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Foutue encre rousse et courrier de belette ! II

Scath_la_grande
[Orléans... ou par là...]


Citation:
Foutu d’saloperie d’Borgne !

    Tout bon huguenot et bon pasteur que tu sois tu mériterais que je t’arrache ton œil restant et que je t’ouvre la gorge céans !
    Ne t’avais-je pas confié le soin de MA mie, et ne t’avais-je point promis châtiment si tu faillais ?
    Il est certain que c’est ta pingrerie qui lui a value son dol du gastre avec de la provende avariée, et que ta maudite demeure humide et courante d’air l’a affaiblie de ses miasmes.
    La grande amour qui me lie à MA sombre m’oblige à refréner l’ardeur de ma plume, j’exposerai mes griefs à ta face et probablement ma main avec.

    Venir en des climats plus cléments et plus secs pourrait éventuellement arranger son pâtiment, ou tout du moins l’adoucir, et je te prierai pour MA mie de ne point faire appel à des médicastres (surtout des angevins) ! Foutrecul ! Paie au moins un VRAI médecin, serait-ce trop de te mander de prendre un docte et non un charlatan de la profession et quitte à choisir, j’ai plus fiance en un chirurgien-barbier, ils ont parfois plus la pratique que les érudits qui étudient les maux dans les ouvrages sans jamais voir l’ombre d’un malade.
    Toulouse est une bonne ville, la gent y est agréable et a la simplesse du cœur. Du peu que j’ai vu ne se querellant mi pour des histoires d’opinions tant qu’ils ne sont point soumis à la brusquerie.
    J’y fais pasteur (pour te dire à quel point notre pauvre communauté y est désespérée) et ainsi pour te dire le vrai, si je suis plus rompue à la lame qu’au verbe, ta venue ne serait pas un mal pour les quelques ouailles, aussi rien que pour garder un œil sur Matalena et veiller à ce que tu la nourrisse en qualité et point chichement.
    Néanmoins avant de départir tout de gob, je te conseillerai de prendre avis d’un « médecin », savoir si le voyage ne risque pas d’empirer son état.

    Tu seras ravi d’apprendre que je ne m’encontre point en toulousain mais en pays orléanais pour croquer du vaunéant angevin… ou autres, pour notre bon Roy et qu’il te suffira d’avertir l’Ostal Maurand dans la ville de Tolosa afin que soit préparée votre venue et que vous soyez bien installés à la mesnie Bouillon durant notre absence.

    Je prierai sans relâche pour la curation de ma tendre sœur, et à Dieu je confie votre vie et votre chemin, quelle que soit la décision que tu prendras.

    Va en paix.


Scath

_________________
Maleus


A l'agaçante rouquine,

Ne crois-tu pas que la situation est assez navrante, que la peine n'est point déjà assez grande pour que ton babillage menaçant au sujet de mon dernier et unique œil soit franchement utile ? Je ne prendrais donc pas compte de ce verbiage sans interet, que je sache malgré la foi sans faille que j'ai en le Tout Puissant je ne fais des miracles et pourtant il n'est point de jours qui ne soient pas mornes quand ma petite brune d'épouse manque à l'appel.

Chaque jours que Deos fait, je dois répondre aux questions enfantines et donc naïves de mes marmots qui autant que leur paternel souffrent de cette absence... Que feraient-ils sans leur mère aimante, laissés seuls avec un père bien trop froid et austère.

Chaque jours que Deos fait, je prie sans cesse le Créateur de lui accorder la force et la volonté de lutter, de revenir parmi nous, j'en arrive même à prier Deos pour que si destin tragique il y ait ce, fut moi qui m'en irait là haut, ayant déjà bien plus vécu et étant bien plus abimé par la vie que ma tendre languedocienne.

Je fais tout ce que je peux alors ne m'accable pas, il est des moments où les trêves sont les bienvenues, je prend en tout cas note de tes conseils.


Pour ce qui est de ta charge de pasteur en toulousain, j'ai souvenance bien que sur bien des domaines tu te livres au péché, que ta foi est sincère et que nous avons été plusieurs fois d'accord sur des sujets théologiques. Je ne me fais donc point d’inquiétude sur les prêches ou lectures que tu peux faire là bas. Je manie l'épée et le verbe, l'un empêche point l'autre crois-le.

