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Foutue encre rousse et courrier de belette ! II

Scath_la_grande
« Aimer, la meilleure préparation à la mort. » - Marcel Jouhandeau


Souffle qui s’éteint au bord des lèvres, cœur qui s’étreint.
La lippe soyeuse se pince dans cette moue enfantine, la seule dont la Musteile n’a pu se défaire.
Prise sur le fait ! Voilà ce que son museau ne peut dissimuler.
Prise sur le fait de ne pas avoir enterré cette histoire, de ne pas avoir fourré au placard tous ses sentiments pour lui.
Prise sur le fait de l’aimer… et ça l’écorche vive.
Avec lui l’orgueilleux camélia disparaît en faveur du fragile coquelicot.
Lui répondre avant que la nuit ne vienne, que la mort ne fauche peut-être son lot d’infortunés, que s’éteignent les dernières espérances.



Citation:
A lo meu culheire de Rosèla,*

    Ainsi donc vous prêtez vos oreilles aux « on-dit ».
    On dit de moi que je chevauche aux côtés du faux Rei ? Combattant en son nom, pour sa couronne ?
    Ce que l’on ne dit pas est que je chevauche avec ma loyauté, l’orgueil d’être fidèle à mes amitiés pour seule solde. Qu’ainsi donc je me refuse à courber l’échine aux dictats d’un pouvoir usurpé, mes graciles sourires ne servant pas l’hypocrisie tels ceux qui se sont empressés de retourner leur pelisse.
    On dit de moi qu'une cohorte de prétendants s'accroche à mes désirs ?
    Nul besoin d’être fort bien informé pour en venir à cette déduction. Je suis appétissante, la courbe généreuse, le minois gracieux et d’un battement de cil je peux faire plier à ma guise la volonté masculine, alors il est évident de supposer que je ne laisse pas indifférente et que je n’y suis point indifférente.
    Mais ce que l’on ne vous dit pas c’est que l’odeur de votre peau, le ressenti de mes lèvres dans votre cou, la chaleur de votre corps, l’étreinte de vos doigts sur mes hanches, votre voix se pressant en souffles tièdes à mon oreille me hantent jusqu’à l’insomnie.

    Dois-je à mon tour prêter l’esgourde aux « on-dit » vous concernant ?
    L’on dit de vous que vous faites le joli cœur en tavernes, et que quelques sottardes gourgandines soupirent à votre passage.
    L’on dit de vous que vous obéissez au doigt et à l’œil à votre seigneur et maître, votre parrain et que vos tentatives de me séduire ne s’effectuent que sous ses ordres.

    Vous voilà encore une fois à ébranler les fondements de ma raison, j’aurais voulu continuer à vous répondre avec l’âpreté que vous avez su faire naître au fond de moi, et pourtant ce soir, dans ce crépuscule indolent c’est le petit ponceau qui inscrit ici ces quelques mots.
    Une poignée de lettres qui assemblées bout à bout vous crie la terreur qui se déploie dans mes entrailles. La crainte de vous livrer l’émoi qui m’astreint à votre égard, ce trouble qui émerge à chacune de mes pensées, de mes prières qui se sont envolées vers vous… et qui continuent malgré tout à s’envoler chaque jour qui passe. La peur de la mort ne m’atteint pas, celle de vous perdre à jamais, oui.
    Oui, je vous aime.

    Ce que vous devez savoir c’est que votre dernière lettre sera gardée près de mon cœur, là où je garde un pli de mon père, et aussi que j’attendrai avec impatience la réponse à celle-ci.
    Vous pouvez vous enorgueillir car peu d’hommes peuvent prétendre se légitimer de mon amour, je n’ai jamais aimé ainsi, autant, si douloureusement, si intensément un homme de ma vie que vous.
    Je reviendrai en notre cité, soyez-en assuré.

    L’heure de reprendre la route est déjà là, j’abandonne le vélin, ma pensée par contre siège à vos côtés.
    A Dieu, je vous confie.

S.
A vous uniquement, Coquelicot votre.


Il est temps de réunir la meute dont elle a la charge, de seller une énième fois les montures, d’attendre que la lumière disparaisse avant de faire résonner le sabot.
Et pour l’heure de s’agenouiller et de confier une fois de plus leur destinée à l’Éternel.
Embrasser le fatum, cruel ou clément, qu'importe.
Les yeux appesantis de cendre se lèvent au ciel, les bras s’écartent, enveloppent le céleste comme pour en toucher le divin.


« Père, me voici, je sers Ta cause et j’accepte Ta volonté à travers moi.
Car Ton amour est si grand et le mien si petit !
Emporte-moi si tel est Ton souhait… préserve-moi si tel est Ton désir.
Et que par ma main meurent Tes ennemis… »




*Occitan : A mon cueilleur de Coquelicot
Dans la symbolique de la fleur le Camélia signifie la beauté parfaite tandis que le Coquelicot l'ardeur fragile.

_________________
Scath_la_grande
« Comme la nuit paraît longue à la douleur qui s’éveille. » - Horace


Aube rouge, aube de sang.
Le souvenir de la chevauchée reste imprimé et ce même lorsque les fauves s’éclipsent sous leurs voiles de chair. Son corps réclame et elle y cède, un instant de répit où la Musteile prend au vol quelques heures de sommeil, lourd et sans rêve.
Il lui reste sous la paupière le carmin du coquelicot qui s’est étiolé en mille pétales sous les sabots voraces de s’acquitter de la distance, le carmin fugace de la vie qui s’effiloche dolente dans ses rangs.
Réveil laborieux, où la carcasse douloureuse s’allonge à la verticale, où le vin ne suffit plus à colorer le visage exsangue.
Le cavalier rouge est tombé au matin sous les billes impuissantes de la cheffe de meute, comme tant d’autres qu’elle aurait souhaité hiératique sur leur monture.
Ainsi la moisson fut faite au seuil du jour et à présent la rousse prend parchemin l’habillant des ses lettres aux contours âpres, à l’écriture restreinte de l’huguenote.

Une absence…
Un vide… voilà ce qu’elle comble de son encre sanguine.



Citation:
Anma meuna,
A celle que Dieu m’a donnée à l’égale d’une sœur

    Quelle fut grande ma déception en cette journée de vendredi, jour de prière pour nous autres de voir que tu avais quitté les rangs qui sont miens. De ton époux, je n’en fus guère étonnée mais de ta part oui.
    A celle qui dirige le Navré et qui m’a apportée ta désertion sous le fallacieux prétexte de couardise je lui ai rétorquée que tu as bien plus de coilles qu’une grande majorité d’hommes censés en être pourvus.
    Ce n’est pas tant le fait que tu partes ainsi qui m’a froissée, ce qui m’a causée grande peine c’est qu’encore une fois tu n’as pas jugé important, utile de m’en avertir alors que même j’étais responsable de cette section. Comme tu n’avais pas jugé nécessaire de m’avertir –hormis au dernier moment- de ton état cachalotant, de ton futur mariage, de ta noblesse.

