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[RP] Kermorial en cavale...

Mai





    L’agitation battait sont pleins à Cucé. Les visages graves des servantes ponctuaient les allers-retours entre la cour et la demeure. L’heure était grave, la maitresse des lieux avait décidé de partir abandonnant derrière elle les miettes de son existence. Sa demeure, ses meubles, ses terres, ses gens. Le choix n’avait été laissé à personne, pas même à elle. Partir ou mourir. Cela s’était imposé de comme une évidence à son esprit retorse. Marie partait, donc. Emportant ses enfants et sa sœur. Et le lot conséquent des affaires qui faisaient leur vie à tous les 4. Les Kermofort redevenaient ainsi des Kermorial face à cet hymen qui n’avait pas tenu. Ainsi soit-il et advienne que pourra.

    A ces côté Elisabeth, se tenait droite. Inflexible. En apparence en tout cas… De toute la fine équipe c’était sans doute elle qui gardait le mieux son calme et sa clairvoyance. Normal. N’est pas Attila qui veut. La tête de la cadette, trouva naturellement sa place au creux de l’épaule de sa demi-paire, alors que la gargantuesque charrette avalait une malle de plus. Celle contenant ses robes d’ailleurs. Ce qui annonçait la fin imminente du chargement. Les tenues de la Marquise devant rester accessible. Même en cavale ! Question de standing.


    Heureusement que tu es là. Toujours.
    Ca fait trop longtemps qu’on ne s’était pas retrouvé.


    Elles ne s’étaient pas perdues pour autant. Mais la vie et ce maudit mariage les avait éloigné. Jouant sur le moral de la frêle Maï. Un maigre bras se glisse autour de la taille de sa dragonne. Lison est là, tout ira bien maintenant. Plus d’hommes à l’horizon pour le moment. Plus d’époux non plus. Jamais. Trop grand folie est le mariage. Concept foireux qui n’est pas voué à fonctionner.

    Je nous ai trouvé un point de chute. Angers.
    Un ami me prête son appartement quelques temps.


    Un ami n’est pas le bon terme. Amant aurait été plus exact. Mais pas besoin de préciser. De remuer le couteau dans cette plaie béante. Elise devine. Alix et Alesius font leur entrée dans la cour, suivant fièrement Léopold qui porte une malle d’où s’échappent mollement une poupée de chiffons décapité et une épée en bois.

    Ce sera bien…?

    L’intonation s’effondre, transformant une affirmation optimiste en question pleine de doute. Raté. Les portes du coche aux couleurs de la blondine sont ouvertes dans un grincement significatif par Gauvin. C’est prêt. C’est fini. Partons.

    La page se tourne…

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Alesius_landeric
    « Un départ, ça ressemble toujours à une désertion... »
    de Berthe Hamelin-Rousseau

    [20 mars 1460]

    Silencieux... L'enfant l'était et le restait. Il a cinq ans, toute ces dents, et une consciences des choses et des sentiments qui commençait à se développer. A son grand malheur... C'était tellement plus simple de vivre sans se soucier de rien... Bien sur, il était encore a un âge où beaucoup de chose lui échappait, où tout ne pouvait pas encore l'atteindre... La guerre, la politique, Dieu... Tout ça était encore des concepts trop vague pour lui. Mais le départ... La séparation... ça oui, il les comprenaient... Ou plutôt non, il les vivaient...

    Avec les beaux jours, les héritiers Montfort avaient de nouveau le droit de s’ébattre dans les jardins comme des poulains fougueux. Pas qu'avant, ils s'en privaient mais c'était quand même plus simple de ne pas avoir à semer la nourrice de la semaine dans les couloirs de la demeure avant de pouvoir sortir jouer. Pis s'était quand même plus agréable de ne pas craindre à tout instant de se faire attraper, houspiller et ramener illico presto à l’intérieur... C'est que les nourrices avaient se don, surement inné, de toujours vouloir suivre les régles et les consignes... Quelle barbe !

    Mais se jour-ci donc, ce n'était pas le cas. Bien au contraire. Les deux morveux étaient fortement encouragé... Pour ne pas dire obligé... De passer leur temps libre dehors. La leçon terminé ? Oust du balais ! La raison invoquait : Il fait beau ? Profitez-en ! Et s'était ainsi depuis le soir des cris...


