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[Rp] Scène de vie au prieuré.

Emeline.
J-10 avant le grand départ.-

Un prieuré est un endroit charmant ou tout parents aimant, familles proches et Cousine-Germaine lointaine décide un jour ou l'autre d'envoyer leurs chérubins qu'ils soit le mouton noir de la descendance, la fille bâtard d'une nourrice à la cuisse légère ou tout simplement trop proche à leurs gouts de tomber dans la grande délinquance. Emeline savait pourquoi elle était dans cet endroit si triste au coeur même du Royaume de France. Elle était mal née, tout simplement, d'un père aimant les femmes et d'une femme aimant son maître et comme une bâtard fait tâche dans une famille autant l'envoyer au prieuré et la cacher autant de temps qu'il sera nécessaire de le faire.

Depuis sa naissance elle n'avait connu que ces murs, terne, gris, la nuit effrayant, la journée trop haut pour y voir le monde. Elle avait appris à lire et à écrire, à calculer et même à s'occuper des animaux, elle savait se rendre au lavoir pour frotter toutes la journée et partager des moments de pseudo complicité avec les femmes, elle connaissait le Dogme et le Droit Canon. Une femme parfaite en apparences, même-si dans sa chambre seule la gamine rêvait de voyager et de liberté, d'avoir des amies à qui compter ces malheurs et une famille pour la protéger du malheur.


La vérité était que Emeline avait un seul ami, un lapereau trouvé quelques jours plutôt à grignoter les légumes du Père Michel et nommé Neige pour le ridicule du nom plus que par attachement à celui-ci. Neige était donc seul ami et il fut un lapin, tout ceci aurait put la déprimée, mais la damoiselle savait qu'un jour elle retrouvera sa famille et pourra leurs prouver que son objective était de servir au milieu les intérêts de celle-ci.

Ce matin, elle ce réveilla donc sachant qu'il allait lui rester dix jours avant d'avoir quinze ans et donc être libre de son chemin, elle avait prévue de se rendre à Paris et de là chercher un endroit confortable pour vivre et devenir : Une femme respectable. S'étirant elle quitta son lit pour faire un brin de toilette, versant l'eau froide elle essuya son visage à l'aide d'un bout de tissu confortable et ce retourna pour faire son lit... Lorsque ... Horreur !


Que...JE VAIS MOURIR !

Elle quitta sa chambre, courant dans les étages, cherchant un moine pour lui donner la dernière bénédiction de sa vie, courant, en haut en bas hurlant à tort et à travers dans le lieu si calme et paisible froid et austère.

Je vous en prie, aidez-moi...Ne me laissez pas mourir A MOI LA GARDE.Une âme n'importe qui, belle, petite, grande, elle ne voulait pas, ne pouvait pas mourir sans avoir eu de confession ou être en compagnie d'une âme tout de même.... Si ?
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Gabrielle_blackney
[Couvent. Lieu de recueillement pour les femmes qui aspirent à méditer dans la paix sur le vice de l'oisiveté*]

- Prieuré - Le début des ennuis Jour 1 -

Les jours s’écoulaient, monotones, ennuyeux. De sermons en confessions, de leçons de morales en prières, de bains glacés en pénitences, Gabrielle rageait en silence. Sa sourde colère s’accumulait, mais elle patientait.
Elle évitait au maximum les contacts non obligatoires avec les autres, elle avait déjà bien à faire avec elle-même. Ses regards bleus sombres étaient suffisamment glacials pour que les autres pénitentes ne l’approche pas plus que nécessaire. Et encore moins ces petites gamines noblieautes qu’on enfermait là des années, stupides oies blanches qui ne sortiraient que pour un mariage arrangé, prétexte à des échanges de terres qui ne servaient que l’intérêt des familles dans l’accroissement de leur pouvoir ou de leur richesse.

Gabrielle était d’une humeur massacrante, on l’avait levée avant l’aurore pour la sermonner une fois encore sur l’ignominie de sa faute, elle n’avait reçu aucune lettre depuis des jours et le temps était maussade. Elle parcourait les longs couloirs froids et sans âme du prieuré à grandes enjambées nerveuses, profitant d’un moment d’inattention de la part de ses bourreaux qui ne manqueraient pas de la coller en prières s’il la trouvait désoeuvrée.
Ca n’était vraiment pas le jour de tomber sur Gabrielle. Non vraiment pas.
Mais le destin est moqueur.
Et en ce matin terne il prend les traits d’une jeune demoiselle affolée qui percute presque Gabrielle en hurlant des paroles insensées sur sa mort prochaine.


Meurs donc, mais tais toi !

Gabrielle arrête la jeune fille en la retenant par les épaules. Elle va lui faire avoir des ennuis avec tout ce raffut et la jeune brune n’a aucune envie de voir débarquer la clique vertueuse.
Elle retient sa pulsion première de gifler l’inconnue pour la faire taire.
Un grand soupir et elle la regarde.
Pas une pénitente. Une oie blanche. Tout à fait ce qu’il lui fallait ce matin. Parfait. Vraiment parfait.
Gabrielle la détaille un peu. Trés jeune forcément. Brune aux yeux bleus. Tiens donc. Pas vraiment de ressemblance ceci dit, les yeux de la jeune fille sont bien plus clairs et plus doux semble-t-il, quoique là on puisse surtout y lire le désespoir absolu. Les cheveux bien moins sombres que les siens, plus chatains que bruns à vrai dire.
Gabrielle soupire de nouveau et fait preuve de toute la patience dont elle est capable. La gamine l’agace déjà avant même qu’elle ait ouvert la bouche mais elle n’est – elle aussi – que la victime de la folie des hommes de son époque, alors elle ne va pas l’enfoncer.


Tu n’es pas morte puisque tu es là. Arrête de gueuler comme un porc qu’on saigne. C’est quoi ton problème ?

Patience ne veut pas dire gentillesse ni compassion.

