Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Dragon.. Vole!

Xanthe_melie
Depuis son retour à Genève, quelques semaines auparavant, Xm repoussait jour à près jour l'échéance de son départ vers la Bretagne où Power et Caël l'attendaient.

Son attachement à sa ville d'adoption, qu'elle croyait presque réduit à néant depuis que la disparition de Rudolf avait comme endormi son cœur, était tout compte fait beaucoup plus profond qu'il n'y paraissait.
Parmi les liens qui la rattachaient encore au "Phare de l'Aristotélité" - comme auraient dit ses vieux ennemis au conseil - elle devait évidemment compter les quelques amis fidèles qui allaient vraiment lui manquer - elle n'osait trop penser à eux de peur de perdre le peu de volonté qu'elle avant de quitter son nid.
Les souvenirs aussi la tiraillaient douloureusement en arrière. Où qu'elle regarde en se promenant dans la ville, ou tout simplement dans sa maison du quai de la Concorde, tout lui évoquait des moments, heureux ou malheureux, qui défilaient devant ses yeux dès qu'elle relâchait son attention, comme en ce moment.

Elle vagabondait, sans but précis, sur le chemin qui montait vers la forêt des hauts de Genève, où se situait la fameuse clairière au milieu de laquelle elle avait bâti son chashitsu - sa maison de thé - celle-là même qui avait fini par devenir la Taverne du Dragon Volant.

Nulle pancarte n'en indiquait la direction, nulle enseigne n'en donnait le nom. Le bouche à oreille avait fait son succès, à l'époque où elle tenait pleinement sa place comme citoyenne de Genève et lieutenant de la Garde, et les amis intimes, les casses-pieds chroniques aussi, parfois - elle ne peut s'empêcher de sourire à la pensée de Tom qu'elle aurait volontiers haché menu à chaque fois qu'il s'incrustait (un digne successeur de Lefier, celui-là) - y avait passé maintes soirées chaleureuses.

Destin ô combien inattendu pour un sanctuaire, bâti à l'origine pour honorer la mémoire de son maître révéré, tant aimé et tant regretté!
Avec son toit pointu à quatre pans, aux arêtes élégamment recourbées, ses cloisons de bois percées de petites ouvertures garnies de parchemin huilé, ses portes coulissantes, le Dragon Volant était l'image fidèle de la maison de thé que Saburo avait bâti de ses mains dans son jardin de la baie d'Osaka, sur cette lointaine île où Xm avait passé les trois années les plus étranges - et elle se demandaient à présent si ce n'avait pas été également les plus heureuses - de sa vie.

La belle exotique, comme l'avait baptisée Caël, avait reproduit de mémoire ce lieu de recueillement.
Elle y avait passé des nuits solitaires et glacées, elle y avait vécu, avec la belle bretonne, des instants terrifiants.
Elle s'y était adonné à la consommation excessive de ses poisons préférés, de la grappa à l'opium, importés en fraude par son inoubliable ami Gianni.
Elle en avait fait son refuge. Et pour finir elle y avait accueilli ceux qui lui étaient le plus chers parmi les Genevois, leur offrant une cuisine inhabituelle, fraîche et épicée, brûlante parfois. Un peu comme elle, en somme.

Sans qu'elle s'en soit aperçue, les pas de Xm l'avaient amenée à l'orée de la clairière, baignée, à cette heure, d'une chaude lumière printanière.
Le Dragon Volant respirait le calme et la sérénité. Xm ne put s'empêcher d'admirer l'harmonie de ses lignes simples et la beauté de la forêt alentour.
L'odeur de la résine qui s'écoulaient des troncs des pins chauffés par le soleil embaumait l'air, rafraîchie par une touche pure de neige en train de fondre, les effluves vertes de la mousse humide qui titillait agréablement les narines, sur un fond d'humus un peu poivré.
La jeune femme respira profondément, les yeux fermés.

Dire qu'il allait falloir quitter tout cela...

