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[Rp] Scène de vie au prieuré.

Gabrielle_blackney
[I cheated myself
Like I knew I would
I told ya, I was trouble
You know that I'm no good*]


Non, je ne suis vraiment pas une fille pour toi, Emeline. Et je me dis que tu dois être bien seule pour rester. Moi la pécheresse qui boit trop et toi l’innocente qui vole des carottes, drôle de couple. Et oui, moi je vis très bien avec ma « faute grave », ce sont les autres que ça dérange. Mais moi, les autres, je m’en fous. Enfin pas de tous, mais de la plupart. Et je choisis toujours bien les objets de mon attachement. Ici, je n’ai pas le choix, alors c’est toi. Mais combien de temps ça durera, je n’en sais rien.

Des carottes ? C’est ça ta plus grosse faute ? Voler des carottes ?


Gabrielle se retient de rire. Si ça c’est un « crime », avec tout ce qu’elle a fait depuis sa petite enfance, elle pourrait bien se faire nonne que les portes du paradis lui resteraient définitivement fermées.

Elle suit néammoins Emeline, peu lui importe où elle l’emmène du moment que c’est dehors et qu’on les laisse tranquille. Une idée germe dans l’esprit de Gabrielle. Emeline a passé des années – sa vie – ici, donc elle doit bien connaître les lieux. Peut-être bien qu’elle pourrait lui indiquer où trouver ce qui lui manque le plus ici. Disons la deuxième chose qui lui manque le plus. L’autre est définitivement hors de portée de l’esprit d’Emeline et hors de ses capacités de toute façon.
Tout en marchant à côté de la jeune fille, elle tente une question.


Dis-moi Emeline, tu sais où ils planquent leurs bouteilles dans ce prieuré ?

En manque. Gabrielle était en manque. Son corps et son esprit souffraient. Elle, qui ne rêvait jamais, faisait des cauchemars effrayants, elle se réveillait en sueur, nauséeuse, tremblante. Son corps réclamait la brûlure de l’alcool. Mais c’est son esprit qui en pâtissait le plus. Elle se sentait plus faible, l’angoisse la saisissant parfois, sans raison, elle avait besoin de boire. La gorgée de vin de messe à chaque communion ne faisait qu’attiser ce besoin.
Gabrielle avait l’impression qu’elle allait mourir de cette abstinence forcée. Alors qu’elle était juste sobre.
Mais elle en avait perdu l’habitude.

On va où sinon?

*Je me suis mentie à moi-même
Comme je savais que je le ferais
Je t'ai dit que j'apportais que des ennuis
Tu sais que je ne te conviens pas
(Amy Winehouse)

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Emeline.
Avait-elle fait plus grande faute que voler quelques carottes au potager ? C'était possible, voir même envisageable, mais Emeline n'avait jamais eu le caractère d'une rebelle, elle n'était pas vraiment le genre d'enfant turbulente de toute façon dans un tel endroit être trop têtue vous causait plus de souci que de liberté. Alors oui, elle était tranquille un peu tête de mule, mais s'exécutait généralement en noyant ses sentiments sous une bonne dose de contenance et de souffrance. Elle avait décerné un brin de moquerie sous les paroles de son amie et ne pu se retenir d'être blessée, loin d'avoir envie d'en tenir compte, elle haussa les épaules négligemment et répondit dans une sorte d'état second. Entre indifférence et orgueil.

Ma foy, j'estime ne pas avoir besoin de commettre grande faute pour exister. Alors, cela doit être effectivement la plus grosse commis pour l'instant.

Et si seulement elle imaginait les traces que cela avait laisser sur son derrière, préférant passer l'épisode douloureuse des carottes dérobées, la donzelle continua son chemin tranquillement dans le jardin, observant parfois les sœurs vaguer à leurs occupations de loin. Ou les bouteilles étaient entreposées ? Question étrange pour une femme appréciant les choses moins fort qu'une bouteille de vin de messe aux gouts plus que douteux, approuvant car elle savait son doigt pointa une porte pas très loin des deux femmes, porte de bois simple sans cadenas ou garde, le vol sans le coin n'était pas vraiment rependu avouons-le.

