Scath_la_grande
« Aimer, la meilleure préparation à la mort. » - Marcel Jouhandeau
Souffle qui séteint au bord des lèvres, cur qui sétreint.
La lippe soyeuse se pince dans cette moue enfantine, la seule dont la Musteile na pu se défaire.
Prise sur le fait ! Voilà ce que son museau ne peut dissimuler.
Prise sur le fait de ne pas avoir enterré cette histoire, de ne pas avoir fourré au placard tous ses sentiments pour lui.
Prise sur le fait de laimer et ça lécorche vive.
Avec lui lorgueilleux camélia disparaît en faveur du fragile coquelicot.
Lui répondre avant que la nuit ne vienne, que la mort ne fauche peut-être son lot dinfortunés, que séteignent les dernières espérances.
Souffle qui séteint au bord des lèvres, cur qui sétreint.
La lippe soyeuse se pince dans cette moue enfantine, la seule dont la Musteile na pu se défaire.
Prise sur le fait ! Voilà ce que son museau ne peut dissimuler.
Prise sur le fait de ne pas avoir enterré cette histoire, de ne pas avoir fourré au placard tous ses sentiments pour lui.
Prise sur le fait de laimer et ça lécorche vive.
Avec lui lorgueilleux camélia disparaît en faveur du fragile coquelicot.
Lui répondre avant que la nuit ne vienne, que la mort ne fauche peut-être son lot dinfortunés, que séteignent les dernières espérances.
Citation:
A lo meu culheire de Rosèla,*
S.
A vous uniquement, Coquelicot votre.
- Ainsi donc vous prêtez vos oreilles aux « on-dit ».
On dit de moi que je chevauche aux côtés du faux Rei ? Combattant en son nom, pour sa couronne ?
Ce que lon ne dit pas est que je chevauche avec ma loyauté, lorgueil dêtre fidèle à mes amitiés pour seule solde. Quainsi donc je me refuse à courber léchine aux dictats dun pouvoir usurpé, mes graciles sourires ne servant pas lhypocrisie tels ceux qui se sont empressés de retourner leur pelisse.
On dit de moi qu'une cohorte de prétendants s'accroche à mes désirs ?
Nul besoin dêtre fort bien informé pour en venir à cette déduction. Je suis appétissante, la courbe généreuse, le minois gracieux et dun battement de cil je peux faire plier à ma guise la volonté masculine, alors il est évident de supposer que je ne laisse pas indifférente et que je ny suis point indifférente.
Mais ce que lon ne vous dit pas cest que lodeur de votre peau, le ressenti de mes lèvres dans votre cou, la chaleur de votre corps, létreinte de vos doigts sur mes hanches, votre voix se pressant en souffles tièdes à mon oreille me hantent jusquà linsomnie.
Dois-je à mon tour prêter lesgourde aux « on-dit » vous concernant ?
Lon dit de vous que vous faites le joli cur en tavernes, et que quelques sottardes gourgandines soupirent à votre passage.
Lon dit de vous que vous obéissez au doigt et à lil à votre seigneur et maître, votre parrain et que vos tentatives de me séduire ne seffectuent que sous ses ordres.
Vous voilà encore une fois à ébranler les fondements de ma raison, jaurais voulu continuer à vous répondre avec lâpreté que vous avez su faire naître au fond de moi, et pourtant ce soir, dans ce crépuscule indolent cest le petit ponceau qui inscrit ici ces quelques mots.
Une poignée de lettres qui assemblées bout à bout vous crie la terreur qui se déploie dans mes entrailles. La crainte de vous livrer lémoi qui mastreint à votre égard, ce trouble qui émerge à chacune de mes pensées, de mes prières qui se sont envolées vers vous et qui continuent malgré tout à senvoler chaque jour qui passe. La peur de la mort ne matteint pas, celle de vous perdre à jamais, oui.
Oui, je vous aime.
Ce que vous devez savoir cest que votre dernière lettre sera gardée près de mon cur, là où je garde un pli de mon père, et aussi que jattendrai avec impatience la réponse à celle-ci.
Vous pouvez vous enorgueillir car peu dhommes peuvent prétendre se légitimer de mon amour, je nai jamais aimé ainsi, autant, si douloureusement, si intensément un homme de ma vie que vous.
Je reviendrai en notre cité, soyez-en assuré.
Lheure de reprendre la route est déjà là, jabandonne le vélin, ma pensée par contre siège à vos côtés.
A Dieu, je vous confie.
S.
A vous uniquement, Coquelicot votre.
Il est temps de réunir la meute dont elle a la charge, de seller une énième fois les montures, dattendre que la lumière disparaisse avant de faire résonner le sabot.
Et pour lheure de sagenouiller et de confier une fois de plus leur destinée à lÉternel.
Embrasser le fatum, cruel ou clément, qu'importe.
Les yeux appesantis de cendre se lèvent au ciel, les bras sécartent, enveloppent le céleste comme pour en toucher le divin.
« Père, me voici, je sers Ta cause et jaccepte Ta volonté à travers moi.
Car Ton amour est si grand et le mien si petit !
Emporte-moi si tel est Ton souhait préserve-moi si tel est Ton désir.
Et que par ma main meurent Tes ennemis »
*Occitan : A mon cueilleur de Coquelicot
Dans la symbolique de la fleur le Camélia signifie la beauté parfaite tandis que le Coquelicot l'ardeur fragile.
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