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[RP] Sauvez-moi.

Keridil
[Rentré de la Chasse]

Ce furent deux bottes crasseuses et pleine de terre qui vinrent se poser lourdement sur le dallage de l'entrée. Les cheveux hirsute, le teint blême et les yeux rouges, le Duc d'Orléans enrageait.

Julie !

Julie : Demoiselle de sol de Montpipeau.

Poitevin !

Poitevin : Bourreau de Montpipeau, en charge des cachots et oubliettes.

Blanche !

Blanche : En charge du linge.

Christophe !

Christophe : Maître du Chenil.

Petronille !

Petronille : Première cuisinière.

Et alors que tout ce petit monde, entendant la voix grondante du Vicomte et pensant de fait passer un sale quart d'heure, se pressait jusque dans le hall après qu'on leur aie dit qu'ils étaient mandés, Keridil, lui, se défit de ses bottes et autres linges les moins propres, gardant sur lui de quoi paraître devant ses domestiques, tout de même.
Lorsqu'ils arrivèrent, le brun les toisa un par un, puis en appela à son bourreau, histoire de maintenir le suspense, pendant que la jeune Julie frissonnait.

Poitevin, trouvez Séverin, et ramenez le moi incontinent !
Julie, vous nettoierez tout ça.
Blanche, vous me suivez, j'ai du linge.
Christophe, nous sommes rentrés, prenez Pégase avec vous, et faites savoir à votre office que jamais plus l'on ne me laisse partir chasser avec un moins que rien.
Petronille, nous avons ramené du gibier. Je le veux ce soir à ma table, et sa tête en trophée dans le Salon des Néréides. Allez à la Vénerie avec Christophe, tout est là-bas.

Enfin, chacun parti à son oeuvre, ravi de savoir que nul n'aurait le chef tranché - du moins nul d'entre eux - l'Amahir s'engouffra dans son château, Blanche sur les talons, jusque dans ses appartements où il finirait de lui donner ses frusques, et où il se ferait vêtir d'une tenue d’apparat. Une exécution, c'est un évènement.
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Cevanne
Severin venait de prendre congé de Della.
Davia était en de bonnes mains.
Il ne s'inquiétait plus de son sort.
Pourtant il gardait une boule dans l'estomac désespérément vide.
Il s'adossa à une porte respirant profondément, puis se lança dans le dédale de couloirs qui menaient aux appartements du Duc.

Il n'eut pas l'heur de s'y rendre de son plein gré.
Invectivé par Poitevin, l'homme connu pour être le bourreau de Montpipeau, le renart se laissa conduire.
Le Duc n'avait il trouvé d'autre domestique que le bourreau pour le convoquer de la sorte ?

Sans se douter qu'il serait question de son exécution, il apparut au Duc l'air extrêmement sombre et le visage pâle.
Il se doutait de la frustration et du mécontentement de Duc, mais il avait eu un cas de force majeure qu'il lui restait à expliquer.

C'est un Duc presque sur son trente et un qu'il trouva.
Il s'inclina plus ou moins longuement et prit une profonde inspiration.


- Votre Grace ...
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Keridil
Lorsque le Volvent arriva, annoncé par le pas lourd du bourreau, l'Amahir se faisait passé un large collier serti d'ambre au cou, par la jeune Blanche, encore tremblante. Le Duc n'avait pas décoléré.
Voyant apparaître la face blafarde et blonde du serviteur dans son miroir, Keridil afficha se retourna, lent, une moue sur le visage.

Ah, vous voilà vous ?!

Le ton était presque calme, un rien interrogateur, mais sans vraiment l'être, moqueur, aussi.

Non non ne dites rien. Laissez-moi deviner. Une gueuse à culbuter ? Une taverne qui allait fermer et dont vous ne vouliez pas rater la distribution des restes ? Une envie pressante ? Non. Trop simple.

Traversant la pièce jusqu'à un bureau, Montpipeau alla tirer d'un écrin ce qui passerait aux yeux d'un novice pour du déchet. C'était en réalité un opium qui soulageait couramment le brun de ses douleurs.

Une...dépendance quelconque ? La peur du cerf ?
A dire vrai, je n'en ai cure. Rien, rien au monde ne justifie votre fuite, votre lâcheté. Rien. Vous êtes profondément décevant.

Le soupir, long, vint ponctuer la cette dernière affirmation.

Poitevin, qu'a-t-on pour ce jeune homme ?

Et le sourire du brun de se faire un chouilla carnassier.

Nous mèneriez-vous...dans les profondeurs ?

Entendez à la salle de torture en passant par les cachots.

Avec plaisir, votre Grâce.

