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[RP] Pars... mais surtout reviens-moi.... vite*

Dante.tommaso
    Que penser, que dire quand tout s’effondre autour de soi ? Bousculé, acculé contre cette évidence qu’il me fallait partir, je me bats avec mes propres sentiments pour ne pas m’effondrer. Depuis cette foutue rencontre avec ce prélat, depuis que je l’ai vu à moitié morte, une partie de moi s’est laissée crever… doucement mais inexorablement. Je voulais tant la prendre dans mes bras, embrasser son visage, caresser ses traits que je pourrais redessiner les yeux fermés, la bercer mais j’ai suspendu mon geste au dernier moment reconnaissant Nicolas comme le seul à pouvoir le faire, à pouvoir lui offrir, à pouvoir lui donner… Et ma hargne n’a fait que grandir, ma haine des autres est venue tel un poison s’infiltrer dans mes veines et j’ai rejeté tout le monde. Même ELLE…

Un verre de vin à la main, Dante dans cette taverne sombre buvait lentement. Son regard voilé de gris s’était posé sur les flammes de la cheminée qui se mourraient doucement… C’était un peu lui qui s’en allait lentement aux souvenirs qu’il se rappelait. Sa chute était devenue inévitable. Pourtant il n’était pas homme à s’embarrasser de remords et faisait souvent ce qu’il lui chantait mais là… là il ne s’agissait pas que de lui mais d’ELLE. Pouvait-il lui imposer ses choix, pouvait-il lutter contre les peurs et les faiblesses de sa sœur ? Il s’y refusait depuis quelques jours et avait pris cette ultime décision… il la laissait partir… Fermant les yeux pour chasser ce qui lui faisait mal, il ne trouvait aucune accalmie. La moindre pensée le rendait malade, le moindre souvenir lui arrachait le cœur, la moindre silhouette lui ressemblant le faisait basculer dans cet état second qui le conduisait vers la mort.

    Je n’étais pas là à ton réveil, je n’étais pas là pour te soigner… Je me suis enivré jour et nuit jusqu’à tomber, genoux à terre dans ma propre déchéance… L’amour fait mal ai-je dis un jour à l’oisillon, elle ne peut pas imaginer à quel point il est destructeur… J’avais rêvé un autre monde pour nous, je voulais… que voulais-je au final ? Avoir cette place que l’autre prenait doucement ? Pauvre Nicolas, il aurait pu être un ami mais au lieu de cela je l’ai haï dès le premier jour… Le voir de ses gestes te conquérir doucement m’est devenu peu à peu intolérable… La folie dans laquelle je m’enferme me broie et je m’éloigne… je fuis… Fuir ? Bien évidemment… Tu es la seule pour qui je le ferais… Plonger mon regard dans le tien m’est insupportable et je ne veux plus souffrir. Je préfère la mort à cette douleur cruelle que je ressens car rien ne peut la faire taire. Mes tempes cognent au rythme de ce cœur qui s’emballe… s’il pouvait s’arrêter… je pourrais me glisser dans ce calme à jamais… Combien de fois l’ai-je souhaité ces derniers jours ? Moi le cœur sur le fil du rasoir, mon esprit au bord du gouffre, je plonge dans les méandres de l’absurde en pensant que nous aurions pu avoir notre chance… Je t’aurais protégée des autres, je t’aurais tout donné à toi qui connais tous mes secrets même ceux les plus vils… j’avais l’espoir qui fleurissait à chaque fois que je te voyais mais en préférant la sagesse illusoire d’un mariage, je ne pouvais pas lutter… Je m’en suis rendu compte ce fameux jour où… Alors je me laisse partir… il n’y a plus que ça à faire…

Une nouvelle gorgée de ce précieux nectar qui lui mettait du baume au cœur, anesthésiant son esprit, Dante avait le regard perdu. Il s’enfonçait dans cette douceur imaginaire, il se laissait bercer par les saveurs qui venaient lui embaumer le gosier et lui offrir des souvenirs. Le soleil lui manquait, la mer aussi… son tumulte et son calme apparent… Il lui ressemblait tant… De ses colères à sa douceur, de sa folie perverse à son aplomb… sans cesse en mouvement, sans cesse l’esprit bouillonnant… Combien de fois ces derniers jours n’avait-il pas cherché à braver les interdits, combien de femmes n’avait-il pas connu pour l’oublier, combien de verres de vins n’avait-il pas bu pour se rendre inconscient et ne plus la voir à chaque fois qu’il fermait les yeux ? Mais après la tempête revenait le calme. C’était ce que son esprit était en train de lui faire vivre. Son cœur meurtri semblait vouloir renaitre comme ces premières fleurs qui tenaient tête à la saison et sortaient alors que la neige recouvrait encore la campagne. Mais c’était la peur au ventre, lui qui était si sûr de lui d’ordinaire, qui le tenaillait à le faire hésiter.

