Eusaias
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Mychault aprés son premier somme
trouva ce dit en son trésor
Et pour ce prie qu'on le nomme
Le songe de la thoison d'or
« Sensieult le songe de Mychault » par Michaut Taillevent poète bourguignon du XVeme
[Digoine, dans la forteresse.]
Quelques heures après le baiser de feu et quil, en bon hussard, ait fait gémir sa femme contre la poterne, le bourguignon avait retrouvé son cabinet la chemise sortant encore à moitié de ses braies. Il remplit de gobelet détain à laide de la carafe de vin posée à côté et, la mine terrassée par la fatigue se porta au dessus du vélin.
On les pendra ces chiens
Le cerveau était embrumé, lhomme épuisé, mais toujours présentes étaient menaces et autres grossièretés. Les serres ratissèrent la repousse de barbe sur sa joue déchirée par une cicatrice, vilain souvenir de la prise de Bouillon. Lexcitation se mêlait à la fatigue, alors que la plume brassait lencre.
Vous devrez rallier le ponant à mon panache, moi je moccuperai du Domaine Royal, de la Touraine, du Lyonnais et de la Bourgogne. Je sais pouvoir compter sur eux. La Flandre jai mes soutiens et dans les provinces du sud, nous aviserons, je pense que les auvergnats et les languedociens ne nous seront pas hostiles.
Le nez menaçait encore le vélin, la plume elle aussi guettait le bon moment. La France allait connaitre un grand moment et tout ceci pour quelques lignes et une envie de justice.
Citation:
Peuple de France,
Qu'il soit su et dit,
Qu'en ce vingt quatrième jour de mars de l'an de grasce mil quatre cent soixante, nous, Eusaias de Blanc Combaz, Roy de France par la grâce des urnes immaculées,
Réaffirmons à nos sujets que nous tiendrons la promesse faite de les guider vers un avenir meilleur.
Et ce malgré la trahison des notaires qui a permis d'entacher votre volonté à voir celui que vous avez choisi s'ériger à la charge suprême de veiller à la bonne gouvernance du Royaume de France.
Réjouis-toi, Peuple de France, car nous ne t'abandonnons pas à ton triste sort.
Annonçons que celui qui se tient à Paris et usurpe les armes de France est un imposteur.
Lui laissons de bonne grâce Paris et ses dorures cachant bien mal l'ordure et plaçons notre Cour et le siège de Nos Royales Institutions à Bouillon dans les Ardennes.
Invitons nos Vassaux, Régnants du Domaine Royal, Grands Feudataires de France, Vassaux d'Ile de France, à venir y faire hommage et allégeance à leur Souverain.
Invitons les officiers royaux, les serviteurs de la Couronne a venir y prester serment devant leur Souverain.
Appelons nos soutiens, amis et alliés à se faire connaître, à s'unir pour soutenir leur Roy et à se liguer contre l'Usurpateur.
Sommons l'Imposteur de mettre fin à sa mascarade et d'abandonner sur le champ toute prétention au Trône de France.
Peuple de France, lève toi et rallie toi à notre panache blanc !
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Eusaias
Dormir ? Quand je dois reprendre par le fer et la plume mon royaume ?
Il grimaça devant se rude dilemme. Loreiller gonflé de duvet, rafraichi par la nuit passée serait dun véritable réconfort, tout comme ses draps et couvertures passés au chauffe lit à braises. Le matelas de laine épouserait admirablement son corps à nen point douter et la combinaison des trois seraient un havre de paix. Sans doute ronflerait il à en faire trembler les murs lors de ce sommeil profond et réparateur.
Le regard du rapace se brouillait déjà alors que les paupières se fermaient, hélas lencrier fut distingué et la tête violement secouée.
Non pas maintenant, je me dois décrire encore. A mon vassal le duc de Bourgogne et à ses deux jolies lionnes que son la duchesse de Touraine et la duchesse du Lyonnais-Dauphiné. Jirai ensuite.
Le plume trempa encore, le balbuzard lorgna son épouse un court instant avant de se concentrer sur le vélin. La première lettre a duc de Bourgogne fut vite rédigée, il savait ce quil devait dire.
Citation:
De nous Eusaias Blanc Combaz,
Roi de France par la grâce des urnes,
Au Duc de linfinie Bourgogne,
A son collège Nobilaire,
A son conseil ducal,
Salut !
Il fut un temps pour les discours, il fut un temps pour les élections et je fus reconnu Roi de France par la grâce des urnes. Je fus roi, jusquà ce que Vonafred et les siens changent à coup décus le résultat, élisant de cette manière deux rois, lun légitime nous et lautre roi des parisiens.
Je ne doute pas que cela pu réjouir quelques pairs qui voyaient déjà la porte se fermer à leur nez, je ne doute pas que cela a réjoui des Cedric Virloinval, des Nicolas de Firenze et autres imbéciles notoires.