Dès que tout sera en règle, nous prendrons donc la route vers ces terres du sud, en attendant puisse Deos veiller sur toi et tes proches, je ne voudrais point ajouter aux souffrances de ma tendre, la perte d'un être cher.

Cyclopement,

Maleus E. d'Assay.

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Scath_la_grande
_« Et je t'offre ma vie et je t'offre mon corps
________________Mon casier judiciaire et mon béribéri, je t'aime ! » - La vierge au dodge 51 – H.-F. Thiéfaine



Citation:
Roge meun

    Ce que je ne peux faire passer par mon bec, passera plus aisément par la plume malgré que les missives ne soient pas ma prédilection car trop gaspillantes.
    Néanmoins au mitan de ces heures incertaines où pour notre bon Roy nous plongeons sans cœur défaillir à la tâche, le risque de voir nos chemins se séparer est grand face au péril qui nous attend.
    Nul besoin de te rappeler que femme avisée je suis et par ma lettre je scelle mes pensées si elles doivent être les dernières, qu’ici tu puisses les connaître.

    Au dessein de Notre Père je me soumets sans crainte et s’Il devait me porter au trépas que ta lame soit ma froide vengeance, le maigre tribut de ma dolence.
    J’ai cousu trois de mes cheveux à l’intérieur de ton mantel, côté senestre, ainsi même absente un bout de moi t’accompagne.
    Il te faut savoir aussi, que si doutance il y a eu sur notre union, jamais regret ne m’a étreint, que si je nie un mariage de passion pour affirmer un mariage de raison, ce qui est la vérité vraie, n’oublie jamais la grande affection qui me lie à toi et perdura malgré les ans si Dieu nous accorde ce temps.

    Aime Ciguë comme ta propre enfant, moi je n’ai jamais su le faire.
    Dis à ma sombre qu’elle était mon soleil et moi l’ombre.
    Ne bois pas toutes mes réserves de vin sinon je viendrai te hanter dans une chemise, toute transparente… (c’est moi qui serais transparente, hein, pas la chemise !)
    Brûle la fameuse grande amie et porte-bonheur (odorant) de Minah, Eulalie. Elle risque d’empester dans toute la baraque, ou pire vous refourguer des maladies (tu trouveras Eulalie dans la besace de Minah, c’est une tête de chat).

    A Dieu je te recommande, prend garde à ta viande, je ferai gaffe à ma carne.

    Tendrement, je t’embrasse.
    A ma façon, que t'aimi.


Tienne assurément


Traduction :
Roge meun/mon rouge (oc)
Que t'aimi/je t'aime (oc)

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Scath_la_grande
[Entre ciel et terre... une belette]


Citation:
Ma garce, ma folie blonde,

    Depuis les mornes plaines amères de ma vie je t’écris. Point loin de toi je suis et pourtant le cœur me sert, l’âme me pèse plus que plomb en chape.
    Tant de déceptions viennent toquer à mon huis que je me demande si te revoir nous sera salutaire, toi que j’ai aimé la première fois que tu vins à moi pour ta légèreté, ta fraicheur et parce que tu me ressemblais de par la langue et le rire. Le temps me prends jà une sœur, je prie ciel et enfer pour que saine elle revienne parmi les siens… qu’importe si mon éternité soit damnée, qu’importe si je perds la lumière dont Dieu, m’abreuve et désaltère, qu’importe tant que je peux la garder un peu près de moi…
    Si l’amer me prend la deuxième, d’or sertie, que me restera-t-il hormis un rouge lié par l’anneau et le grand sentiment que j’ai pour lui ?
    Je n’ai même plus rien à t’offrir, ni sourire, ni chaleur, ni bénignité. On m’a pillée de l’intérieur, on a étouffé le feu et la cendre se tasse au fond de ma gorge à en transformer mon verbe en âcreté.

    Es-tu toujours dans ce pays de fêlés de la carafe ? Et qu’apprends-je ? Te voilà angevine, de quoi me tuer en pied, j’espère que ce n’est que le goût pour leur vin –ma foi c’est désolant à dire mais fort fruité en palais- qui t’a fait prendre demeure là-bas ? Et de ce blond qu’en est-il, est-ce lui qui t’a convertie à cette absurdité angevine ? Les questions tournoient et seules allègent un peu le predicament où je me trouve, des mois comme années engloutis en absence qu’il me faut palier, tes lettres me semblent toujours trop courtes à mes yeux avides.