    Alors pourquoi je n’y arrive pas, pourquoi mes pas me ramènent sans cesse vers elle ? Certains appelleront ça de la faiblesse, moi j’appelle ça de l’amour. Aimer quelqu’un à en crever savent-ils au moins ce que c’est ? Quand plus rien ne compte dans votre vie que l’être aimé… j’ai voulu partir à plusieurs reprises, elle m’en a empêché à chaque fois… un mot, un geste… Nous n’étions pas prêts à nous séparer. Et malgré mon caractère de chien fou elle a tenu bon, elle s’est attaché à moi pour ne plus me lâcher. Mais aujourd’hui j’ai conscience que tout peut s’écrouler… Qui suis-je pour lui faire miroiter cette vie obscure, qui suis-je pour lui dire que je l’aime et que je ne veux plus qu’elle me quitte… qui suis-je pour lui faire endurer ça ? Les doutes m’ont assailli à nouveau… Ma vie n’est faite que de ces questions et de cette souffrance… je ne veux plus qu’on m’approche, je refuse le contact des autres… Même Ellis en a eu conscience et s’est éloignée à son tour… Je passe mes nuits dehors à jouer, à tenter le Malin qui pourrait m’apaiser… Et j’ai pris la décision de m’enfermer… mes doutes me bouffent, il faut que cela cesse…


Dante se passa une main sur le visage. Du choix qu’il avait osé faire, du rêve dont il lui avait parlé… il se maudissait intérieurement de lui avoir avoué cet espoir. Il ne savait même pas si cela en était en fait… Peut être juste une illusion pour ne pas voir sa vie partir en lambeaux. Sa nuque le faisait souffrir alors il passa une main sur ses muscles raidis et se massa doucement.


    Je n’ai parlé à personne et j'ai voulu passer quelques jours dans un monastère... Moi ? la bonne rigolade, je n'ai pas tenu une journée mais au moins je ne lui ai pas laissé le choix, je ne veux plus la faire souffrir… loin de moi elle est partie vivre sa vie… Ses pensées seront moins obscurcies par cette âme sombre que je me traine et qui l’empêche de se réaliser. Elle n’est pas à moi, elle ne le sera jamais… il me faut la laisser partir à jamais. Mais seul dans cette chambre, je n’ai pu faire autrement… A penser jour et nuit à elle, j’ai cédé à la tentation et je lui écris un courrier… Juste quelques mots pour lui parler de mes doutes, de mes rêves brisés, de ces angoisses qui sont miennes, de ce mal qui me ronge alors qu’elle est loin… Vivre sans elle je ne sais pas faire mais lui imposer mes choix… j’ai peur qu’à la longue elle ne m’en veuille, qu’un jour elle me reproche cette vie qui n’en sera pas une… L’amour… le vrai, le fou, l’absolu peut-il triompher de tout ? Je ne sais pas, je ne sais plus… je suis simplement perdu…



*Paroles de "Pars" de jacques Higelin

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Eliane_
Elle l’a vu s’enfoncer dans cette ruelle qui l’amenait vers les moines et ce sans comprendre son trouble. Ses iris sombres le fixe, impuissants. Son Malin s’éloigne et derrière ses lourdes portes, il la condamne à rester en retrait. Elle ne peut pas le rejoindre et elle ne le veut pas. Il avait besoin de souffler, il avait besoin de se retrouver et elle se devait de respecter ce désir. Depuis la pastorale, il n’était plus le même, distant, froid, fuyant, silencieux et renfermé…Il avait trouvé dans l’alcool et la perdition, un soulagement à ses maux et malgré son désir de l’aider, il n’avait de cesse de s’éloigner et de la repousser.
Toutefois, ses plaies pansées, la blonde avait redoublé d’effort pour se rapprocher de lui et ce malgré son envie incessante et brutale de la repousser. Il ne pouvait la fuir ainsi, il ne pouvait simplement pas vivre sans elle et cette évidence aussi poignante soit-elle, aussi contraignante soit-elle, était réciproque.

    Repousse-moi, blesse-moi, frappe-moi si cela te chante
    Car je sais qu’au fond tu réclameras bientôt pénitence.
    Un pas vers toi, un regard qui pèse, un geste sur ta peau et tu me haïs
    Tu brûles d’envie de m’étreindre mais celle que je suis devenue te déplait
    Ce fameux jour où je t’ai annoncé le mariage j’ai vu ton âme se briser
    Mais regarde-moi, je suis incapable de m’éloigner de ton âme torturée
    Alors que tu t’enfonces dans ces abysses, que tu t’enivres du parfum de la rage
    Je me ronge et me saigne et je comprends qu’il me faut tourner la page
    Ce fameux jour où enfin j’ai pu te toucher, t’effleurer et me lover dans tes bras
    Un avenir s’est peint, un nouveau chapitre dans lequel aucun de nous n’échouera.
    Alors pars, fuis, dans ce monastère, trouve dans ce calme cet apaisement
    Mais n’oublie pas qu’au fond de toi tu brûles sous le poids des sentiments
    Tu es un pécheur, un paria parmi des saints, ton monde est autre, il est malsain.
    Reviens-moi, hâte-toi et laisse-moi te ramener à la véritable Raison, celle du Malin.
    Respire, revis, tu n’as plus à porter seul le poids de mes décisions
    Regarde, je déchire sans regret ces pages d’anciennes résolutions
    Je t’en supplie concentre-toi sur cette esquisse à laquelle tu aspires
    Pour qu’enfin nous soyons les seuls Maîtres de ce nouveau chapitre.