    Une mise à l’index, voilà la vérité qui s’impose à moi, le triste constat que je fais en ce jour où j’ai vu tomber notre Souverain, ta Suzeraine et tant d’autres dans un champ pourpre de ponceaux.
    Je n’ai pas à juger de tes choix ni même n’aurait souhaité que tu viennes à tomber, brisée d’un éclat vermeil, à mon flan.
    J’eusse aimée simplement que le silence ne garnisse pas tes pas te menant au départ, j’eusse préférée que tu me le dises au lieu que je m’en aperçoive amèrement.

    A Dieu, je vous confie en sa Sainte Garde.

Ta rousse Belette
qui t’aime même si tu la fais tourner bourrique avec ton borgne à la con !

P.S. : Le Louvelle m’a écrit.



La main achève la missive et vient directement se réapprovisionner de bourguignon liquide pour étancher un gosier malmené par la soif.
Crasseux, les fins doigts nerveux placent le vierge espace pour une nouvelle missive.
Et trempe la plume dans le carmin, et pose les mots en réponse à une invitation.
Le mariage est apparemment de saison et cette saison là, ne lui plait pas.




Citation:
A lo meu car fals espós,

    Monsieur, j’ai bien pris réception de votre invitation et vous en remercie. Néanmoins je me permets de trouver ceci bien étrange que de mander à votre maîtresse d’un soir et usurière de surcroit d’assister à cette union qui ne semblait pas vous ravir d’un enthousiasme flagrant à ma dernière visite en vos appartements.
    Pour vous répondre, sans détour aucun, je ne puis vous garantir de ma présence.
    La prime raison est que je m’en chevauche en quelques lieux et je ne sais si entière je serai pour me rendre à Reims, pour rajouter à votre peine inconsolable de ma possible absence, les mariages m’indisposent tout autant que les édifices papistes. Non ne pleurez pas, soyez fort, mon ami, retenez tant bien que mal vos larmes qui perlent à vos yeux si prompts à la damnation féminine.
    Puisqu’il en est ainsi, je tenterai de vous satisfaire par ma compagnie en cet événement et si ceci n’est que simple tactique pour me faire baisser le taux d’usure, ne vous leurrez pas, tout bon amant que vous êtes, à vos perles d’azurs je préfère le clinquant chant de l’écu dans une bourse.

    A Dieu seul la Gloire, à moi le reste !

Vénalement, vòstra falsa esposa cara
A.S. VF


_________________
A lo meu car fals espós/vòstra falsa esposa cara vient de l'Oc = A mon cher faux époux/Votre fausse épouse chérie
_________________
Matalena


Sòrre meuna, decebuda per-aquò...

Afin que de te pouvoir parler sincèrement, vraiment, et le cœur plus léger, je t'entretiens d'abord de ce qui constitue pour moi à la fois le plus exaspérant (Car oui, je suis tout à plein exaspérée) et le plus navrant des arguments... Ce qui dans mes humeurs va souvent de paire.
Qu'il soit su, dit, écrit et enfin définitivement compris que :

- J'emmerde

Cette drôlasse du Cœur Navré qui, sous prétexte de se mêler des histoires de cul d'autrui, utilise son entendement de sotarde vicieuse pour tirer de toutes choses les conclusions qui l'arrangent le plus. Devrais-je prouver devant cette guimauve suffisante qui se prend pour une dure qui à la plus grosse ? Devrais-je étaler, à son instar, mes exploits guerriers pour lui faire ravaler ses injures de chiourme mal torchée ? Devrais-je souligner une fois encore que pour une donneuse de leçons, avoir promis dix fois quitter la troupe sous des prétextes plus ou moins bidons est pour le moins malvenu ?
Certes non, ce serait lui faire plus d'honneur qu'elle n'en mérite.
Je conchie cette variété de femelles qui, de leur simple existence et du droit qu'elles ont à la parole, nous oblige à prouver dix fois notre valeur quand un mâle ne le doit qu'une, histoire de dépasser les aprioris semés par ces volières de caquetantes sans cervelle. Tu le lui pourras répéter de ma part à ta guise, cela m'indiffère.

Ce détail étant écarté... Nous reste ce qui nous intéresse.

Le pourquoi de mon départ ? A coup sur, s'il n'a été divulgué à personne, ni aux généraux, ni aux proches, c'est, tu t'en doutes, pour une bonne raison. Enfin non, tu ne t'en doutes pas, vu les lignes de reproches et de douleur dont tu témoignes.
Des cachotteries ? Il est vrai. Une mise à l'index ? Je ne sais. Dois-je préciser que ma grossesse, mon mariage et la nouvelle de mon annoblissement ont été révélés et décidés en l'espace de trois semaines ? J'ignorais où envoyer mes missives, lors de mon invitation. J'ignorais que tu te trouvais alors avec Humbert, et pourquoi (Ce qui est d'ailleurs toujours le cas. T'en ai-je fais question pour autant ?). J'ignorais ton nouveau nom de famille jusqu'à ce que tu me le lâches par hasard, et ce qu'il implique. J'ignore le pourquoi de ta participation à cette action, et donc ce que je puis t'y dire ou non.

Essais-tu de me tirer les larmes en m'annonçant les blessures de ma suzeraine ? Crois-tu que j'ignorais ce qui allait arriver ? Ou crois-tu que je le savais, et ai quitté le combat craignant pour ma vie ou mon honneur ? Aurais-je frondé tout ce temps, avec le risque de crever à chaque jour qui passait, si tel était le cas ?
Je ne sais plus quoi croire. Je pense que tu me connais suffisamment pour savoir que mes choix n'ont pu être dictés par cette sorte de sentiments, et pourtant tu me reproches à demis-mots de n'avoir point été là pour recevoir sur mes genoux le sang de ceux qui me sont chers. Que répondre à cela ?

Oui, je n'étais pas là.
Et non, je n'ai aucuns regrets, croyant avoir obéit bien plus fidèlement par mes actes actuels celle que je sers que vous tous hier au soir. Mais cela, je n'ai à le détailler ni devant le Cœur Navré, ni devant toi.

