--Lupino
Lupino n'arrivait pas à dormir, cette nuit-là.
La veille au soir, Dante et lui étaient allés dans l'impasse sombre, qui était le passage emprunté à chaque fois qu'ils désiraient se divertir. Femmes et alcools, drogues et liqueurs en pavaient le sol. Leurs habitudes étaient prises en l'établissement, ils étaient connus des gérants, car depuis qu'ils s'étaient installés dans leur échoppe, ils avaient pu le visiter plusieurs fois.
Les yeux des deux Italiens s'allumaient toujours quand on parlait de l'établissement, pendant un court instant en général, avant de retomber à leur état naturel. Mais cet éclat était dû aux bienfaits de l'endroit qui, à défaut d'apaiser les tourments de leur esprit, satisfaisaient les besoins de leur corps. C'était toujours ainsi, chaque soir.
Mais pas hier soir.
Lupino, depuis une semaine, préparait une vente dont il n'avait pas parlé à Dante Non pas qu'il désirât mentir à ce dernier, ou lui cacher quoi que ce soit. Non, il aurait donné jusqu'à sa vie pour lui! Mais il voulait s'occuper de cela, par lui-même, comme s'il avait le sentiment qu'il devait prouver quelque chose - ou se prouver quelque chose.
En affaires, c'était toujours Dante qui menait la danse, et c'était bien ainsi. Il maniait à perfection les cajoleries mélangées aux menaces sourdes, de même que les langues ou les cultures étaient de redoutables atouts dans la négociation. Lupino, lui, savait tout faire, trouver, ou savoir. Mais il lui manquait sans doute la vision d'ensemble, des choses. Savoir que, par exemple, certains receleurs d'armes n'auraient pas besoin de leur acheter des armes, cela aurait été utile. Ou se douter que quelque chose n'allait pas quand ce même receleur d'armes voulait leur acheter très peu de marchandises. Mais Lupino, pour une fois, n'avait pas été assez méfiant. Peut-être grisé par leur situation confortable.
En tout cas, il avait manqué de prudence.
Vers les deux heures du matin, il se leva définitivement du lit dans sa chambre. Il était torse nu, et la fraîcheur ambiante ne le fit pas même frissonner. Tout au plus, le fin duvet qui accompagnait sa peau trembla-t-il. Mais la sueur, les effluves d'alcool et la moiteur prostituienne avaient disparu. Il respira plusieurs fois, doucement et longuement, puis alla vers la table. Il plongea ses mains dans le bac d'eau, s'aspergeant le visage, puis enfila une chemise souple et mit une cape sur ses épaules. A ses pieds trônaient un petit coffre. Il s'en saisit. Puis, alerte et rapide, quitta la chambre qu'il ne referma même pas.
Le couloir fut rapidement franchi, et Lupino passa devant la chambre où Dante dormait. Il ne put s'empêcher de sourire un peu, se souvenant de la soirée, et songeant de nouveau à la brune qui leur avait donné tant de plaisir. Pas une seconde il ne se dit que cela pouvait être malsain. Il fit une petite moue, puis son sourire disparut, pour laisser la place au sérieux professionnel. L'Italien descendit l'escalier, jouissant du silence l'environnant, puis sortit dans la ruelle.
Il regarda à droite, à gauche, puis à droite. Et prit la direction du receleur. Il voulait traiter cette affaire rapidement.
La veille au soir, Dante et lui étaient allés dans l'impasse sombre, qui était le passage emprunté à chaque fois qu'ils désiraient se divertir. Femmes et alcools, drogues et liqueurs en pavaient le sol. Leurs habitudes étaient prises en l'établissement, ils étaient connus des gérants, car depuis qu'ils s'étaient installés dans leur échoppe, ils avaient pu le visiter plusieurs fois.
Les yeux des deux Italiens s'allumaient toujours quand on parlait de l'établissement, pendant un court instant en général, avant de retomber à leur état naturel. Mais cet éclat était dû aux bienfaits de l'endroit qui, à défaut d'apaiser les tourments de leur esprit, satisfaisaient les besoins de leur corps. C'était toujours ainsi, chaque soir.
Mais pas hier soir.
Lupino, depuis une semaine, préparait une vente dont il n'avait pas parlé à Dante Non pas qu'il désirât mentir à ce dernier, ou lui cacher quoi que ce soit. Non, il aurait donné jusqu'à sa vie pour lui! Mais il voulait s'occuper de cela, par lui-même, comme s'il avait le sentiment qu'il devait prouver quelque chose - ou se prouver quelque chose.
En affaires, c'était toujours Dante qui menait la danse, et c'était bien ainsi. Il maniait à perfection les cajoleries mélangées aux menaces sourdes, de même que les langues ou les cultures étaient de redoutables atouts dans la négociation. Lupino, lui, savait tout faire, trouver, ou savoir. Mais il lui manquait sans doute la vision d'ensemble, des choses. Savoir que, par exemple, certains receleurs d'armes n'auraient pas besoin de leur acheter des armes, cela aurait été utile. Ou se douter que quelque chose n'allait pas quand ce même receleur d'armes voulait leur acheter très peu de marchandises. Mais Lupino, pour une fois, n'avait pas été assez méfiant. Peut-être grisé par leur situation confortable.
En tout cas, il avait manqué de prudence.
Vers les deux heures du matin, il se leva définitivement du lit dans sa chambre. Il était torse nu, et la fraîcheur ambiante ne le fit pas même frissonner. Tout au plus, le fin duvet qui accompagnait sa peau trembla-t-il. Mais la sueur, les effluves d'alcool et la moiteur prostituienne avaient disparu. Il respira plusieurs fois, doucement et longuement, puis alla vers la table. Il plongea ses mains dans le bac d'eau, s'aspergeant le visage, puis enfila une chemise souple et mit une cape sur ses épaules. A ses pieds trônaient un petit coffre. Il s'en saisit. Puis, alerte et rapide, quitta la chambre qu'il ne referma même pas.
Le couloir fut rapidement franchi, et Lupino passa devant la chambre où Dante dormait. Il ne put s'empêcher de sourire un peu, se souvenant de la soirée, et songeant de nouveau à la brune qui leur avait donné tant de plaisir. Pas une seconde il ne se dit que cela pouvait être malsain. Il fit une petite moue, puis son sourire disparut, pour laisser la place au sérieux professionnel. L'Italien descendit l'escalier, jouissant du silence l'environnant, puis sortit dans la ruelle.
Il regarda à droite, à gauche, puis à droite. Et prit la direction du receleur. Il voulait traiter cette affaire rapidement.