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[RP] Le manoir de la "Rose".

Beeky
Melilou estoit grimpée en le carrosse des d’Apperault et se tenoit toute penaude, les yeulx baissés et la mine contrie par-devant la vicomtesse. Beeky en fust emue plus qu’elle n’osoit se l’avouer et elle tourna son visage vers la fenestre afin d’y admirer le paysage et derober, à la vue de sa modeste passagère, le sourire quy s’affichoit sur ses levres, malgré elle.

L’equipage tiré par 4 chevaux gris pommelés, parcouroit l’allée de gravier doré menant au manoir.

De dextre et senestre, icelle-cy estoit encadrée, au loing, par deux grands et longs bastiments couverts de chaume. L’un estoit destiné à l’elevage de cochons, l’autre à iceluy des ovins. Les deux estoient fort prospères et la boucherie debitoit force carcasses alors que de la tannerie sortoient des peaux de grande qualité quy estoient utilisées à l’usage de velins fort onereux.

Sans la fortune colossale de feu Ricoh, oncques la vicomtesse n’eut pu mener grand train quy estoit le sien. Dieu seul sçavoit qu’elle auroit su se satisfaire de bien piètre fortune, sy le prix en avoit esté iceluy de la vie de son espoux. Elle cognoissoit le risque d’espouser un homme asgé du double, luy sçavoit qu’il ne seroit plus long temps de ce monde et avoit su proteger sa femme et ses enfançons de la miserable condition de gens de peu de biens. Plus tard, son suzerain luy avoit accordé moult faveurs et terres dont elle tiroit profits substantiels puis le Roy luy-mesme la combla en recompense de ses services.

La Veufve revint au monde quy l’entouroit et se tourna de tiers vers Melilou. La jeune fille respendissoit d’intelligence, elle avoit du temperament, de la jugeote, nul doulte qu’elle sauroit mener sa barque à profit, sy elle sçavoit bien s’entourer. Beeky l’y aideroit à coup sûr, sy l’occasion s’en presentoit... mais d’aultres avoient abusé la jeune fille, sans malice, pour parvenir à leurs fins. Cela estoit grand dommage et la chose avoit fortement contrariée la vicomtesse. La politique n’est poinct tousjours propre, Beeky le sçavoit et oncques elle n’avoit cherché à finasser avec la probité ou l’honnesteté. La force du labeur et la sincerité de servir Dieu et le Roy devoient estre les seuls moteurs de l’ambition, laquelle estoit chose legitime, sy mise au profit des hommes.

Beeky sçavoit que la relève devoit estre assurée. Dans sa prime jeunesse, la vieille noblesse detenoit le pouvoir sans concession. Ce jour d’huy, il sembloit qu’il estoit pris par iceulx quy se proposoient de le cueillir simplement, sans sçavoir-faire, experience ou mesme competence. Pauvre, pauvre Champagne…

Le carrosse traversa le ponton quy enjamboit les douves du manoir et s’engouffra sous le portail quy menoit à la grand’cour pavée. Le trajet s’estoit faict sans un mot, sans pour autant qu’une quelconque gesne ne s’installa entre les deux femmes.
Les deux laquais se tenant à l’arrière posèrent prestement pieds à terre et ouvrirent les deux portières. La vicomtesse en descendit avec moult precaution, faisant grand cas de l’espée quy pendoit à son costé. « Radieuse », en son fourreau precieux, oncques ne la quittoit. Ceste lame quy n’estoit que d’apparat depuis que Beeky avoit embrassé la carrière de Procureur de la Saincte Inquisition, ne trancheroit plus les chairs, ny ne couperoit quelques membres. Parfois, la vicomtesse le regrettoit, certaines langues ou pointes d’oreille meritant un traitement des plus expeditif… Bien vite, elle chassa ces pensées dignes de la guerrière qu’elle avoit estée. En toute chose, il falloit sçavoir renoncer à de menus plaisirs…


    Allez ma fille, descendez et suivez-moy. Il me fault vous entretenir d’une chose d’importance et sachez qu’il sera vain de perorer. Il en va du salut de vostre asme, la chose me tient à cueur, aussy, il me fault vous en tenir discours. Allons, remuez-vous !

