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[RP] A sept lieues de Mende, à vue de bottes...Randon

Charlemagne_vf
[On the road again !]

    A Montbrisson où il était en voyage avec son Frère et ravisseur Sancte, apprenant sa géographie française, Charlemagne avait pu constater que le Languedoc n'était pas loin, et avec lui, la Baronnie de Randon.
    A Paris, il avait eu vent d'une affaire matrimoniale de la plus haute importance devant s'y régler, et plus encore, de la présence de son cousin Salvaire, et à ses côtés sans doute, son puîné.
    Sournois, l'Infant avait arraché la page "Languedoc" du lourd ouvrage, et allant quérir sa gouvernante, il avait ourdi un plan de fuite astucieux.
    Il s'agirait simplement de se planquer sous les jupes de la jeune femme allant au puits, et plutôt que de revenir dans ce que le Resplendissant appelait un campement, déguerpir vers le Sud.
    Trouvant un relais, le Prince avait fait informer ses parents de sa venue proche, et sans grande pompe.

    Le Souverain de Bolchen avait l'habitude de fuir. Échappé du Louvres alors tout jeune, réfugié en divers endroits, la jeune Altesse avait connu la faim. Vivre avec Big-Yoli ne vous aide pas à manger à votre suffisance, quand elle-même attaque votre plat.
    La route, donc, si elle fut inconfortable, ne découragea pas l'enfant, qui dut presque pousser au cul sa matrone de gouvernante.
    Son courage : un petit gosse qu'il n'avait plus vu depuis des mois. L'Unique : Franc Claude Volpone. Son sang, son coeur, son Frère et sa Majesté. Le seuil à pouvoir prétendre être son égal - et encore -, le seul à être digne d'un intérêt réel, tout autre étant profondément, aux yeux du Prince, matériellement utile.
    Après quelques jours alliant marche, calèche, carrosse-stop, et prostitution de la gouvernante en échange d'une ration de viande, le cortège Princier arriva à Randon, dans un coche emprunté à crédit - entendez que l'on met ici en gage les jambes de Lucille - parce qu'il ne fallait tout de même pas paraître pauvre et roturier.
    Le soleil brille, on dirait bien le Sud, et ouvrant une porte, l'Infant descend, sous ses airs majestueux. Son teint laiteux ne souffre guère le soleil, et n'attendant pas sa ridicule suivante aux cheveux hirsutes, il se laisse guider par un valet portant la livrée jusqu'à l'entrée, où les rayons de l'astre ne le dérangeaient plus. Cet enfant de la Bourgogne et de la Lorraine trouvait déjà à redire à ce climat hostile et chaud, celui de la gueusaille dans les champs de blés, celui de la paresse en Castille, qui n'était pas si loin.


    Je veux mon Frère. Je veux mon Cousin.

    Ne l'oublions pas. Charlemagne veut toujours.

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Boulga
[Un peu avant. Un tout petit peu avant]


A Matines, nous serons en route, avait assuré le senher Salvaire à Boulie, s'pas Gloubinette ?

Matines sonnèrent.
Puis Laudes avec les premières lueurs de l'aube. zzzzzzz
Prime... le soleil dardait ses premiers rayons. zz. mmh ? zzzzzzzzz
Tierce.

Hein ? Quoi ? Tierce ? Déjà ?

Cette fois, la cloche tira Boulga de son sommeil.

Misère ! Elle aurait dû être sage à la place de son senher et ne pas le suivre dans la chambre rouge, la veille. A cette heure, elle serait déjà en train de s'affairer à Randon et d'aider dona Boulie à tout mettre en ordre pour l'arrivée de leur hôte, son Altesse Charlemagne.
Sûr que le Très Haut allait la punir de son péché, d'une manière ou d'une autre !
Elle sauta hors du lit, passa son visage à l'eau froide pour en effacer les traces de désordre, se peigna et attacha les cheveux, avant de passer ses vêtements à la hâte. Une petite prière et hop.
Elle prit de quoi se restaurer en bas, elle mangerait sur la route.


Elle arriva à Randon hors d'haleine, le soleil brillait haut.
A peine le temps de saluer messer Fervant et messer Benedict, elle trouvait Boulie affairée à l'étage, à aménager la chambre et s'arrêta. Une des plus vastes chambres du castel, avec cheminée, grand lit à baldaquin, table, coffre, fauteuil et tapisseries.


