Charlemagne_vf
[On the road again !]
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A Montbrisson où il était en voyage avec son Frère et ravisseur Sancte, apprenant sa géographie française, Charlemagne avait pu constater que le Languedoc n'était pas loin, et avec lui, la Baronnie de Randon.
A Paris, il avait eu vent d'une affaire matrimoniale de la plus haute importance devant s'y régler, et plus encore, de la présence de son cousin Salvaire, et à ses côtés sans doute, son puîné.
Sournois, l'Infant avait arraché la page "Languedoc" du lourd ouvrage, et allant quérir sa gouvernante, il avait ourdi un plan de fuite astucieux.
Il s'agirait simplement de se planquer sous les jupes de la jeune femme allant au puits, et plutôt que de revenir dans ce que le Resplendissant appelait un campement, déguerpir vers le Sud.
Trouvant un relais, le Prince avait fait informer ses parents de sa venue proche, et sans grande pompe.
Le Souverain de Bolchen avait l'habitude de fuir. Échappé du Louvres alors tout jeune, réfugié en divers endroits, la jeune Altesse avait connu la faim. Vivre avec Big-Yoli ne vous aide pas à manger à votre suffisance, quand elle-même attaque votre plat.
La route, donc, si elle fut inconfortable, ne découragea pas l'enfant, qui dut presque pousser au cul sa matrone de gouvernante.
Son courage : un petit gosse qu'il n'avait plus vu depuis des mois. L'Unique : Franc Claude Volpone. Son sang, son coeur, son Frère et sa Majesté. Le seuil à pouvoir prétendre être son égal - et encore -, le seul à être digne d'un intérêt réel, tout autre étant profondément, aux yeux du Prince, matériellement utile.
Après quelques jours alliant marche, calèche, carrosse-stop, et prostitution de la gouvernante en échange d'une ration de viande, le cortège Princier arriva à Randon, dans un coche emprunté à crédit - entendez que l'on met ici en gage les jambes de Lucille - parce qu'il ne fallait tout de même pas paraître pauvre et roturier.
Le soleil brille, on dirait bien le Sud, et ouvrant une porte, l'Infant descend, sous ses airs majestueux. Son teint laiteux ne souffre guère le soleil, et n'attendant pas sa ridicule suivante aux cheveux hirsutes, il se laisse guider par un valet portant la livrée jusqu'à l'entrée, où les rayons de l'astre ne le dérangeaient plus. Cet enfant de la Bourgogne et de la Lorraine trouvait déjà à redire à ce climat hostile et chaud, celui de la gueusaille dans les champs de blés, celui de la paresse en Castille, qui n'était pas si loin.
Je veux mon Frère. Je veux mon Cousin.
Ne l'oublions pas. Charlemagne veut toujours.
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