Ma colère et mon fiel s'apaisent alors que je t'écris, car, moi aussi, j'oublie en ce moment une chose essentielle : la question n'est point là, en réalité. Je t'ai déçue une fois encore, et suis en cela seule responsable, pour ne t'avoir pas prévenue de notre départ.
Ma rousse... Nos chemins se sont séparés nombre de fois, je le sais. Mais dans ce laps de temps, sans que mon amour pour toi se soit étiolé, je ressens comme le poids de non-dits, de secrets, que je ne sais guère plus comment gérer. Et de cela aussi, je suis responsable, car peut-être m'aurais-tu parlé si j'avais quitté ma réserve pour m'ouvrir à toi. Mais de cela, je n'ai pas eu le courage. Tant à dire et si peu de possibilités de le faire, que je ne sais par où commencer.
Quoi qu'il en soit, je regrette, ma Scath, de t'avoir déçue une fois de plus... Ce qui m'est une navrure bien plus rude à penser que celles que j'aurais pu recevoir tantôt sur un énième champ de bataille. Me pardonneras-tu ?
Je ne promettrai pas que cela ne se reproduise plus, ignorante de demain que je suis, mais te promets néanmoins de tâcher de n'être plus si cachottière, et te te parler plus ouvertement ; Ou du moins d'essayer.

Je me rends en Anjou avec Maleus afin de déposer mes enfants, et un précieux colis, à l'abri dans notre seigneurie. Je nous souffrirai plus qu'ils soient exposés plus avant aux dangers des combats. Par delà, il m'incombe une autre mission dont je t'entretiendrais tantôt, dès que celle-ci ne nécessitera plus d'avancer à tâtons, une patte déjà sur le recul.
Te remettras-tu vite ?

Ta sombre brune (Qui n'est plus obèse, soit dit en passant)

PS : Qu'en est-il de cette lettre ? Et du moustachu ? Je me perds une nouvelle fois dans la géométrie de tes inextricables amours.

_________________
Salveo
Citation:
Ma Rosèla,

Vous combattez toujours avec la certitude d'avoir choisi la bonne cause ; de ce côté, rien n'a changé.
Pourtant, le Très-Haut semble moins miséricordieux à accorder ses bonnes grâces à celui pour qui vous brandissez l'épée : l'annonce de sa sévère dérouillée semble avoir fait le tour du Royaume, n'est ce pas là la démonstration que votre retour n'attend pas d'autres preuves pour pouvoir s’exécuter ?

De Montalban, vous serez heureuse d'apprendre ma défaite et la gouvernance de votre amie, celle que l'on nomme Lafavorite. Toutefois, je reste peu mécontent des résultats : la victoire m'échappe de peu, et lentement je tisse ma toile, prêt à ressurgir sur un ennemi peu préparé aux joies de la politique de bas-étage. A ce titre, la Sanguinaire du Quercy disparait et l'Hermine pendue s'installe dans le paysage de la cité des Saules.
J'ai hâte de vous faire visiter cette nouvelle possession familiale.

J'ai eu la joie de faire la rencontre d'un certain Edwald, qui m'a récemment confié transpirer d'amour pour vous, osant prétendre que la réciprocité de ce sentiment fut prouvée par un acte charnel.
J'ose espérer que ces foutaises coïncident avec son état d'ébriété hebdomadaire.
Prenez garde, donaisèla als pelses roges*, la fidélité d'un Louvelle est infinie mais pas sa patience.

Je me meurs sans vous,
S.




*Occitan : demoiselle aux cheveux rouges
_________________
Matalena


Rouquine de mon cœur,

Une lettre *rapide* (A ta notable différence), afin d'établir un *rapide* compte-rendu des derniers *rapides* évènements. Pire qu'une mère spinoziste, voilà que tes simples reproches aigris de solitaire mal aimée me font tant culpabiliser que j'en suis rendue à te faire un livre de bord ! Pour te punir, je pourrais pousser le détail jusqu'à te raconter nos activités nocturnes avec messire d'Assay, au risque que plus jamais tu ne sortes tes fesses fripées de l'hospice ? Ce serait bien fait pour toi, en tout cas !

Quoi qu'il en soit, tu seras (Et as obligation de l'être) heureuse d'apprendre que nous sommes tous parvenus entiers et bien portants en Anjou. Prenons ce soir quelques repos dans la capitale, avant de tirer du côté de notre seigneurie des Bassauges (Tout commentaire désobligeant serait très mal venu) où je m'en vais reconnaitre le terrain et mettre bon ordre (Martial et rude, tel que tu le connais) aux affaires de céans. Ça va marcher au pas, c'est moi qui te le dis.
La duchesse Calyce était *absolument ravie* du retour de Maleus et, se peut, de faire plus ample connaissance avec ma personne. M'est d'avis que l'élevage de blaireaux intensif qu'elle a entrepris au domaine pendant l’absence du borgne risque de poser quelques complications dans la bonne marche des choses... Mais il semblerait que je n'entende rien aux traditions angevines. A voir, donc, mais il n'est pas à écarter que ces gens soient complètement zinzins, en définitive.

Sinon, compte-tenu du fait que nulles directives ne se présagent à l'horizon, nous escomptons ouvrir un lieu de culte réformé dans les parages, et renflouer les caisses de l'archiduché de la manière que nous maitrisons le mieux quand l'exercice fera défaut, si ce doit arriver.
Faudra aussi que je songe tantôt à visiter cette bonne vieille Montauban récupérer quelques affaires...


Partie intégralement barée :




J'ai aussi une nouvelle coiffure, faut que je te raconte, ça met tout à fait mon visage en valeur, oh et tu devineras pas la dernière, j'ai croisé cette raclure d'Angelina en taverne l'autre soir, et deviiiines à qui elle fourrait sa langue dans la bouche ? Sinon, cette nouvelle huile de corps de Nîmes ne vaut rien, je n'ai pas la peau plus douce, surtout sur les cicatrices, par ailleurs...


Fin des ratures.



Trêve de conneries.

Prends soin de toi, je t'embrasse ma mie

Mata

_________________
Belle.amie
Ah. Plus moyen de manipuler tranquillement les sentiments pour qu'ils camouflent la somme empruntée ? Bon sang ! Mais à quoi bon les beaux yeux bleus ? Alors c'est ça d'emprunter à une femme intelligente. Bon et bien, il ne reste plus qu'à répondre. Gautier apprécie les personnes intelligentes. Peut être qu'après avoir partagé une nuit avec elle par désir et après lui avoir emprunté par nécessité... il finirait par ressentir de l'amitié pour elle, par rien du tout. Ce qui était logique puisque la pure amitié n'était pas intéressée. Une chose certaine : il appréciait son ironie, son direct-parler (ce mot n'est pas Français ?) et surtout, sa plume.

