ce robuste homme. Et j'aimais tellement Amil, et j'admirais tellement Atar, que je voulais être comme le second, pour pouvoir aimer comme un homme, la première.
Je voulais être un homme.

Tout revenais à la même pensée. Pourquoi devais-je être une fille?!
Les filles, s'était faible, c'était chiant, c'était collant, c'était pleurnichard, ça ne se battait pas, ça ne connaissait pas l'honneur, c'était ignorant.

Mais j'étais une fille.
Du moins, à cet instant, j'étais une fille.
Gwilwileth était une fille. En apparence. Car elle avait accepté de l'être, car elle s'était promis qu'elle ne serait pas comme les autres. Plus qu'une fille, elle serait un Papillon, je serait Gwilwileth.

J'étais en joie, j'étais mélancolique.
Mélancolie des 9 ans, j'avais prouvé que cela existait. C'est que je n'arrivais pas à être moi.
Seule moi quand je me promenais, comme à cet instant, dans cet endroit inconnu, ruines de je ne savais pas quelle tempête, humaine, divine.
Je n'avais pas peur.
L'endroit aurait pourtant pu me l'inspirer, la peur.

C'était le début de l'après-midi, mais tout était noir dans cet endroit.
Je ne sais le dire, un instinct peut-être, m'avais poussé à toucher la porte. La caresser d'un bout du doigt.
A la pousser.
Elle n'étais pas fermée.
Et j'entrais.
Je sentais la maladie, la mort, à plein nez, je l'ignorait.
L'insouciance d'une curieuse, d'un curieux, d'un enfant qui ne perçoit pas le danger, qui veut tout connaitre, tout savoir, qui veut même éprouver de l'angoisse, de la peur, pour après, pouvoir se dire, à lui-même, qu'il avait réussi a traverser cette porte, qu'il était digne, qu'il était fort.

Fort...

De ma poche sortirent deux doigts tenant quelque chose : une femme et un lion. VIII. La Force.
---fromFRLépreux de la Miséricorde
Les ombres sont là, toujours, calmes, ici, c'est chez elles, leur lieu, leur retraite, repos et calme, préparation et attente, détente et rires feutrés, conversations bruissantes, les petits riens des vies oubliées, les tendresses de la déchéance, quand un geste vaut toutes les paroles, puis, ces temps ci, la conversation trouve moult sujets nouveaux, de leurs missions d'explorations et de surveillances, les une ramènent aux autres des sujets propices à la réflexion, à l'humour, noir souvent, le crépuscule des vies enlèvent la pudeur des convenances.

Une odeur de soupe flotte dans l'air paisible, et c'est à peine si les têtes se tournent au grincement de la porte ouvrant sur la cour du cloitre, si les guetteurs ont laissé passage, l'inquiétude n'est pas de mise. Et pour cause, les miséricordieux reconnaissent l'arrivante, elle est sous protection, et que leur maître ne soit pas toujours capable de distinguer les genres ne les empêchent, eux, d'accomplir leur tache au delà des instructions.

Soirée tranquille au Borde de la Miséricorde, l'équipe de nuit achève de s'entortiller dans de sales oripeaux maculés d'ordures, l'odeur écarte autant que l'apparence, et ces loques sont bien nécessaire, surtout depuis que les bains de l'ancien monastère ont retrouvés leur fonction. Etre lépreux ne signifie pas qu'on aime avoir les bouts restants crasseux.

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Sois mort au monde et revis en Dieu... Déjà trépassée, nostre chair ne craint l'acier.
---fromFRGwilwileth
J'entrais dans une sorte de demeure étrange.
Demeure, ça le semblait. Des êtres, des ombres plutôt, étaient là, assis, autour d'un feu, mystérieux.
On m'avait laissée passée, je ne comprenais pas pourquoi, mais j'avançais.
Le Hasard, l'Instinct et la Force étaient depuis toujours ma devise, mes seules croyances. Et cela dit que j'en avait vu des belles à croire, avec un Atar Croque-Mort reconnu pour être un envoyé de la Fâcheuse par l'Église elle-même!
Mais non, je ne croyais que en moi, en ma force, en le hasard qui me guidait.
Et peut-être dans la connaissance des autres.
Ils m'avaient laissée passer. Je passait.

Je ne vit pas leurs formes étranges, je ne vit pas leurs plaies, leur maladie. Il faisait trop sombre.
Je sentait la mort, je la voyait reflétée par eux, mais je la voyais pas en eux.

Eux.

Je les approchai.
Ils m'avaient laissé entrer, et je ne savais pas pourquoi. Peut-être simplement car ils les laissaient tous passer.

