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[RP] Sauvez-moi.

Davia_corsu
[Appartements du Renart.
Personne ne garde un secret comme un enfant.*]


La main reprise par le Renart, c'est d'un regard suppliant qu'elle le regarda. La jeune Corsu savait les questions qu'il se posait mais il ne savait pas tout, loin de là. Elle s'agrippait à cette main salvatrice comme un naufragé à la bouée qui le sauve. Sauvez-moi. Protégez-moi.

Elle ne lisait pas dans ses pensées, mais aucun doute, il se demandait ce qu'elle faisait là. Elle se le demandait aussi. Pourquoi s'être tourné vers lui? Pourquoi ne pas être rentré à Chavonnière, près de son père, où à Tours, près de sa mère? Si elle les aimait tout d'eux du fond du coeur, elle admirait son père et redoutait sa mère. Le premier aurait pu moins l'aimer une fois ses aveux fait, la seconde l'aurait raillée, trop occupée dans ses fonctions pour compatir à la douleur de sa fille. Il lui restait les Blanches, mais même si la commanderie était toute sa vie, ses soeurs étaient souvent bien différentes les unes des autres. Et finalement, le seul qui semblait à même de veiller sur elle, à même de lui tendre la main dans son tourment, était Séverin.

Elle tira sur la main du jeune homme, comme pour l'approcher plus près d'elle, murmurant tout bas.

Je... Je ne savais pas où aller... Je... redoutais le jugement des autres.

Si attachée à son honneur, à sa réputation, à sa vertu, mais tout ça ne tenait plus à grand chose. Elle avait failli, par amour et, bien qu'elle ne regrette rien, elle se devait d'assumer jusqu'au bout.

Elle s'approcha du bord du lit, la joue presque dans le vide et tira à nouveau sur la main de Séverin, qu'il s'approche, qu'elle se confesse, enfin... Qu'elle se libère de son si lourd secret.

Sa langue tournait dans sa bouche alors que le visage de son ami s'approchait du sien. Comment lui dire? Que lui dire? Se lancer? Ne rien dire? Un peu de courage et tout dire, d'un coup, sans réfléchir.


Ce n'est pas tout...

La main fine broyait celle du Volvent, et elle fuyait son regard. Ne pas croiser ses yeux, ne pas lire au fond de son âme, surtout pas.

Je...

Allez, du courage!

... Porte un enfant!

D'un coup, d'un bloc, elle lui avait dévoilé le souci majeur qui faisait finalement qu'elle se trouvait là et pas ailleurs.

Elle aurait voulu que ça mère soit là, qu'elle puisse se blottir dans ses bras comme lorsqu'elle était enfant. Mais elle n'était qu'une pauvre femme portant l'enfant d'un mort qui n'était même pas son époux. L'enfant porterait sa bâtardise toute sa vie, comme tant d'autres. Elle qui s'était jurée de ne jamais donner vie à un bâtard.

Elle serra les dents et son regard affronta les yeux clairs du Volvent. Elle n'avait plus que lui.


*Victor Hugo, Les Misérables.
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Blanche un jour, blanche toujours
Cevanne
[Appartements du Renart
N'oublie jamais que la femme est le plus diabolique instrument de torture jamais inventé pour nous mettre au désespoir. *]


Il se laissait attirer à elle intrigué.
Il y avait beaucoup de questions et les réponses seules Davia les détenait.
Il se penchait pour mieux l'entendre et étrangement la scène lui rappela les derniers instants de sa mère ou penché au dessus d'elle il écoutait ses dernières volontés.

Cette pensée le glaça et son visage se crispa davantage dans un mélange d'appréhension et d'inquiétude.

Elle ne savait pas ou aller... et sa famille ? ses sœurs ? Le renart ne comprenait pas. Pourtant il resta silencieux.
L'effort qu'elle faisait à s'exprimer, bien au delà du traumatisme qu'elle avait vécu lui laissait penser qu'il n'avait pas entendu le pire.
Elle lui donna confirmation. Ce n'était pas tout.

Ils ne se regardaient pas mais ils étaient à présent si proches qu'il pouvait la sentir, tout comme sa main qui broyait littéralement la frêle sienne.
Et le couperet tomba. Le renart en retint son souffle alors que deux yeux bleus grands comme des soucoupes plongeaient dans le regard de la blanche.

Aucun reproche dans ce regard. Il n'y avait rien, car le renart tentait seulement de récapituler la situation afin de mieux en cerner les informations.

Il y avait eu une attaque.
Charles était mort.
Davia était enceinte de Charles.

