[Lodève, le jour du départ.]
La joie, l'ivresse des retrouvailles avaient à présent laissés place au désespoir. Mandorrallen n'avait plus sa place dans la vie d'Eleo. Tout ses projets, ses rêves, ses désirs avaient volés en éclat à l'instant même où la belle avait mit fin a leur relation. L'avenir qui étaient alors parés de couleurs chatoyantes lui paraissait a présent terne et sans saveurs. Eleo n'existait plus, elle avait bien trop changé, tout comme sa vision de la vie. La belle femme blonde et innocente qu'il avait rencontré un an auparavant avait laissé place a une autre femme, tout aussi belle et désirable, mais désormais farouche et indomptable. Et pourtant Mando l'aimait à l'égal des premiers jours. Seulement cela n'était plus réciproque...
Plus rien n'avait d'importance à présent. Le voyage, son installation a Genève... Il n'en était plus question. Tout n'était plus que poussière, Sa vie avait un gout amer, celui de la défaite, celui de ne pas avoir été à la hauteur. Alors même qu'il songeait à son amour perdu, d'autres pensées, infiniment plus sombres, plus violentes, plus sournoises s'imposèrent à lui. Il ne les connaissait que trop bien et ne tenta pas de résister. A quoi bon maintenant qu'il avait tout perdu. N'étais ce pas au contraire le moment de céder? Le moment d'oublier ce qui faisait de lui un homme? Alors même qu'il envisageait cette possibilité, les murmures s'intensifièrent... le faisant penser a ce que serais sa vie sans cette façade qu'était la bienséance, la générosité, la courtoisie, la tendresse, l'amour... l'humanité. Une vision troublante qui l'attirait de plus en plus. Oui, il devait changer, forcer sa nature.
Le visage d'Eleo s'imposa soudainement à lui, mettant fin à sa plongée involontaire dans les bas fonds de la nature humaine. Comment avancer s'il se cantonnait à vouloir vivre au passé? Il ne la récupérerait plus, il le savait. Elle et Lui était bien trop différents, et si lui s'en accommodait parfaitement, elle n'était pas satisfaite. Une sensation étrange le tira de ses pensées. Une sorte de langueur le gagnait...
Un liquide chaud coulait le long de sa main. Il ne se souvenait pas s'être blessé, pas plus qu'il ne se souvenait avoir sortit le poignard qui venait de lui entailler les veines. Il songea un moment a paniquer, mais se rassura finalement. C'était probablement au mieu, oui, c'était dans l'ordre des choses, ainsi ne serait il plus tenté de retrouver son Eleo... qu'il venait de perdre a jamais. Avec un détachement non feint, Mando observait le sang qui coulait lentement sur le sol, un léger sourire indéchiffrable flottant sur ses lèvres...