*Ambrose Bierce

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Emeline.
Elle court, elle court l'innocence pour finir sa course contre un mur de caractère. Retenue par les épaules, elle en lâcha ses jupons tâchée de sang frais et elle n'allait pas mourir ? Ce n'est que folie, elle en avait déjà vu des cadavres et tous perdaient tellement de sang qu'ils terminait leurs vies six pieds sous terre une croix en guise de merci. Puis les gens passaient sur leurs tombes sans même ressentir le moindre sentiments pour toujours et à jamais plongé dans l'oubli auprès du Père. Elle leva son regard affolée vers celle qui lui venait de la retenir, elle semblait âgée, empli d'ennuis et pas franchement d'humeur à supporter la gamine et ses craintes trop longtemps. Le genre de femme qui n'est pas encore mère ou simplement pas faite pour le devenir, moue perplexe de l'innocence qui manque cruellement d'expérience en la matière. Les mères du coin étaient de vieille religieuse en fin de vie espérant que la jeunesse soit discrète, silencieuse et pas trop bavarde. Aussi Emeline n'eut jamais le droit à des sourires affectueux, à des contacts maternelle ou tout simplement courtois. Bien y réfléchir elle n'eut jamais été aussi proche d'une personne en ce jour de sa mort certaine, tenue par les épaules d'une inconnue au caractère tranchée.

Inconnue qui osait le tutoiement ?! Mais d'où tombait-elle cette femme au grand soupir ? Emeline aurait du lui faire remarquer quelle n'avait rien à lui parler de cette façon surtout en pareil situation, mais la peur de mourir plus forte que tout lui ordonna de ce taire et répondre à sa question de façon à être secours, rien n'était encore perdue.


Je... le sang...Regardez ! C'est Belial qui arrive je suis trop orgueilleuse...

Elle cacha son visage entre ses mains, pourquoi elle ? Après tout qu'avait-elle fait de mal pour une fois rien ! Elle n'avait pas chapardée de légumes aux potagers, n'avait pas dérodés un morceau de tartes supplémentaire et c'était levée pour assister à la messe très tôt ce matin là. Et soudainement sans prévenir elle regarda sa couche, ses vêtements rouge de sang et voilà elle allait mourir ainsi enfermée à dix jours de la liberté ? Pourquoi Seigneur Dieu.

Il nous faut prier, il arrive... j'ai si mal.

Mains qui s'écarte de son visage pour ce poser sur son ventre et ce pencher légèrement en avant, voilà c'était le moment de partir rejoindre...Le paradis ? Ou l'enfer, mais à cette heure Emeline était assurée de ne pas survire au souhait du Créateur.
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Gabrielle_blackney
[Savoure le rouge mon amour
(…)
Eh ! conduis moi vers ton endroit mon bébé
Parle-moi ! parle-moi ! de ton humidité
Décris-moi ! décris-moi ! sale et beau à la fois*]


Gabrielle la regarde interloquée et reste hésitante un instant. Elle craint de comprendre ce qui panique la jeune fille. Oui, elle comprend bien. Elle soupire et la regarde partagée entre fou rire et agacement.

Crois moi, jeune fille, tu ne mourras pas aujourd’hui. Tu n’as pas une mère ou une sœur pour t’expliquer ?

Forcément, même si elle a ça quelquepart dans le monde extérieur, là tout de suite, ça ne va pas l’aider. Gabrielle soupire. Elle n’a aucune envie de jouer à la grande sœur avec la gamine.
Elle la regarde. Elle a l’air vraiment paniqué la petite. Gabrielle la planterait bien là, mais un fond de solidarité féminine, un peu d’humanité, quelque chose, fait qu’elle ne le fait pas. Un nouveau regard.
Et défection !

Belial ne viendra pas. Crois-moi sinon, il me prendrait bien avant toi.

Et Asmodée – le prince-démon de la luxure - aussi, mais Gabrielle évite de lui dire.
Bon comment explique-t-on à une jeune noble la triste réalité biologique de la chose ?
Gabrielle réfléchit un instant. Elle ne va pas lui dire franco « maintenant, tu es en âge de te faire déflorer. Ta famille va te trouver un mari. Bienvenue dans la vraie vie». Choisir ses mots. Gabrielle sait très bien le faire quand elle le veut. Mais les petites confidences entre femmes n’ont jamais été sa spécialité. Et elle ne la connaît pas la petite noblieaute, ça n’est pas son rôle de lui expliquer tout ça après tout. Mais qui d’autre ? Les femmes du prieuré sont soit aussi ignorantes que la gamine, soit vont lui farcir la tête d’idées stupides sur l’impureté, l’importance de préserver son pucelage, le grand privilège de la maternité et autres joyeusetés.
Gabrielle regarde la jeune fille.


C’est… normal. Ca reviendra tous les mois, pour quelques jours à chaque fois. Tu auras peut-être un peu mal. Ou pas, ça dépend des femmes. Ca veut dire que tu n’es plus une gamine, que tu es en âge de te marier et d’avoir des enfants. Le Très Haut doit avoir ses raisons pour imposer ce genre de… contraintes à notre sexe. Mais tu ne mourras pas et tu n’as pas besoin de prier.


Voilà. Pas mal, non ? Gabrielle était contente d’elle. Elle regarde la gamine et la gratifie même d’un petit sourire. Pas le sourire le plus sympathique, il est encore un peu froid et distant, mais c’est déjà pas si mal.

Je m’appelle Gabrielle et toi ?

*Indochine
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Emeline.
Pupille azure qui fixe l'azure, innocence dévastée par le manque de soutiens de l'inconnue. C'est qu'une gamine, une gamine sans rien ni personne, plus tard Emeline sera heureuse d'avoir eu dans sa vie un instant ou elle n'avait rien ni personne, sauf Neige. Elle sera heureuse d'avoir été l'espace de quelques années une retraitante protégée dans le couvent. Soulagée d'avoir une amie comme Gabrielle à ces côtés, pour oser ce qu'elle n’osera jamais, pour la dérouter dans les moments ou seul une âme comme cette femme pouvait défier l’autorité et entrainer dans son audace une Pucelle perdue .

