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Foutue encre rousse et courrier de belette ! II

Scath_la_grande
C'est un fait, Musteile n'aime pas écrire, donner des nouvelles c'est d'un commun... mortel même.
De plus, ça coûte cher. On ne vous le répétera jamais assez, la bestiole est radasse.
Néanmoins il y a des personnes pour lesquelles la rousse fait l'effort -incommensurable il va sans dire- de sortir son nécessaire à écrire.

Bien installée dans son fauteuil offert gracieusement par la municipalité de Montauban, la main habile écrase l'écriture ramassée du Gouverneur.



Citation:
Astana !

    Nom d'un fût fendu de Bourgogne ! Nom d'un papiste écouillé et pendu !
    Déjà que tu me laisses ton rebut de mâle (du genre brun, radin, qui prie souvent chez les moines... tu vois de qui je parle) encombrer la municipalité de son inutilité mais en plus ! Tu as l'outrecuidance de ne pas m'écrire pour me donner une once de nouvelle !
    A croire que ça t'emmerde !

    Je te passe les nouvelles de Montauban mais il se pourrait bien que je sois réélue, en même temps, z'ont pas le choix... je suis la seule candidate. Le tournoi de Montauban se déroule très bien, même si sans toi c'est pas pareil.
    Bon tu reviens quand ? C'est que mon affaire coule ! Ma cliente number one est plus là pour vider ma cave alors forcément le livre de compte de "la Sanguinaire" tire la tronche et moi avec.
    Le pire c'est que j'en viens à penser à en finir... oui d'en finir totalement, définitivement, complétement.... de mon célibat... non mais tu te rends compte !!!! Je suis même entrain d'envisager le mariage comme une situation honorable !
    Ne traîne pas en route sinon tu vas finir par me trouver en noces ! Quelle horreur !

    Teigneusement,

Ta Belette.

    P.S. : Je me suis faite un peu bobo en m'embrochant par accident sur la lame de Marie durant le Tournoi. J'avais cru voir une femme dans ma nouvelle tenue Margaret ! Finalement non, c'était pas ça.




D'un trait, elle se siffle le godet de vin et change de parchemin. L'écriture austère recouvre délicatement le vélin.


Citation:
Ma Sombre, ma vestale, mon âme,

    De ton envol loin de Montauban j'espère que tu en récoltes les meilleures choses, autre que moi qui n'ai que ton absence à goûter. L'autre éborgné remplit-il bien son office ? Prend-t-il soin de toi, les gens desquels tu t'entoures sont-elles dignes de ton intelligence et de ta cruelle lucidité ?

    Par ma lettre je viens te rejoindre le temps d'un instant, le temps que mes mots se bousculent sous ta rétine et impriment ton esprit. J'espère trouver en toi la sagesse que je n'ai pas, d'entrevoir la lumière à travers mes ténèbres parce que merde à la fin, t'es pasteur et tu dois pouvoir connaître l'âme humaine. Une compréhension qui me fait terriblement défaut.
    L'heure pour moi est à la réflexion et toi seule sait combien c'est une tâche qui me rebute, introspecter dans mon moi intérieur, non mais sans déc, hein !

    Peut-on aimer quelqu'un de totalement différent de soi ? Je veux dire quelqu'un qui ne partage pas les mêmes idées que nous... voir même considéré comme ennemi par nous autres ? Se peut-il que mon âme s'y attache alors que même ma raison s'y refuse. J'ai toujours trouvé l'affect et les sentiments complexes mais là, ça en devient surréaliste, j'en viens à croire que c'est une vaste blague de notre Créateur, que Deos dans Son infini sens de l'humour me fait subir ça et Se boyaute sec là haut.
    Je prie souvent et je demande des réponses au Grand Muet, les choses m'échappent, je ne maitrise rien et moi qui n'ai peur de presque rien, m'angoisse pour ce qui semblerait anodin pour d'autres.

    Puisses-tu me guider, toi dont j'ai toujours eu foi dans ta redoutable acuité, viens rétablir mon instinct qui se fourvoie dans l’émoi, qui se trouble, j'en perds tout discernement et j'ai peur de me perdre moi aussi.

    Que l'Unique te ramène à moi, entière.


Ta rousse Belette.


_________________
Scath_la_grande
Nuit d’insomnie n° 6367.
A se caler une plume dans les doigts, du vin dans le gosier. Nourrir le parchemin de mots incertains, brumeux, sortis à l’instinct.
La douleur est là, en petite ombre muette, insidieuse créature.


Citation:
Louvelle,

    Et le temps s’écoule, flot de secondes, de minutes, d’heures et de jours interminables transformés en mois au jour d’hui.
    Si vous l’aviez souhaité, vous eussiez donné de vos nouvelles à celle que vous disiez considérer comme Votre.
    Vous avez choisi, de par votre silence, une tacite réponse à mes questionnements et mes doutes, j’en ai pris acte.
    Ne me jugez point mal à présent, si dans d’autres bras et en d’autres lèvres je me suis abandonnée. Ma chair est apaisée. Point mon âme.
    M’eussiez-vous envoyé un mot, une fleur, une pensée qui aurait crédité vos sentiments à mon égard, il en aurait été autre.
    Aimez donc une femme qui soit de votre condition et de votre opinion, la mienne vous garde en horreur.
    Plus de heurts, pas de mots hauts en couleur à votre encontre, voyez-vous ma colère est froide et se distille en moi comme un vénéneux poison.
    Je ne vous en tiens pas rigueur, je suis juste peinée que vous m’eussiez oubliée, reléguée dans la douce souvenance, ni dans le présent, ni dans l’avenir.
    Vais-je vous pardonner un jour de cet affront ? Je ne sais pas encore.
    En tout cas, mon départ se rapproche, bientôt je reprends les longes de ma monture et m’en irais sur les chemins.
    Mourir un peu en quittant la ville, en vous quittant aussi, faire le deuil d’une espérance folle et d’une relation sans avenir.

