Afficher le menu
Information and comments (1)
<<   <   1, 2, 3, ..., 12, 13, 14, ..., 24, 25, 26   >   >>

[RP]Le phare de Guilberville, chez Matou et Stromb.

Ephear


Il était temps pour Ephear de demander quelques explications à sa Dame, il avait eu vent d'une décision unilatérale le concernant... Il frappa à la porte du phare.

Y'a quelqu'un de sérieux ici?!
--Clement.


Il n'en finissait pas de regarder si tout était en ordre, il fallait que tout soi prêt pour l'arriver de la dame de Guilberville.
Il entendit frapper à la porte, haussa les sourcils et alla ouvrir.

Clément avait cette qualité de n'être jamais décontenancé, sauf peut-être en présence d'une femme, mais là, il ouvrit de grands yeux, car, l'homme qui se trouvait devant lui, était bien la dernière personne qu'il aurait imaginé voir.

Il roula des yeux et bredouilla:


- Ephear?

L'escuyer de la Dame de Guilberville, ou plutôt l'ancien escuyer était bien là, devant lui. Clément n'avait pas bien suivi toute l'histoire, un jour Suzon l'avait prévenu, Ephear était parti. Plus jamais son nom n'avait été prononcé.

- Entre...La dame de Guilberville n'est pas là, elle ne sera à Fécamp que dans deux jours...mais dis moi ce qui t'amène ici?
Matouminou


LE RETOUR

Enfin, ils étaient de retour. Les derniers jours du voyage lui avaient paru interminables et puis, elle fatiguait plus vite ces dernières semaines.
Elle fut saisie lorsqu'elle vit le phare, presqu'étonnée qu'il fut aussi grand et aussi beau.

Elle avait serré la main de Stromb sous le coup de l'émotion, en espérant que, tout comme elle, il se disait qu'ils étaient de retour chez eux et qu'il s'en réjouissait. Car, elle ne souhaitait qu'une chose, qu'il se sente chez lui.

Elle avait laissé Stromb et Didier, superviser l'arrivage de la charrette, il fallait trouver un endroit pour la vache Zieudebraise, mettre à l'abri le tonneau contenant les poissons, les olives, l'huile d'olive, et la terre de chaque sol qu'ils avaient foulés durant leur voyage. Sans oublier leurs malles, leurs armes et diverses choses accumulées durant leur voyage...des souvenirs, des cadeaux...
Elle fit descendre les enfants, et attendit Cunégonde qui tenait contre elle une petite Luna toute endormie.

Clément les accueillit comme il se doit, avec un grand sourire, heureux de les revoir. Déjà les enfants reprenaient possession des lieux et notamment de leurs chambres. Le phare résonnait d'un joyeux brouhaha.

Matou demanda si la chambre prévue pour Cunégonde et Luna était prête. Clément acquiesça et elle le pria de les y emmener:


- Vos affaires ainsi que le berceau de Luna vous seront apportés très vite Cunégonde...Familiarisez vous avec les lieux, je vous en prie...


Puis, elle prit la main de Stromb et l'entraina dans la leur. Elle se posta devant la fenêtre:

- Regarde comme la mer est belle....écoute le bruit du ressac...

Alors, en se hissant sur la pointe des pieds, elle effleura de ses lèvres, celles de son volcan, puis se serra contre lui, posant sa tête contre son torse, heureuse, ici ou ailleurs, elle se disait que l'essentiel était qu'elle soit avec lui.
Stromboli
Ils étaient revenu à Fécamp aprés quelques mois, comme prévu, comme promis. Stromb ramenait la belle Matou à bon port, et c'était le cas de le dire.

Tandis qu'il aidait à ranger le contenu des malles dans les placards, Stromb rembobina le fil de ses souvenirs.


Le voyage dans l'ensemble avait été trés bon malgré quelques heurts au départ. Lorsqu'ils avaient quitté Fécamp, la situation était des plus morose. La ville le répugnait. Par les actes de ses habitants, par leurs mots, leurs comportements... Inba morte depuis peu, il avait appris que certains membres de son entourage et ses amis les plus proches avaient forcé la chutte de son ancienne amante, la précipitant ainsi plus vite dans la mort. Il avait hurlé, tempêté, traqué les responsables qui avaient envoyé de telles horreurs depuis Fécamp, révellant par la même sa liaison avec Matou. Une énième histoire qui se finit mal, dans le sang cette fois, un drâme complètement inutile.

Puis ce fut Troyes. Une ville qui laissera un gout trop neutre. Comme manger un plat délicieux en étant malade, sans sentir la moindre saveur. Une bataille pour récupérer sa fille à l'orphelinat qu'il avait bien failli perdre, au profil d'un noble qui devait en être le tuteur légal. C'aurait été le coup de grâce. Heureusement, la roue à ce moment là commençait à tourner. Dans le bon sens pour une fois.

Le Rouergue fut en vue, puis rejoint. Sueur froide lorsqu'il remit les pieds dans ce comté en ruine, perverti et pourri, peuplé par des gens qui lui avaient ouvert les bras un temps, et qui sur les paroles insensées d'une gamine médisante, lui avaient claqué la porte au nez. Comment présenter cet endroit comme "chez lui" à celle qu'il considérait comme sa femme ? Comment lui faire aimer ? Comment lui dire que lorsqu'on creuse, et même s'il faut creuser un moment, on finit par trouver de belles choses là-bas ? Sûrement pas en lui faisant rencontrer les langues de vipères qu'ils avaient rencontré. La jeune fillette d'Inba, qu'il avait aimé comme son propre enfant, s'était retourné contre lui, l'avait discriminé et humilé dans tout le comté et même au-delà.

Heureusement, ce fut le dernier sursaut de haine gratuite. Les nuages se dissipèrent lorsqu'ils arrivèrent à Villefranche, chez Stromb. Comme une mère accueille son enfant dans le besoin, comme un prêtre héberge un pauvre herre sans le sous... Vf la bienveillante les avaient accueillis et protégés, eux qui étaient presque à genoux, malgré les rires et cet amour qu'ils entretenaient jalousement à l'image d'une fleur rare et fragile. La maison de la famille Mazaryck, batisse inébranlable, avait ouvert ses portes aux deux voyageurs. Ces deux naufragés qui s'étaient accroché à la même planche de salut, avaient trouvé la paix en ce lieu, aprés un temps interminable de souffrance et de doute, pour chacun d'eux.