Les premières heures furent pour nous très difficiles. Comment la France pouvait se doter de deux rois, lun des deux devait seffacer. De sur les roches entourant mon bastion, je contemplais le vide, espérant que le Très Haut reprenne mon âme. Mais le Très Haut menvoya un message bien différent : un aigle puissant, au bec aussi acéré que le mien et sélevant de Digoine, tua de ses serres puissants un gras mouton bêlant sans cesse. Le berger, le plus riche de la région, trébucha dans la panique et chuta trouvant ainsi la mort.
Point de doute, le message du Très Haut était clair, laigle était nous, le mouton tué représentait les notaires se réjouissant de la situation, le berger ne pouvait donc être que le vil usurpateur périgourdin.
Aussi, nobles de Bourgogne, honorables conseillers, souffrez que le Très Haut me soutienne et de ce fait je ne pourrais être vaincu. Quimportent les courroux, quimporte la ruine, la France se ralliera à mon panache blanc !
Nobles de Bourgogne, si souvent attaqués par pairie et hérauderie. Vous Bourguignons, qui vos pères ont soutenu le grand duc Jean, allez vous plier devant le roi Parisien ou rallier le Roi de France Eusaias Blanc Combaz ?
La nuit dernière jai vu Saint Bynnar et Saint André dans mes songes et eux mhélèrent mencensèrent à ne pas céder devant le veau dor Vonafred. Déjà les fils des partisans bourguignons sétant battus pour le grand duc Jean mannoncent soutien.
Peuple de Bourgogne Lève toi !
Puis sur la même base il écrit à la duchesse du Lyonnais, non pas oser raconter :
Vous savez ma mie, jai promis à la duchesse du Lyonnais dinstaller une statue delle dans notre chambre si jétais élu roi. Elle a trouvé lidée amusante
jusquà ce que je dise que jaurai donc besoin quelle pose seins nues pour la réalisation.
Un sourire mauvais déforma un peu plus le faciès doiseau de proie.
Elle a bien failli mincruster ses cinq doigts dans ma joue. Bon sang
Elle en était encore plus excitante.
Citation:
De nous Eusaias Blanc Combaz,
Roi de France par la grâce des urnes,
A la Duchesse de Lyon et du Dauphiné,
A son collège Nobilaire,
A son conseil ducal,
Salut !
Il fut un temps pour les discours, il fut un temps pour les élections et je fus reconnu Roi de France par la grâce des urnes. Je fus roi, jusquà ce que Vonafred et les siens changent à coup décus le résultat, élisant de cette manière deux rois, lun légitime nous et lautre roi des parisiens.
Je ne doute pas que cela pu réjouir quelques pairs qui voyaient déjà la porte se fermer à leur nez. Il est certain que plus dun de vos opposants se sont amusé de la situation après avoir serré les fesses le temps des élections.
Les premières heures furent pour nous très difficiles. Comment la France pouvait se doter de deux rois, lun des deux devait seffacer. De sur les roches entourant mon bastion, je contemplais le vide, espérant que le Très Haut reprenne mon âme. Mais le Très Haut menvoya un message bien différent : un aigle puissant, au bec aussi acéré que le mien et sélevant de Digoine, tua de ses serres puissants un gras mouton bêlant sans cesse. Le berger, le plus riche de la région, trébucha dans la panique et chuta trouvant ainsi la mort.
Point de doute, le message du Très Haut était clair, laigle était nous, le mouton tué représentait les notaires se réjouissant de la situation, le berger ne pouvait donc être que le vil usurpateur périgourdin.
Aussi, votre grâce, seigneurs du Lyonnais et du Dauphiné, honorables conseillers, souffrez que le Très Haut me soutienne et de ce fait je ne pourrais être vaincu. Quimportent les courroux, quimporte la ruine, la France se ralliera à mon panache blanc !
De partout le mot indépendance se murmure, je lui fais donc écho dun : Un royaume, un vrai ! Plus dabsolutisme, mais un Souverain et ses Vassaux avec tout ce que cela implique, pour diriger les terres, les sujets.
Quid des destitutions ? Haha, pour vous un titre correspond à quoi ? Un papier ou alors deux terres qui se lient par un serment vassalique dans le respect de la féodalité ? Allons
Vous avez la terre, nous ferons le serment, à lusurpateur on lui laisse le papier pour se torcher. Dès aujourdhui, nous organisons notre hérauderie.
Peuple de Lyon et du Dauphiné Lève toi !
Il ne remit pas sa chevalière immédiatement, un autre document serait à sceller.
Vous savez, je crois que ce nest pas la beauté qui minspire chez une femme, mais ce quelle dégage. Une femme peut être fort jolie et ne pas mattirer pour ça. Jen ai tirée cette conclusion durant les élections. Vous voyez la duchesse de Touraine, sa frimousse, son regard azur, ses cheveux bruns et ses petites hanches quon a envie dagripper doivent faire saliver plus dun homme, mais je crois que son véritable aura nest pas celui là. Bon dieu, cette femme force le respect et plus que dans ma couche je la voudrai à mes côtés sur un champ de bataille.
Il trempa sa plume et reprit.
Citation:
De nous Eusaias Blanc Combaz,
Roi de France par la grâce des urnes,
A la Duchesse de Touraine,
A son collège Nobilaire,
A son conseil ducal,
Salut !
