Marin_bellay
[It's gettin' dark, too dark to see
I feel like I'm knockin' on heaven's door.]*
Remonter!
Sortir des éléments déchaînés et respirer!
Les poumons du Balafré sont sur le point dexploser. La brûlure dans sa poitrine grandit et gagne à présent tout son corps. Il se débat tel un pantin désarticulé flottant entre deux eaux. Lair vicié séchappe par ses narines mais rien ne vient le remplacer. Le manque doxygène devient insupportable et toutes les cellules de son corps se mettent à hurler à lunisson leur besoin du précieux mélange gazeux. Marin en est maintenant certain, son temps est venu.
Alors que, shabituant difficilement à une obscurité de plus en plus oppressante, ses yeux shabillent dun voile terne et quune teinte glauque colore ses orbites, un dernier tourbillon lattire vers les hauts fonds. La pression augmente au fur et à mesure de sa descente et ne fait quaccentuer la sensation de se faire broyer par les mains gigantesques dun puissant dieu païen. Le son devient peu à peu sourd. Il nentend plus que les battements de son coeur qui résonnent dans son crâne. Puis, graduellement, des doigts invisibles font monter le volume imaginaire dune musique venue de nulle part, étrangement douce et enivrante qui lui emplie la tête. Un nuage de bulles minuscules se forme et lentoure dun linceul immaculé Dans quelques instants, tout sera terminé.
II se laisse donc aller et abandonne toute résistance. Il est désormais serein, prêt à être englouti par cet océan qui, il lespère, lui permettra de retrouver Orphéa, ses boucles rousses ondulant sur sa peau dalbâtre, son regard vert pétillant qui le fixe avec espièglerie. Il pourra alors à nouveau la prendre dans ses bras et passer avec elle cette éternité que les curés promettent chaque dimanche dans leurs prêches illusoires. Leurs corps et leurs esprits enfin réunis, fusionnés à jamais.
Dans un dernier soubresaut, un réflexe désespéré et incontrôlable, son corps secoué de spasmes se tend violemment et il ouvre la bouche dun seul coup en un cri silencieux. Leau sengouffre, inonde sa gorge avant darriver dans son oesophage et finit par remplir jusquà la plus petite de ses alvéoles pulmonaires. Il jette un dernier regard sur les abysses sombres qui lentourent, là où, quelques secondes plus tôt, se tenait la taverne et ses compagnons dinfortune, quand un flash bleuté irradie soudain lespace.
Il ny a bientôt plus quune immensité blanche. Vide et silencieuse.
Marin attend. Il attend de voir la main de sa douce amie apparaître, lattraper et quils séclipsent définitivement Ensemble.
Mais rien ne vient.
Rien excepté des visages qui se dessinent, non loin dune cheminée, dans une taverne quil croyait à jamais disparue.
Retour à la case départ Marin. La rencontre avec la faucheuse ne sera pas pour aujourdhui, les retrouvailles non plus Ce jour viendra Mais
plus tard.
* Bob Dylan
I feel like I'm knockin' on heaven's door.]*
Remonter!
Sortir des éléments déchaînés et respirer!
Les poumons du Balafré sont sur le point dexploser. La brûlure dans sa poitrine grandit et gagne à présent tout son corps. Il se débat tel un pantin désarticulé flottant entre deux eaux. Lair vicié séchappe par ses narines mais rien ne vient le remplacer. Le manque doxygène devient insupportable et toutes les cellules de son corps se mettent à hurler à lunisson leur besoin du précieux mélange gazeux. Marin en est maintenant certain, son temps est venu.
Alors que, shabituant difficilement à une obscurité de plus en plus oppressante, ses yeux shabillent dun voile terne et quune teinte glauque colore ses orbites, un dernier tourbillon lattire vers les hauts fonds. La pression augmente au fur et à mesure de sa descente et ne fait quaccentuer la sensation de se faire broyer par les mains gigantesques dun puissant dieu païen. Le son devient peu à peu sourd. Il nentend plus que les battements de son coeur qui résonnent dans son crâne. Puis, graduellement, des doigts invisibles font monter le volume imaginaire dune musique venue de nulle part, étrangement douce et enivrante qui lui emplie la tête. Un nuage de bulles minuscules se forme et lentoure dun linceul immaculé Dans quelques instants, tout sera terminé.
II se laisse donc aller et abandonne toute résistance. Il est désormais serein, prêt à être englouti par cet océan qui, il lespère, lui permettra de retrouver Orphéa, ses boucles rousses ondulant sur sa peau dalbâtre, son regard vert pétillant qui le fixe avec espièglerie. Il pourra alors à nouveau la prendre dans ses bras et passer avec elle cette éternité que les curés promettent chaque dimanche dans leurs prêches illusoires. Leurs corps et leurs esprits enfin réunis, fusionnés à jamais.
Dans un dernier soubresaut, un réflexe désespéré et incontrôlable, son corps secoué de spasmes se tend violemment et il ouvre la bouche dun seul coup en un cri silencieux. Leau sengouffre, inonde sa gorge avant darriver dans son oesophage et finit par remplir jusquà la plus petite de ses alvéoles pulmonaires. Il jette un dernier regard sur les abysses sombres qui lentourent, là où, quelques secondes plus tôt, se tenait la taverne et ses compagnons dinfortune, quand un flash bleuté irradie soudain lespace.
Il ny a bientôt plus quune immensité blanche. Vide et silencieuse.
Marin attend. Il attend de voir la main de sa douce amie apparaître, lattraper et quils séclipsent définitivement Ensemble.
Mais rien ne vient.
Rien excepté des visages qui se dessinent, non loin dune cheminée, dans une taverne quil croyait à jamais disparue.
Retour à la case départ Marin. La rencontre avec la faucheuse ne sera pas pour aujourdhui, les retrouvailles non plus Ce jour viendra Mais
plus tard.
* Bob Dylan