Citation:
A la femme aux cheveux de feu, chérie se croit elle, qu'on lui accorde si tel est son désir,

    Puisque votre esprit voit clair et que je ne puis vous tromper, autant vous accorder la vérité. Je croyais les semblants de l'amitié assez doués pour vous faire oublier. Oublier, en premier lieu, les douces mélodies d'écus que je vous dois, et oublier, en second lieu, l'erreur faite dans une nuit pas si lointaine que cela. Car toute bonne amante que vous faite, à votre sublime chevelure flamboyante je préfère mon crédo qui est fidélité. Mais je désespère que la beauté d'un homme ne vous fasse pas perdre le souvenir de l'air que nous chante l'argent. Votre avarice vous perdra ! Maintenant que mes desseins vous ont été peint...
    Et bien je vous invite malgré tout à mon mariage. Vous pourrez y faire deuil de nos prochaines nuits passionnées qui n'auront jamais lieu. Non, ne pleurez pas, soyez forte, mon amie. Je vous sens déjà toute tremblante d'émotion et les joues inondées de grosses et vilaines larmes.
    Tachez de ne pas vous faire embrocher en chemin, je m'en voudrais atrocement ! Mais avec votre argent si précieux, j'organiserais de belles funérailles.

    A bientôt, certainement, si Dieu le veut.

Gautier.



PS : N'est ce pas qu'il est beau, mon sceau ?

_________________
Âme en peine, errante.
Scath_la_grande
[Point de chute des hardis, Vendôme !]


Le soleil darde depuis un moment sa peau, la tance comme pour l’inciter à s’exiler de la couche qu’elle partage depuis quelques temps avec le Rouge. Parce qu’on trompe la mort avec la vie.
Entre le cavalier et elle c’est une histoire complexe, pas vraiment charnelle, pas vraiment amoureuse, pas vraiment fraternelle, un peu tout cela et rien à la fois. Un paradoxe relationnel.
Elle porte son odeur, l’empreinte chaude de sa main caressant sa joue avec affection, le rire que lui inspirent ses blagues potaches, et pourtant son âme, son cœur, chaque parcelle de son être, tout ce qui la revêt de cette humanité inique que la Musteile exècre est tournée vers son Louvelle.
Malgré le fait qu’en cet instant ses doigts affleurent avec nonchalance le derme du réformé, ses pensées, elles, ne sont que pour son papiste.
De lui, elle garde chaque mot pressé contre son sein lorsqu’elle cavale au combat au devant du Moissonneur, afin d’être certaine qu’à l’heure de son trépas, il serait là… avec elle.
Elle lui doit réponse.
La rousse ferme les yeux.
Plus tard.

Et plus tard c'est maintenant.



Citation:
A mon aimé,
Culheire de Rosèla meun,


    Votre dernière missive me laisse un goût saumâtre, je reconnais bien en ces dernières lignes l’esprit du Louvelle.
    Qui est le plus blâmable ? Celui qui cède à sa nature charnelle car il se pense abandonné ou celui qui ne donne pas l’once d’une nouvelle et disparaît brutalement durant plusieurs mois (et dont j’ignore encore les raisons)?
    Dois-je vous expliquer le ressentiment que j’ai eu à votre encontre lorsque du jour au lendemain, il n’y avait plus de trace de vous ? Pire lorsque votre cher parrain s’est bien gaussé de la situation dont vous étiez l’auteur et dont j’étais la proie. Je me suis sentie trahie par vos mots, vos paroles et vos actes.

    Alors à présent, je vais vous paraître cruelle, brutale ou abjecte en vous confirmant les dires du coquillard et allant au-delà, ici je trompe l’ennui avec un des miens dont nous partageons les mêmes idées, la même religion, le même combat. Je lui accorde le temps d’un souffle, d’un rire ma présence à ses côtés, lui assure ma lame et veille à son sommeil et pourtant seriez-vous choqué d’apprendre que durant chaque minute passée avec ou sans lui c’est à vous que je pense et que dont je rêve, c’est vous que j’aime à chacune des secondes qui s’écoulent de mon existence.
    Ces choix ont été faits avant de recevoir vos lettres, avant que vos mots à nouveau viennent cueillir dans une brèche de mon cœur les sentiments qui me lient si violemment à vous que je n’ai nulle force pour les briser, ni les ignorer.
    Voilà, je vous devais de ne rien dissimuler des âpretés de ma personnalité, le mensonge n’est pas une science dans laquelle j’excelle, faites de moi ce dont vous souhaitez, moi je n’aurai de cesse de vous aimer.

    En ce qui concerne la Fronde, je ne vous conseillerai que trop de ne pas méjuger prématurément les choses. Encore une fois votre abnégation totale et aveugle en tout ce qui porte une couronne me décontenance sérieusement, vous ne voyez en eux que leurs statuts et non leurs actes.
    Croyez-vous que Dieu accorde tout sur un plateau ? Croyez-vous qu’ainsi est notre destin, vivre aisé, nanti, gagnant à tous les coups, nous repaissant du grand festin de la vie ? Non, Notre Seigneur éprouve notre foi envers lui à chaque instant, Il met sur nos chemins l’affliction et le chagrin comme un bon Père éduquant ses enfants à plus d'humilité et de droiture.
    Et comme vous ne me l’avez pas demandé mais je vous répondrai tout de même, je vais bien merci, les assauts n’eurent pas raisons de moi. Aucune lame « royale » n’est venue à bout de ma rébellion.

    Je terminerai la présente lettre par un dernier aveu.
    J’avoue que je vous dois tout ce que j’ai ; par vous je suis née, par vous je vis, par vous je mourrai, et par vous je meurs*. Vous avez fait prisonnière mon âme.

    A la Miséricorde du Très-Haut je vous confie.


S.
Sempre Rosèla vòstra.


Autre vélin, autre destination mais le sentiment palpitant aussi fort dans sa poitrine.
« Fait chié d’aimer ! »


Citation:
Sòrre meuna,

    Par Dieu mais que t’ont-ils fait en Anjou, ce grand asile d’aliénés fait duché ? T’ont-ils rendu cinglée, s’ils se sont permis de toucher ne serait-ce qu’à un cheveu de ta sublime caboche de Sombre je fous le feu à ce pays de demeurés !!! Ou bien est-ce la maternité qui t’a changée en prêtresse du bisou-bisou et de la fleur dans les cheveux ? Je m’en vais prier pour ton âme, ma sœur, mon aimée amie, je ne veux pas te perdre au profit d’une dégénérée qui fera des gâteaux au navet pillé pour ses pichonets.

