Stromboli
Groumff !! Entre Matou qui pleurait de rire et Adeline qui se moquait de lui. Il prit un air pincé, bougonnant dans sa barbe.
Pffff... N'importe quoi ! Bien sûr que le reste est là. Mais..euh...il doit être plus haut, je sais pas moi !
Il jeta un oeil dans la bouche de Matou qui rigolait, dans l'espoir dapercevoir un doigt de pied. Il blêmit en ne voyant rien. Comment feraient-ils pour élever une tête ? Comment feraient-ils pour lui apprendre à marcher ? Comment sucerait-il son pouce ?? Arghhh ! Sans compter les discriminations !! Stromb secoua la tête. Non.. surtout ne pas penser à ça...
Citation:
-Dites ? Vous êtes sur davoir commandé un bébé ? Il est tout poilu !
A peine remis du choc que Stromb entendit Adeline parler à nouveau. Il haussa un sourcil.
Hein ? Chevelu ? Mais il a de l'avance, il est pas sensé être chevelu !! A moins que....
Il regarda Matou en plissant les yeux.
Ouuuh toi... Ne me dis pas que tu n'as pas su résister à la gambas de Didier hein !!! C'est une catastrophe !!!! Notre enfant sera poilu et roux, avec juste une tête !!!!!!!!!!!! Noooooooooooooooon !!!!!!!
C'était à son tour de faire de la respiration d'accouchement. Il avait viré affreusement pâle et gigotait derrière Matou.
Mais déjà cette dernière s'était remise à pousser. Énième écrasage de doigts, énième craquage d'os... La bonne nouvelle était que, à ce rythme, forcément dans très peu de temps les doigts tomberaient, donc la douleur s'estomperait. Il se voyait déjà avec les doigts tout tordus à vie.
Hannn.... J'aurai les doigts difformes ! Comment je vais faire pour lui tenir la m......... Arfffffffffffffff ! C'est vrai qu'il a pas de mains, c'est qu'une tête !!!!!! HANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN
Ô rage ô désespoir* comme dirait l'autre drôle d'oiseau... Il en aurait pleuré !
Citation:
-StoooOOOoopppp ! On ne pousse plus ! La tête est sorti mais ya quelque chose qui coince !
Il ouvrit de grands yeux. Quelque chose qui coince !! Comme si ça suffisait pas !!!
Citation:
-Viens voir ton petit chevelu avant que je ne le décoince.
A force d'ouvrir de grands yeux, il ressemblait désormais plus à un hibou qu'à un homme. Venir voir ? Il se rappela qu'on l'avait bien mis en garde, surtout, de ne jamais regarder en bas, quoi qu'il arrive. Il regarda Matou, l'air hésitant. Puis Adeline.
Euh... T'es sûre que c'est bien nécessaire...?
Puis, sa fierté exacerbée reprenant le dessus, il se dit qu'il était hors de question de passer pour un trouillard. Il se leva avec précaution, pour ne pas bousculer Matou, et rajouta quelques coussins dans son dos pour pas qu'elle ne perde l'équilibre. Puis il s'avança vers Adeline, raide comme un piquet. Il contemplait le plafond, lui trouvant soudain un grand intérêt. Puis son regard ripa, pire qu'un sabot usé sur la neige, à l'endroit fatidique. Il ouvrit de grands yeux, découvrant le spectacle de la tête coincée là où d'habitude il coinçait autre chose....
Il s'agrippa à une table, chancelant, verdissant, la sueur perlant sur son front... Il regarda Adeline, bredouilla quelque chose. Puis se reprenant avec un effort surhumain, il articula avec peine :
Je... Je vais... Euh... Chercher un journal pour... Euh... Voir le cours de la laine... Je reviens...
Il sortit le plus dignement possible. Une fois la porte refermée derrière lui, il se trouva face à Didier et Suzon qui patientaient dans le couloir. Il s'approcha d'eux, pâle comme la mort... Et vomit toutes ses tripes sur les chausses des tourtereaux. Il redressa la tête et essuya sa bouche avec la manche de Didier.
Amen...
*Pierre Corneille