Kijune
.
Kijune fut obligée de remettre Antoine à sa place. Oh ouiii! Non mais! Il croyait pouvoir faire des plaisanteries ainsi? Les cuisses, le bras, les joues et même une fesse furent pincées! Et toc! qu'elle dit en riant! Non mais! Quel toupet que de parler avec tant de légereté de son bout de peau dénudé! Mais Kijune riait autant que les autres et était heureuse qu'Antoine en parle en dérision. Mais elle le pinça tout de même et lui empoigna la nuque pour lui faire un "shampoing" en grattant son cuir chevelu! L'homme se débattit avec courage et Kij finit pieds et poings liés au sol par l'étreinte de ses bras. Elle remua sous l'étreinte et dit:
_ Tu as gagné, jeune Padawan. Rends moi Ma Force.
Padawan était un jeune-homme avide de pouvoir qui était conté dans bon nombre de légendes, le mentionner était monnaie courante, ou presque. Légende aussi connue que Sinouhé l'est pour les Égyptiens.
L'étreinte qui liait Antoine et Kijune se libéra, mais, bagarreuse, elle tenta tout de même de lui pincer le nez et sa Vieille vint à la charge, enfonçant sa langue en spirale dans l'une des narines d'Antoine qui eut un tel recul de dégout qu'il en tomba du tabouret!! C'est vrai qu'elle avait fort mauvaise haleine... Si Kijune l'avait dissuadée de lui faire des bisous, cette règle échappait au chien quand il ne sagissait pas d'elle...
Pout grimaça et Moudou cracha un mollard dans le feu qui crépita. Se faire ainsi nettoyer la narine n'est pas du gout de tous! Tandis qu'Antoine repoussait vigoureusement la Vieille, il se frottait le narine sous les rires étranglés de Kijune.
Des éclats de rire fusèrent. Les conversations étaient libres et aisées. Kijune avait retrouvée sa joie. L'humour d'Antoine l'avait grandement aidée. Qu'il parle ouvertement de sa bévue et la tourne ainsi avait réussi à faire rire une Kijune gênée. Grâce à lui, toute sa bonne humeur était revenue. Même elle avait plaisanté de ce bout de chair dénudé!
Elle était heureuse de cette discussion avec Antoine. Il l'avait comprise et c'était précieux pour elle. Les plaisanteries fusèrent encore, parfois grivoises mais sans réelle vulgarité. Kijune se leva de son tabouret, les cheveux défaits par son jeu de main avec Antoine, et fit jouer les pans de sa houppelande, dévoilant une cheville, un mollet couvert d'une dentelle. Enhardie par lalcool et surtout par sa légèreté retrouvée, elle mit les hommes au défi:
_ Vous qui vous croyez si malins et si forts, savez-vous faire cela?
Debout, Kijune leva la jambe et attrapa sa cheville droite, un main posée sur l'épaule de Pout comme appui. Là, elle leva sa jambe et son tibia finit par se coller à sa poitrine, sa cheville en face de ses lèvres! Cette fois, les pans de sa robe cachèrent l'essentiel car ils retombaient entre ses jambes. Seul son mollet rond était dénudé, bien que vêtu de ses bas. Le dos droit, jambe en l'air, elle regardait d'un air victorieux les hommes. Sa souplesse avait toujours été présente depuis sa naissance, et elle en faisant démonstration lorsque l'alcool lui échauffait les sens. Bien qu'elle soit de nature discrète, elle était aussi de nature charmeuse. Et sa souplesse était un atout de séduction qui laissait les hommes abasourdis et envieux. Les regards imaginatifs lui plaisaient. Elle fit un clin d'oeil et, toujours empoignant sa cheville, elle plia gracieusement le genou - complètement guéri de sa chute - et posa son pieds au sol, tapotant l'épaule de Pout pour son aide involontaire à son équilibre.
_ Vous, hommes, êtes aussi souples que des manches à balais!
Le ton fut volontairement hautain et méprisant, tel un crachat de venin qu'annula son rire. Son rire n'était ni grave ni aigu. Ni de gorge, ni nasal. Un rire qu'on ne montre pas du doigt, ni un rire enchanteur, juste un rire. Son rire. Qui fusa encore et encore accompagné de celui des hommes.
