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Retrouvailles

Ogodei
Le songe a bien du durer quelques minutes. Longues minutes de solitude livré au froid du vent qui transforme son corps en bloc de glace consentant. Les frissons succèdent à l'immobilisme absolu et la petite carcasse se déplie avec lenteur, secouant le sable qui s'est installé sur sa peau.

Les gants sont les premiers vêtements à couvrir un bout de son corps. Ses mains, symbole de l'obstination paternelle, sont bien vite cachées au regard du monde qui n'est pas là pour voir. Le reste suit avec empressement et méthode. Et dans un dernier geste théâtral, le blond défait son traditionnel catogan pour lâcher face au vent sa chevelure qui danse, secouée et claire.

Il est temps de rentrer. La canne, inutile ici, n'est que décorative et sans un regard pour l'océan qui continue à produire son vacarme, il s'éloigne.

Le visage est fermé, froid. Le corps et l'esprit sont vidés de cette lutte inégale et perdue par avance. Il a, l'espace d'un instant, retrouvé une paix de l'esprit qu'il sait éphémère, mais douce.

Devant lui, il aperçoit la silhouette presque connue qui s'éloigne. Etrange... il était certain de l'avoir vue tout à l'heure déjà... Serait-elle revenue. L'aurait-elle vu ? La paix aura été plus éphémère que prévue. Il accélère le pas, malgré la canne et la douleur qui lui transperce la cuisse. Elle semble chargée. Peut-être pourra-t-il la rattraper...

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Nahia_
Tu pèses ton poids d'amour ma Yana ! ...

Le souffle est court, les bras crispés pour ne pas laisser tomber son adorable chargement, et elle s'arrête un instant .... instant pendant lequel Aria se retourne comme une furie en entendant des pas derrière elle. Elle grogne, collée devant Vehuel qui retient un cri de surprise. C'est lui, l'homme de la taverne, celui qu'elle vient d'épier et qui sans doute s'en est aperçu.

Schweig ! ... intime t-elle à la chienne d'un ton que ne dénonce aucune peur, même si elle se sent prise en faute de l'avoir observé sans son consentement.

Schweig Aria ! ... ordonne t'elle cette fois au chien qui ne se tait pas. Instinctivement elle a employé ce mot germanique qui veut dire "tais-toi" que lui a appris le pied-poudreux qui lui a donné Aria. Un mot germanique qui claque bien plus qu'un banal "tais toi".

Devant l'homme, elle se redresse par fierté, un peu suspicieuse tout de même., elle ne fait pas facilement confiance la brune et elle le regarde droit dans les yeux. Les yeux ne mentent jamais, c'est le miroir de l'âme et personne ne peut tricher.

Les yeux gris de Vehuel ont pris la teinte sombre de l'océan en furie et elle attend, ancrée dans le sable que l'homme parle, tandis qu'Aria grogne toujours en sourdine.

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Ogodei
Il ne l'a pas rattrapée au début. Elle a continué à marcher et malgré qu'elle porte l'enfant, il ne va pas assez vite.

Et puis l'animal a semble-t-il capté son odeur à l'aide du vent et s'est arrêté dans le sable en même temps que sa maîtresse. Il grogne, il râle et il perçoit un ordre dont la langue ne lui est pas étrangère.

Alors il continue, malgré que la bête lui intime de ne pas s'approcher plus. Et la femme l'attend, se dressant fière face au danger qu'il pourrait représenter, lui, sa canne et sa jambe qui se traine.

Arrivé à distance respectable il regarde le chien droit dans les yeux.


Ruhe bitte. Ich werde nicht dir weh tun.(1)

Avec difficulté et une grimace, il s'accroupit dans le sable et attend que le chien rende son verdict. Il se soumet avec docilité à son jugement tout en jetant un regard à la femme qui attend.

C'était vous à la taverne tout à l'heure. Je vous ai vue quitter la plage mais je ne vous ai pas reconnue. Désolé, je n'ai pas voulu vous faire peur. J'ai juste cru qu'on m'épiait.

La position est trop dure à tenir, il s'asseoit dans le sable qui épouse son bassin et fouille les poches de son mantel, tirant un morceau de viande séchée qu'il tend en direction de la chienne.

