[RP] Absque argento omnia vana.

Gautier.de.vaisneau

Traduction : « Sans argent, tout effort est vain. »
Le RP est ouvert mais un mp avant de préférence pour voir si l'intervention cadrerait un peu près avec ce que l'on a prévu.

[Début Mars, milieu d'après midi.]

Le temps était absolument magnifique. Vous, lecteurs, devez certainement être bien peu intéressés par la météo du jour où se déroule notre histoire. Mais il faut quand même préciser que le soleil brillait particulièrement fort et que le ciel était d'un bleu particulièrement éclatant pour un jour de Mars. C'était ce qui avait motivé Gautier à faire une balade à cheval comme il faisait régulièrement avant l'hiver. Le jeune homme détestait le froid et durant cette période, il s'enfermait toujours dans une sorte d'hibernation. On pouvait d'ailleurs très bien le rapprocher à un ours. Une pilosité développée pour son âge, une tignasse ébène et dense, des épaules larges et une maladresse, autant de langage que gestuelle. Maladresse qui partait avec l'âge mais qui était, ce début Mars, encore bien présente. Bien que ces derniers mois Gautier avait eu un regain d'assurance qui s'était caractérisé par un certain égoïsme et de l'arrogance, quelques fois; ce mois de Mars le verrait changer radicalement.

Il faut savoir faire des choix. Toute sa vie suivre les traces de son ainé mais rester terne dans une arrogance et une tenue qui lui va pas ou au contraire retrouver cet altruisme et cette piété mêlée d'assurance qui le caractérisaient. Gautier avait choisi, inconsciemment, la seconde voie. Et souhaitant retrouver une indépendance d'esprit et de corps, il avait par ailleurs quitté le monde de la politique. Le jeune homme y retournerait peut être un jour, quand il se laissera pousser la barbe et que ses cheveux blanchiront. Pas demain la veille puisqu'il avait une sainte horreur de la barbe qu'il jugeait sale.

En attendant, le sort s'était acharné sur lui et il se retrouvait pratiquement sans le sous alors que sa noblesse lui exigeait de nombreuses dépenses. Et c'est plutôt l'esprit vers ses idées là qu'il se rendit à Dijon pour régler quelques affaires au conseil ducal. Il songeait même à demander de l'argent à son frère quand il descendit de cheval pour aller se soulager en contre bas du chemin, un peu plus loin. Le jeune homme souriait légèrement, concentré à noyer une fourmis. Aire de repos façon moyen-age, tu peux pas test.
_________________
Absent du 24 Avril au 1er Mai.

Enzo.blackney

« Trois choses sont absolument nécessaires : premièrement de l'argent, secondement de l'argent, troisièmement de l'argent. »
Jean-Jacques Trivulce *

- Début mars, milieu d'après-midi.

On chevauche. On s'ennuie. On soupire et on jette des regards ici et là. La nature change, mais pas de beaucoup. Juste assez pour faire changement et que les yeux vert du Blackney s'y attarde une seconde. Il porte un chapeau ridicule, plus là pour le protéger de ce chaud soleil du début mars, une brigandine qu'il a recouvert d'un tabard portant les couleurs de sa famille. Des canons d'avant bras finisse sa légère protection.Derrière lui : Audoin. Son garde personnel, son ombre à proprement parler. Il n'est pas seul, mais cela l'importe peu actuellement. Ses yeux se sont fixés sur le cheval abandonné, puis sur une silhouette en contre-bas. Tirant sur les rênes d'un coup sec, Enzo oblige tout le monde à faire de même. Sans dire mot. Il à simplement arrêter sa monture, et aux autres de s'adapter. De toute manière, peu de gens l’importent. Et encore moins des Serf. La mauvaise humeur guette sur le visage ténébreux du jeune homme, son regarde insiste sur la scène avant d'abandonner la selle et faire claquer ses bottes contre le sol sans ménagement. Aire de repos : Le Blackney arrive. Potentiellement, les autres hommes de la mesnie qui l'accompagne aussi, mais peu importe. Seulement Enzo est important. Et pis Audoin. Parce que c'est lui.

« Je descends, le soulagement n'attend pas. »

Pas de classe. Et puis ? Il n'a pas beaucoup de façon pour dire de telle chose. Et il y a un jeune homme avec de beaux habits. Un noble, sans doute. Et il s'ennuie. Alors un peu de conversation ne fait pas de tord. Comment ça Enzo ne parle pas ? Hé. Il est taciturne pas muet ! Bref. Il fait soleil, le ciel est beau. Ils sont en début mars et c'est l'heure de la pause. Alors il va doucement en contre-bas du chemin. Suivit de son garde. Toujours. Inéluctablement. Après tout, il a peut-être envie de se soulager un peu aussi. Un regard vers le jeune homme plus loin. Pas de beaucoup. Il pourrait presque soupirer d'aise, mais il se retint. Être pudique ça n'a pas que du tord. Fixant le sol, toujours. Concentré, lui aussi, malgré que l'autre dois bien être en train de finir là.

« Bonjorn. »*

En occitan. Comme souvent. Après tout, c'est la langue de son Padre, mais rien de plus, trop concentrer à ne pas se soulager sur son tabard. Ça serait bête après tout. Et puis, que peuvent bien se dire deux jeunes hommes en contrebas d'une route en train de pisser ? La grandeur d'Enzo imposait, il avait une certaine carrure, mais dû à sa grandeur on le voyait souvent élancé. Musclé, à n'en point douté. Les biceps étant bien relevé malgré le tabard à cause de la brigandine. Ses cheveux bruns tombaient un peu devant ses cheveux, ne les ayant pas fait coupé depuis un bon moment déjà. Une barbe naissance apparaissait. Rien de très sale. Juste de quoi démontrant qu'il était sur les routes depuis 2 à 3 jours. Il était pédant, arrogant, odieux, noble et riche. Et ça se voyait. Même dans son Bonjorn on retrouvait cette légère pointe d'arrogance qui est toujours là. Au bout de la langue. Sa voix rauque restait monotone, démontrant une certaine froideur, mais sans néanmoins masqué cette pointe de dédain. Bien sur, en un mot, l'inconnu ne pouvait avoir deviné tout ce qui se cache derrière la sonorité d'une voix, mais peu importe.