Un frisson longe son échine, froid morbide qui envahit son être alors que celui qu’elle aime à en crever est derrière ses portes closes. Vide brutal qui s’introduit en elle, perfide venin de solitude et de douleur qui s’immisce dans ses veines. Elle ne le voit plus, elle ne sent plus et ne sait pour combien de temps…Des jours ? Des semaines ? Des mois ? Il ne pouvait lui imposer ce Mal qu’elle lui fera payer au quintuple.
Il s’éloigne et les condamne…Son cœur se serre et elle sait alors ce qu’il lui reste à faire…Ils se doivent d’y croire…Damnés ils le sont mais par cette voie qu’ils désirent emprunter, ils ne seront désormais que de vulgaires abominations aux yeux des croyants…

Les yeux se ferment un court instant, moment de silence et de réflexion alors qu’elle se dirige vers l’auberge. Les pas sont lourds, le regard quasiment vide, il n’y a alors que ce sentiment, ce malaise qui l’accompagne. Une gorge serrée, le ventre noué, l’inquiétude est là mêlée à la rage et à la passion.
Elle ne peut lui en vouloir car tout cela avait été les conséquences de ses choix, le trouble de son aimé est sien, sa perdition est celle dans laquelle elle l’avait poussé peu à peu. Son frère était voué à une souffrance qu’elle ne mesurait plus, qu’elle ne pouvait désormais contrôler. Il s’enfonçait seul dans les Abysses, toujours plus loin, toujours plus proche du Sans Nom…Là, au moins, entre ses quatre murs, son corps allait pouvoir être soulagé.

Désormais devant son bureau, plume, encrier et vélin posé sur le bois, elle inspire doucement. Il lui faut arrêter ce manège qui les entraine tout droit vers un précipice sans fin. Alors les mots se dessinent, l’encre est bue par le vélin et le poids de tout un chapitre s’écroule. Tout est alors déchiré, tout est broyé, brulé pour qu’enfin ils puissent renaître. C’est la fin d’un mariage, c’est la fin de plusieurs résolutions, c’est la fin d’un projet qui avait vu le jour alors que Sambre et elle, se vouaient à une vie de couple plus longue…Nicolas aura donc sa missive dans la soirée. Des paroles simples et concises qui n’appellent à aucune méchanceté et à aucun reproche, juste la mise en évidence d’une naïveté qui fut sienne, d’un trouble certain de ne pouvoir répondre à ses attentes…
Elle prend le temps de s’emparer de sa malle, de ranger ses effets et la chambre est prêtre à être rendue. Toute trace de son séjour aussi court soit-il n’est plus…Désormais son frère est chez les moines et elle se glisse dans une calèche pour rejoindre sa servante à quelques lieux de là. Un trajet placé sous le signe du silence…Première fois depuis qu’elle avait croisé Dante, qu’elle voyageait sans lui.
Un simple voyage de formalité pour rejoindre Naelys…Un voyage qui malgré tout l’éloigne physiquement de son frère….

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@citation de Joris-Karl Huysmans.
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Dante.tommaso
A peine sorti du monastère que Dante était retourné à l’auberge… Sa missive en poche, il avait hésité un long moment avant de lui faire parvenir mais tout ne s’était pas déroulé comme il l’avait espéré. Au lieu de cela, il avait appris qu’elle était partie mais que son futur époux aussi… La douleur avait atteinte son paroxysme… Il venait de se consumer de l’intérieur… Rien n’avait d’importance dorénavant, plus rien ne comptait, Eliane avait fait son choix sans doute guidée par son propre silence… Alors il avait finalement jetée dans la cheminée de sa chambre ce courrier qu’il avait écrit à l’ombre du monastère, lui confiant ses espoirs autant que sa souffrance, effaçant ainsi toute trace de ces confidences qu’il lui faisait. Cela ne servait à rien de lui faire sentir le poids de sa douleur, de la faire culpabiliser… Leur situation était déjà bien assez compliquée… Malgré tout, le Vénitien s’attela quand même à la petite table de sa chambre afin de lui envoyer un courrier, plus simple, plus court, plus… rempli de doutes malgré tout, il en avait conscience mais il ne pouvait pas faire comme si tout était normal dans leur vie.

    Dois-je tout te dire, dois-je tout t’avouer ? Je cherche encore à effacer cette culpabilité qui pourrait nous ronger toi et moi et je me torture en silence. Tant de questions viennent à moi et se fracassent dans ma tête. Je pourrais facilement remplir des pages et des pages de tout ce qui pourrait être nous et tout ce qu’il ne peut pas être à notre portée… le pour, le contre qui se révèle chaque jour un peu plus et m’étouffe à en crever mais je ne le ferais pas… Par pudeur, par nécessité, je ne le sais pas encore mais à ce jour, je ne pourrais t’offrir que peu mes émotions… j’ai encore trop mal à l’intérieur pour venir reposer entre tes mains tout ce qui me ronge… un jour peut être… un jour je serais peut être capable de t’exposer toutes mes souffrances mais pas aujourd’hui, pas encore… L’amour que je te porte et que je repousse chaque jour afin de ne pas t’entrainer avec moi dans la noirceur que pourrait être notre vie est si fragile… j’ai peur qu’un rien ne le brise, j’ai peur qu’un tout le détruise…


Reposant sa plume, Dante souffla lentement sur l’encre, séchant doucement les mots, les phrases, son cœur mis à nu en partie. Puis sa main légèrement fébrile maintint le vélin a proximité du regard afin de relire ce courrier.