      [La veille et l'avant veille]

      Ils avaient commencé au moment du couché... Qui était toujours un moment périlleux pour le boulet en charge de l'héritier... Il n'aimait pas se lever ? Certes. Mais il n'aimait pas se coucher non plus. Quoi !?! Comment ça il est compliqué !?! Même pas vrai d'abord ! Mais revenons à nos moutons. Les cris avaient donc commencé alors que les deux mioches étaient en train d'être vêtu pour la nuit. Ils n'y avaient guère prêté attention en premier lieu, l'un trop occupé a tenter d'échapper à son fardeau, l'autre réclamer des tresses à qui mieux mieux. Puis le couché. Enfin. Habitué depuis leur naissance, les jumeaux dormaient ensemble. Et le silence qui aurait due s'installer, était perturber par ces bruits étouffés. Qu'importe les explication diverses que l'on peut donné... Liens du sang... Habitude depuis la petite enfance... mais, dans tout les cas, ils ne furent pas long à reconnaître la voix de leur géniteurs.

      - Deu *...

      Et ni une ni deux, il sortit des draps suivit de sa demi moitié et, ensemble, ne mirent que quelques minutes a rejoindre le rez-de-chaussée. La nourrice ronflait déjà, donc pas de crainte de ce coté. Les cris venaient du salon. La porte était entrouverte... Curieux, il y passa la tête. Et, du haut de ces cinq ans, se qu'il vit le choqua. C'était bien ces parents qui hurlaient. Il les avaient déjà entendu. Son père sur un soldat. Sa mère sur une bonne. Mais là... C'était l'un sur l'autre... Une première pour l'héritier !

      Cinq ans. Toutes ces dents. Et déjà un petit instinct de protection pour sa demi lui féminin. Ils ne devaient pas être là, il le savait. Elle aussi... surement. Alors il lui avait prit la main et sans un mot, était remonté à l'étage...

      La nuit et la journée suivante s'étaient écoulé sans que personne n'en parle. Ni lui. Ni Alix. Et les adultes devaient... A juste titre... penser qu'ils n'en savaient rien. Et puis, l'esprit d'un enfant était quelques chose de formidable, qui avait la capacité d'annihiler tout se qui était susceptible de le faire souffrir. Jusqu'au soir où on leur annonça qu'ils partiraient...

      Père voulait bien ? Papa ne venait pas...
      Pourquoi ? Parce que...
      Pourquoi ? ...

      La gifle tomba, il se tut.




    Le départ arriva vite et l'hérité trainait des pieds alors que tous lui disait de se presser. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas partir. Il l'avait fait savoir. Mais "un enfant doit rester avec sa mère jusqu'à tant qu'il se débrouille seul. Vous serez renvoyez chez votre père à l'age de sept ans, c'est ainsi." Satané précepteur... Pourtant, il n'aimait pas l'idée de quitter sa mère non plus. Sa si jolie et douce maman... Mais il voulait Cassius aussi. Il les voulait tout les deux...

    La dernière mal est chargé. On le presse ne nouveau. Sa mère est là. Sa tante aussi. Sa soeur également. Pied sur le marche pied. Dernier regard sur la demeure, il ne le verrait pas...


    - Kenavo tadig...**

    C'est quand même dur d'avoir cinq ans...


* Dont = Viens
** Au revoir Papa

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N'oubliez pas que le diable aussi a été un ange...
Alix_ann
    Elle avait conclut qu'il était trop tôt. Elle ne connaissait pas encore son père, c'était injuste, elle le savait.

    C'était loin de toutes ses réflexion enfantines qu'elle avait subit la scène de ménage avec son jumeau. Les tresses flottantes, l'air malin, sur ses épaules devenus plus frèles, surmontant un corps qui peu à peu perdait ses petites graisses disgracieuses de l'enfance, elle avait suivit son frère, la veille au soir. Alix avait serré sa main, autant qu'elle pu.