Puis, ayant terminé, secoua un peu et remonta ses braies sans plus de ménagement. Ils sont dégueulasses les hommes aux Moyen-Âges, mais bon. Il avait envie de manger, et de se reposer un peu dans cette aire de repos créer par inadvertance, sans doute, par le jeune inconnu. Et malgré sa mauvaise humeur, une envie de changement et de s'amuser le fit articuler ses mots rarissime. Surtout quand ça viens de lui en premier.

« Blackney. Enzo Blackney. »

Et se s'avancer, légèrement, vers le jeune homme. Audoin étant aux aguets, mais le Blackney ayant fait un signe pour l'arrêter.

Citation : extrait du Réponse à Louis XII, presque la même époque.
* Bonjour.
_________________

Gabrielle_blackney

[Dans un monde sans femmes, on serait tous à comparer nos attributs inutiles et à se demander lequel d’entre nous pissera le plus loin*.]

On chevauche. On s’ennuie.
Pas pour longtemps semble-t-il, la tête de l’escorte s’arrête brusquement. Gabrielle tente de voir ce qui se passe, ils sont au milieu de nul part, il doit sûrement y avoir une raison. Elle remonte donc le cortège à cheval.

Enzo. Qui d’autre pourrait décider de stopper ici parce que ça lui plait. Elle soupire. Voyager avec son cousin est loin d’être déplaisant mais pas toujours facile non plus. Comme un gamin capricieux, il décide, il veut, il a envie, et tout le monde subit sans mot dire.
Elle plisse les yeux sous le soleil pour voir ce qui a bien pu motiver cet arrêt. Quand elle comprend, elle sourit. Les lois de la nature sont incontrôlables. Pause pipi pour tout le monde ou presque, semble-t-il. L’escorte est uniquement masculine et ils mettent tous pied à terre pour la même chose. Gabrielle reste sur son cheval et soupire à nouveau. Il faut bien avouer qu’en voyage, être un homme doit considérablement simplifier la chose.

Et Enzo s’est trouvé un petit camarade, de dos difficile de se rendre compte de qui il est, mais noble aussi à n’en point douter vu les vêtements. Et manifestement, Enzo est dans un bon jour puisqu’il lui parle. C’est très masculin ça. Gabrielle n’a jamais engagé de conversation avec personne quand elle se soulage. Quelle idée ! Enfin, si l’inconnu répond, la pause risque de durer.

La jeune femme laisse un instant ses yeux s’attarder sur les épaules et le dos d’Enzo, puis regarde les autres. Elle retient un rire, ils sont tous alignés, vidant leurs vessies de concert, les hommes sont décidément des créatures bien étranges et quand on pense qu’ils mettent tout l’orgueil de leur genre dans ce qu’ils tiennent en ce moment même dans leurs mains, il y a de quoi rire en effet. Les hommes sont des crétins, pensait Gabrielle, même si certains arrivent parfois à vous le faire oublier.

Bon, elle allait attendre de savoir si l’inconnu répondait à Enzo avant d'éventuellement quitter elle aussi sa monture.
En attendant, elle patiente en regardant les hommes pisser.

*Fabrice Luchini
_________________

Gautier.de.vaisneau

Il comptait manger un bout. Et peut être se reposer un peu, après. Acelin était resté à Sémur pour y régler les affaires quotidiennes qui devaient y être réglées. C'était quelques fois aussi bien, la solitude. Mais elle ne fut pas bien longue. Gautier qui se croyait assez loin du chemin pour y être caché des passants s'était trompé et voilà qu'un homme vient jusque lui. Le brun, entendant le bruit de ses pas, jeta un regard derrière lui pour constater que, loin d'être un brigand, l'homme possédait plutôt une noble apparence. Sauf qu'il ne faut jamais s'y fier, aux apparences. Alors Gautier ne pipe mot et, vessie vidée, il se rhabilla. Loin d'être pudique, le Vaisneau ne comptait malgré tout pas comparer la taille de son sexe avec celui de l'autre brun. D'ailleurs le jeune homme était, dans ce cas, certain de gagner. Gautier allait repartir sans un mot pour l'homme à son côté, par prudence, quand celui ci le salua.

« Bonjorn. »*

Cette fois ci, le Vaisneau se tourna vers le brun et le détailla du regard. Beau, à n'en point douter. Arrogant et sur de lui, également. Hum. Gautier n'était pas particulièrement fan des péteux mais son bonjour en Occitan lui avait fait prendre confiance et un élan de sympathie l'avait parcouru. C'est que le jeune homme avait vécu toute son enfance bercé et baigné dans cette langue. Sourire sincère et il répond.

- Le bon jour.

Pis v'la qu'il approche et c'est à ce moment que Gautier remarque son garde et une femme toujours à cheval, sur le chemin. Dans le lointain, le jeune homme salue la femme, en espérant qu'elle le remarque. Sinon il aurait l'air un peu ridicule. Ces deux éléments contribuèrent à le mettre en confiance. Un brigand ne se balade pas avec un garde personnelle et une femme qui ressemble, de loin, à tout sauf à un hors-la-loi.

« Blackney. Enzo Blackney. »

Alors Gautier s'avance à son tour, toujours un léger sourire scotché aux lèvres et il tend la main.

- Gautier de Vaisneau. Vous voulez un bout de fromage ? Du Bourguignon, du vrai, du bon.

Si vous ne saviez pas encore que le jeune homme est en grande admiration pour sa terre, son vin et son fromage, vous le savez à présent.

* Bonjour.
_________________
Absent du 24 Avril au 1er Mai.