Vous avez fait du bon travail, dona Boulie, et vous êtes plus diligente que moi. Je vous remercie du fond du coeur.

L'intendante reprenait le dessus sur la jeune fille prise en faute :

je redescends, vais m'assurer qu'il y ait de quoi manger. Son Altesse voudra sans doute se restaurer, la route est longue et cahoteuse pour arriver ici. Peut-être ferons-nous bien aussi de préparer un bain. Et de préparer son Altesse Franc. Oui, c'est cela, soufflez un peu et voyez avec Franc, je prends le relai pour ce qui concerne son grand frère.
Boulie
Citation:
Je redescends, vais m'assurer qu'il y ait de quoi manger. Son Altesse voudra sans doute se restaurer, la route est longue et cahoteuse pour arriver ici. Peut-être ferons-nous bien aussi de préparer un bain. Et de préparer son Altesse Franc. Oui, c'est cela, soufflez un peu et voyez avec Franc, je prends le relai pour ce qui concerne son grand frère.


- Bien, Dona Boulga.

Hochement de tête avant de partir retrouver son Altesse Franc. Elle frappa à sa porte de chambre, s'assurant qu'elle pouvait entrer. Une fois à l'intérieur, après s'être inclinée légèrement :

- Bonjorn, votre Altesse ! Comment allez-vous ce matin ? Votre frère Charlemagne vient d'arriver, Dòna Boulga est partit à sa rencontre. Il vous faut vous préparer afin de l’accueillir.

Elle observa l'enfant, attendant de voir sa réaction, l'invitant à venir s'habiller.
Salvaire_d_irissarri
Il est bien évident que le blond baron est présent quasiment depuis l'aube en son castel à peine terminé. Il y passe lui-même fort peu de temps, tout occupé qu'il est à..hmm..aménager les chambres de sa taverne et n'a point encore pris le temps de parcourir toutes les pièces, couloirs, coins et recoins.
Boulga et Boulie, ses "Boubous" ont toute sa confiance et c'est donc à une première visite d'inspection de son domaine qu'il se livre depuis le lever du jour. Satisfait au plus haut point, même les écuries sont terminées, même la salle d'armes, même le jardin qui donne bien belle allure à l'ensemble ; il sourit en imaginant les entrainements auxquels il se livrera sous peu avec son ami l'irlandois...

Songeant à celà, il s'inquiète soudain de la présence du loup du ser Fervant. Le fils ainé de Béatritz en sera t-il effrayé ? Dix ans, après tout, c'est tout de même bien jeune pour avoir déja tout vu et ne plus craindre ni rien, ni personne. Comment donc s'est-il accommodé de son état d'orphelin et de la perte de sa mère si chérie ? Le naturel aimable de Salvaire s'alarme et s'inquiète de ce que cette rencontre va occasionner chez les deux frères. Pourvu qu'il ne me peine pas mon petiot ! C'est tout ce que je lui demande ! Et ma foi, s'il a besoin de quelque réconfort, nous avons ici tout ce qu'il lui faudra, pardine !

Mais déja, une voiture s'avance, s'arrête, l'enfant en descend. Salvaire, du coup, descend itou des étages et sautant deux par deux les gigantesques marches de pierre, il arrive dans le hall d'entrée, majestueux - les deux sont majestueux...Le hall d'entrée et le baron, voila ! et même pas essouflé.
Etonné de voir le jeune garçon tout seul, il n'en dit rien, s'approche, le salue d'un signe de tête inclinée juste ce qu'il faut.


Bien lo Bonjorn, Votre Altesse Charlemagne ! Vous avez grandi, té, depuis la dernière fois que je vous ai vu.


Banal, poli, rien de plus ni à dire, ni à faire pour l'heure. Quart d'heure d'observation circonspecte... Attendons de voir si ce garçon poussiéreux va se montrer présomptueux.