Willst-du ? Etwas zu essen. Nur für dich.(2)


(1)Silence s'il te plait. Je ne te ferai pas de mal.
(2)Veux-tu ? Cela se mange. Rien que pour toi.

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Nahia_
Il a parlé .... à Aria, dans une langue inconnue de Vehuel mais qui sonne autant que "Schweig !", le seul mot étranger qu'elle connait.

Mais Aria ne s'y trompe point, réminiscences sans doute du temps où, chiot, le pied-poudreux employait ces mots là pour parler à ses chiens. Et qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas le morceau de viande qui la fait taire, c'est juste le son de ce langage guttural et la position de soumission de l'homme.

Il semble souffrir de cette jambe qu'il traine au pas de sa canne, et Vehuel comprend qu'elle n'a rien à craindre dans les yeux posés sur le chien et en regard d'Aria, et pour ne point le mettre mal à l'aise, elle s'assied elle aussi, soulagée de poser sur ses genoux le poids endormi de Yana qui commence à engourdir ses bras. Point de compassion pour l'homme blessé, la compassion ne sert à rien sinon à masquer de la pitié. Et la pitié, Vehuel, elle l'a aussi en horreur ... alors elle finit par sourire devant le tableau de l'homme et du grand chien accroupi près de lui, les oreilles rabattues et le regard bienveillant.


Je suis Vehuel, je ne sais si vous vous en souvenez ? ... elle a oublié le sien comment donc pourrait il en être autrement pour lui ?

Elle le regarde se demandant ce qui a bien pu lui arriver, mais elle ne sera pas plus indiscrète, ce n'est pas son genre et elle sait que parfois certaines choses se gardent secrètes .... Aria a compris vos mots j'en suis persuadée, moi par contre ... c'est autre chose !

Etrange rencontre, une taverne, puis ici en plein vent glacial qui leur mord le corps sans que ni l'un ni l'autre ne semble en prendre ombrage. Des corps endurcis, des caractères forts sans aucun doute.

Etrange lieu pour bavarder, étrange compromis pour la Louve qui d'habitude n'en démord pas de cette fierté qui parfois la fait détester des autres. Pourtant, la sauvageonne est devenue plus douce devant la maternité, et cet homme là est sans doute digne de confiance, en resongeant à son discours nuancé en taverne devant le ..... hum, devant cet autre homme , son ami pourtant, qui lui, n'avait aucune nuance dans le sien.

Devant le morceau de viande tendu, Aria hésite et lance un regard implorant vers Vehuel ..... tu peux accepter Aria ! je crois que nous n'avons rien à craindre !

Les dents se sont faites douces pour accrocher la viande .... Vehuel sait que la chienne n'aurait jamais accepté si elle n'avait donné son accord.

L'eau n'était point trop froide ? ... murmure t-elle avec un petit sourire en coin.
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--Le_mezec
L'ambiance, peu à peu, se détend au sein du petit groupe qui s'est formé sur le sable. Il l'a senti en taverne déjà, elle n'est pas une femme fragile à minauder pour obtenir un du. Elle a la force du caractère et des épreuves vécues. Et si sa chienne se laisse nourrir, c'est parce qu'elle le veut bien.

Elle s'occupe d'ailleurs du morceau de viande que vient de lui donner Eripsoë. Il n'est pas d'hier, mais il n'est pas passé non plus. Nourriture de voyage. Robuste plus qu'agréable. Mais utile, si utile...


Je me souviens de vous, Vehuel. Je me souviens de vous et de la discussion que nous avons eue tous trois, avec mon ami Myrdinn.

Amour, sexe, sentiments, rapports... Quand Myrdinn entre quelque part, son métier influence toujours les premiers mots qui s'échangent. Il aime à provoquer dés le premier abord, à aller chercher chez son interlocuteur ses croyances les plus profondes et à le mettre à nu sans la moindre morale. Il ne peut réprimer un sourire. Si sur de lui en apparence, si fragile en dedans... Est-ce la loi des belles âmes ?

Je m'appelle Eripsoë, ar Mezeg, même si je gage que mon nom ne vous dira pas grand chose.

J'ai essayé de convaincre votre chienne que je ne vous voulais pas de mal et je lui ai proposé à manger. Je vous ai entendu lui donner un ordre en allemand. J'ai quelques notions. Je me suis dit qu'elle comprenait peut-être mieux ce langage que le nôtre.