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Melilou
Melilou en était là, à ne plus pouvoir détacher ses yeux des planches de bois qui séparaient ses bottes des graviers de l'allée. Elle entendait les roues crisser sur les petites pierres en un rythme régulier, marqué par le pas des chevaux et les coups de fouet du cocher. Un environnement sonore bien particulier, si il en était, et qu'elle entendait pour la première fois.

Jamais encore elle n'était montée dans pareille calèche, et c'était une sensation bien nouvelle et bien étrange, que de se sentir transportée dans une cabine qui ne recevait, en temps normal, qu'hommes et femmes de haut rang. Elle se demandait qui avait bien pu poser, avant elle, son noble séant sur cette banquette. Des cardinaux ou des archevêques, sans doute. Et le duc en personne, bien sûr...Peut-être également des membres de la Cour elle même, des Pairs de France et, qui sait, pourquoi pas le Roy en personne.

Melilou avait ouï dire que la Vicomtesse était liée à la famille royale, mais elle ne savait pas en quoi, et surtout si cela était vrai. Et elle se serait bien gardée de poser la question, car la Vicomtesse l'aurait sans nul doute encore prestement gourmandée de sa curiosité, et une fois lui avait déjà amplement suffi.

Curieuse comme elle l'avait toujours été, elle brûlait d'envie de relever la tête et de se remplir les prunelles du splendide décor que devait offrir le parc du Manoir de la Rose. Mais elle n'osait pas afficher son émerveillement, de peur que la Vicomtesse lui rappelle sa modeste condition et le fait qu'il ne fallait pas espérer pouvoir s'offrir un jour pareil domaine. Et pourtant...si l'Histoire en avait décidé autrement, sans doute vivrait-elle, elle aussi, dans un manoir à l'allée de gravier. Sans doute aurait-elle, elle aussi, un beau carosse en bois précieux, et des robes aux velours travaillés. Et peut-être serait-elle déjà mariée à quelque noble Savoyard reprenant, à la suite de son père et de son grand-père, le rôle de la famille De Saingéry à la Cour de Chambéry. Mais il en avait été autrement. Elle avait été élevée loin de ses origines, parmi les paysans, et avait eu la vie d'une paysanne. Jamais elle ne pourrait revendiquer le nom des Sangéry, elle l'avait compris depuis fort longtemps.

Mais la jeune fille n'en avait jamais gardé rancoeur. Elle avait été heureuse dans son enfance, entre sa mère et son père adoptif, entre les contes et les champs, l'église et les livres. Elle avait été élevée dans la simplicité, et cette simplicité avait fait son bonheur. Pourquoi donc la rennier pour des choses que le passé avait voulu transformer? Elle ne croyait pas à la fatalité, mais acceptait la destinée que l'Histoire avait infligée à la famille des Saingéry, et à leurs descendants.

Le carosse roulait tranquillement, et Melilou jettait tout de même, de temps, quelques regards vers la vicomtesse. Celle ci regardait par la fenêtre, un discret sourire aux lèvres, et Melilou se demandait à quoi la noble dame pouvait penser en cet instant. Enfin la calèche ralentit et stoppa dans le hénissement des chevaux. La cabine fut ébranlée par les laquais sautant au dehors et s'empressant d'ouvrir les portières et d'offrir leurs mains pour aider ces dames à descendre confortablement. Melilou regarda la Vicomtesse sortir, mais resta là sans bouger, regardant avec hésitation la main du laquais qui n'attendait que d'être saisie.

La vicomtesse s'adressa alors à la jeune fille sur un ton qui l'emplit d'inquiétude:

Allez ma fille, descendez et suivez-moy. Il me fault vous entretenir d’une chose d’importance et sachez qu’il sera vain de perorer. Il en va du salut de vostre asme, la chose me tient à cueur, aussy, il me fault vous en tenir discours. Allons, remuez-vous !

Elle descendit sans demander son reste et se plaça en retrait, à quelques pas derrière la vicomtesse. Qu'allait-il advenir, une fois passées les portes du manoir?

