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[RP] A sept lieues de Mende, à vue de bottes...Randon

Charlemagne_vf
    Le visage fermé, les yeux fins et inquisiteurs, Charlemagne offrait son plus grand mépris à celui qui venait faire l'aveu de sa perfidie, toute relative, puisque tel n'était que le jugement du Prince.
    D'abord, le Baron osait prétendre savoir quelle avait été sa vie. Pire, il la voulait changer, la rendre meilleure.

    Je ne reçois de leçons que celles qui enrichissent le savoir. Ma vie est ce qu'elle est. J'ai eu l'amour de mes parents. Je ne veux pas de celui des autres, et les émotions donnent des humeurs, puis l'on saigne. Les émotions, c'est mauvais.
    Je refuse d'être l'enfant choyé des gueux. Je suis Prince de France. Je n'ai pas le droit de jouer. J'ai assez joué, avant.

    L'Aiglon esquissa un sourire, un rien sardonique.

    Je me suis enfui aussi, vous savez. Monsieur Mon Frère, Sancte, ne sait pas que je suis ici. Enfin...il m'a écrit pour me sommer de le retrouver. Je crois que sa punition ne sera pas le couvent. Je veux rester ici. Vous devriez préparer vos gens à s'armer, vous savez.

    En réalité, le Resplendissant n'attaquerait pas, mais dans l'esprit étriqué du jeune enfant, il n'est nulle autre façon de prendre ce qui se trouve dans un château que par la force des glaives.
    S'il s'agit de reprendre un Prince, l'on peut alors s'attendre à une guerre mondiale.


    Mais vous savez, si Franc Claude a voulu s'enfuir, comme je l'ai fait, c'est que vous ne lui convenez pas. Pourquoi ? Que faites-vous de si mal ?
    Peut-être que si vous fouettiez vos gens incompétents, vous seriez un meilleur Maître.


    Et de hausser les épaules avec un air presque candide, puisque de toute façon, tout cela ne l'intéresse pas vraiment.

    Et ne m'appelez pas Charlemagne, j'ai dit.

    Langue qui claque.

    Vous avez peur, mon cousin ? Pourquoi laissez-vous la discipline aux moines ? Vous craignez de perdre l'amour de Monsieur mon Frère par trop de sévérité ?
    Un Von Frayner, s'il aime, aime sans condition. Le sentiment est une chose rare à n'offrir qu'avec parcimonie. A celui que l'on aime, l'on pardonne tout, je crois. C'est donc qu'il ne vous aime pas beaucoup, votre pitchoune.


    Mépris, mépris, encore mépris. Charlemagne, dit le Mauvais. Sa langue perfide est lancée. Il parle peu, mais il parle dur, du moins le pense-t-il. Il aime se sentir puissant, il sait mesurer le pouvoir des mots, il sait blesser l'esprit de ceux qu'il juge faibles.
    Enfant-monstre.


    Et non. Je ne plaisante pas lorsque j'évoque Feue Maman. Elle avait promis. Je suis votre chef de famille. Je veux que vous deveniez Comte du Gévaudan. D'ailleurs, il sera plus tolérable qu'un Comte élève un Prince, plutôt qu'un Baron.

    Comme s'il avait l'air de rire, le Castelmort.

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Salvaire_d_irissarri
Salvaire, d'ordinaire assez flegmatique, commence à sentir en lui comme un frisson, comme une secousse, comme un sursaut qui lui monte dans le corps. A vrai dire, très, très, très localisé. Celà part de l'épaule, descend le long du bras, passe par le coude et arrive jusqu'à la main, frissons dans les doigts et grande impulsion de lever la dite main et .. Je vous le dis tout net.. d'en coller une à la p'tite Altesse fort imbue, fort déplaisante, fort escagassante.

Respiration par le nez - Jeté de mèche agacé - Réflexion - Silence ...

