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Mont Hurlant

---fromFRMange-rats
Non… je ne veux pas… pas là haut, pas là haut, non, je ne veux pas… je ne peux pas, je ne veux pas, non… non…

Sa voix lasse égrenait de douloureuses protestations, mais ses membres épuisés n’avait plus la force de se débattre. Lentement, il sentait son corps s’élever à nouveau, porté vers le sommet de la colline, comme un débris que la mer, immanquablement, inéluctablement, repousse vers le rivage. Il hoquetait, sanglotait, parfois. Ses gémissements faiblissaient à mesure que le délire le reprenait, que la fatigue, la douleur et le froid l’engourdissaient.
A peine avait-il été surpris de voir Lorenz gravir la butte. L’épuisement de ses nerfs, le délabrement de son esprit, l’avaient anesthésié à toute surprise. A vrai dire, il n’était même pas certain qu’il ait reconnu Lorenz. Qu’était en cet instant pour lui celle qui le portait, sinon la force irrépressible et funeste qui le ramenait immanquablement, inéluctablement vers le bûcher ?


Non… ne veux pas… ne veux pas…

Litanie faiblissante, vacillante. Sa tête, dans le dos de la jeune femme, dodelinait paresseusement. Parfois, son corps tressaillait : c’était le délire qui le reprenait, et ses gémissements devenaient de faibles cris.

Non, non ! Pas le bûcher, non pas le bûcher ! Pas une sorcière, pas une sorcière…

Puis, au prix d’un courageux élan de sa volonté, il tâchait de se calmer, de reprendre ses esprit. Mais la litanie reprenait.

Je ne veux pas… il ne faut pas, non, il ne faut pas… ne faut pas…

Les plaintes ralentirent, s’espacèrent de plus en plus, faiblirent. Le délire, peu à peu, s’apaisa, vaincu par la fatigue de sa victime qui, bercée par les pas de Lorenz, s’endormit enfin d’un sommeil agité et fiévreux.
_________________
Lorenz
Monter. Porter ce corps qui s'allourdit pas après pas.
Monter. Ne pas laisser ses pieds rouler sur les cailloux.
Monter. Garder le regard fixé sur le sommet, sur les flammèches qui virevoltent dans le lointain.
Monter. Rester sourde à ses propos délirants, même si elle sait qu'il a peur sans doute.
Monter. Caler sa respiration sur chacun de ses pas.
Monter. Sans réfléchir.
Monter. Ne penser qu'à Llian et le pourquoi de sa présence sur ce Mont Hurlant aux vents.

Le sommet s'approche. Le vent se lève soudain, froid mêlé à la chaleur du début de brasier.
Là-haut, elle pourra panser la blessure du Ch'tiot. Là-haut, elle pourra panser sa plaie. Là-haut, elle pourra laisser ses larmes à elle enfin couler, asséchées immédiatement par le feu ardent qu'elle ne cessera de regarder qu'une fois les dernières cendres élevées dans le ciel blafard de Paris.

Le sommet approche. Elle distingue deux silhouettes près du bucher. L'une d'entre elle est familière même si les mois ont passé. Ilmarin. Revenue de Franche-Comté. Ilmarin. Sa sœur des nuits de doute, de monde à refaire, d'idées à partager, en toute confiance, en toute fraternité. Ilm...

Aucun son ne sort de sa bouche. Chandelle dépose le corps inerte du Ch'tiot non loin du corps inanimé du Gris. Deux corps liés par la fraternité. L'un déjà rejoint par la mort, l'autre par la petite mort. Ensembles. Une dernière fois.

Chandelle ne ressent rien malgré le vent glacé. Gestes précis et rapides. La lame du poignard du Gris vient déchirer un pan de sa chemise sur toute sa longueur. Elle prend un mouchoir de lin épais dans la poche de sa cape et appuie de toutes ses forces sur la plaie. La dernière fois qu'elle l'a soigné, c'était pour un doigt. Il était lucide. Il n'avait rien dit. La plaie cette fois est plus profonde. Stopper l'hémorragie. Chandelle fait signe au jeune homme de s'approcher.


Appuie. Là. Et ne relâche plus tant que je ne te l'aurai pas dit.

Elle se redresse. S'avance vers Ilm. Voix atone.

Un mort aura suffit pour ce soir.

La main se tend vers la torche. Bois en feu qu'un geste suffira à éteindre. Pour ne garder que la braise vive.
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Ilmarin
Cheveux battus par les vents, fouettant son visage refermé et impassible.
Elle hésitait, encore un instant, devant la maigrelette flamme qui tentait de mordre le bois, luttant pour sa vie mais appelant le soutien de ses soeurs encore coincées dans la torche.

Encore un instant... Et si... S'ils venaient? S'ils étaient en chemin? Ils voudraient peut-être tenir cette torche et l'enflammer.
Encore un instant... Et si... S'ils ne venaient pas? S'ils n'avaient pas été prévenus? Si Lithian et l'enfant avaient besoin d'eux? L'avenir est à sauver, le passé à enterrer.

Qu'aurait-elle choisi, à leur place, là-bas, entre les murs protecteurs et rassurants du Palazzo? Son visage se baisse, ses yeux se ferment sur une respiration hésitante, pensive. Peut-être... Oui, peut-être la vie... Non... Peut-être la mémoire d'un frère tombé...
Soupir perplexe et silencieux. Il était temps de choisir.