Mia sorella*,

Je suis sorti du monastère ce matin, les cloches de l’église me vrillaient trop les tympans mais à peine revenu à l’auberge, je suis venu jusqu’à ta chambre pour constater qu’elle était occupée par un homme chétif et rabougri, aux cheveux d’argent et guère ressemblant à ma blonde de sœur. Alors a commencé pour moi la pire journée… j’ai cherché où tu pouvais être, j’ai cherché après Niccolo et puis j’ai appris qu’il avait quitté la ville tout comme toi… la peur m’a étreinte le cœur, j’ai senti la lame du désespoir me terrasser… Mais je ne peux me résoudre à te voir partir ainsi… Pas avec lui…

J’ai hésité un moment avant de prendre la plume pour t’écrire et puis je me suis dis qu’il était nécessaire de le faire… Je sais que je me sens perdu, je sais que tu comptes sur moi pour que je sois le plus fort, que je te guide à travers cette vie qui pourrait s’offrir à nous mais je me perds moi-même… J’ai peur que tu souffres, j’ai peur que le regard des autres te condamnes… mon amour pour toi sera-t-il assez fort pour nous deux, auras-tu toujours confiance en moi ?

J’ai tellement rêvé notre vie que j’ai peur de tout gâcher… Alors si tu es partie parce que tu crains le pire, je ne t’en voudrais pas… Je me ferais une raison, du moins je le pense mais donne-moi de tes nouvelles. Je ne t’ai pas trouvé pour que tu disparaisses un jour comme ça, sans me le dire.

Je pense à toi mio amore**… avec sincérité et espoir… Je pense à toi jour et nuit et j’espère du fond du cœur que le temps ne nous séparera pas.

D.


Que lui dire de plus ? Les mots étaient là, parlant d’eux-mêmes. Il ne voulait aucun mal à Nicolas, après tout, il aurait pu être un très bon mari mais Dante devenait égoïste avec le temps. Il la voulait pour lui au point de sombrer dans cette folie destructrice qui l’habitait. Oh oui, elle était son unique amour, personne ne pourrait jamais réclamer ses sentiments de sa part mais il préférait la voir heureuse que lui imposer sa propre décision. Alors il la laissait partir si tel était ce qu'elle désirait. Elle savait où le trouver le cas échéant, elle savait qu’en cas de danger, il répondrait toujours présent. Ne portait-elle pas sur elle la croix qu’il lui avait offert et ce malgré la douleur qu’avait fait naitre en son sein l’église ? Fermant les yeux Dante respira profondément, jetant négligemment la lettre sur le bureau tout en fermant les yeux, rejetant son corps contre le dossier du fauteuil dans lequel il était installé.


    Les doutes, encore et toujours m’assaillent… Dois-je lui faire parvenir ce courrier, dois-je me taire jusqu'à ma mort ? Si elle est partie avec Nicolas, c’est que ma place n’est plus près d’elle, c’est que son choix est fait, à jamais… Elle a besoin de lui, il va falloir que je m’y fasse, que je l’accepte… Peut être qu’il est temps pour moi de partir… Il me fallait aller à Venise de toute manière avec Lupino… sans aucun doute le signe que j’attendais. Dio mio… j’aimerais que tout s’arrête… enfin…


Se frottant les tempes sous un mal de crâne qui menaçait depuis quelques minutes de prendre racine pour un bon moment, Dante alla jusqu’à la fenêtre de sa chambre pour l’entrouvrir et respirer un peu d’air frais. Les poils de ses bras s’en trouvèrent immédiatement chahutés et se dressèrent sous le frisson qui se répandait dans son corps. Et avant qu’il ne change d’avis, le Vénitien fit demi-tour, attrapa la missive posée sur la table, la scella avec un peu de cire et la bague qui lui venait de son père puis appela Lupino.

- Tiens, trouve-la et remet-lui ce courrier… peu importe l’avenir, au moins qu’elle sache…


[Cheffe-cheffe Aldraien
Attention, ne pas oublier les traductions des mots en langue étrangère, pour être en accord avec les Règles d'Or. Bon jeu.]




*ma soeur
**mon amour
désolé, à force de mettre toujours les mêmes mots en traduction je les ai zappé

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Eliane_
Première escale après une journée entière de calèche, rien de plus désagréable pour elle qui peine à s’habituer à ce moyen de transport. Ça tangue, ça remue et impossible pour elle de réfléchir. Enfin, peut être que c’était le mieux après tout…Posée contre le dossier, les jambes étendues sur le fauteuil, elle attend la fin de ce trajet infernal. Les yeux se ferment un court instant et elle vide son esprit comme elle peu. Pourquoi diable était-il entré dans l’Eglise pour faire cette retraite, avait-il donc des doutes ?...Si tel était le cas, elle préférait enfumer son esprit des heures durant.