Tout en parlant il sonde la jeune femme qui lui fait face et prend un instant pour la détailler autant physiquement que mentalement. Le froid et le vent n'ont plus de prise sur lui, malgré les brulures lancinantes qui lacèrent son dos marqué de sa propre histoire. Avec délicatesse, il décroche son épais mantel de voyage et le tend à Vehuel:

L'eau était gelée, je vous le concède, mais je suis parfois un peu fol. Si j'avais su être observé, j'aurais fait preuve d'un peu plus de pudeur. Je me croyais seul. D'où ma nudité. J'espère qu'elle ne vous a pas choquée...

On ne pose pas toujours une question pour avoir la réponse...

Merci de m'avoir attendu et de n'avoir pas pris peur. J'aime les rencontres fortuites.

Mais si nous restons ici, vous et votre petite allez attraper le mal. Couvrez-vous avec ça. Ou couvrez-la, du moins.
Nahia_
Elle le regarde, bien en face, comme elle le fait toujours, même si parfois celà semble en gêner certains. Il la jauge, elle le sait, mais elle le jauge aussi, ses yeux gris dans les siens, sans ciller. Elle sait ses cheveux emmêlés et libres, elle sait aussi son nez rouge qui trahit un soupçon de fraicheur, elle sait aussi le laisser-aller de son accoutrement ... mais pour Vehuel, la beauté n'est rien, ce qui compte c'est ce que chacun a en soi, pas l'apparence physique. Qu'on la trouve belle ou pas, elle s'en contrefiche, elle est "elle", tout simplement, avec sa fierté un tantinet démesurée, même si ce n'est pas de l'égocentrisme. Mais l'homme qui est en face d'elle semble bien s'en moquer aussi, elle sent son caractère aussi fort que le sien.

Votre nom ne m'en dit pas plus que le mien ne doit vous sembler familier !

Elle sourit, un soupçon de confiance revenu en elle, même si elle se méfie dorénavant des rencontres fortuites.

Aria m'a été offerte par un pied-poudreux ... c'est à dire un marchand ambulant germanique réfugié dans le Royaume après sa désertion d'une guerre affreuse dont il ne voulait plus ! donc elle vous comprend Messire Eripsoë !

Elle caresse le col de la chienne occupée à mâchouiller son morceau de viande ... quant à moi je ne connais fichtre rien à cette langue de barbare à part ce mot "Schweig !"

Barbare, il semble pourtant ne rien avoir d'un barbare l'homme qui lui fait face, mais Vehuel a appris à se méfier des apparences, elles sont parfois trompeuses.
Citation:
D'où ma nudité. J'espère qu'elle ne vous a pas choquée...

La Louve ne répondra pas, ou si juste le temps d'un étirement des lèvres se voulant sourire ... choquée ? elle ? si il savait !

La nudité pour Vehuel, c'est ne faire qu'un avec cette nature dont elle raffole, être en osmose avec elle, et en jouir sans aucune pudeur. Pour Vehuel, la nudité n'a rien de pervers, elle est naturelle sans aucune arrière pensée. La femme et l'homme nus ne sont que le reflet inné de la terre, le seul moyen d'être "purs" avec elle. Plus de différences de classe ou de statut, plus rien que l'Etre dans toute son innocence.


Elle sourit et pourtant, elle plisse les yeux devant son mantel tendu vers elle .. croit il donc qu'elle n'est qu'une faible donzelle ? et c'est d'un ton un peu sec qu'elle lui répond .... je n'ai point froid, j'ai l'habitude ! mais pour Yana j'accepte !

Elle couvre Yana en se tançant de ce ton qu'elle ne peut contrôler et se maudit de cette sorte de sauvagerie qui l'a prend parfois .... allons autre part peut être ! dans une taverne si vous voulez bien ! je boirais bien quelque chose de chaud !

Voilà, elle a fait un pas, un pas qui lui coute, elle avoue son envie de chaleur .... un grand pas pour celle qui n'avoue jamais rien.