Parlage enfin, après avoir décidé de ménager la chèvre et le chou. C'est que l'affaire est complexe. Il ne s'agit pas seulement de rabattre le caquet du mouflet ; il faut aussi considérer qu'il a parfaitement raison. Il est le chef de la famille Castelmaure et malgré son jeune âge et malgré le fait que Salvaire devine qu' "on" a dû faire en sorte que cette décisionlà soit prise... De verda, le bel et blond n'a plus qu'à céder. Toute rogne rangée, tout refus inutile. Emballé, c'est pesé ! Le voila bon à marier ! Tsssttt !!!
Cependant, ne pas fléchir, ne pas plier devant cet enfant qui ne fait que se défendre devant le monde hostile et lui montrer tout de même que le sang Castelmaure coule aussi chez le futur promis :


Bien mon cousin ! Je ne vais donc plus vous appeler Charlemagne et je vais garder Charly ! Vous avez raison ! Notre parentèle nous permet quelque familiarité, s'pas ?
En ce qui concerne Franc Claude, je tiens à vous dire une chose.


Il le toise de bas en haut, air méprisant lui aussi (Et Toc !)


De manière générale, je n'aime point les enfants ! Pas plus ceux des autres que ceux qui me seraient liés de famille. Je ne fais exception pour personne...Si vous voyez ce que je veux dire... Sauf que, votre frère est d'une telle nature que nul ne peut s'empêcher de l'aimer, voyez. Il sait tout à la fois se faire respecter et se montrer agréable et je dois vous l'avouer, la charge qui me fut mandée, loin de s'avérer difficile comme je l'ai craint en tout début, m'est devenue une vraie joie.
Et son éloignement en monastère n'est point dû au fait qu'il s'est enfui. Rien à voir avec ce que vous m'apprenez de vous-même et qui ne m'étonne guère, d'ailleurs. De fait, il ne s'était point enfui, il s'est égaré en cherchant des mouches pour....


Salvaire s'interrompt soudain, conscient de ce qu'il est en train de faire. Se justifier auprès de cet enfant ! Macarena ! Hors de question !

Mais ? Charly, mon cousin
(il le fait tout exprès, Salvairinou, taquin comme il est)... Je n'ai aucune explication à vous donner figurez-vous ! Je suis ici chez moi ! VOUS êtes ici chez moi ! Je vous offre hospitalité, accueil et suis même prêt à vous concéder quelque affection, si par le plus grand des hasards, vous acceptiez de prendre un peu sur vous pour baisser votre garde et vous laisser aller à tenter de ressentir quelque émotion.

Ce dont je doute, à vous voir, mon cousin ! Je dubite même ! Grave ! Mais Brèfle ! Prenez comme fait acquis que j'aime cet enfant, votre frère plus que tout autre personne, à l'heure actuelle et prenez acte que je mène ma mesnie comme je l'entends et gardez donc vos réflexions pour vous seul !

Estimant qu'il a clairement reposé les points sur les I et le barres sur les T, Salvaire en revient à son affaire matrimoniale.

Etant donné que pour l'heure, nous ne sommes point amis, s'pas ? Mais juste parents. Et comme vous le dites, mon enfant, vous êtes le chef de la famille Castelmaure dont la branche Irissari est isssue de par Isarn, mon père ; je ne vais point vous dire plus avant mon sentiment. Vous ne voulez parler que de faits et point d'émotions ? Soit ! J'en ferai donc de même. Ecrivez donc à qui vous voulez pour faire célébrer ces espousailles puisqu'il n'est pour moi aucune manière d'y échapper.

Sur ce, Charly... Je vous laisse à vos envies inassouvies. Je ne souhaite pas prolonger plus long de temps cette conversation avec l'enfant que vous êtes. Celà m'est fatigant !

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“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
Charlemagne_vf
Et, laconique, Charlemagne de répliquer :

Soit. Vous serez marié, alors. Nous ferons un contrat qui ne vous lésera pas.

Puis l'Infant tourna les talons.
Méfait accompli.

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Charlemagne_vf
Plus tard.

Salvaire.

Quitte à se faire appeler Charly, le Prince avait décidé de n'accorder aucune marque de distinction au Baron qui pourrait laisser penser qu'il existait en le monde un être qui lui était supérieur.

Je pars. Mon frère n'est donc pas ici, alors je ne manque à personne, et je n'éprouve qu'une faible satisfaction en ces lieux.

