La douleur s'estompait...
Rien de bien grave de toute façon, l'effet de surprise avait été plus douloureux que le coup en lui même, mais avant même qu'il ne puisse rassurer la marquise, cette dernière s'était confondue en excuse...
Rien qui ne puisse choquer Alto...
Par contre, quand cette femme si frêle vînt passer ses mains autour de sa poitrine, le voilà déjà moins à l'aise.
Beaucoup plus confiant dans les débats houleux que dans les confidences, le tribun évitait tant que possible les rapports physiques, les aides, tout ces moments de faiblesses ou l'on se permet de montrer à l'autre que l'on a besoin de lui.
Et pourtant, en cet instant, cette femme l'enserre et l'aide à s'asseoir.
Rien qui ne puisse choquer Alto, mais le voilà tout de même un peu destabilisé.
Se laissant porter, il écoute les excuses de la marquise, lui répondant d'une moue qu'il espère bienveillante et paternelle, bougeant la cheville pour montrer que la mécanique marche encore, bombant le torse pour suggérer qu'il faudrait plus qu'un tit caillou pour entamer pareille bête...
Se concentrant sur le visage et les yeux de marie, une drôle d'expression transpire.
De l'embarras, sans aucun doute...
De la honte, peut être un touche...
Mais il y a plus que cela.
une forme de tristesse, de mélancolie, d'envie d'abandon peut être.
La Dame n'est pas très agé, et Alto n'est plus un jouvenceau. Soudainement, il souhaiterait rendre service à cette femme, qu'il apprécie:
Lui rendre un service, soulager sa peine, il se dit que peut être, son age aidant, la jeune femme pourrait se confier à lui, soulager son âme et son coeur.
La marquise lui conte l'histoire de son ami bourguignon.
Histoire simple, courante, guère originale étant donné l'époque, mais qui pourtant semblait provoquer un vif émois chez la jeune femme...
Dame, je comprend votre sentiment, mais vous ne lui seriez guère plus utile sur un lit dans une pièce adjacente. Pourquoi souhaiteriez vous lui causer mauvais sang à vous savoir vous aussi blessée? Non, vous êtes bien mieux ici, en bonne santée, et en hâte de le revoir, cela lui fera chaud au coeur, je n'en ai nul doute.
En tout cas, il semble prendre une place particulière en votre esprit, et je languis de pouvoir le saluer. Gageons que ce jour ne sera pas trop lointains, de nos jours les blessés sont vites remis sur pieds, et il ne faudra pas une lune avant que votre aimé ne traverse les murs de notre belle ville.
Puisse cette dernière lui plaire, et que vous preniez décision de vous installer ici.
Il essayait de trouver des mots réconfortants, maladroitement
Il tentait de la rassurer, lui qui n'avait guère l'habitude de ce genre de diplomatie.
La jeune marquise semblait vider son sac, et même si Alto se trouvait un peu géné de la situation, sans doute faisait-elle cela car elle en avait besoin, et en ce cas, s'était important qu'il la soutienne dans son entreprise.
Dame Marquise soyez sure que vous n'êtes pas seule dans votre tristesse, les rapports humains sont parfois... complexes...
Non mais il raconte quoi là le tribun, telle parole n'était pas son lot quotidien, et pourtant, il sentait quelque chose de froid au fond de lui qui ne demandait qu'à se réchauffer.
J'ai moi même perdu signe de vie d'une personne qui m'était chère, une femme d'une grande gentillesse et d'une grande intelligence, et que je ne parviens plus à joindre malgré des paroles d'engagements.
Crispant les machoirs, le tribun se rendit soudainement compte des anneries qu'il était en train de proférer...
Lui, se confier de la sorte à une inconnue, exposer ainsi ses propres sentiments, ses doutes et ses peines...
Quelle infamie...
Suprémement en colère contre lui même, Alto rattacha ses cheveux bombant le torse, posant sa voix pour qu'elle soit plus grave, plus profonde..
Sa carapace s'était reformée
Et sinon, comment se porte votre fille, se plait elle icelieu?