Le cochet s’arrête et elle patiente. Apparemment ils étaient enfin arrivés. Le sourire alors se dessine sur ses lèvres et elle ne se fait pas prier pour descendre. La blonde s’empare de sa malle, paye le cochet, lui demandant d’être là d’ici quelques heures le temps qu’elle puisse se reposer, se nourrir et se remettre de ce premier trajet. Elle prend donc la direction de la première taverne qui se présente à elle, qui s’avouera être quelque peu miteuse. Eliane s’installe, commande un bon repas chaud ainsi qu’un petit pichet de vin. La malle à ses pieds, elle se masse légèrement la nuque afin de détendre ses muscles et apaiser ses tensions. Geste qui lui est propre, souvent là pour présenter un malaise, une simple fatigue ou une certaine lassitude. Le tavernier lui apporte sa commande et elle soupe tranquillement.

Son regard porté vers la porte d’entrée attend qu’elle soit poussée, qu’une âme enfin se présente pour qu’elle puisse au moins discuter. Puis finalement, c’est à la fin de son copieux repas qu’un homme vient à pénétrer les lieux. Des habits de qualités mais il ne semble pas vouloir s’étendre sur sa fortune ou ses responsabilités, elle est presque contrainte de les lui arracher les vers du nez.
Un duc, rien que ça et ce qui sut lui plaire était justement cette véritable modestie et ce caractère plutôt discret. Il n’était pas de ceux qui jouaient des titres bien au contraire…Elle sourit un court instant, ils échangent quelques mots et la Bretagne réclame à nouveau son Duc…A nouveau seule, elle inspire doucement et descend le pichet de vin. Loin d’être du chianti, mais cela restait tout de même buvable.

La porte est à nouveau poussée, le seuil franchit et c’est un autre homme qui s’avance vers elle…Un mâle qui n’hésite pas à lui faire un certain rentre dedans, la forçant à se masser la nuque tant il la mettait mal à l’aise. Ce n’était pas la première fois que ce genre de situation venait à se produire sous ses yeux mais vu le peu d’intérêt qu’elle portait à la gente masculine, elle finissait en général par mettre un point final à la discussion et à ces lamentables tentatives. Au mieux pour le coup, elle avait su gagner un moment de détente en réalisant un petit croquis pour ce dernier. Un geste qui voulut être récompensé…Toutefois, connaissant trop bien les idées de certain, elle s’empara de sa malle et regagna simplement la calèche. Qu’importe la politesse, elle avait que faire.

A peine arriva-t’elle près du véhicule, qu’elle vit un homme au trait désormais familier…Lupino ? Que diable faisait-il ici même ? Pas le temps de comprendre, pas le temps de demander qu’il lui remit simplement une lettre…Elle retire immédiatement cet amas de cire, sentant son cœur battre la chamade.
Qui d’autre que son frère pouvait lui envoyer Lupino..Il était donc sorti ? Etait-il arrivé quelque chose de grave ? Pourquoi cette lettre ? Avait-il commis l’irréparable en remarquant son départ ?...Tant de questions qui trouvent finalement une réponse au fur et à mesure de la lecture…Le souffle revient, le cœur se calme et les sueurs froides se dissipent. Il n’y avait aucun mal, aucune raison de s’inquiéter de la sorte…Ce fut ce qu’elle pu considérer comme une bonne nouvelle…Il était enfin sorti, il avait remarqué pour le coup son absence mais…ses inquiétudes étaient palpables…Il la pensait avec Nicolas…Jamais au grand jamais, elle n’aurait pu l’abandonner…

Mon ami, laisse-moi quelques minutes que je me pose à nouveau, je te rédige la réponse…Il faut la lui faire parvenir au plus vite….

Oui, la lui ramener avant qu’il ne fasse une connerie, avant qu’il ne se croit abandonné et rejeté…Elle regagne donc l’auberge, sortant vélin, plume et encre et s’empresse de lui écrire. Il lui faut poser les mots, il lui faut le rassurer et soulager son être de tourments inutiles…Non, elle n’était pas avec Nicolas au contraire, elle tentait même de l’éviter…Quitter la ville était la chose la plus logique à faire, supporter Marie et son comportement de sainte ni touche, non…Affronter à nouveau le regard de Nicolas après qu’il ait lu la lettre, certainement pas…Attendre le retour de son frère et se ronger les sangs ?...Non...Elle devait s’occuper pour ne pas s’effondrer…Finalement la lettre est écrite en peu de temps…




Mio Fratello, mio Amore…*Mon frère, mon amour

Rassure-toi et apaise-toi...

Tout d'abord, tu ne peux imaginer la joie que tes mots me procurent, non que je me satisfasse de ce malheur qui est tien, mais simplement que j'étais forte inquiète en te voyant t'enfoncer dans cette ruelle qui te conduisait au monastère.

Pourquoi y es-tu allé ? Pour combien de temps ?
Je ne sais alors je me suis dis que c'était car tu avais besoin de réfléchir...
Alors j'ai voulu respect ton besoin et je me suis occupée ailleurs. Je suis donc en route pour retrouver Naelys qui arrive à Laval bientôt. Ne t'en fais pas, j'ai pris soin de demander un LP pour mon séjour dans le Maine.
Du coup, nous resterons à Laval, le temps que tu arrives avec Ellis.

Quant à Nicolas, je ne suis pas en route avec lui, je suis d'ailleurs surprise qu'il ait, lui aussi, quitté la ville, cela veut donc dire qu'il est à Fougères à n'en pas douter. C'est le chemin le plus court et le plus saint pour quitter la Bretagne. Chiabrena...*chiure de …
La réalité est ainsi...