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“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
Charlemagne_vf
    De l'Occitan. Ce langage suintant la bonne humeur agressait fermement le Prince, qui lui préférait sans appel l'accent teuton, clair, net, et froid.
    Si le côté Von Frayner de sa famille l'avait déçu au point qu'il se soit tourné vers le Castelmaure, il n'était toutefois pas prêt à en accepter les excentricités sudistes.
    Il avait aimé sa mère. Il n'avait pas aimé ses habitudes.
    Trop bonne, trop c****. Trop dévouée à un Royaume ingrat, aussi.
    Lui en voulait-il de cette absence ? De ce règne ? Oui, indéniablement. Mais il était là, le Prince, faisant face à ce visage sur lequel il n'aurait pas remis un nom s'il n'avait pas lui-même initié la visite. C'était Salvaire d'Irissari, issu d'une branche proche de la Maison Royale, comme les Castelnau, les Saunhac, et consorts.
    Depuis l'ouverture du testament qui avait scellé maints destins, ils ne s'étaient pas vus. Alors, Charlemagne se souvint de ce qu'il avait appris. Sancte avait du bon. Outre sa noblesse, sa rigueur en faisait un précepteur admirable. Son laconisme en faisait un compagnon supportable. Le quitter n'était qu'un caprice, dont les conséquences étaient encore à subir.
    L'Infant le savait, il ne devait pas froisser son hôte, et s'il lui était supérieur en rang, il s'accorda à penser qu'ayant un sang voisin, il le pouvait respecter.

    Bonjour Baron.
    J'aurai grandi encore demain, savez-vous.

    Et comme s'il l'avait appris, et pour atténuer son sarcasme, d'ajouter :

    Merci de me recevoir en votre demeure, Monsieur mon cousin.

    Et puisqu'économisant la parole, l'Aiglon aime aller à l'essentiel :

    J'ai besoin de vêtements. Pourrons-nous en acheter ? Et il faudra prévenir Madame de Railly que je suis là. Pourriez-vous lui faire porter mes lettres ? Les lirez-vous ? Monsieur mon Frère le faisait. Et...Où est Franc ?

    Voilà. L'essentiel, pour l'heure, du moins.

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Salvaire_d_irissarri
Charlemagne_vf a écrit:
Bonjour Baron.
J'aurai grandi encore demain, savez-vous.

Hmmm....Drôles de façons pour un premier contact... Ni rire, ni même sourire. A-t-il au moins le sens de l'humour, cet enfant ? Macarel, quel dommage qu'il ne m'est point été confié ! Comme nous aurions appris à rire de la vanité ! Voyons ! J'attends, je ne dis rien encore ; Sera-t-il plus courtois pour la suite ?
Citation:
Merci de me recevoir en votre demeure, Monsieur mon cousin.

Ah...Tout de même ! Vrai que je pourrais toujours le coller à l'auberge, s'il devient pénible ! Cousin, cousin... Petit, petit, petit cousin, mais de verda, il est mon cousin, c'est point faux !
Citation:
J'ai besoin de vêtements. Pourrons-nous en acheter ? Et il faudra prévenir Madame de Railly que je suis là. Pourriez-vous lui faire porter mes lettres ? Les lirez-vous ? Monsieur mon Frère le faisait. Et...Où est Franc ?

Besoin ..? De... ? Vêtements ? En acheter ?

Et là, c'est le drame ! Salvaire qui jusqu'ici s'amusait à le voir se poser en sa manière à lui, observateur bienveillant, prenant le temps de connaitre pour voir, sursauta de tout son corps. Comme un hoquet de stupeur qui lui agita jusqu'à la pointe de ses blonds et longs cheveux dorés.
La suite des propos lui échappa totalement et il en omit de demander la raison pour laquelle Charlemagne était seul, sur les routes, sans personne pour l'accompagner. Il devina illico presto que sans doute, les relations avec ce fils-là ne seraient sans doute pas aussi simples, faciles et aimantes qu'avec son pitchounet d'Altesse. Il eut donc tentation de répondre bien vertement, puis... songeant à son Franc Claude, il décida de ne point heurter déja, alors que le petit n'avait encore même pas vu son frère.


Charlemagne, mon cousin,comme vous dites - ce qui est vrai, plan segur - il vous a sans doute échappé un fait qui, je le crains, pourra quelque peu vous contrarier.