    Ici, je veille comme si c’était toi sur notre souveraine, et les maquisards (oui ça a comme un goût de déjà-vu) pansent leurs blessures, bleus du corps et bleus de l’âme qui a quelque peu entamé notre vaillance. Tu me connais, je n’aime pas rester statique et là d’être pour l’instant inutile me ronge toute entière de cette féroce animosité. Tu seras heureuse de savoir (comme je l’ai été moi-même, d’apprendre que vous étiez tous arrivés –sans exception- entier à bonne destination) que le royalto n’a pas tanné mon cuir si délicat.

    Pour ce qui est de ma géométrie sentimentale, je dirais que c’est loin d’exceller la pureté froide des mathématiques malheureusement, il aurait été plus facile de la sorte. C’est tout en courbes et en variables difficilement calculables pour moi qui suis une quiche dans ce domaine. Il y a le Sénéchal pour lequel j’éprouve la sensation d’être dans le bon choix tant nous sommes accordés l’un à l’autre comme deux instruments jouant à merveille et il y a le Louvelle où le sentiment est au-delà de la médiocrité des mots que je pourrai coucher sur ce vélin, cela dépasse même le langage du mortel tant cet amour me fait autant vivre que crever, tant il m’est douloureux et indispensable à la fois. Dieu m’est témoin que je n’ai jamais ressenti cette intensité me brûler de larmes de la sorte, est-ce cela d’aimer ? Enfin aimer en vrai ? Comment est-ce avec ton *horrible*rature* époux ?

    Je vais te lâcher la grappe, ma tendre sœur, et pour effacer la peine que je t’ai causée dans la précédente lettre de mon ouvrage, je puis t’assurer que je n’ai été chagrinée que le temps de râler sur la missive. Tu dois bien me connaître, mes colères envers toi ne sont que passagères, comme l’orage qui noircit et zèbre d’éclair le ciel, le soleil revient vite à mon cœur quand il s’agit de toi.
    Je t’embrasse toi et les enfants (et pas l’autre crevard, tu lui flanqueras un tape derrière les oreilles de ma part)

    Dans mes prières, à Dieu je vous confie tous (ou presque).


Ta rousse Belette
qui t’aime



* Vers d'un poète espagnol Garcilaso de la Vega
_________________
Astana
[Troyes]

Citation:
A celle qui est et restera ma Belette, quoi qu'elle en dise,
    Je te salue,

    Lire tes mots, même incroyablement assassins, est toujours un plaisir Scath. Je constate avec un amusement non dissimulé, que notre éloignement géographique n'a pas eu raison de ta fichue rancune, et que tu es toujours aussi piquante. En ce cas, permets-moi de rester moi-même et de ne pas courber l'échine face à tes reproches tant officiels qu'officieux, et de garder la tête haute. Si je m'en veux de t'avoir abandonnée et laissée sans nouvelles ? Bien entendu. Mais t'ayant fait part de mes excuses - sincères de surcroit - dans ma précédente lettre, j'estime qu'il est inutile de revenir là-dessus. Ton pardon me sera donc toujours refusé ? Cela fait des mois !

    Tu réclames de la franchise, ma Belette... concernant mes occupations. Mais tu t'es bien gardée, toi, foutue rousse, de me parler des tiennes ! Tu dis que ce que tu fais «quelque part entre ici et là-bas» importe peu. Eh bien je n'en crois pas un traitre mot. Finalement, tu es bien plus cachotière que moi. Alors soit ! Je joue cartes sur table. Me concernant, sache que de l'Anjou, je suis allée me perdre jusqu'à Genève - qui est une place forte devenue bien morne -, et que je me trouve actuellement chez ces pleutres de Champenois à ne rien faire. La vie y aurait un goût amer s'il n'y avait pas un homme à mes cotés. Là où tu coures (courais ?) un moustachu, je rencontre l'extase dans les bras d'un blond rencontré lors d'un bref voyage à Paris. Tant la nuit que le jour. C'est une saveur qui m'était jusqu'alors restée inconnue... ou pour être plus exacte : qui efface et piétine tout ce que j'ai pu connaître. Il n'y a pas de mots pour qualifier ce que nous sommes, et c'est bien mieux ainsi. Nous remontons lentement vers le nord, pour quelques affaires du blond dont je ne veux rien savoir. Cela ne me regarde pas, après tout.

    Sache que...

    Tu me manques, toi aussi. Que de revoir ton museau hargneux et impérieux, je rêve souvent. Et que malgré la distance, je n'oublie rien des liens qui nous unissent.
    J'attends de tes nouvelles, ne serais-ce que pour apprendre que la vicieuse rousse que tu es est toujours en vie. Ce serait d'ailleurs la pire farce que tu puisses me faire... mourir, t'en aller. J'attends de tes nouvelles. Même si c'est pour recevoir d'énièmes insultes que je chéris comme si elles étaient les égales de ces mots affreux que l'on nomme : mots d'amour, et dont j'ai toujours autant de mal à concevoir l'utilité.

    Deos te garde, Scath, quoi que tu fasses. Je prie pour ça.
Ta blonde, Astana.

    P.S : Le Louvelle n'a jamais mérité l'amour que tu lui portais. Alors enterre-le, et les souvenirs avec !


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Scath_la_grande
Un mot dont l’écriture trahit l’état hâtif de l’auteur.
La Musteile espère que le messager baillé pour le nord parviendrait à retrouver le destinataire, sans se faire écorcher vif.



Citation:
    Cette lettre n’est là ni pour vous juger, ni pour rappeler à votre conscience mais pour vous enjoindre à prendre grande prudence de vos actes et paroles, parce que dans mon cœur vous siégez toujours. Vous vous faites ennemi du peuple huguenot à tenir certains propos qui ne sont nôtres et souillez la foy qui fut vôtre et qui est mienne par la même.
    Et si même je comprends les astuces de votre geste, je ne l’agrée aucunement, ce dessein ne s’atteint pas au mépris de nos coreligionnaires. Toute fin ne doit user de tout moyen.

      « Dieu soutient l’univers par Sa seule parole
      Il est celui qui frappe et celui qui pardonne
      Il est le Tout-Puissant qui règle notre sort
      Il commande à la vie, Il commande à la mort* »


    Ne devenez pas un autre Archybald, ne vous abaissez pas de la sorte, ne donnez pas à la médiocrité papiste cette victoire même illusoire d’avoir pu vous faire plier. Peut-être vous y gagnerez mais pour ceux dont vous étiez le berger, le miel en sera aigre, et ils se détourneront de la nouvelle opinion.
    N’oubliez pas, paire meun, vous qui me placiez dans le droit chemin de la Foy, vous qui avez éclairez tant d’âmes dans l’obscurité, n’oubliez pas vos propres leçons.