Et tandis qu'elle se lève difficilement avec Yana, elle le regarde ... Eripsoë c'est un joli nom ! n'est pas celui d'un ancien roi de Bretagne ?
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--Le_mezec
Il serait faux de prétendre que Eripsoë n'est pas intrigué par la femme qui lui fait face dans le sable rendu gris par la météo maussade de ce bord de mer breton. Si le sang qui coule dans ses veines est entièrement breton, passer plus de vingt années loin de son pays le rend imperméable à tout ce qui semble naturel aux autres. Il ne connait pas les noms. Les visages. Les histoires. Elles ne le concernent pas. Seules comptent les rencontres et les âmes qui habitent les corps.

Il ne peut retenir un sourire à l'évocation de la "langue de barbare" qu'il vient d'employer.


Je suis loin d'être un expert en langue germanique. Mais être commerçant oblige à faire quelques concessions et à apprendre quelques rudiments pour faire de bonnes affaires.

Il aurait aussi pu ajouter que traquer un homme de la Sainte Vehme requérait ces bases linguistiques. Mais était-ce vraiment nécessaire ?

Ces banalités ne sont que le vestibule d'une discussion naissante. Et tandis que les mots sans importance s'échangent, emportés par le vent froid, les esprits se jaugent et s'interrogent sur la personne qui leur fait face et ce qui peut se cacher derrière.

Au trait d'humour succède la brutalité de la jeune femme qui lui rappelle qu'elle n'est pas sans défense. Il retient un sourire et choisit de ne pas se formaliser de son réflexe primaire. N'étant lui-même pas dépourvu de défaut ou de susceptibilité, il serait bien mal placé pour lui en faire la remarque...


Permettez que je vous invite alors. C'est bien la moindre des choses. Si je ne vous avais poursuivie, vous ne seriez pas ici avec votre enfant dans le froid.

Il se lève avec précaution, prenant appuis sur sa jambe senestre et saisissant sa canne qui ne lui sera que d'un secours limité. Il décompose volontairement ses mouvements pour ne pas inquiéter la chienne et se retrouve bientôt, debout dans le sable, appuyé sur son tuteur de bois, le visage brillant du sel de la mer et ses cheveux blonds, dans ce catogan un peu défait, rendus secs par le bain.

A une lettre près, oui, mon nom est celui d'un grand Roy de notre pays. Erispoë, fils de Nominoë, le premier Roy de Bretagne reconnu comme tel par les Francs. Mes parents étaient, je le crois, très amoureux de leur terre. Et ils ont transmis cet amour inconditionnel à leur fils.
Nahia_
Tandis qu'elle l'écoute, Yana gigote contre elle, ouvre les yeux et fixe l'homme à ses côtés ... Mam ?

Ne t'inquiète pas Yana ! tout va bien ! tu veux marcher ?

La petite acquiesce et Vehuel pose l'enfant à terre, et miracle de l'enfance, à peine réveillée, la voilà qui poursuit Aria en riant.

Les enfants ont celà d'être toujours vifs et Yana particulièrement.

Elle suit son pas claudiquant, s'y adapte et à nouveau le contemple du coin de l'oeil ... ses cheveux blonds un peu défaits eux aussi, son visage brillant des embruns et de la fraicheur. Est il beau ? elle n'en sait rien, et quelle importance ? la beauté n'est qu'une appréciation qui change d'un individu à l'autre, mais il a un visage où se lit le reflet de son histoire sans doute et elle reprend ... j'accepte votre invitation ! et puis ne vous sentez pas coupable, Yana et moi ne serions pas dans le froid si je n'avais été indiscrète ! je suis désolée !

Et elle continue, elle qui d'habitude en présence d'étrangers est plutôt du genre "discussion sans importance", genre la pluie et le beau temps, avec lui elle a envie de se livrer. Oh juste un peu, juste parce que son prénom à lui a une histoire et pour lui montrer que le sien n'est pas banal non plus.

ma mère, elle, était folle des anges de la Kaballe et de ce fait m'a nommé comme l'un deux ! et je crois qu'elle a bien choisi puisqu'elle me disait souvent "L'Ange VEHUEL pousse chacun de nous à ne percevoir que la beauté intérieure de chaque âme"

Elle se reprend à sourire sans savoir pourquoi, regarde le mantel dans ses mains et le pose sur les épaules d'Eripsoë ... c'est vous qui allez prendre froid maintenant avec vos cheveux mouillés !