Il eut, malgré lui, un sourire amusé de se voir si diplomate, lui qu'on venait de congédier par ailleurs de cet office, justement ; mais reprit d'un ton détaché, énonçant simple fait :

Voyez donc : mon cousin Saunhac, Aymeric, le fils de Phelipe, et frère de Carles, votre grand-père, mais brèfle ! ... a souhaité me transmettre ses terres. Votre mère, ma cousine, m'a confié la charge de votre frère. Ceci résumé, sachez, mon cher que je n'ai point fortune personnelle aussi importante sans doute que celle de votre ....hmm...autre frère.
Mouais...Ne pas s'aventurer sur ce terrain-là. Pas déja.
Le peu que je possédais fut investi dans la rénovation de ce castel de Randon. Apcher étant vraiment trop loin, trop décati et surtout trop coûteux à rénover.

Je crains, donc, qu'à moinsse, bien sûr, que vous ne mettiez votre fortune personnelle à ma discrétion que vous aurez à vous contenter, comme nous autres d'une vie un peu plus...simple...que celle que vous avez eu jusqu'alors. Mais, voyez, j'ai le double de votre âge et jusqu'à présent, j'ai survécu, s'pas ?

Et pour atténuer, aimable car bien disposé envers ce fils de Béatritz chez qui il retrouvait les traits, fins, délicats, aimables, bien plus que chez Franc Claude Volpone, il ajouta :

Nous serons ravis, les gensses de ma mesnie et moi-même de vous voir prolonger votre séjour, cependant. C'est une joie pour moi et un bonheur pour Franc que de vous rencontrer, savez ?
Parlant de lui...Où est-il ? Et bé...ma foi, avec sa gouvernante, je présume. C'est la donà Boulie, vous la verrez tantôt.

Il regarda autour de lui...Personne ! Fin bon, vont bien arriver sous peu. A moinsse qu'il ne soit près de la mare aux grenouilles. Il adore pêcher ces petites bêtes qui font ensuite excellent repas, figurez-vous.


Et, comble de la courtoisie bien accueillante, n'est-il pas vrai ? :
Avez-vous déja eu l'occasion d'y goûter ?
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“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
Boulga
Boulga arriva sur ces entrefaits.
Elle mit à profit toute son éducation pour se composer une attitude : avec les personnes inconnues, a fortiori lorsqu'elles vous sont largement supérieures en rang, la plus grande simplicité est de mise. Respecter la distance. Ecouter. Observer, puis agir en conséquence.
Et ne jamais, jamais, jamais faire preuve de servilité. Encore moins avec un enfant, car c'est lui donner d'exécrables habitudes.

Déos ! Que celui-ci avait l'air froid, pour ne pas dire glacial, à croire qu'il apportait avec lui le vent du nord.

Allons, ma fille, ne te laisse pas impressionner, fais donc ce que tu sais faire de mieux.

Boulga s'inclina donc devant l'enfant, beaucoup plus que ne s'était incliné le senher d'Irissarri, puis, se relevant, sans sourire :


Votre Altesse soit la bienvenue au castel de Randon. Je suis Boulga, intendante du senher d'Irissarri. Nous avons fait préparer votre chambre à l'étage, à côté de celle de votre frère, qui s'y trouve en ce moment. De quoi vous restaurer et vous débarrasser de la poussière et de la fatigue du voyage vous attendent. A moins que vous ne préfériez prendre collation ici, dans la grande salle. Auquel cas, je vais faire chercher votre frère.
Charlemagne_vf
Citation:
Charlemagne, mon cousin,comme vous dites - ce qui est vrai, plan segur - il vous a sans doute échappé un fait qui, je le crains, pourra quelque peu vous contrarier.


Plan Ségur. Pourquoi parlait-il donc de Ségur et de la conception architectural d'un lieu inconnu au Prince ? Certes, ces terres étaient plus proches du Languedoc que de la Bourgogne, mais là, en milieu de phrase, l'Infant ne comprit rien, et en fut agacé.
La succession d'expressions argotiques qui semblaient chères à Salvaire achevèrent de nourrir son dédain pour le Baron de Randon, et il se retint de corriger le nom de son grand-père, Charles.

