Bodh
- Et pourquoi le lierre c'est parce que les Dieux ont choisi l'arbre ?
Dit la petite frimousse en regardant avec insistance son interlocutrice. Le vent, autour d'elles deux, balayait le sol et les herbes, soulevait des volutes de feuilles pour les faire danser sous les nuages. Sans soleil, l'air était frais. Presque froid. Mais l'enfant ne frissonnait pas, les cheveux couverts d'un voile brun, à la transparente minime, et sous lequel on voyait paraître de temps à autre une mèche sombre, ou deux. Elle avait les cheveux raides et longs, presque jamais coupés, aussi sombres qu'était son regard en se mouvant vers l'adulte.
L'on entendit un bruit de corne au long, comme celui des défilés de glace lorsqu'un bateau se perd dans les gorge, et qu'il appelle au secours ; interrompant leur discussion, elle fit partir la dame aux cheveux roux vers le château d'Ouessant, laissant la petite fille seule, dans son carré d'herbes, de troncs millénaires et de lierre sauvage. En soupirant, elle rejoignit l'écho du vent, et s'en fit un barrage amical. Elle aimait le vent, les dieux seuls savaient bien pourquoi. A quoi servait le vent ? A rien. Sinon à chanter des chansons aux petites filles, et à pousser les bateaux dans des précipices de rocs, le long des cotes d'Ouessant, où ils se brisaient en mille rames et planches de bois, où les âmes des marins partaient se fondre dans l'écume, et où leur sang disparaissait, englouti dans les abysses.
La petite était une sacrée petite fille. Mais elle n'en avait pas encore conscience, comme elle n'avait pas conscience de son ascendance, et c'est très simplement qu'elle se trouvait là, entre chien et loup, à faire craquer les brindilles en s'approchant des premiers arbres choisis, et donc le tronc bruns ou clair, se voyait envahi par des lianes aux feuilles buissonnantes. Elle posa une main amie sur un tronc, comme s'il avait été doté de vie. Humaine, elle embrassait les arbres...
La corne sonna encore. Morwenna l'entendit, et baissant le front contre l'écorce, entendit bien d'autres choses. Des choses belles, de l'ancien temps, et des anciennes croyances... Il n'y avait pas que le vent qui chantait, n'est-ce pas ?
- C'est parce que tu es vivant que tu as été choisi, je suis sûre, et moi je...
- Morwenna!
Elle redressa un nez retroussé, et peureux. Sans répondre elle attendit qu'on la trouve.
- Votre petite amie est là. Adenora c'est cela?
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Dit la petite frimousse en regardant avec insistance son interlocutrice. Le vent, autour d'elles deux, balayait le sol et les herbes, soulevait des volutes de feuilles pour les faire danser sous les nuages. Sans soleil, l'air était frais. Presque froid. Mais l'enfant ne frissonnait pas, les cheveux couverts d'un voile brun, à la transparente minime, et sous lequel on voyait paraître de temps à autre une mèche sombre, ou deux. Elle avait les cheveux raides et longs, presque jamais coupés, aussi sombres qu'était son regard en se mouvant vers l'adulte.
L'on entendit un bruit de corne au long, comme celui des défilés de glace lorsqu'un bateau se perd dans les gorge, et qu'il appelle au secours ; interrompant leur discussion, elle fit partir la dame aux cheveux roux vers le château d'Ouessant, laissant la petite fille seule, dans son carré d'herbes, de troncs millénaires et de lierre sauvage. En soupirant, elle rejoignit l'écho du vent, et s'en fit un barrage amical. Elle aimait le vent, les dieux seuls savaient bien pourquoi. A quoi servait le vent ? A rien. Sinon à chanter des chansons aux petites filles, et à pousser les bateaux dans des précipices de rocs, le long des cotes d'Ouessant, où ils se brisaient en mille rames et planches de bois, où les âmes des marins partaient se fondre dans l'écume, et où leur sang disparaissait, englouti dans les abysses.
La petite était une sacrée petite fille. Mais elle n'en avait pas encore conscience, comme elle n'avait pas conscience de son ascendance, et c'est très simplement qu'elle se trouvait là, entre chien et loup, à faire craquer les brindilles en s'approchant des premiers arbres choisis, et donc le tronc bruns ou clair, se voyait envahi par des lianes aux feuilles buissonnantes. Elle posa une main amie sur un tronc, comme s'il avait été doté de vie. Humaine, elle embrassait les arbres...
La corne sonna encore. Morwenna l'entendit, et baissant le front contre l'écorce, entendit bien d'autres choses. Des choses belles, de l'ancien temps, et des anciennes croyances... Il n'y avait pas que le vent qui chantait, n'est-ce pas ?
- C'est parce que tu es vivant que tu as été choisi, je suis sûre, et moi je...
- Morwenna!
Elle redressa un nez retroussé, et peureux. Sans répondre elle attendit qu'on la trouve.
- Votre petite amie est là. Adenora c'est cela?
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