[RP] Quand une Blonde cherche à se confesser.

La Blonde marchait dans les rues de Marmande.
Pour une fois, Suzane ne l'accompagnait pas. Sur ses ordres, elle était restée dans l'auberge.
La jeune femme cherchait Ellya.

La trouverez à Rivet, qu'on lui avait dit.

Alors elle cherchait Rivet.

Tournez à droite, puis à gauche, tout droit.

Visiblement, ce n'était pas ça.
Droite... Gauche et tout droit ? Raté.
Enfin, elle finit par trouver.
Frappa.
Eh, elle ne savait pas quelle démarche adopter !

Ellya... ?
Tu... Tu es là ?

Elle était soulagée d'être enfin à destination.
Elle en avait, des choses à dire.
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Comme un fantôme accroché à ses lieux passés et préférés, la nonnette rodait en mal de discussion près des ruines du Prieuré Sainte Illinda du Rivet. L'héritier Watelse ne manquerait pas de quitter son sein dans les semaines à venir, aussi en profitait-elle pour ressentir une dernière fois cette étrange sensation d'être dans la peau d'une baleine pleine à craquer.

Après un détour par les champs en friches drappés d'une fiche couche de neige, elle revint à l'entrée du Rivet qui n'étaient que murs effrondrés, ronces enlacés et porte fracassée. L'œil hagard, elle observa quelques secondes sa cousine frapper contre le bois pourri de la porte rongée.

Je suis juste là, ne put-elle s'empêcher de prononcer avec une pointe d'amusement. Elle s'approcha alors de Line, quoique surprise par sa venue.

Que fais-tu par ici? Rechercherais-tu la contemplation et la quiétude dans ce Prieuré ou es-tu simplement perdue?

Nouveau sourire, amusé toujours.

Entrons, un bon feu crépite dans l'âtre du réfectoire. Cela nous fera le plus grand bien.
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C'est sûr qu'à force de frapper sur une porte pourrie, quelqu'un va venir.
La preuve.

Je suis juste là.

La Blonde se retourne.

Que fais-tu par ici? Rechercherais-tu la contemplation et la quiétude dans ce Prieuré ou es-tu simplement perdue?

Elle sourit, lui fait la bise et la serre dans ses bras.

Je te cherchais.

Entrons, un bon feu crépite dans l'âtre du réfectoire. Cela nous fera le plus grand bien.

Elle hoche la tête, suit son amie.

Je dois te parler, Ellya.
Je... Je veux me confesser.

Enfin elle franchissait le pas. Enfin elle avait fait la route pour cela. Ce n'est pas maintenant qu'elle allait flancher !
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En silence, la nonnette guida sa cousine au travers des ruines du Prieuré, contournant parfois certains blocs de pierre, les enjambant d'autres fois. Elle avait beau connaitre l'endroit depuis plusieurs mois déjà, elle ne pouvait s'empêcher d'être admirative à chaque fois. Que la pierre était solide! (Comment cela la moitié du bâtiment était à terre?) Que le sol resplendissait! (La mousse peut avoir un effet scintillant!) Que l'air était pur! (Et omniprésent au regard des innombrables courants d'air qu'il y avait!)

Enfin elles parvinrent au réfectoire, un des premiers lieux rénovés. Toujours sans un mot, la Prieuse invita Lanceline à s'asseoir avant de lui servir un grand gobelet de bière et quelques biscuits trouvés on-ne-sait-où et à l'odeur étrange. Comme promis, un feu généreux valsait dans l'âtre de pierre brunie.

Te confesser?

A son tour, l'Oblate s'assit avant de boire une longue rasade du blond liquide. Elle avait une peur bleue des confessions depuis celle qu'elle avait dû subir avec feu l'évêque Odoacre. Elle ne voulait pas entendre les pêchés des autres. Elle aimait tant fermer les yeux sur tout cela... Mais la nonnette demeurait pieuse, si pieuse, et ne pouvait se résoudre à repousser la moindre demande.

Je t'entendrai en confession alors.
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Te confesser?

Elles prennent place. La jeune femme hoche la tête d'un air grave.
Elle dévisage la Duranxie; elle n'a pas l'air heureuse de cette décision.
Elle ouvre la bouche, va lui dire que si elle ne veut pas, ce n'est pas grave...

Je t'entendrai en confession alors.

Un sourire naît sur les lèvres de la Balafrée.

Bien.

Ses mains plaquées sur la chopine la mènent vers sa bouche. Elle boit quelques gorgées.
Les noisettes se posent sur l'Oblate.
Grande inspiration.

Maintenant... C'est possible ?
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La Prieuse ne cacha pas sa stupéfaction. Rares étaient ceux qui désiraient confesser leurs péchés, plus encore ceux qui désiraient le faire dans un réfectoire miteux. Mais en pieuse femme de foy, la sacristine ne put s'empêcher de répondre aussitôt "Oui". Elle pria silencieusement pour que la révélation ne soit pas trop affreuse avant de se tourner vers la blonde aristotélicienne.