C'était un mensonge éhonté. L'enfant se sentait plutôt bien et en sécurité à Randon. Il aurait même pu s'adoucir. En outre, le Languedoc était plein de Paris, du Paris de Béatrice. Il se plongeait dans ses années plus insouciantes sous un soleil de plomb, et il avait décidé de son départ à regret.
Or, Sancte le recherchait en ces lieux, et le trouverait bien vite, alors partir était une solution idéale. L'occasion rêvée avait juste précipité l'action :

Madame d'Auxerre m'a écrit que Dijon est tombée, et elle me ramène dans mes terres de Bourgogne. De là-bas, on pourra plus facilement les protéger.
Elle viendra me chercher à Mende. Vous la connaissez peut-être. Je serai bien avec elle.

Un silence. Comme s'il lui importait que Salvaire s'inquiète de son bien être...

Je reviendrai vite, et je n'oublie pas votre mariage. D'ailleurs, c'est bien que je voie Madame d'Auxerre. Elle s'occupe de la chose héraldique.

Puis, Charlemagne approcha, et tendit sa petite main à son cousin.

Vous êtes un Castelmaure. Vous comprenez ce qu'est le devoir, non ?

Le Prince se sentait en effet investi d'une mission. De ses dix ans, il n'était rien sur l'échiquier militaire et politique, à peine aurait-il pu être une monnaie d'échange ou un gage de paix, mais intérieurement, il était persuadé de valoir beaucoup, et se rendre en hâte en Bourgogne en compagnie du Roi d'Armes partie résister contre l'hérésie et la félonie avait quelque chose de purement exaltant pour le gamin.
C'en était décidé, il avait fait renvoyer la garde Nivernaise à son Palais Ducal, fait renvoyer les malles venues de Bourgogne avec ses effets, et déjà, il était prêt à monter dans le carrosse de la Froide, non sans plaisir. Se comportant tel un petit bourgeois, il était tout impatient à l'idée même du voyage qui le ramènerait au pays.

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Boulie
[Comédie ou Tragédie ?]

Virée ! Oui elle était virée ! C’était bien le mot …

Boulga lui avait dit ne pas s’en faire, qu’elle serait à nouveau embaucher à son retour… Ne pas s’en faire, c’était bien facile à dire … Elle était à la base gouvernante, enfin l’enfançon était partie depuis peu au monastère, donc la Boulette ne servait à rien. Que lui restait-il à faire ? Entretenir le jardin, peut être ? Elle le faisait de son plein gré… Enfin à présent, il n’y aurait plus d’histoire de jardin, ni d’enfant, ni même de Castel et de mesnie. Salvaire l’avait tout bonnement délié de ses fonctions. Il ne lui restait plus qu’à faire ses valises…

Mais comment en était-elle arrivée là ? A se retrouver ainsi à la porte ? Déjà, cela faisait un moment qu’elle était chez les nonnes, sans nouvelle d’aucun. Elle revînt à Mende pratiquement au même moment que l’arrivée de son ami. Arrivée qui signifiée également départ. Ce départ, elle l’avait prévue depuis belle lurette, enfin presque et avait prévenue la mesnie. Elle avait, en effet, demandé quelques jours de vacances au baron. Ce dernier avait accepté, malgré une certaine tristesse. Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi cette tristesse, d’autant plus qu’il était prévu qu’elle revienne. Il suffit donc d’une mésentente entre Clément, son ami et Salvaire pour que tout ou presque vire au drame. Boulie s’en était doutée qu’au premier abord, l’entente n’aurait pas été au rendez-vous… Elle avait pourtant espéré… En vain. Mais ce froid entre eux ne pouvait pas être la source de tout ce remue-ménage. Elle avait voulu en discuter avec Salvaire, essayé de lui demander quelques jours de vacances. Il n’y eut pas vraiment de discussion mais bel et bien un « licenciement » si l’on puit dire ainsi.