    Miséricorde vous soit accordée et que Dieu veille à vous.


Frayner

_________________
Matalena


Ma rousse, ma belette, ma sœur de cœur

Je crois, de si loin que je me trouve, entendre les protestations et grognements qui ne manqueront pas d'être tiens à la réception de cette lettre. Quoi ? Uniquement maintenant ? Qu'avais-je de mieux à faire que te répondre ? Et bien en mal serais-je, en effet, que de trouver motif suffisant pour satisfaire à tes attentes, aussi ne m'aventurerais-je même pas sur ce terrain.

Quel silence après nos étranges retrouvailles en Montauban !
Pas un mot sur ce grand et difficile amour qui te posait tant question, pas une insulte sur l'homme duquel je partage les jours... Ce silence m'inquiète plus sans doute que les chapelets d'injures dont tu eus pu m'abreuver quant au retard de mes lettres. Ainsi que tu me connais, je n'ai pu m'empêcher de combler les vides par des suppositions, et songer ainsi que tes affaires de cœur se sont résolues, et non de la manière la plus idéale et romantique qu'on le pouvait rêver. En espérant que j'ai tors, dans mon ordinaire pessimisme, surtout s'agissant de ces choses.
Enfin, dans l'idée, suis-je rassurée de savoir qu'Astana t'apporte compagnie et divertissement où je ne suis plus là pour remplir office. Quoi que cet état de fait se soit pas accompagné de prime abord d'une légère (et tout à fait étrange) jalousie de ma part, je suis finalement heureuse de savoir que tu n'es pas seule, et que mon absence n'est que l'opportunité de nouvelles connaissances.

Que te dire sinon que je pourrais bientôt te donner ces nouvelles qui te manquent de vive voix ? Je m'en reviens passer quelques jours en Montauban, seule cette fois, avec moult changements à te compter ou que tu constateras de toi même. J'espère t'y retrouver au plus vite et, dans cette attente,

Prends soin de toi

Mata

_________________
Scath_la_grande
« Tout être différent, sortant de la norme, est considéré comme fou. » Eric Cantona


~ Nuit du 31 mars au 1er avril – Hôtel de ville de Montauban ~

En plein borgnon, le résultat tombe tel le couperet sur le cou du sentencié, condamnant la ville à la médiocrité, pire… à la banalité.
Encore calée dans son ancien fauteuil de Gouverneur, la rousse abandonne ses fauves au vide et son esprit étriqué à la réflexion.
Un silence pesant règne dans le vaste office où l’employé de mairie, un peu soulagé de voir le tyran se carapater, emballe les dernières affaires de la Musteile avec soin.
Le relatif calme que la Frayner fille présente, augure souvent une vive agitation à venir.


« Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! »

La nuit au fond de l’Hôtel de ville, la bête vient de pousser son cri.
A une poignée de toises, toutes créatures nocturnes se figent terrifiées avant de s’enfuir à toutes pattes.
Le souffre douleur municipal accourt, plus mué par habitude de répondre au moindre désir de l’ancienne gouverneur que par inquiétude.


-Vous avez brai… hmmm appelé Gouverneur ? Votre troisième pichet est déjà vide ?
« Troisième ?... ‘tain ! J’me relâche moi ! Silence consterné. Réflexion. J’disais donc : Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Tout ça c’est de SA faute !!! Faut que je trouve un exutoire ! »

Gné ? De quoi ? De qui ?
L’employé de mairie blêmit, priant silencieusement que l’exutoire en question ne soit pas sa propre personne. Néanmoins pour éclairer ses lanternes, il ose d’une petite voix teintée de timidité :


-D’la faute à qui Gouverneur ?

Si c’est un type du coin, pour sûr qu’il le fera mander pour qu’elle « exute » sur lui, tant qu’à faire, le petit fonctionnaire aimerait éviter de se faire pendre si près du départ de la rousse. Ça serait ballot.
Néanmoins hormis un hasard, il a peu de chance de tomber sur le même raisonnement que la réformée.


« D’ce type là, en Anjou ! Celui qu’on appelle Le Pion… »
-Le Fou vous voulez di…
« C’est ce que j’viens d’dire ! »

Panique cérébrale dans la tête bien ordonnée du jeune homme qui essaie de brancher les connexions entre « Le Fou régnant/Duc d’Anjou » et le « Tout ça ».
Il est de réputation que les angevins sont causes de pléthore d’emmerdes en tout genre, mais là…


-Hmm, à cause de vos procès ? Il hasarde en sachant que c’est la prime préoccupation de la rousse ces derniers jours, lui donnant des humeurs de goule en menstrues.

Le regard fauve se lève impérieusement jusqu’à lui darder les prunelles.
Et meeeerde ! Pourquoi qu'il a ouvert sa gueule, lui.


« Nan mais tu t’entraînes à être con pour le prochain maire toi ? Long soupir. C’ta cause des Royales. Amène-moi de quoi écrire ! L’parchemin de la mairie, hein ! On est pingre ou on ne l’est pas.

Et à boire ! Froutecul, fait soif à jaspiner ! » On est Scath ou on ne l’est pas !