Une taverne est là qui leur ses bras, et Vehuel prend la main de Yana avant d'ouvrir la porte ... Aria tu restes dehors et tu montes la garde !

La porte s'ouvre sur une bouffée de chaleur qui fait monter le rouge aux joues et elle regarde l'homme en souriant .... entrez vite ! après avoir gelé je crois que nous allons cuire !

Et bizarrement, elle se sent détendue la Louve .... elle gagne en sérénité ce qu'elle perd en agressivité.
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--Le_mezec
De son pas lent et peu assuré, il guide la petite troupe en direction de l'auberge qui se profile non loin. Alors que l'instabilité du sable requiert une grande part de sa concentration, la conversation se poursuit et un pan de la jeune femme se dévoile alors que la petite et la chienne égayent le tableau.

Je vais vous choquer, peut-être, mais je ne suis pas quelqu'un de très pieux. Je crois... en la divinité qui domine l'Homme et explique notre ignorance manifeste. J'apprécie le recueillement contemplatif et la méditation humble qui calment l'esprit et le coeur. Je vois ma croyance comme une espèce de... philosophie plus que comme un assemblage de règles pratiques...

Il sourit doucement. Il savait aussi être nébuleux.

Mais votre nom est fort joli et son sens est très beau. Je suis de ces gens qui ne jugent pas les autres par rapport à ce qu'on leur rapporte d'eux, mais bien en fonction de ce qu'ils voient par eux-mêmes.

Le mantel revient se poser sur ses épaules alors que la taverne se rapproche doucement et que sa jambe commence à fatiguer.

Il parcourt les quelques toises restants avec difficulté mais en essayant de n'en rien montrer. Par fierté, orgueil et habitude surement. Le docteur reste un homme fier malgré sa philosophie et sa solitude a forgé une attitude bien rodée.

Sans se faire prier, il pénètre dans l'établissement promettant chaleur et alcool, non sans avoir laissé, discrètement, un morceau de viande séchée à la chienne qui va devoir monter la garde dehors.

Il choisit une table non loin de l'âtre dans lequel crépite un bon feu. L'endroit est simple et rustique. Il sent le poisson grillé, la bière bon marché et le porc fermier, mais il n'est ni sale ni mal fréquenté. Rassuré, il s'assoit avec un soulagement non feint et pose sa canne contre la table avant de demander à Vehuel:


Vous buvez quoi ? Et la petite ?

Il posa son manteau sur un siège près de lui, mais conserva ses gants.
Nahia_
Elle a attendu d'être assise pour lui répondre, installant Yana sur le banc à côté d'elle ... je prendrais bien une prune ! il y en a ici ? pour Yana un bol de lait chaud lui fera du bien !

Ce qu'il lui a confié sur ses croyances et si , malgré qu'elles ne soient pas vraiment semblables aux siennes s'en approchent un peu ... je ne suis pas pieuse ! et si j'ai décidé de me faire baptiser, ce qui n'est pas encore fait à cette heure, c'est simplement parce que ma meilleure amie me voulait comme témoin ....elle le regarde .... finalement , elle en a choisi un autre

Parfois je me tais, plutôt que d'avouer que j'ai une autre conception de la religion ! ce n'est guère bien vu et il est préférable de le cacher, même si je suis souvent d'une franchise qui n'est pas toujours la bienvenue !

Je crois en l'humain, en ce qu'il a de bon ou de mauvais, en ses capacités à défendre ses idées et ses convictions et que c'est à chacun de nous de décider de notre chemin ! pourtant, j'apprécie la sérénité des églises, le silence de ses murs et la méditation, tout comme vous !

Vehuel revient sur ses souvenirs, sur ce déni de Dieu qui s'est imposé à elle devant une attaque de brigands dans son village .... laissant derrière elle de pauvres corps sacrifiés. De ce jour, elle avait serré les poings et son caractère s'en était trouvé changé à jamais. Elle avait fui, seule sur les routes, rejoignant les forêts , ne faisant qu'une avec la nature. La sauvageonne avait 15 ans à cette époque. Le temps s'était chargé de la rendre plus sociable, plus "vivante" et la rencontre avec Loup lui avait définitivement rendu la raison. Mais la méfiance envers le Très Haut ne s'était pas démentie.