Mais pour l'heure ce n'est pas ce qu'elle cherchait la solitude, elle voulait être libre de voyager, de découvrir le monde, de courir et de hurler sans avoir la brigande des soeurs sur le dos et le Dogme à recopier en corvée quotidienne.

Avait-elle une soeur ? Espérons pour elle que non, une mère ? Forcement, mais morte ou devenue un ombre elle n'en savait trop rien et estimait que si sa propre mère l'abandonnait dans un tel endroit, elle ne méritait pas d'avoir donnée la vie. Et regardez quelle vie, celle d'une Croyante qui ne connaissait rien à la vérité, ne possédait rien d'autre qu'un médaillon et recevait quelques écus de temps en temps gardez jalousement par les soeurs du coin pour : '' Son entretien'' à croire qu'Emeline était un meuble sur lequel ont ce retourne de temps en temps.

Esgourdes qui écoute les mots et ne comprends pas tout, mais en demander plus risque d'énervée la nouvelle venue et colère étant mal, il ne serait pas courtois de l'envoyer en enfer pour quelques questions supplémentaire. Ses mains relevant les jupons, elle regarda le sang et paru dégoutée. En réalité elle l'était et souhaitait que cette fine trace de sang disparaisse de sa vue à jamais, alors elle frotta le tissu et chercha en vain à atténuer cette honte qui parcourait son corps à peine formée.


Je... Il faut saigner pour avoir un prince charmant ? Et...vivre heureuse avec des...enfants du Très-Haut ? Oui, je sais elle ne voulait plus poser de questions, mais son corps jouait avec elle et la Donzelle n'aimait pas ce jeu-la. Il fallait la comprendre, elle ne connaissait le mariage qu'au travers du Droit Canon et la définition d'un tel livre sur cette union semblait idyllique : La cause finale, Une union devant le Très-Haut et les hommes dans le but de fonder une famille et de trouver l’amitié aristotélicienne. Nous étions loin des arrangements familiale, des devoirs conjugal et du droit de cuissage, vous ne trouvez pas ? Alors elle rêvait au prince charmant, à l'amitié Aristotélicienne brute, aux enfants sorti des choux ou des cigognes, mais surement pas à l'atroce vérité. Pour elle ''Les époux scellent leur union par l’échange des vœux, symbolisé par l’échange des anneaux, devant Dieu et les hommes. '' et ont des enfants confier directement de Dieu aux hommes. Pathétique proche de la folie, mais quand votre seul lien avec l'extérieur sont faits de livre religieux c'est ainsi.

Emeline, enchantée damoiselle. Mais...pourriez-vous ne pas me tutoyer ? C'est indécent et puis vous risquez de finir à confesse.

Elle rougit, n'aimait pas demander aux gens de changer leurs comportements, n'aimant tout simplement pas le conflits aussi minime soit-il. Pour cacher le sang, elle enfila sa robe et la croisa sous son ventre le tout maintenue d'un bras qui cache sa honte et son angoisse. Emeline n'avait semblait-il rien en commun avec cette femme, mais elles étaient seules, elles semblaient toutes deux supporter à leurs manière cet endroit et bien décidée à le quitter rapidement.

Vous êtes nouvelle, je crois... Si vous voulez je peux vous donner quelques astuces pour échapper aux adultes. Les soeurs sont généralement pas vraiment aimable, mais nous avons quelques alliés. Elle replaça du bout d'un doigt tremblant une mèche de cheveux derrière son oreille et tenta de lui faire un sourire empli de considération. Neige en est un et le frère Antonin accepte de nous laisser sortir dans le parc si ont le remplace pour sonner les cloches. Et avouons-le sonner les cloches n'était pas franchement la pire des corvées dans un endroit comme celui-ci.
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Gabrielle_blackney
[C'est une belle journée
Je vais me coucher
Une si belle journée
Souveraine
Donne l'envie de paix
Voir des anges à mes pieds
Mais je vais me coucher
M'faire la belle*]



« Un prince Charmant ». Gabrielle sourit à la gamine. Franchement cette fois. Elle est amusante cette petite finalement. La jeune brune va devoir résister à l’envie de lui casser ses rêves naïfs et candides. Par contre, ça serait tentant de faire un peu son éducation. Mais ça n’est pas le moment, ni le lieu.

Le tutoiement, indécent ? Je te dirais bien ce qui est indécent jeune fille, mais tu ne comprendrais même pas de quoi je te parle. Et oui, je finirai à confesse. Comme tous les jours. Et je mentirai, comme à chaque fois. Emeline. Toi au moins, on ne t’a pas donné le prénom d’un archange et une âme de démon. Emeline. Si jeune, si douce, mon ange. La vie va te briser, comme elle le fait avec nous toutes, et tu ne le sais pas encore. Pauvre gamine.

Gabrielle ne retient pas son geste et remet une mèche de jeune demoiselle en détresse en place. Un geste tendre et presque maternel. Un geste qui ne lui ressemble pas. Elle enlève bien vite sa main et regarde Emeline, ensanglantée, souffrante, désespérée. Touchante. Gabrielle rage. Les prières, les sermons et les pénitences seraient-ils en train de la ramollir ?

Non. Je suis seule. Désespérement seule. Seule, désespérée et moi aussi je souffre. Comme toi. Pas pour les mêmes raisons. Et je n’en finis pas de saigner. Ca n’est pas mon corps qui saigne, juste mon âme et mon cœur. Je m’exsangue de l’intérieur et personne ne le voit.
Nous sommes deux âmes en peine et nous nous sommes trouvées. Sois mon archange, je serais ton prince-démon. Mon âme maudite pourrait bien s’abreuver à ton innocence.

Gabrielle sourit, un peu amusée, quand Emeline se targue de lui donner quelques conseils de vie au prieuré.
Lui dira-t-elle que les oies blanches et les pénitentes n’y vivent pas les mêmes choses, et n’y ont pas les mêmes droits? Gabrielle a aussi ses alliés en ce lieu, pas les mêmes certainement,, pas obtenus de la même manière et elle ne leur demande pas les mêmes choses à n’en pas douter. La principale demande de Gabrielle concerne son courrier : faire entrer et sortir des lettres dans un couvent quand on y est pour expier une faute, et que son principal correspondant est justement l’objet du péché, c’est très loin d’être simple. Mais on se débrouille et jusque là tout va bien.
Nouvelle ? Gabrielle a l’impression d’être là depuis des siècles. Mais oui, comparées aux années que la petite vient certainement de passer ici, elle est nouvelle.