Étrangement, ce ne fut donc pas l'avarice du cousin qui contraria Charlemagne, qui était alors trop heureux de pouvoir mettre en avant sa fortune, en gamin imbu et vantard. Sa richesse, en sus de sa noblesse, en faisaient un être, à son sens, tellement supérieur, qu'il se délectait des faiblesses d'autrui.

La charge de Monsieur mon Frère est trop lourde pour vous ? Vous pouvez l'entretenir sur les revenus du Lauragais, vous savez. Madame de Railly fait ainsi pour mes besoins, et ne ruine point son apanage.
Mais je ferai venir des malles de Nevers, si vous voulez bien, et ainsi, votre demeure, humble, ne sera pas trop dérangée de mes exigences.

Avoir conscience de ses caprices et de son caractère de merde est une grande qualité, indéniable.

Je préfère vivre que survivre, en fait. Les gueux survivent.

Pan, dans ta face Blondie.

Oui, je veux rencontrer Franc.

Et l'empressement se fit sentir à tel point que sans savoir où aller, l'Altesse Royale fit quelques pas, comme pour chercher l'entrée de ladite Chambre. Chambre pour laquelle il montra sa reconnaissance en répondant à l'intendante.

Ah. Merci.

Boulga. C'était bien un nom d'intendant ça.
Enfin, ce fut le choc.

Son Altesse Royale le Comte du Lauragais pêche les grenouilles ?

Et la voix monta dans des aigus remarquables. C'était la fin des haricots. Le fils de l'Aigle, le puîné de la Couronne de France réduit à pêcher des grenouilles pour nourrir la mesnie. Charlemagne dépérit, et dans ses yeux, la déception se mêla à la colère. Il faillit pleurer.

Non, j'y ai pas goûté !
Je veux voir Franc. Est-ce qu'il chasse ?


Si déjà, l'on lui avait appris à chevaucher, l'honneur serait sauf.
Mais en réalité, le fier Fils de France, si son orgueil était blessé par la déchéance de son sang, ne manquait pas de jalouser l'enfance insouciante que menait Franc, dans l'ignorance du poids, du passé qu'il portait. Il vivait comme auprès de Guise, amusé et se voyant tout excusé, et où chaque action prêtait à rire plutôt qu'à la réprimande.
Cette époque, chez le Duc du Nivernais, avait pris fin bien longtemps auparavant, quand il avait du voir son père transpercé par son Aigle, en pleine jouissance, en plein divertissement.

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Boulga
Citation:
La charge de Monsieur mon Frère est trop lourde pour vous ? Vous pouvez l'entretenir sur les revenus du Lauragais, vous savez. Madame de Railly fait ainsi pour mes besoins, et ne ruine point son apanage.
Mais je ferai venir des malles de Nevers, si vous voulez bien, et ainsi, votre demeure, humble, ne sera pas trop dérangée de mes exigences.

Je préfère vivre que survivre, en fait. Les gueux survivent.


Ecoute, ma fille, écoute, apprends et ne dis rien.
Pour sûr, l'enfant avait de la prétention et le montrait, et Boulga en était à se demander si c'était le fruit de son éducation ou d'un penchant plus naturel que parents et précepteurs avaient encouragé sans relâche, quand une exclamation suraiguë la tira de sa réflexion.



Citation:

Son Altesse Royale le Comte du Lauragais pêche les grenouilles ?


Deos ! quelle voix ! Le masque de Boulga tint bon contre l'envie de rire. Il n'y eut pas même la moindre craquelure. La bouche resta close aussi et retint une plaisanterie qui eût pu être fort mal prise.
Elle jeta un coup d'oeil rapide à son senher, ne sachant pas s'il allait répondre. Mais sans réaction immédiate de sa part, elle reprit les choses en main.
La petite Altesse avait fait quelques pas et l'avait remerciée quand elle avait parlé de chambre.
Soit.


Suivez-moi, Altesse, je vous conduis à votre appartement.

Voilà. Vu la taille de la chambre, elle pouvait bien passer pour un appartement.
Elle monta les escaliers, escomptant que l'enfant la suive.
Coco...
Coco arrêta la charrette devant la demeure de Messire Salvaire, elle apportait avec elle une tapisserie qu'elle avait confectionné elle même.