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Beeky
[ la salle du Conseil]

Après avoir arpenté moult coursives d’un vif pas puis grimpé un escalier tournant sans mot dire, Attigny se trouva au beau milieu de la salle du Conseil. La pièce estoit d’agréables proportions et esclairée par trois larges fenestreaux. A senestre, une belle flambée de vieux chesne crepitoit en la monumentale cheminée. Icelle-cy estoit parée à son front, des armes de la vicomtesse d’Apperault, lesdictes armes estant encadrées par deux sculptures rapportées de chevaliers quy portaient à bras levés une couronne vicomtale.

Une table de chesne meubloit le centre de la pièce sous le plateau duquel l’on avoit glissé quatre chaises tapissées de toile d’Aubusson. Au plafond se distinguoit, un lustre de ferronnerie portant chandelles qu’il fauldroit bientost allumer avec la nuit tombant.

La vicomtesse degrafa prestement le fermail qui maintenoit sa cape et s’en defist vivement. Elle la lançant sur le dossier de la chaise quy estoit à portée puis se tourna vers la jeune Mélilou prenant un air grave.

    Il me fault aborder une chose avec vous, de la plus haute importance. Defaistes-vous et prenez place, ensuite oyez ce que j’aye à vous dire et respondez à mes questionnements sans faire de belles phrases alambiquées. J’abhorre que l’on tourna autour du pot lorsque de mauvais poil, je suis… Ce marraud de Vallion m’a eschauffé la bile et je me sens de fort mechante humeur…

    Adoncques, narrez-moy en peu de mots vos origines, distes-moy sy vous cognoissez le savant art de la lecture et de l’escriture, enfin dressez-moy le portrait de vos qualités.
    Ne soyez poinct modeste ma fille, je vous le dict, c’est de vostre advenir dont il s’agit.


La vicomtesse ouvrit une armoire sise près de la fenestre pour en extirper du parchemin, une plume d’oie et une petite fiole de terre cuite contenant de l’encre d’un rouge brun. Sans faire plus attention à Melilou, elle s’installa à la table et se tint preste à rediger compte-rendu détaillé de son entretien.
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Bibilekayakiste
Bibi, qui passait par là, se retrouva devant un imposant manoir.

Mais...qu'est ce donc ce manoir? J'avais entendu des rumeurs a propos d'un manoir mais je ne les avais pas cru, a prêt tout ce n'était que des rumeurs...


Pourtant il se tenait bien là, devant un manoir, imposant et superbe à la fois. Il se demandait si, un jour, il pourrait visiter cet édifice. Il resta , là, à contempler.

Bibi regarda ensuite le soleil pour voir sa hauteur dans le ciel.


Oh! Il faut que j'aille finir ma besogne moi!


Bibi tourna les talons et s'éloigna. Tout en marchant il se promis de revenir pour continuer a contempler ce chef-d'œuvre!
Melilou
Elles avaient pénétré le manoir et la Vicomtesse parcourait d'un air assuré une multitude de couloirs richement ornés, Melilou suivant sans mot dire. Elle était fortement impressionnée par l'intérieur de la demeure. Elle n'en avait vu pour le moment que les couloirs, mais cela lui suffisait à estimer l'immense richesse de la Vicomtesse. Elle n'aurait su dire quelle était la pierre qui habillait le sol, mais il ne faisait aucun doute qu'elle était de fine facture. Brillante et claire, presque rosée, elle se décomposait en dalles régulières et quelque peu glissantes.

Au détour d'un couloir apparut un escalier en colimaçons que la Vicomtesse entreprit de monter vivement. Une fois en haut, Melilou découvrit une pièce de grande taille et fort bien éclairée par de hautes fenêtres. La pierre avait fait place au plus fin des parquets, luisant sous la lumière extérieure. Là encore, le mobilier traduisait la fortune de la Vicomtesse et la pièce était arrangée avec goût et grand soin. La dame d'Attigny se défit prestement de sa cape et la lança sur le dossier d'un fauteuil puis se tourna vers Melilou, qui manqua de se liquéfier.

