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[RP] Où l'on cherche quelque chose, assurément.

Rosalinde
[Dijon, dans une auberge quelconque, voire miteuse]


La Rousse enrage, et se demande comment ses écus ont pu fondre aussi vite. Ne lui en restent plus que vingt, à peine de quoi se nourrir décemment et régler la note de cette chambre minable. Le valet, renvoyé, le cheval, revendu. Les vêtements ? Au feu, après qu'elle soit passée trop près d'un lépreux. Il valait mieux être prudent et ne pas abîmer son si joli corps, le plus visible des atouts dont le Très-Haut lui avait fait don à sa naissance. A moins que cela ne fusse la Sans-Nom ? Qu'à cela ne tienne, elle en avait soupé de ces bondieuseries.

Assise à sa table, éclairée à la lueur d'une chandelle suintante de graisse, elle contemple fixement une liste, qu'elle avait soigneusement recopié.


Citation:
    - Angelyque de la Mirandole
    - Armoria de Mortain
    - Charlemange von Castelmore-Frayner
    - Le beau Cardinal
    - Erik de Josselinière & Fitzounette de Dénéré-Penthièvre
    - Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg
    - Theodomir de Hennfield
    - Vaxilart de la Mirandole
    - Athanase Serwane Damase Basile Maathis
    - Esyllt Catarina de la Louveterie
    - Eusaias de Blanc-Combaz & Agnès de Saint-Just
    - Lenada de Valmont
    - Miguaël-Enguerrand de la Louveterie-Montfort
    - Saxaltesse & Saxotenor de la Clairière-Chantante
    - Uruk de Margny-Riddermark


Comment savoir à qui ... ? Allait-elle devoir tirer au sort ? Elle n'aurait point assez d'argent pour écrire à tous, et puis de toute manière cela serait totalement stupide. Et stupide, elle ne l'était pas. Loin de là. Elle pouvait aussi prendre le temps de se renseigner sur chacune des personnes de cette liste, oui... Mais d'ici à ce qu'elle obtienne suffisamment d'informations, ses 20 écus se seraient envolés, et il était hors de question qu'elle travaille pour se renflouer. Tout travail des champs ou à la mine aurait abîmé ses belles et blanches mains, et il était hors de question qu'elle vende son corps. Elle n'était pas une catin, elle était pire.

Alors comment savoir ?!

Sans doute en demandant un avis. Subjectif, certes. En en demandant plusieurs, peut-être, pourrait-elle obtenir un panel de réponses suffisant. C'est ce qu'elle allait faire.

Plume en main, rédaction d'un total de 5 lettres, sur un parchemin découpé en 5, inutile de perdre de la place inutilement quand on est fauchée comme les blés. L'écriture est soignée et assurée, trahissant l'érudition de l'auteur, toute en courbes et en finesse. A l'image de Rosalinde, assurément.


Citation:
    Ma question va paraître curieuse sans doute, mais n'ayez crainte. J'ai simplement besoin de savoir qui, pour vous, est le plus vil et le plus fourbe des Ducs, Duchesses, Vicomtes ou Vicomtesses de Bourgogne. Avant de s'insérer dans le monde, il est toujours bon de savoir sur quelle route éviter de se placer.

    En vous remerciant,

    R., fraîchement Dijonaise.

    PS : Réponse à remettre au porteur.


Ces cinq morceaux de parchemin en main, la belle fait une descente dans la salle commune de l'auberge, servant de taverne, dans laquelle se pressaient nombre ivrognes et quelques catins en recherche de client. Moue dégoûtée au visage, voilà Rosalinde qui se dirige vers deux mômes, attablés devant une chope de bière, sans doute payée par les fruits de quelque larcin. A celui d'entre eux qui avait l'air le plus débrouillard elle s'adresse :

- Va donc porter ces lettres, à cinq des bourgeois les plus notables de la ville. Pas de nobles, entends-tu, des notables. A chacun, il faudra que tu attendes une réponse, sauf si bien sûr ils refusent de te la donner. Tu seras grassement récompensé.

Et, sourire malicieux aux lèvres, la Rousse de lui faire miroiter quelques pièces. Il n'en fallut pas plus au gamin pour filer, après avoir fini sa chope cul sec. Rose, elle, regagna ses pénates.
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Arambour
-Une madame m'a dit de r'mettre c'te lettre à des notables d'la ville. Moi j'sais pas c'que c'est un notable madame, alors j'vous en donne une ! Y m'faut une réponse sinon j'aurai pas mes sous !