Enzo.blackney

« Manger est bon. Avoir mangé est meilleur. »
de Anatole France

Ce sourire là à de quoi engendrer un autre sourire. Même chez Enzo. Félicitation Gautier, vous avez gagné une médaille ! Et la chance, le plastique n’existe pas à l'époque, donc c'est une vrai de vrai ! Je suis navré, vous allez devoir attendre un moment aussi pour les médailles en chocolat. Bref. Sans autre cérémonie superflus le Blackney empoigne solidement la main du Vaisneau, ses yeux vert allant croisé ceux de son interlocuteur. La poigne est dure, solide, forte. C'est de l'homme viril qu'on ressent dans cette poigne. Alors qu'un petit rire léger vient se glisser sur les lèvres de l'arrogant jeune homme, un sourire amusé se trace sans le moindre doute. La jeunesse est les paroles de Gautier ont de quoi faire sourire le Blackney. Il n'est pas vieux Enzo, seulement quelques années semble les séparés tout les deux. Puis l'admiration qu'on peut voir dans les propos à de quoi rappeler à l'Impétueux comme il est fier de sa Normandie, tout comme du Sud-Ouest.

« Du Bourguignon dites-vous ? Ma foy.
Pensez-vous que cela va battre le fromage de chèvre du Sud-Ouest ? »

Pointe d'arrogance ? À peine. Juste de quoi amusé, peut-être, son interlocuteur alors qu'il relâche la main de ce dernier. Ils ne vont pas la tenir pendant des heures. D'un geste lasse et peu motivé il pointe alors Gabrielle qui patiente sur son cheval. Bonne femme pensa le jeune homme, alors qu'une main alla se glisser dans sa chevelure brune.

« Elle. C'est ma cousine. Gabrielle. Et l'ombre qui me suit. Audoin, mon garde personnel. »

Dites donc ! C'est que le Enzo semble vraiment dans un bon jour pour présenter tout le petit monde, même si c'est fait avec une lassitude bien marqué. Est-ce la belle journée qui s'annonce qui met un peu de bonne humeur dans la tête du jeune homme ? Même l'auteur ne saurais-le dire, mais profitez ! Ça n'arrive pas souvent, et ça ne dure jamais bien longtemps. Mais Gautier le sors de l'ennui qu'il subissait à voyager sans arrêter. Il ne s'en doute peut-être pas, mais cela n'a aucune importance. Enzo avait décidé d'être d'humeur pour une pause, et le Vaisneau en ferait parti. Il allait être celui qui le débarrasserait de cet ennui pesant qui reste et s'empare de toutes les particules de peau pour te serrer comme dans un étau. Oui. Ce sentiment pourri l'âme et rend de mauvaise humeur. Bref.

« Que disérén de qué bòw ha bèth*. Ehm. Qu'est ce qui vous amène sur ces routes ? »

Demanda t-il alors qu'il commençais à remonter un peu. Ils allaient quand même pas rester là, en contrebas tout le long. Puis, le fromage... il devait pas être dans les poches de Gautier quand même !

« Vous avez déjà gouté l'Armagnac ? »

Je n'ai pas de souci d'argent, moi. Et j'en ai plusieurs bouteilles dans les besaces !

*On dirait qu'il va faire beau
_________________

Gabrielle_blackney

[Quand un vicomte
Rencontre un aut' vicomte,
Qu'est-ce qu'ils s'racontent ?
Des histoir's de vicomtes...*]

Bon, manifestement, l’inconnu n’a pas l’intention de le rester et répond à Enzo. Gabrielle soupire. Enzo prend une pause donc tout le monde prend une pause aussi. Le nouveau camarade de son cousin lui fait un signe de la main auquel elle ne répond pas. Autant se présenter carrément puisqu’elle est ici.
Gabrielle descend de sa monture. Elle secoue ses braies pour chasser la poussière, bouge un peu les bras, pas mécontente de se dégourdir les jambes finalement.
Il est long ce voyage pour elle aussi et Enzo n’est pas la compagnie la plus… évidente, un peu de nouveauté ne fera pas de mal. Elle jette un œil à Yvane. C’est bon, il veille mais de loin, enfin de pas trop près dirons-nous. Elle jette un regard sombre à Audoin. Qu’est-ce qu’il est pénible à être toujours collé derrière son cousin celui-là.
Gabrielle regarde autour d’elle. Il fait beau, pas chaud mais bon assurément, elle lève les yeux vers le ciel d’un bleu pur sans nuage, le printemps sera bientôt là et elle sera bientôt enfermée. Elle chasse cette idée bien décider à profiter du moment présent.
Elle se dirige donc vers les deux hommes qui remontent vers le chemin. Ils sont assez près pour que Gabrielle entende les dernières paroles d’Enzo. Elle sourit. Enzo est toujours arrogant, souvent odieux, parfois agréable mais il a une qualité incontestable, il aime les bons alcools.

Vous ne comptiez pas boire sans moi j’espère?

Bien sûr que si. Enzo s’ennuie, il est de mauvaise humeur et il a une nouvelle distraction. Et il n’est pas partageur. Mais peu importe à Gabrielle. Elle devait voyager seule, son cousin s’est imposé, maintenant, il assume et il la supporte, content ou non.
Elle sourit au nouveau venu.

Gabrielle Blackney.

Elle ne lui tend pas la main. Elle est déjà en braies, elle va éviter d’en rajouter et de sauvegarder le peu de féminité qui lui reste. Pas de courbette non plus. Juste son nom, ça suffira bien.
Elle détaille un peu le jeune homme. Plus jeune qu’Enzo il lui semble bien. Difficile à dire. Jeune en tout cas. Bonne carrure, des cheveux noirs, des yeux bleus, souriant. Ma foi, plutôt charmant. Elle jette un œil à Enzo. Miracle, il semble d’humeur plus joyeuse. Ca lui va bien de ne pas se raser pendant quelques jours, ça le vieillit, il est beau comme ça. Ahem. Gabrielle se reconcentre sur le nouveau, pose ses yeux bleus sombres sur lui et attend, toujours souriante, qu’il se présente.