J'ai osé mon frère, j'ai fait le grand saut et j'espère que cela, saura apaiser tes doutes et confirmer toutes la confiance et l'amour que j'ai pour toi...
J'ai trouvé la force ou du moins le courage d'écrire à Nicolas, des mots simples et clairs, lui expliquant simplement que je ne serai jamais cette femme qu'il attend de moi...
Peu de temps après la réception de ton courrier, il m'a par ailleurs répondu en toute gentillesse qu'il n'avait pas su voir ce malaise, qu'il en était de même navré et qu'il espérait que je trouve mon bonheur dans la voie que j'aurai choisie et qu'il espérait de temps à autre, de mes nouvelles...

Une nouvelle vie commence pour nous, une vie qui ne sera pas évidente à cause des rumeurs, des regards, mais ça je le sais et sache que je ne te demanderai plus de porter à toi seul, tes fardeaux et les miens...
Nous sommes deux, unis, marqués, amoureux et confiants.
Ma confiance en toi est absolue, mon amour tout autant.
Je sais que tu feras un bon père, je sais que tu seras l'homme dont j'ai besoin pour ma première fois, tout comme je sais que la liberté et le Malin sont ce qui nous réunit.
Ne soit donc pas inquiet pour mon départ, ce n'est là qu'une simple formalité.
Je me devais de la récupérer et de la remettre sur les rails...
Je suis sûre qu'après avoir eu autant de liberté, je vais devoir reprendre toute son éducation...

Alors mon frère, mio amore, mon unique...*mon amour
Rejoins-moi quand tu le désires, que l'on puisse enfin s'embrasser et que je puisse à nouveau te toucher...
Je veillerai désormais sur toi...Je n'ai aucun doute quant à notre avenir et ma force retrouvée, me servira à soulager de tes épaules le poids des peines qui te rongent...
Prends soin de toi, Dante...
Que le Malin veille sur toi...


La lettre est alors glissée entre les mains de Lupino, pas de crainte à avoir, il sera la lui rendre en temps voulu.

Lupino, je serai à Laval demain. Je vous y attendrai tous…Apaise-le comme tu peux...Je vais bien vois-tu…Dis-lui que je l’embrasse…

Les indications sont données et il lui faut déjà s’en aller. Le cochet la presse et la malle est remise dans la calèche." Reprends ta monture Lupino..hâte-toi je t’en conjure"…Elle ferme la porte, s’installe à nouveau, doucement sa main se porte sur la croix en or qui orne son cou…Il était sorti, il était troublé mais qu’importe…Il allait bientôt revivre…Elle y veillerai…

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@citation de Joris-Karl Huysmans.
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Dante.tommaso
Lupino était revenu non sans prendre son temps. Courir était une chose, s’éreinter en était une autre et le brun n’était pas d’humeur à faire plus. Trouvant Dante à l’auberge du coin, s’enivrant comme souvent ces derniers temps, Il l’observant en soupirant tout en avançant jusqu’à lui et sans rien dire, il posa la lettre devant lui en prenant place face à Dante. Sa main attrapa le verre du Ceresa pour boire d’un trait le contenu.

- Vous jouez à quoi tous les deux ? A me faire courir d’un endroit à un autre ? Non parce que si c’est ça, je te préviens que tu te trouveras quelqu’un d’autre Tommaso… Et ne joue pas à la forte tête avec moi ! Regarde ce que tu deviens… plus que l’ombre de toi-même… ça va mal finir tout ça, je te le dis depuis le début… elle a voulu te tuer, elle y arrivera d’une manière ou d’une autre !


Se redressant sur sa chaise, Dante écoutait son ami de toujours. Il avait été de bons conseils jusqu’à maintenant mais là il avait du mal à admettre ce qu’il disait.

- Lupino tais-toi avant que l’on se fâche toi et moi… tu sais que je ne le souhaite pas mais… ne dépasse pas les bornes, pas avec moi !

Regard noir du Ceresa lancé vers son frère, il attrapa la lettre avec violence et la déroula pour la lire tranquillement. Cependant, il colla le pichet de vin devant le nez de Lupino histoire de calmer ce dernier. Depuis quelques temps, Lupino se montrait moins conciliant lorsqu’il s’agissait de sa sœur mais l’avait-il été au moins ? Dante observa longuement cet homme qui vivait à ses côtés depuis si longtemps et avec lequel il avait partagé tant de choses, malheureuses ou heureuses. Il avait toujours été la voix de sa conscience et aujourd’hui cela lui faisait mal de voir qu’ils étaient en train de se perdre…

Dante poussa un soupir profond et désabusé. La chienne de vie ne l’épargnait pas ces derniers temps et il maudissait une fois de plus sa mère pour ce qu’elle avait fait… Si au moins elle l’avait épargné de toutes ces révélations, mais non il avait fallu qu’elle distille son venin comme elle le faisait si bien depuis qu’il était enfant… Tendant son verre qu’il venait de reprendre à Lupino, il lui demanda âprement.