Il la trouva à cet instant bien cruelle.
Elle avait préféré épargner ses parents.
Elle l'avait choisi pour cible.
Elle l'avait touché.
Il était blessé.

Il cligna des yeux et détourna le regard.
Sa main resta dans la sienne.
A cet instant Davia lui sembla être un miroir de sa propre déchéance.
Elle s'était laissé séduire par les tentations de la vie telles qu'il l'en mettait en garde dans une de ses lettres.
Elle avait perdu l'être aimé dans les bras duquel elle avait perdu l'innocence, la vertu.
C'était donc d'une logique imparable qu'elle ait choisi de se réfugier chez lui.
Il pouvait comprendre. Il ne jugerait pas aussi vrai qu'il était lui même aussi blanc qu'une brebis qui se roule dans la boue.

Il était blême.
Doucement sa main tira pour se défaire de l'étreinte.
Il se leva.


- Je...

Il renonça, les mains crispées tapotant sur sa cuisse de nervosité. Il n'était pas prêt a parler.

- Mangez un peu et tachez de prendre un peu de repos...

Le son de sa voix était monocorde, sans expression particulière. Il tenta un sourire, son regard fut à l'image du désespoir qu'elle ressentait.

- Nous parlerons plus tard...

Il fit un pas en direction de la porte, puis se ravisa, s'approcha, se pencha et déposa un léger baiser sur le front tiède.

- Je vous le promet...

A grandes enjambées il quitta la pièce.
Dans ses pensées la tempête, des souvenirs qui remontent, et Davia, Davia frappée à présent du péché, trop honteuse pour rentrer chez elle.
Il se cala contre un mur et ferma les yeux. Il n'arrivait pas à réfléchir.
Face à lui, Maturin le fixait.



*Ethan et Joel Coen (O Brothers )
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Della
ClaaaaaaaaaaariiiiIIIIIIIIIiiiiiiiiinha !?

Mais c'est quoi tout ce bazar ?

Clarinha ?! Où êtes-vous ?


Au creux de son lit douillet, la Blonde dormait encore profondément quelques instants plutôt. Elle avait bien entendu son époux se lever aux aurores, mais elle avait préféré faire semblant de dormir lorsqu'il avait posé un baiser sur son front. Aussitôt la porte refermée, elle avait sombré à nouveau des les bras du doux Morphée. Sans doute une fatigue intense devait-elle trouver réparation dans ce long sommeil.

Réveillée en sursaut par des bruits inhabituels, elle se mit assisse dans son lit et appela à nouveau :

Clarinha ! Mais que se passe-t-il donc ici ?

Mais de Clarinha, point de réponse.
Sans doute la suivante devait-elle être en train de coudre dans son atelier, une tenue absolument resplendissante pour sa maîtresse.

De guerre lasse, Della rejeta les couvertures sur le côté et se tira hors de son petit nid pour venir coller le nez à la fenêtre.
Rien dans la cour.
Grumph...mais alors d'où venaient tous ces bruits ?
Avant de sortir de la chambre, elle prit le temps de passer une robe de chambre et aussi de passer les doigts dans ce qui serait plus tard dans la journée, une coiffure parfaite.

Personne dans le couloir de la chambre...Tendant l'oreille, elle suivit les bruits d'une porte, semblant venir du côté de chez Séverin. Sans doute son cousin n'avait-il pas accompagné le Maître des lieux à la chasse...Sur la pointe des pieds, à la façon d'un espion aux pattes de velours, la Vicomtesse arriva devant la porte de la chambre de son cher Séverin qui venait de partir - mais comment aurait-elle pu le savoir. N'entendant pas grand chose, elle colla l'oreille à la porte et...rien...un lourd silence. Avait-elle rêvé ?


[EDIT : pour concordance du RP. ]

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Davia_corsu
[Appartements du Renart.
La tristesse vient de la solitude du coeur.*]


La main de la jeune fille s'était crispée dans celle du Volvent. Elle aurait voulu être cent pieds sous terre à cet instant. Et ce qui se passait au creux de ses entrailles semblait de son avis. Son ventre la torturait. Et la main ami la lâcha. Sa gorge était si nouée qu'aucun son ne pouvait sortir et elle ne sut lire ce que disaient les yeux clairs du Renart.

La jugeait-il? Elle eut le sentiment de se prendre une vague de dégoût en pleine face mais elle ne put même pas lui demander. Ses lèvres remuaient sans qu'aucun son n'en sorte.

