Ysandre
Un ouragan roux la bouscula presque alors qu'elle regardait en soupirant pousser ces légumes idiots.
Subterfuge que de trainer au potager plutôt que d'ouïr ces insupportables cours de latin qu'elle exécrait.
L'étrange courant d'air se trouvait affublé de deux émeraudes fascinantes qui se plantèrent dans les yeux d'une Ysandre aussi muette de surprise que ce peut.
L'ouragan lui glissa sans manière:
Tu ne m'as jamais vue! Retourne à tes panais et à tes raves.
Puis, les pieds nus la stupéfiante apparition s'évanouie à senestre droit sur la forêt alors que la mère supérieure émergeait hors du cloître.
Saisissant Ysandre par les épaules, elle lui intima:
Répond vite, Mistra.
Par où s'en est enfuie la succube?
La succube ? Tudieu, je n'ai vu nulle succube au milieu de ces poireaux!
Juste une fille semblant si pressée qu'elle en oublia ses chausses, courant sur la dextre, vers les caves.
Sans même se fendre d'un vague remerciement, la mère s'éloigna au pas de course, satisfaite, se pensant assurée de coincer sa petite proie en ces lieux clos.
Front à la porte des caves, elle hésita un instant devant la pénombre des escaliers de pierre qui constrastaient tant avec l'aggressive luminosité d'un soleil au zenith.
Elle s'y engouffra bientôt, Ysandre à sa suite et disparut dans les entrailles du couvent.
Bien des années plus tard, la duchesse se demandait encore, parfois, quelle mouche l'avait piquée ce jour-là de pousser lentement la lourde porte de bois et de tourner deux fois la grande clef qui emprisonna la mère supérieure deux jours durant.
La petite furie aux cheveux de feu qui, soigneusement cachée derrière un vieux hêtre n'avait rien perdu de la scène, s'approcha alors, sourcilleuse et toisant l'adolescente aux yeux bleux lui manda:
Pourquoi as-tu fait ça?
Maraude! Tu vas te faire battre sans vert quand elles sauront!!
Les soeurs ne sauront rien..
Pourquoi j'ai fait ça...Je ne sais. Je n'aime guère le grec qu'enseigne la mère dirons-nous.
La flamboyante rousse la dévisagea un instant puis éclata d'un rire franc et inextingible!
Tu me plais bien maraude! Quel est ton nom?
Je ne suis point maraude et mes quartiers de noblesse valent sûrement les vôtres.
Ceci dit je me nomme Ysandre de Mistra.
Sans savoir pourquoi ni ce qui les lierai par la suite, les deux enfants se toisèrent, s'adoucirent puis se saisirent respectivement de leurs petites mains.
Je suis Johanara d'Ambroise.
la duchesse de Chantôme, bien des années plus tard, croisa une fois de plus ses doigts avec ceux de son amie la plus chère, ce simple geste évoquant en elle tant de souvenances des plus douces qu'attendrezie, une petite larme perla à ses cils.
Les lieux différaient, les temps avaient changés..
Mais sa Johanara, elle, intemporelle et superbe était depuis le jour des caves du couvent tout aussi essentielle à sa vie que les banquets gargantuestes étaient à George, leur parrain respectif.
Elles se tenaient toutes deux au coeur de cette sacristie, en plein émeuvement, coites mais heureuses.
_________________
Subterfuge que de trainer au potager plutôt que d'ouïr ces insupportables cours de latin qu'elle exécrait.
L'étrange courant d'air se trouvait affublé de deux émeraudes fascinantes qui se plantèrent dans les yeux d'une Ysandre aussi muette de surprise que ce peut.
L'ouragan lui glissa sans manière:
Tu ne m'as jamais vue! Retourne à tes panais et à tes raves.
Puis, les pieds nus la stupéfiante apparition s'évanouie à senestre droit sur la forêt alors que la mère supérieure émergeait hors du cloître.
Saisissant Ysandre par les épaules, elle lui intima:
Répond vite, Mistra.
Par où s'en est enfuie la succube?
La succube ? Tudieu, je n'ai vu nulle succube au milieu de ces poireaux!
Juste une fille semblant si pressée qu'elle en oublia ses chausses, courant sur la dextre, vers les caves.
Sans même se fendre d'un vague remerciement, la mère s'éloigna au pas de course, satisfaite, se pensant assurée de coincer sa petite proie en ces lieux clos.
Front à la porte des caves, elle hésita un instant devant la pénombre des escaliers de pierre qui constrastaient tant avec l'aggressive luminosité d'un soleil au zenith.
Elle s'y engouffra bientôt, Ysandre à sa suite et disparut dans les entrailles du couvent.
Bien des années plus tard, la duchesse se demandait encore, parfois, quelle mouche l'avait piquée ce jour-là de pousser lentement la lourde porte de bois et de tourner deux fois la grande clef qui emprisonna la mère supérieure deux jours durant.
La petite furie aux cheveux de feu qui, soigneusement cachée derrière un vieux hêtre n'avait rien perdu de la scène, s'approcha alors, sourcilleuse et toisant l'adolescente aux yeux bleux lui manda:
Pourquoi as-tu fait ça?
Maraude! Tu vas te faire battre sans vert quand elles sauront!!
Les soeurs ne sauront rien..
Pourquoi j'ai fait ça...Je ne sais. Je n'aime guère le grec qu'enseigne la mère dirons-nous.
La flamboyante rousse la dévisagea un instant puis éclata d'un rire franc et inextingible!
Tu me plais bien maraude! Quel est ton nom?
Je ne suis point maraude et mes quartiers de noblesse valent sûrement les vôtres.
Ceci dit je me nomme Ysandre de Mistra.
Sans savoir pourquoi ni ce qui les lierai par la suite, les deux enfants se toisèrent, s'adoucirent puis se saisirent respectivement de leurs petites mains.
Je suis Johanara d'Ambroise.
la duchesse de Chantôme, bien des années plus tard, croisa une fois de plus ses doigts avec ceux de son amie la plus chère, ce simple geste évoquant en elle tant de souvenances des plus douces qu'attendrezie, une petite larme perla à ses cils.
Les lieux différaient, les temps avaient changés..
Mais sa Johanara, elle, intemporelle et superbe était depuis le jour des caves du couvent tout aussi essentielle à sa vie que les banquets gargantuestes étaient à George, leur parrain respectif.
Elles se tenaient toutes deux au coeur de cette sacristie, en plein émeuvement, coites mais heureuses.
_________________