    Pour répondre à la tienne, je ne suis pas cette espèce de communes, femelles qui sont engrossées ou se font engrossées pour légitimer leurs épousailles, j’ai ma fierté. Je l’épouse jà pour meilleurs raisons que les tiennes lorsque tu voulais faire noce avec ce bon à rien de Noc. J’ai fiance en lui comme nul autre, il est droit, il est huguenot, prudent en pécune, et Seigneur de ses terres, de plus j’y suis liée par d’invisibles truchements.

    Je m’en dois te laisser, le parchemin me coûte un bras quand je suis en campagne et les chevaux sont nerveux, je vais aller voir ce qu’il en est, mon écuyère excite les montures avec son odeur faisandée.

    A Dieu, mon aimée garce, je te confie sans crainte.


Ta Belette

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Scath_la_grande
[Saumur saumâtre… qu’est-ce qu’on s’embren dans c’patelin à la con !]


En vengeance, on fait avec les moyens du bord, et si une simple rumeur pouvait punir l’insolence de l’Irlandais au bout de la hart, la rousse lui apprendrait à danser.


Citation:
A mon Altesse Royale d’oncle
De sa bâtarde de nièce rousse

    Monsieur, bien du temps s’est écoulé sans que nouvelles de ma part soient données, j’ai l’heur de m’apenser que vous vous portez à merveille ou tout du moins le souhaite. Pour ma part je suis sur mes deux gambes et encore dotée de tous mes membres, las soumise à l’ennui dans un trou angevin.
    Le vin y est bon mais on s’y emmerde promptement.

    Fi donc de ces civilités, bien que d’avoir missive de votre main m’assurant de votre pleine santé serait agréable à mes yeux, j’ai à vous conter une chose que je suppose de prime importance.
    Pour commencer, je tiens à conseiller à monsieur mon oncle la plus grande prudence en les mots que je vais y apposer, rien n’est avéré, tout est soupçonné.
    En ce jour, il est un étrange racontar qui est parvenu à mes esgourdes, je vous laisserai juge par la suite de ce qu’il en est.
    Il se dit qu’un irlandais portant le nom de Finn, de ma mal-connaissance serait l’un des assassins de sa Majesté votre mère (voir l’assassin tout court). Bien que le bougre s’en soit défendu prou, son attitude fut des plus équivoques.
    Il va s’en dire que j’en reste à ma doutance quant à cette implication, quoique cette question fut soulevée par une certaine Yolanda de Josselinière (duchesse de quelque chose) qui le tiendrait pour dit d’un membre de cette fameuse compagnie des Piques dont ce vaunéant faisait parti il y a quelques années.
    Cette damoiselle a d’ailleurs mandé à notre cousin Judas de se renseigner à ce propos.

    Je ne sais quel crédit l’on peut apporter à ces ragots, puisqu’il m’a toujours semblé que les meurtriers de feue la Reyne étaient morts en geôle. Peut-être n’est-ce que jalousie ou calomnie mais je ne pouvais décemment vous celer ce qui me parvint en cette fin de journée jusqu’à mes oreilles.

    Je dois vous laisser, la pénurie de parchemins et d’encre me guette en cette foutue campagne.

    Dieu veille à vous ainsi je le veux.
    A ma façon je vous aime, votre dévouée


A.S. VF-G.




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Volkmar
« Also sprach Winnie l'ourson »* - H.-F. Thiéfaine


Citation:
Aanor Scáthach Von Frayner Glasmaler
Mein Wiesel


    Me voilà t'écrivant, à mon tour. Je m'en surprends moi même, n'ayant pas même répondu à ta dernière missive. Mais tu comprendras, j'avais préféré te voir, te revoir, te rattrapper et te rejoindre plutôt que coucher des mots sur le papier. J'imagine que pour écrire, il me faut l'instant propice.
    Du temps. L'envie, et il faut que ce soit toi pour qu'enfin j'écrive. Et la distance qui m'empêche de venir te voir comme je l'aurais fait sans attendre, si moins d'une journée de route me séparait de toi.