La-bas, dans le fond il y à la cave après les réserves. Pourquoi ?

C'était étrange tout de même de chercher les bouteilles non ? Emeline ne savait rien de cette vie et ne releva que très peu la demande continuant son chemin souriante et ma foy un brin joviale.

J'ai pensée que l'étang était un endroit parfait, nous pouvons y être tranquille des heures et parfois l'eau est assez bonne pour y tremper les pieds.
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Gabrielle_blackney
[I don’t ever want to drink again
I just, ooh just need a friend
I’m not gonna spend ten weeks
Have everyone think I’m on the mend *]


Gabrielle suit la direction indiquée par le doigt d’Emeline et sourit. Elle analyse. Une simple porte de bois, pas bien difficile à ouvrir. Ca paraît trop beau pour être vrai. Peut-être que les bouteilles sont soigneusement comptées et repertoriées. Il y a forcément quelque chose. Le risque est gros, énorme même, si elle se fait prendre, ils ne la laisseront plus jamais sortir, mais ça pourrait bien valoir le coup de tenter sa chance, au moins une fois.
La jeune femme détourne le regard et le pose sur Emeline.


Je n’ai pas commis ma faute par besoin. Mais par envie. Et tout à fait entre nous, je ne vois pas ça comme une faute et je recommencerais demain si je pouvais. Parce que c’était… awesome** !

Oui, l'anglois qualifie parfois mieux ce qu'elle ressent. Elle fait un clin d’œil à Emeline et avance en direction du lac, ou de l’étang peut-être bien, elle sait très bien où il se trouve. Il fait partie de sa pénitence. Elle frémit en pensant aux bains glacés qu’on lui impose. Torturer le corps pour affaiblir l’esprit, plutôt malin quand y pense. Et qui irait plaindre des pécheresses confiées en ces lieux par des familles déhonorées ? Oui, malin. Gabrielle leur reconnaissait au moins ça aux gens d’église. Elle hâte cependant le pas, quelques silhouettes religieuses apparaissant au loin, pas envie de se retrouver à réciter un confiteor, un credo ou elle ne sait quelle prière inepte. Il fait beau et elle compte bien en profiter.

Crois-moi, Emeline, en ce moment, l’eau est froide. Je l’ai testée pour toi. Et je ne peux pas disparaître pendant des heures, ça se remarquerait, je suis surveillée. Mais ça sera parfait.

Elle marche donc au côté d’Emeline. Une fois au bord de l’eau, elle se laisse tomber sur l’herbe, s’asseoit en tailleur, roule sa robe jusqu’aux genoux pour profiter du soleil et de l'herbe sur sa peau et sourit à la jeune fille.

Tu sors bientôt tu m’as dit, c’est ça ? Tu vas faire quoi une fois dehors ?

*Je ne veux plus jamais boire
J’ai juste, oh j’ai juste besoin d’un ami
Je ne vais pas passer dix semaines
Pendant lesquelles tout le monde pensera que je suis sur la voie de la guérison
(Amy Winehouse)
** Difficile à traduire mais en gros « incroyable, énorme, génial » (Par exemple, Barney Stinson est awesome – Pardon, pas pu m’empêcher)

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Emeline.
Les mots dépasse parfois la pensée d'une enfant, lorsque celle-ci est innocente ils sont encore plus irréaliste. Emeline ne comprenait pas tout, non pas qu'elle soit cruche, c'était une femme plutôt intelligente et très bien dans sa tête pour une jeune adulte. Cependant certain ''mal'' de la vie n'avait pour elle encore aucun ressenti, alors elle ne comprenait pas et ne pouvais qu'imaginer et comme son imagination n'était pas spécialement débordant, elle restait dans un flou tendre et plutôt joviale. Alors elle ne fit aucunes remarque, parce que elle ne connaissait pas la faute, car elle n'en avait jamais commis de grande ou de petite, la vie est ainsi il y a ceux enfermée depuis toujours et ceux libre.

