Enguerranddevaisneau
[Cour du Castel dHallincx. Nuit noire.]
Léphèbe sen revenait de la ville, pieds fermement ancrés dans ses étriers, tigrasse finement engoncée dans une toque de bonne facture. Vêtu de rouge, comme daccoutumé, il traversait au pas la cour intérieure de la petite forteresse dHallincx, là où il avait logement en Flandre.
Quelques escuyers, sessayaient plus loin à un jeu barbare qui consistait à abattre à coup de tête, mains attachées dans le dos, un chat, lui-même attaché à un arbre par une cordelette reliée à un harnais qui le laissait libre de ses mouvements.
LIttre, qui nappréciait pas, sans pour autant le répugner, ce jeu, samusât alors à regarder la débâcle du premier garçon, qui après avoir manqué sa cible dun franc coup, fut gratifié dun coup de griffe du félin, encore intact. Mais las, le deuxième, semblait plus apte que son compère, et après quelques blessures moindres, ce fut sous les hourras de ses camarade quil vint à bout de linfortunée bête, gisante morte, les os brisés.
Grimace mécontente sur le faciès, il sexclame pour les jeunes garçons assez vertement :
-Il suffit, des escuyers dignes de ce nom, ont mieux à faire que de faire souffrir animal innocent. Que chacun rejoigne la grande salle pour y dormir. Demain je punirai comme il se doit les barbares qui se gargarisent à me servir.
Aux garçons, dont le plus vieux devait avoir quinze ans, dexécuter les ordres du de Vaisneau de mauvaise grâce, tout en se maugréant intérieurement des tâches ingrates quil leur confierait le lendemain même. Un seul s'en vint chercher le cheval d'Enguerrand pour le mener aux écuries
Maintenant aux portes du Castelet, il entre directement dans la grande salle, unique pièce de ré de chaussé, où de la paille a été dispersée ca et là pour le confort de la mesnie, des serviteurs et toute personne étrangère à la famille du seigneur, qui dormirait à même le sol, avec pour unique couverture leurs maigres manteaux. Il en était toujours ainsi dans les châteaux de province, et le baron dIttre ne démordait pas à la règle des seigneurs qui voyait leur fort comme un bastion imprenable, et non comme un palais confortable.
Ainsi, il sengouffre dans lunique et étroit escalier de pierre qui le mène aux deux uniques pièces de lunique étage. Sa chambre et son cabinet. La première vide, où il sengouffre, la seconde pièce elle, encore emplie des murmures de clercs qui terminent leur ouvrage avant de rejoindre la grande salle pour la nuit.
Garde est sommée. Que lon mène la rousse qui se présenterait bientôt directement dans la chambre du seigneur, sans réveiller les dormeurs du bas, et surtout, quon laisse lHallincx et son invitée, en paix, et ceux jusquà ce que matines soient sonnées.
Et de se servir une coupe de bière coupée deau, unique plaisir quil soffrait encore, tandis que la valetaille quitte les lieux et que lui sabime à contempler le confort spartiate de sa chambrée, pourvue en tout et pour tout dune lit austère mais confortable, de quelques trophées de chasses, de quelques chaises de bois, et dun trône, recouvert de fourrure, où il vient à poser son noble séant, attentif à tout bruit extérieur qui annoncerait larrivée de la catin. Fébrile, il létait un peu, après tout, il en allait de lavenir dhomme de son jeune frère.
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Léphèbe sen revenait de la ville, pieds fermement ancrés dans ses étriers, tigrasse finement engoncée dans une toque de bonne facture. Vêtu de rouge, comme daccoutumé, il traversait au pas la cour intérieure de la petite forteresse dHallincx, là où il avait logement en Flandre.
Quelques escuyers, sessayaient plus loin à un jeu barbare qui consistait à abattre à coup de tête, mains attachées dans le dos, un chat, lui-même attaché à un arbre par une cordelette reliée à un harnais qui le laissait libre de ses mouvements.
LIttre, qui nappréciait pas, sans pour autant le répugner, ce jeu, samusât alors à regarder la débâcle du premier garçon, qui après avoir manqué sa cible dun franc coup, fut gratifié dun coup de griffe du félin, encore intact. Mais las, le deuxième, semblait plus apte que son compère, et après quelques blessures moindres, ce fut sous les hourras de ses camarade quil vint à bout de linfortunée bête, gisante morte, les os brisés.
Grimace mécontente sur le faciès, il sexclame pour les jeunes garçons assez vertement :
-Il suffit, des escuyers dignes de ce nom, ont mieux à faire que de faire souffrir animal innocent. Que chacun rejoigne la grande salle pour y dormir. Demain je punirai comme il se doit les barbares qui se gargarisent à me servir.
Aux garçons, dont le plus vieux devait avoir quinze ans, dexécuter les ordres du de Vaisneau de mauvaise grâce, tout en se maugréant intérieurement des tâches ingrates quil leur confierait le lendemain même. Un seul s'en vint chercher le cheval d'Enguerrand pour le mener aux écuries
Maintenant aux portes du Castelet, il entre directement dans la grande salle, unique pièce de ré de chaussé, où de la paille a été dispersée ca et là pour le confort de la mesnie, des serviteurs et toute personne étrangère à la famille du seigneur, qui dormirait à même le sol, avec pour unique couverture leurs maigres manteaux. Il en était toujours ainsi dans les châteaux de province, et le baron dIttre ne démordait pas à la règle des seigneurs qui voyait leur fort comme un bastion imprenable, et non comme un palais confortable.
Ainsi, il sengouffre dans lunique et étroit escalier de pierre qui le mène aux deux uniques pièces de lunique étage. Sa chambre et son cabinet. La première vide, où il sengouffre, la seconde pièce elle, encore emplie des murmures de clercs qui terminent leur ouvrage avant de rejoindre la grande salle pour la nuit.
Garde est sommée. Que lon mène la rousse qui se présenterait bientôt directement dans la chambre du seigneur, sans réveiller les dormeurs du bas, et surtout, quon laisse lHallincx et son invitée, en paix, et ceux jusquà ce que matines soient sonnées.
Et de se servir une coupe de bière coupée deau, unique plaisir quil soffrait encore, tandis que la valetaille quitte les lieux et que lui sabime à contempler le confort spartiate de sa chambrée, pourvue en tout et pour tout dune lit austère mais confortable, de quelques trophées de chasses, de quelques chaises de bois, et dun trône, recouvert de fourrure, où il vient à poser son noble séant, attentif à tout bruit extérieur qui annoncerait larrivée de la catin. Fébrile, il létait un peu, après tout, il en allait de lavenir dhomme de son jeune frère.
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