Il fut un temps pour les discours, il fut un temps pour les élections et je fus reconnu Roi de France par la grâce des urnes. Je fus roi, jusquà ce que Vonafred et les siens changent à coup décus le résultat, élisant de cette manière deux rois, lun légitime nous et lautre roi des parisiens.
Et oui, celui qui vous trahit par le passé usa encore et toujours de ses méfaits, vénal qui lest, pour trahir la France et usurper le titre.
Les premières heures furent pour nous très difficiles. Comment la France pouvait se doter de deux rois, lun des deux devait seffacer. De sur les roches entourant mon bastion, je contemplais le vide, espérant que le Très Haut reprenne mon âme. Mais le Très Haut menvoya un message bien différent : un aigle puissant, au bec aussi acéré que le mien et sélevant de Digoine, tua de ses serres puissants un gras mouton bêlant sans cesse. Le berger, le plus riche de la région, trébucha dans la panique et chuta trouvant ainsi la mort.
Point de doute, le message du Très Haut était clair, laigle était nous, le mouton tué représentait les notaires se réjouissant de la situation, le berger ne pouvait donc être que le vil usurpateur périgourdin.
Aussi, votre grâce, barons de Touraine, honorables conseillers, souffrez que le Très Haut me soutienne et de ce fait je ne pourrais être vaincu. Quimportent les courroux, quimporte la ruine, la France se ralliera à mon panache blanc ! Le panache du premier des barons, à moi la France et les honneurs, à lui le Louvre et les pique-assiettes.
Touraine doit être mitigé quant à mes propos, mais Touraine nest elle pas terre féodale ? Celle qui marche pour lhonneur et pour des idéaux quelle croit juste ? Que la tromperie de notaire puissent prévaloir sur la voix des barons et des sujets est-ce un fait juste ? Par Dieu, Non !
Comme je le disais il y a peu et Touraine comprendra encore mieux, pour vous un titre correspond à quoi ? Un papier ou alors deux terres qui se lient par un serment vassalique dans le respect de la féodalité ? Allons
Vous avez la terre, nous ferons le serment, à lusurpateur on lui laisse le papier pour se torcher. Dès aujourdhui, nous organisons notre hérauderie.
Peuple de Touraine Lève toi et marche avec un véritable roi !
Voilà ! Faites porter ses courriers madame mon épouse, je m'en vais enfin dormir._________________
Eusaias
On venait de lui remettre un mot, en main propre. En bon souverain il avait placé certains de ses vassaux dans le camp adverse et ceux-ci linformaient régulièrement. Il tira le code sur la laine pour délier le minuscule rouleau.
A la lecture il ne put que ricaner.
Quil est beau ce marchand de tapis qui se prend pour un roi. Hahaha !
Et de fournir le document à son épouse.
Brulez- le en plein après votre lecture. Je vais répondre à cela.
Il se fit porter son écritoire et tout ce quil fallait pour rédiger son annonce. Sourire aux lèvres.
Citation:
Peuple de France,
Selon le torchon qui tient actuellement lieu de charte royale, la légitimité du Roy vient du résultat des élections.
Et tu as pu constater comment une légitimité s'achète.
Selon l'idée largement admise que le pouvoir royal ne saurait être confirmé sans sacre, il est de coutume d'attendre celui-ci pour demander allégeance à ses vassaux.
Et tu apprendras qu'en lieu et place de la légitimité que confère élections et sacre, le Roy des Parisiens a besoin de faire signer à ses feudataires une déclaration commune de soutien.
Une nouvelle preuve si tu en manquais pour démontrer que lui-même doute de sa légitimité.
Est-il besoin de te refaire la liste des piètres premières actions de ce Roy dont le Trône lui brûle tant le séant qu'il ne sait comment s'y assoir ?
La corruption de notaires pour faire voter les morts et voler sa victoire.
Le mensonge fait à son Domaine sur la vacuité des caisses royales, quand celles du Périgord Angoumois se regonflent comme autant de rus après l'orage.
Un premier discours d'investiture qui ne fait que répondre à la première annonce d'un véritable souverain.
Suivi d'une annonce qui lève la trahison de Namaycush Salmo Salar. Première action d'un prétendu et dict Roy visant à grâcier son frère et qui laisse envisager un règne voué au népotisme et aux passes droits.
Encore.
Et puis, comment peut-on en un si court laps de temps parler de paix et gracier un homme dont la culpabilité est connue de tous ?
Est-il également besoin de rappeler le mépris affiché pour un adversaire qui n'a jamais quitté la table des négociations et l'affront qui lui ai fait de ne point reconnaitre son Alliance ?
Est-ce vraiment vouloir la paix que d'insulter son vis-à-vis en guise de prélude à des discussions sans passion ?
Alors, Peuple de France, je te demande,
Combien de nouvelles erreurs attendras-tu encore pour daigner ouvrir les yeux et chasser l'imposture qui est sensée te gouverner ?
Peuple de France,
Ouvre les yeux !
Lève toi !
Rallie l'oriflamme de Bouillon !
Et de transmettre son communiqué après lavoir scelé.
Quen pensez vous ?
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