Karyaan
[Montmirail]
Paul ?
Ils étaient arrivés dans la nuit et avaient de suite investis une auberge à Montmirail. Maëline avait dormi tout du long dans le carrosse, vautrée dans les bras de sa belle-mère qui regardait le ciel sans lune. Son homme, ronflant... pardon... respirant fort à coté. Le voyage jusqu'en limousin avait donc débuté.
Première étape, Montmirail.
Ussta Belaern ?
(Mon Trésor ?)
Elle s'était réveillée tôt la Comtesse, comme à son habitude. Attablée à un bureau, elle finissait de signer un parchemin qu'elle plia et déposa sur un paquet assez volumineux et semblant être mou. Le garçonnet de onze ans, s'approcha.
Xas, Malla Jabbress ?
(Oui, Votre Grandeur ?)
Tout aussi matinal, le môme s'affairait déjà à ranger, et préparer le reste du voyage. Haussant un sourcil, intrigué le regard fixé sur le paquet, il reporta ses yeux noisettes sur celle qu'il sert depuis tant d'années à présent.
Dos orn naut doer xuil udossa, usstan daewl nindel dos orn lac fol uss.
(Tu ne viens pas avec nous, je souhaiterais que tu ailles chercher quelqu'un.)
Le cur du petit homme se serra. Il se faisait une telle joie de faire ce voyage. Une telle joie de retourner là où il était né, là où il avait passé les premières années de sa vie. Certes dans la boue et la pauvreté, mais quand même. Il fronça cependant les sourcils à la seconde partie de la phrase.
Vel'uss ?
(Qui ?)
La Comtesse se leva lentement et sourit. Contournant le bureau, elle posa la main sur le paquet.
Dos sevir whol Rouen. Ghil, dos inbal char'riss whol Carenza et Adeline de Courcy. Lu' nindol zhah whol Briana.
(Tu pars pour Rouen. Là tu as une missive pour Carenza et Adeline de Courcy. Et ceci est pour Briana.)
Elle montra les lettres qu'elle venait de finir, puis le gros paquet tout mou. Le garçonnet sourit, il venait de comprendre, lui non plus n'avait pas oublié la promesse qui avait été faite. Et puis, aller chercher Briana, avoir une telle mission, ne pouvait que le rendre super fier. La Comtesse s'approcha de lui, se faisant la réflexion qu'il grandissait à vue dil le marmule, il allait bientôt la dépasser. Bon, elle n'était pas bien grande non plus hein, mais faut pas déconner, ça va trop vite, ça pousse trop vite, ça grandit trop vite...
Prenant la main du petit homme, elle y déposa un tout petit objet, referma son poing et le garda entre ses mains.
Belbau ukta nindol, lu' rak'nes... yaith ptau'al ulu ita... lu' ulu dos.
(Donne lui ceci, et surtout... fais attention à elle... et à toi.)
Ils se connaissent depuis tant de temps tous les deux. Depuis qu'elle l'avait ramassé dans la boue des ruelles mal famées de Limoges et en avait fait son Page personnelle lorsqu'elle était Vice Chancelière du Comté. Elle lui avait fait confiance, à lui, le petit voleur de pomme de huit ans. Lui qui avait la gale et des poux plein ses cheveux blonds crasseux. Lui qui marchait pieds nus et n'aurait jamais rêvé qu'un jour il puisse chausser des bottes en cuir ferré. Il avait à présent onze ans le semi-homme. Et bon dieu ce qu'il l'aimait sa maitresse.
Nul besoin de beaucoup de mots entre eux. Juste des silences, juste des regards et une confiance sans faille. Son rêve le plus cher aurait été qu'un jour il puisse se marier avec elle. Mais un rouquin était passé par là. Il l'avait haït pour ça, il avait pleuré et ragé contre la lune. Et puis, il avait muri et compris.
Il avait eu peur qu'elle l'abandonne, maintenant qu'elle avait trouvé une famille. Si peur...
Mais au contraire, il avait trouvé sa place et les choses étaient devenues encore plus fortes.
Les yeux noisettes noyés dans la brume de celle qui lui faisait face, il sourit simplement. Nul besoin de mot, tout était dit. Il prit alors le paquet, les lettres et la bourse d'écus qu'elle lui tendait. Dernier regard, dernier silence et le voilà parti.
Première chose, acheter un cheval. Oui, onze ans peut-être, mais débrouillard comme pas deux. Négociant à la dur le canasson qui allait devoir galoper jusqu'en Normandie. Parce qu'il voyagera seul le marmule. Il en a prit l'habitude avec elle. Évitant les routes trop fréquentées. Faisant certes des détours, mais au moins c'était bien plus sur.
Il arriva à Rouen quelques jours après. Exténué certes, mais ravi d'être enfin là. Pas le temps de jouer au touriste, il alla directement aux ambassades là où il savait qu'il y trouverait l'information essentielle qui lui manquait.
Où se trouve exactement Briana ?
On lui indiqua un couvent. Souriant au Page des Ambassades Normandes, il lui laissa la lettre destinée à la Chancelière et se dirigea vers le couvent indiqué.
Laissant sa monture fourbue se reposer, il frappa à la porte de la bâtisse et attendit, anxieux et en même temps, impatient de revoir la bouille de la petite chose qui était devenue, au fil des semaines... son amie.