    Histoire de m'épargner ton fantôme, si tu devais me le sortir d'un placard à l'improviste, au fait, sache que j'ai fait le détour par Toulouse pour y prendre quelques bouteilles. Je vide ton vin de ton vivant pour éviter d'avoir à le faire après.
    Je n'y ai pas vu Ciguë, ni là, ni n'importe où j'aurai pu m'attendre à l'apercevoir. Il faudra qu'on parle d'elle, un jour. Mais baste !

    Tu as réussi à débarrasser Minah de ses "amis" ? J'ai trouvé des geôles plus propres en Béarn, pour Navigius, que ton écuyère dans ses bons jours.
    Tu sais, en fait, je crois qu'il va falloir que je prenne ta mesnie en main !
    Entre eux, et toi qui ne m'écrit que pour prévenir une séparation qui pourrait être plus longue encore. J'ai entendu dire que l'Anjou n'est réduit qu'à peau de chagrin. Fait donc gaffe à ta carne où je saurai bien ramener la mienne ne serait-ce que pour te passer un savon.

    Tu sais.. Je suis à l'inverse de toi, parfois. Ce que tu ne sais mettre par mots, tu le couches par écrit, et le voilà préservé, et pour toujours à portée de main, à portée de mon coeur.
    Moi, ces mêmes déroutements de mes sens et ma pensée ne se laissent jamais enchaîner au papier, et il n'y a que la parole qui me laisse les libérer de leur cages.
    Et pourtant, tu dois savoir à quel point cette affirmation est dérisoire. Je n'ai pas la langue plus prolixe et plus à l'aise que toi, pour le verbe.


    Mais n'en doute jamais, je t'aime, et rien n'y changera.
    Garde ta couenne. Si Deos m'a entendu, si peu que ce soit, je te retrouverai au retour.
    C'est bien pour toi, car le sud est moins froid que Paris, et moins encore que l'ouest. Pas même un flocon de neige, aujourd'hui, dans mon champ de vision.


Volkmar


*Ainsi parlait Winnie l'ourson. Aucun rapport.
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Scath_la_grande
[Entre silence et déception... une rousse funambule...]


Citation:
Blonde,

    Assurément plus mienne.
    Ma dernière lettre partageait avec toi mes craintes de te revoir, tant les déceptions ont éreinté mon âme ces temps-ci et galvaudé les confiances que j’ai attribué.
    Je crois bien que cette dernière m’est inattendue et m’a blessée plus qu’aucune autre.

    Blonde !
    Crois-tu pouvoir me celer la découcherie nocturne d’un Humbert en tes lieux ? J’ai tu ceci alors que je venais chercher logis en le tien comme au temps de notre amitié et je suis repartie sans mot dire.
    Si tu le crois sérieusement c’est que tu me connais mal, la Belette est de la famille de la fouine et tout ce que l’on tente de me celer me pique le museau de curiosité, tu aurais dû le savoir.
    Si tu as cru que ceci n’aurait aucune conséquence, je te laisse l’accroire.

    Adishatz, que le Très-Hauct te garde sur Son chemin.

_________________
Charlemagne_vf
Citation:
    A Aanor Scáthach Von Frayner.


Ma nièce,

Vous pardonnerez ma lenteur à vous faire réponse : c'est qu'un convoi me menant de Nevers à Angers, & les errements martiaux m'ont empêché de me consacré à une correspondance quelconque avec assiduité.
Qu'importe, voici le temps de traiter avec soin vos informations. Elles m'interpellent, & méritent une attention particulière, mais puisque vous êtes vous-même en terres angevines, ainsi que Yolanda de Josselinière, & notre parent Judas, je pense prudent de démêler ci ou ça de voix vive.

Voyons, nous, alors.

S.A.R. C.d.C.

PS : En revanche, il me plairait que vous me fassiez un cours sur le déroulement d'un mariage à la mode réformée. J'ai oublié les enseignements de votre père à ce propos. N'omettez rien. Merci.