Elle sentait son visage en feu, posa ses mains sur la table et les retira vivement pour les cacher sur ses genoux. Malgré ses cheveux défaits et emmêlés, sa tenue désinvolte et ne tenant guère de la mise appropriée d'une jeune femme, elle était féminine. Des yeux gris au regard un peu farouche, une bouche ourlée, un menton volontaire, tout en elle respirait la femme. Sauf ses mains, larges, trapues ... des mains d'homme pourvues d'une force étonnante. Il y a un côté masculin ou féminin en chacun de nous , Vehuel avait celui là.

J'ai en horreur les rumeurs et les ragots moi aussi, et je ne me fie qu'à ce que je ressens des gens, à ce qu'ils dégagent ...

Elle tourna les yeux vers lui .... à votre langage je vous sens érudit .... l'êtes vous ?
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--Le_mezec
Il commande donc le bol de lait chaud, la prune et un verre de vin de Loire pour lui-même. Par chance, il reste à l'aubergiste un blanc de Quincy, surement un cadeau d'un client un peu trop éméché, qui fera bien l'affaire. Lorsque les commandes arrivent, il tire de sa besace un petit pot qu'il ouvre avec précaution. L'odeur qui en sort rappelle le bourdonnement des abeilles et les épineux sapins des montagnes. La pâte ambrée et oscillant entre le liquide et le solide vient se mêler au lait blanc fumant.

J'en mets pas beaucoup, il est fort mon miel, mais ce sera toujours meilleur avec ça.

Quelques piécettes sont glissées à l'aubergiste qui s'éclipse, trop content d'avoir un client qui semble avoir les moyens de ce qu'il commande.

Je suis baptisé aussi. Mon père était un homme très croyant dans les principes d'Aristote. J'ai voulu lui rendre hommage en renouvelant mes voeux. Et puis c'est une stature sociale importante et qui permet de passer un peu partout.

Il sourit ironiquement en buvant une gorgée de ce vin à la fois fruité et minéral qu'est le Quincy de Loire. Servi frais, il évoque les bords du fleuve qui serpente à travers le Royaume, ses berges fleuries et ombragées en été, ses canaux cachés et frais. Il est de ces vins qui se suffisent à eux-mêmes.

Erudit, oui. Je suis jeune médecin. Ma formation n'est pas encore achevée mais j'ai de solides bases. Je connais bien les plantes aussi.

Il passa sous silence sa condition de Recteur de l'Université. Etrangement, il n'avait aucune envie que sa condition sociale vienne influencer en quoi que ce soit l'image que la jeune femme pouvait avoir de lui.

Alors qu'il se détendait au fil des minutes, il remettait en place son catogan mis à mal par la baignade. Son visage fin et souriant, qui n'avait pas souffert comme d'autres parties de son corps retrouvait de cette bonhomie qui était une partie visible de son caractère.

Eripsoë n'était pas ce que l'on pouvait appeler un bel homme. Petit, bien que non difforme, il dégageait cependant un peu de cette force tranquille qui impressionne autant qu'elle rassure.


Et vous, Vehuel ? Consentez-vous à me parler un peu de vous ? Je vous sais ici pour un mariage, c'est ce que vous nous avez dit ce jourd'hui. Resterez-vous en Bretagne ? Repartirez-vous bientôt ?
Nahia_
Vehuel sourit, un sourire qui en disait long ... une prune bien banale pour elle et un verre d'un vin blanc inconnu de la brune pour lui .... celà marquait déjà la différence sociale entre eux. Mais elle ne dit rien et avala une gorgée de prune qui lui réchauffa la gorge.

Yana ne bouda pas son plaisir de boire son lait parfumé d'un miel odorant et épais ... bon Mam !

Les yeux brillants de l'enfant se posèrent sur Eripsoë et elle lui fit un grand sourire ... vous voilà donc avec une amie ! Yana distribue ses sourires uniquement à ceux qui ont la chance de lui plaire !

Elle le laisse payer, même si son égo de femme indépendante trépigne un peu, mais elle fait contre mauvaise fortune bon coeur et le remercie ....

Moi ? vous parler de moi ?