    A Dieu je vous confie.
    Votre Sanguinaire.


A.S.

    « Aie pitié de nous, Seigneur, aie pitié de nous, car nous n'avons été que trop rassasiés d'opprobres.** »



*Cantique d'origine de Blanvalet, dans le psautier réformé romand, texte ayant subi une légère modification-
**Psaume 123, 3

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Scath_la_grande
« Ennui. Un désert qui me traverse. » - Maurice Chapelan


Dieu qu'on s'emmerde en Bourgogneland !
Pichet et parchemin, parfois il faut honorer les siens de mots encombrés d’incertitudes.
L’encre carmin file de son écriture étriquée, ramassée, économe jusque dans l’ampleur de ses lettres.


Citation:
A ma mignarde garce blonde


    Il n’y a pas un seul jour, amie, où ma pensée ne vient te rejoindre. La remembrance de nos rires et de nos beuveries me tient éveillée dans cette ville morte. Toi qui me connais, toi qui es parfois telle que je suis, tu le sais comme l’ennui est un poison mortel qui rogne l’âme jusqu’à la rendre inerte.
    Que fais-tu toi ma danoise ? J’espère que ton existence est moins morne que celle que je mène depuis quelques longues semaines. Que dis-je ! Quelques mois !
    Sise en Bourgogne, ma seule consolation est que le vin est bon, ainsi il me fait quelque peu oublier les navrements asthéniques qui viennent en cohorte avec les beaux jours, de quoi pendre des calotins juste pour tromper l’état végétatif qui me garde en son sein.

    L’action reviendra bien sous peu, j’ai pu noter quelques réactivités dans mes compagnons de route sur lesquels je veille assidument. Comme si Dieu me voulant que trop humaine, Il m’a refourguée cette étrange charge là, de la loyauté, Tudieu il ne manquait plus que ça (après les émois sentimentaux je me demande si notre Créateur ne va pas encore m’allouer de l’instinct maternel en sus pour compléter le tout ! Tu verras qu’à cet instant je ne serai bonne à rien !). Fi donc de mes plaintes et de mes griefs, je voulais t’annoncer plusieurs choses, la prime, j’ai pris suzerain, j’ai à présent terre et tout le tralala qui va avec. La belle affaire, je me demande encore dans quoi je me suis engagée néanmoins j’ai toujours eu fiance en eux. Sais-tu que ce fichu moustachu est entré bien plus que dans mon lit, il commence à faire partie de mon quotidien. Souvent je me questionne sur les liens qui se tissent entre nous et comme le Louvelle a un tant soit peu relégué ma personne dans l’oubli (ou il n’a pas apprécié quelques-unes de mes phrases assassines dans ma dernière lettre), me voilà prise à mon propre rets alors que je ne voulais que jouer un peu. Je vieillis et m’atendrézi à tout va !

    As-tu ouï pour mon père ? J’en suis fort marrie de cette ambition malsaine et je crains de plus en plus pour le salut de son âme. Je sais bien que tout cela n’est que tactiques et moyens dévoyés d’atteindre les postes qui lui ont été refusés par son statut d’hérétique et d’excommunié mais je ne puis en accepter toutes les conséquences qui sont encore invisibles et que je pressens néfastes pour une partie des nôtres. Je pense à me défaire de ce nom que je porte, de cette famille là je n’ai ressenti que dédain à mon encontre, et morgue paternel lorsqu’il a vu que je ne mettais pas mes pas dans les siens. A propos de lien du sang, es-tu passée à Montauban dernièrement ? De ma naine je n’ai aucune nouvelle, je viens à me demander si je ne l’aurais pas oubliée enfermée dans un placard ou dans une malle, tu sais comme ça s’égare vite ces petites choses-là. Ou tout simplement elle ne sait pas ses lettres et ne peut comprendre ma missive. Qu’opines-tu ?

    Ma jolie blondine, je dois te laisser car de une, je n’ai pas grand-chose à te raconter et de deux j’arrive en bas de parchemin et que ça coûte cher.

    Je te confie aux bonnes grâces de Dieu, que mes prières t’accompagnent.


Ta Belette



La suivante missive, lui demande un peu plus de réflexion. Il est pour elle complexe de formuler cette demande qui résonne comme une requête. Et tout le monde sait que la Musteile préfère pratiquer le racket que la requête. Finalement l’humeur huguenote et austère de la rousse prend le dessus et l’écrit s’en trouve des plus concis.


Citation:
A mon Altesse Royale d’oncle
De sa bâtarde de nièce rousse

    Monsieur, dans la mi-août je dois me rendre à la Capitale pour des affaires qui me pressent et demandent ma présence. Je viens vous mander par la présente si vous pouvez me donner logis en votre hôtel particulier. Un garde et éventuellement une dame de compagnie m’accompagneront.
    A cette occasion je souhaite aussi avoir un entretien avec vous dont je ne puis expressément point exposer la raison sur vélin, cela serait faire offense à votre personne et je m’en dispense.
    En vous remerciant et autres politesses d’usage dont je ne fais guère l’usance.

    Dieu veille à vous ainsi je le veux.




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Charlemagne_vf
Dans sa villégiature parisienne, encore squattée par un Aimbaud de Josselinière assez peu éloquent, le Prince reçut la missive signée de la main d'un Aigle bâtard.
Il resta de marbre devant les familiarités, et se piqua même de répondre.


Citation:
A Aanor Scathach von Frayner, bâtarde,

    Ma nièce.


Ma demeure est la vôtre. Je vous y recevrai donc s'il le faut, sans toutefois vous y promettre ma présence. L'Hôtel Castelmaure vous y sera ouvert, de toutes façons, et comme à chacun de mes parents.
S'il fallait que je sois encore à Paris lors de votre venue, nous pourrons nous entretenir à votre guise. Sinon, venez à Nevers.

Sans politesses d'usages car cela n'est qu'hypocrisie.

S.A.R. C.d.C.

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Scath_la_grande
« Les mots sont comme les abeilles : ils ont le miel et l'aiguillon. » - Proverbe Suisse


Peu de miel et beaucoup d’aiguillons pour les plis qui lui réclament un minimum de réponse et dont la Musteile observe le cumul en longs soupirs.
Dans le crâne couronné de roux lui monte déjà le coût et une grimace se pose sur le museau.
Quand il faut y aller, faut y aller !
Le premier à recevoir son attention est celui de l’ancien procureur de Guyenne qui traîne depuis au moins un bon mois dans sa besace.