La torche s'approche de sa soeur abandonnée et l'aide à prendre de la force. Torche qui meurt dans un dernier crépitement après avoir posé ses flamboyantes amies un peu partout sur la poix gluante.
Deux pas en arrière, elle se perd dans ce dernier adieu, un éclat brillant, fugace, roule dans le froid, sur sa joue gelée.

*- Pourquoi tu pars? Tu n'avais pas le droit. De partir comme ça. Nous devions encore tant parler.
- Parler? Combattre tu veux dire. Pour un combat nous opposant, combien de fois t'ai-je aidé?
- Je sais. J'ai l'impression de ne t'avoir jamais vraiment remercié pour tout. Je suis... Ta petite soeur née à la mauvaise époque... Comme perdue dans un monde qui n'est pas le sien... Tu me l'avais dit un soir? Tu te rappelles?
...
- Vvarn... Passe le bonjour à tous les Libérés, ceux que je n'ai pas connu comme ceux dont j'ai croisé la route.
...
- Prend soin de toi. Là-bas... Loin de nous...*


Un mort aura suffit pour ce soir.

Elle sursaute, la main gauche glissant d'instinct sur son épée. Etait-elle si perdue qu'elle n'avait rien entendu?
Ses paupières clignent plusieurs fois sur le visage blanc. Surprise. Etonnée. Inattendue. La voix n'était pas inconnue. Ni les traits, même grimés.
Lorenz... Depuis si longtemps... Son coeur aurait voulu sourire à son amie. Mais elle ne le peut pas. Pas encore, pas tant qu'il n'est pas...

Ses yeux glissent vers Mange au soin du Rouquin. Etait-il revenu de lui-même? Ou aidé? Ou poussé par Lo? Elle aurait préféré qu'il ne revienne pas. Comment peut-elle le penser? Dernière bouffée de colère?
Envie de vomir pour avoir eu cette pensée. Ils étaient frères.
Oui, mais il l'a tué.
Baste. Peu importe finalement. Rien n'empêche le départ. Inéluctable.
Et reviennent parcourir la blancheur voisine. Elle n'était pas fantôme. Bien là.


Aucun aurait été parfait.

Elle se retourne vers le brasier qui prend de la force. Non pas par dédain ou rejet. Juste parce qu'il est temps d'accompagner le mort vers sa tombe. La vie reprendra ses droits. Après.
Laissant la main abandonnée son épée pour attraper le poignard, dernier cadeau du Gris. Mort pour ses convictions. Son regard glisse de l'un à l'autre, nouvelle perle tombant sur la lame, captant une partie de la lumière rougeoyante.


Merci pour lui.

Le crépitement se renforce, les enveloppe. Elle se sent à la fois tirée et abandonnée, heureuse et profondément perdue, déboussolée par un sentiment de perte qu'elle n'avait que très rarement ressenti. Une impression de manque. Dans ses actes. Envers son ami.
Faire ses choix et les assumer. Sans remords ni regrets. Et changer ce qui la préoccupe. Tout du moins... Savoir...
Ses doigts se resserrent autour de l'arme à en blanchir, alors qu'elle ne quitte plus l'ombre dévorée des yeux.


Maintenant, tu es libre. A bientôt, mon ami.

Deuxième bûcher en trop peu de temps à son goût. Les cendres reviennent dans sa gorge, nausée qu'elle voudrait faire disparaître.
Ronflement qui envahit tout, qui dévore tout. Fouetté par le vent gourmand.


Quand ce sera fini... Sa voix est basse et comme rauque, un noeud difficile à avaler sans doute... J'ai demandé une boîte au Palazzo... Via une gamine... Nouveau regard vers Lorenz avant de retourner vers le brasier. Pour elle, il était parti maintenant, son coeur se sentant moins lourd, d'un coup. Je voudrais... Ne disperser qu'une partie des cendres sur la Cour. L'autre en Alençon. Si...

Impossible de sourire encore. Juste serrer les dents.
Oui, il est libre... Mais il est parti... Etrange mélange... Quelqu'un est venu. Présence agréable à ses côtés pourtant solitaires.

Adieu... Mon ami...

_________________
---fromFRLancelöt
Les pas sur l'escalier, lents, délicats, frôlant à peine les marches... Je devinais le regard d'une femme -ça ne pouvait être un homme- sur les gardes. Ce même regard que moi, surpris. Ce même regard, désolé… Je ne pouvais penser que quelqu’un connaissait peut-être mieux Marlowe’s que moi, et que ce quelqu’un pourrait prendre ses agissements comme… normaux. Non, elle avait le même regard que moi, ses pas lents le montraient, ce regard vide, perdu, se questionnant.
Je ne tournai le regard que quand elle posa sa main sur ma tête, je n’étais pas surpris, je m’en doutais. Je regardai premier ses pieds, sur la même marche où j’étais assis. Puis son corps, puis son visage. Si j’éprouvai de la surprise en le voyant, je ne m’en souvient pas, je ne la montrai pas. C’est, je crois même, bien plus tard que je réalisai qu’elle portait le même maquillage que Marlowe’s. Je fit non de la tête devant son invitation. J’avais peut-être un maigre sourire aux lèvres, comment savoir? J’étais complètement absorbé par d’autres pensées.


Les gardes. Moi.
Marlowe’s. Moi.
Mara. Moi.
Le Gris. Moi.
Les gardes. Moi.
Mange-Rats. Moi.
Lyhra. Moi
La boite. Moi.
Le Gris. Moi
La Cour des Miracles. Moi.
Ma mère. Moi.
Le blanc. Moi.
Le Gris. Moi
Mara. Moi
Le Livide. Moi.
Marlowe’s. Moi.
Les gardes. Moi.