Ceci dit, qu'on ait des alliés ou pas, les nonnes ne verraient pas d’un très bon œil que leur petite protégée traine avec une pécheresse de son calibre. Il faut bouger. Qu’elles aient au moins une bonne raison à donner si on les croise ensemble.


Viens. Enfin venez. Il faut que vous vous laviez, que vous changiez de vêtements et vos draps aussi j’imagine. Vous avez une chambre quelquepart ? Ou vous êtes en dortoir ?

Gabrielle prend la gamine par la main, prête à la suivre. Aujourd’hui, elle expiera en s'oubliant un peu, en étant attentive avec plus perdue qu’elle. C'est rare. Profite Emeline.

C’est qui Neige ?


*Mylène Farmer
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Emeline.
Pourquoi avait-elle pas reçue de réponses ? Il y à tant de choses que les autres décident de lui cacher, tant de questions sans réponses, autant de secret précieusement garder, par toutes les autres, jalousement peut-être ? Ou par simplement amusement de la voir questionner du regard, chercher à comprendre encore et toujours, être elle aussi une femme de savoir à défaut. Tout ceci était curieux, sans logique pour la gamine qui cherchait et cherchait encore un moyen de découvrir la vérité sous les long silences et les changement soudain de conversation.

Lorsque Gabrielle remplaça une mèche de ses cheveux, Emeline ferma les yeux sous le choc de la tendresse, elle n'avait jamais vécue cela et l'espace d'un court instant elle ce sentie aimée et vivante, un instant seulement car la main fut vite retirée et la gamine ouvrit ses azures entre étonnement et manque affectif bien présent. À cinq ans lorsqu'elle tombait dans les jardins du Couvent elle avait le droit à une tape sur la tête geste distant, mais qui la rassurait malgré tout. A dix ans lorsqu'elle ce brula en plongeant les légumes dans l'eau, une soeur pris sa main pour y déposer un baiser et lui accorda un sourire, geste attentionnée et appréciable. A quinze ans alors qu'elle était ''femme'' une inconnue remplaça une mèche de ses cheveux, geste simple qui vous rend l'envie d'affronter la honte du sang.

En parlant de sang, il était vrais qu'un brin de toilette s'imposait et même si cela aussi était humiliant, l'aide précieuse de Gabrielle ne pouvait pas être refusée. Des questions d'importance technique demeurait, comment protéger ses vêtements ou les draps par exemple, comment le cacher, comment le prévoir, comment ... ce genre de chose enfaite.

Leurs mains unis, Emeline sourit à sa nouvelle amie – et la première !- pour l'entrainer dans sa cellule, petite pièces modeste composé d'un lit vétuste fait de bois et de paille, de quelques plumes d'oiseau et d'une couverture à l'apparence miteuse. C'est sur ce lit que les traces de sang avait séchées, entrainent une grimace du minois de la Donzelle qui fixa le sol toute honte retrouvée. A gauche une table sur laquelle un nécessaire d'écriture y était posé ainsi que des parchemins poussiéreux, c'est que la gamine n'avait rien à écrire à personne. Une chaises, une commode déglinguée, quelques livres posés à même le sol et c'était tout.


Neige ? C'est lui...

Un doigt pointé sur le lapereau gris qui grignotait quelques légumes vert étaler dans un coin du lit. La gamine l'attrapa entre ses bras et le porta de façon à ce que l'animal regarde l'invitée.

Neige dite bonjour à Gabrielle ! C'est notre nouvelle amie vous êtes d'accord ? Oui, vous êtes toujours d'accord vous.. Retournez manger à présent.

Regardant à nouveau la femme, elle rougit et demanda d'une voix fluette et proche du suplice :

Comment...comment ont...pour pas ...les...tout...rouge.
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Gabrielle_blackney
[La naïveté est une façon intelligente de vivre le présent*]

Gabrielle suit Emeline jusqu’à sa cellule. Petite, spartiate mais un luxe inouï en ces lieux. De l’intimité. La brune laisse ses yeux s’égarer sur les quelques meubles qui occupent la pièce. Un lit. Sans personne pour vérifier la position dans laquelle vous dormez et ce que vous faites de vos mains. Un bureau. Elle sourit en regardant les parchemins poussiéreux et l’encre inutilisée. Un sourire un peu triste. Elle est vraiment seule la gamine. Pire qu’elle finalement, qui est obligée de se planquer pour écrire aux toutes premières lueurs du jour, mais au moins elle a quelqu’un à qui envoyer les mots interdits qu’elle couche sur les vélins. Et il lui répond. Quand il le veut bien. Oui, dehors, il y a des gens qui pensent à elle. Lui. Et d’autres. Elle veut y croire.

Gabrielle regarde le lapin. Ca se mange un lapin. Et avec la fourrure, on peut se faire un col qui tient chaud l’hiver. Mais être amie avec un lapin, Gabrielle n’y aurait jamais songé. Et à vrai dire, elle trouve ça parfaitement idiot. Elle est peut-être un peu folle Emeline après autant d’enfermement et de solitude.
Mais bon. Pourquoi pas après tout. Certains sont fous de leurs chevaux ou de leurs chiens, alors pourquoi pas un lapin.

Elle regarde les draps tâchés de sang. Ce sang féminin dans lequel on vient au monde, qui marque le début de la vie de femme, celui qui coule lors de la défloration, ce sang dont l’arrêt annonce l’enfant à venir, ce sang qui peut tuer lors des accouchements, ce sang dont l’absence est signe d’infertilité ou de vieillesse. La vie entière des femmes est marquée par lui, ce sang que les hommes jugent impurs, faibles esprits qu’ils sont tout empreints de l’orgueil imbécile de leur sexe dit fort.
Ces draps tâchés, partout dans le monde connu, marque la fin d’une parenthèse enchantée, la fin de l’innocence et le début des ennuis.
Gabrielle garde ses pensées pour elle. Inutile d’effrayer Emeline.