Citation:
Bonsoir

j'ignore si je serai encore procureur mais j'ai décidé de statuer sur la plainte déposée contre vous par Bardieu
Etant donné les passions qu’entraînent votre filiation avec Sancte , pas sûr que mon successeur à la procure pense la même chose que moi ou n'essaye pas d'inventer quelque chose pour nier ma décision. Voici ma conclusion sur cette affaire:


« Le duc ne statue que sur des cas de trahison ou de haute trahison
Or le maire de Montauban Lafavorite vient de certifier qu'elle a récupéré les 2000 écus et qu'elle les a mis à l'abri
Comme l'argent n'a jamais quitté Montauban et a été récupéré dès qu'un maire de Montauban en a fait la demande alors que la suspecte Scath était en dehors de la Guyenne
Comme le duc Popsas consulté sur l'affaire a dit devant moi et le maire Lafavorite que la récupération de l'argent était une priorité, confortant mon avis, je ne retiendrai pas le trouble à l'ordre public puisque la suspecte a coopéré sans conditions à la récupération des écus

Et si comme une bonne partie des Guyennois , j'ai des raisons d'en vouloir au dénommé Sancte, je ne saurai participer à ce qui semble être une vendetta dirigée contre tout ce qui appartient à la famille Sancte. Reprocher à la fille les actes du père, ce serait comme estimer que tous les Louvelle sont aussi vénaux et grossiers qu'Archybald

Affaire close sur le volet Scath: le prochain maire de Montauban succédant à Lafavorite devra s'assurer que dame Lafavorite lui transmette les 2000 écus .c'est désormais elle la responsable des 2000 écus »

Respectueusement

Philipus Aficus , procureur de Guyenne



Citation:
A lo mèstre Philipus Aficus,

    Salut e patz

    Mèstre, je vous donne le merci d’avoir clos cette affaire qui n’avait nul lieu d’être et surtout de m’avoir tenue au courant de son évolution. Je ne peux que louer l’équité de votre morale et je n’avais aucune crainte quant à l’issue de ce cas litigieux tant les allégations de ce « pauvre » Bardieu ressemblaient à une croisade personnelle. Je n’ai pas oublié les trois procès totalement iniques et inutiles auxquels il m’a soumis durant mon mandat de gouverneur. Le Très-Haut le jugera en temps voulu, je ne suis guère inquiète sur ce sujet.


    A Dieu seul la Gloire, à nous le reste.





Suiiiiiiiiiiiiiivante...


Citation:
Ma très chère,

J’ai le plaisir de t’inviter à mon baptême, qui sera célébré en la Cathédrale de Bordeaux, le 19 Août 1460.

Espérant de tout coeur qu'il sera l'occasion d'une grande fête, que le vin coulera à flot, et qu'il augurera d'un avenir meilleur, j'espère en ta présence.

Cyrinea


Point de gaspillage, la réponse ne mérite guère de mettre des écus dans un parchemin vierge selon la rouquine. Sa petite écriture étriquée se presse en bas de page.

Citation:
Cyr,

    Recommande ton âme à Dieu, je n’ai nul pardon pour ceux qui se détournent de LA religion par pur ambition ou parce que c’est arrangeant. Je ne participerai pas à cette mascarade, je garde loin mon cœur des ténèbres pour choisir de rester dans la lumière de l’Unique.


A.S. VF


Puis...


Citation:
Je vais vous écrire, je vous dois bien ça. Mais je suis pas sûr qu'un pigeon retrouve une Bellette sur deux pattes, aussi joli soit son minois.

Donc plutôt que de prendre le risque d'écrire un courrier qui n'arrivera pas, je tente en premier de vous identifier. Retournez moi ce bout de papier je vous prie.

Yi.

PS: vous me direz si en cogitant un peu, vous avez retrouvé qui je suis.


Noté en bas, en tout petit :

Citation:
Il n’y a pas que le minois qui soit joli, ne niez point sinon je vous traite d’aveugle !
Quel pigeon perspicace, le courrier a bien trouvé la destinataire mustélidé.

Belette

P.S. : Est-ce que Yi. serait un cryptogramme pour Bernado ?


Et encore...


Citation:
A vos, Gautier de Vaisneau,

    Monsieur, vous faites preuve d’une incommensurable imprudence en ne m’ayant par remboursé ne serait-ce une once de ce qu’il était convenu entre nous. Il me semblait pourtant avoir été claire, les avertissements quant à ma mansuétude inexistante n’ont pas manqué désormais vous avez à subir mon déplaisir. Par la présente je vous confirme donc que vous voilà banni de mon estime, que le taux d’usure remonte aux trente-trois pour cent usuels et que j’userai de tous moyens jusqu’à ce que la dite somme me soit dûment rendue avec les intérêts qui lui sont propres.

    A Dieu seul la Gloire, à moi le reste.






Rhaaaaa c'est fastidieux, long et ça va encore lui coûter bonbon. Le flacon de vin est mis à contribution pour adoucir la pique des aiguillons.


Traduction :
Mèstre (maître)
Salut e patz (Salut et paix)
A vos (A vous)

_________________
Matalena


Fi donc, gueuse à la cuisse légère, que branles-tu de tes journées à part des blonds, des bruns, des moustachus, et des verts à pois mauves ?
Nul doute que dans le calme plat, le désert, le vide absolu, que dis-je ! Le no-man's-land des habituels mois d'été, tu n'aies trouvé à ourdir quelques sordides complots de fesses, d'argent, ou les deux à la fois considérant que ces sujets sont dans la vie tes favoris.
Où te planques-tu ? Que fais-tu ? Diantre ! Au moins depuis la fois dernière où tu trainais tes frusques et ton rustre poilu au milieu des dalles d'une église papiste -Deos m'en préserve, j'en tremble encore-.

Pour répondre à tes quelques politesses d'usage (tu te soignes avec l'âge, je te félicite) mon époux et mes chiards vont bien, enfin considérant que les petits formats ont bien plus à s'occuper dans le domaine que les grands, pour qui cet espace n'est point assez vaste hélas pour nous y divertir à mesure. On s'occupe comme on peut, disons, et fort heureusement ces occupations quoiqu'assidues ne sont pas encore parvenues à me refoutre dans l'état de cachalot ventripotent qui m'a valu de ta part un fort disgracieux sobriquet (que je te prie d'oublier d'ailleurs).
A l'occasion, il faudra que je te les montre maintenant qu'en plus de manger et de chier ils font toutes sortes de choses intéressantes comme tendres des embuscades aux serviteurs dans les couloirs (dixit Morrigan "Pour nous entrainer au brigandage !" quoi que je soupçonne mon aîné d'être le cerveau machiavélique de l'affaire), voler des provisions aux cuisine ou, dernièrement, lancer des raids à cheval contre les petits de la noblesse voisine. Une sombre histoire de boutons, je n'ai pas tout saisit à dire vrai, Maleus se déclarant la plupart du temps affilié aux interrogatoires... J'ai d'ailleurs comme le vague sentiment qu'il se trame là-dessus un certain laxisme gâteux, va falloir que j'enquête.