Tout fraîchement élue Bourgmestre de Dijon, la Manille n'avait pas encore eu le temps de traverser la ville pour reprendre possession du bureau qu'elle avait abandonné il y a quelques mois, qu'un gamin venait de s'approcher d'elle en lui tendant une bout de parchemin et en lui disant que si elle ne répondait pas, il n'aurait pas d'argent. Les émeraudes se fixèrent sur le jeune garçon qui, à première vue, n'avait rien de bien méchant, un gamin des rues payés quelques pièces pour une commission sans grande importance. Se saisissant de la "lettre", la Favette la parcourut rapidement et ne pu empêcher un haussement de sourcil flagrant. Demander à Bourgogne elle même ce qu'elle pensait des nobles de sa province relevait de l'affront ou de la folie, ce qui expliquait assez bien pourquoi celle qui avait écrit ceci n'avait pas signé de son nom, mais de sa simple initiale. D'un autre côté, elle n'aurait jamais imaginé que son pli arrive jusque dans les mains du Héraut de Bourgogne, cela aurait pu être n'importe quoi, puisque le garçonnet avait dit lui même qu'il ne savait pas ce qu'était un notable.

Prise d'un semblant de pitié pour le porteur du parchemin, elle l'invita à entrer le temps qu'elle rédige une réponse. Lui proposant de s'asseoir, elle lui tendit une tasse de tisane, elle n'avait que ça d'une part, et d'autre part, elle n'aurait pas imaginé une seule seconde que ce fameux garçon venait de s'enfiler une chope de bière.


Citation:

    Je crains que votre coursier n'ait point choisi la meilleure destinataire pour votre pli, néanmoins j'ai cru comprendre qu'il ne serait point payé s'il n'obtenait point les réponses. Votre question me parait pour le moins curieuse en effet, d'autant plus que ma charge m'interdit de porter un quelconque jugement partial sur les nobles de la marche bourguignonne, me devant d'être tout à fait objective les concernant. Pour autant, s'il s'agit de la route que vous comptez suivre & du fait que l'autre fonction que j'occupe depuis peu m'oblige à prendre en considération toute demande émanant d'un dijonnais afin que celui ci emprunte la voie dans laquelle il sera le plus à l'aise, je me dois de vous répondre. Pardonnez d'avance le fait que je ne saurai vous donner qu'un seul nom, beaucoup ayant leur part de vilenie qui leur est propre.

    Sa Grâce Angelyque de la Mirandole, sait ce qu'elle veut & ne reculera devant rien pour l'avoir, quitte à passer outre quelques règles de bienséances qui font pourtant parti des devoirs même des nobles. Dernièrement, une affaire avant l'ancienne régnante de Bourgogne n'a point dû laissé sauf son honneur. Je dois vous avouer cependant que je n'ai guère suivi tout cela, j'avais bien des retards à récupérer au sein de mon office.

    Sa Grâce Erik de Josselinière, s'il est encore concevable de le nommer ainsi, n'a aucun respect pour la noblesse bourguignonne qu'il se devrait pourtant de représenter. Ce dernier n'a point mis les pieds en salle du trône pour prêter allégeance depuis bien quatre mois. De plus, il est l'époux d'une angevine, rien de fort engageant par les temps qui courent.

    Sa Grâce Eusaias de Blanc Combaz est très certainement le pire de tous. Grand amateur de coups bas, mieux vaut-il être de ses amis que de ses ennemis, sous peine de n'avoir aucun répit avant le jour de la mort de l'un des deux protagonistes. Il est fort réfléchit & cache bien son jeu, ce qui lui permet souvent de s'en sortir avec le beau rôle.

    Madame la Vicomtesse Lenada de Valmont n'est point vil, ni fourbe, elle ne pourrait guère se le permettre. Pour autant, il est toujours de meilleur augure de se trouver du côté de ses amis, sous peine de se voir cribler des rumeurs les plus saugrenues. Rumeurs qui ont eu le don d'éteindre la certaine vie paisible qui s'écoulait pendant un temps à Dijon. Fort heureusement, celle ci revient peu à peu.

    Je pense avoir fait le tour de votre demande & j'ose espérer que cela vous aidera à vous orienter, bien que je ne comprenne point tout à fait le cheminement de votre pensée.

    A.