L'été avait été des plus merveilleux. La chaleur avait réchauffé les coeurs et les âmes, le soleil inondé le jardin et la vieille dame de pierre. Les rires résonnaient à nouveau, l'espoir et l'insouscience avaient repris leurs droits. Un peu plus d'un mois là-bas, pour reprendre des forces, pour aimer la vie à nouveau, pour panser ses blessures et oublier les rancoeurs. Villefranche figurait parmi les villes les plus calmes qui soient, et même peut-être LA plus calme. Mais étrangement, ils ne s'ennuyèrent jamais. Ils retrouvèrent là-bas ce qui leur avait manqué. Ce fut également en cette ville qu'ils apprirent qu'un membre supplémentaire viendrait compléter la famille d'ici quelques mois...

Alors le moment était venu de tirer un trait sur le passé. Dans une malle, il rangea tout ce qui lui rappellait encore sa défunte amante. Tout ceci serait destiné à sa fille pour plus tard, lorsqu'elle voudrait en savoir plus sur sa mère. Même si certaines choses étaient encore à régler et se règleraient dans le sang, à la hauteur d'une vendetta digne de ce nom, il était apaisé.

Il prirent la route, visitèrent le Languedoc en profitant de l'été qui s'éloignait au profit de l'automne. Un bateau pour traverser le Lyonnais-Dauphiné, découverte de la Bourgogne, trés rapide... Le retour à Troyes, où Heinseberg l'ancien maire et ami proche ne les éclairait déjà plus de son sourire, emporté par la mort quelques semaines auparavant. Troyes resterait décidément une ville au gout bizarre...

Aprés plusieurs jours de navigation, la Normandie. Matou était belle, rayonnante. Le brun ne cessait de la regarder chaque jour s'épanouir, comme une fleur enfin libérée de chaines invisibles. Elle retrouvait sa terre, sa ville, ses amis... sa vie. Et il en était heureux. Il avait oublié ses rancoeurs, sauf peut-être contre une personne, mais qu'importe... Ils avaient des projets, des envies concrètes à réaliser, et la vie avait enfin retrouvé le gout de la vie à ses côtés.


L'arrivée de sa belle justement le tira de sa rêverie. Elle était venu admirer la mer par la fenêtre. Avant même qu'il l'ait rejointe, il sentit ses lèvres venir se poser sur ses siennes, puis la jeune femme se blottit dans ses bras. Pouvait-elle au moins sentir combien son coeur battait derrière cette armure de fierté ? Il passa ses bras autour d'elle et la serra contre lui sans dire mot. Ils étaient proprement inutiles car elle savait déjà tout...
Stromboli
Les jours s'écoulaient paisiblement depuis le retour à Fécamp. Les malles défaites, tout le monde enfin posé, Stromb avait pris quelques jours de repos et de flemmardise aiguë. Il passait ses journées à dormir ou à trainer en taverne. Il avait retrouvé Kal, et avec lui les soirées "tout et n'importe quoi" en taverne. Sa bourse avait trés rapidement maigri pour enrichir les taverniers locaux, le chanvre avait refait surface, et les accrobaties et bêtises en tout genre avaient repris bon train. Aprés une soirée trés arrosée où une soixantaine d'écus étaient partis en fumée, il avait erré pendant 2 jours, impossible de dessaouler. Bref, les bonnes vieilles habitudes étaient revenu, et c'était bien !

Mais chassez le naturel et il revient vite au galop.. Ainsi le rouergat voyageur finit par tourner en rond. On lui avait alors confié le port aprés le départ d'Alkémie. Il avait été ravi et remplissait sa fonction comme on le lui demandait. Il s'était vite mis à dos toutes les mouettes, en voulant les chasser, car il y en avait partout. Elles semblaient habiller la vigie d'un épais manteau de plume, et évidemment tapissaient le ponton de fientes gluantes. Un pêcheur avait d'ailleurs glissé dessu et s'était cassé une jambe. Et depuis, c'était la guerre ! Mais dans le genre hyperactif, on pouvait pas trouver mieux. Il avait accueillit un bateau, répondu à deux ou trois demandes, mais ça s'arrêtait là, et l'ennui commencait à nouveau à le gagner.

Alors un beau matin, il retroussa ses manches, motivé à faire quelque chose de productif pour une fois. Il avait assez fait le con et il était grand temps de se comporter comme n'importe quel homme responsable... Enfin... Presque. L'oeil vif, sobre, déterminé, il fouilla sa besace à la recherche de quelques croquis réalisés plusieurs semaines auparavant, lorsqu'ils étaient encore en voyage. Il finit par y mettre enfin la main dessus et regarda d'un oeil critique les traits qu'il avait tracé. Aprés quelques retouches, il acquisa, ravi. La chambre de Luna prenait forme dans son esprit. Il dessina également un berceau pour le marmot à naitre ainsi qu'une étagère supplémentaire et un coffre en bois pour ranger tout le bazard qui s'annonçait.

Il mit 2 semaines à réaliser ses plans.. entre le travail du bois, la création des meubles, la finition.. Il avait appliqué un mélange à base d'huile de bois, de résine et d'orange sur les bois pour faire office de vernis. Le temps d'aérer puis d'aposer le ciel de lit, de ranger les affaires de Luna et les celles en prévision de la nouvelle terreur, de remplir la commode de linges, sels et affaires en tout genre... Et c'était bon. La chambre était désormais accueillante, pas encore bordélique, exactement comme il fallait.

Ravi, il alla chercher sa fille. La jeune Luna était aux prises avec sa nourrice. Elle avait grandi à une allure folle, et était désormais âgée de 8 mois. Stromb avait raté pas mal de choses et il s'en voulait. Alors il rattrapait le temps perdu quand il pouvait. Cunégonde ouvrit de grands yeux quand elle le vit arriver d'un pas déterminé et demander sa fille. Elle la lui donna, un peu inquiète connaissant l'individu, mais sans broncher. Aprés tout, c'était lui qui lui versait ses gages... Stromb prit la fillette dans ses bras et l'amena dans sa nouvelle chambre, lui faisant faire le tour en lui expliquant tout, comme à un adulte.


Et puis là regarde ! Tu vois ? Il suffit de donner un coup de rabot, c'est pas compliqué. Et tu as vu l'effet que ça donne ? Et puis là tu te sers de la drille, et ça marche tout seul. Et regarde, ici j'ai tarabiscoté pour donner cet effet là. C'est pas mal hein ? Tu vois c'est pas compliqué.

Il était absorbé dans ses explication. La filette, qui n'était encore qu'un bébé découvrant le monde, regardait ce qu'il lui montrait du doigt, puis quand il la regardait, elle le regardait, de ses grands yeux, sans comprendre, mais probablement fascinée par un tel enthousiasme et une si grande capacité à parler dans le vent.

Quand il eu fini, il lui sourit, ce qui eu pour effet de faire gazouiller la demoiselle.