Elle en souffrait, oh oui c'était atroce d'avoir pareille vie, atroce de savoir que votre chair, votre sang, refusait de vous savoir heureuse et grandissant en profitant des joies de la liberté, affreux de pensée que votre famille n'en avait que cure de vous, de vos problèmes, de votre vie en général. A dire vrais Emeline ne connaissait pas les raisons exacte de tout ceci, elle ne savait rien de sa famille, de ses parents. Son nom, son état illégitime et le prénom choisi à cette gamine Bâtarde était les seuls informations qu'on lui avait enseignée, le reste était inconnus, brouillard et souffrance.

Soudainement la voix de Gabrielle la sortie de ses pensées, elle avait vaguement entendue que l'eau était froide et que son amie n'avait que peu de temps à lui accorder. Elle fronça les sourcils et sans trop savoir pourquoi attrapa sa main dans la sienne. ''Je suis là pour toi, ne t'inquiète pas, le monde un jour sera plus doux. Je te protégerait si je le peux et je n'en suis incapable, trop faible, ou égoïste alors tu pourras m'en vouloir pour l'éternité.'' Oui, tout ceci dans une main attrapée avec tendresse. Arrivant au bord de l'étang, elle chercha à sourire, mais n'en ressentie pas vraiment l'envie.

La tentions était palpable, la journée surement trop maussade pour être vraiment belle et la séparation trop proche pour vraiment avoir envie de parler. L'amitié ne vit-il pas de silence ? S'installant à ces côtés, elle ce coucha dans l'herbe malgré le risque de finir tâchée et mouillée main libre derrière la nuque et fixant le ciel de cette journée si étrange.


Dans neuf jours exactement, le jour de mes Quinze années à vivre dans cet endroit. Elle n'avait pas compris pourquoi pas à quatorze réel majorité, mais loin de vouloir rester dix années supplémentaire pour sa curiosités, elle avait acceptée un peu bêtement. Mmmh, je ne sais pas, j'aimerais découvrir Paris, profiter de vaguer aux détours des chemins et pourquoi pas avoir quelques amis ? Puis retrouver ma famille et assumer les erreurs de ma mère. C'était le prix à payer pour avoir de quoi vivre et évoluer tranquillement dans ce Royaume, sans doute. Et vous une fois dehors ?
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Gabrielle_blackney
[Les gens ont quelque chose en commun : ils sont tous différents*]

Quand Emeline lui prend la main, Gabrielle ne sait pas comment réagir. Elle ne sait pas ce qui dans ses paroles a fait réagir la jeune fille. Ni ce que veut dire cette main. Elle sourit à Emeline, un peu gênée. Etonnamment Gabrielle, si peu pudique de son corps, ou même de ses sentiments, est toujours très mal à l’aise avec les démonstrations de tendresse amicale. C’est peut-être qu’elle n’a jamais eu vraiment d’amies ; les femmes qu’elle a le plus fréquentées ce sont les catins du port de Douvres, des filles adorables mais paumées, compagnes de beuveries plus que de confidences. Elle repense à Cooky qui s’en amusait et avait adopté la virile claque dans le dos pour la saluer.
Mais elle sourit à Emeline parce que c’est la première personne depuis des semaines qui la touche, qui manifeste autre chose qu’un froid dégoût ou qu’un sourire contrit devant l’âme perdue qu’elle est. Il y a bien cette femme d’église, différente des autres, mais ça n’est pas vraiment comparable.

Elle hoche la tête et sourit quand la jeune fille évoque Paris. Elle aussi irait à Paris à sa sortie. Il devait l’y emmener mais il ne le fera pas et elle ne va pas l’attendre éternellement. Elle ira à Paris pour voir de ses yeux si c’est aussi terrible qu’il l’a dit, pour voir par elle-même si elle y trouve l’oubli qu’il a dit ne pas y avoir trouvé. Paris, ses bordels et ses crimes. Paris, sa fange et son Roy. Paris, vibrante cité au goût exaltant. Du moins, c’est comme ça qu’elle l’imagine.
Elle regarde Emeline puis laisse son regard bleu sombre divaguer sur l’eau lisse du lac.