Elle s'approcha à pas lents de la maison et s'assit sur les marches du seuil, caressant le bois poli de sa main.



_________________
Xanthe_melie
Le bois était encore chaud des rayons du soleil du début de l'après midi. La surface en était lisse par endroits, rugueuse à d'autres ...

Un peu comme ma vie, murmura Xm pour elle-même.

Un sourire fugace éclaira son visage aux yeux toujours fermés. Cette maison, elle l'avait bâtie plutôt dans une période "rugueuse"... Sa relation avec Zeus commençait à s'effilocher, mais ce qu'elle ressentait pour lui était encore suffisamment fort pour que le trouble qui l'avait saisie quand elle avait rencontré Mahéfik lui mette la tête à l'envers...

La jeune femme rit presque silencieusement, d'un rire où perçait une tristesse infinie. La vanité de tout cela... cela frisait le comique.

Ils étaient morts tous les deux maintenant, Zeus, disparu sans laisser de traces, Mahéfik, brulé vif dans l'incendie de sa maison...
Pendant très longtemps, Xm avait été persuadée qu'elle traînait derrière elle un genre de malédiction.
Tous ses amants, à l'exception de Mélian qui avait peut-être annulé le sort en la trahissant , tous étaient morts où avaient disparu.
Vamp, Na_Kai, Zeus, Mikado, Rudolf... Elle s'était même imaginée, dans des délires alimentés par trop d'alcool et de fumée d'opium, que le fantôme de Saburo la poursuivait, esprit vengeur assoiffé de sang, cherchant à l'entraîner avec lui dans le néant.

Avec le temps, et aussi grâce à l'aide de Caël, qui l'avait aidée à démasquer celui qu'elle avait pris pour le fantôme de son maître, Xm avait fini par comprendre qu'aucune malédiction ne l'accablait. C'était elle, Xm qui était à l'origine de tout ce qui lui arrivait. Son attirance pour les hommes à l'histoire tourmentée, à l'esprit hanté de souvenirs douloureux, aux désirs troubles, au cœur alourdi de remord et de culpabilité, voilà ce qui causait sa frustration constante et accessoirement leur perte, dont ils étaient les seuls acteurs, et non quelque imaginaire sortilège. Mahéfik et Rudolf en étant les plus marquants exemples...

Xm rouvrit les yeux. Elle avait dû rêver pendant des heures car le soleil qui était encore haut quand elle était arrivée à l'orée de la clairière jetait à présent ses derniers feux sur le lac. Dès qu'il aurait sombré derrière les monts du Jura la forêt serait plongée dans la nuit. Il commençait déjà à faire sombre et la fraîcheur de cette belle soirée de mars semblait monter du sol avec la brume qui envahissait lentement le sous-bois.
La brune se leva, un peu raide et engourdie par sa longue méditation.

Allons, rien ne sert de retarder plus longtemps l'échéance...

La jeune femme avait pris de longue date l'habitude de parler seule, même si pendant longtemps elle avait prétendu s'adresser à ses fantômes... Le son de sa voix la rassurait et lui donnait l'impression d'être moins seule.

Elle gravit les trois marches qui menaient à la porte d'entrée et s'agenouilla devant pour la faire glisser sur le côté. L'humidité de l'hiver avait fait un peu gonfler le bois et elle résista un peu. Quand l'ouverture fut suffisante pour laisser passer ses épaules, Xm se glissa à l'intérieur.

Il y faisait sombre et froid mais apparemment l'humidité qui avait gauchi la porte n'avait miraculeusement pas atteint la pièce principale. Peut-être les tapis de roseaux l'avaient-ils en partie absorbée, ou peut-être les clients occasionnels de la taverne - dont Xm avait continué à toucher les bénéfices pendant son absence- peut-être avaient-ils allumé de temps à autre le brasero qui permettait de chauffer agréablement le minuscule espace ?
Toujours était-il que ni les précieuses couvertures de soie matelassée qu'elle avait soigneusement pliées dans un coffre de cèdre, ni le parchemin votif où elle avait retranscrit ses mantras préféré, ni les bâtonnets enduits d'un mélange de phosphore et de soufre qu'elle utilisait pour allumer rapidement du feu et dont elle gardait jalousement le secret, n'avaient été détériorés ou n'avaient moisi.