L’écriture qu’elle y jette est sa coutumière, loin des arabesques girondes et élégantes de ses missives à caractère aimable. Les courbes sont abruptes, les mots recroquevillés.
Une lettre toute huguenote, en somme.


Citation:
A celui qu’on nomme le Fou, Duc d’Anjou par les urnes

    Monsieur, je ne vous salue point, vous ne méritez que mon mépris tant votre inconséquente décision a nui au Royaume de France et à votre bénéfice par là même. Ne cherchez point, nous n’avons pas l’heur de nous connaître et néanmoins vous m’avez fâchée, déçue et Dieu me soit témoin que ce n’est pas chose aisée.

    A vous je me présente, Scath, fille illicite du dit « Resplendissant » Sancte Iohannes Von Frayner, religionnaire impliquée, mercenaire à mes heures, et anciennement Gouverneur de la belle cité de Montauban. Par la force des choses, j’ai la politique dans le sang et toute ponantaise que je suis, je ne peux que récrier de votre caprice de régnant.

    Par votre acte stupide, vous avez empêché vos sujets à voter pour élire un Roy qui n’usurperait pas le trône comme l’a fait par le passé cette boîte à vérole de Malemort et actuellement ce foutu périgourdin !
    Les voix angevines auraient fait la différence et le Balbuzard ne serait pas obligé de réclamer ce qui lui revient de fait et de droit par la voie des armes.

    Angevin va !

    A Dieu seul la Gloire, à moi le reste !



_________________
Scath_la_grande
[Cambrousseland]


Citation:
Ma Sombre, anma meuna*

    A croire que Dieu aime à ce que nous ayons une destinée parallèle l’une de l’autre. Tu m’annonces ta rentrée en la cité des Saules et à moi de t’annoncer que déjà j’ai pris route avec quelques loyaux de la Réforme. Le voyage durera moins que celui que j’avais entrepris pour Genève et sous bonne garde je suis, l’Unique nous accompagnant.

    Pour répondre aux questionnements qui te taraudent, mon mutisme n’est que le résultat de mon aversion à donner de mes nouvelles, tu sais bien comme il m’est difficile de prendre parchemin et plume pour l’en vermillonner de mots, néanmoins tu es une des exceptions qu’il me plait à écrire.
    Nul besoin d’insultes à l’homme qui sur toi m’a promis de veiller, si tu le suis c’est qu’il doit avoir une quelconque valeur à tes yeux. Qui suis-je pour me permettre de dire et médire sur tes choix, alors que moi-même je m’égare, je me perds dans des méandres sans fin, entre affection et affliction.
    Je crois, sans trop m’avancer, qu’il n’y a guère d’espoir pour ces sentiments là, Louvelle ayant plus à cœur à fournir son temps au monastère plutôt qu’à ma compagnie. Je reste dans l’expectative de prendre une décision mais n’y suis pas résolue pour l’instant.

    D’Astana, je n’ai nulle nouvelle depuis son départ qui date de ma dernière élection (à ce propos, ce bâtard de Prince usurpe la fonction de bourgmestre, à me demander comment des gens ont pu voter pour une telle incapacité) et la solitude me tient lieu de compagne. N’est-ce pas étrange de se sentir dans le creux de son âme, si seule alors que l’on est entouré de gens. L’humanité dont m’a affublée Notre Seigneur est d’une cruauté sans nom.

    J’attends à présent de tes nouvelles, savoir si ton voyage se déroule sans encombre et par les mots je te laisse, par la pensée je te garde, toi qui est bien plus qu’une sœur de mon sang.

    A Dieu je te confie.

Ta rousse Belette


*âme mienne
_________________
Matalena


Déjà ?!

Tout du moins, je suppose que cette exclamation franchira tes suaves lèvres à la réception de ce courrier, tant j'estime notable et tout à fait inédit l'empressement que je mets à te répondre. Mettons ça sur le compte des innombrables difficultés à dormir auxquelles je suis sujette ces temps derniers et qui me laissent, à la vérité, bien trop d'heures pour gratter du papier au fil des nuits.
Bref.

Voilà que tu me livres, au hasard d'une ligne et comme si la chose était parfaitement naturelle, le nom que tu te faisais un devoir de taire à notre dernière rencontre ! Mais à sa lecture, ton prime désir de secret m'apparait avec clarté, ainsi que les tiraillements intérieurs qui étaient (sont ?) tiens relativement à sa personne. Alors que je fréquente la compagnie des hommes depuis un certain temps, de loin de prime abord, de plus prêt désormais, je constate hélas qu'il n'est guère de règles qu'on y puissent appliquer, tant sont contraires et parfois surprenantes leurs réactions. Quoi ? Le mâle te demanderait ta main au rebours de l'opinion publique, de vos religions, et que sais-je encore pour ensuite se retirer en couvent ? Qu'est-cela ?
Enfin, tout porte à croire que ton désir de prendre l'air fut le bon... Quand bien même la mairie serait tombée aux mains d'un incapable qui dilapidera sa fortune, ce qui m'irrite, mais n'est point la chose la plus capitale au monde : il suffira pour y pourvoir de se mieux organiser le mois prochain. La stagnation n'a jamais été une bonne chose, pour toi comme pour moi les voyages sont souvent salutaires, quand bien même ils ne se soldent pas par la félicité qu'on en attendait.