Pourtant, il revint vers elle et le baiser qu'il lui fit sur le front, l'apaisa quelque peu. Bien peu, mais ce fut déjà beaucoup.

Elle soupira. Séverin semblait troublé et elle se demandait ce qui l'affectait tant. Il ne semblait pas lui avoir retiré son affection, donc il ne la jugeait pas, ou du moins pas assez pour qu'elle le dégoûte au point qu'il lui tourne le dos. Pourquoi donc était-il aussi troublé, par affection pour elle? Par empathie?

La porte se referma derrière lui et elle se sentit si seule, qu'elle se recroquevilla à nouveau sur elle-même. Le froid semblait partout, se distillant dans ses veines.

Le sommeil n'était pas son allié, peut-être le temps le serait-il. Mais que devrait-elle faire? Se cacher le temps de mettre l'enfant au monde? Prendre le voile et renoncer à cette vie pour expier ses fautes alors qu'elle enverrait l'enfant à son père. Il était un Corsu, son père et sa belle-mère seraient sans doute une meilleure famille pour son enfant.

Elle ferma les yeux et se laissa à nouveau sombrer dans le sommeil. Faim, elle n'en avait aucune. Son sommeil fut lourd, sans rêve ni cauchemar. Elle n'était que l'ombre d'une Blanche, une guerrière sans armes, mise à terre et grosse d'un mort.

Le temps du bonheur était-il révolu?


*Montesquieu
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Blanche un jour, blanche toujours
Cevanne
[ Chateau de Montpipeau - Renart dans la tourmente.
Tes plus belles guerres... Celles que l'on ne gagne pas. (*) ]


- Enceinte Maturin... Elle est enceinte...

Le renart lâcha un rire nerveux.
Il tenait une coupe de vin entre ses doigts.
Il avait froid, et le vin réchauffait quelque peu un intérieur ravagé de pensées, de sentiments , de doutes et de peurs.
Maturin était resté auprès de lui à écouter les secrets que le Volvent lui confiait.
Il n'avait vu ni Della, ni le Duc qui devait être rentré de chasse.
Il ne pensait à rien d'autre qu'à Davia, son aveu.

Il était déçu. Il ne pouvait le nier.
Il n'avait toujours vu Davia que comme un exemple de pureté, un miroir inversé, tout ce qu'il n'était pas. La joie de vivre quand il était à la tristesse de survivre, le teint chaud et rose quand il n'était que pâleur, le cœur plein de rêves et d'ambitions quand il ne regardait qu'en arrière sans croire au lendemain, la rose face au chrysanthème.
La femme qu'il avait envisagée en songeant au mariage, celle dont il avait noté les qualités comme une référence.

Pourtant... Elle avait aimé un autre, s'était donnée a un autre, sans doute mue par la peur des lendemains sur les champs de bataille ou la mort est une réalité. Elle était souillée du plaisir de la chair, et en portait en elle le fruit.
L'homme était mort, quand sans doute projetaient ils de se marier ?

Le renart rit à nouveau sous l’œil inquiet de Maturin.


- Que faire ? que suis je censé faire d'elle ?

Elle qui avait mis le miroir a l'endroit, reflétant à présent tristesse et désarroi, portant le secret de ses péchés, la peur de ses lendemains, l’épée de Damoclès de la honte.

Il se leva et se dirigea vers la fenêtre du bureau ou il se trouvait avec Maturin.
Il avait vu en Davia, l'espoir, celui d'être sauvé... Qui des deux devait à présent être sauvé ?
Soudain une lueur traversa son regard bleu.


- se peut il que ce soit le destin ... y crois tu ? y crois tu Maturin ?

Il avait le regard dilaté, grisé par l'alcool qui tapissait un estomac presque vide. La tête soudain lui tournait, il se l'attrappa dans la main, assailli par des voix, celle de sa mère, celle de Della, celle de Kéridil, celle de Davia...


...Il te faut prendre femme et fonder un foyer...

...si tu tiens à elle...n'hésite pas à le lui dire. Parfois...à force d'attendre, un autre passe...

...auriez-vous quelques desseins particuliers envers cette femme ? Voyez-vous, Della n'était qu'une chère amie au départ.

... Je porte un enfant...

...je serai sans doute le plus reconnaissant des hommes si je réussissais à unir mon existence à une femme, possédant au moins la moitié de vos qualités...

Severin! Severin!


Trop de voix, une cacophonie, le renart faiblit cherche un meuble pour s'y accrocher, un genou touche le sol, les mains le retiennent, s'appuient.

