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[RP] Un caprice.

Marine.
[ Maine ]

Marine a fait une grosse bêtise et pour une fois, elle culpabilise de l'avoir faite car elle se rend compte que c'est mal. Après tout, elle a l'âge de raison et sait faire la différence entre le bien et le mal, surtout quand on lui a répété mainte et mainte fois que c'est mal de voler. Enfin, avant elle volait pour survivre mais là, ce n'est pas le cas.

Elle a chapardé une dague miséricorde au Talleyrand, avant qu'il ne parte et ça l'a bien faite rire sur le coup, s'imaginant quand il se rendra compte qu'il ne l'a plus.

Un petit regard vers la dague en se tortillant la bouche. En même temps, il l'a bien cherché, il n'avait qu'à pas l'avoir abandonné quand elle était sa page. Le pire, c'est qu'il a gardé le maudit borgne. C'est décidé, elle la garde. Elle se mordille les lèvres. Elle en a d'autres de dagues et là, ça ne lui sert à rien et ça l'encombre pour rien. Elle collectionne d'autres objets, il faut dire. La jeter ? Ce ne serait pas bien.

Tilt.

L'enfant ouvre de gros yeux, car elle vient d'avoir une idée et d'ailleurs, ça lui rappelle des souvenirs. Et si elle écrivait au Talleyrand pour lui dire qu'elle a sa dague mais, qu'elle ne lui rend qu'en échange d'un truc ? Ah, bonne idée ! Oui mais quel truc ? Elle verra ça, en écrivant. Autant en profiter, quoi. Charbon et parchemin attrapés. Elle commence à écrire, du mieux qu'elle peut.


Citation:
Au Talleyrand,

G votre dague et c bien fai...
J vou la ran si vou me doné d truc.
J ve du pain, 30 écus, 1 toupi é 1 bale en cuir.
J vou aten au cimtier d inocent a Paris.
Si vou vené pa, j feré 1 truc pa bien.

Marine.


Voilà !

Elle a presque rattrapé son erreur mais elle se voyait mal lui donner rendez-vous juste pour lui rendre sa dague. Ce serait trop facile, vu ce qu'il lui a fait et elle lui a écrit une petite menace, histoire qu'il vienne. Du pain, parce qu'elle a faim. 30 écus, parce que ça sert à acheter à manger. Et même si elle ne manque pas de nourriture actuellement, elle en veut encore car la vie à la rue l'a rendu craintive, à ce niveau là. Toujours peur de connaître encore la faim. Une toupie et une balle en cuir, parce que tous les autres enfants en ont et pas elle.

Bref, elle enroule le parchemin à la patte du pigeon et le lâche.

Hop, elle grimpe sur son poney et direction, Paris !
Alan.de.t
Dans les confins du Maine, aux abords de Montmirail se trouvait le campement des Armées Royales. Structure éphémère de bois qui voyait son usage bientôt révolu, la palissade dissimulait une bonne soixantaine de tentes aux livrées variées. De toute part s'élevait un brouhaha incessant trahissant une agitation nouvelle. En effet, les abris étaient tour à tour abattus, les bardas rangés, les montures scellées : l'armée levait le camp. Et, pour le plus grand bonheur de tous, il ne s'agissait pas d'une nouvelle opération mais de démobilisation. Près de la porte Ouest, le Talleyrand arrangeait une dernière fois ses affaires. Enfin, il allait pouvoir gagner le Limousin, y trouver logement et travail. Il avait déjà pris quelques dispositions avant de rejoindre l'armée mais le manque cruel de temps à l'approche du siège de Tours l'avait empêché de conclure le tout. Cette démobilisation apparaissait pour lui, comme pour beaucoup d'autre, comme une véritable délivrance. Les combats et surtout l'attente avait pesé sur les épaules de tous les engagés, la perspective de pouvoir enfin rentrer chez soi en avait réjoui plus d'un... Ou plus exactement, les avait rigoureusement tous réjouis. Bouclant son barda d'une solide sangle de cuir, le Nuitel s'apprêtait enfin à quitter les lieux lorsque l'un de ses frères d'arme l'apostropha...

-Alors tu es enfin prêt, Alan ? Tu rentres chez toi ?
-Je vais plutôt trouver un nouveau chez moi. Je gagne le Limousin au lieu du Dauphiné, répondit-il, la mine visiblement ravie.