Bien fâchée suis-je d'apprendre que ton amie a tourné la bride sans prendre le temps de te donner de plus amples nouvelles, mais qui suis-je pour lui jeter la pierre ? Je ne remplie certes pas non plus tous mes devoirs en la matière, quand bien même tu sois en ma pensée pour ainsi dire chaque jour... Cela est sot, et ne suffit pas : quand nous serons appelées à quitter nos vies terrestres, que nous servira d'avoir pensé l'une à l'autre, si point ne nous sommes vues, ou tu du moins écrit ? D'autant qu'avec les existences que nous menons, l'évènement regrettable qu'est la mort se montre plutôt courant.
Je me suis cru seule toute ma vie, ma tendre amie... De cette sorte de solitude qui nous fait sentir mécanisme, vide et sans âme, à s'abimer dans des contacts humains de façade qui laissent insatisfaite, et seulement plus saoule. Ce silence intérieur me pesait tant que, n'ayant été croyante, j'aurais sans doute souhaité le faire taire définitivement quand je me glissais, pleine d'alcool comme une barrique et les larmes aux bords des yeux, sous ma couverture miteuse. Cela a changé depuis, parce que je l'ai choisis. Choisis de me lier à des personnes, de prendre en main ces relations, ce destin que Deos nous offre. Certains me dirons que j'ai peut-être choisis mes allégeances à tord ? Au regard de l'Histoire qui n'est pas encore écrite, personne ne peut en juger, j'ai tout du moins agit selon mon cœur, et il ne m'en toque que plus fort.
Je te souhaiterai à mes côtés, ma belette... Si tu savais comme je regrette, non point ta rencontre, qui a constitué ma première et plus ferme amour, mais ce jeu de chemins qui fait que depuis, nous ne nous croisons plus que par le fruit du hasard. Cela est bien cruel, mais tu n'en restes pas moins présente en mon fort intérieur.

A ce titre, je t'annonce à mon tour avoir viré de direction : ainsi n'ai-je pas la déplaisante surprise de ne te point trouver en ton logis. Mes pas m'ont guidée vers Nevers où je me trouve actuellement, sans besoin je crois de te détailler plus outre ce qu'il en est des motifs de ma visite et des personnes que j'y suis venue voir.
Si d'aventure nos parcours venaient à se rejoindre en quelque point que ce soit, je serai pour un instant une femme comblée. Tu trouverais sans doute quelques changements dans ma mise, mais nous sommes bien assez grandes à présent pour dépasser ces quelques marques d'avancement en âge qui sont le lot de tout un chacun.

Attendant ta plume non sans quelque impatience, et te chérissant par l'esprit comme je ne le fais par les actes...

Ta Sombre,
Mata

_________________
Astana
Citation:
Scath, ma Belette,

    Honte à moi, d'avoir pu laisser passer autant de jours, de semaines, sans avoir écrit pour prendre de tes nouvelles. Tu me connais, et sais que ma fainéantise légendaire prend le dessus, lorsque je suis face au parchemin vierge. L'angoisse monte, car je ne sais que dire. Poser des mots sur des ressentis, ou tout simplement sur ce qu'il se passe… dans ma vie comme dans la tienne. L'exercice est difficile. Cependant, ce n'est pas une raison. Aussi, j'espère que tu sauras me pardonner pour cela, bien que je t'imagine déjà pester à la lecture de ces quelques mots. Tu as dû me maudire, et tu as bien eu raison. D'ailleurs, ça a dû marcher… puisque j'perds ma toison d'or blanc. Non, tu ne rêves pas, je suis bien en train de te dire que je perds mes cheveux : la vieillesse me rattrape ! Quelle horreur !

    Bref.

    J'espère que tu te portes bien. Raconte-moi, alors ! Es-tu comme prévu partie de la Cité des Saules en compagnie d'ton paternel ? Si oui, j'espère que vous êtes sous bonne escorte. Je n'aimerai pas apprendre de fâcheuses nouvelles te concernant. Bien que je craigne plus pour la peau de tes potentiels adversaires que pour la tienne (et oui, c'est un compliment). Si non, c'est que tu auras repris le siège de gouverneure qui te sied si bien. Et même éloignée de centaines de lieues, tu as toujours mon soutient. Lorsque je t'ai quittée, le Louvelle était cloitré dans son monastère, et le Coquillard te faisait du rentre dedans. L'un des deux a-t-il su décrocher ton coeur ? Je me doute que l'eau a su couler sous les ponts depuis...

    Me concernant, sache que je suis chez les fous. Non pas que l'on m'a finalement enfermée dans un asile, mais bien parce que je suis en Anjou. J'ai trouvé refuge à Saumur, suite à l'épuisement provoqué par le voyage. Ce qui ne devait être qu'un simple voyage de quelques jours s'est vite transformé en périple sans fin ; et si je me plais aujourd'hui ici, je ne saurais te dire où je serais demain. Mes compagnons de route ont changé tellement de fois, suivant les allées et venues des uns et des autres, que mon esprit s'embrouille, et que tout devient flou. Je ne sais même plus avec qui je suis partie, initialement. Sache, en tout les cas, que même si je n'écris pas, mes pensées voguent vers toi, chaque jour. Et que lorsqu'un coup dur se fait sentir, je m'évade en repensant aux beaux jours que nous avons partagé. Rha ! cette effervescence me manque.

    Et voilà que je deviens émotive.

    Je m'arrête là pour aujourd'hui, et espère recevoir bien vite de tes nouvelles. J'ai hâte.
    D'ici là, je vais faire ce pourquoi je suis douée : vider les fûts des tavernes angevines.
    Acceptes mes excuses, encore une fois, pour le manque de missives.


Ta blonde, Astana.