Pourquoi donc la Vicomtesse voulait-elle savoir tout cela? Elle avait du faire une bêtise, et sans doute la vicomtesse voulait-elle lui montrer comment la réparer, ou bien voulait-elle seulement la gourmander pour une erreur dont elle ne connaissait pas encore la teneur. Néanmoins, elle répondit, prenant bien son souffle pour tenter de masquer son émoi, et tentant d'être, comme le lui avait ordonné la Vicomtesse, la plus brève possible et sans mensonges aucun.


Je suis née en Savoie. Peu après ma naissance, mon père disparut et ma mère s'en fut rejoindre sa soeur dans le nord du Royaume, dans une bourgade non loin de Cambrai. Elle y rencontra mon père adoptif, un charpentier bon et travailleur, et l'épousa quelques mois plus tard.

Ma mère travaillait le blé, mon père travaillait le bois et ils n'avaient que peu de temps en dehors de leurs ouvrages. Dès que je fus en âge de marcher, ils me confièrent une grande partie de chaque jour au curé de notre village, qui se chargea alors de mon éducation. Lorsque je fus en âge d'écouter des histoires, il entreprit de me lire les parchemins que l'église renfermait et, lorsque l'âge de la lecture se présenta, il m'en enseigna le fonctionnement.

Constatant ma passion pour les lettres, il m'apprit ensuite à écrire, et me chargea de tenir à jour le registre des fidèles de notre petite église. Pendant les dix années qui suivirent, j'ai lu tous les parchemins de sa bibliothèque, et j'ai appris bien des choses. Il allait commencer à m'enseigner les oeuvres des poètes et des auteurs de notre temps lorsqu'il fut emporté par la maladie. J'ai su, par son héritage, qu'il m'avait légué une grande partie de ses parchemins personnels, que je possède chez moi en plus de ceux que m'a légué mon grand père maternel, érudit de Savoie.

Au sujet de mes qualités...je ne sais trop que vous dire. Oniki saurait sans doute mieux que moi vous les décrire. Mais je pense pouvoir dire que je suis loyale et dévouée à ceux pour qui je travaille. Je suis honnête et sincère. Je suis pieuse aussi, même si certains auraient aimé que l'on dise le contraire.
Melilou serra les dents imperceptiblement. Je sais où se trouve ma place, et je ne m'autorise pas des choses que ma modeste condition ne permet pas. Je suis curieuse, quelque peu tête en l'air parfois, mais je reste très sérieuse dans tout ce qui touche au travail.

Je pense n'avoir rien oublié.


Melilou avait observé la Vicomtesse prendre des notes au fur et à mesure qu'elles parlaient. Mais que pouvait-elle bien avoir comme projet qui nécessite ces questions là? La jeune fille se tut et resta là, espérant que la vicomtesse ne vienne point la gourmander d'une quelconque manière.
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--_landeric
[Aux portes du Manoir ]

Landeric s’étoit tenu coi lorsqu’une silhouette s’approcha des grilles du domaine. De loin, il avoit recognu l’uniforme de la Prevosté et s’en retourna, serein, à ses affaires.

Comme à l’accoutumée, un homme sur les remparts avoit épaulé son arbalète puis il l’avoit baissée lorsque Bibi s’en étoit allé.

Rien à l’horizon ne sembloit causer la moindre alerte, aussi l’archer zélé prit une pose pour s’envoyer, derrière le gosier, une bonne pinte de bière chaudasse à souhait.
Beeky
La plume se noya dans l'encrier et en ressortie deguisée d'un rouge brun dégoulinant. Obeïssant aux effects du poignet gracile de la vicomtesse, la dicte plume se mit à gratter le parchemin avec vigueur, couchant prestement une escriture fine et fort bien dessinée. Pleins et deliés s’enchaisnoient avec grasce et parfoy la vicomtesse relevoit le nez ou fronçoit un sourcil, à l’énoncé du recit de Melilou. Une liste prit forme en peu de temps

Née en Savoie. *lève un sourcil*Hum… une estrangère.

La plume poursuivit.

Cambrai… *claquement de langue entre les dents* Bigre, l’Artois…

Ma mère travaillait le blé, mon père travaillait le bois *esquisse de sourire* Bien, la pauvrette cognait le bon exemple de parents quy poinct ne se vautroient dans la boisson, la debauche ou l’oisiveté.


ils me confièrent une grande partie de chaque jour au curé de notre village, qui se chargea alors de mon éducation. *sourire ravi* Très bien cela. L’education religieuse est des plus rigoureuse et enseignée avec force sérieux.