*Jean Nohain
_________________

Gautier.de.vaisneau

« Lacrimis struit insidias cum femina plorat. »

Lorsque la femme pleure, elle tend un piège avec ses larmes (Caton)

Enzo sourit, Gautier en profite pour l'observer un peu plus en détails. Quelques années de plus, des yeux émeraudes, une barbe de quelques jours. Le Vaisneau n'aime pas la barbe, c'est sale et ça pique alors le jeune homme rase. La poigne est prise et serrée avec force et entrain. Gautier y répond simplement. Il n'est pas du genre à jouer à celui qui serrera le plus fort. Il y a toujours ceux qui n'ont aucune virilité mais qui tentent de paraitre avec leurs manières ridicules. Gautier est assez railleur envers ces hommes là. Le jeune Vaisneau ne sait pas trop dans quelle catégorie il se range mais en tous cas il ne jouera jamais l'homme fort juste pour jouer l'homme fort. Et il ne sait pour l'instant pas non plus dans quelle catégorie ranger l'homme qui se porte en face de lui. Quoi qu'il n'aime pas vraiment ranger dans des catégories. Les catégories sont trop rigide en comparaison à l'homme qui est complexe.

Mais pour en revenir à la citation, elle résume assez bien les pensées de Gautier en matière de femmes. Il n'avait pas grande estime pour celles ci. La gente féminine se fait belle, se part pour plaire, séduire et tenter. Oui, elles se font belles pour tous, excepté le mari qu'elles n'avaient plus besoin de conquérir. L'amour était une invention des hommes, ou plutôt des femmes pour garder d'autres encore entre leurs griffes. Oui, c'était un simple jeu de séduction est une vile utilisation des sens et du corps par les femmes. Gautier n'y croyait guère, à cet amour, et ne s'y était encore jamais laissé prendre. Et non, du côté des femmes, il ne se remettait jamais en question. Rien n'était jamais de sa responsabilité avec les sentiments, toute la faute revenait aux femmes. Car les femmes manipulent les hommes pour qu'ils se croient maîtres. Enfin là était ses pensées. Et elles restaient bien enfouies en lui car on ne pouvait connaitre plus hypocrite que Gautier. Il pouvait bien penser tout ce qu'il pensait, il continuait malgré tout des les séduire et de les aimer, par gout du défi.

« Du Bourguignon dites-vous ? Ma foy.
Pensez-vous que cela va battre le fromage de chèvre du Sud-Ouest ? »

Revenons aux réalités. Un homme se tient devant lui, son garde est légèrement en retrait et sa cousine un peu plus loin. Alors l'homme désire apparemment lancer la discussion.

- Si le fromage Bourguignon bat votre fade fromage du sud-ouest ?

Léger rire puis paroles emplies d'ironie, montrant qu'il n'était pas là question de concurrence.

- Et bien je n'en sais fichtre rien, je n'ai jamais mangé de fromage provenant de votre pays. Mais quand j'y gouterai, je penserai à vous.

« Que disérén de qué bòw ha bèth*. Ehm. Qu'est ce qui vous amène sur ces routes ? »

Cette question l'étonna. Demande-t-on à un Champenois ce qu'il fiche à se balader en Champagne ? Moui, peut être. Enfin, cela reste une manière ou un autre de discuter. Alors que Gautier suivait Enzo pour remonter jusqu'à sa cousine, il répondit :

Je suis Bourguignon, bailli même. Je fais souvent l'aller retour entre la palais ducal et Semur, où j'habite.

Reprenant, un peu bougonneur :

Bailli... c'est un comble tout de même !

Et le jeune homme secoue la tête à la dernière question d'Enzo. Il n'aime pas trop les alcools généralement. Il n'a donc pas grande expérience en cette matière.
Maintenant, les azurs fixent, scrutent et sondent la brune. Pas bien grosse et en chair, non, mais ses yeux lui plaisent. Elle ne tend pas la main et c'est Gautier qui la lui prend pour y déposer son souffle chaud, et non pas ses lèvres. Il pense ce qu'il veut des femmes mais il sait malgré tout bien se comporter avec elles.

- Enchanté Gabrielle. Je suis Gautier de Vaisneau.

_________________
Absent du 24 Avril au 1er Mai.

Gabrielle_blackney

[I always say a kiss on the hand might feel very good, but a diamond tiara lasts forever*.]

En l’occurrence Gabrielle se fout bien des diamants, et elle préfère la brûlure rassurante de l’alcool à l’hypocrisie du baisemain. Mais c’est son premier baisemain, elle n’y avait jamais eu droit jusque là. Elle regarde le jeune homme d’un œil amusé et jette un regard à Enzo. Fait-il des courbettes comme ça devant des jeunes filles nobles ? Elle se le demande bien. Elle ne connaît pas Enzo en société, elle ne sait pas bien de quoi est faite sa vie en fait, il apparaît et disparaît de la sienne et leurs moments à deux sont un peu hors du monde, des parenthèses enchantées et éphémères qui rendent la réalité plus douce.

Enchanté Gabrielle. Je suis Gautier de Vaisneau.

Hmm. Joli nom. Jolis yeux. Joli garçon. Charmantes manières. Ca la change un peu. Au fond d’elle, elle sait que si Enzo était plus agréable, moins egocentrique, moins orgueilleux, bref, s’il était un charmant garçon, elle le trouverait beaucoup moins attirant. Les gentils sont d’une compagnie plaisante, mais les sales types sont bien plus troublants, ce sont les seuls qui la remuent.
Et l’interdit qui marque leur relation du sceau de l’infamie ne fait que renforcer l’irresistible attrait que son cousin exerce sur elle.