_________________
Matalena


Belette, mon aimée

Faisons court, faisons bien : Ceci est une invitation à un mariage.
Le mien.
Anoblie par Agnès de Saint Just tout récemment, je puis épouser Maleus Ewen d'Assay, seigneur en Anjou et en Béarn depuis peu également. Et si nous nous pressons de la sorte, c'est pour nous épargner l'inconfort de me voir enfanter un bâtard. Considérant que je suis donc enceinte, et bientôt sur le terme.

Ce qui fait beaucoup de nouvelles, et de taille, en quelques lignes.

Loin de moi l'idée de te vouloir voir claquer d'une attaque du cœur, mais enfin, ne sachant comment ménager mon effet d'annonce, je ne le ménage point du tout, ce qui est bien plus simple.

La cérémonie aura lieu à Digoine, ma suzeraine officiant, le vendredi 27 de ce mois.
Seras-tu là ?

Ta Sombre

_________________
Scath_la_grande
[Montbrison - Les emmerdes commencent]


Si vous ne savez pas comment tuer une Belette ? Voyez l'exemple plus haut...

« AaaaaAaaaaargh ! La garce veut ma mort ! »

Réponse faite à l'immédiat.

Citation:
Anma meuna

    Dieu, à qui je t'ai confiée, t'a bien mal gardée ! Toutes mes condoléances.
    J'aviserai plus tard de ma présence.

S.


Concise ? C'est que l'encre et le vélin ça coûte son pichet, et là du pichet, elle va en avoir besoin pour compenser les nouvelles.
_________________
Edern
Citation:
À celle qui se contente des restes.

    Je ris...
    Un trône usurpé.
    L'Anjou nuisant à la France !

    Vous êtes-vous déjà demandé de quoi procède la légitimité ?

    ~ De Dieu, comme Rome l'affirme à voix basse au cas où le régnant du moment s'opposerait à ses représentants ? Quelle espèce de dieu serait assez stupide ou cruelle pour diviser le pouvoir en autant de couronnes sans attribuer au monde l'unité qui lui permettrait de vivre en paix ? Les prêtres les plus malins en appellent aux mystères divins pour montrer la merveille du schéma total, mais ils en oublient qu'à trop cacher le Très-Haut ici-bas, ils établissent une absolue nécessité sur la nature et prouvent par là la vanité de leur discours. Si tout est destin, s'il ne revient qu'à Dieu d'opposer Paris, Nantes et Angers contre leur gré, point n'est plus besoin de convaincre ou de penser, car tout est déjà pesé.

    ~ De la noblesse, comme l'aime à croire un sang bleu qui oublie bien vite qui l'autorise à couler ? Elle vit et meurt au rythme des trônes contestés et la variable ne saurait fixer ce pourquoi elle doit varier. On l'obtient, dit-on, par le mérite ; or, rien n'est plus faillible et particulier que l'instinct humain auquel on présente un tel dossier. Et que dire de toutes les fois où deux nobles ont tenu à réduire leur vérité au seul critère du combat...

    ~ Du peuple, comme le clament ses dirigeants lors des levées de taxes ou de volontaires pour la guerre, ou encore, sans rire, le dernier torchon des Grands Feudataires ? Si ces derniers ne font que diviniser le scrutin, il n'en reste pas moins que les majorités changent plus rapidement que la couleur de l'eau sur l'océan. Bien malin qui peut distinguer un dessein là où il n'y a que chaos remuant...

    ~ De l'or, auquel il faudrait prêter la propriété de suffire à couronner les têtes et faire ployer les servants ? Quand bien même cette fable serait vraie, les récits ne manquent pas de ces nantis auquel on ôta justement le trône et de ces pauvres que, joyeusement, l'on fit rois. Les honnêtes gens s'inquiéteront de l'inanité de l'argument le jour où un coquin utilisera l'argent qu'il leur aura dérobé pour se faire élire et obtiendra le privilège de les oppresser de toute sa légitimité.

    ~ D'un savant mélange des quatre éléments, ainsi que le suggère le système légué par Lévan, le roi fainéant ? Ridicule. Chacun contredit l'un des autres. L'ensemble est une soupe sans goût que les hommes finiront par recracher...

    Surprise ! La légitimité ne procède de rien. Tout le monde est légitime, personne ne l'est. L'autorité est nulle et non avenue, illusion, mensonge et manipulation... le pouvoir ne se justifie pas car il est un jeu, jeu sans roi ni loi. L'apparence est belle mais rien ne se cache sous elle...

    L'Anjou, damoiselle sans cervelle, ne connaît pas exactement cela ; contrairement à ses voisins, il n'en ignore pourtant pas tout. Il a suffi de quelques mots pour révéler l'indépendance du pays, cette réalité d'un peuple en éternelle rébellion non pas contre la France mais contre les troupeaux qui se plaisent à croire en leur propre puissance. Caprice de régnant ? Volonté si forte que beaucoup s'y briseront bientôt les dents. Royaumes, empires, tout cela n'est que la poudre qu'une poignée de Vonafred et d'Eusaias jette aux yeux du néant. Aider l'un ou l'autre dans son entreprise royale n'est pas juste, bon ou conforme au droit... c'est une prise de position dans la partie qui commence alors.

    Et vous ! qu'avez-vous fait à part plier le genou municipal devant les chiens d'Archybald ? Montauban est-elle à ce point incapable de gagner sa liberté qu'elle en vient maintenant à s'offusquer de celle des autres ? Continuez donc, il est toujours amusant de se voir donner des leçons par les premiers partisans de la soumission. Qu'elle se fasse maire ou mercenaire, la Réforme continue bel et bien d'être un lent abandon...