Voila, exactement, tu as tout compris. Donc la prochaine fois, tu le feras avec moi d'accord ? Je te montrerai comment on se sert du maillet, de la presse à plane, des varlopes et du doloire. Ca te dit ?

Et pour toute réponse, Luna attrapa le nez de son fou de père, toute contente de jouer avec lui. Ce dernier râla, et comme réponse, elle râla également. Ben oui, les chiens ne font pas des chats...
Matouminou


Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis leur retour. L'automne s'était installé et la mer, dominée par le phare, virait plus souvent au gris, tout comme le ciel.
Matou vivait la fin de sa grossesse entre angoisse et sérénité. Angoisse que le jour venu, son volcan ne soit pas là, sérénité, car elle aimait ce ventre qui s'arrondissait, ce bébé qui bougeait, cette vie qu'elle portait et qu'elle allait offrir à l'homme qu'elle aimait par dessus tout.

Le dit homme, son volcan, avait, malgré son caractère impétueux, été d'une patience exemplaire à son égard, attentif à ce qu'elle ait tout ce qu'il lui fallait. Et cela sans rechigner, même s'il aimait râler. Matou savait calmer d'un sourire, d'un baiser ou d'un éclat de rire, ce volcan ronchon.

Elle avait admiré ses talents de menuisier. Il aimait travailler le bois, c'était indéniable et les lits et autres petits meubles, réalisés pour la jeune Luna, sa fille, et pour le bébé à venir, étaient de belle facture.
Elle aimait le voir ainsi, prit dans les occupations qu'il aimait.

Il avait aussi accepté de remplacer Alké à la vigie. Elle savait qu'il lui fallait s'occuper, il n'aimait pas tourner en rond. Aussi, avait-il pris à bras le corps le projet d'agrandissement du port de Fécamp et avait rameuté, sans ménager ses efforts, le plus de gens possible pour faire des dons. Cela avait permis d'embaucher une partie du personnel nécessaire pour la première phase du chantier. Mais le chantier était énorme, et cela prendrait une bonne année avant qu'il ne soit terminé.

En ce début du 11e mois de novembre, Matou avait pris pour la 10e fois, la charge de la mairie. C'était une fonction qu'elle aimait particulièrement, et qu'elle était heureuse d'assumer.

Elle savait que les semaines qui s'annonçaient allaient être mouvementées, mais si cela l'angoissait un peu, elle savait qu'avec Stromb, ils en avaient vu d'autres et bien pires, et qu'ils feraient face ensemble..

Elle regarda encore une fois le berceau qui n'attendait plus que le bébé et décida de descendre au sous-sol du phare pour retrouver ce coffre qu'elle avait demandé à Clément de lui rapporter du domaine de Guilberville.

Une fois dans la pièce où se trouvaient tous les coffres et les malles, elle chercha des yeux, le coffre qu'elle voulait. Bien sur, celui-ci se trouvait sous plusieurs malles, derrière une série de paniers vides, fort heureusement.
Elle entreprit de les enlever, puis, elle tira comme elle put les malles. Enfin, le coffre fut accessible, mais lorsqu'elle voulut l'ouvrir, elle stoppa son geste, le souffle coupé. Une douleur avait parcouru tout son corps. Une fine couche de sueur avait recouvert son front. Elle se força à respirer lentement et à ne pas paniquer.

La douleur diminua rapidement, elle passa sa main sur son ventre, il était dur et elle sut qu'elle venait d'avoir une contraction.
Elle en avait eu déjà, mais sans pour autant que cela lui fasse mal. La matrone qu'elle avait vue à Troyes, l'avait rassurée. Ce n'était pas des contractions de travail.
Pourtant, et pour avoir enfanter déjà deux fois, elle sut que cette contraction-là n'était pas anodine. Restait à savoir si cela se reproduirait. Elle se calma doucement, et secoua la tête en murmurant pour elle-même, mais aussi à l'adresse du bébé:


- Il nous reste encore quelques semaines....décembre on a dit, bébé ...reste encore un peu au chaud..hein?

_________________
--Suzon


Elle était inquiète Suzon, inquiète pour sa Dame. Elle la voyait courir de la mairie au château de Rouen où elle passait des journées entières. Elle voyait son visage fatigué, ses traits tirés. A plusieurs reprises, elle l'avait vue grimacer, se tenir les reins, être obligée même de s'asseoir. Elle avait entendu Messire Stromboli lui demander de lever le pied, de se reposer, mais c'était mal la connaitre.
Suzon savait qu'il restait encore un bon mois avant que sa dame ne mette au monde son enfant. Mais au fond d'elle, une sourde angoisse ne la quittait plus. Fille de la campagne, ayant aidé à plusieurs reprises à mettre au monde des enfants, elle était certaine que jamais la Dame de Guilberville n'irait jusqu'au bout de cette troisième grossesse.

Ce jour là, sa dame était rentrée plus tôt, et sans demander son reste, elle était allée dans sa chambre.
Suzon avait fait part de son inquiétude à Didier qui était en train de rentrer du bois:


- Not' Dame est fatiguée...mais tête de mule comme elle est, elle ne l'avouera jamais...

Didier avait levé le nez de la cheminée où il était en train d'ajouter quelques buches:

- Ben, tu d'vrais aller voir, non? Comme ça, tu s'ras rassurée...

Elle avait hoché la tête:

- T'as raison, j'vais aller lui proposer une tisane!

Aussitôt dit, aussitôt fait, Suzon n'était pas du genre à trainer. Elle toqua doucement à la chambre. Un faible "oui" lui répondit, elle entra donc.
Sa maitresse était allongée sur le côté, sur le grand lit, elle était pâle.
Suzon posa le plateau et s'approcha, essayant de ne mettre aucun affolement dans sa voix:

- Ma Dame, vous ne vous sentez pas bien? Puis-je faire quelque chose pour vous?

Elle s'attendait à un "non", catégorique, à la place, elle l'entendit lui demander de prendre une plume et un parchemin et d'écrire.
Elle s'exécuta immédiatement. La lettre était adressée à Adeline de Courcy, la filleule de sa maitresse et disait:

Citation:

Ma bien chère filleule,

Il semblerait que le bébé ait l'intention de s'annoncer plus tôt que prévu.
En principe, il n'est attendu que pour la mi-décembre.
Je sais que tu te trouves au moulin, non loin de Dieppe. Te serait-il possible de venir au phare, à Fécamp?
J'avoue que je serais rassurée d'avoir ton avis....


Elle écrivit encore quelques mots et présenta le parchemin afin que Matou le relise et le signe. Tandis qu'elle le faisait partir par pigeon, la Dame de Guilberville lui murmura encore:

- Demande à Didier de prévenir Messire Stromboli. Mais surtout qu'il ne l'affole pas...