Le maitre des lieux souhaitait une tapisserie de bergères au bain, mais Coco en avait décidé autrement, ne voulant point choquer les visiteurs toujours nombreux au château de Randon.

Coco déroula la tapisserie sur la charrette pour que Messire Salvaire puisse en admirer les couleurs à la lumière du jour.
Mais pas trop longtemps, il faudrait vite la mettre à l'abri du soleil pour ne pas en ternir l'éclat.
Tout y était, la bergère et son bâton, la rivière tumultueuse...
Coco avait même représenté Salvaire en simple berger, cachant ses cheveux blonds sous un simple chapeau.

Salvaire_d_irissarri
Boulga avait pris les choses en main, si l'on pouvait ainsi dire, afin que son jeune cousin Charlemagne s'installe au mieux au castel. Rassuré, Salvaire allait s'en aller à la recherche de Franc qui avait disparu lorsque la donà Coco se présenta devant la grande porte.
Tout sourire, il s'approcha pour voir le résultat de son travail de tapisserie, espèrant admirer ce qu'il avait commandé. Il souriait, réjoui par avance de l'étonnement qu'il escomptait des amis qu'il inviterait lors des soirées privées, en la salle du donjon.
Il eut un hoquet de stupeur en découvrant la réalisation :


AH !!! Hum.... Òc ! Plan segur, c'est ... euh... une adaptation libre, s'pas ? Votre talent artistique qui s'est exprimé très sans doute ?


Il n'osait avouer qu'il était un peu déçu de ne point découvrir la scène libertine qu'il avait commandé ; mais dans le même temps s'amusait de cette taquinerie tapissière. Il prit donc le parti d'en sourire et même d'en rire. L'important n'était-il point là, après tout ?

Coco ! Je suis ravi de votre surprenante réalisation et admiratif de votre talent. Je vous remercie humblement du temps que vous avez passé à tisser ce tableau.. hm.. charmant et si évocateur de...hmm... du...hmm.. Du printemps ! Et de l'amitié et de ...
Brèfle ! Je suis ravi-ravi !

Et observant de plus près :

Mais le personnage avé le chapeau, là ? Euh... ? Vous avez pensé à qui pour le modèle ?
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“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
Coco...
Coco ne put s'empêcher de rire en voyant la mine déconfite de Salvaire devant la tapisserie. Mais il se ressaisie bien vite et la remercia chaleureusement.

Je suis heureuse que cela vous plaise Messire Salvaire, voyez...je prends goût aux travaux d'aiguilles, alors peut être...que je vous en ferai d'autres !

Sur ces mots, Coco remonta dans sa charrette.

Adissiatz Messire Salvaire ! au plaisir de vous revoir !

Huuue Cocotte !!!


La milicienne repartit par le chemin, dans un nuage de poussière.

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Charlemagne_vf
    Charlemagne commençait à douter de l'existence de son Frère. Peut-être avait-il rêvé un passé dans lequel il avait un puîné d'une noblesse et d'un sang égaux aux siens. Les souvenirs d'antan, la volupté de la vie au Louvre n'étaient peut-être que des rêves chagrins qui comblaient tant une certaine solitude qu'une solitude certaine.
    Depuis son arrivée à Randon, il avait été lavé, installé, mis au courant de ces choses qui font que l'on se sent chez soi chez les autres. Mais de Franc, il n'avait pas même entendu la voix, ni vu la chevelure, ni touché la peau, ni senti l'odeur. Rien. Il n'y avais pas de Comte du Lauragais en Languedoc, et la révélation fut un choc.

    Evidemment, cet état était une idée du Prince, paniqué à la pensée d'être soudain berné, de n'avoir pas gardé la mesure en détail de sa vie, d'avoir laissé échapper un instant les ficelles qui menaient et réglaient sa destinée.
    Vêtu d'une soie propre et fine, recouvert d'une légère fourrure, le Duc du Nivernais demanda qu'on le menât à son hôte et cousin.
    Posté devant le blond aveuglant du Baron, le jeune Castelmaure ne s'enquit pas de savoir s'il dérangeait, s'il interrompait une quelconque activité, et parla alors sans détour, en tournures brèves et qu'il voulait claires.


    Baron, je n'ai pas encore vu Franc Claude, je suis fâché.