    Le père a lamentablement échoué, la fille n'ose même tenter.
    Les lueurs du sud ne sont que des feux de paille.
    Von Frayner, va !

Le Fou,
Duc d'Anjou.


Scath_la_grande
Citation:

A vous, bel innocent, ancien Duc en dilettante

    Voyez, je me suis revêtue de la même impolitesse dont vous avez fait preuve à mon égard en tardant de trop à m’écrire. Il faut dire que l’hésitation de prendre plume pour répondre à tel torchon adipeux de conneries fut des plus tentantes pour une personne de ma classe.
    Vous, si prompt à se fourvoyer et à méjuger, je me demande encore maintenant pourquoi mes mots foulent ce vélin qui me comptera en tout pour 20 écus en comprenant le messager.

    De votre diatribe, je vous accorde néanmoins raison sur une seule chose, toute légitimité vient de Dieu et de lui seul et non de cette bure érigée en Son Nom et qui s’autoproclame Parole du Très-Haut.
    Je découle de Dieu, j’œuvre pour lui donc je suis légitime de vous dire que je vous conchie et ce, de la plus belle manière, bel inconnu. D’ailleurs en partant de ce principe, vous découlez de Dieu donc vous avez tous les droits de me conchier également.

    Je vais, cher ami, remettre les choses à leur place si vous le voulez bien. Et si vous ne le souhaitez pas, tant pis pour vous.
    Vous devriez savoir que Fille n’est pas Père, et Père n’est point Fille, notre sang commun nous scelle une destinée liée mais point similaire. Sur bien des points nous divergeons, nous cultivons notre désaccord comme nos accords, avec notre volonté de fer. Nous savons quand nous taire et quand l’ouvrir, contrairement à vous, angevin.

    Vous saurez que jamais je n’ai plié le genou devant Archybald, ni aucun autre Duc de Guyenne, je n’ai fait que ronger mon frein et redresser la cité, panser les plaies.
    Ne confondez pas soumission et arithmétique. Une seule armée ne peut rien contre l’assaut de trois, et encore le lendemain alors que nous comptions nos souffles et nos morts, une quatrième périgourdine fanfaronnait devant nos cadavres.
    Il est facile de gagner quand les dés sont pipés et que la fabuleuse victoire guyennoise s’est faite à quatre-vingt cinq pour cent d’aide rouerguoise, béarnaise, et périgourdine…
    Il est facile de gagner quand la majorité de nos effectifs et partisans se trouvent à guerroyer… je vous laisse deviner où… par chez vous, dans VOS rangs à justement vous aider à gagner VOTRE PUTAIN de liberté.

    D’ailleurs savez-vous que je ne suis point issue de ce Sud que vous semblez mépriser mais je suis bien une vile engeance de Breizh, de ceux qui vous accordent protection car l’Anjou n’aurait rien sans la Bretagne, l’Anjou serait à la Touraine ou à l’abrutissement mainois !
    Ainsi de vous lire, j’en ris de votre soi-disant leçon sur l’obtention de la liberté angevine, je m’en frotte le séant et je m’en contrefous.
    Allez donc réviser au lieu d’enseigner des foutaiseries.

    A Dieu, je vous confie, délicieux et truculent Fou, j’ai remarqué que les gens que je déteste aux premiers abords sont ceux que j’apprécie le plus avec le temps.
    La constance dans l’inconstance, nous verrons bien.

    A Dieu seul la Gloire, à moi le reste !



P.S. : Epousez-moi ! Je vous déteste déjà, cela fera une chose de moins à faire après les épousailles.

_________________
Edern
Citation:
À la fifille à son papa.

    De ma diatribe - savez-vous que vous me flattez en employant ce terme ? - vous ne semblez pas retenir grand chose : du divin, je ne tire pour le pouvoir aucune autorité. Conchiez tant que vous voulez, ô latrine adorée. Si l'ordure est le seul joyau que votre dieu a daigné placer en votre palais, je me délecterai de sa destruction par quelques traits de plumes mieux aiguisées. Qui sait si Montauban sortira alors du caniveau...

    Qui ne dit mot consent, qui dirige une ville est responsable de ses relations avec le duché correspondant. Vous avez gouverné et vous avez par là collaboré avec le pouvoir ducal tout au long de vos mandats. Pansements ? Peut-être, mais sur une jambe de bois !

    J'ai un jour connu des Réformés qui en valaient la peine, des hommes et des femmes qui ne cachaient pas la faiblesse de leur foi derrière celle, futile, du nombre de soldats. Parmi ceux-là était un Genevois nommé Zarathoustra. Un soir de juillet, un soir obscur comme il y en avait tant en Anjou en cette période de croisade, il me tint les propos suivants :

      "Je connais le refrain de ceux qui évaluent le rapport de force et comptent sur leurs doigts. Combien de combats désespérés ont été gagnés avec l'aide de Dieu ? Plus que ce que l'on croit. Compter sur ses doigts mène toujours à chercher la paix mauvaise. Bien sûr, il ne s'agit pas de courir au martyr. Mais ses doigts, il les faut parfois fermer en poing ou les tendre vers le ciel... que de se les fourrer dans le nez ou dans la culotte d'un zouave. Mais je m'égare."

    Ainsi parlait Zarathoustra.