Elle était déjà partie quand mon « non », ma voix, rejoignit le mouvement de ma tête.
Les gardes.
Passèrent une femme et l’homme du groupe qui était arrivé, pour lequel étaient morts ces gardes. Ces gardes, morts par ma faute.
Il s’arrêta devant moi. Un regard inquisiteur sans doute, sur les gardes. Sur moi. Je ne regardais pas, je regardais juste les gardes. Je ne voyais que mes pensées. Mais j’imaginais ce regard… j’avais reconnu la clarté d’une arme reflétée par la lune.


La lune.
Le Gris.
La boite.
Marlowe’s.
Moi.


Il n’y à pas de danger. Le Gris, Ilmarin, Mange-Rats, la femme qui vous accompagnait maquillée comme Marlowe’s. Le Gris. Sont au Mont Hurlant. Dernier hommage. Allez.

«Nicolas va s’en occuper, il s’en occupe toujours».
J’ai dit des mots. Des mots dits, sans sens. Une répétition de ce qu’il fallait dire. Un automatisme.


Allez.
Le Gris.
Ilmarin. Je connais ce nom…
Hommage.


Partis ou non, ils n’étaient plus là, pour moi.

Moi.
Les Gardes.
Le Gris.
Le Mont.
Qui Hurle.
Marlowe’s.
«Sur vos vies».
La boite.
«Il s’en occupe toujours».
«Point de regrets».
«Les salutations du Gris».
«Tires toi».
«Ridicule».
«Va le chercher».
«Duel fratricide».
«Comme il y en a parfois».


Un autre pas, plus connu, se fit entendre. Je ne me tournai par vers lui, par crainte de pleurer si je le faisait. Ou de voir dans son visage un dégoût propre que je ne voulais pas attribuer à mon maître. Il s’assit près de moi. Ses mots furent entendus, gravés. Sa voix, aussi… m’obligeât a me tourner vers lui.
Marlowe’s, c’était lui qui me parlais, c’était lui que je connaissais. C’était lui, mon maître.


Les idéaux, les vrais, ne peuvent pas s’ôter.

Naïf enfant qui ne connaît pas encore la vie, qui croit encore en elle, me dires-vous? Peut-être, mais c’est ma principale fierté d’avoir cru en elle, en cette vie. Je fut remis sur pieds, mon mantel fut rajusté, mais non ma cape. Je tenais la boite, toujours cachée. Je savais qu’il allait falloir la montrer, mais j’étais resté avec l’idée de la cacher.
Et je mit ma main dans celle de Marlowe’s. Avec un sourire, sûrement faible, sûrement maigre, mais aussi sincère.
Marlowe’s, c’était mon maître, lui. Peut importait qui il avait tué, pourquoi. Il avait ses raisons, même si je ne les comprenais pas. Il avait sa douleur, même si je ne la partageais pas. Il avait sa parole, même si je pensait que des fois il faut avoir assez d’humanité pour la retirer. Il avait son honneur, même si je croyais qu’il était mieux de le perdre et de rester homme. Il était Marlowe’s, il était mon maître, j’étais un enfant, je n’avais que lui pour veiller sur moi, même si des fois, je veillais plus sur lui que le contraire.
Allons voir le Gris.
J’ouvris un peu ma ceinture et mit la boite dans l’espace qui était de trop entre la ceinture et moi. Je remis ma cape, l’attacha.
Je glissait mon autre main dans celle de la Luciole Elder. Et je regardais devant moi.


La Cour.
Les murs.
Le chemin.
La vie.
Les toits.
Le ciel.
La neige.
La vie.
La mort.
La vie.
Ma vie.
Leur vie.
Leur mort.
Un jour moi aussi…
Pour l’instant, la vie.


Marl’ nous mena, nous montâmes, je ne m’en rendu pas très bien compte. Loin devant nous, et de plus en plus près, le feu. Le feu d’une vie qui part, dans le ciel, s’en va.

Adieu le Gris… Adieu Mara.

Nous arrivâmes bientôt au sommet du mont, le feu me réchauffa le visage, je voyais le reflet de ses flammes caresser ceux de la fille maquillée comme Marl’, du jeune homme que j’avais envoyé aider le Rey, du Rey par terre, dormant sans doute, d’Ilmarin.

Ilmarin.

J’eu un sourire. Un fin sourire. Un sourire amusé. Le monde est tellement petit. Je lâchais les deux frères, et j’allais près d’Ilmarin.

Mais bien sur…
Ilmarin.


Je lui tendis la boite et rajusta ma ceinture.

Ilmarin, mais bien sur, Ilmarin.

J’eu un bref souffle entre les dents, une sorte de petit rire.

Mais bien sur!
Ilmarin!


Tours…

Le Gris.
Elderlyne
Du palazzo au mont, une menotte dans sa main.
C'est un curieux trio qui escalade finalement le monticule.
En haut, le brasier flambe déjà. Pour le moment, elle est concentrée sur ce qu'elle voit.
Chandelle déjà arrivée, un homme au sol, et des inconnus, mais son regard est irrésistiblement attiré par le feux.
Lueur dansante qui la ramène si loin en arrière. Elle a croisé le Gris le jour de son arrivée à la cour. Dans la lumière des flammes, elle se souvient.
Un curé fou, la charge des gardes dans la foule, les cris et le massacre.
Les toits lui avaient offert le salut dans sa fuite, et une taverne un refuge précaire. Là, blessés et moribonds essayaient de reprendre des forces, et à la table voisine de la sienne, Le Gris et d'autres gens.
La main de Lancelot qui s'échappe de la sienne la ramène au présent.
Bois qui craque, odeur de fumée...
Que de chemin depuis. Les lucioles d'abord, son frère retrouvé ensuite et le funeste duel. Un pas de côté, elle se rapproche de Marl. Sont pas sentimentaux dans la famille, mais là, elle sent qu'elle n'est pas vraiment à sa place et qu'elle a besoin de lui. Ou peut être est-ce un peu l'inverse.
Sa main rugueuse remplace un instant celle du môme dans la main du bretteur, alors que ses lèvres formulent un adieu silencieux.


