Hansreudi
[Juste avant le départ de leur hôte]
Le Balafré se tourna vers sa Belle qui semblait désabusée par cette conversation qui tournait autour de Davia. Il n'avait plus rien à dire sur le sujet, pour lui c'était clos. On vit au travers du regard des autres et ce qui se reflétait de lui au travers de ceux de sa belle-mère et de sa belle-fille n'avait rien de bien élogieux. Il avait été jugé avant même de savoir qui il était, il avait été mis à l'écart avant même d'avoir été écouté, il avait été relégué au rang de moins que rien avant même d'avoir montré ce dont il était capable. Il mettait son mouchoir par dessus et vivrait avec à présent.
Leur visiteuse tenait absolument à connaitre son passé, et bien soit, il n'avait rien à cacher. Elle avait raison en plus, ce que nous avons été fait ce que nous sommes à présent. Sa Belle savait tout de lui, dans les moindres détails, sans retenu, sans pudeur il lui avait tout dit. Alors une fois de plus s'ouvrir aux autres et laisser sortir toutes ses souffrances antérieures n'était rien. Il serait moins enjoué pour le reste de la soirée voilà tout.
Il regarda Lucie et sourit.
Très bien Chevalier puisque vous tenez à tout savoir de moi, je ne vais rien cacher.
J'étais déjà un très beau bébé aux fesses bien roses et rebondies de 7 livres et 3 onces. Je suis né en Lyonnais, mon père était tisserand. J'ai été banni par les miens, et surtout mon frère, pour l'affaire d'héritage de mon successeur. J'avais voyagé au Pont Euxin pour des débouchés commerciaux liés au travail de la soie....enfin, c'est pas important tout ça.
Banni, renié, j'ai atterri en Languedoc, à Béziers pour être précis. Voilà pourquoi je dis que j'en suis originaire, puis c'est ma ville et que je n'ai plus rien à voir avec le Lyonnais. Je m'y suis marié, j'ai eu un enfant, j'ai été soldat puis sergent de l'Ost du Languedoc, puis commandant de la caserne de Béziers quelques mois, puis j'ai rejoins l'Ordre Hospitaliers, j'ai fait la guerre en Bretagne en 1456. J'en suis rentré pour trouver les miens morts. Un remerciement du Très Haut sans aucun doute. Je suis parti à la dérive, j'ai été alcoolique, gueux, un crève la faim, sans plus aucune envie de vivre. J'ai quitté le Languedoc pour y revenir. J'y ai rencontré une femme qui m'a fait porté des cornes tellement hautes que le passais plus les portes de l'église de Béziers. Et je suis parti, avec la haine et la rage au coeur.
Une gorgée de Calva pour faire passer tout ça et reprendre son souffle.
J'ai rejoins Sofio de Mercurol et sous ses ordres j'ai fait la guerre contre le Languedoc à l'été 1458. J'y ai connu les geôles, la faim, la mort et la désolation. J'ai bu, bu, bu et encore et encore. Et un jour, ivre mort, je me suis réveillé, le 7 juillet 1458 pour être exacte, sur les berges d'une rivière, sans savoir qui j'étais, ayant tout oublié de mon passé, la gueule barrée d'une balafre du nord-ouest au sud-est. Et Taya a su me voir tel que j'étais. Quelques semaines, j'ai aidé ma soeur d'arme, Nemesis du Jargor. Soeur d'arme avec qui j'avais combattu en Languedoc, avec Sofio. Bien peu de temps pour que je puisse me targuer d'avoir été membre du Jargor.
Et j'ai épousé Taya, qui m'a pris avec tous mes défauts, sans me juger, simplement en me permettant d'être moi. Qui a su me guider, me comprendre, m'épauler et me pousser vers l'avant et faire de moi l'homme que je suis à présent. Et qui m'a donné le plus beau des garçons.
Voilà ma vie Chevalier. J'espère avoir épongé votre soif de curiosité et croyez bien que ce n'est pas de gaieté de coeur que je vous ai parlé de tout ça. Mais comme de toutes évidences vous teniez à tout savoir, voilà donc qui est fait.