Tu devrais enlever les draps et te changer. On portera tout ça à la lingerie. Tu n'es pas la première à qui ça arrive. Tu n’aurais pas un tissu propre qui ne te sert pas ?

En cet instant, Gabrielle oublie le prieuré, oublie le pourquoi de sa venue ici, elle est concentrée sur sa tâche. Ne pas laisser Emeline, si naïve, si candide, si ignorante, si faible donc, croire en son impureté, ne pas la laisser seule dans un moment somme toute important de sa vie. Gabrielle la solitaire, Gabrielle la sans famille, Gabrielle la sans amour, Gabrielle qui se pense si froide et si maudite, oui, en cet instant Gabrielle se fait mère et sœur, confidente, femme forte et protectrice pour celle qui n’est rien encore mais qui pourrait devenir beaucoup.

Pour ne pas tâcher tes vêtements, tu glisseras un tissu. Soit un tissu seul que tu plies en plusieurs épaisseurs, soit avec de la paille entre les épaisseurs. Moi je préfère sans paille. Tu verras bien.

Premier sourire vraiment complice. Premier échange entre filles. Une chose que personne ne leur enlèvera. Ni les maris à venir, ni les amants, ni les familles, ni personne. Elle et elle contre les autres.
Et tant pis si elle a oublié de la vouvoyer.


*Gustave Parking
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Emeline.
L'innocence ce trouve parfois caressée par un souffle d'émotion, dans le futur de sa vie elle connaîtra bien d'autres marque d'affection, du contact charnel, au plaisir d'amitié partagée, de la complicité au rire. Mais en cet instant, elle ne savait comment prendre cette marque de douceur et la rendre en retour, elle était maladroite, n'avait jamais connu cela et ne pouvait pas pensée qu'un simple merci aurait sans doute suffit à satisfaire Gabrielle.

Obéissante, elle retira le drap blanc et en fit une sorte de boule de tissu qu'elle envoya dans un coin opposé de la petite pièce, puis elle fouilla dans la commode pour trouver une robe de préférence foncée elle ne savait pas pourquoi, mais contre le sang cette couleur lui semblait adaptée et parfaitement complice à la cachoterie. Une toilette propre et le tout fut déposé soigneusement sur le petit lit, une chapeau discret, mais de quoi la rendre un brin coquette, elle était femme et devait ce comporter comme telle parait-il.

Regard à Gabrielle, la chambre était petite, pas vraiment propices aux cachettes pour ce changer sans être vue, Emeline fut hésitante ce n'était pas quelques choses de facile pour elle de dévoiler son corps et l'exposée à la vue d'une autre femme. Mais avait-elle le choix finalement ? Attrapant son courage alors qu'il était encore plus ou moins présent, Emeline ce dévêtue retirant la robe de chambre dénouant l'avant et laissant celle-ci s'échapper de son corps, dévoilant doucement, mais surement son corps frêle et pas franchement réellement formé. Ce tournant par pudeur malgré tout, elle attrapa le gant de toilette, elle le plongea dans l'eau froide et le pressa entre ses mains tremblante, procédant ainsi avec un soin certain au nettoyage de sa peau rougit. Elle effectua ce geste plusieurs fois, l'eau devant rose et le gant restant blanc, la gamine jugea être lavée et débarrassée de cette corvée. Toujours nue, elle ce dirigea vers le lit et ce glissa dans ces habits de cette nouvelle journée prenant cependant le temps de trouver un vieux tissu qu'elle plia et replia plusieurs fois pour le glisser au contact de ses cuisses. Pas franchement confortable, mais au moins elle pourras cacher la nouvelle aux soeurs avant de sortir et de faire ce qui lui plait finalement.

Elle était prête : Sa robe bleu très sombre était décorée de quelques morceau de dentelles discret, son chapeau assortie lui donnait le petit plus qui différenciait une noble d'une bourgeoise et le bustier mettait en valeurs sa poitrine, choses qui déplaisait vraiment à Emeline. Elle avait honte de cette chair qui avait grandie sans lui demander son avis, laissant apparaitre à la place d'un torse plat, deux petites pommes ferme et remontée. Cela lui déplu tellement qu'elle décida d'ajouter un col à sa tenue de couleur noir parfait pour un tel endroit. Prête donc, un coup de brosse sur ses cheveux et le tout retomba dans son dos en vague de châtain et de brun plus foncée.

Grande respiration pour garder la contenance d'une femme et la force d'une telle âme pour ce retourner vers Gabrielle, dans un sourire timide et pudique. Après ce que son amie avait vu – si elle avait regardée bien entendu- Ils semblait difficile à deux femmes d'être plus proche que cela.


Ceci restera entre nous, je quitte cet endroit dans quelques jours et je ne tiens pas à recevoir les regards déplaisant de la sœur supérieur. Elle pense que toutes les jeunes femme qui ne sont pas unis à Dieu sont des âme perdues. Je suis perdue, mais j'apprécierais de l'être encore le temps de retrouver les miens. Arrivera-t-elle seulement le faire ? Rien n'était moins sûr.


La jeune femme à présent dans la peau d'une noble, s'approcha de Gabrielle et fit quelques choses qu'elle n'avait encore jamais fait à un être humain : Ouvrant ces petits bras, elle enlaça la taille de celle-ci et posa sa tête contre la chair confortable de sa poitrine, azures fermée et joue à la recherche de la douceur et du parfum maternelle. Cela pouvait être considéré comme un geste déplacé, outrageux ou encore absolument exubérant, mais peu importe. Elle resta là un instant, sachant qu'elle sera trop tôt repoussée de cette étreinte et devra faire face à la réalité de la vie : Les femmes ne sont d'aucune utilité, elles seront donc donné à celui qui saura en donner bon prix au père... Le reste n'est sans importance.