- Adieux le Gris. Je n'oublierai pas.

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Lorenz
[Avant l'arrivée du trio]

C'est à peine si elle s'était rendue compte de sa présence. Figure fantomatique presque, toute absorbée qu'elle était par les flammes qui léchaient le corps de Llian. Chandelle eut un rictus en repensant à l'une de ces nuits où il lui avait confié qu'il ... Soupir bref. C'était du passé. Le présent, c'était la vie. Pas seulement les souvenirs. Il en faut pour avancer, pour se fonder des racines, s'ancrer dans la terre ferme. Certes. Mais il faut aussi s'occuper des vivants, ou presque.

Bien sûr qu'elle aurait préféré, comme tous sans doute, y compris le Ch"tiot, ne pas être là cette nuit à regarder des cendres s'envoler vers les quatre coins de la terre.
Bien sûr que la mort d'un ami, d'un frère, est toujours injuste, inacceptable.
Bien sûr qu'elle est là aussi pour lui, qu'elle a parcouru ces lieux de distance à grande chevauchée pour lui rendre un dernier hommage. Même s'il n'en a point conscience, même s'il ne le sait pas. C'est du temps des vivants qu'il faut dire sa reconnaissance et son amour. Après...

La voix est atone, d'une neutralité qu'elle ne se connaissait pas il y a quelques mois encore, mais qu'elle semble trainer depuis que la mort l'a approchée de trop près sans l'emporter, elle.


Tu f'ras c'que tu penses être le mieux pour lui.
Et pour toi aussi.


Elle reste quelques minutes immobile encore. Pour pas grand chose finalement. Llian est déjà loin, porté par les vents chauds du Sud, porté par ses espoirs et ses désillusions.

Chandelle se saisit alors de la torche encore dans la main d'Ilmarin. Le temps presse malgré tout.

Retour vers Mange-Rats. Le jeune homme roux n'a pas quitté son 'poste', ni failli aux instructions. Chandelle s'agenouille et ouvre sa besace: fils de soie, aiguille. Le tout est sorti prestement d'une main. Le temps passé auprès de Lusiana aura été plus qu'instructif. Et pas seulement pour la couture chère à ces 'dames'.


Va falloir le tenir. Fort. Il ne va pas aimé... tout fiévreux qu'il est...

La plaie saigne encore, mais moins que tout à l'heure. Le mouchoir est toutefois imbibé.

Retire le lentement. S'agit pas de déchirer encore plus la chair. J'vais assez le charcuter comme ça...

Tout en parlant, elle a placé l'aiguille tout contre les braises incandescentes de la torche qu'elle a fini d'éteindre dans la poussière froide du Mont. Bientôt le fer est rouge vif lui aussi. Un instant, Chandelle croit y voir son reflet malgré la petitesse du 'miroir': violence vive, à cran.

Elle s'assoit à cheval sur le corps inanimé du Ch'tiot. Regard bref vers son assistant d'une nuit, pour s'assurer qu'il est prêt. Le fil est rapidement passé dans le chas de l'aiguille. Inspiration forcée. Elle n'a jamais aimé l'odeur de viande grillée.

Les gestes qui suivent sont rapides et précis. L'une des clés de la réussite d'une telle opération. Ne pas hésiter. A la première percée, le corps de Mange se convulse et elle manque de chuter. Mais elle ne lâche pas prise et continue sur sa lancée, dents serrées. Les points sont enchainés. Rapidement. Le sang recommence à couler et lui gène la vue et la progression. Elle peste, essuie grossièrement le tout avec la bande de tissu découpée peu auparavant. Cinq. Six. Pas trop serrés mais pas trop lâches non plus. Sept. Huit. Elle aimerait pouvoir détourner le regard.

Neuf. Neuf points.

Chandelle ne peut s'empêcher de sourire ironiquement. Neuf points. Mange marqué du nombre des fondateurs de Libertad...
Pour bien faire, il faudrait du liquide pour rincer la plaie et qu'elle puisse éponger juste derrière. Coup d'oeil autour d'eux. Rien de tout cela en vue. Baste. Ça attendra.


[L'arrivée du trio]

Bruissement de pas. Animal attiré par le feu? Main qui se porte sur le pommeau de son poignard par réflexe. Mais ce sont des visages fatigués et connus qui viennent s'illuminer au brasier du Gris. La famille...

Chandelle se relève lentement, laisse la torche désormais froide à même le sol et range l'aiguille et le fil restant dans sa besace. Sa TatLyne glisse sa main dans celle de son Tonton. Sont pas bavards dans la famille, mais tout passe malgré tout. A leurs côtés, le môme, un brin blafard, se tient aussi droit qu'il le peut. Encore un gosse trop vite embarqué dans les méandres de la vie. Il a la chance de les avoir rencontrés au moins. Ce ne sont pas les pires bougres, quoiqu'on en dise.