Elle sourit donc à Gautier. De son plus beau sourire. Gabrielle n’est pas une séductrice, ni une charmeuse. Les hommes passent et s’arrêtent parfois. Mais elle ne fait rien pour ça. Et si elle n’est pas farouche ni timide, c’est parce que minauder n’est pas dans sa nature et que la fausse pudeur l’agace. Mais les hommes sont faibles et elle le sait. Parfois, elle aime s’en amuser. Mais pas aujourd’hui.
Il est beau pourtant.
Alors elle lui sourit, après tout, il y a plus désagréable qu’une pause alcoolisée sous les premiers soleils du printemps en compagnie de deux beaux spécimens mâles.

Enchantée aussi.

Oui, vraiment enchantée Gautier de Vaisneau. Distrais donc Enzo, s’il est de bonne humeur, il sera peut-être enclin à quelques confidences nocturnes, voire à un peu plus.

Alors Enzo, cet armagnac? Et je ne sais pas vous deux, mais moi je meurs de faim!

Et Gabrielle de rire. Elle ne s’annonce pas si ennuyeuse que prévue cette pause finalement.

*Je dis toujours qu’un baisemain est très agréable, mais qu’un diadème en diamant ça dure toute la vie.
(Howard Hawks – Les hommes préfèrent les blondes – Phrase dite par Lorelei)
_________________

Enzo.blackney

Il aurait bien répondu à Gautier.Lui demander ce qui ne lui plait pas dans le poste de Bailli. Comment est la politique en Bourgogne. S'il compte atteindre le poste de Duc un jour. Toute ces petites questions autour de la politique. Oui, car aussi saugrenue que cela puisse paraître, il s'y intéresse un peu. Il ne le démontre juste pas, pour éviter que son père veule lui coller un protecteur qui lui apprendrait la politique où que savait-il encore. De plus, le Blackney s'intéressait plus à la carrière militaire ainsi que la médecine. Et pour l'instant cela lui suffisait. Il allait voir à Mende, et ce que l'avenir allait lui mettre devant les bottes. Pour l'instant, il n'avait aucune envie de faire la conversation, ses yeux fixé sur le geste du dénommé Gautier. Un rictus apparait sur le visage d'Enzo, le vert observant la scène, les sourcils se arquant un peu. Et Gabrielle sourit. A t-elle déjà sourit ainsi au jeune impétueux ? Il ne s'en rappelle pas. Pourtant il en a vu de ses sourires, de ses soupires aussi. Mais cela est une autre chose. Elle est enchantée. Enzo un peu moins. Ce n'est qu'un baisemain. Rien d’extravagant, et pourtant ça le remue, ça le remet de mauvaise humeur. Ses yeux vert fixant le jeune homme le temps d'aller s'installer près de sa cousine. Trop près peut-être, et de se passer une main dans les cheveux. Un soupire quittant ses lèvres comme pour montrer son exaspération.

C'est la voix de Gabrielle et son rire qui le ramena à la situation, et l'extirpa un peu de ce baisemain, qui semblait finalement de pas être déplacé. Du moins, il valait mieux s'accrocher à cette idée que de foutre un poings dans la tronche du jeune homme. Il avait du fromage à gouté ! Son regard vert se posa sur Audoin, puis sur sa cousine et Gautier.

« Je vais chercher l'Armagnac. »

Une pointe d'agacement sur le bout des lèvres, et de tourner les talons, sans ménagement, le pan d'un mantal fouettant quelque peu l'air de l'arrogance que dégageait son maitre. Les pas du Blackney rejoignirent sa monture, tandis qu'un signe fut fait vers son « ombre ». Une fois qu'il fut près de lui, le jeune homme se pencha discrètement vers lui, tandis qu'une main fouilla la besace accroché à la monture.

« Assure-toi qu'il ne s'approche pas trop de Gabrielle. D'accord... ? »

Jaloux ? Un peu. Il ne l'avouera pas.Ça c'est certain, mais voilà. C'est SA cousine. Sa drogue. Sa liberté. Celle avec qui il a envie de partagé chaque nuit sa couche. Oui. Elle le rend un peu dingue le Blackney. C'est Gabrielle. L'indécence de leurs relation renforce l'envie, la passion et tout le reste. Mais il ne le dira pas. Juste le fait de le penser, que cela l'affole. Non.Enzo est coincé des sentiments. Bref. Il sort l'Armagnac. Il sait qu'Audoin à comprit, et c'est parfait ainsi. Ils vont boire, et il espère que le jeune homme parlera, le distraira. C'est donc bouteille à la main qu'il revient vers les deux autres.

« Alors ! Ce fromage est prêt ? »

Arrogant un jour. Arrogant toujours.
_________________

Gautier.de.vaisneau

[L'anachronisme, c'est le mal !*]

*Le baise main c'est pas franchement d'époque en fait...

Et voilà qu'il soupire, qu'il montre à qui appartient la brune en passant une main dans ses cheveux, qu'il lui affiche toute son exaspération. Les sourcils de Gautier s'arquent presque aussi haut que ceux d'Enzo quelques instants plus tôt. Cet homme se mettait dans un tel état pour... un rien. Un geste qui lui avait été simplement naturel et ne signifiant rien. Le jeune homme regretta un instant de s'être présenté, si c'était pour supporter cela. Surtout que l'amour entre deux personnes du même sang l’écœurait au plus haut point. Rien que pour ça, il aurait pris plaisir à séduire Gabrielle. Mais il ne le ferait pas, ils étaient trois contre un et le jeune Vaisneau n'avait aucune envie de s’attirer des ennuis pour une femme : un rien, en somme.

Un léger rictus moqueur échappa de ses lèvres. Rictus que seule Gabrielle pu entendre car Enzo était parti chercher l'Armagnac. Gautier n'était pas dédaigneux, simplement sarcastique envers cet homme arrogant et attaché à une femme jusqu'au ridicule. Oui, vous l'aurez compris, Gautier est très critique envers les hommes (et les femmes hein !). Il l'est également envers lui même et l’auto dérision ne lui est pas étranger, sauf quand il est question de son avis sur les femmes. Certaines font exception à la règle et savent faire ce pourquoi elles sont nées mais elles sont rares.