_________________
"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."
Paul ?
Ils étaient arrivés dans la nuit et avaient de suite investis une auberge à Montmirail. Maëline avait dormi tout du long dans le carrosse, vautrée dans les bras de sa belle-mère qui regardait le ciel sans lune. Son homme, ronflant... pardon... respirant fort à coté. Le voyage jusqu'en limousin avait donc débuté.
Première étape, Montmirail.
Ussta Belaern ?
(Mon Trésor ?)
Elle s'était réveillée tôt la Comtesse, comme à son habitude. Attablée à un bureau, elle finissait de signer un parchemin qu'elle plia et déposa sur un paquet assez volumineux et semblant être mou. Le garçonnet de onze ans, s'approcha.
Xas, Malla Jabbress ?
(Oui, Votre Grandeur ?)
Tout aussi matinal, le môme s'affairait déjà à ranger, et préparer le reste du voyage. Haussant un sourcil, intrigué le regard fixé sur le paquet, il reporta ses yeux noisettes sur celle qu'il sert depuis tant d'années à présent.
Dos orn naut doer xuil udossa, usstan daewl nindel dos orn lac fol uss.
(Tu ne viens pas avec nous, je souhaiterais que tu ailles chercher quelqu'un.)
Le cur du petit homme se serra. Il se faisait une telle joie de faire ce voyage. Une telle joie de retourner là où il était né, là où il avait passé les premières années de sa vie. Certes dans la boue et la pauvreté, mais quand même. Il fronça cependant les sourcils à la seconde partie de la phrase.
Vel'uss ?
(Qui ?)
La Comtesse se leva lentement et sourit. Contournant le bureau, elle posa la main sur le paquet.
Dos sevir whol Rouen. Ghil, dos inbal char'riss whol Carenza et Adeline de Courcy. Lu' nindol zhah whol Briana.
(Tu pars pour Rouen. Là tu as une missive pour Carenza et Adeline de Courcy. Et ceci est pour Briana.)
Elle montra les lettres qu'elle venait de finir, puis le gros paquet tout mou. Le garçonnet sourit, il venait de comprendre, lui non plus n'avait pas oublié la promesse qui avait été faite. Et puis, aller chercher Briana, avoir une telle mission, ne pouvait que le rendre super fier. La Comtesse s'approcha de lui, se faisant la réflexion qu'il grandissait à vue dil le marmule, il allait bientôt la dépasser. Bon, elle n'était pas bien grande non plus hein, mais faut pas déconner, ça va trop vite, ça pousse trop vite, ça grandit trop vite...
Prenant la main du petit homme, elle y déposa un tout petit objet, referma son poing et le garda entre ses mains.
Belbau ukta nindol, lu' rak'nes... yaith ptau'al ulu ita... lu' ulu dos.
(Donne lui ceci, et surtout... fais attention à elle... et à toi.)
Ils se connaissent depuis tant de temps tous les deux. Depuis qu'elle l'avait ramassé dans la boue des ruelles mal famées de Limoges et en avait fait son Page personnelle lorsqu'elle était Vice Chancelière du Comté. Elle lui avait fait confiance, à lui, le petit voleur de pomme de huit ans. Lui qui avait la gale et des poux plein ses cheveux blonds crasseux. Lui qui marchait pieds nus et n'aurait jamais rêvé qu'un jour il puisse chausser des bottes en cuir ferré. Il avait à présent onze ans le semi-homme. Et bon dieu ce qu'il l'aimait sa maitresse.
Nul besoin de beaucoup de mots entre eux. Juste des silences, juste des regards et une confiance sans faille. Son rêve le plus cher aurait été qu'un jour il puisse se marier avec elle. Mais un rouquin était passé par là. Il l'avait haït pour ça, il avait pleuré et ragé contre la lune. Et puis, il avait muri et compris.
Il avait eu peur qu'elle l'abandonne, maintenant qu'elle avait trouvé une famille. Si peur...
Mais au contraire, il avait trouvé sa place et les choses étaient devenues encore plus fortes.
Les yeux noisettes noyés dans la brume de celle qui lui faisait face, il sourit simplement. Nul besoin de mot, tout était dit. Il prit alors le paquet, les lettres et la bourse d'écus qu'elle lui tendait. Dernier regard, dernier silence et le voilà parti.
Première chose, acheter un cheval. Oui, onze ans peut-être, mais débrouillard comme pas deux. Négociant à la dur le canasson qui allait devoir galoper jusqu'en Normandie. Parce qu'il voyagera seul le marmule. Il en a prit l'habitude avec elle. Évitant les routes trop fréquentées. Faisant certes des détours, mais au moins c'était bien plus sur.
Il arriva à Rouen quelques jours après. Exténué certes, mais ravi d'être enfin là. Pas le temps de jouer au touriste, il alla directement aux ambassades là où il savait qu'il y trouverait l'information essentielle qui lui manquait.
Où se trouve exactement Briana ?
On lui indiqua un couvent. Souriant au Page des Ambassades Normandes, il lui laissa la lettre destinée à la Chancelière et se dirigea vers le couvent indiqué.
Laissant sa monture fourbue se reposer, il frappa à la porte de la bâtisse et attendit, anxieux et en même temps, impatient de revoir la bouille de la petite chose qui était devenue, au fil des semaines... son amie.
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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."