Quelques pas et la voici devant Marlowe's et Elderlyne.


Llian... le Gris... est parti. Ilm' veut récupérer les cendres, pour les disperser sur les terres qui lui semblent le plus appropriées. J'ai pas mon mot à dire là dessus.

Petit geste de la tête, vers l'arrière.

Le Ch'tiot est plutôt mal en point. J'ai fait c'que j'ai pu.
J'lui ai dit un jour que je serais sa conscience. Bonne ou mauvaise, j'en sais rien. Mais pas question de le laisser 'partir' lui aussi sans avoir fait ce que j'estime avoir à faire. Parce que je le lui ai promis.
Et que j'estime avoir mon mot à dire pour le coup.


Le regard passe de l'un à l'autre. Revient sur l'Marlou. S'y plante comme on jette une ancre trop près de la côte, au beau milieu d'une tempête en pleine mer.

Ça f'sait longtemps ... tonton... Brève hésitation.Trop longtemps.
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Truffian
Si Marlowe's se retrouve avec une bille dans la tête un jour, il se promet de l'appeler Lorenz. Les bourdons de Notre Dame vrille l'horizon des Miracles, la luminosité vive du bucher, écartelé aux vents de l'hiver, tranche les contours des silhouettes, réunies en solitude du Mont Hurlant. Il serre, sa sœur des hasards, leurs mains en poing, relâche doucement, caresse rassurante, voilà la Cour, cette nuit il s'accorde une dernière danse avec elle, l'étreinte d'une ancienne maitresse, la veille de ses noces, après avoir prit son corps, et refusé mainte et mainte fois sa main.

Il croche les yeux de sa nièce d'absurdie, y'a des grains qu'il vaut mieux essuyer à la cape, visage miroir, sourire d'arlequin, elle a blancheur colombe, sans l'être, larme de famille, pour en rire aux embruns. Il la chope par le colbac, accolade de marlou des bas fonds.


Ouais la chtiote, trop d'courants sous les semelles, j'navigue à vue.

Non loin, le Rey geint, recroquevillé, face au Gris, encore vivant, chance, ou le spadassin n'a pas usé de ses armes vénéneuses, voir qu'il soit foutrement doué avec sa bâtarde, Lancelot est en affaire avec Ilmarin, longtemps aussi, depuis son départ de Libertad, souvent croisée, pas souvent du même coté, le temps des mercenaires, la plaie des chevaliers, et un môme veillant Mange Rats, il contemple l'étrange tableau, vêtu de noir, porteur d'acier, pouces passés aux boucles du ceinturon.

Je suis là pour saluer un ami. Un frère. Rien d'autre.

La fumée se confond à l'obscurité du ciel, Mara, Vvarnëleen, grains supplémentaire au rosaire de sa mémoire, vie pour une vie, sang pour un sacre, entre ses doigts, apparaissent les lames du Masque. Le tarot des assassins, huit cartes s'enflammant une à une, se tordant sur la poitrine du Gris.
---fromFRMange-rats
La douleur, les cris, les geignements et la brûlure, les battements de cœurs, le froid, ses dents, serrées, et puis la sueur, le sang, les larmes.
Plus rien.
Floustière.
Juste son palpitant qui bat, qui bat, comme un oiseau en cage, ça cogne et tambourine, ça vit, en tout cas. Ça bat la cadence folle des voltes italiennes, ça tourne en rond devant ses reluits comme dans sa boussole, ça crosse comme des plombes, le raisiné lui basourde la sorbonne, lui secoue l’atout. Mais ne décarre plus. Ne décarre plus.

Je suis là pour saluer un ami. Un frère. Rien d'autre.

Il sait qui est là, et son souffle a des ratés. Se sont pas vu depuis un bail, s’étaient mal compris. Comprendra-t-il, cette fois ? Et puis, il ricanna. Il était Rey, désormais. Il n’avait plus peur. Alors, il demanda, d’une voix faible.


Un pieu, d’la plume de Beauce, m’en cogne… sinon, j’suis cosne avant l’jorne prochain.

A chaque mot, il sent ses paroles, ses sens s’embrouiller un peu plus, et ils s’en faut peu pour qu’il ne s’évanouisse à nouveau.
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Bireli
Sioux déglingué à l’eau d’feu… suivant d’vue les signaux d’fumée… même pas… trop sobre en l’instant pour être honnête… s’magner les miches et éviter d’trop trainasser pour une fois… ruelles sombres et coin d’plaisirs… piaill’ments, cris et murmures… laisser filer tout ça au d’ssus d’son crâne et s’activer… s’mettrait presque à trotter mais faut pas pousser, c’est qu’un macchabé… s’sentir alerte, un poil au taquet… mirettes zyeutant l’serpentage qui s’annonce… vieille impression d’être à l’arrache pour un rencard qui n’en est pas un… sensations dans l’dos et dans sa paluche plutôt qu’sur sa trogne… marcher à belle allure… défilé d’façades… neige crasseuse sur l’sol piétinée, comme chaque once de pur’té tentant d’s’accrocher dans l’quartier…