- Maitre!
- Tais toi donc Maturin... laisse moi...

Le renart s'allonga à même le sol, ferma les yeux et rit doucement. La vie devrait toujours être aussi simple que dans l'esprit d'un homme ivre.

Combien de temps était il resté là ?
Il ne le savait pas.
Il avait perdu toute notion de temps.
Il avait à présent mal au crane, le moindre mouvement pulsant dans ses tempes.

La méditation éthylique du renart lui avait elle été bénéfique ?
Saurait il le dire lui même ?
L'intransigeant renart, celui la même qui aurait renié sa propre soeur si elle n'avait pas épousé l'homme avec qui elle avait eu un enfant , celui la même qui prêchait les principes de vie comme un vieux prélat aigri, face à Davia tombait les armes. Il n'était qu'un masque à l'envers duquel se cachaient des erreurs, des vices, autant de péchés... Il vivait avec depuis des années, et d'aucun n'aurait pu dire du renart qu'il était autre chose qu'un homme respectable.
Son masque, il était prêt à présent à le partager, car la déchéance de Davia, serait égale a la chute d'un ange, une effroyable tragédie, l'espoir ne pouvait mourir. Pas s'il y avait quelque chose à faire pour l'éviter.


- Maturin... Il faut que je parle à Della et Kéridil de Davia... Aide moi...

Quelques instants plus tard, un renart aux pas mal assurés déambulait à nouveau, à la rencontre des maitres du château.

(*) Elie - P. Bruel
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Della
Hum...rien, le silence encore derrière la porte.
Hum...

Retour à la case chambre où dans un soupir, elle se laissa choir sur son lit, l'oreille toujours aux aguets et mille pensées toutes plus saugrenues les unes que les autres qui profitèrent de l'état général embrumé pour valser dans un cerveau qui ne demandait que ça.

- Et si Kéri avait eu un accident ?
- Et si c'était une révolte des paysans mécontents ?
- Et si c'était sa Mère qui venait la visiter ?
- Et si...Aristote ? Non, pas encore lui !!!!

Clarinha eut la merveilleuse idée de faire irruption dans la chambre de sa maîtresse, lui portant son repas, ce qui chasse bien vite les questions et inquiétudes de Della.


Mon époux est-il rentré de la chasse ?
La suivante expliqua dans sa langue mélangée à quelques mots compréhensibles qu'elle ne savait pas.
Della se résolut à ne pas lui demander si Séverin était au château. Le décryptage de la réponse serait trop ardu pour ce moment de la journée.


Le repas pris, habillée et coiffée, elle avait oublié l'affaire du matin et se rendait au rez-de-chaussée où elle avait l'intention de superviser la confection du repas du soir.

C'est alors que...
Séverin ?! Séverin, est-ce que tout va bien ?
Regard qui se pose sur Maturin. Est-il souffrant ? Il est encore plus pâle que d'habitude !
Et prenant le bras de son cousin, l'entraîne vers les cuisines où ils prendront le temps de s'asseoir et de ramener à la vie, le cousin.
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--Maturin
Que répondre…
Non Mon maitre n’allait pas bien.
Il était fatigué, n’avait presque pas mangé, avait bu et… Son amie Davia était blessée, désespérée et enceinte d’un homme qui avait trouvé la mort.
Y avait pas de quoi rayonner le bonheur et la santé.

Je soupirai en adressant à la déconcertante maitresse des lieux un regard inquiet tout en soutenant mon maitre jusqu’aux cuisines ou nous l'installions.


- Il a bu dame Della… Il avait froid, je lui ai donné du vin…

Méa culpa. Je n’aurai sans doute pas du. Mais je me sentais tellement impuissant face à ce que vivait le fragile Volvent… Severin était tel un roseau battu par le vent et qui menaçait de rompre à chaque bourrasque dans une vie sans pitié.
Si je connaissais le parcours de mon maître, ses secrets, ses peurs, ses angoisses, y allant parfois de mon grain pour lui faciliter les choses, la, je me sentais incapable de m’ingérer, je n’avais pas l’ombre d’une solution et j’étais curieux de savoir ce à quoi pensait mon maître…
La situation semblait inextricable…
D'un signe à une servante je fis servir une collation .

- Maitre vous devriez manger quelque chose…

J’adressais un nouveau regard entendu a Della et me mis en retrait les laissant l'un avec l'autre. Ces deux là savaient se comprendre, et a cet instant mon maître avait besoin de se reprendre au plus vite.