Sait-on jamais, la Démesquine laissa le moins de détails possible qui laisseraient présumer que c'était elle qui avait rédigé cette lettre. Elle ne savait point à qui elle avait à faire finalement, peut être un sbire de l'un des nobles qu'elle avait pu cité dans cette lettre, alors mieux valait-il ne pas signer de son nom, bien que son écriture commençait à faire le tour de la Bourgogne. Elle reposa ses yeux de jade sur le jeune garçon qui n'avait pas bougé de son siège et qui n'avait pas touché à sa tisane soit dit en passant, puis elle lui tendit la lettre avant de lui dire :

-Les notables n'ont point de couronne gamin. Allez file donc donner cette lettre à qui de droit !
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Aryanha
Le tribunal…un lieu qu’elle connaissait depuis de longs mois. Elle y restait souvent enfermée, la tête penchée sur des montagnes de dossiers. Mais ce jour là, sûrement la douceur d’une journée de fin d’hiver qu’un soleil prometteur réconfortait, Aryanha sortit plus tôt de son office pour se heurter à un gamin…crasseux !
Elle ouvrit de grands yeux étonnés et eut un instant de recul. L’air répugné, elle observait le garnement. Moins surpris qu’elle, il lui adressa une missive :


Yé m’dame l’juge, l’garde là-bas lé un ribaud, moi j’vous dis m’dame ! Il voulait m’toquer, suis pas vaurien, suis com…suis commissio…suis messager moi, vot’rHonneur !

La vénitienne soupira et leva un sourcil curieux vers le gamin. Elle prit la missive…délicatement, et la déplia du bout des doigts, sait-on jamais avec ces souillons ce qu’on pouvait attraper comme miasme.





Ma question va paraître curieuse sans doute, mais n'ayez crainte. J'ai simplement besoin de savoir qui, pour vous, est le plus vil et le plus fourbe des Ducs, Duchesses, Vicomtes ou Vicomtesses de Bourgogne. Avant de s'insérer dans le monde, il est toujours bon de savoir sur quelle route éviter de se placer.

En vous remerciant,

R., fraîchement Dijonaise.

PS : Réponse à remettre au porteur.


Un sourire en coin, Aryanha leva le bras et d’un geste de la main chassait l’enfant. L’impertinent ne bougeait point.

J’dois rendre réponse m’dame, j’veux pas perdre la cliquaille qu’la dame m’a promis.


Soupirant, Aryanha fit une rapide lecture du morceau de vélin. Son nez se pinça, sûrement les effluves du malpropre. Quant à sa lecture, elle en resta pantoise. S’adressant au gamin :

Qui est cette dijonnaise ? Ne sait-elle pas qu’il est bienséant d’écrire son nom en entier si l’on désire réponse ?


Fouillant dans son aumônière, Aryanha en sortit quelques pièces sonnantes et les lança à l’effronté qui les attrapa presque toutes. Se précipitant à terre pour récupérer les petits sous, il finit par ajouter :

Une réponse m’dame ?

Non…aucune ! File de là !

Alors que l’enfant s’en retournait faisant sonner ses pièces dans ses poches, Aryanha l’interpella.

Attends ! je vais te donner une réponse.

Retournant dans son office, elle s’installa à son secrétaire. La plume glissait impertinente :



Citation:
Dijonnaise,

Votre requête ne me parait point curieuse mais discourtoise.
Il me parait pourtant en vous lisant que vous avez acquis quelques enseignements, enseignements bien pauvres puisque vous voilà à mendier des calomnies sur notre noblesse Bourguignonne. Votre audace est bien vile et fourbe pour solliciter un tel jasement.

En tant que femme, noble de surcroit même si cette noblesse me vient de lointaine contrée, je reste indignée que vous ayez pu avoir l’outre cuidance que je puisse me permettre de pérorer sur des personnalités de notre Bourgogne, personnalités qui ont construit au fil des années ces terres qui vous accueillent ce jour.

Sachez dijonnaise, que je ne suis pas cette femme pour répondre à de telles curiosités malsaines.

En tant que juge je vous répondrai ceci : dijonnaise, le chemin qu’on se construit, on ne le construit pas sur les opinions d’autrui.

Osez donc signer de votre nom pour une prochaine fois que je n'espère point.


Juge de Bourgogne



Tiens ! et que je ne te revois plus !
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Judas
Une lettre, amusante... Bientôt la fin de sa résidence Bourguignone, qu'importe, ce n'était pas si commun de recevoir de tels courriers. Plumes et vélin, bonjour.

Citation:
Mafoy, le plus vil, c'est moy.

Judas Von Frayner.


Messager et rire cynique, au revoir...

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Rosalinde
Après être remontée dans sa chambre, elle finit par en redescendre, faute d'activité pour occuper ses dix doigts. Que pouvait donc fabriquer ce petit cafard ? Lasse, elle alla s'attabler dans un coin de la taverne, devant un bol de lait (elle en était persuadée, le lait était bon pour son teint, ne dit-on pas un teint de lait ?), et écouta l'air de rien les conversations de ses voisins, espérant glaner quelque information ou quelque rumeur. Mais mis à part entendre que "la Charolaise" était une marie-couche-toi-là, elle n'en sut pas grand chose. La Charolaise... En même temps, avec un nom pareil, elle se l'imaginait tout à fait comme une sorte de ribaude obèse, peut-être avec deux grands yeux humides rappelant ceux d'une vache, et était à des lieues d'imaginer que c'était d'une Duchesse que les citains de Dijon parlaient ainsi.