Souffle caillant sur une peau r’froidie et aguerrie… alcool et rencontres… l’panard l’plus total… quand ça s’passe bien, pour l’un comme pour l’autre… l’tout étant d’pas se d’mander c’qu’on fout là… concepts et réalité… mise en branle d’un bordel désiré… l’Mange… sur c’coup là, rien à lui dire… l’mioche a dans l’bide c’que peu peuvent trouver… l’courage des idées, la franchise de l’action… qu’elle vienne… vite… qu’le temps laisse pas à des guignols d’se sentir écrasés, alors qu’ils n’le sont pas… à la limite si... mais qu’parc’qu’ils l’veulent bien et qu’d’enfiler la cape du révolté et d’l’insoumis solitaire et individualiste est bien plus simple que d’montrer par les gestes qu’l’insoumission peut être et s’doit d’être collective… confiance… qu’les idées fassent leur ch’min, qu’les volontés s’chevauchent, qu’les écrasés, au d’là des libertés apparentes qu’ils voient en eux-mêmes s’mettent à respirer et s’unissent… que crèvent bourgeois empotés, nobles emplumés, riches et puissants imbus d'leur pouvoir dans leur lit douillet…

R’monter son col… s’emmitoufler et essayer d’se réchauffer comme il peut… frictions des doigts en paume… matter à ses côtés… chauffage ambulant… Lycia… mirettes qui s’allument, sourire qui s’dessine… sal’té… pas à droite… besace qui va r’joindre l’flanc gauche flirtant avec l’fauchon… passer un bras sur une épaule et caller la gamine contre lui… v’là qu’l’ambiance déambulatoire chauffe le sang… tracer…

R’prendre le sifflot’ment à défaut d’une chansonnette… musicalité en souv’nir pas si lointain… qu’le temps passe vite… non pas qu’ça égaye l’atmosphère mais ça claque un tantinet d’baume sur l’palpitant… flammes en présence indirecte... ombres qui s’profilent… un poil de populace au balcon… à croire que l’spectacle bat son plein… avancée à couvert… rester à l’écart… tendre l’esgourde… r’garder proches, amis, connaissances et inconnus… coup d’œil au Mange affaibli mais entouré… lâcher la gamine…

S’asseoir à même le sol… s’foutre en tailleur… pensif et réflexif… la cause… les causes… gourdasse qui lui file larme en bouche…

Ame qui crame… corps qui flambe… au r’voir disparu… on y viendra tous...

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Ilmarin
Adieu... Mon ami...
Doigts qui laissent glisser une torche...
Doigts prenant conscience du froid... Pas seulement extérieur... Regard perdu dans le lointain, appelant...
Bûcher qui fait son office, grossissant de lui-même. Flammes nourries d'une flamme...

Gris devenant nuit...

Combien de temps ainsi filé? Refus de se tourner. Refus d'accepter sa présence. Conscience rejetant les voix entendues. Conscience refusant de l'abandonner.
Nouveau soupir dans une volûte montant vers les étoiles. Une fleur doit se faner pour laisser à une autre la chance de s'épanouir.
Suli... Espoir de cette pensée... Il revit, peut-être, quelque part... Equilibre de la balance...

Nuit gelée...

Vouloir fermer ses oreilles à tout ce bruit soudain et inattendu. Vouloir rester dans ces pensées qu'elle veut mêler. Toujours aussi folle la blonde, à parler aux morts et écouter leurs réponses imaginaires.

Une mèche battue par le vent fouette sa joue quand elle baisse la forêt couleur pluie vers le gnome qui lui tend une boîte.
Une boîte parfaite. Tirée du Palazzo. Tirée de leur refuge. Tirée de leur passé. Tirée du Libertad qu'elle chérit, silencieusement.


Tu es parfait. Merci infiniment.

Le brasier continue son oeuvre, ralentissant à mesure que le combustible disparait. Question de... Minutes? Avant de réaliser ses volontés.

Main gantée et tremblante passant dans les cheveux, remerciement silencieux mais reconnaissant.
Main vaillante se refermant sur le bois chaud, d'une attention attirée par une blancheur longtemps recherchée.


M...

Temps de Deuil. Temps maudit. Temps figé. Deuil scellant ses questions au plus profond d'elle-même, refus de trahir son ami redevenu poussière pour de viles interrogations ne remettant pas en cause les vies.
Recul d'un instant. Beaucoup de monde autour du Livide. Toujours autant de mal à s'approcher de lui.
Elle sait qu'elle est partie trop vite, qu'elle aurait dû... Quoi? Lui écrire? Elle n'arrive déjà pas à lui parler sans se sentir gauche et ridicule, riant in-peto de se sentir pucelle effarouchée face à une image blanche qu'elle n'ose effleurer de peur de révéler la profondeur de sa propre vacuité. Alors lui écrire...
Pourquoi cette timidité toujours? Timidité qu'elle voulait cachée et qui, bien sûr, devait être à peu près aussi bien dissimulée que le nez au milieu de la figure. Ou, au pire, il la prenait pour folle, atteinte de quelque strabisme des neurones entrainant une voix louche.


Il te salue.

Elle laisse les craquements, les sifflements et les volûtes des cartes s'envoler, les entourer. Regardant, comme ailleurs, les présences entourant M. Comme ailleurs mais notant. Un visage qui lui semble familier qui a glissé sa main dans celle de l'Intimidant. Où? Quand? Comment?
Foutue mémoire encombrée d'aneries et chassant l'essentiel.


J'ai une requête... Plus... Disons personnelle à t'adresser.

Ses yeux glissent une dernière fois sur son profil à la larme rouge avant de se détourner vers la Cour. Rejetant, au bord de la nausée, cette lueur trop vive, trop chaude, trop réelle.

Après. A ta convenance. Bien sûr.

