Matouminou
Il ne faisait pas beau ce dimanche matin. Une petite bruine tombait, offrant le spectacle d'une Normandie bien triste. Fécamp n'échappait pas à cette monotonie et, en sortant de l'auberge qu'elle espérait quitter d'ici quelques jours, Matou, accompagnée de Suzon, semmitoufla dans sa cape et en releva le col.
Il fallait bien du courage pour sortir et aller jusqu'à l'église.
Les enfants étaient restés bien au chaud, quant à Ef, il cherchait toujours les meubles censés être apportés au phare. Cela faisait quelques jours et Matou commençait à désespérer. La patience n'était pas sa qualité première. Cependant, jusque là, elle n'avait encore rien dit.
Les deux femmes se hâtaient sans parler. Matou se demanda où allait avoir lieu la messe. Elle savait que l'église nécessitait un grand nettoyage. Elle avait assisté au déménagement des bancs, un spectacle assez intéressant, donc, elle se doutait bien que ce n'est pas en leur paroisse, qu'aurait lieu la cérémonie dominicale. Cependant, elle ne voyait pas d'autre endroit où aller.
De loin, elle vit la foule des fidèles réunis, elle se fraya un chemin, suivie de près par Suzon, tout en cherchant du regard le Père Savoie.
Elle fronça les sourcils, ne l'apercevant nulle part. Elle fit part de son inquiétude à sa servante:
- Pourvu qu'il ne soit pas déjà lassé de Fécamp, l'ampleur de la tâche est telle...
Pourtant, aucune inquiétude ne transparaissait de la foule. Sans doute, le Père avait-il un peu de retard. Elle attendit donc, pleine d'espoir.
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