Soudain, Gautier étant sur le point de repartir, une idée jaillie. Tant qu'à passer un moment désagréable, autant lui trouver une utilité. Le Blackney ne semblait pas sans le sous... Gautier sortit le fromage de la sacoche accrochée à son cheval et comme il prendrait également grand plaisir à énerver cet homme qui semblait facilement titillable, il offrit un sourire charmeur à Gabrielle tandis qu'Enzo revenait. Le sourire étant plus destiné à agacer Enzo qu'à séduire Gabrielle. Oui, les femmes étaient pour lui des êtres sous domination masculine et cela ne le dérangeait absolument pas de sourire à Gabrielle uniquement pour énerver Enzo. Son avis sur les femmes était un peu son côté "mauvais". Il détestait les jalouses, coincées, pimbêches et capricieuses mais en toute hypocrisie il leur portait respect et attention. Cependant, les femmes franches et droites existaient et il savait reconnaitre les exceptions.

« Alors ! Ce fromage est prêt ? »

Il hoche la tête et tend tour à tour un bout de fromage à Enzo et Gabrielle.

- Moi qui m'en part compter les écus de notre riche duché me demande ce qui nous vaut votre agréable visite.

Et on sentait une pointe d'agacement quand il parlait de riche duché.

_________________
Absent du 24 Avril au 1er Mai.

Gabrielle_blackney

[L’indifférence est peut-être la forme la plus raffinée de la jalousie*.]

Agacé. Et pas qu’un peu. Oui, Enzo est agacé. Gabrielle lui jette un oeil, il fulmine, ça se sent. Ca n’est tout de même pas à cause de Gautier? Et si! Elle retient un rire. Quel imbécile. Il lui a déjà fait le coup en taverne. Dès qu’un autre mâle s’approche un peu trop près à son goût, il s’agace. Voire il s’énerve. Mais oui, Enzo est un crétin. Il devrait pourtant bien comprendre qu’il est important et que Gabrielle n’a d’yeux que pour lui, qu’il est son seul désir, sa seule faiblesse. Mais elle ne lui dit pas, alors évidemment, il ne le sait pas. Et il se rapproche, un peu trop, et il montre des signes d’énervement, un peu trop aussi. Et forcément, si Gautier n’est pas idiot, il va se douter que l’intérêt d’Enzo pour elle dépasse un peu la simple cousinade.

Elle soupire légèrement pendant que son cousin va chercher sa bouteille, toujours suivi de près par Audoin. Elle soupire car elle aimerait bien que la nature de sa relation avec lui reste secrète. Ils ne sont plus censés se voir et encore moins continuer à... enfin bref, il serait bien qu’Enzo soit capable de la fermer. Elle a déjà eu suffisamment d’ennuis avec son incapacité à garder les choses pour lui. Les semaines qui arrivent s’annoncent difficiles pour Gabrielle, elle aimerait vraiment qu’il apprenne à dissimuler ses élans.
Alors qu’Enzo revient vers eux, Gautier lui décroche un sourire charmeur. Elle le regarde un peu surprise, mais lui glisse cependant :

Ne faites pas attention à mon cousin. Il a tendance à se montrer trés protecteur envers moi. Si vous avez une soeur ou une cousine, vous savez certainement ce que c’est. La vertu des demoiselles semblent toujours en danger aux hommes qui ont autorité sur elles.

Hmm. Gabrielle sera-t-elle crédible en noble pucelle soumise à l’autorité masculine? Et pourquoi pas après tout. Pour appuyer ses dires, elle sourit au jeune homme. Ca l’amuse plutôt comme rôle. Mais Dieu que cela doit être ennuyeux à vivre au quotidien. Enfin, avec un peu de chance, cela suffira à éloigner tout soupçon de relation immorale entre Enzo et elle, ce qui est le but recherché.

Quand Enzo, revient, alcool en main, Gautier a sorti son fromage. Elle sourit en coin en entendant les paroles du jeune bourguignon.  

Si vous parlez finance, je vais boire en vous écoutant. Moi je n’y connais rien, mais mon cousin adore discuter écus, n’est-ce pas Enzo?

Ca n’est pas totalement vrai. Mais pas complètement faux non plus. Enzo est riche, elle le sait, même si elle ne se représente pas vraiment la chose. Gabrielle se contrefiche de l’argent, elle n’a pas encore compris que c’est un grand pouvoir. Un jour viendra où elle saura. En attendant, elle profite de la générosité d’Enzo à son égard, générosité qui a la couleur ambrée des alcools forts dont elle raffole.
A quoi d’autre pourrait bien servir la richesse si ce n’est à garnir sa cave? 

*Eugène Cloutier
_________________

Enzo.blackney

[Et moi je met pas de citation ! ]

« Ehm ! »

À peine son regard avait coincé le sourire de Gautier à l'intention de Gabrielle, que cette dernière donnait une explication à son comportement. Comme s'il devait en avoir une. C'est que bon, là, il était vexé, car pour lui c'est aussi une façon pour lui faire passer le message du fait qu'il a peut-être abusé dans son comportement. Les sourcils froncé, son regard se pose sur Audoin, puis de nouveau sur sa cousine et le jeune homme. Doit-il dire quelque chose ? A t-il une situation à sauver ? Ce n'est pas son genre pourtant de rattraper ses boutade, car pour lui, il n'en fait pas. Non, il ne se croit pas parfait, seulement, sa condescendance amène le fait qu'il n'accepte pas faire ce genre d'erreur. Surtout quand ça touche, potentiellement, des parts de sentiments qu'il ne se refuse de croire. Amoureux ? Pas vraiment. C'est complexe, et même lui n'y comprends rien. Il soupire et secoue la tête un petit peu.