Voilà donc notre Boulie en train de rassembler ses quelques affaires, méditant encore et encore sur le pourquoi du comment. Tout ça juste parce qu’elle voulait prendre quelques jours de congés ? Parce que Clément ne lui plaisait pas ? Ou tout simplement car il s’était levé du pied gauche ce jorn ? Elle avait beau retourné l’histoire dans sa tête, elle n’arrivait pas à trouver la raison d’un tel comportement. Elle avait bien du faire autre chose … Encore une boulette de sa part ?

Une discussion ultérieure avec Boulga lui avait apprit qu’il avait eu le même comportement avec celle-ci lorsqu’elle avait entrevue un voyage. Et elle avait réintégré la mesnie peu de temps après. Boulga lui avait aussi parlé du mariage prévu pour honorer la promesse de sa cousine, peut être que son air gronchon du jour venait de cette histoire. Elle repensa ensuite à la réaction qu’avait eu le double baron vis-à-vis de Solal… Bien après Salvaire lui avait dit que c’était de la pure comédie. Jouait-il la comédie avec elle ? Et puis après tout, il l’avait délié de ses fonctions et non de son amitié … Car à l’amitié, Boulie y tenait plus que tout. Elle ne pouvait pas partir comme ça, sans autres discussions !

Alors qu’elle s’approchait de la sortie, bagages en mains, elle fit demi-tour. Non, elle n’allait pas partir comme ça ! Elle se dirigea en trombe dans le salon, espérant y trouver Salvaire. Chance ou pas, elle tomba nez à nez avec lui. Elle s’arrêta net et le regarda droit dans les yeux :


- Certes, vous m’avez délié de mes fonctions… Mais il y a bien une chose que vous ne me délierez jamais … Ce quelque chose qu’on a fondé durant quelques mois. J’appelle ceci l’amitié. Certes, elle n’est pas aussi intense que celle que j’ai avec Clément. Certes, vous ne l’appréciez pas. Certes, je pars en vacances avec lui. Mais j’ai toujours l’intention de rentrer à Mende. Et quand je rentrerai, j’espère vous y trouver, et bien que je ne sois plus de la mesnie, j’espère que vous m’inviterez en votre Castel, non en tant qu’employée, mais en tant qu’amie.

Reprenant sa respiration et masquant sa tristesse, elle fit demi-tour, ne voulant pas attendre de réponse. Bagage en mains, il ne lui restait plus qu’à prendre la direction de l’auberge.
Boulga
Boulie était partie pour son voyage. Elle ne reviendrait pas tout de suite.
La jeune Altesse Charlemagne Von Frayner était retournée en Bourgogne avec le Roy d'Armes. Son petit frère, Franc, était chez les moines.
La comtessa Magalona, promise au senher Salvaire, était repartie avec son amie la dona Jehanne-Elissa pour Nevers, après un court séjour à Randon.
Boulga, en cette toute fin de journée, errait dans le jardin et regardait les fleurs exhaler leurs derniers parfums avant de se fermer pour la nuit.

Joana, la petite servante, vint la prévenir qu'un messer désirait lui parler.

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Benedict_, incarné par Boulga
Benedict trouva Boulga dans le jardin. Quand il la vit, il se demanda un instant s’il faisait le bon choix et s’il n’allait pas revenir sur sa résolution d’un départ définitif. Mais non, il avait tourné et tourné et retourné la question dans tous les sens et rester maintenant ne ferai que repousser le moment où il partirait.
Il fit quelques pas avec la jeune fille avant de se planter devant elle et de dire

Boulga, il est temps de nous séparer, et ce de manière définitive. Je suis venu à Mende appeler par Kassimir qui craignait pour votre honneur… et, je pense, ne voulait pas voir se reproduire une histoire ancienne. Nos familles sont alliées de longue date, j’étais en pourparlers pour un mariage, je vous ai donc rencontrée, j’ai découvert une jeune fille aimable, travailleuse, à ma convenance, en vérité. Mais Boulga, vous êtes prise ailleurs. Comme époux, j’exigerais de vous fidélité absolue et aujourd’hui vous ne pourriez pas me l’offrir. Non plus que votre affection. Votre estime, peut-être, sans doute. Mais je vous imposerais une séparation définitive d’avec votre seigneur. Je pourrais attendre que le temps fasse son œuvre, vous êtes assez estimable pour cela, mais regardez-moi Boulga.