Cevanne
[ Un cousin, c'est à mi-chemin entre un ami et un frère. * ]


- Della, te voila… nous te cherchions...

Le pâle renart adressa un sourire léger à sa cousine. Il était soulagé de la voir avant de se confronter à Kéridil qui devait sans doute lui tenir rigueur de l’abandon de la chasse. Les pas peu assurés il se laissa guider par Maturin et Della à la cuisine. Il avait besoin d'extérioriser une part de ses tourments.

- Je… J'ai du abandonner précipitamment Kéridil à la chasse... une urgence...

Le regard acier, parcouru de doutes et d’incertitude plongea dans son jumeau. Repoussant la collation qui lui avait été proposée, il se rapprocha de Della, la voix basse, hésitant encore à tout lui confier.

- Davia est ici… Dans mes appartements…

Sans se rendre compte de l’ambigüité de ses propos il poursuivit, les doigts nerveux grattant le bois de la table.

- Elle est blessée… Elle a été agressée je ne sais ou… je ne sais par qui… Un de ses compagnons de voyage a été tué…

Charles, l’homme qu’elle aimait, omit il de préciser.

- Je ne sais pourquoi… mais elle est venue ici… trouver refuge… auprès de moi...

Parce qu’elle est enceinte, qu’elle a honte de se présenter à ses parents, parce qu’elle a peur d’aujourd’hui, peur de demain…

Ces raisons énumérées suffisaient à justifier son trouble. La renarde le savait fragile. Il n’avait pas honte de lui montrer, ni a elle, ni a Maturin. Et c’est pourquoi il était soulagé de la voir avant d’arborer son masque devant le duc, ne s’autorisant pas à se montrer faible face à l’Amahir.


- Elle a failli mourir Della…

Il avait failli la perdre et alors que la pensée le traversait il en réalisait la portée, l’idée lui était insoutenable. Il avait perdu une femme aimée une fois, il avait perdu sa mère, sa sœur, trop de départs, autant de petites morts d’autant de parts de lui-même, en faisait progressivement une épave, un échoué de la vie.

Les yeux en soucoupe se firent tristes quand ils fixaient ceux de sa cousine.

- Je ne sais pas quoi faire… J'ai honte d'être si égoïste mais... je ne veux pas la perdre.

L’on eut pu croire que le renart exprimait par la des sentiments amoureux tant ce qu’il ressentait était ambigu et troublant.
Il ne voulait simplement pas être celui qui lui tournerait le dos. Il se devait de l'aider, cela il en avait pris la résolution ferme.


*Franck Oudit
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Della
C'est dingue ce qu'il peut se passer dans ce beau château de Montpipeau !

D'abord Della se mit à rire lorsque Maturin lui avoua avoir fait boire Séverin.
Pas qu'elle trouvait cela comique mais l'impossibilité même de cette pensée la rendait ridicule.

Pourtant, son Cousin n'avait effectivement pas l'air bien dans son assiette et Della approuva l'intention de le faire manger un morceau qu'il allait refuser d'ailleurs.

Puis, le visage de la jeune femme devint livide lorsque Séverin d'avoir abandonné son époux à la chasse, repensant bien entendu à l'éventualité d'un accident de chasse.
Le visage reprit un air amusé quand elle comprit que Kéridil était toujours à la chasse, chasse à laquelle il avait traîné Séverin...Séverin à la chasse...quelle drôle d'idée ! Elle, oui, elle avait chassé jadis avec son père mais Séverin...Bref.

C'est alors que le front se rida de plus en plus au fur et à mesure que son Cousin lui expliquait la fameuse urgence...Davia, c'était donc ça ! L'attitude de Séverin la troublait...et elle s'exclama :
Mais elle a bien fait de venir trouver refuge ici ! Où est-elle ? Il faut la soigner ! Je fais venir le médicastre de Kéridil au plus vite ! Mène-moi auprès d'elle, Séverin.

Della se leva, sans attendre de réponse de son cher Cousin, elle donna des ordres.
L'un devait aller quérir le médecin, un autre devait préparer des bassines d'eau propre et des linges tandis qu'un troisième devait immédiatement préparer un bouillon de poule !

Revenant vers Séverin et Maturin, elle les invectiva tous les deux.

Allons-y...

S'arrêtant encore, elle questionna : Tu m'as bien dit qu'elle avait été attaquée ? Il faut qu'on aille prévenir le Prévôt !