Le môme finit par arriver, toujours aussi morveux mais l'air déjà un peu plus satisfait. Se saisissant des lettres d'une main autoritaire, Rosalinde commença par lire la première - logique, me direz-vous - en se foutant comme d'une guigne du gamin qui attendait ses écus à côté d'elle. Intéressante, cette "A" ! Car oui, au vu de l'écriture, il ne pouvait s'agir que d'une femme, ou d'un homme très efféminé, ceux-là la Rose les considérait plutôt comme moins que des femmes, c'est dire.
Au final, c'était peut-être le nom d'Eusaias de Blanc Combaz qui retenait le plus son attention, elle se sentait en phase avec la description qu'en avait fait A. Angelyque de la Mirandole venait ensuite, mais elle lui paraissait plutôt comme une sorte d'enfant gâtée pourvu qu'un côté de campagnarde mal dégrossie. Si l'on veut quelque chose, nul besoin d'outrepasser les limites de la bienséance... Peut-être quelque chose qu'elle pourrait lui enseigner. Les deux autres n'avaient pas grand intérêt, quel cas irait-elle faire d'un absent ou d'une commère ?

Le sourire satisfait qui avait point sur le visage de la Rousse ne tarda pas à s'éteindre, rien qu'à la vue de la seconde lettre, qui était scellée. Un regard mauvais au gosse, mais elle lit, tout de même... Et plus elle avance, plus ses sourcils se froncent, ce qui n'est généralement pas bon signe. La tête se relève... Et la mandale part, en plein sur la tronche de cet imbécile de gamin.


- Idiot ! J'avais dit pas de nobles, espèce de petit crétin des Alpes !

Il commence à chouiner, elle n'en a cure, et l'envoie au diable en le repoussant de la pointe du pied. Quelle idiotie de la Création que les enfants... On ne pouvait même pas leur faire confiance pour des taches aussi simples que cela, il était temps qu'elle se retrouve un valet ou une servante tout(e) dévoué(e) à la servir. Mais pour avoir un larbin il lui fallait de l'argent et pour avoir de l'argent, il lui fallait elle-même quelqu'un à servir. La seconde lettre jetée au feu, lui restait encore la troisième. Après qu'elle eut ouvert de pli, on put constater que le sourire était de retour sur son visage.

Von Frayner... Le nom ne lui était pas inconnu, loin de là. N'était-ce pas la famille de feue la Reyne Beatritz ? Intéressant ! Et nul doute qu'il devait y avoir quelques pernicieux personnages, on ne monte pas sur un trône sans tout un arsenal de coups bas. Le cœur désormais plus léger, elle remonte dans sa chambre pour lui écrire sa réponse :


Citation:
Si vous êtes le plus vil, alors vous ne saurez vous passer de mes services.

Où puis-je vous rencontrer ?

R.


Puis redescendre, et cette fois, trouver un coursier professionnel. Lui tendre le pli, avec son sourire le plus engageant. Et ordre d'attendre une réponse.
_________________
Judas
Citation:
Des services? Voilà qui est fort intriguant, "R". Petit Bolchen, en retrait de Nevers. Ne traversez pas le bois de nuit...

Judas Von Frayner.


Réponse fut faite, l'épistolaire voyait a priori ses heures comptées. Qui était donc cette R, "Fraichement Dijonnaise"? Une intrigante sans doute, qui se ferait dévorer par les lévrier au premier pas fait au castel. Il l'imaginait coincée sous la herse, face à un rempart aux crocs grondants. Si le mystère semblait lui aller à merveille, qu'en serait-il de sa témérité? l'R de rien, elle avait frappé fort. Mot magique avait été prononcé, comme si parler de service au plus esclavagiste des Bourguignon était prudent...

Viens donc, femme, Petit Bolchen et ses gens sauront t'accueillir... A leur manière. Judas referma l'étau de ses bras sur le corps paisible de Suzanne, à demi assoupie au creux de sa couche. La compagnie des femmes avait toujours été la faiblesse des Von Frayner, aussi lorsqu'on la lui servait sur un plateau il était bien difficile pour le satrape de la refuser.