Étrangement j'avais l'impression de les connaitre, et de les avoir vu il n'y à pas si longtemps que ça.
Un rêve?
Ou les avait-je déjà entraperçu?
Eux. Car il n'y avait pas moyen de dire que l'un d'eux était un. Ils étaient eux.
Du moins pour l'instant.

Une odeur de nourriture flottait et se mélangeait à cette odeur de pourriture qui se dégageait d'eux, ou de l'endroit.

Je les approchai encore.
J'étais entrée, j'allais pas partir.
Et puis, cette impression de déjà vu...


B'soir. J'suis où? Vous êtes qui?
---fromFRLépreux de la Miséricorde
Un bol de soupe, épaisse à tenir une cuillère sans bloublouter, est posé sans façon dans les mains de la gamine. Installation en vue du repas vespéral, en vague cercle, genoux pour tables, pierres et buches en sièges, des pains apparaissent, sont rompus et partagés à la régalade, l'assemblée se restaure, chuchotis divers d'abord, rires noyés dans la déglutition, et peu à peu s'élève un chœur de voix, masculines, féminines, toutes singulières, émergeant de la pénombre, passant les capuches et les voiles, rocailleuses, âpres, souriantes, accents ensoleillés, gutturaux, venant tour à tour d'une silhouette, de l'autre, raclements de gorges, interjections, se coupant, se poursuivant, tissant les fils d'une histoire, multiple, riche, incomplète, fragments décousus jetés aux oreilles enfantines, autour d'un feu de braises pourpres à en être translucides.

...sommes ses protégés...aaarh ses loques ouais...yeux et esgourdes...t'en restes plus...dans tout Paris...la miséricorde...l'héritier du Ladre...protection et pitance...me suis pas amusé autant depuis...à qui c'te ongle...élevé par Gunther...allons pas un enfançon, ça non...marquise, parfaitement...nous sommes...lire et écrire moi le Ladre...cause, fait ci, fait mie, et après...un seul objectif depuis le départ...sait pas où il va...les lépreux...et Libertad, ici d'abord, le Palazzo ensuite...foutues pommes...crèvera Montfaucon...déjà mort...pas rit ainsi depuis la...lépreux de la miséricorde...des contes, des balivernes...à son service...remplis l'estomac...ils étaient neuf...il est seul...sommes avec lui...non, en reste une...deux...une, il lui a dit...ancien monastère, le cloitre est...robe de baptiste, arrachée lors...un hôtel, superbe, à...folie de ses actes, j'aime...neuf à croire...un chant les a réunis...elle est morte en...non...si, il lui à...un bucher élevé...il nous a réunis...pas son fils, il l'a choisi...gamin crouteux, pas encore maquillé...raison de cette larme...perdu les illusions...n'en a jamais eu, un masque, il n'est que...notre maison, notre forteresse mortuaire, tombeau de sable et...Suerte, espagnol je dis même si...foutaise, ils voulaient trépasser dans...nous sommes...teutonique, il nous manque, sacré...il nous protège, nous utilise...sommes les...le borde de la...miséricorde...miséricorde...miséricorde...miséricorde...

Une forme se lève, attrape brassées de fagots, jetés en offrande à l'appétit rougeoyant des braises, crépitent les flammes, s'élèvent, brasier, chaud, dévorant, les pieds martèlent le sol, mélopée et rires s'entrelacent autour de la fournaise, les faces violemment éclairées portent les plaies de leur vie, stigmates bosselés, joie sans freins d'une existence perdue, abandonnée, retrouvée dans l'ordure, un charivari sauvage s'élance, les corps salut la nuit, et une main féminine empoigne l'épaule de la fillette, douceur tendre, la mène à l'entrée, la pousse dehors d'une tape affectueuse, la porte claque, de l'autre coté de l'enceinte, les cris résonnent, le Borde de la Miséricorde s'éclaire des mille feux d'une orgie jouissante d'apocalypse.
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Sois mort au monde et revis en Dieu... Déjà trépassée, nostre chair ne craint l'acier.
---fromFRGwilwileth
L'endroit enveloppais d'un étrange ambiance.
Un espèce de transe, de rêve.. si j'aurais su le sens, j'aurait dit de drogue.
Un bol me fut mis entre les mains. Mécaniquement, je mangeai. Comme Eux.
Et j'écoutais, ce qu'ils disaient.

L'endroit était obscur, je ne voyais qu'une masse difforme, d'ou sortaient des voix différentes. J'entendais des bribes de conversations, je ne comprenais pas la moitié de leurs paroles.