Je t'écoute, Lanceline de Valdesti. Que le Très-Haut et ses prophètes soient témoins de ta confession car eux-seuls te jugeront à l'heure de ta fin sur Terre.

Doucement, elle tourna son regard vers le feu dansant. Odoacre, vil Odoacre, quitteras-tu mes pensées, enfin?
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Indéniablement, son cœur est lourd. Trop lourd pour la jeune femme qu'elle est. Elle est soulagée de voir que l'Oblate accepte, c'est pour elle un cadeau inestimable.

Je t'écoute, Lanceline de Valdesti. Que le Très-Haut et ses prophètes soient témoins de ta confession car eux-seuls te jugeront à l'heure de ta fin sur Terre.

La Balafrée à un pauvre sourire.

Je ne l'ai jamais fait... Je vais tout dire en vrac, pardon.

Grande inspiration et... Plongeon.

J'ai haï une femme, celle qui m'a fait cette cicatrice. J'aime un homme que je ne peux aimer. J'ai été mauvaise avec ma servante.
Et surtout, surtout...

Si tout ce qu'elle a dit, la Blonde le considère comme des crimes, ce n'est rien en comparaison de ce qui va suivre.

Surtout, Ellya... J'ai... J'ai tué un homme.
Involontairement.... Mais il est mort par ma faute.
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La Prieuse ouvrit la bouche avant de la refermer, les mains moites. Oh, toutes les confessions qu'elle avait entendues étaient badines. Une mort? Par tous les saints, que pouvait-elle répondre?

Elle se leva et attrapa au vol une chope pleine du blond breuvage avant de l'avaler d'un trait. Puis elle se mit à arpenter la pièce, soucieuse.

Des détails. Il me faut des détails.

Pour s'engouffrer encore plus? Pour juger plus sainement? Elle ne savait pas mais une chose était sûre: ses propres infamies revenaient dans son bas-ventre l'assaillir de coups rageurs. Elle étouffa un grognement avant de remplir de nouveau la chope.

Raconte-moi.
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Pleurer ? À quoi bon ? La Blonde regarde l'Oblate s'agiter et lui demander des détails. Elle a un pauvre sourire.

Eh bien...

Soupir. Elle boit une gorgée pour se donner du courage et commence.

Il s'appelait Gastar. Un homme fort, aux cheveux et aux yeux de la couleur du corbeau.
Il a...

Elle frémit.

Il a jeté son dévolu sur moi. Il m'a poursuivie... Pourchassée... C'était horrible, Ellya, je pouvais sentir son souffle sur ma nuque !

Elle se frotte le cou comme si elle pouvait encore le sentir.

Et...
Et un soir, j'étais seule en taverne. Je... Il est entré, j'ai gardé mes distances, comme toujours. Il... Il s'est approché, Ellya, près de moi, beaucoup trop près !
Je... J'ai reculé mais il s'est avancé, encore, avec ce sourire, oh ! ce sourire narquois qui s'étirait sur ses lèvres... Il était le chasseur, j'étais la proie et je n'allais plus faire long feu.
Ma... Ma main à rencontré une cruche... Je l'ai... Je l'ai assommé, il est tombé en arrière et...

Elle ferme les yeux comme pour mieux revivre la scène. Quand ils s'ouvrent à nouveau, la jeune femme parle d'un ton monocorde et posé.

Et il s'est fracassé la tête sur le coin de la table.
Il en est mort.
Je l'ai enterré en secret, la nuit même, en répétant mes prières parce que je ne connaissais aucun prêtre, et puis j'avais honte... J'espère qu'il n'est pas sur l'astre froid par ma faute.
Personne ne sait ce qui s'est passé cette nuit-là, à part moi... Et toi, désormais.

Elle regarda celle qui partageait désormais son secret.

Je n'en vis plus, Ellya...
Chaque soir, chaque matin son sourire me poursuit, et je sens son regard vide posé sur moi depuis là-haut...
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La nonnette frémit tout en observant sa blonde cousine. Etait-ce pécher que de se défendre? Avait-elle eu le choix? La future mère ressentait l'affreux besoin de prendre dans ses bras la tourmentée afin de la rassurer mais demeurait l'Oblate qui susurrait au creux de son oreille que la chose n'était pas si aisée.

Que Sainte Illinda nous protège... S'il te hante, c'est que l'affaire est grave, Lanceline.

Elle hésita.

Où l'as-tu enterré?

Enfin, elle se rassit, en proie à une réflexion intense. Puis, comme si l'aveu n'avait été que minime, elle reprit sur un ton badin,

Parle-moi du reste. Cette femme? Cet homme?
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Que Sainte Illinda nous protège... S'il te hante, c'est que l'affaire est grave, Lanceline.

Elle ne sait pas quoi répondre à cela. Grave ? Assurément ça l'est.

