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[RP]istolaire III

Mai


    A Saumur, coincée entre Kirke et Théophraste, Marie riait aux éclats,
    Quand un jeune garçon rentra essouffler d’avoir trop couru.


    Une missive pour Marie de Kermorial !

    Tendant le bras, vers le gamin, la blonde lui glissa une pièce en échange du pli.
    Le sceaux fut rapidement brisé et les cursives lu avec grande attention par trois paires d’yeux.
    Les deux Penthièvre étant curieux comme des pies !


      Damoiselle,

      Je viens par la présente vous prévenir que votre ami, le Seigneur Judas Von Frayner se doit de rester pour le moment à Bourges. En effet celui-ci ayant subi une attaque de l'armée, il est arrivé à Bourges en bien mauvais état mais surtout, ses suivantes semblent ne s'être pas remises de cet incident. Il souhaite donc attendre de toutes les retrouver et me fait-vous dire que vous pouvez rester encore dans ses appartements. Il vous remercie de votre compréhension.

      A…


    Hum… Hum. Les sourcils froncés, la blonde tremble un peu alors que l’inquiétude chasse toute les vilaines pensées qui emplissaient son cœur ces derniers jours. Disparus les «J’mérite mieux», les «je n’l’aime pas» et les «je n’veux plus le revoir». Il y a plus rien de cela dans la caboche de la Myosotis. Seuls les mots de l’inconnue s’impriment en grand dans son esprit.

    « Bien mauvais état…»

    Judas était blessé, mal, au point de ne pas pouvoir lui écrire lui-même, mais assez éveillé pour penser à la faire prévenir. L’état de son escorte, elle n’en a rien à foutre. Clairement rien à foutre. Ce ne sont que des lignes de perdues pour lui donner des nouvelles de son amant. C’est vague un «bien mauvais état» et ça laisse présager du pire. Marie se met à maudire la plume qui l’avait prévenue, d’avoir fait preuve de si peu d’émotion dans ses écrits. On voyait bien que ce n’était pas son Judas à elle, tiens !!!

    Oui, il est de nouveau à elle… Passons.

    Une lettre polie mais brève fut griffonné à l’attention de la messagère dont l’hermine, bien que reconnaissante ne faisait que peu de cas. Puis une missive plus longue, fut adressée au bourguignon, écrite à l’abri des regards indiscrets, les mains frémissantes d’un trop plein de nervosité.


Citation:


    Mon Judas,
    Mon ami, mon amant, mon a
    mo*@☠$¤ *Vilaine rature*


    Une lettre vient de me parvenir il y a une heure. Une parfaite inconnue me disait que vous aviez été gravement blessé en voulant me rejoindre. Je vous en prie dites-moi qu’il y a méprise, que tout cela n’est qu’une mauvaise blague, que cette demoiselle est folle ! Mon sang n’a fait qu’un tour en la lisant, je vous en prie rassurez moi !

    J’attends vos mots, fébrile. Que le Très Haut vous ai gardé.


    Affectueusement.
    Marie.


    PS : Je suis déjà à Saumur, trop impatiente de vous revoir, j’avais marché à votre rencontre.

    Le post scriptum n’est qu’un mensonge.
    Mais la peur l’étreint tellement qu’elle ne s’en rend pas compte.

_________________
Mai


    Plus tard dans la nuit, une seconde lettre arriva de la part de l'inconnue...



      Damoiselle,

      Ne soyez pas inquiète quand à l'état physique de votre ami. Quelques écorchures et une épaule démise. Je me suis chargée de la lui remettre et de soigner les égratignures avec mes quelques connaissances. Je m'interroge surtout de son état mental. J'ai pu comprendre que ses suivantes avaient disparu de son giron, à savoir pour les citer Nyam, Azrael, Iris, Eleonore, Suzanne et une certaine Anaon pour qui il semble se faire énormément de souci. En effet il s'inquiétait de savoir si elle l'avait abandonné "encore une fois". Il était fiévreux, mais je vais lui trouver quelques potions pour que cette fièvre tombe et surtout qu'il se remette de cette terrible épreuve. Il m'a juste dit de vous prévenir et de vous indiquer que vous pouviez rester dans son appartement, rien d'autre, si vous le souhaitez, je le lui demanderai.

      Je vous souhaite une bonne fin de journée.

      A..

    Il y eu la lecture puis...

      La sidération,
      Le déni,
      La colère,
      L'abattement,
      La résignation,
      L'acceptation fataliste,
      La résilience.

    Les sept étapes du deuil.



    Judas allait parfaitement bien, finalement.
    Temps perdu que de s’inquiéter pour lui.
    Qu'il reste donc à Bourges a se soucier de sa Cour,
    plutôt que de jouer au yoyo avec le coeur d'une Kermorial.
    Marie se passerait de lui désormais...



_________________
Judas
Judas qui lui n'imaginait pas les joutes prolixes de l'esprit-coeur breton, quelque part au delà de l'Anjou, recouvrait lentement la santé dans son prieuré bénédictin. Loin de lui les affres du coeur, loin de sa personne l'idée de reprendre la route pour aller braver armée et maladrins... Les jours passaient et se ressemblaient, au chevet des femmes qui avaient composé son escorte personnelle le Von Frayner n'avait eu ni l'envie ni la force de répondre à la missive de Marie. Elle était au courant, c'était bien assez pour l'heure. Préoccupé par des idées noires, des inquiétudes inavouées et des projets avortés, Judas procrastinait.

Pourtant, quelques jours après son premier contact avec la réalité depuis l'accident malheureux, une main eut tôt fait de découvrir la lettre repliée sous ses bandages, purement et simplement oubliée. La main de dieu, peut-être. Elle avait été posée là, juste à coté de sa couche. La vision le ramena à ce qu'il se passait hors les murs du monastère. Il lui fallut alors se rendre à l'évidence que, s'il ne répondait pas, la Montfort risquait fort de lui en vouloir, ou d'imaginer diable savait quoi.

Bon gré malgré, par courtoisie, obligation, conscience ou simple réflexe de bienséance, il prit quelques minutes pour faire suivre.


Citation:
Marie, Belle Kermorial.

La gravité de mes blessure est moindre, je me remet chaque jour un peu plus du drame qui s'est joué aux portes de Tourraine. Cependant je me dois de vous informer que je ne viendrai pas, ne voulant prendre le risque d'une nouvelle saignée dans mes rangs bien frêles. Non Marie, je ne viendrai pas en Anjou. Je regagnerai le Maine par d'autres chemins peut-être, ou je retournerai en Bourgogne si le Très Haut le veut, et ce seulement lorsque je pourrais le faire avec toutes les personnes qui m'ont accompagnées dans la tourmente, mortes ou vives. Pour l'heure, leur blessures sont bien plus sérieuses que les miennes, et je compte une disparue. Alors gardez-vous de vous faire du mouron, et ne vous inquiétez point de mon sort. Priez plutôt pour l'unité que je déplore en perte abrupte, priez Marie, pour l'envie et l'assurance que j'ai perdu voilà quelques jours. Nous nous reverrons un jour prochain, assurément.

Le Très Haut vous garde, vous et vos enfants.

Judas Gabryel Von Frayner.


Désabusée, la senestre froissa le pli, la main malheureuse aura tôt fait de continuer son oeuvre et de l'envoyer à sa destinataire.
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