Le maquillage dérobé agilement, dont je gardait dès ce jour-là une portion suffisante toujours sur moi, fut rapidement mit sur mon visage denfant.
Le duel, tous les gamins le criaient dans les rues, jusquau silence complet. Lissue nétait pas encore dite, sétait-il terminé, ce duel?
Jespérait bien que non. Je voulais le voir, ce duel. Entre un gamin grandit, et un adulte revenu. Cétait pour le moins intéressant.
Agilement, je rentrai dans une maison abandonnée, je montais lescalier, manquant de chuter à chaque pas tellement lendroit seffondrait sous mes pieds.
Dune fenêtre je réussi a magripper au toit et avec un peu de force aux bras, à y monter. Les toits glissants, je my connaissais, et navais aucune envie de tomber, alors je ralentit lallure, posant délicatement mes pieds à chaque fois.
Mes cheveux furent détachés au vent, dans la marche au pas de course. Je navais pas tout ltemps du monde.
Une main plongeât dans ma poche, cherchant, quand elle ressortit, limage fut claire : XII. Le Pendu.
Soit, mais qui?
La carte fut rangée.
Je ne connaissais pas bien lendroit, mais du haut des toits, je fut guidée par les gosses accourant en retard comme moi, par les bruits de la foule amassée, par lhurlement dune voix masculine dont les paroles restaient incompréhensibles de si loin.
Bientôt se fut la vue qui me guida, je voyais une masse obscure entre les battisses, sur le sol blanc de neige.
Jaccouru, voulant massoire pour contempler le duel, je fini par rester début et observer la scène.
La foule avait rompu le cercle. Essayant de voir comment ça cétait terminé, entre deux corps bougeant je vis celui qui mintéressait. A terre, agenouillée, Ilmarin, dans ses bras, le Gris.
La fin était dite.
Je voyais le fil obscur du sang, se répandant sur la neige.
Pas loin, la Luciole.
Dun saut calculé, je fut à terre.
Je nétait pas essoufflée, je ne savais même pas ce que jallais dire, faire. Je voulais voir le Gris, mort, peut-être vivant ses derniers instants. Rapporter ce que mes yeux avaient aperçut, vu. Comprendre.
Jouant des coudes pour arriver, dans un moment de possibilité entre deux gosses, je vis plus clairement le Gris. Il était mort, bien mort. Il avait aimé Ilmarin, je décidai de les laisser. Quil vive son dernier souffle près delle, quelle puisse le recueillir et le pleurer en paix, malgré la foule de curieux
En faite non, jallais belle et bien mélancer vers eux, peut-être ramener le Gris dans sa demeure, blanc chez blanc.
Peut-être pas.
Mais je navais plus de temps. Pas de temps de temps, de temps.
Le temps.
Jétais en pleine escapade, disparue de la vue davec qui je devais être, et il me fallait revenir au plus tôt.
Mais avant je voulais accomplir ce quon mavait demandé. Et ma cible sen allait. La Luciole.
Je couru jouant des coudes vers elle, dans la foule de laquelle elle séloignait. Javais pas non plus envie que lon voit que je lui parlais très clairement, il fallait
le certain secret du maquillage.
Je fus à une distance digne, entre quelques gosses encore, elle partait. Je maccroupis et chopai un cailloux près de mes pieds. Que je balançai en direction des siens, afin dattirer son regard sur moi. Regard que je croisai.
Je hochai la tête, en signe daffirmation, puis avec les lèvres je formai le mot « Palazzo ». Je la regardai un instant : jétais pas du tout reconnaissable, mais, le blanc au visage, la manière
Oui, elle mavait reconnu. Elle avait juste intérêt a ne rien dire : lindex fut porté aux lèvres
Silence.
Jaccomplis un demi-tour, prête à partir, je savais ce quil fallait savoir : Vvranëleen était mort, la Luciole était prévenue de ce que jugeais juste quelle sache, et Mange-Rats
Celui-là je ne lavais pas encore aperçu. Je promenais mon regard et le découvrit, blessé, affaibli
Et il venait de porter Le Gris sur son épaule.
Je sentis sur moi le regard dIlmarin
sattardant quelques instants sur moi. Elle faisait partie dEux
Elle me regardai
Elle semblait mavoir reconnu.
Et dailleurs, le signe quelle fit en ma direction me le prouva. Elle me demandait de lapprocher, ce que je fit, lente, discrètement. Des mots furent glissés dans mon oreille. Je fit un hochement de tête : jacceptai.
Demi-tour, cette fois bien décidé. Je rentrais dans le ventre dun jeune homme à lair perdu dans ses pensées, sûrement les cheveux rouges
Hey! Fait ttention!
Et pis, reste pas là planté, le Rey est blessé et tu le laisses porter un corps!? Va laider!
Je ne lui laissai même pas le temps de dire non, javais pris son bras et je lavais poussé vers Ilmarin, Mange-Rats et feu Le Gris. Avec un regard à la Vierge Noire, lui expliquant par celui-ci que le jeunnot était envoyé pour aider, et la priant de pa me contredire : je me sentais dhumeur autoritaire.
Et je savais
Je savais quelque chose qui avait peut-être échappé.
Les deux défenseurs du nouveau Rey faisaient face à une espèce de monstre. Dans mon chemin, je frôlais la jeune fille.
Le Gris empoisonnait ses lames
Pas de clin dil mais un sourire complice.
La course recommença, à la galopade je me fit un chemin, jentrais dans une battisse, comme avant, je montai sur les toits, comme avant, dun pas rapide mais ferme, jy avançai.
Le chemin changeait, la lune à mes cotés, jétais une ombre parmi autres, qui se pressait en hauteur, espérant trouver le chemin quil fallait.
Mes cheveux furent rapidement liés, toute trace de maquillage effacé : malédiction, il ne men restait plus
Il allait falloir sen procurer de nouveau.