Je ne suis qu'un homme avec ses travers et ses valeurs. J'espère avoir plus de la seconde que de la première.
Je regrette simplement d'avoir été obligé, contre mon gré, de me confier à vous de la sorte. Je ne sais pas quel regard vous porterez à présent sur moi, le même que celui de ma belle famille ou pas. Mais que ceci n'entame en rien vos rapports avec mon épouse.
Il entendit frapper à la porte. Un visiteur peut-être. Visiteur qui arrive trop tard pour lui éviter cette épreuve. Quelques minutes plus tôt aurait été de bon ton. La mine renfrognée et le coeur amer d'avoir parlé de la sorte de lui, il suivit du regard un serviteur qui allait ouvrir et laissa rentrer Hilde, l'intendante du domaine. Elle allait peut-être mettre le feu en cuisine et les faire servir. Leur invitée avait peut-être faim. Lui avait l'appétit définitivement coupé.
Il se leva, sourit à son épouse avec gène et s'adressa au Chevalier. La femme de vie, et il regrettait de lui avoir fait vivre cette épreuve. Ça ne regardait qu'elle et lui, et personne d'autre. Mais la colère qu'il avait réussi à contenir quant au comportement et aux propos de la belle-mère avait eu raison de sa retenu et tout était sorti, alors que rien n'aurait du l'être. Cette soirée devait être placée sous le signe de la convivialité, du partage et du pardon de la Touraine.
Je vous prie de bien vouloir m'excuser quelques instants Chevalier, je monte dans nos appartements me rafraichir si vous le voulez bien.
Quelques instants?? Il y serait bien resté toute la soirée s'il avait pu. Plus rien à foutre de cette soirée, elle avait été définitivement ruinée cette fois.
Le Chevalier semblait elle aussi déçue par les évènements qui s'étaient déroulés sous ses yeux et la voilà sur le départ.
Ce fut un honneur pour moi de faire votre connaissance Chevalier. Je vous réitère une nouvelle fois mes excuses pour cette soirée, en espérant vous revoir bientôt et que nous pourrons enfin partager un vrai moment d'amitié.
Il monta, préférant laisser les deux femmes seules.
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Le Balafré se tourna vers sa Belle qui semblait désabusée par cette conversation qui tournait autour de Davia. Il n'avait plus rien à dire sur le sujet, pour lui c'était clos. On vit au travers du regard des autres et ce qui se reflétait de lui au travers de ceux de sa belle-mère et de sa belle-fille n'avait rien de bien élogieux. Il avait été jugé avant même de savoir qui il était, il avait été mis à l'écart avant même d'avoir été écouté, il avait été relégué au rang de moins que rien avant même d'avoir montré ce dont il était capable. Il mettait son mouchoir par dessus et vivrait avec à présent.
Leur visiteuse tenait absolument à connaitre son passé, et bien soit, il n'avait rien à cacher. Elle avait raison en plus, ce que nous avons été fait ce que nous sommes à présent. Sa Belle savait tout de lui, dans les moindres détails, sans retenu, sans pudeur il lui avait tout dit. Alors une fois de plus s'ouvrir aux autres et laisser sortir toutes ses souffrances antérieures n'était rien. Il serait moins enjoué pour le reste de la soirée voilà tout.
Il regarda Lucie et sourit.
Très bien Chevalier puisque vous tenez à tout savoir de moi, je ne vais rien cacher.
J'étais déjà un très beau bébé aux fesses bien roses et rebondies de 7 livres et 3 onces. Je suis né en Lyonnais, mon père était tisserand. J'ai été banni par les miens, et surtout mon frère, pour l'affaire d'héritage de mon successeur. J'avais voyagé au Pont Euxin pour des débouchés commerciaux liés au travail de la soie....enfin, c'est pas important tout ça.