Moi ? Je rentrerai dans la première taverne venue et je me saoûlerai. Ensuite, comme toi, j’irai à Paris. Puis je retournerai dans le Sud. Il y a quelqu’un là bas que je voudrais revoir pour… enfin, je dois le revoir. Je le crois du moins… Elle soupire légèrement et regarde Emeline. Et après, je ne sais pas. Peut-être rentrer à Orthez, chez moi, bien qu’il y ait là-bas un homme que je voudrais éviter de trop croiser. Et sinon, vivre tout simplement.

Oui vivre. Gabrielle ne savait pas bien ce qu’elle mettait derrière ce mot. Elle avait des choses à régler avant, une conduite à racheter, des lettres aux mots obscurs à se faire expliquer, peut-être bien des choses à dire aussi. Ensuite, oui, elle comptait bien vivre. Mais comment, elle ne le savait pas encore. Et ça n’était pas le moment d’y penser. Son esprit était trop épuisé à lutter contre les prières et les sermons. A lutter contre l’idée que c’était mal et qu’elle n’aurait pas du. Elle ne voulait pas y croire, elle ne leur donnerait pas raison.

Elle a fait quoi de si grave ta mère ?

* Robert Zend
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Emeline.
qu'avait fait sa mère, Emeline dû prendre un instant pour non seulement peser ses mots, mais également réfléchir une énième fois à cet acte pseudo cruel commis par la maternel. Dans ce monde ou l'amour est une obligation, ou le sang prime sur les sentiments, ou le fait d'enfantée à plus d'importance que votre état de santé. Était-il péché de s'abandonner dans les bras d'une autre ? Les femmes avaient-elles le droit d'aimer finalement ? D'avoir des sentiments ou sont-elles replacée au rang d'objet, de porteuse d'héritier sans scrupule, sans honte, ni gêne. Partant de la, pouvait-ont dire avec certitude que sa mère était vraiment la trainée qu'on voulait bien nommer et le fait d'être une bâtarde était-il si horrible ? Après tout si c'était pour être née d'amour autant être illégitime finalement.

Alors Emeline tourna ses azures dans ceux de Gab et lui accorda un infime sourire en coin répondant avec autant de sincérité et de vérité qu'il était possible de transmettre.



Elle c'est trompée de draps pour une nuit ou plusieurs. Ça elle ne le savait pas, avait-elle été le fruit d'une nuit ou de millions d'autres ? Cela n'était pas si important au final. Découvrant son acte, elle fut renvoyée et après m'avoir donnée la vie, m'as offert cette maison.

Certain avait des châteaux, des maisons de paille, des auberges, ou simplement la rue, Emeline elle avait eu le droit au couvent, lieu certes rarement envié, mais malgré tout elle y avait toujours eu de quoi manger et une certaine éducation. Alors elle n'allait pas -trop- ce plaindre. Relevant ses genoux, elle fixa les oiseaux traverser le ciel et poussa un profond soupir.


Je doute que la famille de père apprécie. Mais c'est ainsi.

Fatalité ? Nenni, Emeline comptait bien retrouvée les DEUX familles et prouver qu'être illégitime ne signifiait pas être pécore, enfin... Selon elle.
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Gabrielle_blackney
[Bâtard est souvent meilleur fils que l’enfant légitime*.]

Gabrielle fixa Emeline. Ainsi donc, la petite noblieaute ne l’était pas tant que ça. Pas plus qu’elle en tout cas. Bâtarde toutes les deux, de père noble toutes les deux. Par contre, la mère d’Emeline semblait avoir été infidèle, alors que sa propre mère avait juste eu la mauvaise idée de ne pas accorder aux liens du mariage l’importance qu’ils méritaient. Elle aurait du se faire épouser par son blond vicomte. La vie de Gabrielle en aurait été grandement simplifiée.