La vicomtesse leva la teste vers Melilou et d’un petit air entendu l’encouragea à poursuivre son recit. Il en ressortoit clairement que la jeune fille avoit reçut une bonne education et que les enseignements de l’Eglise ne luy estoient poinct estrangers. Cela en faisoit une personne instruite et probablement… serieuse. Probablement, car Beeky avoit par maintes foy croisé le chemin de la gent des baptisés quy se comportoient comme les derniers des infidèles.

La plume reprit son œuvre.

pense pouvoir dire que je suis loyale et dévouée à ceux pour qui je travaille *note*

Je suis honnête et sincère *acquiesce de la teste en signe de satisfaction*Une perle en somme…


Je suis pieuse aussi, même si certains auraient aimé que l'on dise le contraire. *tique et soupire*Ah, voicy le bast quy blesse…

Pour le reste, la vicomtesse nota en substance que la jeune fille estoit bien elevée et sçavoit rester à sa place. Non obstant, elle devoit ambitionner que sa place ne seroit poinct figée… Lorsque Melilou arresta sa narration, la vicomtesse posa sa plume et repandit moult grains fins sur le parchemin pour en faire secher l’encre plus prestement.

Beeky leva le nez et plongea son regard aiguisé dans les yeulx de la jeune fille.
    Adoncques, ma fille, vous pouvez dire, en conscience, que vous estes fidèle et loyale envers vos employeurs maistresse Melilou… ? Quel asge avez-vous doncques ? Et avez-vous des projects dans l’immédiat ?

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Melilou
Melilou n'avait pu s'empêcher, tandis qu'elle parlait, de tenter de décoder l'attitude de la vicomtesse. Un sourcil qui se haussait, un léger son en bouche...tout cela à certains moment précis de son discours, ce qui n'avait rien pour la rassurer en l'instant. Finalement, la vicomtesse avait cessé d'agiter sa petite plume en long en large et en travers du parchemin et avait relevé la tête. Son regard fiché dans celui de la donzelle, elle lui avait demandé sans autre forme de détours:

Adoncques, ma fille, vous pouvez dire, en conscience, que vous estes fidèle et loyale envers vos employeurs maistresse Melilou… ? Quel asge avez-vous doncques ? Et avez-vous des projects dans l’immédiat ?

Et bien...oui, répondit-elle timidement. Je suis fidèle et loyale envers mes employeurs, notre maire Oniki pourrait sans doute vous le confirmer sans peine. Elle se dandinait légèrement d'un pied sur l'autre, tentant de masquer la petite gêne qui la tenait depuis le début de cet entretien. J'ai 18 ans, augmentés de quelques mois.

Elle s'interrompit un instant, le temps de réfléchir aux projets dont lui parlait la vicomtesse.

Je n'ai pas réellement de projets d'avenir dans l'immédiat, si ce n'est de continuer mon œuvre pour le village, et de vivre de mon travail du blé. Je suis une jeune fille sans prétentions vous savez et j'essaye de m'interdire des rêves de grandeur et de bourgeoisie qui se trouvent être bien loin de ma condition première...

Elle se tut et baissa les yeux, honteuse tout à coup de sa si modeste situation face à une dame d'un tel rang. Le seul fait de se tenir là, dans cette pièce si richement ornée, était un privilège dont elle avait pleinement conscience, et qu'elle n'était pas certaine de mériter.

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Anthracite
Habitant, chenapan, coup de vent, miroitant.
Or de Varennes, j'ai reçu votre surveillance.
Maintenant, avant, après, à votre service.
Magicien, au plateau des... Mille vaches.
Anthracite, manant, a ses mille secrets.
Guerroiera, selon votre volonté divine.
Et puisse la voie d'Aristote m'éclairer.

non sin nomine
Beeky
    Sy faict, sy faict…

    Eh bien, ma fille, je ne vaye poinct m’encombrer d’ ambages superflus car cela n’est gueres en ma nature… mesme sy, en des temps anciens, il m’a fallu par maintes foys mascher mes mots pour ne poinct rompre des négociations ardues ou des relations diplomatiques tendues…
    Vous n’estes poinct sans ignorer que Maistresse Royalkonee estoit de ma Maison. Elle m’estoit sy chère et sy fidèle amye que j’en avois faict ma confidente, ma marraine et pour fin, je luy avois confié ma santé et icelle de mes enfançons.