Il posa tout son attirail sur la croupe de son murgese et contempla son compère.


-Et toi ? Quand pars-tu donc ?
-Demain dans la matinée. Puis, tendant un vélin au Talleyrand, il reprit : -Ta gamine a fait parvenir ceci à ton intention.
-Ma gamine ? s'enquit le Nuitel visiblement surpris.
-La petite rouquine qui traîne dans le camp...

Alan partit d'un faux éclat de rire, empreint d'un sarcasme non dissimulé avec une pointe de vexation et, ne laissant pas finir l'autre, il l'interrompit :

-Foutre ! Elle n'est pas de mon sang ! Il ne manquerait plus que ça ! Il préféra laisser aux comédiens le soin de feindre le rire et reprit sur son ton usuel. -Il s'agit d'une... d'une... Foutre, c'est que je sais pas tellement ce qu'elle est pour moi et moi pour elle... Nos relations sont plutôt complexes... Bref, laisse donc voir ce mot.

Il parcourut rapidement le pli des yeux, se déchirant les traits d'une grimace à la vue de la grammaire. Puis ses traits s'accentuèrent encore au fil de la lecture et il gueula une nouvelle fois son fameux -"Foutre !!". D'un pas rapide, il rejoignit son paquetage, laissant coi son interlocuteur. Rapidement, il passa en revue ses armes et...

-Chiabrena* ! Elle l'a fait !! Elle a osé après toutes ses belles paroles ! Foutre de foutre !

En l'espace d'une minute, le Nuitel avait salué son compère, fini de charger sa bête, s'était équipé et excusé auprès de ceux qui auraient du être ses compagnons de route jusqu'à la Marche. Bientôt, il sortait du camp au galop. Adieu le Limousin et les beaux projets, direction Paris !


Chiabrena = Chiure de m... Il est vulgaire ce Alan...

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Marine.
Après une longue chevauchée, Marine arrive à Paris.

Le sourire aux lèvres, elle laisse son poney marcher à son rythme. Ah, Paris. Ses ruelles bondées, ses drôles d'odeurs et de bruits. Elle avait presque oublié comment c'était mais bref, elle n'est pas venue à la capitale pour faire une visite. Elle compte bien arriver au point de rendez-vous avant le Talleyrand. Pourquoi est-ce qu'elle lui donne rendez-vous pour lui rendre sa dague à Paris, alors qu'elle aurait pu choisir un endroit plus proche ? Tout simplement, parce qu'elle n'a pas réfléchi et qu'elle a pensé à cette ville. La fillette observe les passants, le chaperon sur la tête. Elle compte bien passer inaperçue, parce que là, elle s'imagine être la plus grande magouilleuse du Royaume, pour le coup.


Halte !

La gamine sursaute comme jamais, en ouvrant grand les yeux. Ses muscles se tendent et elle se sent très mal. Est-ce que le Talleyrand aurait prévenu le Guet ? Elle sent comme une boule s'installer dans son estomac et elle murmure une légère prière qu'elle ne peut pas finir car l'homme s'approche d'elle pour lui faire face, alors qu'elle a arrêté son poney. Elle sent qu'elle va avoir des ennuis... Son coeur bat la chamade. Elle hésite à donner un coup dans le flanc de sa monture pour partir à toute vitesse mais pour sûr que c'est une mauvaise idée. Elle le regarde, en se mettant à trembler. Les membres du Guet sont réputés pour ne pas être malins mais pour une enfant pour elle, ils lui font peur et elle les fuit comme la peste.

J'ai rien fait ! J'vous jure !

Ouais, ils disent tous ça ! Ton nom. Ils sont où tes parents ?! Mortecouille, qu'est-ce que tu pues ! Tu te laves des fois ?

Elle se met à bafouiller, racontant un mensonge. Hors de question de dire la vérité.

Euh bah justement ! Euh... J'étais chez tata ! Oui chez tata et savez, l'est pas très bien... Je lui ai...apporté une compote, même que c'est maman qui m'a dit d'faire ça... Et euh... Tata l'a plus d'baquet car l'a...

Ouais, c'est bon ! J'ai compris, la mioche.

Ouf.
Mais voilà qu'il reprend la parole.


Ton canasson a chié sur la chaussée...