Je ne me méfiais pas.
J'étais dans un rêve. Avec un peu d'intelligence je me saurais rendue compte que ça ne pouvait pas être un rêve : dans un rêve, on ne prends pas conscience de rêver.
Mais pour moi, c'était un rêve.
Je les avait déjà vus, Eux. Dans un autre rêve, sans doute.

Je fut prise par l'épaule, et menée a la sortie.
Je suivait, inconsciente des mes gestes.

Le bruit s'arrêta quand la lumière revint.
je regardais la ruelle. Derrière moi, la porte. Rien d'autre qui puisse certifier de l'endroit.
J'avais rêvé, sans doute.

Je me souvins alors des paroles entendues dans la confusion des voix, du silence, des plats, des mâchoires claquantes, de la soupe remuante, des respirations, de l'odeur oppressante.
Et j'en compris quelques unes, dont avant je n'avais eu que les sons.

Miséricorde...
Bien plus tard je cherchai le sens exact de ce mot.
Une bonté qui incite à l'indulgence et au pardon envers une personne coupable d'une faute...

Quelles fautes avaient-t-ils fait, Eux?
A moins, que ça ne soit Lui...

La Suerte.
Héritier du Ladre.
Libertad.
Montfaucon.
Neuf.
Il en reste Une.
Un chant.
Ancien monastère.
Un fils.
Maquillé.
Un fils.

Un Masque...

Miséricorde.

J'essayais de mettre au clair mes idées. De séparer l'essentiel du reste. De comprendre l'incompréhensible.
Et je fut saisie d'une haine.
Une haine soudaine, violente.
Pour ce masque.
Je venais de comprendre que je ne le connaissait pas.
Et que, peut-être, c'était quelqu’un qui ne méritait pas le nom d'homme. Qui cherchais la Miséricorde.

Dans les mensonges.
D'un masque.

Je couru jusqu'à trouver la Seine.
Larmes aux yeux.
Ces larmes de haine, de colère, d'impuissance. Se sentir trahie.

Je descendit près du fleuve.
Je regardais mon visage... Blanchi.
Une main frappa la surface.
Puis frappa mon visage.
Effaça les traces.

Et dans l'envie de dépenser de l'énergie pour calmer colères, je me perdis dans les ruelles de l'endroit.
Lorenz
[HRP: l'action se déroule quelque temps après que Lorenz ait retrouvé Bireli près du palazzo. Donc il s'est passé pas mal de choses là bas depuis ^^
Mais j'avais envie de la faire venir ici par la suite... et n'ai pu le faire pour des raisons irl.
Aujourd'hui, Lorenz est retournée en Bretagne, mais petit retour en arrière... merci la Cour de me permettre ça... du moins j'espère ne pas faire fausse note...
Et si cela tente quelqu'un de partager quelques lignes avec moi... ce sera toujours avec plaisir.
LJD de Lorenz]



[Autre temps. Autre saison. Autres personnes.
Même miséricorde.]


Qu'est-elle venue chercher ici? Est-elle seulement venue chercher quelque chose? Jamais auparavant elle n'y avait songé, si ce n'est que pour elle, c'était SON lieu à lui. A ce Tonton si particulier.

Alors comme elle n'a plus rien à elle... autant venir chez les autres. Surtout quand il s'agit de la famille. Même si de famille, il n'y a plus.

Elle s'avance sur le pavé glissant, sous une pluie automnale bien pesante. Les murs sont hauts. La porte lourde et fermée. Y a-t-il seulement encore des lépreux ici?


Toc toc toc

L'attente sera peut-être longue. Peut-être vaine. Peut-être surprenante.
De toute façon, si ce n'est pas là qu'on l'attend... alors elle continuera sa route puisqu'il y a un autre lieu où elle se doit d'aller. Puisqu'elle s'en est fait le serment tacite. Pour son Ch'tiot... et ses gosses.
Lorenz
Le silence en réponse à son attente.
Le Borde est donc désormais désert visiblement. Les lépreux ne sont donc plus... Tout change et tout demeure pourtant.
Le borde de la Miséricorde restera là encore longtemps et d'autres "lépreux" y trouveront une place au chaud près de la forge qui brûla jadis d'un feu intense pour le Lune libertadienne, Sélène. Il y aura encore des 'bonnes âmes' venues prendre soin des autres, celles malades, souffreteuses et mourantes.

Lorenz pose une main sur la lourde porte de bois. La laisse glisser en geste d'aurevoir et de reconnaissance. Puis effectue un demi tour sur les talons et les pavés gelés de la Cour. Elle a un autre lieu à retrouver. Un dernier hommage à offrir en partage. Juste parce que promesses ont du sens.
Pour elle du moins.
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