Où l'as-tu enterré?
Je l'ai enterré à Lectoure, dans la forêt. Il aimait les bois, je crois.

Mais déjà l'Oblate continue d'un ton plus léger alors qu'elle se rassied. Si elle avait été debout, Lanceline aurait reculée, choquée.

Parle-moi du reste. Cette femme? Cet homme?

Elle choisit le moins dur des deux. Encore que...

Ma servante ? J'ai été... Cruelle avec elle, des fois. Je l'ai injuriée.

Elle ne prête pas attention à sa cousine qui secoue nerveusement la tête, navrée, parce qu'au même moment la Balafrée baisse la tête.

Je l'ai parfois malmenée également. Même si je suis sa maîtresse...

... Elle considère que ce n'est pas une excuse.

Qui, par le Sans Nom, t'a enseignée de telles manières, Valdesti?
Je...
N'es-tu pas une Duranxie? N'as-tu aucun remord à ne pas faire honneur à ton nom?

La Blonde se raidit, surprise par le ton dur d'Ellya, et relève la tête, répliquant avec véhémence.

Si !
Si ce n'était pas le cas, je ne serai pas venue jusqu'à toi !

Sa blonde cousine hoche légèrement la tête, comme si elle acceptait la réponse.

L'homme?

La jeune femme soupire. Respire fortement pour se donner un peu de répit. Et enfin, se lance.
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L'homme ? Tu le connais.

Rien de tel pour inquiéter davantage la Prieuse. Son regard s'obscurcit, ses sourcils se froncent, ses mains se croisent nerveusement. Qui? Qui donc? Un bandit? Un scélérat? Pis! un soldat?
Elle observa en coin sa cousine, espérant un déceler un indice. Elle n'y trouve qu'un sourire. S'amuserait-elle de la voir chercher?

Je ne saisis pas.
Il paraît même que tu l'as questionné... Barbarian.

La brume disparaît tandis que les souvenirs refont surface. La Valdesti, toutefois, ne regarde plus son aînée en face.

L'homme qui t'accompagnait à ton arrivée?
Oui. Celui-là même.

Elle s'en rappelle, vaguement. N'interroge-t-elle pas tout le monde, finalement? Curiosité oblige. Mais c'est un secret.
D'un œil vide, l'Oblate contemple alors la chope qui lui fait face, toute aussi vide. Le mauvais sort aurait-il trouvé une nouvelle proie dans la famille? Ou est-ce le Sans Nom? Elle soupire.

Ah Line... L'amour et la famille Duranxie...

Étonnamment, elle se fend d'un rire jaune, comme désillusionnée. Et pourtant si naïve, encore. Car elle espère, car elle prie. Mais n'y croit plus vraiment, au fond.
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Tandis que sa cousine part d'un rire jaune, la Blonde garde le silence.
Enfin elle reprend la parole, après ce qui lui semble un long moment.

Que veux-tu dire ? Est-on... Maudites ?

Rien que le mot la dégoûte. Elle aimerait qu'Ellya lui dise non, la rassure... Mais c'est un oui silencieux qui s'échappe d'elle.
La Balafrée est troublée, mais pour elle ça explique tout.

Je comprends mieux.
Toi, moi, Shanessa... Y en a-t-il d'autres ?

Elle lève sur l'Oblate des noisettes interrogatrices.

Le Sans Nom a toujours veillé à ce que l'amour soit haine, mort ou trahison chez les filles Duranxie.
Oh.

La jeune femme a un sourire sans joie.

Je vois.
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Qu'aurait-elle pu lui raconter? La vérité? Ah...

Le passé appartient au passé.

La nonnette demeura songeuse, pourtant. Elle laissa couler son regard vers l'âtre brulant. Que ne pouvait-elle pas être aussi libre que ces flammèches!

Je ne peux m'en détacher!

La voix de sa cousine la tira de sa courte torpeur. Tuer un homme. Peut-on oublier son geste? L'Oblate n'aurait su donner une réponse honnête. Elle ne savait pas, elle préférait se taire. Toutefois, comme un fin espoir, elle murmura,

Espérons que ton sang de Valdesti te tirera de ce mauvais pas. Pourquoi dis-tu qu'il t'est impossible de l'aimer?

Les mots demeurèrent sourds aux oreilles de la repentie.

De surcroît... Il m'aime encore. Mais est-ce une excuse ?
Si vous vous aimez tous deux... Quel est l'obstacle?
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Perdue, la Blonde la regarde. Elle semble enfin comprendre les mots que la prieuse a prononcés.

Le fait que je fus Pupille Royale. J'étais supposée me marier à un autre.. Qui n'a jamais été dans le paysage.
L'es-tu toujours?
Non. C'était sous le règne de Feue la Reyne Béatrice, qu'elle demeure en paix.
Paix à son âme.

L'Oblate croise ses mains, tournée vers le feu. La Balafrée la regarde, pleine d'un espoir auquel elle ne croyait plus.

Que suis-je supposée faire, Ellya ?
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