Un immense soulagement envahit la jeune femme. Ces modestes possessions étaient les seuls vestiges de sa vie avec Saburo.
Enfin pas tout à fait... Il fallait bien sûr y inclure le tanto qu'elle dissimulait la plupart du temps dans sa botte ou dans sa ceinture, ou dans sa manche... et...

Xm s'accroupit pour rouler les nattes de roseaux . Elle s'agenouilla ensuite sur le parquet et tâtonna quelques instants jusqu'à ce qu'elle entende un grincement. Avec un sourire satisfait elle tira son tanto de sa manche et l'inséra adroitement entre deux lames du plancher.
Avec un luxe de précaution pour ne pas risquer d'endommager la précieuse dague, elle fit levier pour soulever la planche de bois qu'elle dégagea complètement et posa de côté.
La jeune femme tira du fond de la cavité ainsi révélée, un ballot long d'un peu plus d'une aune, enveloppé dans un grand châle de soie noire brodée d'aigrettes et de tiges de bambous en fils d'or et d'argent.

Xm dénoua le cordonnet tressé qui maintenait le ballot étroitement serré et déroula le châle. Un long fourreau de laque noire incrustée de fleurs de cerisier dorées... La belle exotique réprima le sanglot que provoquait toujours la vue de cette arme d'exception. La beauté éphémère de la vie... voilà ce que représentaient les fleurs de sakura, lui avait expliqué Saburo quand il lui avait offerte. Il avait ajouté, avec son sourire asymétrique si attirant, en dégainant le sabre à la soie délicatement moirée que la tsuba quant à elle formait l'image d'une grue aux ailes déployées, symbole de longévité...

Xm dégaina le sabre et en admira encore une fois la perfection et l'équilibre. Se relevant sur un genou elle fit tournoyer la lame au dessus de sa tête en la tenant à deux mains ainsi que lui avait appris son maître.

Pour le combat au corps à corps, lui avait il dit lorsqu'il lui avait montré la longue épée la première fois, il ne te servira à rien.

Elle l'avait regardé avec un mélange d'étonnement et d'orgueil froissé. Il avait sourit.

Il est un peu trop lourd pour toi de toutes façons... Tu auras tout intérêt à te servir de ta rapidité et de ta souplesse ... et de ton tanto, bien sûr.

Elle mit inconsciemment la main sur le sabre court qu'elle portait à la ceinture.

Tu pourras utiliser "Hiryu" pour le combat à cheval...

Il avait toujours raison, quoique à l'époque elle n'aimait pas l'admettre. Elle avait d'ailleurs toujours du mal à admettre qu'elle puisse avoir tort. Orgueil, inflexibilité, obstination. Il avait vainement essayé de les extirper de son esprit, lui expliquant patiemment que ces traits de caractère n'avaient pas leur place dans la vie d'obéissance et de devoir à laquelle leur condition de serviteurs du daïmio les vouait.

Xm rengaina adroitement le sabre. Elle caressa du bout des doigts les fleurs de sakura et fit scintiller la grue dorée de la garde dans un rayon de lune qui se faufilait par la porte restée entrouverte.

Pourquoi Hiryu ? avait elle demandé, curieuse.

Elle connaissait suffisamment de mots de la langue nippone pour comprendre que cela ne désignait ni les fleurs de la saya, ni la grue de la garde dont Xm croyait se souvenir qu'elle se nommait "tsuru".

