Danae
[Espallion - Vers 15h]
Elle était sortie de la Toison d'Ambre presque en courant, tant le besoin d'être seule et de prendre l'air s'était fait pressant. Un pigeon envoyé à Johanara, un pigeon envoyé à Merwyn, un moment passé en compagnie de Maglor, Waren, Maelle et Alex avaient achevés de lui donner envie de fuir.
Il y avait eu trop d'évènements en même temps, s'accumulant, s'empilant les uns sur les autres.
Elle ne savait pas si Maelle allait finir par la fuir définitivement, elle avait refait le bandage sur son bras, preuve que la toucher ne l'effrayait pas trop encore, mais la rouquine restait circonspecte sur ce qui découlerait du spectacle "sons et lumières" de la veille.
Traînant ses bottes sur un chemin poussiéreux, enveloppée de sa cape pour qu'on la reconnaisse le moins possible, Danaé releva le nez et s'aperçut qu'elle avait pris la direction du lac sans même y penser.
L'endroit l'attirait irrésistiblement, surtout depuis qu'elle avait eu vent du drame qui y avait eu lieu récemment. Elle s'était dit "et pourquoi pas moi"...
Des idées sombres naissaient sous sa crinière rousse, leur origine lui restant désespérément inconnue. Sa mère, partie précipitamment avait laissé un grand vide qui venait pourtant juste d'être comblé, depuis que Danaé était elle-même revenue à Espallion. La présence de son autre mère planait autour d'elle, à la fois funeste et rassurante. De là où elle était, c'était comme si elle faisait de son mieux pour veiller sur sa fille, la rouquine se plaisait à y croire.
Elle rebroussa chemin immédiatement. Elle n'avait pas promis de ne pas aller près du lac, mais dans la mesure du possible, elle voulait s'en tenir éloignée, ne pas provoquer le sort plus que de raison. Si la mélancolie qui planait dans son coeur voulait que ses jours prennent fin, elle trouverait bien un autre moyen de la précipiter dans les bras de la faucheuse, sans que la gamine n'ait besoin d'aller se mettre inutilement en danger.
Elle l'avait de toute façon fait la veille au soir, avec pour résultat une Merwyn totalement hystérique et des blessures multiples pour l'une et l'autre.
La brunette avait même finit par s'enfermer dans la chambre avec Danaé, condamnant toutes les issues pour s'assurer qu'elle n'irait nulle part durant son sommeil.
En y repensant, la rouquine sentit un sourire ironique naître sur sa bouche. Au final, elle était seule maintenant, et elle faisait ce qu'elle voulait sans personne pour coller à ses bottes.
Danaé avala les distances à grands pas, s'enfonçant dans les collines autour d'Espallion. Elle voulait du calme et de la solitude, elle ne voulait croiser personne, aussi sortit-elle du sentier pour marcher à travers la garrigue. A cette époque de l'année, il restait encore quelques plaques de neige éparse, qu'elle contournait avec soin une fois sur deux, marchant au centre les autres fois pour s'amuser à l'entendre craquer sous ses bottes.
[Collines aux environs d'Espallion - Vers 17h]
La journée était radieuse, le soleil brillait haut. La rouquine finit par être un peu fatiguée de marcher, cela faisait bien deux heures qu'elle avançait au hasard. Elle s'arrêta en bordure d'un bois et s'assit sur un rocher au sommet de la colline qu'elle venait de gravir, surplombant la vallée d'Espallion.
Elle ne devait pas se trouver très loin du manoir de Crysania, même si elle était sortie du sentier pour s'enfoncer plus avant dans la garrigue.
Elle repoussa la grande capuche de sa cape en arrière et huma le vent, goûtant avec délice la chaleur du soleil sur son visage pâlichon. Elle se mit à chanter la chanson qui lui était revenue, du fin fond de sa mémoire défaillante. Elle y mit tout son coeur, tout ce qui la minait, laissant des larmes couler le long de ses joues. A l'abri des regards, on pouvait pleurer sans honte, aussi ne s'essuya-t-elle même pas le visage.
Elle s'interrompit brusquement lorsqu'elle entendit un pas lourd faire craquer la caillasse dans son dos, et un frisson parcourut son échine lorsqu'une voix grasse s'adressa a elle en ces termes :
- Tiens donc ! Ça s'rait pas mon sale petit rat roux d'l'aut' jour qui s'rais revenue traîner près d'mon bois ? Alors mignonne ? On s'est perdue ?