    -« Nann! »

    Il ne faut pas y aller, il ne faut pas pousser le vice de la curiosité jusqu'à aller espionner ses parents. Elle les aimait, tous les deux, très fort. Et si ils se faisaient prendre?
    Alors, tout logiquement, elle l'avait suivit, attirée elle aussi par les crises qui survenaient de plus en plus fréquemment.
    Elle lui avait bien dit, qu'il ne fallait pas. Regardes maintenant, j'ai une larme au coin de l'oeil! Et pourquoi, toi, tu ne pleures pas? Elle jugeait son frère avec sévérité. Elle n'aura jamais le rôle dominant dans cette affaire, alors elle suit le chemin qui semble le plus suivre l'ordre des choses, elle se laisse protéger par son frère. C'est plus agréable, au final.

    Non, ils n'auraient pas du voir ça, ils étaient trop jeunes. Bien qu'il n'a pas vraiment d'âge pour cette situation peu commune qu'ils vivaient alors. Etait-ce commun de subir les vagabondages de l'âme de sa mère? Qui, trop amoureuse de sa liberté, n'aura su garder sa droiture dans son ménage? Encore trop jeune pour juger, elle avait tâché d'oublier l'épisode de la veille, qui se répétait de plus en plus quotidiennement. Poussé à son paroxysme, il arriva ce qui du alors arriver, la rupture franche et totale du couple Kermonfort. Mais sans ces repères là, comment on faisait quand on avait seulement cinq ans? Bien on fermait sa gueule et on s'appuyait, une fois de plus, sur le jumeau. Elle ne l'avait plus lâcher. Depuis que ces disputes se répétaient, elle s'était rapprochée de son alter égo, celui qui au final, lui ressemblait tant, si ce n'est cette petite différence assez frappante qui opposait un frère et une soeur, celle du genre qui s'impose assez facilement.
    Il était l'héritier des terres, bien avant elle. Il était né quelques secondes avant elle et avait l'avantage du zizi. C'est comme cela qu'on lui avait simplement craché l'histoire, dont elle se fichait pour l'instant. Il y a des affaires bien plus importantes à traiter pour le moment.

    On part, on les arrache à leur père. Cette affaire là, elle l'avait retenu en moins de deux, l'avait accusée, ses deux tresses toujours en place, sa main venant rencontrer celle, réconfortante de son frère. T'as vécu cinq années bien sympathiques dans ta bretonnie natal? Une ambiance rêvée pour un bon départ dans la vie, entre le comté de papa, le marquisat de maman, les nourrices qui pétait les plombs toutes les deux semaines et Maure, l'adorable esclave? Et bien tes parents se sépare, maman a envie d'autre chose, papa est trop occupé au travail. Prends ça dans tes dents.
    Et lorsque l'annonce se fît, plutôt que de s'en tenir à sa sagesse, ou à défaut le minimum syndical de sagesse imposé à une gosse de cinq piges, elle avait articuler le même
    Nann que la veille. Plus discret, cependant, ne voulant pas s'attirer les foudres que son frère, plus téméraire et plus courageux, s'était vu voir retourné en pleine face.

    C'est pas simple, d'être qu'une simple môme au final. Elle ne reverra plus son père? C'est dommage, elle en est triste, frustrée de voir se barrer à toute vitesse les dernières chances qu'elle avait pour lier une relation entre un père et sa fille qui pour l'instant se faisait des plus discrètes. Elle voulait les deux, mais préférait sa mère, ne serait-ce que par défaut de n'avoir pu nouer un contact plus fort avec son paternel. Alors elle voudrait les deux, le père et la mère dans le château de Cucé comme cela devrait idéalement se passer dans un monde où tout va pour le mieux. La petite Buze pourrait alors sécher ses larmes et continuer à faire des colliers de marguerite en toute impunité, pas pressée de lier ce contact avec son père qui pourrait se faire simplement alors, ni pressée de dire Adieu à la terre qui l'a vu naître.
    Mais c'est ainsi que va la vie, et il n'y a pas d'autre choix que de s'y plier dès lors. Elle ravale ses pleurs, parce qu'une enfant de cinq ans, ça pleure beaucoup, beaucoup trop, et va serrer la main de son jumeau, cherchant là le nécessaire pour surmonter cette crise. Ca va passer, oui. Mais quand?
    Elle sourit, un peu mélancolique, à l'adieu fait à son père par son frère. Elle est jalouse, de cette relation qu'il a pu tisser avec lui et qu'elle n'aura jamais, ou du moins pas pour l'instant du tout. Alix se contentera d'un souvenir bancal de son père, non présent pour le départ. Elle aurait préféré une dernière étreinte, un souvenir plus frais de la stature de son père entre ses petits bras. Elle ne peut pas, il n'est pas là. Il faudra faire avec.