Stromboli
Stromb était mollement étendu dans la paillasse qu'il avait tendu entre deux murs du bureau, au port. Cette paillasse là était bien pratique, elle était suspendue au dessus du sol, et parfois un léger balancement le berçait. Il avait les cris des mouettes au dehors en fond sonore, ainsi que le crépitement du bois dans l'âtre qui chauffait la petite pièce. De temps en temps, Roberto (son pigeon blasé et déplumé), qui était couché sur son torse, changeait de position. Alors Stromb grognait légèrement, bougeait un peu, et tout deux retombaient dans les bienfaits de la sieste... Et de la flemme aussi, oui...

Ce jour là, dans l'après-midi, un gros benêt vint déranger ce calme divin. Stromb, qui par chance ne faisait que lambiner à ce moment là, entendit des pas lourds dans le lointain, qui se rapprochaient quand même assez vite. Voire même TRÈS vite. A peine eut-il réalisé que c'était vers le port et donc vers lui que ce bruit sourd se dirigeait, que la porte s'ouvrit à la volée, claqua contre le mur dans un bruit assourdissant. Didier se tenait sur le perron, essoufflé, rouge comme un boeuf, dégoulinant de sueur.

Stromb fit le plus violent des sursauts de toute sa vie. Son coeur sembla jaillir hors de sa poitrine, et son corps secoué brutalement le fit tomber à terre, les pieds enroulés et coincés dans la paillasse. Roberto, qui lui aussi avait failli avoir une attaque, avait piaffé d'horreur et s'était envolé prestement avant que Stromb ne l'écrase de son corps. Effaré, Stromb leva la tête vers Didier et tenta de se démêler de la paillasse en rageant contre lui.


Sombre idiot ! Crétin !! Misérable vermicelle pesteux !! Ver lubrique !!!! Qu'est-ce qui te prend bordel ????

Didier, dont les paroles de Stromb semblaient glisser sur lui comme de l'eau sur les plumes d'un oiseau, s'empressa d'aller aider celui qui lui versait ses gages. Stromb ne décolérait pas, encore sous le choc de cette entrée qui avait failli le paralyser de peur. C'aurait été une drôle de mort ! Didier ouvra la bouche et déversa un flot de paroles, alarmé.

M'ss... M'ss... M'ssire Stromb !! V'nez vite !! Y'a vot' femme qu'est pô bieng j'crois qu'elle va veuler !!

Stromb, qui malgré tout avait l'habitude de l'accent de Didier, avait du plisser les yeux et se concentrer pour comprendre ce qu'il lui dit.

Comment ça ma femme va gueuler ?? T'as été lui raconter que j'avais mis un hamac dans la vigie ??!!

Et comme Didier semblait s'affoler encore plus :

Mah non !! Elle va pondre un p'tiot ! On vous d'mande ! Vite !!!

Cette fois-ci, Stromb compris. Il ouvrit de grands yeux affolés, tétanisés, et s'accrocha à son bureau.

Quoi ?? Non c'est pas possible, c'est trop tôt !

Il passa sa main dans ses cheveux, l'air de réfléchir à tout allure, puis leva des yeux toujours affolés sur Didier.

On a pas une minute à perdre, viens vite !!

Et sans plus attendre, il balança un seau d'eau dans la cheminée, ferma les rideaux, fit la poussière à fond, rangea ses bouteilles de whisky par couleur... Non c'est pas vrai.... Il sortit en courant, Didier sur ses talons.

Il coururent comme des dératés jusqu'au phare. Didier fut pris d'un point de côté et dû ralentir avant de cracher ses poumons. Stromb qui avait l'habitude et (encore) la santé, avait filé comme le vent. Le phare se trouva sur sa trajectoire, et il couru droit devant lui, sautant la clôture, évitant les trous. Il arriva devant la porte, et à l'image de Didier quelques minutes auparavant, il ouvrit la porte à la volée qui faillit s'envoler, et se rua dans la bâtisse. Il trouva Suzon qui part hasard passait par là, et qui en entendant le fracas de la porte, et en voyant la tronche apocalyptique de Stromb, avait lâché ce qu'elle tenait et poussé un cri.

Stromb s'approcha d'elle et l'attrapa par les épaules, avant de la secouer comme un panier à salade.


Où est-elle Suzon ?? As-tu averti Adeline ?? Va me chercher un tonneau de calva, des serviettes et de l'eau. Ah et puis fais moi un sandwich aussi.

Et sans plus attendre, il se dirigea au pas de course vers la chambre, prenant un air le plus dégagé possible. Arrivé devant la porte. Il ferma les yeux et souffla un grand coup. Il murmura pour lui même...

Bon allez Stromb... On se détend...

Il prit une grande inspiration et entra à l'intérieur, arborant un grand sourire de façade, légèrement crispé, et son allure qui se voulait désinvolte trahissait cruellement son angoisse. Il ressemblait plus à un clown qu'à autre chose. Il vit Matou allongée, toute pâle, et son sourire se crispa d'avantage. Il alla la rejoindra, s'accroupit sur le sol devant elle et lui prit les mains.

Hey... C'est moi.. Ca va ? Arf... Non enfin... Je voulais dire... Tu as mal... Enfin... Pffff.... Moi ça va super ! Tout va bien... Tout va bien...

Suzon entra avec tout ce qu'il lui avait demandé auparavant et il la remercia mentalement. Il se retourna et fit semblant de refaire son lacet, et vida d'une traite la moitié d'une bouteille. Il se retourna vers Matou, lui reprit les mains, et ré afficha son sourire bizarre.

Tout va bien se passer... Je suis là... Tu ne crains rien. Hein Suzon ? Elle craint rien hein ?? Bon, n'ais pas peur. J'ai peur moi peut-être ????? NON, alors n'ais pas peur... Pas de raison d'avoir peur...

Il gigotait malgré lui, sa course l'ayant mis dans un état tout dépenaillé qui n'arrangeait pas son allure. Il regarda Matou, la couvrit de baisers et adressa une prière mentale à Aristote..

Ecoute moi bien DUCON si tu me l'enlèves celle-là aussi je viens moi même dans ton royaume à la con te pendre par les....

Il fut interrompu par Didier qui faisait son entrée, encore plus dégoulinant et essouflé. Il se tint à un meuble et lança d'au air d'enfant ravi d'avoir fait ce qu'on lui a demandé :

C'est'y bon !! J'l'ai prév'nu !! Gnnnnn !!!
Matouminou


Après avoir dicté la lettre à Suzon et l'avoir relue, elle ferma les yeux et écouta son corps. L'enfant qu'elle portait, bougeait nettement moins,depuis quelques jours,faute de place. Elle repensa à ce que lui avait dit la matrone vue à Troyes. La date de la délivrance n'était pas une certitude..."autour de la moitié du mois de décembre" avait-elle dit.
Ce que Matou savait, c'est qu'elle avait mis au monde ses deux premiers enfants toujours un peu avant le terme probable. Il y avait fort à parier que ce serait la même histoire avec celui-ci.