[Plus tard]
Kijune était enveloppée de son châle et des bras d'Antoine qui avait rapproché son tabouret d'elle. Ces tabourets étaient de simples ronds de bois assez larges pour le confort des larges postérieurs aux pieds minuscules faisant moins de 30 centimètres de haut. Leur bout assez pointu s'enfonçait bien dans un sol meuble, Kijune les avait fabriqué exprès. Les fesses des occupants étaient éloignés de l'humidité de la terre tout en étant à bon niveau du sol pour qu'ils n'aient pas trop à courber le dos.
Une bouteille de whisky fut terminée après la bouteille de rouge du repas. Ils étaient gais, habité d'un calme apaisant. Le silence vint quelques instants et nul n'en fut gêné. Kijune apporta la liqueur de sa "Sorcière". C'était des fruits, des plantes, des racines et champignons séchés qui formaient de la lie au fond de la bouteille verdâtre. L'odeur était aigre mais fruitée, et son goût laissait sur le palais un arrière goût d'humus.
_ Cette liqueur a été faite au cur de la forêt de Bourgogne par une vieille femme très savante. Il faut l'apprécier à sa juste valeur, ne pas en abuser. Buvez, mes amis. Dit Kijune en servant.
La jeune-femme était blottie, près du feu et contre Antoine, son corps paraissant si petit, si frêle au creux du torse masculin qui l'enserrait de ses bras. Sa tête était posé sur l'un de ses pectoraux. Pout, penché en arrière prenait appui sur ses mains. Moudou observait les flammes avec une lueur dans les yeux. Le silence revint, comblé par leur bien-être. Puis Moudou parla, sans les regarder.
_ Autrefois, j'ai connu un sage. Un peu comme ton amie de la forêt, Kijune. Cet homme était vieux et sage. Il connaissait beaucoup d'histoires. Quand j'étais petit garçon, j'avais trouvé dans la nature un très beau bâton en bois d'acacia. Jexhibais mon bâton sans jamais vouloir le prêter aux autres qui n'en avaient pas de si beaux. Son bout pointu m'aidait à recueillir le miel des abeilles. Les autres petits garçons et petites filles voulaient aussi les délicieux rayons de miel. Mais c'était mon bâton, et c'est moi qui avait sorti le miel de la ruche. J'ai tout mangé sans rien donner. Le sage du village a eu vent de mon égoïsme et de mon avarice. Un soir, près du feu, un peu comme cette nuit, sous une lune si pleine, il m'a conté une vieille légende. Voulez-vous l'entendre?
Chacun écoutait Moudou. Kijune hocha la tête, déjà captivée. Alors Moudou sortit de sa besace une flûte de bois, jouant des notes à certains moments clés de son court récit.
_ Il était une fois un homme très riche. Il était sans doute lhomme le plus riche de son village. Il était également lhomme le plus avare à telle enseigne quon le surnommait Mbibizo signifiant " lhomme avare ".
Mbibizo était unique par son caractère avare, il navait ni femme ni enfant ni employé, il exécutait lui-même tous les travaux domestiques et il était fier de ne rien dépenser.
Un jour, dans laccomplissement de ses travaux, Mbibizo tomba dans un puits et poussa un cri dappel au secours très violent :
" A laide, à laide!!"! hurlait-il.
Aussitôt, son voisin le plus proche accourut et lui tendit la main en sexclamant :
"Mbibizo, donne-moi ta main que je te sorte du puits."
Mais Mbibizo détestait donner quoique se soit et cest avec retard quil finit par tendre sa main. Ce long temps de réaction lui fut fatal. Sans doute aurait-il survécu si son voisin lui avait dit " prend ma main ".
Les sages du village retinrent que ce fut bien lavarice qui finit par tuer le riche Mbibizo*.
Moudou attrapa un bout de bois et fourragea dans les braises, et finit par lever la tête vers ses nouveaux amis.
_ J'ai été si effrayé de subir le même sort que M'bibizo que, le lendemain, j'ai suivi un autre petit oiseau qu'on nomme indicateur, car il montre aux humains le miel si on leur en donne. Cette fois, j'ai partagé avec l'oiseau et les autres enfants du village. Puis j'ai cassé mon si beau bâton avec une hache et j'en ai donné les bouts aux petits garçons et petites-filles qui m'enviaient tant le jour d'avant. Ainsi, jespérai mon tord réparé.
Puis Moudou joua de sa flûte quelques airs joyeux pour dissiper l'atmosphère lourde de réflexions suite à la simplicité de son histoire. Il semblait que le son mélodieux faisait danser les flammes en rythme. La boisson n'avait rien d'hallucinatoire, mais aidait l'imagination. Le gaité reprendrait le dessus du calme régnant, et la musique de Moudou se fit plus joyeuse.