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Cassius
Les rumeurs allaient bon train...Marie accompagnés des enfants quitteraient la Bretagne. Le Montfort n'était point homme à se fier à telles rumeurs, cela ne l'étonnait point mais tout de même aurait-elle osée à priver le père de sa descendance?
C'est en ce sens qu'il décida de juger de la véracité des faits, à Cucé il avait ses entrés et apprendre si un départ se précisait n'était pas une information difficile à obtenir.

Après avoir été au fait de cette nouvelle qui avait creusé la séparation du couple Kermofort, Cassius avait quitté le foyer préférant noyer sa colère bien loin de son épouse. Nombres auraient fait mettre à mort l'épouse infidèle, Cassius y avait songé, la rage dépassant allègrement l'amour passé, mais la colère estompée, un désert de sentiment avait fait son apparition, ni amour, ni rage, ni souffrance... le désert d'avoir été ainsi floué.

Jamais il ne pardonnerait ce geste, et encore moins le comprendrait mais il serait clément pour ses jumeaux, la perte de leur mère leur serait insupportable et ces deux jeunes enfants souffriraient assez comme ça.

Les portes de Cucé s'ouvrirent devant le contingent désormais Kermorial, ouvrant le passage non pas au paysage boisé et verdoyant des terres de Cesson mais devant un groupuscule d'hommes en armes montés aux couleurs de la compagnie d'Ordonnance de l'Hermine devancé par le Montfort en personne.

A la vision de la scène, certains auraient pu penser que le père ferait avorter le départ par la force, il n'en serait rien, il n'userait d'aucune violence sous le regard de sa progéniture, bien que le désir lui ai traversé l'esprit.

Il descendit de son destrier, laissa les brides à un de ses hommes et s'avança du carrosse la démarche déterminée, ne prêtant aucune attention au contingeant en présence. Il ouvrit les portes du cocher, saisissant dans ses bras sa fille et son jeune fils, ignorant la présence de l'épouse et de sa soeur.

Il posa genoux à terre, se mettant à hauteur de son engeance et apposant ses mains sur leurs visages angéliques, il s'exprima...


Sachez mes enfants que je ne vous abandonne pas, votre mère a besoin de prendre ses distances et vous vous devez d'être à ses côtés, mais d'ici peu je reviendrais vous chercher, en personne.

A l'attention de sa fille...

Ma fille, je n'ai pas eu le temps de te connaître comme je le voudrais, mais n'oublie jamais, tu es ma fille et que je t'aime comme tel, tu pourras toujours compter sur moi en toute circonstance.

Cette phrase se ponctua par un baiser sur sa douce joue.
Vint ensuite le tour du garçon...


Mon fils, tu es mon seul et unique héritier, dans tes veines coule le sang Montfort, sois-en fier et bat toi pour ton nom, toujours, sans douter! Veille sur ta soeur et aime là, bats toi toujours pour elle et bientôt tu reviendras prés de moi, je t'en fais le serment, je ne vous oublierais pas.

Les jumeaux étaient jeunes, peut être ne comprendrait-il pas la raisonnance de ces paroles mais le Montfort espérait qu'ils se souviendraient au moins de chacun de ces mots. Il repositionna les enfants dans le carrosse, posa son regard, un dernier regard sur Marie et sans mot dire supplémentaire referma la porte.

Il remonta sur son destrier et donna des ordres clairs à ses hommes

Vous m'escortez ce carrosse jusqu'à sa destination et veuillez sur eux comme sur ma propre vie, donnez la votre si nécessaire.