_________________
Gabrielle_blackney
[Mais y a tant de choses à voir avant
De partir pour le firmament
Y a tant de pages à tourner
Ta vie ne fait que commencer *]


Gabrielle laisse Emeline se laver et se changer. Elle voit sans regarder et ne ressent aucune gêne. Un corps est un corps. Gabrielle va aux étuves et la nudité ne lui pose pas souci. Elle s’en est souvent amusée avec son cousin qui, lui, est si pudique et rougit d’un rien.
Gabrielle n’est pas bien voluptueuse certes mais elle est une femme et elle n’a rien de frêle ou de fragile, là c’est un corps de gamine qu’elle voit, pas encore fini et bientôt jeté en pâture aux bas instincts d’un homme.
Répugnant.
Bien sûr Gabrielle était plus jeune que la demoiselle quand elle a rencontré celui qui fut son presque mari pendant quelques années, mais on ne lui avait pas imposé, et ça change tout. Elle l’aimait, du moins le pensait-elle, comme on peut aimer à 13 ans. Gabrielle sourit en pensant à son beau marin anglais. La vie était plus simple en ce temps là.

Elle jette un œil à Emeline qui a passé une robe. Gabrielle en a porté beaucoup jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Elle repense à une lettre. Pas bien gironde ni aguichante. Petit salaud va. Elle va s’en trouver une de robe. Pas pour l’aguicher non, et ça ne la rendra pas plus gironde. Juste parce qu’elle en a envie.
Mais Gabrielle évite de trop penser à l’après, sa sortie lui semble loin, si loin. Ils la garderont tant qu’ils n’auront pas l’assurance qu’elle s’est repentie, et que sa repentance est sincère. Ca peut prendre des siècles.

Elle écoute Emeline. Libre. Bientôt. Chanceuse. Ou pas. Ca dépendra de ce qui l’attend. Mais pire que l’enfermement dans un prieuré, Gabrielle ne voit pas.
Elle hoche la tête quand la jeune fille lui confie son envie de cacher son état aux sœurs. Elle peut le comprendre. Elle leur cache bien qu’elle ne se repend de rien elle. Alors mentir aux gens d’église, ça lui paraît bien normal. Et elle ne dira rien.

Elle n’a pas le temps de s’appesantir qu’Emeline vient vers elle et la serre dans ses bras et pose sa tête sur son sein. Comme… comme une enfant perdue.
Gabrielle reste incertaine un instant. Et puis elle fait ce qui doit être fait quand quelqu’un vous offre toute la sincérité de son cœur. Elle accepte. Alors, elle aussi, elle passe ses bras autour des épaules d’Emeline, une main va même se poser sur les cheveux soyeux de la jeune fille, une gamine, pas tellement plus jeune qu’elle dans le fond. Mais en cet instant, Gabrielle sent le poids des années et de son âge peser lourdement sur ses épaules. Pour la première fois depuis toujours, elle se sent responsable d’un autre qu’elle.

Oui, Emeline. Je serai là. Toi et moi contre les autres.

Gabrielle reste un long moment à tenir Emeline dans ses bras. Mais elle doit y aller, si son absence n’a pas encore été remarquée, ça ne saurait tarder. Alors elle se détache.


Demain. Voyons-nous demain, si tu le veux bien. Je ne peux pas rester, je vais avoir des ennuis. Mais demain. Ah et je te prends ça, je crois bien que ça ne te sert pas.

Et Gabrielle d’enfouir quelques parchemins vierges sous sa robe de bure. Elle ouvre la porte et plante là Emeline. Elle parcourt les mêmes couloirs froids qu’un peu plus tôt, mais elle n’est plus énervée. Elle sourit. La journée s’annonce bien. Elle a des courriers à envoyer. Oui, la journée sera belle.

*Philippe Chatel
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Emeline.
Tombée du nid trop tôt Emeline savait que ni sa mère, ni son père ne voulaient d'elle, elle ne savait pas comment sa famille allait l'accepter son retour comme une fleur après autant d'absence. Mais en ce-jour elle se sentie vivre, aimée et peut-être appréciée. Mais déjà arriva le temps de ce quitter et la jeune femme ne voulut pas retenir sa nouvelle amie, ce n'était pas très courtois comme acte en plus. Alors elle recula et la regarda partir pensive.

Assise sur le lit, la donzelle passa une main dans ses cheveux et soupira, elle était femme et savait que cela allait avoir des retombée sur sa vie : Elle ne sera plus jamais vu comme une enfant et n'auras plus personnes pour consoler ses déboires. Elle ne pourras chaparder sans remontrance, n'auras plus l'occasion de voir ce petit sourire attendrissant sur le visage des inconnus, ni de manger les pommes à même l'arbre sans avoir droit à une remarque. Poupée de cristal, lancée dans ce royaume sans pitié, à devoirs jongler entre mesquinerie et coup-bas, entre pouvoir et pauvreté, être le haut du panier ou condamnée à crever dans le fond.

Le pire dans tout ceci c'est que la belle ne parait avec rien dans son baluchon, une certaine d'écus, quelques robes et aucun logement. Plus la date fatidique s'approchait et l'angoisse semblait la dévorée de l'intérieur. Qu'avait-elle ? Rien, ni personnes, elle s'accrochera par manque de choix, elle luttera pour vivre et dormira là ou son corps frêle entrera. Son premier objectif sera de retrouver les siens et leurs faire accepter sa présence comme fille illégitime d'un homme assurément mort. Autant dire qu'elle commençait avec des malus dans sa vie.

Ouvrant les yeux, elle redressa la tête. Une femme ne doit jamais ce laisser surmonter par ses émotions, elle ne doit jamais être envahie par son corps publiquement, sourire, rire, pourquoi pas faire preuve d'une assurance constante, du moment que tous pense que rien ne vous touche et rien ne pourras vous toucher. Oui, elle devait s'enfermer assez pour être seule au fond de son coeur et peut-être qu'elle auras une chance de survis assez longue pour faire place au bonheur.

Ce redressant, elle fixa le soleil et constata que l'heure n'avait que trop avancée sans elle. Draps en baluchon elle les déposas à la soeur chargé de l'entretien imaginant une excuse bidon, mais plausible et alla sonner les cloches pour la énième messe de la journée.