L'Amahir jubilait, il tenait sa vengeance, et à son humiliation se substituait celle du cousin. Refusant d'entendre ses excuses, il s'engouffra dans le couloir de ses appartements mesnie sur les talons.

Blanche, retournez à votre oeuvre. Nous, allons-y.

Et en avant ! Et Ding ! Une idée.

BLANCHE ! Faites dire à Christophe que je veux, pour mes chasses, un nouvel animal, genre carnassier. On l'appellera Karyaan.

En hommage à cette garce qu'était la Comtesse mainoise, et à qui l'Amahir aurait bien réservé un sort pire que celui qu'il s'apprêtait à faire vivre à Séverin.
Restait plus qu'à descendre au plus profond, sans croiser la Duchesse...

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Cevanne
Le renart garda un visage neutre tout en écoutant le Duc déverser son fiel.
A vrai dire, il n'avait non plus cure des griefs de l'Amahir à son encontre. La vie de Davia valait plus à ses yeux que le triste amusement que l'on entendait tirer de la mort d'un animal innocent.

Ce qui le blessa quelque peu, fut l’énumération de sottises que le Duc lui attribuait.
Il était au service de son cousin depuis quelques mois et s'il avait quelque penchant pervers, cela se serait su.
Culbuter de la gueuse certainement pas. Lorsqu'il lui prenait ses pulsions primitives, le renart ne se laissait aller qu'entre les mains de professionnelles aguerries et non sans un profond dégoût de sa personne et une répugnance naturelle au contact.
Quand aux tavernes, il aurait été bien incapable d'en trouver une dans les bourgs de Montpipeau. Pour qui le prenait l'Amahir ?
Une dépendance quelconque ? Cela était à la limite de la vérité.

Amer face à l'attitude puérile du Duc qui ne lui laissait aucune occasion de s'expliquer, le Renart conserva un air indifférent et garda le silence.
Si l'Amahir était fou, il convenait d'attendre que sa crise passe.

C'est donc sans protestation aucune que Severin se laissa emmener.
Il n'avait aucune peur des menaces du Duc, il souffrait seulement d'une nausée persistante suite à la quantité de vin qu'il avait trop rapidement ingurgité.

Pour le reste, même les condamnés avaient le droit à un dernier mot, une dernière prière, il aurait bien l'occasion de prouver au duc l'étendue de son erreur et peut être pourrait il enfin réfléchir a une solution concrète au problème de Davia.

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Keridil
Le mutisme du blond, sa passivité, son air de ne pas comprendre qu'il avait commis une énoooorme erreur - du moins aux yeux d'un Duc mégalo - avait pour unique effet d'aggraver la frénésie de l'Amahir, qui, frustré de se voir seul fâché, accéléra le pas.
Dévalant les marches qui le mèneraient jusqu'aux cachots, il ne ralentit qu'à l'approche des cellules, dans lesquelles, pour peu qu'on y accorde un intérêt quelconque, l'on voyait pendre des murs diverses chaînes et fers.
Le brun ne s'y était plus aventuré depuis une mauvaise expérience, dite de la soufflerie de poussière dans le visage, mais l'occasion présente était trop belle.
Une torche en main, il avançait dans la pénombre, en profitant pour inspecter le travail du bourreau et Maître des Cachots qui avait fait de ces lieux une merveille de terreur.
Le bougre avait même ajouté des crânes de chèvre.
Arrivé en bout de tunnel, le Duc fit grincer une porte, qui menait dans une salle circulaire, laquelle gardait enfouis les vestiges des horreurs passées d'une inquisition dépassée, de guerres centenaires, et de plaisirs plus ou moins douteux.
Là, on trouvait toutes sortes d'armes, mais aussi et surtout des objets de torture.

Keridil ne s'était rendu en ces lieux qu'une fois, et en était ressorti ahuri. Là, il comptait en tirer un avantage certain.
Plus loin, il laissa son regard se perdre sur le mur, qu'il savait creux, et pour cause, si l'on lui ôtait quatre pierres, il s'écroulait pour laisser paraître un souterrain qui menait jusqu'à Epieds, d'où l'on pouvait fuir.

Mais revenons à notre fuyard !

Le jeune brun se plaça face à son valet, et reprit enfin la parole.

Séverin, vous m'avez déçu.
Vous voyez. Un serviteur qui laisserait son maître seul, en n'importe quelle occasion : chasse, attaque, cérémonie, repas, est un déserteur. Il commet une faute, et c'est pour éviter cela qu'en principe, un laquais quelconque est attaché à une terre et ne revoit qu'à peine sa famille, ses amis, et n'a d'existence ou presque que dans le service qu'il doit, sans concession à son Seigneur. Il ne vit que par, et pour lui.
Cousin de mon épouse, vous avez droit à un traitement de faveur, et nous vous laissons une large marge dans l'usage de votre libre-arbitre, et je parlerai même de privilèges.
Vous en avez abusé.
Tout autre que vous se serait retrouvé, selon la gravité de son fait, soit en cachot pour quatre jours, soit fouetté, en ces lieux, par Maître Poitevin, qui excelle en la matière.
Aujourd'hui encore, nous allons être faible avec vous.