Il la regarda avec un sérieux implacable :

J’ai huit ans de plus que vous et je pense à moi. Je ne jouerai pas les chevaliers servants ni les hommes au grand cœur : ce que je veux, c’est une famille, et le plus tôt possible. Je ne vous attendrai donc pas. Je sais que vous avez fait votre choix, pour vous. Je fais le mien, pour moi. Je vous souhaite une bonne route, petite demoiselle.

Il lui montra sa petite harpe, qu’il avait portée avec lui :

Elle est pour vous, je vous la laisse.

Il prit sa main et posa dans sa paume le collier réparé :

Votre perle. Je l’ai retrouvée dans un coin de l’Epi chantant, la chaîne brisée et la fleur gâtée. La chaîne est réparée, j’ai retiré la fleur. Un pendentif tout simple à présent.

Il la prit par les épaules et déposa un baiser léger sur son front.

Adieu Boulga, que le Très haut vous garde.

Il quitta le castel sans se retourner.
Ursula_
[Quelques jours plus tard]

Depuis quelques semaines, Esmey était songeuse voire franchement mélancolique. Elle évitait les gens, encore plus son senher. Elle ne souhaitait pas qu'il la voie ainsi, il s’inquiéterait pour sûr.En effet, la petite Normande passait du silence triste à une colère noire entrecoupés de rares sourires souvent forcés. La chaleur, le manque d'air à la mine, de l'hypocras frelaté, la sédentarité, tout avait pu jouer sur son humeur jusqu'à la rendre quasi hystérique.


Le temps était venu de se retirer pour quelques semaines. Une petite retraite au couvent serait la bienvenue. Le calme des alcôves, la routine, le silence. Rien de mieux pour vous remettre les idées en place et vous revigorer le corps. Et puis sans doute qu'une petite confession des nombreux péchés commis récemment soulagerait sa conscience.

Son petit baluchon sur l'épaule et sa flasque à la ceinture, Esmey quitta le village et gagna le chemin menant au couvent. Le petit bâtiment de pierre blonde se profilait au loin, avec son clocher carré. Cela lui ferait sans doute du bien de ramasser des légumes en chantant des cantiques. Elle reviendrait fraîche et dispose, sereine et souriante. Du moins, elle l'espérait.

Avant de quitter sa petite chaumière, la jeune femme avait pris soin de rédiger une courte lettre à l'intention du bel et blond. Cachetée et envoyée juste avant qu'elle ne parte
.


Citation:
À vous, Salvaire d'Irissarri de Castelmaure
De moi, Esmey

Je sais dans quel état vous vous mettez lorsque l'on vous annonce un départ. C'est pour cette raison que j'ai préféré vous écrire. Je ne pars pas pour longtemps, quelques semaines tout au plus. Je ressens le besoin de me retirer au couvent à nouveau, me sentant encore quelque peu souffrante.

Soyez certain que vous me manquerez. Je prierai pour vous.

Avec toute mon affection,

E.


Je serai absente du 24 mai au 18 juin.

_________________
Boulga
[presque un mois plus tard, à la mi-juin]

Je veux vivre
dans ce rêve
qui m'enivre,
longtemps encore !

Douce flamme
je te garde
dans mon âme
comme un trésor !
*



Le senher Salvaire et Boulga n'étaient pas partis tant de temps que cela. Deux petites semaines, seulement. Mais il semblait à la jeune fille que cela faisait une éternité, tant cette dernière quinzaine s'était trouvée riche et avait un peu battu en brêche le quotidien.
Qu'il faisait bon de rentrer chez soi après ce voyage ! Et comme elle appréciait la quiétude de Randon ! Car, oui, Randon, elle s'y sentait comme chez elle et elle prit le temps à leur retour d'en reparcourir la cour et les couloirs, la grand salle, les chambres. Vérifier que tout était en ordre, propre, prêt à nouveau à recevoir ses hôtes. Vérifier que les gens du baron qui étaient restés avaient bien suivi les ordres de l'intendante. Et puis... et puis... fouler ce sol, effleurer la pierre, la toucher, la respirer même. Les boiseries, les tapisseries, les quelques meubles. Tout cela était à Lui. Il y avait mis un peu de Lui. Et elle l'y avait aidé.