Banni, renié, j'ai atterri en Languedoc, à Béziers pour être précis. Voilà pourquoi je dis que j'en suis originaire, puis c'est ma ville et que je n'ai plus rien à voir avec le Lyonnais. Je m'y suis marié, j'ai eu un enfant, j'ai été soldat puis sergent de l'Ost du Languedoc, puis commandant de la caserne de Béziers quelques mois, puis j'ai rejoins l'Ordre Hospitaliers, j'ai fait la guerre en Bretagne en 1456. J'en suis rentré pour trouver les miens morts. Un remerciement du Très Haut sans aucun doute. Je suis parti à la dérive, j'ai été alcoolique, gueux, un crève la faim, sans plus aucune envie de vivre. J'ai quitté le Languedoc pour y revenir. J'y ai rencontré une femme qui m'a fait porté des cornes tellement hautes que le passais plus les portes de l'église de Béziers. Et je suis parti, avec la haine et la rage au coeur.
Une gorgée de Calva pour faire passer tout ça et reprendre son souffle.
J'ai rejoins Sofio de Mercurol et sous ses ordres j'ai fait la guerre contre le Languedoc à l'été 1458. J'y ai connu les geôles, la faim, la mort et la désolation. J'ai bu, bu, bu et encore et encore. Et un jour, ivre mort, je me suis réveillé, le 7 juillet 1458 pour être exacte, sur les berges d'une rivière, sans savoir qui j'étais, ayant tout oublié de mon passé, la gueule barrée d'une balafre du nord-ouest au sud-est. Et Taya a su me voir tel que j'étais. Quelques semaines, j'ai aidé ma soeur d'arme, Nemesis du Jargor. Soeur d'arme avec qui j'avais combattu en Languedoc, avec Sofio. Bien peu de temps pour que je puisse me targuer d'avoir été membre du Jargor.
Et j'ai épousé Taya, qui m'a pris avec tous mes défauts, sans me juger, simplement en me permettant d'être moi. Qui a su me guider, me comprendre, m'épauler et me pousser vers l'avant et faire de moi l'homme que je suis à présent. Et qui m'a donné le plus beau des garçons.
Voilà ma vie Chevalier. J'espère avoir épongé votre soif de curiosité et croyez bien que ce n'est pas de gaieté de coeur que je vous ai parlé de tout ça. Mais comme de toutes évidences vous teniez à tout savoir, voilà donc qui est fait.
Je ne suis qu'un homme avec ses travers et ses valeurs. J'espère avoir plus de la seconde que de la première.
Je regrette simplement d'avoir été obligé, contre mon gré, de me confier à vous de la sorte. Je ne sais pas quel regard vous porterez à présent sur moi, le même que celui de ma belle famille ou pas. Mais que ceci n'entame en rien vos rapports avec mon épouse.
Il entendit frapper à la porte. Un visiteur peut-être. Visiteur qui arrive trop tard pour lui éviter cette épreuve. Quelques minutes plus tôt aurait été de bon ton. La mine renfrognée et le coeur amer d'avoir parlé de la sorte de lui, il suivit du regard un serviteur qui allait ouvrir et laissa rentrer Hilde, l'intendante du domaine. Elle allait peut-être mettre le feu en cuisine et les faire servir. Leur invitée avait peut-être faim. Lui avait l'appétit définitivement coupé.
Il se leva, sourit à son épouse avec gène et s'adressa au Chevalier. La femme de vie, et il regrettait de lui avoir fait vivre cette épreuve. Ça ne regardait qu'elle et lui, et personne d'autre. Mais la colère qu'il avait réussi à contenir quant au comportement et aux propos de la belle-mère avait eu raison de sa retenu et tout était sorti, alors que rien n'aurait du l'être. Cette soirée devait être placée sous le signe de la convivialité, du partage et du pardon de la Touraine.
Je vous prie de bien vouloir m'excuser quelques instants Chevalier, je monte dans nos appartements me rafraichir si vous le voulez bien.
Quelques instants?? Il y serait bien resté toute la soirée s'il avait pu. Plus rien à foutre de cette soirée, elle avait été définitivement ruinée cette fois.
Le Chevalier semblait elle aussi déçue par les évènements qui s'étaient déroulés sous ses yeux et la voilà sur le départ.
Ce fut un honneur pour moi de faire votre connaissance Chevalier. Je vous réitère une nouvelle fois mes excuses pour cette soirée, en espérant vous revoir bientôt et que nous pourrons enfin partager un vrai moment d'amitié.
Il monta, préférant laisser les deux femmes seules.
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