_________________
Astana
[Entre lassitude et morosité, une blonde se les gèle]

Citation:
Rousse,
    Que croyais-tu au juste ? Que j'allais courir les rues à la recherche de la carcasse qui est tienne pour t'annoncer la nouvelle ? Mes agissements avec Humbert ne te regardent en rien. Mais de là à insinuer que l'on te cache des choses... non. Je lui ai offert logis, aussi sûrement que je t'ai proposé de venir dormir à mes côtés, maintes et maintes fois.

    Tu n'es pas en droit, Scath, d'exiger une quelconque explication. Amie, ma Soeur, ne sois pas si possessive lors que tu es aussi fautive que moi. J'ai la souvenance d'une lettre écrite il y a quelques mois de ça, où tu me racontais que tu courais tant l'Humbert que le Moustachu. Dois-je te rappeler, au prix d'une amère déception, que tu as posé tes mains sur l'homme ayant partagé bien plus que ma couche durant les semaines précédant mon départ ? T'ai-je seulement fait UN reproche là-dessus ? J'aurai pu être hargneuse, haineuse et en colère à ton égard. Pourtant, j'ai préféré croire que les liens qui nous unissaient ne méritaient pareille querelle.

    Mais à toi qui n'a de cesse de remettre en cause cette amitié chaque fois que l'occasion se présente, j'ose le dire : je suis lasse.
    Lasse de ce petit jeu que tu sembles avoir instauré. Lasse d'être ainsi rabaissée.

    D'excuses tu n'auras point cette fois-ci.

    Que le Très Haut te garde, surtout.

La Blonde.

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Scath_la_grande
[Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice...*]

Transition transitoire il paraît que les sabots vont fouler d'autres terres.
L'amer toujours collé en son sein la rousse hésite, elle doit répondre promptement à son oncle mais cela est moins urgent que le mot qu'elle griffonne à la hâte.
Le front encore pâle des restrictions et d'un mal qui lui ronge les tripes se loge dans ses mains, soupir.
Elle se sent si lasse dans ces terres-ci. Exténuée de tout combat.



Citation:

    J'ai été odieuse, tu n'étais pas en reste aussi mais la grande amour que je te porte doit bien supporter nos tempétueux caractères.
    Je dois te voir avant mon département. On ne peut rester ainsi.


S.



*célèbre réplique pour une pub de mousse au chocolat
_________________
Scath_la_grande
[Affectionnés poulets belettiques & savoyards acte I]


*écriture étriquée, la plume trahit la main nerveuse*

Citation:
Maudit sois-tu !
Faut-il que je t’exclue de ma bénignité pour que péril s’en vienne te navrer ?
J’en suis convaincue, tu l’as fait exprès ! Afin que le remord me remâche tout à plein.
Vile saloperie d’huguenot du nord, ne te leurres pas, j’ai toujours griefs à ton encontre.
La moindre des choses serait de me faire don de tes nouvelles mais comme je suis couverte d’insignifiance à tes yeux, qu’importe !
A Dieu sois confié.

S.






A ma cinglante belette,

Oui, tu as raison j'ai dû le faire exprès. Une vilaine cicatrice sur mon naseau devrait te rappeler à jamais les conséquences de ton désamour.
Pour le reste, fort heureusement, il n'y aura point de séquelle. Aussi, estimes-toi heureuse que j'en sois resté là pour l'instant.

Mais quitte à te retourner ce rescrit, autant l'agrémenter d'avantage. Saches que je vais mieux, et que je devrai être en état de remonter en selle sous peu. Il se pourrait donc que tu puisses me voir traîner en bourguignon bien plus vite que tu ne le penses. Ainsi, tu auras tout loisir de terminer le labeur bâclé par l'angevin, ou bien m'offrir à boire...

De griefs, je n'ose aborder le sujet. Car il semblerait que tes griffes s’immiscent de toute part dans mon entourage. Quand le goût de mes fréquentations est frappé d'un Musteile anathème, cela en fini par teinter d'amertume le fond de ma coupe.

Mais faisons trêve de tout cela pour un moment. Quels sont les nouvelles de la compagnie d'Artus ? Comment se porte donc ta rousse carcasse et sa kyrielle de prétendants ? Un peu de distraction me ferait le plus grand bien, je m’ennuie tant à Angers.

Que Dieu te garde,

Humbert.