Elle enlève son chaperon, dévoilant ses cheveux et lance un petit regard derrière elle et effectivement, c'est vrai. Déjà, il ne l'a pas arrêté à cause du Talleyrand et ça, ça l'arrange.
Sauf que là, ça sent pas bon du tout, dans tout les sens du terme.


... Et ça fera 20 écus.

Hein ?! Mais ! Mais !

Y'a pas d'mais. Tu payes ou sinon, c'est les geôles.

La rouquine est effrayée, parce qu'elle n'a pas du tout envie d'aller au geôle, forcément. En même temps, elle n'a pas une telle somme. Elle grimace, quand soudain, il lui vient une idée. Très culottée, qui puis est mais après une petite hésitation, elle se lance :

Mon oncle peut payer, dites ?

Bien évidemment.

Bah voilà, mon oncle va entrer en ville dans la journée ! Il s'appelle Alan de Talleyrand. L'est euh... Très grand ! L'est vieux... Euh voilà...

T'as rien d'mieux, la mioche ?

Elle se mordille les lèvres car en même temps, un homme vieux et grand, ça peut être n'importe qui. Elle réfléchit un petit moment avant d'esquisser un sourire, un peu plus grand.

L'a une grande capuche verte sombre et pareil pour la cape !

Ouais, ça ira. J'vais l'choper moi ton oncle. Et s'il existe pas, tu auras a faire à moi. T'peux partir.

Sans attendre, la gamine flanque un coup dans le flanc de son poney, toute contente de son coup pourri et elle se rend vers le Cimetière des Innocents, où elle attache sa monture quelque part. Elle prend la dague du Talleyrand avant de s'asseoir, près d'une tombe et elle'attend, les genoux repliés vers son menton.
Alan.de.t
[Sur les chemins...]

Le murgese, harassé par la course sans fin, émettait des hennissement de plainte. Cela faisait deux jours que le duo galopait vers la capitale, marquant de brèves pauses pour manger. Le Nuitel ne laissait pas de maudire la petite qui l'éloignait pour quelques jours de son havre tant attendu. Il ne prêtait pas même attention aux paysages qui l'entourait, s'aventurant sans ralentir dans un bois touffu et sombre. Si bien qu'il se trouva surpris de trouver, abattu au milieu de la route, un arbre coupé à la racine sur lequel se tenait un piteux personnage barbu aux cheveux d'une blondeur ternie par la crasse. Vêtu de loques et armé d'une fourche de bois, l'inconnu semblait défier le cavalier. Celui-ci tira sur la bride de sa monture, jaugeant le trouble-fête qui se mit à gueuler :

-Halte !!!! Arrête toi cavalier ! Nul ne peut passer ici sans en payer le prix.

Alan gardait le silence, jetant de bref coup d'oeil aux alentours. Son regard sombre se posa finalement de nouveau sur le bandit.

-Tu es fait : quinze hommes sont dissimulés dans ces bois et n'attendent que mon ordre pour te transpercer le coeur de flèches. Tu ne peux pas fuir, il te faut payer !
-Et quel serait ce prix ? éructa le Nuitel, les dents serrées.
-Tout ce que tu as nous sera amplement suffisant... Un homme de ta stature ne doit pas manq...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, Alan avait mis pieds à terre et défait la broche de sa cape qu'il laissa tomber. Le coup marqua le bandit, visiblement ravi de voir sa proie aussi docile, mais il eut grande peine à dissimuler l'effroi que lui fit ressentir le spectacle de ce que dissimulait la cape. En effet, la vision de la bâtarde, de l'hallebarde et de l'ensemble de l'équipement du Licorneux ne le laissait pas de marbre. Une flèche serait venu facilement à bout de la brigandine mais...

-Dis-moi, commença le Talleyrand, tes hommes sont-ils si habiles qu'ils ne remuent aucune feuille ni buisson en se mouvant, que les cordes de leurs arcs qui se tendent n'émettent aucun sifflement ?
-Ce... ce sont les meilleurs...
-Obéissant à un pecnot armé d'une fourche en bois ?

La sueur commença à couler sur les joues du bandit qui voyait son subterfuge révélé. Il jaugea la proie qui devenait prédateur d'un oeil larmoyant... Son affaire était foutu, encore que...