Machinalement et toujours les yeux fermés, elle passa ses mains sur son ventre. La douleur, ressentie quelques instants auparavant, s'était estompée.

Elle hésita à se lever. Stromb avait raison, elle devait essayer de se ménager. Les affaires à la mairie pouvaient attendre un peu. Les mandats étaient faits, elle avait donné des ordres pour qu'on lui mette les marchandises aux prix de rachat fixés par la mairie, de côté. Enfin, elle avait mis en place le système de transfert de pigeons, qui du coup venaient déposer tous les courriers pour la mairie, au phare.
Quant au CD, il se passerait d'elle dans les jours à venir. De toute façon, c'était période de deuil dans tout le royaume, donc les animations auxquelles elle était affectée, étaient suspendues.

Elle s'assoupit doucement, portée par le ressac des vagues contre la falaise sur laquelle était bâti le phare. De temps à autre, un peu étouffé, le cri d'une mouette lui parvenait.
Son ventre se contracta une fois encore, mais la douleur qui était censée accompagner cette contraction ne se manifesta pas. Elle soupira de soulagement et continua de tout doucement glisser dans un assoupissement bienfaiteur.

Soudain, le bruit de la porte qu'on ouvre la fit sortir de sa torpeur. Elle ouvrit les yeux, le regard un peu hagard et sourit en voyant entrer son volcan, notant qu'il avait l'air calme.
Se pouvait-il que Didier, pour une fois, ait fait montre de tact et l'ait averti en le ménagement et sans hurler un truc du genre "vot Dame est en train d'accoucher!!" Avec Didier, il fallait s'attendre à tout...

Toutefois, elle sut aux premiers mots de Stromb et à sa façon de sourire crispé, que son calme n'était qu'apparent, de plus, il était dans un état épouvantable, sans doute avait-il couru comme un dératé. Elle voulut le rassurer, mais déjà il lui avait prit la main en lui disant:


Citation:
Hey... C'est moi.. Ca va ? Arf... Non enfin... Je voulais dire... Tu as mal... Enfin... Pffff.... Moi ça va super ! Tout va bien... Tout va bien....


Elle ouvrit la bouche, tentant de dire quelque chose, mais il s'était retourné pour accueillir Suzon qui portait un grand plateau sur lequel, Matou vit une bassine d'où s'échappait de la vapeur...de l'eau chaude sans doute, des serviettes et une bouteille de calva. Focalisant alors son attention sur la bassine et les serviettes, elle allait s'exclamer, quand de nouveau Stromb lui parla:

Citation:
Tout va bien se passer... Je suis là... Tu ne crains rien. Hein Suzon ? Elle craint rien hein ?? Bon, n'ais pas peur. J'ai peur moi peut-être ????? NON, alors n'ais pas peur... Pas de raison d'avoir peur...


Et il se mit à lui couvrir le visage de baisers. Elle ne put s'empêcher de rire doucement. Elle attendit un peu et put enfin lui dire:

- Euh..chéri...oui, je vais bien...j'ai eu juste une petite contraction...Adeline a été prévenue... mais toi, tu as l'air... enfin...je veux dire, tu me sembles un peu agité, tu es sûr que ça va?...

A peine eut-elle fini sa phrase que Didier entra à son tour dans la chambre, soufflant comme un bœuf, en nage, mais avec un sourire satisfait sur le visage:

Citation:
C'est'y bon !! J'l'ai prév'nu !! Gnnnnn !!!


Elle hocha la tête se mordant la lèvre pour ne pas lui hurler de déguerpir. De plus, un pigeon venait d'arriver, et Suzon lui tendit le message. Matou le prit et lui dit:

- Merci Suzon, tu peux te retirer, et prends avec toi Didier...occupe le à quelque chose, hein?? mais tiens le éloigner de cette chambre...ohh..et c'est inutile d'alarmer tout Fécamp hein??

Et elle lut le message tout haut:

Citation:
Expéditeur : Deedee
Date d'envoi : 08/11/1460 - 22:24:13
Titre : Re: besoin de toi

Ma chère marraine,

Je ne sais pas pourquoi mais je m'attendais a cette lettre d'un instant a l'autre. Et comme je le suppose tu n'a pas du m'écouter et te reposer un peu... Enfin qu'importe, je vais venir aussi vite que possible, mais en attendant je t'en pris, REPOSE toi !

Je fais seller mon cheval au plus vite et prend la route aussitôt !

Je t'embrasse...

Deedee


Elle fit un pâle sourire à Stromb, d'autant qu'une contraction, cette fois-ci douloureuse, lui avait vrillé le ventre, mais elle réussit à balbutier:

- Voilà...tu vois, elle va arriver...arffff...et comme elle me le....ahhh...demande, je me repose...Mais pourquoi...tu as....erfff..demandé à Suzon de ... de...rapporter de l'eau chaude et des serviettes?

_________________
























Stromboli
Il avait dévoré le visage de Matou de baisers, et cela la faisait rire. Stromb râla intérieurement en se disant qu'il était quand même infiniment probable qu'elle se soit rendu compte de son état d'agitation intérieur.

Citation:
- Euh..chéri...oui, je vais bien...j'ai eu juste une petite contraction...Adeline a été prévenue... mais toi, tu as l'air... enfin...je veux dire, tu me sembles un peu agité, tu es sûr que ça va?...


Il ouvrit de grands yeux, à la fois très surpris et révoltés, et s'insurgea dans une voix qui monta très haut dans les aigus sur le démarrage.

Quoi MOI ??? Mais bien sûr que ça va allons ! Je suis tout à fait calme !! Je vais très bien !!! Tout va très bien !!!!!

Il s'était levé pour faire sa prière mentale et s'était appuyé contre une commode d'un air qui se voulait nonchalant. Mais il était bien loin de la désinvolture qu'il voulait affiché... Raide comme un piquet, en proie à une agitation croissante, crispé comme un Jésus dans le cul d'une nonne... Sans oublier ce sourire affolé camouflé derrière une expression qui se voulait rassurée et calme.

Puis Didier entra. Il l'avait entendu dire sa sottise du jour, et avait levé les yeux au plafond. Mais en voyant que Matou se retenait pour ne pas lui hurler de sortir, son agitation monta d'un cran. Il s'approcha de Didier en faisant de grands gestes.