Elle n'a point l'habitude de parler d'elle, de sa vie, de ses envies, de ses aspirations ... songeant que parfois ses idées doivent passer pour de l'utopie surtout quand elle y met un brin de pugnacité et d'entêtement. Elle ne se livre que peu, gardant pour elle parfois les émotions qui la submergent pour ne point paraitre faible.

Le savoir médecin ne la trouble pas, elle avait pressenti quelque chose de ce genre en lui ... elle n'est pas vraiment ignare de tout, elle a une certaine culture si ce n'est de l'érudition.

Pourtant, devant les yeux de cet homme qu'elle ne connait pas, elle se laisse aller un peu, parce qu'il sait la mettre en confiance, parce que de lui émane une force tranquille qui plait à la Louve rebelle qu'elle est.

Oui je suis ici pour le mariage d'amis qui doit avoir lieu à Rohan, j'y retournerais donc dès qu'il le faudra !

Ensuite .... elle se tait un instant .... ensuite, je ne sais pas ! je vis pour le moment à Ventadour en Limousin, mais je ne me sens bien nulle part .... sauf sur les routes, mais avec Yana ce n'est plus guère possible ! elle a besoin de stabilité et non d'une vie errante !

Sa main se repose sur la table et son ongle gratte doucement le bois qui s'écaille ... vous savez, à un moment j'ai cru qu'avoir un enfant n'était pas pour moi, et quand Yana s'est annoncée, je .... je n'en voulais pas !

Elle se souvient de sa panique quand elle s'était trouvée grosse, et il lui avait fallu du temps pour l'admettre et l'accepter.

Mais quand j'ai vu sa frimousse la première fois ... j'ai su à l'instant que Yana c'était ma vie, sans doute un des seuls êtres à me faire ressentir un sentiment si fort qu'il pourrait me faire mourir !

Elle se tait, rougissante pour une fois, pudeur mise à nu, elle se livre bien plus qu'elle ne le voudrait, et pourtant elle continue ... rester en Bretagne ? pourquoi donc faire ? rien ne me retient ici, bien que rien ne m'attire non plus ailleurs !

Elle le regarde à nouveau, ce visage fin et souriant ... et vous ? parlez moi de vous aussi ! où habitez vous ? .... et appelez moi Vel, c'est un diminutif en usage pour les personnes que j'apprécie !

Oui elle l'apprécie, même après si peu de temps, elle ne s'y trompe pas, c'est instinctif.
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--Le_mezec
Il a vu juste. Le miel et l'enfant sont faits pour s'entendre véritablement et il hoche doucement la tête en direction de la petite demoiselle. Il n'a pas hérité du talent naturel de son père avec les enfants mais il ne les voit pas non plus comme quantité négligeable. Dommage, il n'a plus de gâteaux de voyage... Elle se contentera du miel.

Je suis très flatté, alors, de plaire à votre petite. Je n'ai fait que lui donner un peu de sucre. C'est bien peu encore pour mériter sa confiance.

Il boit à petites gorgées son verre tout en écoutant la jeune femme et en hochant parfois la tête à ses propos qui le ramènent à de propres réflexions:

Je n'ai pas d'enfants moi-même. Je serais bien mal placé pour juger votre histoire ou vos réactions. Mais j'ai souvenir de mon père. Bien que parti trop tôt, je ne pus rêver meilleur. Et pourtant. C'était un soldat. Un mercenaire employé dans une compagnie. Dont le métier était la mort. J'ai aimé mon père, profondément et je l'ai toujours vu comme un homme bon, sage et débordant d'amour et d'affection. Je crois que recevoir un petit être peut vous transformer complètement. J'y crois vraiment, pour le coup...

La discussion se fait plus personnelle par petites touches. Les masques tombent un peu alors, pourtant, qu'ils ne se connaissent pas. Eripsoë commande un autre verre et demande un petit quelque chose à manger pour la petite. De sucré, si possible. Un petit pain à la myrtille fera parfaitement l'affaire.

Va pour Vel. Mes amis m'appellent Erip. Ou Eri. Ou Doc. Faites votre choix, si vous en avez l'envie.

Dire qu'il a l'habitude de boire est un euphémisme, et pourtant, la fatigue conjuguée à la chaleur de l'endroit et le vin le berce doucement d'une langueur qu'il affectionne. Son esprit ne divague pas, mais le siège est suffisamment cotonneux pour aider la langue à se délier.