Bref. Penses à m'inviter pour ta prochaine Nimp'Party. Si on se bouge à la Cité, je t'en tiendrais informée, histoire qu'on tente de s'y croiser si le cœur t'en dit.

Te saluant,
Mata

PS : As-tu aussi reçu ce courrier de Cyrinea pour te convier à assister à son parjure en place publique ? Tudieu, je savais les croyantes de Montauban pour l'essentiel convaincue plus par la verge de ton paternel que l'amour du Très Haut, mais tout de même ! En parlant de lui (le paternel, pas le Très Haut), j'aurais deux-trois choses à te signifier tantôt. A haute voix.

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Yiralyon
Il y’a des choses qui dans ce monde ne s’expliquent pas : l’obstination des grands chiens à vouloir nager dans les points d'eau, l’acharnement du coq à décréter toujours la journée, mais aussi – fait plus rare – la ténacité des pigeons à retrouver des belettes sans nom.

Citation:


Á la Belette,

Savez-vous qu’il me suffirait d’écrire à votre sœur pour connaître votre nom ? Ignorant totalement si les sentiments que vous nourrissez à son égard sont réciproques, j’ai cependant eu la délicatesse de la tenir à l’écart de cette question, du moins pour l’instant.

Telles interrogations ne sont de toute façon pas l’objet de ce courrier. Vous ayant fait perdre 40 écus sottement, j’ai pensé que me faire pardonner en vous rendant le septuple en mots* pourrait être interprété comme un geste charmant. C'est-à-dire qu’en plus, à la réflexion, j’ai estimé que mon dernier comportement n’avait pas été des plus corrects. Mais outre le fait que vous posiez des questions excessivement vagues, ne vous avais-je prévenu que mon humeur était fort méchante ce soir-là ?

J’imagine qu’à ce jour, vous êtes arrivée à l’issue de votre périple « nordique ». Il me reste pour ma part encore une journée de trajet. Il est prévu, d’assister aux festivités de « Tournel », un nom comme ça. N’étant pas directement participant, je vais passer mon temps à observer ou m’emmerder, nous verrons quel chemin mon intérêt emprunte.

J’aimerais en tout cas que vous me teniez au courant des choix que vous ferez concernant votre paternel. Il y’a certains sujets qui piquent ma curiosité et étant donné que celui relatif à vos amourettes assèche votre langue au bout d’un moment, il serait bien de me consoler.

Pensées amicales,

Yir.

PS : Je vous avais dit Bernard, pas Bernardo. Bernardo, ça fait fidèle, ça sonne muet. Si vous aviez l’habileté – et l’amabilité – de retirer le « o », peut être me percevriez-vous différemment.


*Le compte y est grâce à cette phrase inutile.

Scath_la_grande
[Bourgogne-land' pays de l’emmerdifiage pathologique...]


C'est celui qui dit qui y est, d'abord !

Citation:
Sòrre meuna,


    Belle ronce que voilà qui enfin daigne me répondre, et malgré tes épines et ton fiel, comme tu manques à mon âme, comme ce vide béant et froid me prend quand nostalgique je noie ta non-présence dans le carmin de Bourgogne.
    Pique, pique ma mie, je t’en aime que plus.

    De ces mois, tu es celle qui a envoyé la missive la plus agréable à mes yeux malgré les vilainies que tu te plais à y mettre mais leur absence m’en inquièterai bien plus.
    Ta progéniture semble pousser comme mauvaise herbe dis-moi ? Tant mieux, s’ils sont résistants et déjà forts en tête, l’avenir pour nous les huguenots est toujours incertain et il vaut mieux qu’ils soient vifs tant de l’esprit que du corps plutôt que tels les fats que la noblesse papiste porte en son sein.

    Comme tu es dans le vrai, anma meuna, l’été et ses courants chauds n’apportent que mollesse à tout et à qui, pour moi qui suis tant frénétique de toutes les affaires que tu penses, que tu supposes et qui ne te concernent en rien ! Et même des autres, c’en est une vraie mortification.
    J’ai passé ces mois de touffeur sous le soleil bourguignon et par épisode, parisien, mais de ce dernier Dieu m’en garde, je hais cette capitale pour que son chef est bien mal couronné.
    J’accomplis ce qu’il te fait défaut, je veille sur notre suzeraine avec grand soin puisque tu as préféré voir pousser ton herbe si loin… (ceci est pour la pique de la gueuse, à pique, pique et demi)

    Fi donc, celle que tu appelles gueuse te conchie (avec amour il va s’en dire) j’ai bien plus de noblesse dans mon sang que tu n’en auras jamais dans ton blason et ta couronne ma mie. Et à présent je porte armes et je possède mes propres terres, peut-être que je t’y inviterais pour faire ce qu’on appelle un déjeuner sur l’herbe (si il y a de l’herbe) avec de la chair grillée, nous y amènerons nos rejetons et en fin de journée, prises de boissons et de soleil nous nous engueulerons, bec à bec, gaiement soit à cause de ton borgne époux, soit parce que Ciguë aura tenté d’escroquer un de tes minauds (ou l’inverse, je sais bien que de l’esprit, ma fille a hérité de la lenteur de son géniteur).

    Bientôt nous rejoindrons la cité, de la Saint-Just tu auras quelques échos je suppose, tu me connais bien, jusqu’à ce qu’affaire soit faite, je ne pipe mot. Néanmoins je peux te dire que je quitte les Saules pour ma part bien chagrine, les déceptions que cette ville a su faire naître me laissent un goût saumâtre en gueule et je crois que ton Post-Scriptum met le doigt, que dis-je, une grosse paluche dessus.

    Je ne saurais commenter l’invitation de Cyrinéa sans me montrer d’une grossièreté sans nom, tant j’ai reçu cela comme une infâme injure en pleine face.
    Et de mon père… de quel père parles-tu ? Celui qui peut crever bec ouvert dans la disgrâce de Dieu ? Si l’on se croise toi et moi, que Dieu le veuille ainsi, j’aimerai que nos sujets de conversation soient bien plus agréables que ce puant verbiage sur des gens que j’ai banni de mon estime et de mon amour.


    Sans crainte, je te confie à Dieu, toi et les tiens.


Ta rousse Belette

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