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Elle était sortie de la Toison d'Ambre presque en courant, tant le besoin d'être seule et de prendre l'air s'était fait pressant. Un pigeon envoyé à Johanara, un pigeon envoyé à Merwyn, un moment passé en compagnie de Maglor, Waren, Maelle et Alex avaient achevés de lui donner envie de fuir.
Il y avait eu trop d'évènements en même temps, s'accumulant, s'empilant les uns sur les autres.
Elle ne savait pas si Maelle allait finir par la fuir définitivement, elle avait refait le bandage sur son bras, preuve que la toucher ne l'effrayait pas trop encore, mais la rouquine restait circonspecte sur ce qui découlerait du spectacle "sons et lumières" de la veille.
Traînant ses bottes sur un chemin poussiéreux, enveloppée de sa cape pour qu'on la reconnaisse le moins possible, Danaé releva le nez et s'aperçut qu'elle avait pris la direction du lac sans même y penser.
L'endroit l'attirait irrésistiblement, surtout depuis qu'elle avait eu vent du drame qui y avait eu lieu récemment. Elle s'était dit "et pourquoi pas moi"...
Des idées sombres naissaient sous sa crinière rousse, leur origine lui restant désespérément inconnue. Sa mère, partie précipitamment avait laissé un grand vide qui venait pourtant juste d'être comblé, depuis que Danaé était elle-même revenue à Espallion. La présence de son autre mère planait autour d'elle, à la fois funeste et rassurante. De là où elle était, c'était comme si elle faisait de son mieux pour veiller sur sa fille, la rouquine se plaisait à y croire.
Elle rebroussa chemin immédiatement. Elle n'avait pas promis de ne pas aller près du lac, mais dans la mesure du possible, elle voulait s'en tenir éloignée, ne pas provoquer le sort plus que de raison. Si la mélancolie qui planait dans son coeur voulait que ses jours prennent fin, elle trouverait bien un autre moyen de la précipiter dans les bras de la faucheuse, sans que la gamine n'ait besoin d'aller se mettre inutilement en danger.
Elle l'avait de toute façon fait la veille au soir, avec pour résultat une Merwyn totalement hystérique et des blessures multiples pour l'une et l'autre.
La brunette avait même finit par s'enfermer dans la chambre avec Danaé, condamnant toutes les issues pour s'assurer qu'elle n'irait nulle part durant son sommeil.
En y repensant, la rouquine sentit un sourire ironique naître sur sa bouche. Au final, elle était seule maintenant, et elle faisait ce qu'elle voulait sans personne pour coller à ses bottes.
Danaé avala les distances à grands pas, s'enfonçant dans les collines autour d'Espallion. Elle voulait du calme et de la solitude, elle ne voulait croiser personne, aussi sortit-elle du sentier pour marcher à travers la garrigue. A cette époque de l'année, il restait encore quelques plaques de neige éparse, qu'elle contournait avec soin une fois sur deux, marchant au centre les autres fois pour s'amuser à l'entendre craquer sous ses bottes.
[Collines aux environs d'Espallion - Vers 17h]
La journée était radieuse, le soleil brillait haut. La rouquine finit par être un peu fatiguée de marcher, cela faisait bien deux heures qu'elle avançait au hasard. Elle s'arrêta en bordure d'un bois et s'assit sur un rocher au sommet de la colline qu'elle venait de gravir, surplombant la vallée d'Espallion.
Elle ne devait pas se trouver très loin du manoir de Crysania, même si elle était sortie du sentier pour s'enfoncer plus avant dans la garrigue.
Elle repoussa la grande capuche de sa cape en arrière et huma le vent, goûtant avec délice la chaleur du soleil sur son visage pâlichon. Elle se mit à chanter la chanson qui lui était revenue, du fin fond de sa mémoire défaillante. Elle y mit tout son coeur, tout ce qui la minait, laissant des larmes couler le long de ses joues. A l'abri des regards, on pouvait pleurer sans honte, aussi ne s'essuya-t-elle même pas le visage.
Elle s'interrompit brusquement lorsqu'elle entendit un pas lourd faire craquer la caillasse dans son dos, et un frisson parcourut son échine lorsqu'une voix grasse s'adressa a elle en ces termes :
- Tiens donc ! Ça s'rait pas mon sale petit rat roux d'l'aut' jour qui s'rais revenue traîner près d'mon bois ? Alors mignonne ? On s'est perdue ?
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