Si elle avait remarqué le trouble de Séverin, elle choisit de ne rien lui en dire pour l'instant, mettant cela sur le choc de voir arriver celle dont il était épris, blessée, ainsi sans prévenir et pour cause. Car oui, Della avait vu briller dans le regard de Séverin cette étincelle qui ne brille que lorsque le coeur l'allume au fond des pupilles. Elle connaissait son Cousin, ils étaient tellement proches, tellement pareils, il n'aurait pu lui cacher cette faiblesse qu'était son penchant pour Davia.

Pour le rassurer, elle lui prit le bras.

Nous avions convenu que je la rencontrerais, n'est-ce pas ? C'est le moment.
Un sourire rempli de tendresse.
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Cevanne
La réaction très maternelle de Della lui arracha un léger sourire, et c'est encore mal assuré qui se leva pour la suivre.
Il n'avait pas pensé à prévenir le prévôt, Della était usée dans les démarches, ce qui n'était pas son cas.
Il présumait que les premiers soins avaient été déjà apportés a Davia, mais deux précautions valaient mieux qu'une.

Il grimaça. Il ne se sentait pas prêt a la revoir après leur premiers échanges, cependant, il était certain, qu'elle serait plus à son aise pour parler a Della, de son agression, les lieux, les agresseurs...
Lui aurait tout le temps de méditer sur de toutes autres préoccupations.

C'est donc pendu au bras de sa cousine que Séverin fit le chemin à l'envers, regagnant ses appartements.


- Maturin a pris la liberté de faire prodiguer les premiers soins par une servante... Mais tu as raison, j'aime autant qu'elle soit vue par un médicastre...

Médicastre qui s'assurerait de l'intégrité de Davia et de son petit habitant.
Ils arrivaient déjà.
Séverin frappa quelques coups puis fit un pas en arrière , laissant Della passer la première.
Davia chercherait sans doute son regard, une quelconque réponse, il n'était pas prêt.

- Davia...

Fit il pour attirer son attention, la laissant découvrir Della qui l'accompagnait.

- voici Della... ma cousine, la maîtresse des lieux... Della... voici Davia.

Il y avait de meilleures circonstances à une rencontre. Mais Davia connaissait Della autant que Della connaissait Davia de ce que le renart leur avait raconté l'une sur l'autre.
Il prit une respiration, fuyant d'éventuels regards, se tut et se dirigea vers l'âtre pour y rajouter une buche. Della saurait prendre le relais.
Et après ? Il s'éclipserait sans doute, prétextant voir le Duc.

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Davia_corsu
[On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu’on prend pour l’éviter.*]

Ensuquée, la tourangelle n'avait pas entendu la porte s'ouvrir. Les ombres qui la possédaient la protégeaient de l'extérieur, ou au contraire l'isolaient de l'extérieur.

C'est un visage ravagé, des cheveux en vrac, et la frimousse d'une gamine de seize printemps qui s'extirpa des draps.


Hum??

Elle plissa son nez et fit le point, tentant d'émerger comme elle pouvait. Hein? Quoi? Qu'est-ce qui se passe?

Les idées un peu brouillées, elle regarda Della, puis Séverin, puis encore Della.


Del...

Le murmure mourut entre ses lèvres. En temps normal, elle aurait été sur son trente et un, vêtue de sa plus belle robe, coiffée le plus joliment possible, elle aurait courtoisement salué la duchesse consort avec le plus agréable sourire qui soit. Mais là, elle était blessée, alitée, la tête en vrac, la mine déconfite, c'était la catastrophe...

Ma... Votre..

Le drame.

Votre Grâce...

Elle se redressa et tenta de s'extirper de son lit, rejetant draps et chaudes peaux de bête, si elle avait pu, elle se serait jeté hors du lit, mais, ses gestes étaient si lents, si lourds, elle tenta de se mettre debout et fut bien malheureuse de constater qu'elle défaillait. Elle s'agrippa donc au lit et s'assit en soupirant.

Pardonnez-moi. Je... Je suis bien faible...

Guerrière blessée, elle n'en menait pas large. Constat navrant, il fallait assumer. Elle esquissa un faible sourire.

Nous nous sommes déjà rencontrées. En commanderie blanche... lorsque notre bien aimée Reyne a accouché.

Et d'un coup, tout lui revint, mais qu'avait dit Séverin de la situation? Et elle que devait-elle dire? Elle prit une grande inspiration, se disant que même si elle était dans un pittoyable état, elle devait faire bonne figure, avant toute chose.

Merci... merci à vous de m'accueillir chez vous et.. pardonnez-moi de venir troubler votre intimité. Je...