    Et qui fâchait le Souverain de Bolchen méritait une punition à la hauteur de la gêne ressentie par le Prince. Aussi, en bon sganarelle, il fila du coq à l'âne.

    J'ai reçu une lettre de la Comtesse du Gévaudan, elle voulait que je lui accorde une faveur. J'ai décidé que je n'accorderai faveur qu'à une unique condition : que l'on respecte la mémoire de Feue Ma Mère, et que l'on honore ses promesses. Randon devra s'unir au Gévaudan. Voilà.

    L'Altesse se dressa tant qu'il pu du haut de son âge, le regard fier. Il voulait, il imposait, il décidait.
    Il grimpa sur un fauteuil, et imitant l'Implacable au Conseil des Von Frayner, il croisa les doigts.


    J'attends sa réponse. Je n'en attends pas de vous, mais vous pouvez être d'accord. Il y aura un contrat de mariage. Voulez-vous que j'écrive à Son Altesse Impériale ?

    Entendez par là le Roi d'Armes, puisque dans l'esprit étriqué de l'Aiglon, nulle promesse de mariage nobiliaire ne saurait être honorée et actée sans que fusse mise à contribution la Hérauderie de France.

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Salvaire_d_irissarri
Charlemagne_vf a écrit:
Baron, je n'ai pas encore vu Franc Claude, je suis fâché.

J'ai reçu une lettre de la Comtesse du Gévaudan, elle voulait que je lui accorde une faveur. J'ai décidé que je n'accorderai faveur qu'à une unique condition : que l'on respecte la mémoire de Feue Ma Mère, et que l'on honore ses promesses. Randon devra s'unir au Gévaudan. Voilà.
J'attends sa réponse. Je n'en attends pas de vous, mais vous pouvez être d'accord. Il y aura un contrat de mariage. Voulez-vous que j'écrive à Son Altesse Impériale ?



Salvaire souriait encore en contemplant la tapisserie ovine, lorsque son cousin l'Altesse s'immisça sans même saluer quiconque. Sourire bien vite effacé et au fur et à mesure du discours, mine s'allongeant de plus en plus, le jeune et blond baron tenta un jeté de mèche qui se voulait réprobateur. Une nouveauté chez lui et sans doute par manque d'entrainement, une mèche lui resta collé sur l'oeil gauche.

Il ne secoua pas la tête, gardant un seul oeil ouvert sur le monde, se protégeant ainsi de divers coup de foudre pourtant imminents. D'abord, la foudre de son ire qui se développait à la vitesse d'un cheval au galop - petit, le cheval tout de même - face au comportement "moi, je veux" du pitchounet garçonnet. Altesse, certes ! Fils de sa cousine, re-certes ! Mais nul doute pour le baron que sa cousine chérie n'eût point désiré tel rustre pour fils. En second, la colère qui le saisissait au vu du comportement de son cher Franc Claude. Disparaitre ainsi sans avoir prévenu personne ! L'inquiétude qu'il avait ressenti lui étreignait l'estomac autant que le coeur et sa résolution de l'éloigner n'arrangeait rien.
En troisième lieu, bien sur, la colère de ce qu'il entendait encore une fois.. Cette sotte promesse familiale de mariage d'arrangement.

Etant donné qu'il avait tout de même avantage certain de par sa taille, il se rapprocha de son jeune cousin et lui mit familièrement mais tout autant affectueusement une main sur l'épaule. Il hésitait entre le considérer comme un enfant perdu, orphelin ou le voir tel qu'il aimait à se montrer, hautain héritier et par le fait... actuel chef de la famille Castelmaure.
Brèfle ! Il prit donc le parti tout en lui réservant cette attitude affectueuse de le toiser de haut et vous l'avouerez, c'était là posture pas vraiment facile à tenir, té !


Mon cousin.. J'ai quelques nouvelles à vous transmettre en plus que certaines remarques à vous dire.

Il prit son élan et une grande respiration :

De fait, je conçois que pendant votre courte vie, vous n'avez sans doute pas du recevoir toute la chaleureuse affection que tout enfant aimé par les siens ait en droit d'attendre. J'imagine que c'est de ce fait que vous semblez si froid, si dur, si peu chaleureux et que vous prêtez si peu attention à ce que les gensses autour de vous peuvent penser, ressentir. Sans doute pour vois préserver de toutes ces émotions qu'il est bon parfois de laisser venir. S'enfermer derrière un mur de protection aussi épais que la plus épaisse des murailles d'un solide castel n'est pas toujours bonne idée, mon cher petit cousin.