S'asseoir sur un rocher, un peu à l'écart, caressant le bois trop doux du bout des doigts, chantonnant doucement un air un peu oublié, un peu lointain, un peu rassurant. Caressant ce bois comme une main.
Deux en fait.
Celle d'une étoile du passé. Celle d'une étoile du futur.
Caresser le bois comme le flot de souvenirs ondoyant sur les cailloux des sourires ou des larmes.
Oui, cette boîte a décidément toutes les vertus. C'était une bonne idée. Un gamin, plus tard, devait savoir le bien-être de son geste.

Caresser le bois comme le décompte du temps avant l'aube. Les premières lueurs seront les premières marches.
Quel meilleur escalier...

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---fromFRDimytri
IL regarde… il regarde songeur… la fumée presque transparente se fondre dans le ciel étoilé… la lune… elle regarde comme lui… sans intérêt… sans avoir à choisir de camp.

Il est à genoux… il appuis sur le chiffon rougit que l’on lui à tendu… C’est maintenant sûr… des évènements majeurs pour la suite se déroulent sous ses yeux et de nombreux acteurs de cette tragédie sont présents…

Le rouquin pense...

« Ces frères ennemis … ce sang mêlé… ce sang gâché… »

Un filet de ce sang coule au travers de ses doigts fins… il n’en avait jamais touché… même pas le sien…

Il avait passé 16 ans de sa vie à souffler… les souvenirs...

« le sable…le rouge… l’orangé… la chaleur… la clarté… »

Une larme… une perle… elle dégouline le long de sa joue…

Comment la mort d’un inconnu peut le toucher à ce point ?… Comment la souffrance d’un autre peut lui causer autant de douleur ?

Comme pour cacher son mal être il secoua d’un geste habituel sa longue chevelure rousse…

« Cet homme… ce « Rey »… il endure… il fait pénitence…Je resterais avec lui… j’endurerais… je ferais pénitence… »

Regard au bûcher… regard au Rey regard aux « convives » dernier regard…

Une lumière dans l'ombre... seule, dans l'ombre
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Dimytri, 18 ans, taille moyenne, cheveux roux,

Dimytri, pensif, étranger, perdu,

Seul...
---fromFRLancelöt
Main sur ma tête. Ilmarin avait compris, reconnu, j’en étais sur, certain, ravi… quoique, j’espérais qu’elle viendrait pô démentir ma théorie comme quoi l’chevalier Rhuy m’avait abandonné… alors que c’était presque (presque hein) le contraire.
Je remarquai son regard vague et sa voix tremblante en prononçant un M fatidique.
C’était moche « M », pourquoi pas l’appeler simplement Marl ? Marlowe’s ? Livide ?... M… Ca faisait Mort, Moustache, Mourant, Méchant… non mais M quoi.
Et puis, c’était quoi cette hésitation en lui parlant ? Le ton de voix me rappela quelques mois derrière, à une nuit près du Berry. « Et si on le mangeait »… Ca avait été la première blague que j’avais entendue sortir de la bouche de celui qui allait ensuite devenir mon maître, et je me rappelle que j’avais eu ce même frémissement d’intimidation, qui depuis m’avait quitté en apparence, voilé par des nombreuses plaisanteries sans-gêne. Mais c’est en l’entendant chez Ilm que je me souvins qu’il existait, ce soupçon d’intimidation… C’était quand même Marlowe’s, le Livide dont je ne connaissais rien, le Libertad de la Cour des Miracles redoutable même pour ses amis…
Les gardes.

Je laissai Ilmarin à sa contemplation, Marlowe’s à ses retrouvailles, et regardai autour de moi. Un corps à terre, un penché sur lui. J’avais zappé le Rey de mes pensées ! Et je me dirigeai vers eux. Par-dessus l’épaule du jeune homme que j’avais envoyé aider à porter le corps du Gris, j’observais le Rey blessé, curieux.
Je posai une main sur l’épaule du jeune homme assis, pour le remercier d’avoir obéi. Je comprends toujours pas ce qu’il me pris pour laisser ainsi comprendre à tout le monde que j’étais deux, mais les jours de morts, rien n’est comme les autres jours.


Dit… est-ce qu’un jour, je pourrait être Libertad ?

Je n’y avais pas réfléchit, comme d’hab, cette foutue langue avait parlé plus vite que mon lent cerveaux n’avais pensé. C’était peut-être cette envie de suivre les pas de mon maître, de ce Marlowe’s tant admiré… encore maintenant je ne saurais dire ce qu’il me pris, peut-être le simple visage du Rey m’avait inspiré à faire une telle question, alors même que je ne savais même pas ce qu’elle voulait dire.
---fromFRDimytri
La lune à fini d’épier… la tragédie va finir… du bois il ne restera plus que cendres… du duel que quelque tache de sang brun sur le pavé… des convives que quelques silhouettes… de cet instant qu’un petit souvenir au fond des mémoires…

Les craquements sourd du bois déjà noirci… les corbeaux ameutés par l’odeur qui tourne autour de cette même lune…

Le chiffon devenu inutilisable remplacé par un foulard anciennement bleu, maintenant pourpre…

Une main chaude, réconfortante…se posa sur l’épaule de Dimytri… Pendant quelques instants il cru à un rêve… un rêve où les anges côtoyaient les humains et où toutes les sensations ne étaient que rêves et imagination…

Un chuchotement…

[ Dit… est-ce qu’un jour, je pourrais être Libertad ? ]

Le rouquin se retourna d’un geste vif… et, entre deux mèches rouges il reconnu le garçon qu’il avait croisé avant d’arriver au duel… les même traits fin, la même chevelure brune et courte mais point le même regard déterminé… c’était un regard empli d’hésitation, un regard de gamin intimidé qui dit une absurdité... un regard caché derière un ton affirmé...