Les mots moururent à nouveau dans sa bouche. Elle avait presque autant de mal à s'exprimer qu'à tenir debout et elle était légèrement honteuse d'être aussi faible. Elle baissa donc la tête.


* Jean de la Fontaine, les Fables.
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Blanche un jour, blanche toujours
Della
Immédiatement, Della pensa qu'il faudrait faire déménager la dame dans une autre chambre. Kéri risquait de criser s'il venait à apprendre que Séverin recevait une femme dans sa chambre...

Oui, Della arrivait à tenir tous ces petits détails en même temps, la paix et le calme avaient un prix dont il fallait s'acquitter si l'on désirait les conserver.
Sa devise aurait pu être : Grand chef content, petit chef tranquille.
Surtout n'allez pas imaginer que le couple Amahir ne s'entend pas ! Non non non ! Au contraire, il règne désormais entre eux une entente parfaite et harmonieuse. Fruit justement de tous ces petits détails que l'on s'attache à polir dans le sens de la fibre.

Bref.

Damoiselle Davia, je vous en prie, restez...Trop tard, la jeune femme s'était levée et tanguait à présent comme une herbe sous le vent.
Vite, Della s'avança vers elle et lui prenant le bras, elle l'aida à se rassoir sur le lit.


Je suis très heureuse de vous revoir. Il me souvient en effet ce jour où ma Reine mit au monde son second fils...vous étiez là, parmi les Dames Blanches.
Si la conversation prenait des allures de salon, c'était voulu par Della qui avait bien senti le trouble et la gêne de la jeune femme d'ainsi se présenter à elle, faible et blessée.

Vous ne troublez rien du tout, ma chère. Vous avez fort bien fait de trouver refuge ici.
Le médicastre viendra et vous serez bien soignée, je m'y engage. Montpipeau est assez grand pour accueillir une amie de mon cousin !

Elle offrit à la jeune femme un sourire bienveillant.

Reposez-vous en attendant.
Et ne vous tracassez de rien.

Elle remit en place les oreillers, invita Davia à s'y installer confortablement et lui prit la main un instant.
Tout ira bien. Le Seigneur veille sur vous.

Laissant alors la jeune femme, Della entraîna Séverin vers la porte où elle l'entretint :
Une chambre va être préparée, Davia séjournera ici autant qu'il le faudra, je compte sur toi pour la rassurer. Je me doute qu'elle va vouloir partir ou va refuser les soins...une question de dignité. Mais elle est faible et elle semble exténuée. Elle doit être bien soignée.

Le regard rencontra alors son double...un silence s'installa tandis que Della scrutait son cousin.
Un petit hochement de tête et...
Tu seras apaisé toi aussi si elle reste ici. Un sourire suivit et puis, tout à coup, une pensée lui traversa l'esprit !
Mais où est Kéridil ?
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Davia_corsu
[Appartements du Renart.
Ce mot, le premier que les enfants prononcent et le dernier que murmurent les soldats mourants sur les champs de bataille : Maman.*]


Della avait quelque chose de la maîtresse de maison parfaite. Quelque chose de la maman qu'on n'a pas et qu'on aimerait avoir. Dans les bras de laquelle on se réfugie et tous les soucis s'envole, comme lorsqu'on est une petite fille et qu'on vient de s'écorcher le genou en tombant de l'arbre auquel on montait.

Davia n'était plus une petite fille, mais elle s'écorchait le genou souvent. Elle avait eu une maman, qui l'avait mise au monde, qui n'était pas la femme de son papa et qu'elle avait perdu ou qui l'avait abandonné, elle n'avait jamais vraiment su le fin mot de l'histoire. Mais, cette maman là était morte. Et puis, il y avait l'autre maman, celle qui l'avait élevée, l'actuelle Duchesse de Touraine avec qui elle était terriblement en froid, même si elles s'adoraient.

Davia était donc en manque de maman. Elle s'était parfois réfugiée dans les bras de sa marraine, qui était aussi chevalier de son ordre, mais elle ne voulait pas non plus s'imposer.

Bref, là, c'était l'occasion en or. Elle avait une maman rien que pour elle! La grande classe! Et pas n'importe quelle maman, c'était la cousine de son cher Séverin!

Déjà, quand elle l'avait vue à la Commanderie, la jeune Blanche avait levé des yeux émerveillés vers la Reyne et son Autre, Della. A nouveau, la jeune fille leva des yeux plein d'admiration vers la Duchesse consort.

Elle l'aidait, la soutenait, l'aidait à se recoucher.