Boulga redescendit au jardin. Fleurs et plantes embaumaient l'air, mais elles avaient besoin d'une menue taille. Elle avait suffisamment observé dona Boulie pour savoir parer au plus urgent, aussi profita-t-elle de cette longue soirée de juin, où le jour s'étirait, pour couper et désherber ce qui en avait besoin.
Comme sa vie et ses pensées.
La bataille à laquelle elle avait pris part, et la blessure mortelle infligée à l'ami Motshow, la hantaient, mais elle ne pouvait rien y faire à présent, et elle pensait en avoir tiré certain nombre de leçons : la précarité de la vie et la nécessité de bien aimer son prochain, de le lui montrer.
Elle avait voulu voir la mer, à leur départ de Mende. Mais la mer avait été oubliée. A la place, son senher lui avait proposé d'officialiser leur relation. Oh, pas par un mariage, non, puisqu'il était déjà promis à une autre, ou au moins que les négociations étaient bien engagées. Mais plutôt de faire d'elle une maîtresse en titre. Comme l'avait été la belle Agnès Sorel pour le roy Charles, bien avant la naissance de Boulga.

Et naturellement, la jeune mendoise d'adoption avait accepté. A vrai dire, elle s'en réjouissait. Si c'était péché - elle n'en disconvenait pas - il lui semblait bien véniel, et bien doux également : elle gardait à l'esprit qu'elle avait pleinement profité de son senher pendant son voyage, et même maintenant encore, où il était à elle tout entier. Elle ne l'avait partagé avec aucune autre. Un privilège dont elle était bien consciente, et dont pet-être aucune autre qu'elle ne jouirait.

Voilà, son senher était infidèle quand l'occasion s'en présentait, mais jamais il ne lui avait juré le contraire et tojorn il lui revenait. Tojorn, elle en concevrait de la jalousie, tojorn elle en dépiterait, mais elle ne voulait plus jouer les victimes ni se morfondre dans l'amertume, celle qui conduit droit dans le désespoir et le froid de l'enfer lunaire. Elle voulait vivre ! Et vivre au chaud ! De la chaleur, le coeur de son senher en recelait tant et plus. Elle pouvait bien en laisser un peu aux autres, pardine !
Et puis pour ce qu'elle en avait compris, le blond baron, avec toute l'ardeur de sa jeunesse, avait besoin d'être aimé. Il avait besoin de butiner et de voltiger comme papillon et Boulga n'avait pas assez d'orgueil pour croire qu'elle ferait à elle seule un parterre entier de fleurs.
Sans doute, même, avait-elle plus d'avantage à ces infidélités régulières ou occasionnelles, puisque d'une certaine manière, elle était assurée, par ses retours, qu'il ne se lassait pas d'elle.
Alors voilà. Elle se laissait blesser, toujours au même endroit. Maintenant elle connaissait la blessure, l'avait apprivoisée, elle la portait au fond d'elle comme une pénitence... et la chérissait. Ses mains douces, Ses regards aimants, Sa voix claire, Ses baisers enivrants savaient lui rappeler qu'il faisait bon vivre et dormir à l'ombre de Randon.




*Romeo et Juliette - Charles Gounod
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Salvaire_d_irissarri
Tout à fait guilleret, le bel et blond, en cette nouvelle journée ensoleillée. Plan segur qu'il demeurait au fond de son coeur, constamment, cette inquiétude pour son jeune cousin qui ne donnait plus de ses nouvelles. Le garçonnet lui manquait, vraiment. Il lui manquait d'autant plus qu'une menace planait, suite aux évènements de Tolosa, sur le devenir des terres du Laouragès.

Mais Salvaire était de naturel plutôt joyeux et préférait avancer, encore et tojorn et ne point se laisser abattre par l'adversité. De fait, il venait de postuler et d'obtenir nouvelles charges et se réjouissait par avance de la somme de travail que celà lui occasionerait sans nul doute, tant il détestait être désoeuvré.