    Lorsque mon espoux nous a quitté, paix à son asme * se signe * j’aye devolu à maistresse Royalkonee les fonctions de « Dame de compagnie ». Elle adoroit messire Ricoh, pauvre chère femme malgre qu’il luy ait faict debourser 1000 escus de dot pour sceller nos espousailles et luy, bien qu’il la trouva quelque peu fantasque, il approuva mon choix lorsque nous avions evoqué la chose. Mon espoux avoit confiance en mon jugement, quy n’est gueres clement, croyez-m’en…

    Aussy, je croye en sincèrité que vous estes une jeune fille meritante et suffisamment instruite pour remplir iceste fonction à vostre tour.

Beeky sçavoit que la jeune donzelle ne s’attendoit gueres à pareille annonce, aussy prit-elle les devants.
    Ne vous pamez poinct, voulez-vous !

La vicomtesse devisagea le petite Melilou d'un air grave et poursuivit son long disours.
    En ma prime jeunesse, j’ai esté épaulé par un homme quy fust mon protecteur. Peu s’en souviennent probablement en Varennes, il s’agissoit du sieur Thias. C’est en le suivant telle son ombre que j’aye faict l’encontre du vicomte de Chelles et que je suis entrée en politique. Je n’avois que 16 printemps, l’envie de bien faire et d’aider mon prochain.

    Par certains costés, vous me rappelez la jeune fille que je fus.
    *sourire*
    Il fault sçavoir saisir sa chance Melilou. Sy vous acceptez, vostre vie va estre quelque peu bouleversée. Vous devrez vous habituer à un monde quelque peu en dehors du temps, parfoy cruel mais toujours fascinant.

    Bien evidemment, je vous ferois donner ce qu’il convient à vostre rang et il me fauldra veiller à vostre garde-robe… il n’est poinct question que vous paraissiez ainsy fagotée à mes costés. Il fauldra que quelqu’un veille à vostre commerce, vous engagerez quelques manants, je payerois les factures et nous n’en parlerons plus…

    J’attends vostre response, je ne vous donne poinct la semaine ou la nuict pour y songer, non. C’est là, de suite. Je vous escoute.

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Melilou
Melilou faillit s'effondrer lorsqu'elle comprit les propos de la vicomtesse. Dame de compagnie. La Grande de Champagne Beeky d'Appérault souhaitait voir Melilou devenir sa dame de compagnie. Ses jambes manquant de lui faire défaut, elle s'agrippa au dossier du fauteuil le plus proche, s'y tira tant bien que mal et finit par s'effondrer sur l'assise, le regard perdu dans les lames du riche parquet, les mains tremblantes et le souffle court.

Dame de compagnie d'une noble dame. Elle ne pouvait le croire. Toute une flopée d'images lui revinrent alors en mémoire. Son enfance à Cambrai, les champs, le travail de ses parents. Le curé, son éducation. Le départ pour la Champagne, l'arrivée à Varennes. Puis le travail du blé, comme sa mère l'avait fait, la mairie et enfin, récemment, son élévation au rang de boulangère. Elle n'en revenait pas des événements passés depuis son arrivée, et jamais elle n'aurait cru pouvoir prétendre à ce qu'une vicomtesse lui accorde tant de confiance et d'intérêt. Elle qui n'était qu'une modeste jeune fille, voilà qu'on lui demandait d'entrer au service de la plus notable dame de Varennes. Elle ne pouvait le croire mais, au regard perçant de la vicomtesse, elle se rendait bien compte que ce n'était pas une plaisanterie. Et qu'il allait falloir faire preuve de contenance afin de ne pas la décevoir. Cette proposition était inespérée. Peut-être, enfin, le moyen de sortir de sa petite condition, aux côté d'une dame bienveillante qu'elle serait enchantée de servir comme il se doit.