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Rosalinde
Réponse reçue, alors qu'elle n'y croyait plus, et de nouveau un sourire non feint se dessine sur les lèvres finement ourlées de la Rousse. Il demande donc à la rencontrer, près de Nevers. Les affaires reprennent !

Cependant, avant de se présenter au Petit Bolchen, deux questions épineuses demeurent.
    1) Comment y aller ?
    2) Avec quoi ?

Pour ce qui est de la première, elle ne se faisait pas trop de soucis. Nevers n'était pas bien loin, et si elle ne trouvait pas une bonne poire pour l'y mener, elle pourrait toujours - bien que cela la répugnât - y aller à pieds.

Non, le véritable problème était de savoir quoi porter pour l'occasion. Car il ne s'agissait point là de simple coquetterie. Assurément, elle ne pouvait pas y aller avec les nippes qu'elle portait actuellement, il la prendrait pour une gueuse et la renverrait sur le champ. Mais il ne fallait pas non plus qu'elle ait l'air d'une catin, ou pire, d'une jeune vierge juste sortie du couvent. Non, ce genre de tenues, elle s'en servirait comme de déguisement quand elle aurait quelqu'un à tromper... D'ailleurs son rôle préféré était celui de l'ingénue.

Après tout, elle se rendait à un entretien d'embauche. Il faudrait donc qu'elle soit Rosalinde dans toute sa splendeur. Belle, fière et racée. Sans avoir l'air d'une intrigante de salon, dont la seule occupation réside à lancer de fausses rumeurs sur les autres. Bien sûr, cela aussi elle savait le faire, mais le tout ici était de se vendre - au figuré - il faudrait donc qu'elle montre à ce Judas von Frayner qu'elle était capable de bien plus.

Et avec 20 écus... Il serait difficile de trouver la robe idéale, même de seconde main. Une seule solution...




[Plus tard dans la soirée, dans une demeure cossue de Dijon]

Un valet, tenant une bouteille de la main, le visage rubicond et le pas mal assuré, et Rosalinde, égale à elle-même.

- C'est donc là, la chambre de ta maîtresse ? Tu es sûr que tes maîtres sont toujours à la foire de Provins ?

- Ben oui que chuis sûr ! Mais...

- Viens, on va s'amuser !

- Qu'est-ce que tu... Oh ! Oulalalala !


Comme les esprits les plus perspicaces l'auront sans doute deviné, Rosalinde était actuellement en train de se déshabiller. Non pas pour faire des folies avec le valet, cela ne présentait aucun intérêt, mais bien pour enfiler l'une des robes de sa maîtresse. Celle qui était la plus à son goût, évidemment.

- Comment me trouves-tu ?

- Ch'aimais mieux quand... Hééé ! Ma bout...


*SCHBLAM*

- Tais-toi un peu, sombre crétin.

Valet assommé et baignant dans une petite flaque de vinasse, bris de bouteille tout autour de sa tête. Relevant bien sa robe, enfilée mais point encore nouée, la belle profite d'avoir un instant la paix pour ajouter à son butin une cape noire, vite enfilée et dont la capuche est rabattue sur son visage ; une aumônière en cuir d'agneau et un bracelet de perles, parce qu'elle le trouvait joli.

Ceci fait, elle repartit direction l'auberge. Une fois qu'elle aurait une bonne nuit de sommeil dans les paupières, elle serait fin prête à partir pour le Petit Bolchen.

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Judas
La rousse avait débarquée, donc. Et son "intrusion" a bon port s'était jouée avec une désarmante facilité. Judas se pencha donc sur le papelard de la rousse l'oeil circonspect.

Si c'est bien ce que je crois, nous avons des choses à nous dire. Tudieu, mais où est donc Ayoub?!

Il tourna presque sur lui même, sans apercevoir sbire qui vive. Jaugeant la donzelle d'un air presque déçu il haussa les épaules, il fallait croire que tous ses efforts vestimentaires étaient vains. Elle apprendrai sans doute bien vite que c'est en tenue d'Eve que Judas préférait les femmes. Manquerait plus qu'elle se pointe en hermine, fourrure princière! Satanée princesse du complot.

Il avait encore en mémoire les mots étranges qu'ils avaient échangés, l'entretient promettait quelques surprises. Il reprit le chemin de l'étage, surprenant Eleonore et ses oreilles trop curieuses. Le marchand d'esclave prit un malin plaisir à la surprendre, surjouant sa stupeur de la trouver entrain d'espionner dans le colimaçon de pierre. Pointant un index sévère sur son front comme l'estoc d'une lame il repoussa un peu son visage en passant près d'elle.

Toi, vas donc me chercher du vin avant que je ne te fasse couper les oreilles.
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