De ses diverses rencontres, lectures et conversations, il avait décidé de ne retenir que ce qu'un vieux pécheur breton lui avait dit un jorn :

Citation:
Jonathan le goéland comprit que l'ennui, la peur et la colère sont les raisons pour lesquelles la vie des goélands est si brève et, comme il les avait chassés de ses pensées, il vivait pleinement une existence prolongée et belle.
Jonathan Livingston le goéland (1970)


Celà ne lui était pas tojorn facile car souventes fois les réactions de ses voisins ou amis l'étonnaient grandement mais il tâchait néanmoins de garder en mémoire cette citation qu'il voulait voir devenir sa devise de vie.. Brèfle !
Pour l'heure, il était à la recherche, en son castel d'un endroit où entreposer son principal outil de travail. A force que de passer de bureau en bureau, de castel en castel, il était un peu fatigué effectivement d'avoir à parcourir des kilomètres de couloir pour le retrouver.
Il se dirigea donc vers la pièce qu'il venait de se choisir pour bureau et déposa le précieux parchemin au fond d'un tiroir qu'il ferma à clé soigneusement.


Citation:









Il songeait que personne ici ne saurait l'utiliser sans son accord et espèrait donc que ce document ne serait point plus abimé qu'il ne l'était déja. Il l'avait retrouvé, n'avait pas osé y toucher et s'en alla donc, l'esprit serein, retrouver son intendante préférée.

Sourire figé sur ses lèvres, mèche blonde se balançant au rythme de ses pas, il sifflotait gaiement, heureux du souvenir de leurs derniers ébats. Amour, plaisir, sensualité infinie qui les laissait chaque fois ravis, réjouis, heureux de leur vie.
Parfois, comme un nuage sombre, un voile passait devant ses yeux. Il se demandait avec grande inquiétude si tant de bonheur simple pouvait durer toujours...

_________________
“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
Lahire
Sur un chemin de Mende, trotte un drôle d'animal, tout carré, 2 pattes, la démarche chaloupée avançant péniblement.

La bête grogne.

Rhoooo qu'allais je faire faire dans cette galère ??? J'ai vu trop grand, tudieu !
Lahire tu causse trop, tu t'emballes, tout ça pour te faire mousser devant un seigneur...


Trébuchant sur la caillasse du chemin, le quadrilatère à pattes prend soudain de la vitesse, oscille, penche dangereusement mais se rétablit.

Tudieu, qu'allais je faire dans cette galère!!!
Pi 7 lieues, c'est des pas d'homme, ça double pour mes gambettes... Pèse son poids cette toile.
J'aurais du louer un ane tin!!!


La route se passe, avec milles et un jurons bien imagés, tous les cailloux, les pentes, et les descentes ont été affublés d'un sobriquet qu'aucunes oreilles chastes ne pourrait entendre.

Le castel est en vue et la créature se tait. A la porte, le nain apparaît en déposant sont grand paquet, bien plus grand que lui...
S'essuyant les mains, épongeant son front, il helle !

Hola du château !!! J'ai un colis fort important pour le Seigneur des lieues !
Et un homme qui se meure de deshydratation...
Boulga
Alertée par une voix qui appelle et parle de colis pour le senher des lieux, Boulga lève la tête de son ouvrage - inspection des cuisines - et sort de la batisse.
Elle reconnait messer Lahire, en compagnie d'un âne, et effectivement en s'approchant elle découvre un grand paquet qui repose contre le mur, à côté de la porte des communs.
Elle arbore son plus beau sourire, comme de juste, et endosse son rôle de mestresse de maison... heu d'intendante.

Ah ! bien le bonjorn messer Lahire ! Entrez donc ici et asseyez vous un instant. Vous devez mourir de soif, la route n'est pas aisée de Mende à Randon. Je vais vous faire chercher à boire et quérir le senher Salvaire.

Elle marque une petite pause

Il vous avait donc passé commande ?