- Dammi un po 'di vino….* Et puis son ton finit par se radoucir naturellement en levant ses azurs sur lui… per favore**

Il n’en voulait pas à Lupino pour son esprit de contradiction et ses remontrances. Il savait qu’il agissait pour son bien. Après tout il était l’aîné, celui qui avait le plus vécu, celui qui savait, celui qui… Dante n’était qu’un chien fou qui attirait les ennuis aux siens depuis tant d’années et Lupino avait toujours veillé sur lui mais là… la situation avait pris une tournure bien différente. Un autre regard sur le brun et Dante ferma les yeux en soupirant avant de se lever.


- Je monte dans ma chambre… je dois réfléchir à tout ça et puis… demain on pourra peut être prendre la route pour voir ce que ça donne… je sais plus vraiment où j’en suis et j’ai besoin de repos…


La main de Dante chercha le vélin de sa sœur et le prit avec fermeté. Il voulait lire et relire ses mots qui avaient dansé devant ses yeux quelques minutes plus tôt mettant un peu de baume sur son cœur meurtri. Puis il fit quelques pas avant de se retourner.

- Lupino, nous parlerons plus tard mais ne m’abandonne pas, pas après ce que l’on a vécu toi et moi…


Mise en garde ou simplement souhait, Dante ne savait plus vraiment. Il prit la direction de sa chambre et une fois la porte passée, il se laissa tomber sur son lit pour s’enivrer des phrases qui le rassuraient. Jamais il n’avait été ainsi, jamais il n’avait touché le fond comme en ce moment et il voulait y croire… croire que tout serait possible, croire que le monde leur ferait une place malgré tout. Il suffirait… Dante échafauda des plans, des stratégies, des mensonges pour berner le monde et il finit par s’endormir sur ses pensées….


Le réveil fut brutal, sans douceur, le sol de la chambre se montra bien dur avec le visage du Ceresa. A force de bouger dans son sommeil, Dante avait atterrit sur le parquet. Poussant un juron, il se leva avec peine encore dans les brumes matinales et les vapeurs d’alcool. Sa bouche était pateuse, son haleine de chacal aurait tué n’importe quel ennemi à la ronde aussi, décida-t-il de faire un brin de toilette avant d’opter pour une éventuelle pensée rationnelle.

L’eau froide sur son visage lui permit de reprendre ses esprits mais lorsqu’il leva sa tête en direction du miroir, Dante serra les mâchoires. Ses traits étaient tirés, son visage semblait avoir pris des rides, il avait maigri… Et les paroles de Lupino lui revinrent en mémoire… « Tu n’es plus que l’ombre de toi-même… ». S’il avait douté la veille c’était qu’il était sous l’effet du vin qu’il appréciait tant mais là… là il n’y avait plus de doute. Levant ses mains devant lui, il se rendit compte du tremblement qui se manifestait sous ses yeux.


- Merd.a….*** Souffla-t-il avant de se retourner pour aller ouvrir la fenêtre et respirer l’air frais… Il fallait faire quelque chose, il ne pouvait rester ainsi… tout s’était effondré et il ne savait plus vraiment par où commencer pour tout reconstruire, se reconstruire… le Vénitien ferma les yeux pour repenser au trouble qu’il avait ressenti la veille… Oui mais est-ce que cela suffira pour…

S’installant à son bureau, il estima devoir faire réponse à ce courrier. Malgré ses pensées entremêlées, sa sœur méritait une réponse rapidement…



Mia sorella, Eliane…

Tes mots, tes dernières phrases ont trouvé en mon cœur cet écho que j’attendais depuis si longtemps que tu ne peux pas imaginer le bonheur que je ressens à te lire… mon corps frémit, mon cœur s’emballe, ma tête explose… j’aimerais tant que tout soit sans soucis désormais, j’aimerais que nos vies soit emplies de joie et de bonheur… Pourtant…

Pourtant je vais te décevoir, je vais te faire du mal, je le sais d’avance… Eliane, il est dur pour moi de coucher ses mots sur ce vélin mais je ne peux faire autrement… Je ne viendrais pas te rejoindre… j’ai besoin de me reprendre, j’ai besoin de m’éloigner de tout et de tous… Nos vies sont… nous avons bouleversé l’ordre établi en nous aimant et jamais je ne le regretterai mais aujourd’hui, je ne suis plus personne… je suis une ombre errante, une âme en peine… je pensais que de te retrouver m’apaiserait mais c’est pire encore… Je me torture, je pense à ces lendemains qui peuvent déchanter… Alors ce soir je ne serais pas au rendez-vous, ce soir je ne serais pas à Laval… Pars de ton côté, fais ce que tu dois faire sans moi… la vie nous a fait un cadeau empoisonné et j’en mesure les conséquences aujourd’hui…

De savoir la douleur que je t’inflige en t’avouant ses mots me brise et m’anéantit mais je ne reviendrais pas sur ma décision… Je ne le puis, j’en suis désolé…

Je finirai sur une note bien banale en te disant de prendre soin de toi… je sais que tu ne m’écouteras plus mais je te le dis quand même…

Addio mia sorella


Dante fit porter le pli par coursier puis il revint à l’auberge pour préparer ses affaires… il allait retourner vers le sud, réapprendre la mer et le vent, partir en voyage… et peut être que d’ici quelques mois, il reviendrait parmi les vivants... Peut être...