_________________
Astana
[Saumur, par une nuit noire crevasse]

Citation:
Ma toison Rousse,
    Je couche quelques mots sur le vélin. Ma promesse de t'écrire sera ainsi tenue, et marquera le début de notre correspondance. Les jours qui nous séparent sont comptés avec une minutie proche de l'obsession. J'ai hâte de te retrouver, bien que j'aurais préféré un endroit loin de cette Bourgogne que je méprise tant.

    C'est qu'à force de traîner ma carne dans les venelles sombres de Saumur, je vais finir par devenir folle à lier. Nous nous préparons au départ. Eux sont si mous, tandis que de mon côté je trépigne. Si ce voyage ne tenait qu'à moi, j'aurais abandonné tout être à proprement dit inutile (du genre roux qui porte des robes), et j'aurais filé droit vers vous. Ma seule consolation vient du fait que je pourrais *rature* noyer *rature* étouffer Isaure sous la tonne de malles qu'elle nous fera trimbaler. Elle l'aura pas volé.

    Donnes-moi de tes nouvelles au plus vite. Je t'en prie.
    Quitte à me faire vivre tes aventures par procuration.

    D'ici là, que Dieu te garde.


Ta garce de blondeur.

_________________
Scath_la_grande
[Affectionnés poulets belettiques & savoyards acte II]


*ramassée en tas, l'écriture est loin des déliés lascifs qui habituellement s'échappent de sa plume*

Citation:
Fi donc, ferme ton clapet à sottises, nul prétendant ne se balade à ma tour et encore moins ne sommeille en ma geôle. J'ai époux à présent et cela me suffit... bien que tu aurais pu être lui en d'autres temps si tu avais pu, si tu avais su t'y prendre avec l'animal que je suis.

Tu m'en vois bien aise de te savoir bientôt prêt à sonner le boute-selle, il me tarde de te revoir et finir à coups de chausses ce que les angevins n'ont dûment achevé.
Je n'aime pas que l'on me fasse frayeur et cela se paie amer.
Je pourrais te dire que pour ma part tout va bien mais est-ce le dire vrai ou est-ce que je tente de m'en convaincre.
Je ne suis que mystère, même à moi, je cèle mes douleurs pour ne point qu'elles ne m'effleurent et n'entament l'acier dans lequel on m'a forgée.

Dis-moi, toi qui es bien plus sage, peut-on souhaiter une chose avec force et finir par avoir du regret une fois qu’elle arrive ?
Dieu que je suis lasse, la félicité ne se trouve que dans l'immutable mort.
Plaise à Lui de me la bailler.

Dieu Te veille, ainsi est mon souhait.
A ma façon, que t'aimi.

S.






Allons donc, je me réjouis bien plutôt de ton dévouement nouveau, moi qui n'ai pu assister à tes noces.
Je me souviens encore du jour où tu m'avais déclamé avec ton hardiesse habituelle que j'avais gâché ma chance de conquérir ton coeur. En ce temps-là, il t'était coutumier de venir dérober à mes lèvres des baisers fugaces, et d'ouvrir ta couche à ma chaste compagnie. N'étais-je point naïf, alors, de me laisser séduire par ton engouement à la prière ?
Si. Tu m'avais abandonné au coin d'une taverne, sous couvert d'un chaperon rouge, et m'avait laissé rejoindre la forteresse de Bouillon à pied. Et pour te faire pardonner, m'avait offert une jument à robe grise... Pourtant à aucun moment ne suspectais-je les prémisses de ce que tu es devenue aujourd'hui, une marte épousaillée. L'aurais-je désiré ? Je n'en suis pas sure, il m'a toujours semblé que ma présence à ton bras faisait fausse note.

D'ailleurs, je suis tant apte, si ce n'est plus, à recueillir ton courroux que ta tendresse. Sus à tes chausses, il me sera tout de même plaisant de revoir ton sourire carnassier.

Mais voilà que tu me trouble, en parant ton épître de mots sibyllins. Quel est donc ce mal qui te ronge ? Je ne saurai, sans une certaine douleur qui m'évoque ma soeur, encaisser ces phrases au ton mortuaire. Nous n'avons point droit, en cette période tumultueuse, de nous laisser gagner par l'anéantissement. Je t'enjoins plutôt à te tourner vers la prière, et à rendre grâce à Déos pour la destinée qu'il t'accorde.