Les flancs du destrier de guerre du Montfort furent heurtés, laissant place à un épais nuage de poussière traçant le départ de Cucé.
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Mai


    Blessée. C’est bien ce qu’elle etait Marie. C’est bien ce qu’elle etait… Assise dans le coche face à ses enfants, elle avait mal. Un mal intense qui vous prend les tripes et vous vrille l’estomac à vous donnez envie de hurler. Mais elle restait muette, la Meyre. Muette de cette douleur de n’avoir pu se faire comprendre de son époux. Muette d’offrir à ses enfants la même vie qu’elle a eu. Elle s’était promis et pourtant… L’échec est là. Sous ses yeux. 4 azures auréolés d’or. Alix et Landéric vivraient la même chose qu'elle.

      Pardonnez-moi mes amours...


    Les portes qui les avaient tant protégés du monde extérieur s’ouvrirent enfin pour les jeter en pâture à la vie. Pardonnez-moi, mes enfants. Pardonnez moi. La marquise imprima une dernière fois l’image de Cucé dans son esprit. Qui sait dans combien de temps reviendrait-elle sur cette terres? Peut-être jamais. Mais alors qu’elle s’attendait au soubresaut du coche. Aux hennissements des chevaux. Au départ de sa fuite. La porte s’ouvrit bien trop violement à son goût.

      Cassius…


    La frêle silhouette reste interdite. Immobile tant le choc est immense. Ainsi il était venu ? Ainsi il était là, devant elle… Vraiment ? La bouche entrouverte de surprise - et d’un certain soulagement que ses adieux aient lieux - elle l’écouta parler à ses enfants. Chaque mots, chaque paroles, la plongèrent un peu plus dans l’abîme intérieur ou elle sombrait doucement. Si il n'avait eu la force de lui opposé autre chose que son silence, il avait au moins eu le courage et l'envie de voir ses enfants.

      Je ne t’enlève pas tes enfants. Tu le saurais... Tu le saurais ! Si tu m'avais écouté !!!


    La blonde se surpris à la colère. Si seulement il l’avait entendu quand elle hurlait face à lui… Il aurait peut-être même compris qu’elle l’aimait malgré tout. Il aurait compris ce mal qui la rongeait. Il aurait compris que ses enfants resteraient les siens. Il aurait compris… Tout. Il l’aurait comprise. Mais non. On entend que si l’on veut bien écouter, parait-il. Et la colère qu’elle avait provoquée chez son époux l’avait rendu sourd à ses plaintes et ses suppliques. Cela se comprenait aisément. Elle l’avait cherché. Leurs regards se croisèrent une dernière fois. Marie aurait voulu lui sourire…

      Tu les reverras. Tu auras des nouvelles. Ils sont tes enfants. A toi et à personne d’autres.


    La porte se referma sur lui et il partit. Et ils partirent aussi. Avec une escorte plus conséquente qu’à l’origine. Dans la voiture aux quatre blonds l’ambiance était pesante. Moite d’un trop plein de sentiments qui étouffait la jeune mère. Ainsi donc c’était fini ? Et quand l’image de sa demeure disparue de l’horizon, les larmes dévalèrent en silence le galbe de ses joues. Sous le regard de ses enfants et de sa sœur, Marie se vida de son eau et de sa douleur sans un bruit, les yeux planté dans le paysage qui défilait.


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Else
    Ainsi se tourne une page. Tout autour du coche, la Bretagne s’enfuit à tire d’ailes ; mais ce ne sont pas les Kermorial qui bougent, non. C’est le monde qui tourne. Rond ?
    Elisabeth se tait. L’apparition intempestive du maître de maison a laissé une empreinte dans l’air, une pesanteur qui appuie sur les têtes blondes ; ou plutôt, sur trois d’entre elles. La première crainte passée, l’aînée Kermorial n’a plus accordé aux discours de son beau-frère qu’une attention froide : ces deux là ne se sont jamais aimés. S’il ne venait pas pour s’attaquer à Marie, alors aucun mal qu’il puisse commettre ne serait irréparable, avait-elle d’abord songé. Puis : qu’il valait mieux, pour des raisons stratégiques, ne pas couper la parole à un capitaine d’armée. Même si elle en brûlait d’envie.