Elle lâcha le bras du fauteuil qu'elle n'avait encore pas réussi à desserrer, releva la tête et répondit calmement, avec tout l'aplomb qu'elle pouvait encore trouver:


J'accepte. Vos désirs sont des ordres, vicomtesse. Je vous servirai avec loyauté et dévouement, et tâcherai d'être chaque jour à la hauteur de votre bienveillance.

Ne sachant trop que faire en l'instant, elle resta là, l'esprit vagabondant à des rêves qu'elle avait toujours conçus et qui, aujourd'hui, semblaient vouloir prendre vie en ce manoir auquel elle n'osait pas, il y a quelques jours encore, jeter le moindre regard.
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Beeky
    Fort bien, il ne reste doncques plus qu'à remplir quelques formalités d'usage et vous faire donner vos quartiers à Attigny, icelieu et ailleurs.

La vicomtesse adressa un sourire amusé à la jeune fille. La damoiselle avoit faict face à l'annonce quelque peu brutale de sa nomination au seing de la Grande Maison d'Attigny et cela auguroit d'un caractère assuré et capable de reagir prestement à des situations données. Beeky se felicita de son choix, certains poinct seroient encore à travailler mais avec le temps, elle s'y emploieroit.

    Je doict recevoir, ces prochains jours et en mon Hostel de la Veuve, une grande et chère amye, la comtesse Arielle de Sornac. Je vaye doncques vous mener avec moy sans retard. Il fauldra que vous voyez avec ma gouvernante quy se chargera de faire gérer vos affaires par mes gens.

    Vous verrez, Melilou, l'Hostel de la Veuve est une très belle bastisse sise en Place de Reims. A senestre la cathedrale, à dextre le Castel de Reims et par devers les fenestraux du grand salon, une vue imprenable sur la monumentale statue du duc Caedes. Il tire son nom, non poinct de mon estat marital, mais du fief appartenant à mon espoux quy estoit Seigneur de la Veuve.


Attigny adoroit cest hostel fastueux. Elle l'occupoit la plupart du temps lorsqu'elle devoit se rendre au Conseil ou à l'Hostel de la Noblesse. Durant tous ces mandats de Chambellan ou iceluy de Duc, Beeky avoient habité icelieu en compagnie de son espoux, Ricoh d'Apperault.
Puis, elle reprit.

    Jacquotte fera diligence pour que nos bagages soient bouclés dans la journée et nous partirons, ce jour mesme, avant le soir tombé.

    Auparavant, nous devrons passer à Attigny, au Castel de l'Aigle, afin que j'y regle quelques affaires pressentes avec mon directeur de conscience... Vous pourrez ainsy visiter à loisir vos appartements...

    Hum, faiste-moy songer à escrire à mon Maistre tailleur en Flandres pour que nous nous occupions de vostre garde-robe. Il vous sera donné deux grands coffres (1) pour ranger ce quy vous est necessaire. Enfin, je doulte que cela soict grande perte sy vous laissiez vos misérables affaires en vostre maisonnette...


Desormais, Melilou alloit vivre dans le faste, le grand luxe et la preciosité. Une condition que permettoit la fortune considérable de la vicomtesse d'Apperault.


(1) Ces meubles, indispensables fourre-tout à l’origine, sont liés aux voyages. Faciles à transporter, équipés de poignées latérales et de solides serrures, ils ont répondu pendant des siècles à tout les besoins nomades. Ils pouvaient se transformer en bancs ou en lits.
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Melilou
Melilou crut rêver en entendant les paroles de la vicomtesse. Manoir, Hostel particulier...riches toilettes, voyages...elle ne pouvait croire que c'était à elle que l'on permettait cela. Ne sachant quoi répondre tant le revirement la dépassait, elle se contenta de s'incliner respectueusement devant la vicomtesse et dire simplement:

Je vous suivrai là où vous me direz de me rendre, ma Dame. A compter de ce jour, je serai comme votre ombre si vous le demandez.


Puis, enfin, elle s'assit. Pliant sous le poids de la nouvelle que son corps haut comme trois pommes avait, pour le moment, bien du mal à encaisser.

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