Quoiqu’il en soi, la jeune femme n’était pas de celle qui jugeait les femmes amoureuses ou passionnées, infidèles ou non. Elle avait bien plus de respect pour elles que pour les hommes qui forçaient les mariages et les hymens faisant de ses consoeurs de simples objets à échanger contre une terre ou une alliance avec une autre famille.
La puissance de la noblesse du Royaume se construisait sur les sanglots féminins. Gabrielle en était consciente et cela lui retournait l’estomac à chaque fois qu’elle y pensait. Mais Dieu qu’il était difficile de lutter. Elle-même savait qu’elle échapperait difficilement à son sort, son genre la destinant à être épouse et mère, qu’elle en soit contente ou non.
Gabrielle préférait ne pas y penser. Cela la terrifiait absolument. Viendra le moment où elle devra choisir : renier son nom ou se soumettre. Elle ne savait pas encore de quel côté elle pencherait. Et il n’était pas le moment d’y penser.
Elle sourit à Emeline.


Moi aussi, je suis une enfant illégitime. Mon père était vicomte, ma mère était roturière. Et ils ne sont pas mariés. Malheureusement pour moi, la famille qui me reste est la paternelle. Les nobles. Ils ne sont pas nombreux mais ils me haïssent. Pas tous je crois.

Elle voulait le croire du moins, que Lui ne la détestait pas. Mais quelle importance ? Il lui fallait se débarrasser de ce sentiment imbécile qu’elle éprouvait pour lui. Il n’était que perte de temps et frivolité, ça n’était que péché et orgueil, c’était mal. Assurément mal. Et pourtant. Le cœur a ses raison que la raison ne connaît point**, Gabrielle l’éprouvait chaque jour et ça la détruisait petit à petit. L’absence la torturait, le vide se faisait gouffre. Et elle s’en voulait de ne pas réussir à oublier. Elle ne pouvait même pas tenter de noyer son esprit dans l’ambre du whisky.
Gabrielle était seule, sobre et en manque.

Tu sais, ta mère n’est que la victime de son sexe et de son siècle. Ne lui en veux pas. Et j’imagine qu’en te confiant à ce prieuré, elle a voulu t’assurer une bonne éducation. C’est précieux en ce bas monde.

Gabrielle laissa ses yeux dériver sur l’étang. Il faisait un temps splendide, vraiment splendide. Elle se leva, enleva ses chausses et s’approcha de l’eau.

Emeline, tu m’as bien dit que personne ne venait jamais trop par ici, c’est ça ?

Et sans attendre la réponse, Gabrielle délaça les lacets de sa robe et plongea nue dans l’eau glacée. Elle sentit la morsure du froid sur sa peau, elle en avait la respiration presque coupée, mais souffrir c’est vivre et elle avait besoin de se rappeler qu’elle n’était pas qu’une morte-vivante.
Oui, en cet instant, Gabrielle avait besoin de se redonner l’envie de vivre et d’avancer. A défaut d’une rivière d’alcool, les eaux froides et sombres du lac faisaient l’affaire.
Elle sortit la tête de l’eau et agita la main en direction d’Emeline en riant.


Viens. Rejoins-moi. C’est froid mais c’est bon.


*Euripide
** Blaise Pascal

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Emeline.
Ne pas en vouloir à sa mère, cela Emeline savait le faire elle ne pouvait pas en vouloir à un être et acceptait sa situation, c'était un peu d'elle, ce pourquoi elle était ainsi et pas autrement. Alors, elle acceptait la situation sans trop ce poser de questions, ni trop savoir de quoi demain sera fait. Voyant son amie retirer sa robe elle ouvrit de gros yeux pour la première fois qu'elle voyait une autre femme nue de sa vie. Battant des cils plusieurs, fois elle fini par secouer la tête entre amusement et ridicule de la situation. Enfin après tout pourquoi pas.

Vous disiez l'eau glacée... Elle retira l'une de ses bottes et le fin bas blanc qui lui montait à mi-mollet déposant celui-ci et la jarretière sur le cuir, elle plongea deux ou trois oreilles dans l'eau et grimaça. C'est bon...c'est bon... Les légumes aussi et ceux-ci nous donne pas la mort.

Retirant sa deuxième botte, elle délassa sa robe et la laissa glisser sur son corps de femme à demi-formée, ses longs cheveux lui tombèrent dans le dos et elle entra dans l'eau serrant les poings en signe de courage ou de folie. Une fois dans l'eau, elle nagea prêt de Gabrielle et lui tourna autour sachant que pour ne plus avoir froid elle devait bouger et réchauffer son corps. Ses dents claquaient quelque peu et ses lèvres prient une couleur bleutée, ma fois conséquence de la fraicheur de l'eau.