L'après-midi s'écoula entre tâche diverses et corvée excessive, elle eut le droit de ce rendre en ville pour acheter quelques poules et du maïs, vendit le pain et quelques tonneaux de vin pour finir la soirée dans la cellule devant quelques parchemins que ne lui avait pas ''empruntée'' Gabrielle. Prenant sa tête entre ses mains, elle envoya son chapeau sur le lit et soupira longuement. Ses doigts coulèrent dans ses cheveux et elle porta une mèche à son nez dans un sourire niais.





Sur toi, ô Très Haut, je m'appuie,
Ne laisse pas triompher notre ennemi,
Cette créature sans nom qui veut notre malheur,
Malgré le péché qui est au fond de nos coeurs

Epargne-moi,
Je suis prêt à suivre tes voies.
Fais moi connaitre la route
Qui fera disparaître mes doutes.

Rappelle ta tendresse.
Oublie les péchés de ma jeunesse,
Ne m'oublie pas dans ton amitié,
Aies pitié.

Ne me laisse pas orphelin,
Toi qui montre le chemin,
Aux pauvres l'amour et la vérité,
La justice à ceux qui ont péché.

En Toi nous avons un défenseur,
Dans l'attente du soleil radieux.
Moi qui ne suis qu'un misérable,
Que ton soutien me soit agréable.

Vois ta création qui est en guerre
Protège moi ainsi que mes soeurs et frères,
Aide nous dans la détresse
Supprime de nos coeurs toute faiblesse.

Mais délivre nous de la haine,
Donne nous des pensées saines
De toutes angoisses libère nous.
Ô Très-Haut, veille sur nous.

Amen


Repoussant les parchemins, elle fini par croiser les bras sur la table fixant la lune dans la nuit et les étoiles, doucement le Lapin sur ses genoux, l'enfant s'endormit, Alors que l'astre moqueuse lui éclairait le visage, Emeline une nouvelle fois allait ce réveiller dans ce lieu Saint, assise sur une chaise et en compagnie d'une bête à poil, qu'elle à sauvé de la casserole.
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Gabrielle_blackney
["Oh dear! Oh dear! I shall be too late!"*]

- Petites confidences entre filles – Jour 2 –

Il faisait beau. Le printemps arrivait vraiment cette fois. Gabrielle s’était levée aux aurores, pour assister à une première messe, comme tous les matins, elle avait passé la matinée en confession, apprentissage du dogme, prières, pénitences diverses et variées, comme toutes les matinées. Le seul moment où elle avait un peu de répit dans la journée était le début d’après-midi – elle soupçonnait ses confesseurs de se planquer pour méditer, à savoir faire la sieste et cuver le vin dont ils faisaient grande consommation pour la plupart.
Il faisait beau et Gabrielle comptait bien en profiter et réchauffer sa peau aux premiers rayons de soleil de la saison. L’hiver avait été long et il lui semblait qu’il ne quittait jamais les couloirs froids et humides du prieuré. Le parc lui était splendide et la nature s’éveillait.
Gabrielle avait une idée. Elle était devant la porte de la chambre d’Emeline et frappait.


Emeline ? Viens. On va se promener dans le parc. Et laisse ton lapin à l’intérieur. Il sera notre excuse. Si on nous demande ce qu’on fait dehors toutes les deux, on dira que tu as perdu Neige et que je t’aide à le chercher…
Allez. Ouvre. Ne me dis pas que tu médites, je ne te croirais pas !


Et oui. Gabrielle avait de la ressource. Elle avait passé son enfance à raconter billevesées et mensonges de gosses à ses parents. Avec son frère, ils étaient les meilleurs à ce jeu là. Gabrielle chasse vite la tristesse qui l’étreint quand elle pense à son jumeau. Elle s’en souvient peu. Ils étaient si jeunes quand on lui avait enlevé. Mais elle se souvient qu’il était sa vie, son meilleur ami, et qu’elle avait cru mourir quand on les avait séparés. Cruauté inconsciente des adultes. Et maintenant, il était mort et elle s’était perdue sur le corps d’un autre chez qui elle avait cru retrouver un peu de lui. Sa part manquante.
Gabrielle secoue la tête. Il ne sert à rien de ressasser le passé et de penser aux mort. Bienheureux qu’il sont d’avoir quitté cette terre dure et sans pitié.
Mais de cette époque, elle avait gardé un certain talent pour la dissimulation.
L’histoire du lapin était simple mais elle suffirait bien si on leur cherchait des noises. Et puis, profiter du soleil valait bien le risque d’un passage à confesse.

Allez, Emeline ouvre cette porte, et viens avec moi. J’ai une envie de retrouver un peu mon enfance, de me rouler dans l’herbe tendre, de grimper aux arbres, de faire des ricochets sur le lac et de rire. Je ne ris plus depuis que je suis ici. Alors ouvre moi ta porte et soyons un peu gamines, nous ne sommes pas si vieilles pour qu’ils nous aient déjà aigries.


*"Oh, mon Dieu! Oh mon Dieu! Je vais être en retard!" - le lapin blanc d'Alice au Pays des Merveilles - Lewis Carroll
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Emeline.
La nuit s'était écoulée paisiblement, laissant la jeune dormeuse dans sa position étrange, elle dormait innocente du monde qui lui continuait de tourner, fragile et sans avenir certain. Seule et sans l'ombre d'une suite heureuse. Cette nuit-là Emeline ne rêva pas, ne bougea pas d'un pouce, bercer par la Lune qui laissa place au Soleil. Lorsqu'elle fut réveillée les messes matinale était passée et elle savait que tel outrage lui coutera cher. Coupable elle était et le savait, alors elle recommença sa journée dans un éternelle recommencement. Toilette, habillage, brossage et elle changea le tissu d'entre ses cuisses soulagée de constater que la solution était efficace. Déposant un chapeau d'un vert très élégant au sommet de son crane, elle regarda la porte perplexe. Les soeurs déjà ? Elles ne manquaient pas de temps pour l'envoyer aux corvées celle-ci, mais la voix n'était pas celle d'une religieuse.