Mais sans attendre la réponse, elle file aux cuisines donner quelques ordres et part en quête de son senher. Le matin, il est sans doute encore dans sa chambre, au bain. Ouais, l'idée de l'y surprendre l'émoustille un brin, mais enfin, la journée a commencé et l'heure n'est plus à la bagatelle, et de verda, si jamais il n'en était pas encore sorti, elle se contenterait du fugace plaisir des yeux.
Enfin, par prudence et toujours par courtoisie, elle frappe à la porte :


Senher Salvaire, messer Lahire est en bas avec un colis pour vous
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Salvaire_d_irissarri
Salvaire était très occupé à tenter de faire flotter dans l'eau de son bain un canard en bois. Fameux présent qui lui avait été offert par l'autre double baron du comtat. Ce Djehan Jahen, ou l'inverse, le jeune homme ne se souvenait plus vraiment et qu'on n'avait, en tous cas, jamais revu.
Il sursauta donc au bruit à la porte et dans un geste brusque fit couler le petit canard tout au fond du baquet.


Saperlipoplette ! Entrez qui que vous soyez et tâchez moyen d'avoir une bonne excuse pour m'avoir fait couler toute ma flottile ! Tstt !
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“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
Boulga
Couler toute sa flotille ? c'était quoi cette flotille ?

Allons, son senher était donc bien au bain, et très certainement tout seul, ce qui décida Boulga à entrer promptement, et à rabattre très machinalement le loquet derrière elle, on ne savait jamais, des fois que la tentation s'avère vraiment très très forte, au point de venir à bout des meilleures et plus fermes résolutions.
Une petite hésitation la prit tout de même, comme à chaque fois que le baron roumègait, d'ailleurs. C'est qu'elle était impressionnable. Et puis, hein, s'engager sur la voie d'un péché, aussi délicieux soit-il, ça vous laisse comme un petit frisson.


Heu... senher, c'est votre Gloubinette, je venais vous prévenir que messer Lahire était en bas, avec un colis pour vous.

Tout de même, elle avait beau bien le connaître, son bel et blond baron, le surprendre dans un moment d'intimité et dans le plus simple appareil, même caché par le baquet, ça lui faisait certain effet.
A la vérité, elle en profitait maintenant, s'étant persuadée que tout cela ne durerait pas éternellement : elle le savait, un jour, elle partirait. Oui, c'est bien elle qui partirait, ou du moins qui mettrait fin à leur relation. Ca avait failli arriver à deux reprises, bien plus tôt, la troisième fois serait la bonne. Il devait le sentir. Mais pas aujourd'hui. Aujourdd'hui, elle était tout à lui.
Prendre un air dégagé, faire mine de rien, agir naturellement comme une vieille intendante qui en a vu bien d'autres, c'était son petit jeu favori. Et puis elle aimait bien le taquiner. Elle s'avança donc rapidement jusqu'au baquet, sans attendre la réponse, juste pour voir ce que pouvait bien être cette mystérieuse flotille.
Et hop, un petit coup d'oeil bien ajusté, les joues rosissent, on repère l'objet du délit, le bras plonge - tudieu, c'est plus profond qu'il y parait - la respiration se raccourcit, le front rougit, et la main ressort chargée de butin.
Les lèvres de Boulga esquissèrent un petit o de surprise, et d'une petite voix :


Tiens ! mais c'est mon canard !
_________________
Salvaire_d_irissarri
Boulga a écrit:
Tiens ! mais c'est mon canard !


Il éclate de rire, évidemment, hésite à sortir illico presto la blague qui tue, la regarde et la voyant rose d'émoi, la main si près du corpus delicti, lui vint la délicieuse envie.
Et plan segur, la blague qui tue :


Mon canard ? Macarena ! Ma coquine mestressa, vous ne l'aviez encore jamais appelé comme cela, té ! Alors venez donc ! Venez voir de plus près. Verrez bien si il flotte ou pas !


Et bien sur... Ce qui devait arriver arriva. Ni une, ni dos, ni tres, le voilà qui se lève à demi et entourant de ses bras la taille de la jeune fille, l'entraine près de lui, tout de go et toute vestue et les voici tous deux dans le baquet, mouillés ; elle suffoquant, riant et lui commençant déja à tenter de démêler tous les jupons flottants.

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“ Se ne vos pas sentir la fret, te cal minjar un caçolet ”
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