Davia_corsu
[Appartements du Renart.
Personne ne garde un secret comme un enfant.*]
La main reprise par le Renart, c'est d'un regard suppliant qu'elle le regarda. La jeune Corsu savait les questions qu'il se posait mais il ne savait pas tout, loin de là. Elle s'agrippait à cette main salvatrice comme un naufragé à la bouée qui le sauve. Sauvez-moi. Protégez-moi.
Elle ne lisait pas dans ses pensées, mais aucun doute, il se demandait ce qu'elle faisait là. Elle se le demandait aussi. Pourquoi s'être tourné vers lui? Pourquoi ne pas être rentré à Chavonnière, près de son père, où à Tours, près de sa mère? Si elle les aimait tout d'eux du fond du coeur, elle admirait son père et redoutait sa mère. Le premier aurait pu moins l'aimer une fois ses aveux fait, la seconde l'aurait raillée, trop occupée dans ses fonctions pour compatir à la douleur de sa fille. Il lui restait les Blanches, mais même si la commanderie était toute sa vie, ses soeurs étaient souvent bien différentes les unes des autres. Et finalement, le seul qui semblait à même de veiller sur elle, à même de lui tendre la main dans son tourment, était Séverin.
Elle tira sur la main du jeune homme, comme pour l'approcher plus près d'elle, murmurant tout bas.
Je... Je ne savais pas où aller... Je... redoutais le jugement des autres.
Si attachée à son honneur, à sa réputation, à sa vertu, mais tout ça ne tenait plus à grand chose. Elle avait failli, par amour et, bien qu'elle ne regrette rien, elle se devait d'assumer jusqu'au bout.
Elle s'approcha du bord du lit, la joue presque dans le vide et tira à nouveau sur la main de Séverin, qu'il s'approche, qu'elle se confesse, enfin... Qu'elle se libère de son si lourd secret.
Sa langue tournait dans sa bouche alors que le visage de son ami s'approchait du sien. Comment lui dire? Que lui dire? Se lancer? Ne rien dire? Un peu de courage et tout dire, d'un coup, sans réfléchir.
Ce n'est pas tout...
La main fine broyait celle du Volvent, et elle fuyait son regard. Ne pas croiser ses yeux, ne pas lire au fond de son âme, surtout pas.
Je...
Allez, du courage!
... Porte un enfant!
D'un coup, d'un bloc, elle lui avait dévoilé le souci majeur qui faisait finalement qu'elle se trouvait là et pas ailleurs.
Elle aurait voulu que ça mère soit là, qu'elle puisse se blottir dans ses bras comme lorsqu'elle était enfant. Mais elle n'était qu'une pauvre femme portant l'enfant d'un mort qui n'était même pas son époux. L'enfant porterait sa bâtardise toute sa vie, comme tant d'autres. Elle qui s'était jurée de ne jamais donner vie à un bâtard.
Elle serra les dents et son regard affronta les yeux clairs du Volvent. Elle n'avait plus que lui.
*Victor Hugo, Les Misérables.
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Blanche un jour, blanche toujours
Personne ne garde un secret comme un enfant.*]
La main reprise par le Renart, c'est d'un regard suppliant qu'elle le regarda. La jeune Corsu savait les questions qu'il se posait mais il ne savait pas tout, loin de là. Elle s'agrippait à cette main salvatrice comme un naufragé à la bouée qui le sauve. Sauvez-moi. Protégez-moi.
Elle ne lisait pas dans ses pensées, mais aucun doute, il se demandait ce qu'elle faisait là. Elle se le demandait aussi. Pourquoi s'être tourné vers lui? Pourquoi ne pas être rentré à Chavonnière, près de son père, où à Tours, près de sa mère? Si elle les aimait tout d'eux du fond du coeur, elle admirait son père et redoutait sa mère. Le premier aurait pu moins l'aimer une fois ses aveux fait, la seconde l'aurait raillée, trop occupée dans ses fonctions pour compatir à la douleur de sa fille. Il lui restait les Blanches, mais même si la commanderie était toute sa vie, ses soeurs étaient souvent bien différentes les unes des autres. Et finalement, le seul qui semblait à même de veiller sur elle, à même de lui tendre la main dans son tourment, était Séverin.
Elle tira sur la main du jeune homme, comme pour l'approcher plus près d'elle, murmurant tout bas.
Je... Je ne savais pas où aller... Je... redoutais le jugement des autres.
Si attachée à son honneur, à sa réputation, à sa vertu, mais tout ça ne tenait plus à grand chose. Elle avait failli, par amour et, bien qu'elle ne regrette rien, elle se devait d'assumer jusqu'au bout.
Elle s'approcha du bord du lit, la joue presque dans le vide et tira à nouveau sur la main de Séverin, qu'il s'approche, qu'elle se confesse, enfin... Qu'elle se libère de son si lourd secret.
Sa langue tournait dans sa bouche alors que le visage de son ami s'approchait du sien. Comment lui dire? Que lui dire? Se lancer? Ne rien dire? Un peu de courage et tout dire, d'un coup, sans réfléchir.
Ce n'est pas tout...
La main fine broyait celle du Volvent, et elle fuyait son regard. Ne pas croiser ses yeux, ne pas lire au fond de son âme, surtout pas.
Je...
Allez, du courage!
... Porte un enfant!
D'un coup, d'un bloc, elle lui avait dévoilé le souci majeur qui faisait finalement qu'elle se trouvait là et pas ailleurs.
Elle aurait voulu que ça mère soit là, qu'elle puisse se blottir dans ses bras comme lorsqu'elle était enfant. Mais elle n'était qu'une pauvre femme portant l'enfant d'un mort qui n'était même pas son époux. L'enfant porterait sa bâtardise toute sa vie, comme tant d'autres. Elle qui s'était jurée de ne jamais donner vie à un bâtard.
Elle serra les dents et son regard affronta les yeux clairs du Volvent. Elle n'avait plus que lui.
*Victor Hugo, Les Misérables.
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Blanche un jour, blanche toujours