Que cela ne se reproduise pas. Est-ce clair ?

Et le Duc de reposer le fouet qu'il avait pris en main sur une table absolument dégoûtante, et de renifler l'air ambiant autour du Volvent.

Et vous prendrez un bain.

A le sentir, l'on aurait pu penser que l'option Taverne avait été la bonne.
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Cevanne
[ La colère est une courte folie ( Horace) ]

Le renart se trouva immédiatement incommodé par l'odeur d'humidité, de bois pourri et de poussière qui se dégageait des cachots. Il sentit son cœur se soulever dans sa poitrine, et se demandait jusqu’où irait la folie du Duc dont il s'était habitué a la vanité.

Il se retrouvait face à son Duc et Maître subissant ce qui à ses yeux ressemblait à une humiliation. Il se voyait rappeler sa condition de serviteur lui qui quelques temps auparavant était son propre maitre et n'avait de comptes a rendre à personne.
Fort de son choix, celui de s'inscrire dans la normalité, songeant aux intérêts de son neveu avant les siens, il s'était évertué à être le meilleur serviteur possible, malgré son peu d'expérience, ses piètres aptitudes à la société et sa réserve qui pouvait se trouver gênante pour un homme de la verve du Duc.

Il serra la mâchoire, le regard métallique toujours aussi indifférent, prouvant bien la qu'il était décidé à garder la tête haute malgré tout.

Il attendit que le duc ait terminé sa diatribe et d'un ton qu'il voulu calme et froid il prit enfin la parole.


- Que votre grâce soit remerciée de tant de magnanimité à mon égard. Que votre grâce sache également et Deos m'en est témoin que le peu de temps qu'il m'a été donné de servir votre Grâce , j'ai eu a coeur de la servir de la meilleure des manières , sans que jamais ne quittent mon esprit les liens familiaux nous unissant qui justement, pouvant prêter excuse à toute forme de laxisme de ma part, peuvent également faire d'un manquement justifié une faute grave qui puisse inspirer à votre grâce une punition digne du bourreau de Montpipeau.

Il eut a cet instant un regard dédaigneux à l'égard du bourreau, témoin de leur échange sérieux.

- Si votre grâce le permet, je m'en vais à présent exposer la raison de mon départ précipité. Que votre grâce ne se trouve pas offensée de cet aveu, puisque l'occasion m'est donnée à présent de parler sans détour, la chasse ne m'est pas un loisir. Je n'y ai accompagné votre grâce que pour lui plaire et que votre grâce me pardonne de n'avoir été qu'un piètre compagnon lorsque je m'efforçais de paraître pleinement à mon aise. Mais cela ne justifie pas ce que vous qualifiez de désertion.

Il prit une inspiration, de plus en plus gêné par la nausée, les odeurs, les émotions.

- Lorsque nous fûmes rejoins dans la forêt par Maturin, il m'informa de la présence au château de...

Il marqua une pause, le front perlant d'une sueur froide.

- de la demoiselle Davia Corsu de Villandry dont j'ai déja eu l'occasion de vous parler. Elle a trouvé refuge à Montpipeau suite a une agression de brigands, au cours de laquelle elle fut blessée, et un de ses compagnons d'armes tué. J'ai immédiatement été pris d'une grande inquiétude craignant pour les jours de ladite demoiselle.

Il détourna un instant le regard.

- Je ne voulais pas gâcher la sortie de votre grâce en l'ennuyant . Je me devais cependant de rentrer prestement au château afin de m'assurer que la demoiselle de Corsu y sois mise en sécurité et soignée. Ma cousine, la duchesse m'y a aidé. Il ne me restait alors qu'à venir vous prévenir.

Conscient de se montrer trop fermé à l'égard de son cousin, le renart décida de se confier un peu plus.

- Je ne vous cache pas le profond émoi et la frayeur qui ont été miens à l'idée que les jours de mon amie puissent être en danger... et si manquement il y a eu dans mon devoir, je prie votre grâce de me pardonner car il ne fut motivé que par un cas de force majeure...