« Exactement ! »

Un mot. Efficace. Et d'offrir la bouteille, car les verres sur la routes, on a pas. Il revenait lorsque sa cousine à lâcher ses mots, et il a vu le sourire du jeune homme en s'en venant, et pourtant il a dit ce mot. Il apprendra avec le temps à être indifférent. Peut-être plus odieux. Ça seul le temps le dira. Pour l'instant Blackney prend le bout de fromage, y goute sans hésitation et hoche simplement la tête aux propos de Gautier et Gabrielle, le temps de bien gouté. Il a tilter sur l'agacement, et sourit narquois.

« Bon fromage. Hum. Nous voyageons. Simplement. Quelques petites choses familiales à régler. Et oui, parler écus est fort intéressant...»

Regard rapide vers Gabrielle, alors qu'il attend qu'un des deux prennent la bouteille pour y gouté. Le goût du fromage est exquis. Il aime. Après tout, Enzo à bon goût, et même s'il préfère les spécialités du sud, et de la Normandie, car il a grandit là-dedans, il est ouvert aux cultures. Contrairement à autre chose. C'est donc sans hésitation aucune qu'il en croqua de nouveau dans son bout avec appétit. Accompagné d'un Jambon de Bayonne et d'un rosé, ça aurait été parfait. Ils avaient l'Armagnac, c'était déjà pas mal. Pour ce qui est du Jambon. Sur la route il aurait pu été très bon.

« Ma mère est né en Bourgogne, et pourtant, jamais je n'avais gouté. Ehm, mais dites-moi. Si vostre duché est riche, pourquoi cette pointe d'agacement ? Normalement, avoir un Duché riche est signe de prospérité et, en ce cas vous devriez en être fier. »

Le Blackney le fixe. Il attend la réponse curieux, un peu certain de connaître la réponse de cet agacement. Pour avoir marchandé, et pour être riche et côtoyé qui s'agaçait devant son allure et façon de remettre des bourses avec désinvolture, il avait une idée du pourquoi le Enzo mais odieux comme il est, il aimerait bien que le jeun homme lui explique cet agacement...

Le fils du Chat pourrait devenir opportuniste...
_________________

Gautier.de.vaisneau

Bien. Puisque le brun possède la maturité de ne pas réagir à sa provocation vis à vis de Gabrielle, et puisque celle ci vient de lui fournir une explication qui lui convient tout à fait; il détourne son attention de la brune et s'enveloppe dans sa froideur habituelle en face d'une femme. Seules quelques rares exceptions pouvaient attiser son respect et sa sympathie. Avec la majorité il restait froid, disant et cordial mais une colère sourde grondait envers la gente féminine. Alors oui, il crut Gabrielle quand elle lui parla de protection et cela rehaussa l'actuelle pale estime qu'il possédait pour le Blackney. Effectivement, le Vaisneau jugeait qu'il était là le rôle du cousin, du frère puis par la suite du mari; une simple question d'honneur. Et comme Gautier respectait ce rôle là, il ne regarderait Gabrielle qu'uniquement empli de froideur.

Le jeune homme prit la bouteille et avala doucement deux gorgées. Pas trop car il n'aimait pas l'alcool mais un peu quand même par pure politesse. A la fois il se fichait bien de l'avis des autres sur lui, à la fois il possédait des règles de savoir vivre auxquelles il ne dérogeait jamais. Par ailleurs, son goûté n'était pas très développé; pas la gourmandise qui le tuerait. Le brun Vaisneau tend donc la bouteille à la femme, répondant à la question d'Enzo. Son visage était plus ouvert et il se montrait d'avantage sympathique avec le Blackney.

- Pourquoi croyez vous que les riches ne côtoient pas les pauvres ? La vue de la richesse rend les pauvres amers et frustrés. Il est aisé de détourner des fonds municipaux mais je vous prie de croire que la tache est bien plus ardue avec le trésor ducal. On dit que l'argent ne fait pas le bonheur. On voit bien que ce genre de philosophies là viennent des riches.

Quand il était question de sujet un peu plus conceptuel, la langue du jeune homme pouvait se délier. Il n'avait certes pas l'allure de son frère, on sentait même dans ses gestes les vestiges d'une certaine maladresse mais cela ne l’empêchait pas de posséder un esprit cultivé et un charme sûr.
Le jeune homme ne souhaitant pas déblatérer indéfiniment sur son manque de revenus, il préféra tenter directement de profiter de l'opportunité. Son regard se fit défiant et les azurs se posèrent tour à tour sur Gabrielle et Enzo.

- Apprécier discuter d'argent est une chose mais aimez vous... jouer argent ?

Tout de suite, cela devenait plus intéressant. Le Vaisneau possédait une idée derrière la tête.

Gabrielle_blackney

[Les seuls problèmes que l’argent peut résoudre sont des problèmes d’argent.*]