    Vous cacher, vous le faites encore derrière votre lieu de naissance, enfonçant doublement le pieu de l'erreur au cœur de votre courte existence. Peu importe l'air qui vibra le premier de vos braillements. Il ne les cause pas, en est affecté plus qu'il ne les affecte... croyez-m'en, vous ne savez guère plus de votre identité que n'en sait un nouveau-né. De surcroît, Breizh n'est plus qu'une invocation dont se glorifient à peine quelques vieux Bretons ; quel amusement que de vous voir vous ranger du côté des décadents !

    Pour compléter la leçon, finissons donc en chanson :

    Et un, deux... un, deux, trois, tous les Guyennois,
    Quatre, cinq, six, vous ouvrirent les cuisses,
    Sept, huit, neuf, j'aime mon pays neuf,
    Dix, onze, douze, je ne prends d'épouse !

Le Fou,
Tout sauf époux.


P.S. : vous pouvez malgré tout tenter votre chance en envoyant votre candidature à ma secrétaire, Otissette de Reikrigen.
Scath_la_grande
[Bourgogn'land, le pays merveilleux des emmerdes]


- Criik !

Paix à son âme... de pigeon.

Citation:

A mon cher et tendre amour (ceci est de l'ironie puisqu'il vous faut faire des explications de textes)


    Mes moeurs et mes cuisses ne vous regardent pas. Enfin pas encore néanmoins je vous remercie de l'intérêt que vous leurs portez, elles seront ravies (surtout mes cuisses).
    Eh oui, je suis bien la fille de mon père, quelle nouvelle ! Alléluia, louons le Seigneur de vous avoir éclairé à ce sujet, j'ai craint un instant de devoir vous l'expliquer. Vous êtes bien plus malin que je ne le pensais, grâce soit rendue à Dieu.

    Pour ce qui est de la candidature à remplir pour devenir votre future épouse, je suis au regret de vous informer que je ne remplis pas les critères de désœuvrements, ni de débilités pour parvenir à être sélectionnée. Je m'en excuse, je suis trop sublime et parfaite pour convenir à votre personne. Je laisse la place, et il m'en coûte, à des femmes de qualités inférieures qui vous feront briller en société.

    Veuillez excuser la brièveté de ce courrier, des choses bien plus importantes prennent mon temps, je dois m'y atteler avec la plus grande diligence.
    Moi aussi je vous aime, allez donc crever dans le fossé avec tout mon amour et des fleurs multicolores.

    A Dieu seul la Gloire, à moi le reste !



_________________
Scath_la_grande
[La rase Campagne, c’est naze !]


En plus, y a que dalle à boire, tout pour la foutre en rogne décidemment.
Tout ! Sauf un moustachu mais ça c’est la nouvelle marotte de la rousse, les moustaches…
Allez savoir pourquoi…

L’écritoire de fortune est calée sur ses genoux et de sa main terreuse entame la valse des parchemins, destination : Montauban.
Elle a eu quelques échos qui amèrement ont remué un bourbier étouffant dans son cœur déjà bien étroit.
Elle suffoque, ravale l’amertume qui ne la quitte plus depuis des mois, une ombre à son âme flamboyante, une ombre qui ronge sa superbe, entamant ses réserves de fatalisme.
L’encre habille la pointe effilée de sa plume, la main s’allonge, les doigts se crispent…
Et surtout ne pas se laisser gagner par les larmes.


Citation:
A vous,
A celui qui a ravi mon âme,


    J’écris en ce jour sans trop savoir quels mots, ou quels maux viendront fleurir ce parchemin, je ne sais encore quelle tournure va prendre cette missive tant je suis partagée entre colère et déception, ou bien est-ce du dépit… vous le savez, je ne suis guère douée pour décrypter ce qui agite mon cœur.
    Le temps passe, le temps file, mouroir interminable de jours sans une once de nouvelle de votre part, manquement que j’ai attribué à votre état, à cet enfermement au monastère. J’ai prié longuement pour votre retour… bêtement, je me suis encore laissé aller à la faiblesse des sentiments qui me rattachent à vous.
    Stupidité d’humanité dont le Seigneur m’a affublée.
    Car voyez-vous, c’est incrédule que j’ai accueilli les bribes qui me sont parvenues de ma Cité des Saules. Vous candidat ? A peine sorti de votre vie recluse vous voilà en lice pour briguer un siège que vous avez si mal tenu ? Je me doute que c’est sous les directives de votre cher parrain que vous y êtes.
    Parrain, d’ailleurs, qui s’est empressé de me jeter à la gueule le fait que je « l’avais bien profond » de votre absence… encore une manigance familiale pour mettre à terre les gens qui vous insupportent.
    La vérité ainsi s’impose à moi, cruelle, cinglante telle une gifle de la vie en pleine face, encore une.
    Je n’ai été qu’un pion dans votre jeu mesquin, à présent je joue ma partie ailleurs à voir si la Grande Sorgue me rattrapera ou pas…

    Adishatz mon Louvelle, que Dieu dans Sa miséricorde vous garde.

Frayner



L’orgueil est blessé et plutôt crever que de lui dire que son absence est une épine qui lui saigne le cœur. Violence, dolence il paraît qu’aimer c’est souvent souffrir.
Avec rage la rousse plie sa missive, lèvre pincée le museau fermé.

Un autre parchemin vierge prend place devant elle, parce qu’il faut bien s’assurer que sa progéniture est encore vivante, c’est le minimum syndical maternel.



Citation:
A ma naine !

    Dis donc ma saloperie ambulante, ôte moi d’un doute, je ne t’aurais pas oubliée dans le placard ?
    Si tu ne réponds pas, je saurai que tel est le cas. En attendant, ta materne est toujours en vie, Déos m’épargne les coups du sort, par contre la vente de poissons en porte à porte n’est pas terrible, l’accueil est loin d’être chaleureux.