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Kijune fut obligée de remettre Antoine à sa place. Oh ouiii! Non mais! Il croyait pouvoir faire des plaisanteries ainsi? Les cuisses, le bras, les joues et même une fesse furent pincées! Et toc! qu'elle dit en riant! Non mais! Quel toupet que de parler avec tant de légereté de son bout de peau dénudé! Mais Kijune riait autant que les autres et était heureuse qu'Antoine en parle en dérision. Mais elle le pinça tout de même et lui empoigna la nuque pour lui faire un "shampoing" en grattant son cuir chevelu! L'homme se débattit avec courage et Kij finit pieds et poings liés au sol par l'étreinte de ses bras. Elle remua sous l'étreinte et dit:
_ Tu as gagné, jeune Padawan. Rends moi Ma Force.
Padawan était un jeune-homme avide de pouvoir qui était conté dans bon nombre de légendes, le mentionner était monnaie courante, ou presque. Légende aussi connue que Sinouhé l'est pour les Égyptiens.
L'étreinte qui liait Antoine et Kijune se libéra, mais, bagarreuse, elle tenta tout de même de lui pincer le nez et sa Vieille vint à la charge, enfonçant sa langue en spirale dans l'une des narines d'Antoine qui eut un tel recul de dégout qu'il en tomba du tabouret!! C'est vrai qu'elle avait fort mauvaise haleine... Si Kijune l'avait dissuadée de lui faire des bisous, cette règle échappait au chien quand il ne sagissait pas d'elle...
Pout grimaça et Moudou cracha un mollard dans le feu qui crépita. Se faire ainsi nettoyer la narine n'est pas du gout de tous! Tandis qu'Antoine repoussait vigoureusement la Vieille, il se frottait le narine sous les rires étranglés de Kijune.
Des éclats de rire fusèrent. Les conversations étaient libres et aisées. Kijune avait retrouvée sa joie. L'humour d'Antoine l'avait grandement aidée. Qu'il parle ouvertement de sa bévue et la tourne ainsi avait réussi à faire rire une Kijune gênée. Grâce à lui, toute sa bonne humeur était revenue. Même elle avait plaisanté de ce bout de chair dénudé!
Elle était heureuse de cette discussion avec Antoine. Il l'avait comprise et c'était précieux pour elle. Les plaisanteries fusèrent encore, parfois grivoises mais sans réelle vulgarité. Kijune se leva de son tabouret, les cheveux défaits par son jeu de main avec Antoine, et fit jouer les pans de sa houppelande, dévoilant une cheville, un mollet couvert d'une dentelle. Enhardie par lalcool et surtout par sa légèreté retrouvée, elle mit les hommes au défi:
_ Vous qui vous croyez si malins et si forts, savez-vous faire cela?
Debout, Kijune leva la jambe et attrapa sa cheville droite, un main posée sur l'épaule de Pout comme appui. Là, elle leva sa jambe et son tibia finit par se coller à sa poitrine, sa cheville en face de ses lèvres! Cette fois, les pans de sa robe cachèrent l'essentiel car ils retombaient entre ses jambes. Seul son mollet rond était dénudé, bien que vêtu de ses bas. Le dos droit, jambe en l'air, elle regardait d'un air victorieux les hommes. Sa souplesse avait toujours été présente depuis sa naissance, et elle en faisant démonstration lorsque l'alcool lui échauffait les sens. Bien qu'elle soit de nature discrète, elle était aussi de nature charmeuse. Et sa souplesse était un atout de séduction qui laissait les hommes abasourdis et envieux. Les regards imaginatifs lui plaisaient. Elle fit un clin d'oeil et, toujours empoignant sa cheville, elle plia gracieusement le genou - complètement guéri de sa chute - et posa son pieds au sol, tapotant l'épaule de Pout pour son aide involontaire à son équilibre.
_ Vous, hommes, êtes aussi souples que des manches à balais!
Le ton fut volontairement hautain et méprisant, tel un crachat de venin qu'annula son rire. Son rire n'était ni grave ni aigu. Ni de gorge, ni nasal. Un rire qu'on ne montre pas du doigt, ni un rire enchanteur, juste un rire. Son rire. Qui fusa encore et encore accompagné de celui des hommes.
[Plus tard]
Kijune était enveloppée de son châle et des bras d'Antoine qui avait rapproché son tabouret d'elle. Ces tabourets étaient de simples ronds de bois assez larges pour le confort des larges postérieurs aux pieds minuscules faisant moins de 30 centimètres de haut. Leur bout assez pointu s'enfonçait bien dans un sol meuble, Kijune les avait fabriqué exprès. Les fesses des occupants étaient éloignés de l'humidité de la terre tout en étant à bon niveau du sol pour qu'ils n'aient pas trop à courber le dos.