*Donne-moi un peu de vin
**s'il te plait
*** Merd.e

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Eliane_
Réveil habituel bien que solitaire, espoir encore en tête et pourtant tout bientôt va s’écrouler. Le coursier avance vers l’auberge, Eliane s’occupe de la paperasse du Purgatoire. Dans son esprit, les mots de cette dernière lettre, l’espoir…simple, perfide, traître…Le coursier franchit le seuil de la taverne, Eliane effleure du bout des doigts la croix de son frère, pathétique amoureuse…naïve, heureuse, damnée.
Le coursier vient frapper à sa porte, le temps s’arrête et un haussement de sourcil est visible sur son visage. Il s’agit de la marque de son frère et pourtant, ce ne sont pas les traits de Lupino, soupçon immonde, poignant, terrorisant. Elle lui laisse quelques écus pour le remercier de son travail et Eliane ferme la porte derrière elle.

Un frisson monte le long de son échine, sueur froide. Les mots sont lus, relus pour mieux les assimiler. A chaque lettre une douleur, à chaque mot une souffrance, à chaque fois que son esprit finit par assimiler la portée de ces mots, le cœur se serre…Incompréhension, affliction.

C’était donc ça la souffrance qu’un homme peut causer…

Le corps devient tremblant et elle s’installe sur sa couche. Loin d’elle l’envie de se recroqueviller sur elle-même tel un agneau blessé, loin d’elle l’envie de crier cette douleur infâme qui lui écrase le cœur, loin d’elle l’envie de lutter contre cette réalité qui la frappe en plein visage…
Espoir…Avenir…Amour…Non, tout cela n’a plus de sens, piétiné, broyé par le poids de ces mots, par le poids de ces aveux.

C’était donc ça la souffrance qu’éprouvait sa mère.

Eliane se souvient encore d’elle, assise devant son bureau, les larmes coulant sur ses joues pour heurter le vélin où une plume masculine s’était posée. Les jours passaient et les lettres se faisaient rares jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus qu’une. Déjà enfant elle voyait ce trouble qui dévorait sa mère, cette folie qui l’envahissait, la douleur de l’Amour impossible…La douleur causée par l’Homme. Une mère amicale et joviale devenue renfermée, une femme radieuse et aimante devenue solitaire et terne, un être devenu sans espoir et sans envie aucune, une ombre glacée et pendue libérée d’un chagrin mortel. Elle avait assisté à cette décadence, elle était aux premières loges, impuissante, haineuse, jusqu’à ce que le Couvent l’éloigne du funeste choix de sa mère…

Dante…Son unique, son Mâle…Elle relit une dernière fois la lettre puis la laisse tomber au sol. Les yeux se ferment, la mort commence déjà à devenir une vile tentatrice…Lâcher prise, rejoindre Sambre, abandonner tout Espoir …Naïve, idiote, gamine…L’exemple de sa mère aurait dû être parlant…Les prières des moines frappantes…On ne voue pas sa vie au Malin sans en payer le prix…On n’aime pas ainsi avec une telle passion, une telle rage sans ignorer une possible fin…

Les larmes n’arrivent pas, ne coulent pas et pourtant elle souffre suffisamment pour vouloir déverser un torrent. Pourquoi ?...Pourquoi la gorge se serre, la brûle, pourquoi les yeux lui piquent sans pour autant qu’elle puisse soulager son être ?...

Son aimé…l’Unique qui aura su égaler Sambre, l’Homme pour qui elle s’était rattachée à la vie…Celui qui faisait entièrement partie d’elle…Lien fatal, lien étroit…Lien à la maille si cassante…

Les poings se serrent, la rage est le plus infecte des parfums. Elle se haït d’aimer autant un homme qu’elle n’aura eu de cesse de conduire à sa perte…Elle se haït d’avoir osé croire à l’Espoir, elle qui chaque soir flattait le Malin…Elle se haït d'avoir tant détruit le seul être qu'elle aime et qui lui insuffle la vie...

Sans un mot, elle saisit la dague…
Sans un mot, elle retire sa botte pour découvrir sa cheville…
Sans un mot, elle observe cette scarification faite par celui qu’elle aime encore à en crever…
Sans un mot, la lame s’enfonce, la douleur naît, forte, vivace, emportant avec elle cette peine qu’elle n’arrive pas à extérioriser…
Sans un mot, le « D » n’est plus…
Sans une larme…Le corps de la blonde se ronge de l’intérieur...

"Qu’importe la mort désormais…Que le Malin me cueille sans attendre…Qu’enfin les espoirs cessent…"
Illusions trop douloureuses, aimée…aimante…amante…mère…Non, trop de maux, trop naïve….Trop maudite…Il n’y aura plus aucun rêve, plus aucun désir…

Impossible pour elle de répondre à cette lettre…Sa main retire le collier qui orne son cou, le cadeau de son aimé, de son frère, celui qu’elle devait porter et lui rendre le jour où elle aurait de graves ennuies…Elle la pose sur la couche, l’abandonne…Elle lui a causé assez de mal….

L’Amour passionnel détruit…
L'Espoir illusionne…
La Haine ronge…
La Femme brise…

Encore ? ….Non…Cela en est assez…

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@citation de Joris-Karl Huysmans.
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