J'arrive...Oui oui j'arrive deux minutes !

Fixant son reflex dans le miroir, elle fut outrée de son décolletée. Bon sang les couturiers ne savait pas cachée cet endroit maudit ?! Pour une fois elle décida de le laisser ainsi portant un lourd médaillon qui assurément cachera bien le lieu clos. Après quoi elle enfila deux gants aussi rouge que le reste de sa tenue et ouvrit la porte dans un élan de bonne humeur.

Bonjour Gabrielle ! Laisser Neige... Mais... Il dois sortir lui aussi.

regard au lapin en boule dans un coin du lit, endormi semble-t-il. Pourquoi pas pour cette fois le laisser seul et profiter du soleil, après tout il pourras sortir cette nuit avant les Vêpres ou après. Déposant un baiser entre ses deux oreilles, elle referma la porte et fixa son amie un fin sourire aux lèvres. Il lui restait neuf jours de captivité avant d'être libre.

Les jardins sont à droite après le cloitre et avant la ferme, tu viens ? Pressée l'Emeline décida de prendre la route, il ne faudrait pas qu'on l'attrape. J'ai loupée les messes ce matin, ils ont dit quoi ?
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Gabrielle_blackney
[Un jardin, c'est un lieu ambigu.*]

- Dans les jardins du prieuré –


Gabrielle sourit. Le soleil est là, il fait bon. Elle regarde Emeline dont l’élégance tranche avec sa robe de bure, vêtement imposé pour les pénitentes du lieu. Elle se demande comment ça sera de pouvoir enfin remettre des braies et de récupérer ses armes. Elle s’imagine déjà chevauchant sur les routes du Royaume pour rentrer chez elle. Elle fera peut-être bien un tour en Languedoc aussi. Sûrement même. Confronter ses souvenirs à la réalité. Quitte à déchanter. Et Paris avant ça. Elle en rêve de Paris, et elle se demande si ça ressemble à Londres. Elle se demande aussi si elle reverra jamais le port de Douvres. Gabrielle soupire.
C’est pénible de ne jamais avoir l’esprit vide.

Elle regarde Emeline et se demande comment est le monde vu par ses yeux. La jeune fille lui apparaît comme un parchemin vierge sur lequel tout reste à écrire. Ca lui paraît tout à la fois terrifiant – 15 ans perdus – et une chance – elle a encore toute sa vie à vivre et n’a pas d’erreurs à rattraper. Mais 15 ans enfermée avec des gens d’église ! Gabrielle frémit à cette pensée.

La jeune brune laisse ses yeux divaguer dans les jardins. Elle aurait envie de courir, de se défouler et de hurler sa rage d’être ici. Mais les prieurés ne sont pas des lieux où on peut laisser libre court à ses humeurs. Gabrielle ravale sa frustration. La colère l’habite et ne la quitte pas depuis son arrivée. Une colère sourde, qui couve et qui finira bien par éclater. Plus tard. Quand elle sera sortie, quand le monde se rouvrira à elle, quand elle sera de nouveau libre. En attendant, elle ne dit rien, elle sert les poings et elle attend.
Mais ne gâchons pas les premiers beaux jours par de sombres pensées. Tout de même, Emeline a l’air si innocente, Gabrielle n’a pas l’intention de lui donner des détails sur sa venue ici. Pas envie d’être jugée et rejetée. Pas envie de parler de Lui non plus. Il prend bien assez de place déjà. Mais tout de même, autant en avoir le cœur net, sans aller plus avant.


Emeline ? Tu le sais que je suis ici parce que j’ai commis ce que d’aucuns considèrent comme une faute. Ca ne te gêne pas ?

Et elle sourit à Emeline en attendant la réponse, en espérant vaguement qu’elle ne vient pas de signer l’arrêt d’une amitié tout juste balbutiante.

*Ghislaine Schoeller
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Emeline.
Il y a -heureusement- des avantages quand vous êtes née en couvent, le droit de porter des vêtements dit ''civile'' en était un, il y en avait d'autres moins appréciable, mais tout autant utile. Par exemple le Dogme n'avait plus de secret pour vous, rare était les démons qui prenait votre âmes et puis vous étiez assez libre en soit de vos mouvements. Alors Emeline n'avait pas franchement l'impression de sortir de la routine des années passée en ce rendant au jardin. Elle connaissait ces recoins, la barrière qui lui avait déchirer un bout de peau à gauche, la pierre sur laquelle ses genoux furent écorchée et le lavoir dans le fond discret, mais bien là.

Regardant Gabrielle, la gamine releva ses jupons très légèrement et posa un pied dans l'herbe humide continuant sa route elle sentie la fraicheur caresser sa peau et sourit légèrement à ce toucher agréable.

Son amie lui semblait bien silencieuse, tant et si bien que l'innocente avait l'impression que la journée était lourde et pesante, l'ambiance également et soudainement elle lâcha un demi aveux. Silence et ses paupières ce referment sur les azures pour finir par lever le nez vers le soleil et sourire lui offrant son regard.


Vous devez savoir, qu'il y'a bien quelque chose qui réussit à me mettre souvent hors de moi même et  pour cela je suis obligée de me contenir. C'est lorsque des gens, que ce soit ici ou ailleurs, se permettent de juger. Vous avez dû commettre une faute grave pour finir dans telle prison...Mais c'est vous qui vivez avec après tout.

Elle la regarda un court instant et tenta de lui offrir sourire rassurant, chose peu réussit dans le fond. Mais Emeline n'avait pas l'âme d'une juge, elle se fichait des autres et pensait que tout être humain avait son lot de fardeau.

J'ai volée des longues oranges (Carottes) au père Simon, lui s'en fiche dans le fond. Moi je vais devoirs vivre avec cet acte bien ou mal, cela dépendra de l'horreur que je donne au crime.

Pour tout dire Emeline vivait bien avec cet acte, mais elle était enfant à l'époque et voulait croquer dans le légume quelle adore avant tout le monde. Prenant la main de Gabrielle, elle rit et la tira doucement.

Venez !
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