Une bouteille de whisky fut terminée après la bouteille de rouge du repas. Ils étaient gais, habité d'un calme apaisant. Le silence vint quelques instants et nul n'en fut gêné. Kijune apporta la liqueur de sa "Sorcière". C'était des fruits, des plantes, des racines et champignons séchés qui formaient de la lie au fond de la bouteille verdâtre. L'odeur était aigre mais fruitée, et son goût laissait sur le palais un arrière goût d'humus.
_ Cette liqueur a été faite au cur de la forêt de Bourgogne par une vieille femme très savante. Il faut l'apprécier à sa juste valeur, ne pas en abuser. Buvez, mes amis. Dit Kijune en servant.
La jeune-femme était blottie, près du feu et contre Antoine, son corps paraissant si petit, si frêle au creux du torse masculin qui l'enserrait de ses bras. Sa tête était posé sur l'un de ses pectoraux. Pout, penché en arrière prenait appui sur ses mains. Moudou observait les flammes avec une lueur dans les yeux. Le silence revint, comblé par leur bien-être. Puis Moudou parla, sans les regarder.
_ Autrefois, j'ai connu un sage. Un peu comme ton amie de la forêt, Kijune. Cet homme était vieux et sage. Il connaissait beaucoup d'histoires. Quand j'étais petit garçon, j'avais trouvé dans la nature un très beau bâton en bois d'acacia. Jexhibais mon bâton sans jamais vouloir le prêter aux autres qui n'en avaient pas de si beaux. Son bout pointu m'aidait à recueillir le miel des abeilles. Les autres petits garçons et petites filles voulaient aussi les délicieux rayons de miel. Mais c'était mon bâton, et c'est moi qui avait sorti le miel de la ruche. J'ai tout mangé sans rien donner. Le sage du village a eu vent de mon égoïsme et de mon avarice. Un soir, près du feu, un peu comme cette nuit, sous une lune si pleine, il m'a conté une vieille légende. Voulez-vous l'entendre?
Chacun écoutait Moudou. Kijune hocha la tête, déjà captivée. Alors Moudou sortit de sa besace une flûte de bois, jouant des notes à certains moments clés de son court récit.
_ Il était une fois un homme très riche. Il était sans doute lhomme le plus riche de son village. Il était également lhomme le plus avare à telle enseigne quon le surnommait Mbibizo signifiant " lhomme avare ".
Mbibizo était unique par son caractère avare, il navait ni femme ni enfant ni employé, il exécutait lui-même tous les travaux domestiques et il était fier de ne rien dépenser.
Un jour, dans laccomplissement de ses travaux, Mbibizo tomba dans un puits et poussa un cri dappel au secours très violent :
" A laide, à laide!!"! hurlait-il.
Aussitôt, son voisin le plus proche accourut et lui tendit la main en sexclamant :
"Mbibizo, donne-moi ta main que je te sorte du puits."
Mais Mbibizo détestait donner quoique se soit et cest avec retard quil finit par tendre sa main. Ce long temps de réaction lui fut fatal. Sans doute aurait-il survécu si son voisin lui avait dit " prend ma main ".
Les sages du village retinrent que ce fut bien lavarice qui finit par tuer le riche Mbibizo*.
Moudou attrapa un bout de bois et fourragea dans les braises, et finit par lever la tête vers ses nouveaux amis.
_ J'ai été si effrayé de subir le même sort que M'bibizo que, le lendemain, j'ai suivi un autre petit oiseau qu'on nomme indicateur, car il montre aux humains le miel si on leur en donne. Cette fois, j'ai partagé avec l'oiseau et les autres enfants du village. Puis j'ai cassé mon si beau bâton avec une hache et j'en ai donné les bouts aux petits garçons et petites-filles qui m'enviaient tant le jour d'avant. Ainsi, jespérai mon tord réparé.
Puis Moudou joua de sa flûte quelques airs joyeux pour dissiper l'atmosphère lourde de réflexions suite à la simplicité de son histoire. Il semblait que le son mélodieux faisait danser les flammes en rythme. La boisson n'avait rien d'hallucinatoire, mais aidait l'imagination. Le gaité reprendrait le dessus du calme régnant, et la musique de Moudou se fit plus joyeuse.
Source : Contes africains (.com)
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