Mamannnn!!!

Le son n'était pas sorti de sa bouche, heureusement. Elle regarda Della et lui sourit. Le premier franc et vrai sourire depuis longtemps, et le murmure qui s'échappa de ses lèvres était d'une sincérité criante.

Merci...

Merci d'être là, merci d'être toi, je ne te connais pas et déjà, tu prends soin de moi...

La tourangelle poussa un soupire de soulagement, elle pouvait s'abandonner. Entre Séverin et Della, elle n'avait plus rien à craindre. Un bien-être sécurisant l'envahit, délicieuse sensation bienfaisante.

Elle ferma les yeux, comme soulagée. Elle n'eut même pas la présence d'esprit de réagir en entendant parler de médecin. Il lui suffirait de l'examiner pour savoir son secret et alors, Della serait au courant et avec elle, qui d'autre...

La porte se ferma derrière les Volvent, sans qu'elle en prit conscience.

Maman était là, maman veillait.


* Guy de Maupassant, Le Horla.
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Blanche un jour, blanche toujours
Cevanne
Le renart regarda de loin Della exprimer de la sollicitude envers Davia.
Il était reconnaissant a Della de prendre les choses en main.
Idiot qu'il était de se laisser tourmenter par les secrets de Davia, sans penser au quiproquo que sa présence représentait dans sa chambre, dans le chateau sans que le maitre en soit informé.
Il lui fallait donc voir Kéridil des que possible.

Il lanca un regard distrait vers Davia alors que Della l’emmenait a l'écart.
Il hocha la tête. Il était d'accord, il était hors de question de renvoyer Davia .


- Oui... tu as raison Della.

Alors qu'il songea au fait qu'on soignerait Davia il sembla pensif.

- Si ton médicastre l'examine, je souhaiterai que l'on respecte l'intimité de Davia... Elle est guerriere, je ne voudrais pas qu'elle ressente quelque honte à se trouver en si faible posture...

Il fallait surtout protéger son secret. Celui de sa grossesse.
Il attrapa la main de Della.


- Je te remercie. J'ai manqué un instant de discernement... J'ai paniqué je crois...

Il n'avait rien à cacher a Della. Enfin presque rien.
Il regarda à nouveau en direction de Davia alors que Della le scrutait de son regard bleu, bleu Volvent.


- je pense que ce dont elle a besoin c'est d'une présence rassurante. Pourrais tu...

Il prit une respiration, son angoisse se calmait doucement.

- Pourrais tu rester auprès d'elle ? Je m'en irai trouver Kéridil.

Et sans doute affronter son courroux.
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Della
Séverin proposa de s'en aller chercher Kéridil, et Della hocha la tête doucement.

Oui, va trouver Kéri, j'ignore d'ailleurs où il est. Le sais-tu, toi ? Mais elle continua sans attendre de réponse, comme s'il ne fallait omettre aucun détail et que cela soit pressé de tout régler. Elle posa encore sa main sur le bras de son cousin. Je resterai près de Davia et je te promets de bien veiller sur elle. On ne lui fera rien qu'elle n'ait accepté auparavant. Ne t'en fais pas, je doute que le médicastre de Kéridil soit une brute épaisse. Disant cela, elle sourit, imaginant son cher Ange aux mains d'un médecin de campagne aux doigts crasseux rotant et crachant sa bile tout en auscultant le malade...

Une servante apparut, portant l'eau et les linges demandés plus tôt.


Déposez tout ceci dans la chambre voisine et préparez-la prestement, nous y installerons la damoiselle Davia.
Une fois les consignes données, Della revint sur Séverin.
Ainsi tu veilleras sur elle. Le sourire qu'elle offrit à son cousin était un sourire de confiance. Elle savait que jamais il n'aurait demandé à ce que Davia soit installée là mais elle savait aussi qu'il en crèverait d'envie de la savoir près de lui.
A n'en point douté, Séverin était amoureux même si lui, il l'ignorait encore, chacun de ses regards posés sur la jeune femme, chacun des sourires que son visage dessinait trahissaient son âme.
Rompant le silence qui s'était installé, elle renvoya Séverin.


Allez, va !

Séverin parti, elle revint auprès de Davia qui dormait.
Elle s'assit près du lit, observant en silence l'ordre strict de la chambre de son cousin, amusée de tant de rigueur, s'amusant à lui prédire bien des changements dans sa vie, une fois qu'il serait marié.
Car cela ne faisait aucun doute pour sa cousine, Séverin épouserait cette fille-là...

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