    Enfin, il avait fini par lâcher prise, et la haine avait reflué à mesure que les sabots des cheveux les entraînaient au loin. Fin de la réaction, arrêt du système, les réactifs sont consommés. Le silence qu’Elisabeth observe, ce n’est plus le sien : c’est celui des trois autres.
      De Marie, sa double à tant d’égard, son contraire à tant d’autres.
      D’Alix, dont Lise se plaît à imaginer qu’elle est le portrait de sa mère au même âge.
      D’Alesius, le Très-Haut pardonne sa mère de l’avoir affublé d’un blase pareil.


    On peut vivre sans géniteur – Marie et Lise ne le savent que trop bien. Et même sans génitrice. On vit, on survit à tout. Lise sait. On lui a dit. Le dira-t-elle à son tour aux marmots ? Peut-être, peut-être pas. Depuis les évènements de Bourgogne, elle se sent encore moins l’âme maternelle, et ce n’est pas peu dire.
    Encore que.
    Saura-t-elle les protéger, ceux-là ?
    A cette pensée, Lise croit sentir un frémissement agiter la peau brûlée sous sa manche gauche, sous le tissu de bonne facture, quoiqu’infiniment moins luxueux que les toilettes de Marie. Ce n’est peut-être qu’une vue de l’esprit.

    A l’un ou l’autre instant, le regard bleu orage se perdra par la fenêtre, sur le paysage qui se dérobe. Elisabeth se rappellera qu’elle s’était attachée à cette terre de sa naissance, tardivement découverte ; et n’en ressentira aucune nostalgie. Affection n’est pas besoin. Elle sait qu’elle peut vivre sans. Elle sait qu’elle peut survivre à tout.

    En attendant, elle ne parvient à penser à rien d’autre qu’à eux trois. Sa famille. Sa responsabilité. Lise aurait dû naître homme.
    Ses doigts effleurent les cheveux de celui des mioches qui se trouve assis à ses côtés.
Alesius_landeric
      "Manquer d'un père n'est pas un crime..."*

    Des cailloux qui crissent ... Des galops qui se font entendre ... Et la porte qui s'ouvre ...

    " TAGIIIIIIIIIIG !"*

    Car c'était bien lui, ce père que l'enfant avait tant craint de ne pas revoir. Il était là, dans embrasure de la porte, saisissant les jumeaux qui ne tardèrent pas à trouver leur place contre le poitrail paternel. Allait-il venir finalement ? Allait-il les accompagner ? Ou les empêcher de partir ? Pour qu'ils restent tous ensemble ? L'espoir naquit dans le coeur du petit bonhomme. Ni une ni deux, il passa un bras sur l'épaule du chevalier. Sa tête l'y aurait rejoint s'il ne leur avait pas parlé... Mais ne lui avait-il pas enseigné de toujours regarder celui qui s'adresse à vous ? Fort de vouloir plaire à son père, il se tient bien droit. Ces yeux bleu, si semblable à ceux de ces géniteurs, détaillèrent celui qui ne l'avait pas porté mais permis de vivre tout de même. Les traits sévères et franc. Le regard tranchant. La peau brunit par les heures d'entrainement.

      Son père c'était un homme ! Un chevalier ! Un vrai ! Et lui, deviendrait tout pareil ...

    Mais le coeur de l'enfanton se serra quand il compris, aux parôles du Montfort que non, il ne viendrait pas et non, il ne les retiendrait pas ... Il ne voulait pas le quitter. Deux ans lui avait-on expliqué. Deux ans et il serait en âge de vivre avec lui. Mais c'est long deux ans. N'avait-il pas, lui même, que deux fois se temps plus un ? Deux ans quand on a cinq ans ... C'est l'éternité ... Soudain, il le sentit s'éloigner, se détacher. Il partait ?

    " Nann..."*

    Il aurait voulu crier l'Angelo mais sa gorge était noué. Comment en vouloir à un enfant d'avoir envie de pleurer ? Alors, il tenta de l'accrocher, le retenir. Ces doigts se s’agrippèrent comme de petites pinces aux vêtement de son père.