« Libertad… un joli mot… »

Se retournant vers le Rey blessé…

Sans réfléchir, sans écouter tout se que disait sa caboche… il répétait son cœur… il répétait ses tripes…

« Mange… tu crois que je pourrais en être ? »
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Dimytri, 18 ans, taille moyenne, cheveux roux,

Dimytri, pensif, étranger, perdu,

Seul...
---fromFRMange-rats
Un gosse qui débarque, qui papote avec Ilmarin. Le feu qui crépite, qui flamboie comme un phare sur le toit de Paris. Autour de lui, retrouvailles tendues, quelques mots, quelques gestes, Ilmarin et Marlowe’s, Lorenz et le Gris, Libertad moribond pleure ses morts, enterre son passé.
Avez-vous déjà vu un cadavre ? C’est immonde, un cadavre. C’est si pâle que c’en est translucide, si mort ! qu’un souffle de vent semble pouvoir en disperser les restes. Entre ses cils tremblants, le Rey regarde Libertad pousser son dernier râle, et il se souvient. Il se souvient de leur rencontre, de leur accueil, des légendes qu’on lui a conté, qu’ils ont écrit ensemble. De celle qu’il voulait inscrire sur le marbre des mémoires : celle d’une réalité pus forte qu’un rêve moribond.
Allez-venues, des visages se penchent vers lui, on discute, on fait salon autour du feu. Et les gitans ? Pourquoi pas les gitans, autour du feu, pour nous chanter une petite complainte.
« Et moi ? » Le bâtard a un sourire amer. Il a survécu à son duel contre Vvarnelëen, un des assassins les plus redoutables que la Cour ait connu, sa blessure a été soignée… et il va mourir, là, de froid ? Au milieu de ses anciens frères et sœurs ?
Plaisanterie des Dieux, jeu d’illusion, punition ? Il en sourirait presque : le Rey de la Cour, mort de froid, misérable. Mort de froid et de fatigue, comme un fugitif traqué dans l’hiver. Ce n’est pas une tragédie, ce n’est pas un drame, ce n’est pas même une comédie : c’est une farce.
C’est une farce, ça ne peut être qu’un rêve, qu’une illusion. Sa douleur le fait délirer, encore, il n’en doute pas. Le feu qu’il entend crépiter est celui de la cheminée du palais des Reys. Les gosses autour de lui sont ceux que Gaspard a réuni. Ce froid est celui d’un courant d’air. Rien de plus…

Dit… est-ce qu’un jour, je pourrait être Libertad ?

Muet, le Rey écarquille ses yeux gris. C’est une farce, une farce. On lui demande, à lui, si l’on peut entrer à Libertad ? C’est trop drôle. S’il n’était agonisant, s’il en avait la force, il en rirait.

Mange… tu crois que je pourrais en être ?


Ah, voilà ! Le comique de répétition. Bravo, bravo ! Bravissimo, disait sa mère en riant. La douleur et la fatigue, son état délirant fait du Rey un enfant, tout comme la rancœur et la prise de responsabilité avait fait de lui un adulte.
Être oscillant, qu’un éclat de rire ou un coup d’épée peut faire rajeunir ou vieillir de dix ans.
Incapable de rire sans se déchirer la poitrine, le gosse répond, souriant :


Peut-être parlerons-nous de tout ça plus tard, voulez vous ? Pour l’instant, je dois visiter Arlequin, à qui je dois un coq.

Son sourire tremblote, comme la lueur vacillante d’une flamme dans un vent trop vif. Il le sait, sa mort, c’est la continuation de Libertad.
Sa vie… sa résurrection ?

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Truffian
Après. Marlowe's incline un peu la tête, biais pensif, la manie du lendemain, l'attente de l'ensuite, la perspective de l'ultérieur, la croyance d'un plus tard, plus loin, l'exemple flambe à quelques coudés de lui, os calcinés enrobés de graisses fondues, il sourit à Ilmarin, fossettes en parenthèses, bloquant l'accès aux yeux.

Adresse donc. Poste restante en sillage du chaos. Hostel de la Suerte, francs compagnons écumant le royaume, me trouver est simple, l'infortune de mes ennemis est un repère sûr.

Dernier salut au Gris, une époque s'achève, si elle a débuté un jour, en restera les rires de ceux aimant les nuits de la Cour, les pleurs de leurs lames, et l'oubli des légendes, le funambule se détourne, il appartient à ses plans, ils se tissent en toile serré, ouvragé, de chagrin en désir, malgré sa volonté, infinie reconnaissance envers la vie pour cela.

Ses bottes crissent sur la pierraille du sommet, son ombre recouvre le pâle gisant, rey en agonie, au milieu de ses fidèles, butinant déjà son attention, le claquement de ses doigts résonnent sèchement.


Bouclez vos gobes mouches les drôles. Des vraies goualeuses de faubourg, faites pas les têtards et usez vot' sorbonne, l'zig est en calanche libre, pas l'moment des caprices.

Un genoux en terre, assure sa prise, le soulève sans effort, pas bien lourd, allégé de fièvres, écarte une mèche poisseuse du front, le marlou descend doucement vers les lumières de la ville, ce fardeau blême qu'il emballe, comme un paquet vers les étoiles, repose tendrement entre ses bras, il ramène le monarque des bas fonds aux siens, à sa promise, et sa larme, rouge, n'a, peut-être, ni dieux, ni maître.
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