Pour répondre à ta question, je suis tout à fait convaincu que la convoitise procure des sentiments bien plus intenses que l'acquêt. Il s'agit là d'une passion que nous nous devons de combattre par la bienséance de la foy, car il s'agit d'un péché qui ouvre les portes du Sans Nom.

Sur ces mots je te laisse, laissant à Dieu le soin de te chérir.

Avec les sentiments qui sont miens,

Humbert.


_________________
Scath_la_grande
[Affectionnés poulets belettiques & savoyards acte III]



Citation:
Ami, frère, ou que sais-je, je crains qu'il n'existe aucun prédicat à ce qui fait notre lien et qu'importe, mon désamour habillé de courroux à ton encontre n'est souvent que la marque de son contraire, ne t'en déplaise.
Ainsi donc il ne t'aurait plu d'avoir en sus de mon bras, mon doigt couronné d'un anneau et une Musteile estampillée Perrollaz ? Et quand bien même, je n'aurai eu le coeur à laisser te perdre.
Vois-tu mon Savoyard, s'il y a bien une chose que je sais, s'il y a bien une chose que j'ai compris en toi, c'est la grandeur d'âme que tu t'échines à celer aux yeux du monde sous le masque d'une froide pudeur.
Tu m'aurais pardonné bien plus de fautes que tu aurais pu en supporter, ainsi est ta complexion, ainsi Dieu t'a forgé.
Laissons donc là les pièces ternies d'une nostalgie à laquelle parfois, dans mes solitudes les plus amères, il me plait à saillir de la gibecière de ma mémoire.


*quelques gouttes d'encre ont perlé, indiquant que la plume tout comme l'esprit qui la manipule sont restés en suspend*

La prière m'est d'un grand réconfort et me connaissant tu devrais savoir que j'en use souvent pour rendre les grâces au Très-Hauct.
Et pourtant...
Humbert, où sont donc les faveurs à rendre, la passion dès lors où ce que l'on convoite nous est offert mais ne nous satisfait pas ? Ou plutôt ne nous satisfait plus ?
Je suis dans le déni mais ne peux me confier à notre soeur, et à la blonde, point je ne puis m'ouvrir sur le sujet.
Coupable je suis, de cette maudite pensée qui a souillé mon être bien plus que n'importe quel pécher.

Dieu à jamais veille sur ton chemin.

Ton affectionnée






Chère Musteile,

Il y a une vérité cruelle et implacable dans ce que tu dis. Tu sais lire en moi bien plus que je n'aimerai l'admettre.
Cependant, et pour être tout à fait honnête, il est à mon tour de te déclarer que l'occasion te fut donnée, une fois, de faire de mon âme tienne, et de mon nom tiens, pour peu que ton désir de fuite ne t'ait point fait courir plus loin, bien plus que ta bienveillance à vouloir me préserver.
Mais sous ce prédicat introuvable, synonyme d'occasions manquées, ou plutôt de destinées incompatibles, nous savons tous deux qu'il se cache un lien indéfectible que les affres de la chair ne viendront entacher. Et c'est bien mieux ainsi.
De plus, je ne te l'ai jamais dit, mais Perrollaz n'est qu'un prête-nom, ainsi aucun regret !

Trêve de plaisanteries, car ce que j'ai lu par la suite assombrit quelque peu mon humeur.
Voilà que tu te fais encore plus mystérieuse, tandis que le propos semble grave, et je ne suis pas bien sûr d'en saisir le sens.
Quel est donc cette convoitise réduite au désenchantement ? Cette pensée, bien plus ignominieuse que le péché ?
Je ne saurai être de bon conseil si tu ne m'éclaire pas plus. Puisque ni Sombre, ni Danoise tu as pour te confier, il te reste ce brave Humbert.

Que Dieu te garde.

Ton confident.


_________________
Scath_la_grande
[Affectionnés poulets belettiques & savoyards acte IV]


*si l'écriture pouvait être chagrine, celle-là le serait assurément. Courbes irrégulières, lignes troublées, les lettres sont petites, chétives, Musteile perd le contrôle de ses mots.*


Citation:
L'insouciance m'a fui.
A jamais.