Chouette, Gautier la croit. Mais du coup, il reporte tout son intérêt sur Enzo. Et oui, le noble et valeureux cousin qui remplit bien sa mission de protection envers sa pucelle de cousine. Décidemment, Gabrielle ne se fera jamais à ces règles imbéciles. Mais elle ne dit rien. Elle subit la loi des hommes et de son époque, du moins en apparence. Et c’est très bien comme ça. Se rebeller ouvertement ne la mènerait à rien, il faut parfois savoir se cacher pour être libre.
Elle se retrouve donc là, sur un chemin poussiéreux, le fromage dans une main, la bouteille qu’elle prend à Gautier dans l’autre. Entre les deux nobles qui discutent écus. Alors elle écoute en buvant, que faire d’autre ?
Il n’a pas tort le bourguignon. Il n’y a que les riches pour penser que l’argent n’a pas d’importance, la noblesse se doit de ne pas vouloir s’enrichir et pourtant, c’est l’argent qui fait tourner le monde et amène le pouvoir. Ca n’intéresse pas Gabrielle mais elle en est au moins consciente. Si l’argent ne l’intéresse pas c’est parce qu’il ne peut pas lui acheter ce qu’elle veut vraiment, la liberté de mener sa vie comme elle le souhaite, ni les yeux verts de son cousin. L’argent n’achète rien de ce qui vaut vraiment le coup pensait Gabrielle.
Elle hoche néammoins la tête au propos de Gautier. L’argent rend fous ceux qui n’en n’ont pas autant que ceux qui en ont. Et les riches mènent une vie étrange et déconnectée.
Elle pose son regard bleu sombre sur Enzo. Il est riche et ça lui plait, il aime l’argent, mais elle ne sait pas pourquoi. Il peut se payer des catins, de beaux vêtements, les plus grandes chambres d’auberge et les meilleurs alcools. Mais il ne paraît pas si heureux et serein pourtant. Enfin, Gabrielle n’en sait rien, elle ne parle pas de ça avec lui. Il ne répondrait probablement pas. Enzo est un mur de non dits à abattre. Mais elle l’aime comme ça et elle supporte ses silences, ses soupirs agacés, son arrogance, sa mauvaise humeur. Oui, elle supporte parce qu’il lui accorde parfois ses sourires et ses rires, sa main caressante et – surtout – quelques franches discussions où il lui apparaît tel qu’il est vraiment, rares et précieux moments pour lesquels elle accepte le reste.

Apprécier discuter d'argent est une chose mais aimez vous... jouer argent ?

Gabrielle tend l’oreille. La discussion prend un tour bien plus intéressant. Parce que Gabrielle est joueuse. Et si elle n’a pas d’argent, elle a des idées. Et elle aime jouer avec les écus, les pubs de Douvres et de Londres s’en souviennent. Elle a joué, elle a perdu, elle a gagné.
Elle sourit au jeune noble.

Jouer argent c’est bien. Mais perdre, c’est contrariant. Alors ça rapporte quoi ? Parce que les gens ont la fâcheuse manie de vouloir prendre des risques avec de l’argent qui n’est pas à eux. Moi je dis que plus le risque est grand et plus ça doit enrichir celui qui a les fonds au départ. Enfin, ceci ne me concerne pas, je suis joueuse mais je n’ai pas les écus pour ça…

Elle sourit à Gautier pour ponctuer son petit discours, pose un instant ses yeux bleus sur Enzo et prend une rasade d’Armagnac. Quand Gabrielle sera riche, elle aura la plus belle cave du Royaume, elle se le promet.

*Kin Hubbard
_________________

Enzo.blackney

« L'argent est l'argent, quelles que soient les mains où il se trouve. C’est la seule puissance qu’on ne discute jamais. »

de Alexandre Dumas

- « Ehm. Je ne suis point d'accord. Je connais des pauvres gueux qui m'ont semblé bien heureux, malgré leurs peu de revenu. Ils doivent aimer la servitude, car n'est-ce pas là le but des pauvres de servir plus riche ? Il faut bien, puisqu'ils n'ont pas les moyens d'être servit. Je crois pertinemment que sans riche et sans pauvre l'économie serait rude. Voyez bien que la moyenne bourgeoisie ne sert à rien... Puis nous sommes tous pareil, on veut l'argent. Le pouvoir que confère cette monnaie. Mais il suffit de la gagner.* »

Paroles quelques peu prétentieuse, mais il allait tout de même pas donner la fortune de sa famille, et ce qu’il avait amassé par lui-même à force des quelques années à des gueux qui ne faisait rien pour s’élever dans la société. Non, il suffisait simplement de travailler plus, et chercher les bonnes opportunités d’argent. L’usure en était une. Enzo l’avait rapidement compris. Ainsi aux paroles de Gautier ses yeux verts allèrent se fixer dans ceux du jeune homme, les sourcils se fronçant un peu. Il observait, avec attention cherchant le moindre geste, la moindre lueur narquoise sur le visage, quelque chose qui pourrait identifier l’idée qui semble germer chez son interlocuteur. Le jeune Blackney n’aime pas l’ennui, et cette rencontre par hasard semble apporter tout ce dont il a besoin pour l’instant. Gab, de l’alcool, de quoi manger et une discussion fort intéressante. Alors c’est sur le jeune homme que se créer le sourire narquois, une main allant se glisser dans sa chevelure. Son regard se pose alors que sa cousine, puis sur Gautier.

- « J’approuve totalement ce que dis Gabrielle. Les femmes n’ont pas toujours que des mauvaises idées, et à brailler pour une robe ou manipuler les hommes… »

Petit sourire mesquin pour Gabrielle, l’éclat dans ses yeux démontrant qu’il allait saisir la perche que lui tendait Gautier. Et si en plus de ne plus s’ennuyer ça lui rapportait, le Blackney en serait plus qu’heureux. Tellement qu’il pourrait raccompagner sa cousine dans sa chambre de l’auberge où il aurait élu domicile pour la nuit. Oui, Enzo à certains penchant déviants, et un tremblement dans sa main vient démontrer que ça l’extasie un peu. Trop peut-être. C’est mal. Tout ce qui est hors du rang qu’il doit tenir est mal. Il est au courant, et ses lèvres de se crisper en un rictus. Il secoue la tête avec énergie prenant la bouteille des mains de Gabrielle pour se prendre une assez bonne gorgée. Une bonne descente, rien de mieux pour effacer les angoisses et quelques petites voix qui dit de ne pas jouer sur ce terrain. Un sourire amusé ponctue cette descente alors qu’il tend la bouteille entre ses deux interlocuteurs. Que celui qui la veux, la prenne.

- « Alors, qu’avez vous en tête Gautier. Dites-nous, ça m’intéresse…»

Qu’avez-vous à perdre… ?

*Libre adaptation d'une citation de de Marguerite Duras
_________________

Absque argento omnia vana.