Il poursuivit d'un ton qu'il voulait simple, agréable et affectueux :


J'aimerais, Charlemagne, que vous trouviez en ma maison un peu de cette aimable ambiance qui vous ferait devenir - enfin - un enfant de dix ans, capable de jouer, de s'amuser, d'aimer et de prendre le temps de se reposer, en fait. Plus tard, savez-vous, vous serez plus vieux, trop vieux sans doute et vous n'aurez plus le temps pour celà.


Puis, ôtant sa main, reprit :


Par ailleurs, je conçois aisément que vous soyez déçu de ne point avoir encore vu votre frère. J'en suis moi-même tout à fait désolé. Mais je dois vous dire qu'il a commis grande imprudence. Il s'est éloigné de chez nous et a échappé à la vigilance de sa gouvernante, donà Boulie...

Ici, il s'interrompit et regardant son cousin droit dans les yeux :

Et NON ! Je ne punirai point Boulie férocement ! Je ne la ferai point jeter aux oubliettes, ni pendre par les pied, non plus lui faire arracher les ongles un par un ! La pauvrette en est déja si affligée qu'elle est partie se recueillir en monastère dès l'annonce de la revenue de mon pitchounet. Bréfle ! J'ai donc résolu de le faire envoyer en monastère quelques temps, plus le poverino, pour lui apprendre la discipline nécessaire à toute éducation que pour le punir de son action irréfléchie.
Vous ne pourrez donc le voir que lorsqu'il s'échappera.. euh.. reviendra nous rendre visite de temps à autre.


Pause.. soupir.. respiration..reprise :

Ensuite, et bé... Cette affaire de promesse, là ? C'est une manière de plaisanter, s'pas ? Vous avez en fait quelque sens de l'humour, nenni ?

Dans un premier temps, il lui parait plus sage de faire diversion, de faire comme si tout cela n'etait qu'une gigantesque plaisanterie. Il ne sourit plus, il regarde l'enfant, il attend.


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“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
Florella
Ce matin-là, Florella se présenta à Randon de bonne heure. Elle était déjà venue au castel une fois, invitée à y dormir alors qu'elle venait d'arriver à Mende et n'avait pas d'endroit où loger et que le baron d'Irissarri lui avait offert l'hospitalité.

Cette fois, elle venait pour deux raisons : elle devait prendre ses fonctions à l'écurie, comme "mestra équine", elle dresserait les chevaux, entre autres.
La seconde raison, c'est que la veille au soir, le baron lui avait dit de venir à la bibliothèque, d'y prendre le livre qu'elle voudrait et que sa première leçon de lecture commencerait.
En effet, elle ne savait ni lire ni écrire mais le désir d'apprendre était bien présent.
Il lui fallut un peu de temps pour se repérer parfaitement dans le castel, la cour, les communs, le logis seigneurial, le donjon, mais une servante l'amena là où étaient les livres et Florella se mit en devoir d'en trouver un.
Mouais, pour choisir... elle laisserait faire le hasard. Elle ferma les yeux, fit errer légèrement ses doigts et arrêta son choix bientôt. Impossible de savoir précisément de quoi il s'agissait, mais elle l'ouvrit et tomba sur une enluminure qui représentait une boulangère affairée à ses fourneaux.


Marie-Madeleine !

Elle ne put s'empêcher de sourire. Au village, elle était passée devant la boulangerie du baron.
Si elle connaissait l'histoire de cette sainte, ce n'était pas comme le Livre des vertus qu'elle pouvait réciter par coeur.
Va pour la Vie de Marie-Madeleine de la Sainte-Baume !
Elle attendit donc qu'on vînt s'occuper d'elle en regardant attentivement les enluminures.
Enluminer... c'était la seule chose qu'elle avait retenue de son passage au couvent, en dehors de la foi et des prières. Mais c'était bien loin, et elle ignorait si elle serait encore capable d'accomplir ce genre de travail minutieux.
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