Quand une Malemort passe par là
Mieux vaut tard que jamais.
Les élections royales approchant grandement, la fille en deuil navait eu dautres choix que de sintéresser aux différents prétendants à la Couronne de France pour « choisir le moins pire » comme elle le disait si bien. Bien évidemment, personne ne pourrait remplacer Nebisa, personne ne pourrait légaler, et encore moins la surpasser. Le prochain Roy, au mieux, ne serait quun pâle remplaçant, une fade imitation de celle qui fut le soleil du Royaume.
Ainsi, elle avait fait le déplacement jusquà la Capitale, pour écouter, observer ; et faire son choix. Seule, puisque son époux était occupé à faire ses expériences auxquelles la trentenaire navait toujours rien compris. Enfin seule
Escortée par quelques cavaliers de sa garde personnelle, portant tabards aux armes des Malemort. Vêtue dun pourpre sombre indiquant sa condition, sans aucune parure hormis lalliance prouvant son union, les cheveux flamboyants noués dans une longue tresse ; elle portait le deuil dune Mère trop tôt partie rejoindre le Très-Haut.
Lhôtel se trouvant juste à côté, les gardes furent assignés à la garde du véhicule qui serait chargé de la ramener ensuite dans ses appartements au Louvre ; et la Baronne se rendit seule à lintérieur de lédifice où se déroulaient les débats.
Elle navait aucun enthousiasme à rencontrer le candidat bourguignon. Ce quelle en avait entendu lui avait suffit pour se faire une première idée qui navait rien de positive ; mais elle avait assez vécu pour ne plus se fier aux on-dit et se faire son propre jugement. Ainsi, Eusaias devrait supporter sa présence ; ou linverse, allez savoir.
Digne, se tenant droite et avançant sans prêter attention aux regards curieux, la femme au visage mangé par les flammes avait pénétré le bâtiment en prenant tout son temps. Elle avait sans doute été plus pressée lorsquelle avait mené la charge devant les remparts de Limoges, une vingtaine dhommes contre trois armées du Ponant ; cétait dire comme elle avait envie de continuer son chemin.
Cest tout à ses pensées quelle était arrivée dans la salle principale. Le brouhaha des discussions et la densité des personnes se trouvant ici ne laissait aucun doute plâner : le candidat ne devait pas être bien loin.
Les sinoples balayèrent lendroit rapidement alors quelle continuait davancer. Elle qui naimait pas la foule, elle allait être servie. Tous ici ne portaient visiblement pas le deuil de la Reyne récemment décédée. Petit froncement de nez. Mais bon, elle nétait pas en Limousin ici, elle ne pouvait pas râler et espérer être entendue comme là-bas où sa voix avait du poids.
Et bien sûr, étourdie, elle ne vit pas lhomme qui essayait de sextraire de tout ce beau monde, et le bouscula sans vraiment y prêter attention. Sans même se retourner, à vrai dire, elle avait trop lhabitude de ces badauds qui marchaient sans regarder devant eux, la Princesse ; et avait une trop haute opinion delle-même pour présenter ses excuses à un freluquet qui travaillait sans doute ici même si, de toute évidence, elle était en tort.
On est Malemort ou on lest pas, hein.
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