Le renart estima qu'il en avait assez dit. Il se tut. Un frisson le parcourut, le froid des cachots commençait a s'insinuer dans sa faible carcasse. Il était à deux doigts de la syncope.
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Keridil
Cas de force majeure, cas de force majeure !
Vous êtes un sot, voilà ce que vous êtes ! Pensiez-vous que l'on refuserait l'hospitalité à une femme faible et en détresse ?
Si vous voulez mon avis Séverin - si fait, vous le voulez - vous avez voulu jouer au chevalier preux et servant, voilà tout ! Ou bien vous sous-estimez ma foi et ma générosité, et vous pensiez que nous laisserions une mourante à la porte ?


Pour vrai, le Duc était profondément vexé, et il ne comptait, de toutes manières, pas laisser le dernier mot à son valet, moins encore en admettant le moindre tort, la moindre démesure dans sa réaction.

Vous suis-je si lointain que vous en appelez à votre cousine plutôt qu'à moi ? Vous suis-je si effrayant. Oh, je veux bien me montrer ferme, mais tout de même.
Vous êtes un sot ! Et frileux avec ça !


Ce disant, l'Amahir qui ne voulait pas laisser l'humidité infiltrer ses vêtements, et qui ne tenait pas à attraper une pneumonie ou une fièvre typhoïde préféra remonter à la surface, son laquais sur les talons, laissant Poitevin à sa place en quelques mots, le remerciant de son oeuvre, et lui assurant qu'il trouverait bonne chair aux cuisines.

Bon. Séverin. Il nous faut, afin de ne pas perdre la face, vous trouver une punition, tout de même. Pour l'exemple, vous le comprendrez.
La Demoiselle de Villandry est-elle encore pure ?


Entendez "à marier". Car chacun sait que de toutes les prisons, la plus dure est le mariage.
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Cevanne
Le renart serra la mâchoire comme un enfant réprimandé.
Préparé a ne pas de toutes façons avoir le dernier mot, il se trouva blessé dans son orgueil par les mots du Duc.
Il avait manqué de discernement, il avait fait nombre d'erreurs qu'il n'aurait certainement pas commises s'il s'était agi de quelqu'un d'autre que Davia.
Et cet aveu à lui même le mortifiait suffisamment assez pour qu'il s'en voulut.
Le reproche du Duc lui fut de trop. Mais le renart ne répondit en rien.

Il n'avait jamais douté de la générosité encore moins de l'hospitalité de l'Amahir. Celui ci n'avait pas hésité a le prendre auprès de lui ainsi que son neveu.
Certes les relations familiales comptaient, mais le renart avait décelé derrière la vanité et les excès du duc un homme qui par le passé avait du être d'une naïve simplicité et qui cachait derrière son caractère excessif une grande bonté.
Se le voir remis en cause, ajouta a la culpabilité du renart qui se trouva bien ingrat.

Severin accordait à l'image qu'il donnait au monde extérieur une importance capitale dans le sens ou il arborait toujours le masque de la perfection dans les manières et l'attitude. Autant d'erreurs cumulées, l'humiliation de se faire reprendre par le Duc et le manque de lucidité que lui avait causé son inquiétude pour Davia et la situation qu'elle lui avait exposé avaient fini d'achever la confiance inébranlable qu'il avait en lui. Il se sentit terriblement honteux et ne tenait que par ses dernières forces, intérieurement dévasté.

Il hocha seulement la tête lorsque le Duc lui parla de punition. Il pouvait bien mourir que cela lui aurait été égal a l'instant précis. Aucune punition au monde ne saurait éponger le dégout qu'il avait de lui même, et penser a Davia, qui comptait sur lui, le découragea davantage.

Il eut un léger tressaillement lorsque l'Amahir mentionna Davia et sa pureté.
La encore, l'esprit communément cartésien qui aurait du entendre par la " non mariée" se trouva transporté aux révélations de la demoiselle et un instant son cœur battit d'une légère panique.
Le Duc avait il eu vent de quelque chose ? Impossible.
Le renart était le seul à avoir entendu la confession de Davia. Elle s'était donnée a l'homme qui avait trouvé la mort au cours de l'attaque... elle portait son enfant... elle n'était définitivement pas pure.


- Elle l'est votre grâce...

Après tout elle n'avait pas fait mention de quelconque fiancé et Charles n'avait pas eu le temps de faire sa demande.
A cet instant, le renart se trouva a nouveau confus, ne comprenant pas la rage sourde qui s'insinuait en lui à la pensée que Charles ait privé Davia de sa vertu si chère, la souillant, elle qui lui avait semblé si pure lorsqu'il l'avait rencontrée pour la première fois, étendue sur le dallage froid de la sainte chapelle.
Le renart en eut presque des larmes de colère aux yeux et s'il n'avait pas été si pâle aurait certainement rougi.
c'était plus qu'il n'en avait eu a supporter depuis, il lui tardait d'en finir.
Il aurait presque préféré être mis aux fers et se retrouver dans un des cachots exigus de Montpipeau.

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