Si tu t’étais apensé que mon absence à ton chevet n'était que le fait de ma tempérance à remettre ton assassinement à plus tard, alors qu'en vérité je subissais en silence mon intempérie.
Voilà l’histoire d'une navrure à laquelle je n'étais nullement préparée en rappliquant en l'Anjou.
Il s'est accroché à moi alors que je ne le souhaitais pas, hostile que je suis à ces circonstances qui arrondissent panse et charnure, rendant la femelle impotente.
L'once déniée, mon esprit s'est apaisé, me leurrant qu'il s'était seulement éclipsé comme une chimère rêvée.
Le réveil fut un peu plus brutal lorsque l'oublié s'est délogé, ce qui aurait dû me satisfaire, accédant ainsi à ma prière ne fut qu'un long pèlerinage en enfer.
Dolence à s'en raquer tripes et matrice, évidée jusqu’à l'exsangue, et sentir dans cette carence toute l’ampleur de ce corps devenu… si vide, si inutile… amas de chairs futiles.

Comme dit, il m'est étranger d'avoir souhaité, espéré son départ et de vivre à présent dans sa coupable absence.
Si coupable que n'ai mot pipé au premier concerné.
L'Eternel ainsi me punit de ces damnables pensées en retirant de mes entrailles ce qu'Il m'avait confié, indigne j'ai été à son regard de porter cette graine.

La sorgue s'en vient, le boute-selle a sonné, nous partons d'Orléans maintenant, il faut que je te laisse de ma plume, mais te garde en mon pensement.

Sois confié à Dieu, ainsi je le veux.
A ma façon, que t'aimi

S.






Bien sombre nouvelle que voilà !
Dois-je l'avouer, il m'a fallut un plein gallon de vin et plusieurs relectures pour prendre pleine mesure de tes mots, et esquisser cette réponse...

Il me faut hélas concéder que c'est un mal de notre temps, que de voir ces femmes si ambitieuses, négliger la vertu de leur ventre au profit de l'honneur et de leur validité belliciste. N'a-t-on pas vu un Finn en séquestrer son épouse, plutôt que de la voir fouler le champ de bataille ? N'a-t-on point vu un Sancte s'indigner de cette propension féminine à peupler nos armées, et celles de nos ennemis ?

Je gage que les propos phallocrates de mes pairs sont un symptôme de la décadence de notre époque...

Et pourtant, devrais-je te jeter la première pierre ? Évidemment non, car cette pensée qui t'anime ne m'étonne guère de toi. Autant que ma complexion est à la miséricorde, la tienne est de vouloir agir tel un homme.
Puisque Dieu dans sa bonté, a fait de la femelle l'égal de l'homme, il lui confia une tâche plus ardue encore, que celle d'être la garante de l'enfantement. Nulle impotence, et faiblesse passagère ne saurait atténuer cet honneur.

Je rend grâce au Très Hauct qu'Il t'ait déjà offert cette bénédiction, et te l'offrit une deuxième fois encore. Et lui rendre hommage tu te dois, car il ne saurait en être autrement pour le bien de notre monde.

Pourtant, tu as rejeté ce présent, t'en es sentie accablée. Tu as péché là par orgueil. Et c'est ce sentiment qui te ronge et te fais perdre sens et raison. Mais tu devrais le savoir, l'absolution vient de Dieu, car il nous aime autant que nous l'aimons. Pour autant, Ses choix sont parfois nébuleux à notre intelligence, et les épreuves qu'Il place sur notre route peuvent nous sembler inéluctables. Mais ce sont des catalyseurs à notre foy, que nous nous devons d'accueillir avec abnégation.

Cet événement n'est pourtant pas rare, et tu n'es point la seule à y être confrontée. Je prierai pour cette pauvre âme damnée, et je t'enjoins à le faire avec ferveur. Cependant, il faut croire à la fatalité du destin et se tourner vers l'avenir. Dans l'espoir que cette opportunité se présente une fois encore, et de l'embrasser comme tu le dois.

Va donc en paix, mon aimée belette. Car à mes yeux nulle opprobre ne plane sur ton chef.

Humbert.


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