    " Kit Net ! "
    *

    Pourtant, malgré les faibles protestation de l'enfant, c'est bien se qu'il faisait. Il partait. Le souhait d'un enfant de son âge ne valait rien contre la volonté d'un homme dans la force du siens... Ces mains ne furent pas longue à être démises de leur emprise... La porte se referma et son claquement martela le coeur du môme. Dernier ordre et il disparu... Le convoi se mis en branle. Blessé, l'héritier se réfugia sur une banquette tournant le dos au trois autres occupantes. Recroquevillé, le visage vers la parois, il avisa surement à se moment se qu'il tenait dans sa main.

      La chaîne que son père ne quittait jamais ... Celle de son grand-père...

    Et malgré toute sa bonne volonté, il se mit à pleurer... Il n'en avait pas le droit normalement, parce qu'il était un garçon et qu'il était l'homme de la famille maintenant... Mais tant pis, on lui pardonnerait. Il était encore un peu petit ...



* titre : Tiré de la chanson de Calogéro "Si seulement je pouvais lui manquer"
* Tagig = père
* Nann = Non
* Kit Net = Partez pas !

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N'oubliez pas que le diable aussi a été un ange...
Mai





    L’église semait aux quatre vents les résonnances grave de son beffroi, quand le blond convoi des Kermorial fit enfin halte à dans l’andégave capitale. Voilà six jours que la route défilait dans la maigre lucarne de leur coche. Et entre les cris stridents et les silences pesant, il était grand temps d’arriver et de poser leurs valises. C’est donc Rue de Rennes que Marie mis pied à terre, aidé par Maure, l’esclave offert. Point d’auberge à l’horizon, mais une maison de bourg prêtée par le bourguignon. La sienne. Leur refuge pour les jours à venir…

    Se rappelant des mots de son amant, les doigts délicats se mirent à courir sous la porte cochère en quête du saint graal. Le contact froid établi avec le précieux sésame arracha un petit sourire à la Marquise. Ainsi donc Judas avait dit vrai et leur offrait le gite. Pas qu’elle en doutait mais sa confiance envers les hommes se restreignait de jour en jour. Cliquetis métallique et coup d’épaule plus tard, le passage fut ouvert à l’étrange famille qui était la sienne. Les laissant passer devant pour découvrir les lieux, Marie ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel à leurs commentaires.


    - Mamm, prinsez emaon!
    - Ki me eo m’bo !!
    - Rrrh ! Monet mar plij…
    *

    Patois barbare. Les deux loupiots avaient fort bien compris la culpabilité de leur mère et n’hésitaient pas à en jouer. Réclamant à corps et à cris tout et n’importe quoi. Un regard interrogateur se posa sur sa demi-paire qui fermait la marche. Avait elle, elle aussi une réclamation à apporter. Non ? Rien ? Alors entrons. La demeure était de taille raisonnable. Trois pièces. Une grande pièce ou trônait fièrement une cheminée en pierre. Un garde-manger pour le moment bien dégarni en l’absence du maitre des lieux et à l’étage une chambre avec un unique lit et un baquet de taille conséquente.

    Dans la maigre cour, le charriot s’était immobilisé et déjà le cocher détachait les chevaux pour leur offrir un repas mérité. L’ordre fut lancé à « Maure » de ramener le gros de leur affaire dans la grande salle et la chambrine pendant qu’Alix et Alesius eurent la lourde de tâche d’ôter au meuble la courtepointe protectrice. Le calme de la maison s’enfuit bien rapidement devant le défilé de bagages, malles et sacs des bretons. Entre deux ordres lancés à travers les murs de pierres et les parquets de bois, l’installation fut faite entre agitation et fatigue. En trois heures l’antre Judéenne avait capitulé sous les assauts bretons.

    Un feu prit place dans l’âtre pour chasser l’humidité des murs et rassembler les blondins et leur gens autour du brasier. Assis sur le tapis, au milieu de leur jouet en bois, les enfants jouait comme si de rien était. Du moins en apparence. Sur la banquette rembourrée, Marie se nicha dans les bras de sa jumelle sans un mot. Premier moment de calme depuis son départ.


    - Excuse-moi pour tout cela, Lison. Je ne l’ai pas voulu et pourtant tout est de ma faute.