Bon Didier tu sors là ! Tu vois bien que c'est pas le moment !! Va compter les fientes de mouette collées sur le phare !!!

Et sans ménagement, il le poussa dehors, ainsi que la pauvre Suzon qui n'avait rien demandé. Il referma la porte et se retourna vers Matou, lorsqu'un pigeon arriva par la fenêtre. Il retourna s'accroupir prés d'elle et écouta le contenu de la missive. Il était à peu prés rassuré de savoir Adeline en route. Mais ce fut peine perdu lorsqu'il entendit parler Matou, manifestement accusant la douleur d'une contraction. Il prit ses mains et l'écouta, vissé à ses lèvres, son angoisse revenant au fur et à mesure qu'elle finissait sa phrase.

Citation:
- Voilà...tu vois, elle va arriver...arffff...et comme elle me le....ahhh...demande, je me repose...Mais pourquoi...tu as....erfff..demandé à Suzon de ... de...rapporter de l'eau chaude et des serviettes?


Il chercha un peu de salive pour arriver à parler. Il se flagella mentalement en se disant qu'il avait eu une idée stupide en demandant à Suzon d'amener si vite l'eau et les serviettes. Il risquait d'angoisser encore plus Matou. Alors il dit d'une voix qui se voulait calme, mais qui n'aurait fait marcher personne :

L'eau chaude et les serviettes...? C'est...euh... ben... pour faire les carreaux !! Je me suis dis tieeeeenns ! Si je faisais les carreaux !! Hein ?? Qu'est-ce t'en dis ???

Il se mis sur ses pieds d'un bond et trempa une serviette dans l'eau, l'essora, et commença à laver la première fenêtre se trouvant devant lui, un sourire vissé au visage... Qui n'avait vraiment plus rien d'humain.

Et soudain, il entendit Didier lui crier depuis dehors, un peu plus bas... :


M'ssire Stromb ?! Ca compte les fientasses séchées ??

N'en pouvant plus, Stromb explosa.

Ta gueule !! Ta gueule !!!!!! TA GUEULE !!!!!!!!!!!!!!!!

Et jeta le contenu de la bassine en contre bas dans un torrent de d'injures plus ou moins fleuries.
Matouminou


Tandis que Stromb l'assurait qu'il allait vraiment très bien :

Citation:
Quoi MOI ??? Mais bien sûr que ça va allons ! Je suis tout à fait calme !! Je vais très bien !!! Tout va très bien !!!!!


...elle essaya de se détendre. Il renvoya Suzon et Didier sans ménagement, intimant à ce dernier d'aller compter les fientes des mouettes sur le phare. La contraction qui l'avait saisit alors, l'empêcha de dire qu'il pouvait aussi enlever les mousses, le phare en avait bien besoin. Elle s'étonna elle-même en silence de ce qui lui traversait l'esprit dans cette situation exceptionnelle. Mais les voies du cerveau sont parfois très surprenantes à défaut d'être impénétrables.

Fort heureusement, la douleur s'était éloignée presqu'aussi vite qu'elle était apparue. Nulle doute que le travail était en train de commencer. Pour autant, il pouvait se passer encore quelques jours avant que le bébé ne se décide à pointer le bout de son nez.

Matou fit une petite moue en regardant son volcan. ce qui l'inquiétait c'était de savoir s'il allait tenir le choc sur la longueur. D'autant que sa nonchalance feinte ne trompait pas Matou. Et ce n'était que le début. Il lui avait dit ne pas avoir assisté à la naissance de Luna, c'était donc une première pour lui.

Et voilà maintenant qu'il jouait à l'offusqué, ouvrant de grands yeux, feignant d'être outragé par le simple fait qu'elle puisse penser qu'il était angoissé, et s'appuyant avec désinvolture contre la commode. Il jouait excellemment son rôle de "je vais bien tout va bien...", seuls les aigus de sa voix auraient pu étonner.
Mais Matou n'était pas dupe, elle le connaissait bien. Seulement, elle même était en train de se maitriser, et pour une fois, elle n'avait pas grand chose à lui servir pour le détendre.

Elle n'avait pu lui masquer la grimace que lui avait arrachée la douleur, et il avait lâché la commode pour venir près d'elle. Elle lui sourit, essayant à travers ce sourire de le rassurer, et l'écouta lui donner l''explication de cette bassine d'eau chaude et des serviettes.


Citation:
L'eau chaude et les serviettes...? C'est...euh... ben... pour faire les carreaux !! Je me suis dis tieeeeenns ! Si je faisais les carreaux !! Hein ?? Qu'est-ce t'en dis ???


Elle le regarda bouche bée, ouvrit la bouche, la referma, telle une poule découvrant l’œuf qu'elle venait de pondre et se demandant qui de l’œuf ou d'elle même était apparu en premier.
Elle roula des yeux, aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. Il y a des moments comme cela où l'on croit ne plus être étonnée de rien, mais là, vraiment, ça dépassait tout ce qu'elle aurait pu imaginer.
Elle le regarda se saisir d'une serviette, la tremper dans l'eau, et avec un sourire, ressemblant plus à une grimace de quelqu'un venant de se coincer le doigt dans une porte, commençait à frotter la première fenêtre de la chambre.

Elle secoua la tête et réussit à lui lancer:


- euh...oui...c'est une bonne idée...j'hésitais justement, entre accoucher et laver les carreaux..tu m'excuseras, j'ai choisi la première possibilité...mais frotte, frotte...faut que ça brille...

A ce moment là, elle entendit la voix de Didier venant d'en bas:

Citation:
M'ssire Stromb ?! Ca compte les fientasses séchées ??


La réaction de Stromb fut immédiate, trop de tension sans doute, il explosa, balança le contenu de la bassine par dessus la fenêtre, visant, à n'en pas douter, Didier, tout en lâchant une bordée de jurons, tous plus colorés les uns que les autres.

C'est alors que Matou fut prise d'un formidable éclat de rire. Les larmes lui coulaient sur le visage tant elle riait. C'était surement nerveux mais la situation étant tellement cocasse qu'elle ne pouvait plus se retenir:


HA HA HA HA HA!! Je...je..HA HA HA HA...HI HI HI...je...je..vais...je vais ac...

Soudain, le rire mourut dans sa gorge, elle se figea et dit avec un grand sourire:

- Je..je..crois que..j'ai perdu les eaux...

_________________



































Stromboli
Il avait balancé le contenu de la bassine sur Didier. L'eau était chaude, heureusement pas bouillante, sur le long terme il s'en serait voulu... Il entendit un bruit suivi d'une plainte en contre-bas. C'est alors qu'il s’aperçut qu'il avait carrément balancé la bassine, et que ce pauvre Didier avait du se la prendre sur la tête. Il maugréa encore et ferma la fenêtre. Il regarda Matou qui était plié de rire, pleurant même tellement l'euphorie l'avait atteinte. Stromb se détendit un peu, chose qui arrivait à chaque fois qu'il l'entendait rigoler.