    A Dieu je te confie ma Ciguë, prends soin.

Ta Musteile de mère qui t’aime sans en avoir l’air.


    P.S. Dis ? Ça te dirait que je te ramène un papa moustachu ?



Puisque la main est alerte et qu’elle s’emmerde dans la cambrousse, la Frayner s’attèle à son courrier en retard. Tant qu’à profiter de cette halte pour se mettre à jour. La chasse à la moustache reprendra après la tombée du jour.

Citation:
A la blonde qui fut mienne,

    Avant qu’elle ne m’abandonne grossièrement comme un de ses hommes qu’elle a consommé à la va vite en prenant soin de jeter au loin sa carcasse.
    Ma Garce je te salue. J’en suis à l’heure des bilans, je compte ceux qui sont dans mon camp et les autres… S’il y a bien une chose en sus de la trahison que je ne pardonne pas, c’est bien de ne pas tenir promesses. Rien que d’en parler j’en ai le poil hérissé, j’ai bien eu du mal à digérer le fait que tu aies failli au départ et c’est là que nos routes se sont séparées. Je n’ai rien compris à tes piètres explications, et je passerai dessus le fait que tu t’es bien gardée de me répondre avec franchise sur tes « occupations ».
    Pour te rappeler puisque ta mémoire te fais défaut, tu étais partie avec ce Thomus, ce type que je ne pouvais pas sentir tellement il dégoulinait de mièvrerie et de bisous-bisous-mon-amour à faire gerber les plus sottes jeunes filles que je connaisse, une histoire de quelques jours que tu m’as dit pour me rassurer… tu parles ! Saleté va !

    Pour ma part je suis à quelque part entre ici et là-bas, ce que j’y fais importe peu.
    Je vadrouille, je cours l’Humbert et la moustache poitevine, l’un pour le lien tendre qui nous unit dans des baisers n’aboutissant qu’à des nuits chastes, l’autre parce nous sommes fait de la même étoffe, nos caractères se ressemblent de manière troublante sans que rien ne se passe. Je n’ai pas le temps (l’envie ?) à accorder à la bagatelle, je chevauche bien plus ma cavale que du mâle, c’est bien mieux ainsi.
    Du Louvelle ? J’en fais mon deuil ou tout du moins j’essaie.
    Du coquillard ? Je lui ai cédé et c’en fut bien agréable.

    Ma Garce, à Dieu je te laisse sous bonne garde. Ne crève pas sinon gare à toi !

    Teigneusement,

Ta Rousse Belette


    P.S. : Même si ça me fait m’emmerdasse de l’écrire, tu me manques ‘spece de vieille carne.


Le museau de la Musteile se relève, il est l'heure de se préparer, de seller les montures et de prier.
Dieu seul sait ce que demain réserve.


      « Viens
      Allons ensemble
      C'est un joli soir pour mourir
      Et si ta main tremble
      Dis-toi qu'il faut juste partir »
      Saez – Jours étranges.

_________________
Salveo
[Montauban]

Une fois de plus la passion guide son inspiration nocturne. A la lueur chancelante d'une bougie, l'occitan se livre à la plus authentique des déclarations, preuve indéniable de sa pénitence et des regrets qui le rongent depuis son retour.
En vain, il espère la bonne réception auprès du destinataire, perdu dans le bourbier orléannais et les supplices d'une guérilla éclair en domaine royal.


Citation:

Ma belle Rousse,
Ma Rosèla,

Je désespère de me réveiller aujourd'hui sans votre présence.
Ma brusque retraite chez les moines n'a pas fait que des heureux : j'en suis conscient ; j'ai agis égoïstement, sans prendre en compte mes responsabilités, j'ai abandonné ceux qui comptaient sur moi : mon parti, mes collègues, mes responsables et surtout, la femme que j'aime.

Les nouvelles vont vite, me revoilà en effet en course pour les municipales de notre bien aimée cité.
Plus que personne, vous connaissez ma faiblesse pour les intrigues politiques. Une véritable renaissance ne serait être efficace si elle n'est pas entière. Sans compter qu'enfin, je puis agir facilement contre des adversaires qui n'ont pas votre carrure.

Il parvient du Nòrd mille et une rumeurs vous concernant.
On dit de vous que vous chevauchez aux côtés du faux Rei, combattant en son nom et pour sa couronne de pacotille : encore une fois, vous faites le choix d'un camp qui n'est pas le mien.
On dit de vous qu'une cohorte de prétendants s'accroche à vos désirs, prêts à assouvir les appétits et les exultations d'un corps privé d'une couche que je n'ai pas su offrir.
Malgré toutes ces afflictions qui me peinent, et après trois mois d'absence, le constat m'est cruellement éclatant : vous me manquez.

A la lecture de votre lettre, vos mots m'ont transpercé ; car j'ai beau avoir prouvé tant de fois un amour sincère, tant de fois répété jusqu'à l'aurore que vous seriez éternellement mienne, vous réussissez de nouveau à douter de mon adoration, la repoussant pour celle d'un autre.
Ma foi est ébranlée, mon coeur chaviré, n'étais je pas prêt à sacrifier le Paradis Solaire pour un Enfer tourmenté à vos côtés ?

Soyez à présent maîtresse de votre destin, puisque je n'y ai plus ma place.
Je veillerai toutefois aux portes de la ville, armé d'un espoir aveuglant et absurde, le retour d'une fortune que je n'ai pas su protéger la première fois.

Louvellement votre,
S.

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