En ce qui me concerne, j'habite Rennes, la capitale. Et je me promène avec l'ami que vous avez rencontré en taverne tout à l'heure. Nous allons jusqu'à St Pol au nord, puis nous verrons. Je finirai par rentrer à Rennes, mais je n'ai pas de délai véritable. La ville était trop calme ces derniers temps, je m'ennuyais.

Il soupire au souvenir des tavernes vides et des longues soirées passées seul devant l'âtre.

Si rien ne vous appelle ailleurs, laissez-vous retenir par notre lande sauvage et nos côtes battues par les flots mugissants de cet océan impétueux. La Bretagne est belle à qui sait la voir sans vouloir la contrôler.

Il ne sait trop comment inciter Vehuel à ne pas quitter le Duché, sachant qu'il vagabonde lui-même pour tromper son ennui.

Quand donc pensez-vous être à Rohan ?

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça se voit.
Nahia_
A son tour de l'écouter, et étrangement, la Louve habituée à se fermer aux histoires des autres, elle s'intéresse à ce qu'il dit. Un discours empreint de beaucoup de sentiments, même si elle sent que lui aussi se livre un peu dans cette ambiance réchauffée ... par l'âtre qui rougeoie plus loin, mais aussi par la chaleur mensongère de l'alcool ingurgité.

Elle ne l'a pas quitté des yeux, détourner le regard, elle ne sait pas faire la brune ou seulement dans le cas où celui qui lui fait face lui est totalement indifférent.

Ce sera Eri alors .....

Elle l'écoute lui conter la Bretagne, et les bienfaits de cet océan qu'elle déteste .... et elle sourit, la tenterait il ? et malgré elle, elle a envie de se laisser tenter, de découvrir peut être autrement ce rebelle, comme elle, qu'est l'océan !
Citation:
Quand donc pensez-vous être à Rohan ?

Et il insiste pour la retenir, sans vraiment en avoir l'air, mais la brune ne s'y trompe pas et comme à son habitude, ne triche pas .... ma foi, le mariage n'est pas commencé encore ... et j'ai des fourmis dans les jambes ! mes pas me pousseront peut être jusqu'à St Pol ... et qui sait ? je verrais peut être l'Océan avec vos yeux si vous voulez bien me le présenter à votre manière !

Elle se plait en sa compagnie, il la tranquillise et même Yana, qui déguste son petit pain à la myrtille le regarde en souriant, bouche barbouillée de violet ... miam mam !
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--Le_mezec
Il sourit doucement. Bien que grossière, sa manoeuvre a visiblement eu de l'effet et Vehuel ne semble pas rétive à l'idée de le revoir. Est-ce le feu, l'alcool, la fatigue ? On aurait pu dire que ses joues s'empourprèrent l'espace d'un instant. Rapide, fugace, et pourtant réel.

A Saint Pol, Vel, c'est la mer que vous verrez. L'océan ne se trouve qu'au sud de notre terre. Mais cette mer est belle aussi. Près Saint Brieuc, le granit rose décore toute la côte et offre, sous le soleil couchant, un spectacle des plus merveilleux pour qui a, un peu l'âme d'un poète.

Ses yeux brillaient légèrement, dés qu'il parlait de son pays et de ses merveilles, il n'était plus tout à fait aussi sérieux, ni aussi grave, ni aussi objectif... Mais qu'importe ! Il aimait cette terre presque autant qu'il avait aimé certaines femmes et il ne pouvait se résoudre à en parler autrement.

Qui sait oui ? Ce serait un véritable plaisir que de vous le faire découvrir et de vous revoir. Je ne sais exactement quand nous y serons, ni si nous y resterons longtemps... Je peux vous écrire si vous voulez.

La proposition était un peu plus nette. On avait abandonné l'aspect touristique pour glisser sur une correspondance dont l'utilité était assez évidente.

Et il se demandait, soudain, si un seul petit pain serait suffisant à l'enfant. Dans le doute il en commanda un second. Et à boire. Il n'avait pas l'intention de faire de grandes choses le reste de cette journée. Les instants qu'il passait lui convenaient déjà amplement. Ses traits détendus et son visage souriant en étaient la preuve.
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