Mais soudain, elle se figea, son rire ne raisonna plus. Instinctivement, il savait que quelque chose s'était passé. Il sentit un frisson le parcourir depuis les pieds jusqu'à la racine des cheveux, et se dit qu'à se rythme là, dans moins de 10 ans il aurait des cheveux blancs...

Il entendit Matou bégayer quelque chose..


Citation:
- Je..je..crois que..j'ai perdu les eaux..


Sur le coup, il ne comprit pas. Il haussa les sourcils et demanda, d'un air penaud.

Ah... Euh... Ben oui du coup j'ai tout balancé par la fenêtre... Mais c'est pas un problème je vais t'en rechercher si tu veux. Tu préfère pas un calva... ?

Il se dirigeait vers la porte lorsqu'un truc fit tilt au fond de sa tête, et il tressaillit. Il se rappela d'un soir où Matou avait comblé quelques lacunes concernant son ignorance en matière d'accouchement en lui expliquant comment se passeraient les choses une fois le moment venu. Et l'expression "perdre les eaux" lui était revenu en mémoire d'une façon fulgurante. Il se retourna au ralenti vers Matou, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte. Saisi d'horreur, il clignota des yeux plusieurs fois, tenant de dire quelques choses. Il passa ses mains dans ses cheveux, ne cherchant même plus à cacher son affolement généralisé, et s'exclama sur un ton qui lui revenait rarement :

Tu.. Tu as perdu les eaux ?? Oh put... Je veux dire... Seigneur !!! Non !! Mais que fait Adeline bon sang !!!!!

Il s'exprimait en faisant de grands geste, parcourant la pièce de long en large.

Bon... Au moins on n'a plus ce problème d'eau...

Il s'arrêta net en réalisant ce qu'il venait de dire. Il s'insurgea contre lui même et se mit des baffes. Puis revenant vite prés de Matou :

C... C... Comment tu te sens ? Ca va ?? Enfin.... Tu... Tu accouches là ? Maintenant ?? Tout de suite ????? Tu... Tu veux pas attendre un peu par hasard... ????

Il avait pris ses mains dans les siennes et les serraient fort, gigotant dans tout les sens, impossible de tenir en place. Il saisit des coussins pour mieux l'installer, râla contre l'un d'entre eux qui ne voulait pas prendre la forme qu'il voulait, et le balança vers la porte. Porte qui s'ouvrit à ce moment là sur Didier, trempé, le front orné d'une bosse, la bassine à la main. Le coussin lui arriva en pleine figure et y resta collé. Stromb tourna la tête et grimaça en voyant l'homme.

Bon sang Didier... Ca fait combien de temps que tu t'es pas lavé ?? Reste pas là idiot ! Va chercher une nouvelle bassine d'eau !!!

Didier arracha le coussin et ouvrit la bouche pour parler.

M'ssire, y'a pô qu'les fientes qu'faudrait enlever ! Y'a plein d'la mousse aussi !!

Stromb eu un moment de blocage, se demandant s'il avait bien entendu.

Attend... Matou est en train d'accoucher et tu me parle de fientes de pigeon et de mousses collées au phare ???!! ON S'EN FOUT !!!!! Dégage !!

Et sans plus d'attention, il le mis dehors avec un coup de pied au fesses. Il revint vers Matou et lui parla d'une voix où le calme n'avait plus guère de place.

Tout va bien... Tout va bien... Tu veux que je te chante une chanson...??
Matouminou


Stromb s'était retourné vers elle, l'entendant surement rire, puis ne plus rire. Elle nota qu'il n'avait plus la bassine en main et il lui traversa l'esprit qu'il avait du la jeter sur Didier. Imaginer qu'elle ait pu lui échapper des mains était fort improbable.

A l'annonce qu'elle avait perdu les eaux, il la regarda et eut alors une drôle de réaction, elle se serait attendue à ce qu'il pâlisse violemment, puis, à ce qu'il court dans tous les sens, mais au lieu de cela, il lui répondit en se dirigeant vers la porte:


Citation:
Ah... Euh... Ben oui du coup j'ai tout balancé par la fenêtre... Mais c'est pas un problème je vais t'en rechercher si tu veux. Tu préfère pas un calva... ?


Mais finalement il s'immobilisa avant de l'avoir atteinte et la réaction escomptée eut lieu. Il fallait juste que la nouvelle soit décryptée. Il est vrai qu'il était mis à rude épreuve, et que son cerveau devait être en ébullition. Elle réfréna un sourire et apprécia le spectacle entre affolement et panique, interrogations et remarques étranges.


Citation:
Tu.. Tu as perdu les eaux ?? Oh put... Je veux dire... Seigneur !!! Non !! Mais que fait Adeline bon sang !!!!
!


Il arpentait la pièce maintenant, de long en large:

Citation:
Bon... Au moins on n'a plus ce problème d'eau...


Elle le regarda, perplexe, mais sans rien dire, elle hocha la tête avec sérieux. Toutefois, et s'il avait été moins affolé, il aurait sans doute vu cette petite lueur moqueuse dans ses yeux. Mais, son état était indescriptible. Voilà qu'il lui prenait les mains, les serrant fort dans les siennes, puis qu'il lui installait des coussins,les tapotant, sans doute pour qu'elle soit confortablement installée, tout en la questionnant:

Citation:
C... C... Comment tu te sens ? Ca va ?? Enfin.... Tu... Tu accouches là ? Maintenant ?? Tout de suite ????? Tu... Tu veux pas attendre un peu par hasard... ????


Elle se mit à rire et voulut le rassurer. Mais Stromb s'en était pris à un coussin récalcitrant et l'avait balancé vers la porte. C 'est le moment que choisit Didier pour entrer, se prenant dans la tête le coussin qui y resta collé. Matou ouvrit la bouche et poussa un petit cri et se mit à rire de plus belle.
Loin d'être décontenancé, Didier expliqua pourquoi il était là et ce qu'il avait constaté:


Citation:
M'ssire, y'a pô qu'les fientes qu'faudrait enlever ! Y'a plein d'la mousse aussi !!


Elle se calma et fit un grand sourire en hochant la tête. Heureux, finalement les innocents, ils ne sont pas si aveugles que ça. Pour autant, ce ne fut pas du gout de Stromb et une fois encore, Didier en prit pour son grade. L'espace d'un instant, il traversa l'esprit de Matou que Didier ne finirait pas vivant de toute cette histoire.