-Pecnot !! Comment oses-tu ?! Veux-tu donc mourir ?! Mes hommes sont les meilleurs, n'en doute pas ! Encore un mot et tu es mort, livre nous ce que tu as ! Tout !
-Tire-toi de ma route sombre abruti, j'ai à faire à Paris et tu me retardes. Bénis donc le jour qui m'a fait rejoindre la Licorne car je t'aurais étripé pour ton insolence. Tes artifices ne peuvent prendre que des simples d'esprit, et je te le répète, ton insolence m'ennuie.

Le bougre s'affaissa sur son arbre, regardant ses pieds.

-Passe...

Alan, sans mot dire, se saisit à nouveau de sa cape et se remit en selle. Il dévisagea l'autre et, contournant l'arbre, laissa tomber une poignée d'écu qu'il feignit de ne pas entendre. Le paysan qu'il voyait ne lui avait pas semblé être de la pire espèce et il avait cru bon de lui laisser quelque chose. Non pas par sympathie, mais par charité : le type ne devait pas être du métier et paraissait juste crever la dalle. Le Nuitel reprit donc sa route au galop et, sortant du bois, aperçut enfin les remparts de Paris. Il poussa une fois de plus sa monture à ses limites, la gamine ne serait sûrement pas loin...


[Au guet]

-Tu as vu la mère Mathilde sortir ce matin ? Bon sang de bon soir, elle valait le coup d'oeil... J'l'aiderais sans broncher à laver son linge si ça me permettait de...
-La Mère Mathilde ? T'es pas sérieux ! J'connais personne dans la Capitale qui fasse plus truie qu'elle ! Ce nez, Ventre-Dieu ! On doit pouvoir voir jusqu'à ses tréfonds rien qu'en la regardant d'face !
-Bof... M'en fout de ça... Moi j'te parle de ses formes ! Elle est bien en chair et ronde, elle te ferait des gosses qui risqueraient rien pendant l'hiver !
-Hahaha ! Des gosses ?! Elles te pondrait des p'tits porcelets, tu m'étonnes qu'ils passeraient l'hiver !
-On t'a déjà dit que t'avais des goûts à repeindre les murs de merdaille ? Toi et ta rachitique ! Un moustique a plus de dalle qu'elle, mon vieux !
-Hé Oh ! J'parle pas d'ta pondeuse moi alors...
-Chuut ! C'est qui lui ? il ressemble pas à l'oncle de la rouquine de c'matin ?
-On dirait bien...

Le garde se leva d'un bond et s'avança à l'encontre du cavalier.

-Halte ! Vous êtes Alan de Tamérand ?
-Talleyrand, oui.

Le Nuitel regardait alternativement l'un puis l'autre garde. Comment foutre connaissait-il son nom et avaient-ils eu vent de son arrivée ?

-Vous êtes donc l'oncle de la rouquine. Vous devez payer son amende de 20 écus pour avoir laissé son canasson chier sur le pavé.
-L'oncle de qui ? Payer quoi ?
-Une 'tite rouquine sur poney, sa bestiole a détérioré la chaussée, elle a dit que vous payeriez. Vous êtes bien son oncle ?
-Mais... Non !
-Z'êtes pas son oncle ? Bah vous êtes qui alors ?
-Mais... Mais foutre à la fin ! J'en sais que dalle, je vais pas payer pour elle !
-Hé Oh ! On se calme hein ? Vous êtes au poste de guet, et ici, c'est moi qui gueule ! Vous la connaissez, elle vous connait et j'ai pas envie de la faire rechercher partout ! Donc vous payez !

Visiblement exténué par ces jours de voyage, la monture du Talleyrand s'agita quelques peu. Elle effectua quelques pas de gauche à droite avant de se fixer totalement. Alan, ne comprenant que trop bien ce qu'il se passait ferma les yeux, maudissant une fois encore le jour où il avait rencontré la petite... En effet, la queue du murgese se leva doucement tandis qu'il entamait à son tour de déféquer sur la chaussée. Le guet se pencha pour comprendre ce qu'il se passait et se releva vivement.

-Vous plaisantez ? C'est de famille, c'est ça ? Quarante écus, Môsieur de Talleyrand ou je vous envoie au trou.

Le Nuitel préféra étouffer ses jurons usuels et versa donc la somme. Après avoir réglé le tout, il traversa rapidement la porte en direction du point de rendez-vous. La gamine ne perdait rien pour attendre !
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