    Cherchant les mirettes identiques aux siennes. Marie contempla un instant sa jumelle à la lueur dansante des flammes. Elisabeth avait cette détermination dans les yeux, cette assurance, qui avait toujours manqué à sa cadette. Elle l’enviait tellement…

    - Tu resteras un peu avec moi ce soir. Me raconter ton voyage.

    Et ces longs mois où tu as disparus. Tout ce mystère qui t’entoures ma sœur.
    Je veux le percer maintenant qu’on a le temps. Je veux savoir…


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- Maman, je suis une princesse!
- Je veux un chien, moi !!
- Rentrez s'il vous plait...

Les traductions en breton sont plus qu'approximatives,
toute aide de bretonnant est la bienvenue !

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Alix_ann
    Où se rendaient-ils, au juste? Elle se demandait, sans vraiment oser mettre en mot sa question. Il y avait cette ligne, elle en était certaine, qui lui empêchait de formuler sa demande à sa mère. Mamm , elle l'avait vu, ressentie, n'était plus la même. Alix, en tout cas, ne la voyait plus de la même manière, ou du moins, la voyait de façon peu comparable avec les autres gamins de son âge. La petite Blonde, minie Buze à ses heures, ne comprenait pas, se retrouvait déracinée du jour au lendemain, et ne trouvait pas la complicité qu'elle désirait dans sa relation avec sa mère.
    Ils allaient en voyage, ils partaient tous parce que Mamm avait eut l'envie de changer d'air, l'envie de claquer la Bretagne qu'elle avait tant aimer, un paysage auquel du haut de ses cinq ans elle était attachée. Ca lui était inconcevable, encore, que la madré est simplement pu faire une déprime post natal et trouver du réconfort dans les bras d'un homme qui n'était pas le bon, qui n'était ni son époux, ni le père de ses enfants. Elle ne concevait rien, se permettant simplement d'être là, de se retenir d'être trop curieuse. Peut-être cela incommoderait-il sa mère. Si elle ne s'est pas beaucoup exprimé sur le sujet, c'est bien que cela la gêne.

    Le petit comité bretonnant mit pied à terre sur sol angevin, occupé par un bourguignon, mais cela la minie Buze l'ignore. La petite silhouette blonde va trouver du soutiens auprès du demi-paire. Et déjà la mère qui lui semble un peu triste, mais dont elle admire la figure à qui elle vaut le profond respect qu'on doit à une mère, fait pleuvoir les tâches, plus que minimes, pour les deux survivants du couple Kermontfort. Serait-ce un début de plainte, qu'elle fait? Un élan d'animosité envers sa vie qui vire un peu tôt en vrille. Elle est jeune, elle s'en remettra. Alix ne comprend pas, elle se contente de souffrir de cette situation un peu atypique. Elle avait choisit la mère, parce que c'était la plus belle, c'était sa seule figure féminine sur terre ou du moins la première, et parce qu'elle connaissait moins son père, puis à moitié aussi parce qu'elle n'était pas capable de faire elle-même.
    La tête blonde se retourne vers son frère, son camarade de fortune, bien qu'ils n'étaient pas vraiment à considérer comme des victimes. Ils ne connaissaient pas la pauvreté, étaient destinés à être beaux comme leur parents, à rafler leurs terres, et avaient un train de vie des plus commodes.


    -« Pelec'h emañ omp? »* La voix d'enfant est fluette et peu assurée. Q-Qu'importe, n'est-ce pas son jumeau? Elle peut tout lui dire, tout lui partager. « Petra a reomp amañ ? »*

    Qu'est ce que cette maison, aussi? Cette terre bizzare qu'est l'Anjou? Aucun gros rocher en vue, la patois lui était incompréhensible. Elle regrette Cucé, un instant. Les plages bretonnes aussi, peut-être un peu cette odeur de Chouchen quasi omniprésente à chaque fois qu'on bouge un orteil. Ici, elle comprenait encore moins, rencontrait des paysages inconnus, une langue jamais entendue, à laquelle, il parait, il faudrait se faire le plus vite. Les gens semblaient différent, leur vêtements allaient jusqu'à différés de ce que préconisait la mode à la Bretonne.
    Mais ce serait obsolète de se plaindre. Il faut voir les pièces, la décoration. C'est tout autre, mais on admet que tout ceci peu relever d'un certain bon goût.



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