Elle se racla la gorge pour attirer l'attention de son volcan. Déjà ce dernier, après avoir jeté Didier hors de la chambre, revenait près d'elle en lui disant:


Citation:
Tout va bien... Tout va bien... Tu veux que je te chante une chanson...??


Haaaannnn, non, pas une chanson!! Elle secoua vivement la tête et lui répondit :

- Non, non...garde les chansons pour quand le bébé sera là, je pense que entre tes braillements et les siens, enfin, je veux dire tes berceuses calmeront sans doute ses pleurs...Sinon, oui, tout va bien..mais...je crois finalement que j'ai pas encore perdu les eaux...fausse alerte....


Et elle se pencha vers lui pour lui murmurer:

- ...je veux juste que tu te calmes...tout va bien, tu vas être papa dans peu de temps, quelques jours tout au plus....

Et elle le regarda avec son plus beau sourire, et l'attira contre elle pour l'embrasser tendrement.

_________________

































Stromboli
Stromb était proprement stupéfait et impressionné par le calme de Matou. Il se rappela qu'en effet, elle n'en était pas à son premier, et qu'il y avait des chances pour qu'elle commence à avoir l'habitude. Or lui, ayant raté la venue au monde de sa fille, était autant débutant en la matière qu'un poussin mettant la tête hors de la coquille pour découvrir le monde. Alors qu'elle l'embrassait, il se repassa ce qu'elle venait de lui dire, et ouvrit de grands yeux en ne retenant qu'une seule chose : "quelques jours tout au plus.... "

Il se détacha de ses lèvres, prenant sur lui-même pour se calmer. Il la regarda et dit à voix basse, comme s'il ne valait pas qu'Aristote l'entende et que ça lui donne des idées :


P... Plusieurs jours... ?

Et il se mit à faire la carpe, comme Matou quand elle est fasse à une situation ubuesque, en ouvrant et fermant la bouche, incapable de dire quoi que ce soit d'autre. Il prit une grande respiration, se maîtrisant du mieux qu'il pouvait. Il tourna la tête et chercha la bouteille de calva qu'il avait entamé précédemment. La trouvant, il s'en saisit et la finit. Il la posa par terre, d'un air très sérieux, retenant un hips, et regarda Matou droit dans les yeux.

J'm'en fous, ça peut durer des jours, j'ai pas peur... Je vais te soutenir et grâce à moi tu n'auras pas peur. Hein ? Bon, alors calme toi, il ne faut pas que tu t'alarme comme ça Matou. Tu t'emballes pour un rien toi aussi tssss....

Et ça, mesdames et messieurs, ça s'appelle de la mauvaise fois. Il posa sa tête contre elle et s'appliqua à ne plus bouger, se disant que de toute façon si ça devait durer plusieurs jours, il ferait une attaque au bout du premier...
--Adeline.
[Dieppe, un moulin perdu dans la forêt à la sortie de la ville]

Et voilà, on lui disait de prendre du repos, de penser un peu à elle, à sa santé, mais bien entendu quand elle même donnait ces conseils, personne ne l’écoutait, et surtout pas sa marraine ! Elle lui avait dit pourtant, elle l’avait prévenue, p’tet qu’elle aurait dû la menacer de lui faire boire du calva dieppois pour lui faire entendre raison, oui, tiens, bonne idée ça ! Elle allait même en prendre une bonne réserve pour lui en donner une fois sur place !

Le message de Matou lui était arrivé peu de temps auparavant, auquel elle avait répondu aussi vite et s’était mise à préparer tout ce dont elle aurait besoin. Pas de temps à perdre, si le bébé s’annonçait réellement, elle avait tout intérêt à prendre son meilleur cheval, Triple Galop Voyageur, avec un tel nom, elle serait à Fécamp en moins de deux ! Sauf si bien sur elle rencontrait une grève du foin sur la route ou une souris suicidaire qui se jetteraient sous les sabots de son cheval, mais là ce serait la faute à pas de chance ! Mais n’y pensons pas, avec TGV, elle prendrait le temps d’aller vite.

Le souci principale là, maintenant était surtout de savoir quoi prendre avec elle. La scie ? Non pas nécessaire ce n’était pas pour une amputation. Le trépan ? Non plus, elle n’y allait pas pour une trépanation. Quoi que ? Des fois que Stromboli se sente mal pendant l’accouchement. Couteau, ciseau, fil, aiguille, tout était là, mais il en manquait… Bandage, baume, huile de violette, sachet de plante, gourdin... Gourdin ?! Oups ! Non, ce n’était pas au programme, désolé. Donc nous disions… Plante, plante… et il ne manquait plus que… Ah oui ! Le calva ! I N D I S P E N S A B L E !
Voilà ! Tout était prêt ! Chargé sur la mule, euh… je veux dire sur TGV et sans supplément de bagage en plus !


-En route ! Marmonna-t-elle alors en donnant un petit coup de talon à sa monture. Direction Fécamp !

[Fécamp, bien des heures et des heures plus tard]

Elle venait d’affronter le blizzard, les embouteillages, une panne de fer, une pause pipi, mais enfin, elle avait réussi à passer les portes de Fécamp sans trop d’encombre, ne restait plus qu’a trouver le phare où résidait Matou. Un phare, ça ne devait pas être bien compliqué à trouver, une espèce de tour couverte de mousse et de fientes de mouette, perché sur une falaise, enfin... Un truc comme ça.
Ça faisait tellement longtemps qu’elle n’était pas venu à Fécamp, enfin non, la dernière fois elle était duchesse accompagnée d’une espèce de caravane ducal. Moui… mieux valait ne plus trop y penser et songer plutôt au futur petit Fécampois qui allait arriver. En espérant qu’il ne devienne pas un futur politicien Normand !


-Pardon mon brave, le phare de Guiberville, c’est bien par ici ?
-Oh mais oui ma bonne dame ! Vous pouvez pas vous tromper, vous suivez les mou’ttes !


Gné ? Adeline afficha une de ses moues dont elle avait le secret, ce genre de grimaces qui vous disent simplement : « Gné pa potib ! » ou « Gné qui dit ? » Bref, elle n’avait rien compris, mais poliment, courtoisement, diploooooomatiquement, la jeune femme le remercia d’un sourire et poursuivit sa route jusqu'à la mer. Elle longea ensuite la côte avant d’arrivée, ENFIN, au phare.
Pourvu qu’il ne soit pas trop tard…


-Hoo du phare ! Il y a quelqu’un ? Marraine !! Tu m’as attendu j’espère !? Stromb !!! Ouvrez mouaaaahhh !

Discret comme arrivée ? Ohh si peu !!!

See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 12, 13, 14, ..., 24, 25, 26   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)