Saburo avait rit - comme elle aimait ce rire, chaud, profond, sensuel, tellement différent du personnage froid et rigide qu'il était contraint de jouer quasiment en permanence. Il avait dégainé le sabre et l'avait fait tournoyer, esquissant devant elle la chorégraphie complexe d'un exercice d'escrime.

Le Dragon Volant! Voilà ce que cela veut dire!

Il avait rit de plus belle devant sa mine étonnée.

Quoi? Cela ne te plait pas? Il va falloir t'y faire! Ceux qui lui ont donné ce nom il y a plus de cent ans, ont voulu rendre hommage à sa solidité et à son exceptionnelle maniabilité! Tout en lui donnant un nom qui marque les esprits...

Il avait rengainé le sabre et s'était agenouillé devant elle pour lui tendre avec révérence.

Il a appartenu à mon père. Et au père de mon père avant lui, qui le tenait lui même de son père. Je n'ai pas de fils à qui le léguer. Prends en soin. Tu le mérites plus que nul autre.

Je n'ai pas de fils... Elle l'entendait encore prononcer ces mots.
Comment avait-il pu lui mentir à ce point? En la regardant dans les yeux? En cet instant rempli de solennité?
Elle avait été émue aux larmes et seul un imperceptible haussement de sourcil désapprobateur de la part de Saburo l'avait empêchée de laisser libre court à ses émotions.
Elle s'était, elle aussi, agenouillée et avait tendu les mains, le front dirigé vers le sol, les yeux baissés, pour recevoir le cadeau inestimable que lui faisait son maître, avec le respect et la reconnaissance qui lui étaient dus.


Domo arigato gozaimashita*. avait-elle dit dans un souffle, comme il convenait à une dame de la bonne société, ce qui ne manqua pas de faire éclater Saburo de son rire si communicatif.

Allons Kiku-san, point de cérémonie entre nous! Si tu te comportes comme une vraie femme, je ne pourrais pas te garder près de moi, quelqu'un finira par s'en apercevoir!

Xm s'était immédiatement prosternée, déposant le sabre à terre devant elle. Elle avait craché d'une voix ferme, comme il convenait à un homme. A un homme d'armes, qui plus est.

Sumimasen, Saburo sensei. Arigato gozaimasu...*

Voilà qui est beaucoup mieux Kiku-chan, avait -il rectifié affectueusement. Allons, redresse-toi s'il te plaît, viens t'asseoir près de moi...

Il l'avait prise dans ses bras et l'avait serrée contre lui.

Raconte moi encore une histoire de ton pays, ma fleur amère...

Il avait pris ses lèvres avec douceur et comme, pour une fois, ils étaient seuls dans la grande maison silencieuse, il s'étaient donnés l'un à l'autre sans craindre d'être surpris.

Les images, les sensations, les paroles, les voix, les odeurs... tout était si présent! Cela faisait pourtant une éternité.

Xm s'allongea sur le sol, une couverture pliée sous la tête. Elle serrait le sabre dans son fourreau luisant contre elle, avec la douceur d'une mère berçant son enfant. La nuit était tombée depuis longtemps et par la porte entrouverte Xm entendait les bruits des animaux nocturnes. Elle se mit à fredonner une petite chanson qu'elle avait apprise de Saburo.


Mine no arashi ka? Matsu kaze ka? Tazuneru hito no koto no ne ka?

Koma hiki tomete tachi yoreba, tsuma oto takaki — Soh fu ren. *


Domo arigato gozaimashita* formule extrêmement polie de remerciement.

Sumimasen, Saburo sensei. Arigato gozaimasu... : Je suis désolée vénéré maître Saburo. Merci (formule polie mais sans plus, si on peut dire).

Chanson de Xm : Kuroda Bushi
Est-ce le bruit d'une tempête dans les cimes? Ou est-ce le vent dans les pins? Ou se pourrait-il que ce soit le koto de celle que je cherche?

Il a arrêté son cheval et il a mis pied à terre,et il a écouté le son clair de son instrument qui parle de son désir pour son seigneur.



_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)