Mon père était Vicomte également... Je crois que le reste de la famille est de haute noblesse. Mais il faut ce méfier des bruits de couvent, ils sont parfois pur imaginations. Ces gens sont proches de Dieu,mais plus vraiment du peuple... Ils sont ermites et vous déclare qu'Aristote à dit : ''Une véritable amitié se fait entre égaux. Tu es donc l'égal d'un olivier : planté et immobile. Tu survis en marge de la Cité au lieu d'y participer comme le fait tout véritable humain. Je vais donc te laisser prendre racine, adieu !"

Elle ce mi sur la pointe des pieds touchant le fond du petit lac et regarda Gabrielle en plongeant la tête sous l'eau pour ressortir quelques secondes plus tard la bouche pleine d'eau, qu'elle ne tarda pas à envoyée sur son amie et rire joyeusement. Une petite bataille semblait pouvoir égayer la journée qui s'annonçait plutôt convivial.
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Gabrielle_blackney
[Naitre femme est le pire des châtiments*]

C’est en tout cas souvent ce que pensait Gabrielle. Mais là, tout de suite, en regardant Emeline avancer dans les eaux froides du lac, elle se dit que les femmes sont souvent plus courageuses que bien des hommes. Mais qu’elles n’ont guère l’occasion de l’exprimer.
Gabrielle éclate de rire à la phrase sur Aristote. Oui, les gens d’église sont fous. La jeune femme sourit en regardant Emeline lui tourner autour.


Nous ne sommes pas des oliviers. Nous sommes des poissons… Et si Aristote était miséricordieux, il aurait fait cette eau plus chaude ! Mais Dieu nous oublie, nous pauvres filles des prieurés.

Oui, oui. Autant parjurer puisqu’elle devrait de toute façon réciter qu’elle a beaucoup péché, comme tous les jours et sans vraiment le penser.
Confiteor Deo omnipotenti**. Et elle rit quand Emeline lui crache de l’eau. Elle plonge à son tour pour gonfler ses joues de cette eau fraiche. Omnibus Sanctis, et tibi, pater. Et elle arrose Emeline à son tour. Quia peccavi nimis cogitatione. Et Gabrielle fait des grands gestes avec les bras pour éclabousser vers la jeune fille. Verbo et opere. Et elle rit, ça lui fait du bien, ça faisait si longtemps. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.

Oui, Gabrielle n’en finit plus d’expier sa faute. Faute qu’elle a oublié à force de la confesser. Le bourrage de crâne produit chez elle l’effet inverse de celui recherché, elle veut juste qu’on la laisse tranquille et elle ne fait que répéter des suites de mots qui ne veulent rien dire sans plus jamais réfléchir à pourquoi elle est là.
Elle oublie.
Comme maintenant, en ce moment précis, avec Emeline, elle oublie presque où elle est. Juste deux gamines qui s’amusent, à poil dans de l’eau glacée. D’ailleurs, elle commence à être vraiment froide cette eau. Gabrielle hésite… Si elle tombe malade, on la lâchera peut-être un peu avec ses péchés. Mais bon, ils seraient capables de la laisser crever. Alors non.
Elle regarde Emeline et lui sourit.


Je sors, je ne veux pas mourir. Dis-moi la véritable amitié, qui se fait juste entre égaux. Aristote arrange bien les nobles… Ca leur permet de mépriser les autres au nom de l’amitié. C’est malin.

Tout en parlant, Gabrielle est sortie de l’eau. Elle se rhabille, ses vêtements seront mouillés mais avec un peu de chance, le soleil suffira à les sécher vite. Elle frissonne un peu quand-même.

Bon, j’ai envie de tenter une expédition nocturne à la cave moi. Tu m’aiderais ?


*Federico Garcia Lorca
** En latin – dans l’ordre :
Je confesse à Dieu tout puissant.
A tous les Saints,et à vous, mon Père.
Que j’ai beaucoup péché, par pensées.
Par paroles et par actions.
C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute. (confiteor version tridentine)

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